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Sunday, December 22nd, 2024
the Fourth Week of Advent
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
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Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Hebrews 6". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/commentaries/fre/neu/hebrews-6.html.
bibliography-text="Commentaire sur Hebrews 6". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-20
Plan du commentaire biblique de Hébreux 6
Laisser les premiers éléments
L’auteur, considérant l’état d’enfance où sont ses lecteurs, les exhorte de tendre à la condition d’adultes. Il ne faut pas pour cela s’arrêter encore aux doctrines élémentaires, qu’il groupe en trois paires : la première comprend les relations de l’homme avec Dieu, la seconde les cérémonies par lesquelles le néophyte était introduit dans l’Église, la troisième les choses finales. Avec l’aide de Dieu, il conduira ses lecteurs à la possession de vérités plus essentielles (1-3).
Impossibilité de la repentance chez ceux qui, déchus de la foi, crucifient le Fils de Dieu
L’auteur indique, comme motif de réaliser ce progrès, le danger que courent ceux qui tombent, après avoir été amenés des ténèbres à la lumière, après avoir reçu l’Esprit-Saint et les dons qu’il confère : ils ne sont plus capables de repentance, puisqu’ils agissent envers le Fils de Dieu comme l’ont fait les auteurs de sa mort. Ils sont comme une terre qui ne produit que des ronces et qui va recevoir une malédiction par laquelle elle sera vouée au feu (4-8).
Invitation à progresser, danger d’une déchéance irrémédiable
Verset 1
Invitation à progresser, danger d’une échéance irrémédiable (1-8)
Conclusion de ce qui précède immédiatement (Hébreux 5.12-14). « Tandis que vous devriez être maîtres, vous en êtes encore aux premiers éléments ; vous avez besoin du lait des petits enfants, au lieu de pouvoir supporter la nourriture des hommes faits dont l’expérience discerne le bien du mal, le vrai du faux. Qu’il n’en soit plus ainsi, mais tendons à la perfection, appliquons-nous à devenir des hommes faits » !
Plusieurs interprètes, au lieu de voir dans les paroles qui suivent une exhortation de l’auteur à ses lecteurs, y trouvent une résolution qu’il prendrait lui-même de passer, en continuant à écrire cette épître, à des sujets plus élevés ; « abordons ce qui est parfait » (voir la 3e note). La première explication paraît préférable, car la perfection s’applique plus naturellement au caractère de l’homme qu’au contenu de l’enseignement (Hébreux 5.14, note).
Grec : Laissant la parole, ou la doctrine du commencement du Christ, ce qui signifie les premiers éléments de la doctrine chrétienne, en général (Hébreux 5.12). L’auteur nous dit lui-même dans les paroles qui suivent ce qu’il entend par là.
Aspirons à la perfection, à l’état de ceux qui sont appelés (Hébreux 5.14) « hommes parfaits », par opposition aux « enfants » (Hébreux 5.13). Il y a proprement en grec : soyons portés vers la perfection. D’autres traduisent : « Élevons-nous à l’enseignement parfait ».
Verset 2
Les chrétiens convertis du judaïsme, auxquels est adressée cette lettre, étaient portés à envisager le christianisme comme un ensemble de croyances et de pratiques, qui laissaient dans l’ombre la personne de Christ et son œuvre médiatrice et ne constituaient, ainsi comprises, qu’un mosaïsme supérieur.
Cette tendance les rapprochait des juifs éclairés qui ne croyaient pas en Christ et pouvait être un acheminement vers une rechute totale (Hébreux 6.4-10). Les doctrines qui sont ici désignées avaient été prêchées dès le commencement par Jean-Baptiste et par le Seigneur lui-même (Marc 1.4 ; Marc 1.15) et elles étaient la base de toute prédication de l’Évangile et de toute instruction des catéchumènes, soit chez les juifs, soit parmi les païens (Actes 2.38 ; Actes 8.14-17 ; Actes 10.34-48 ; Actes 17.30-31 ; Actes 24.25).
La repentance des œuvres mortes est, selon le sens complet de l’original, la conversion, le changement de dispositions morales, qui détourne des œuvres mortes, de toutes les pratiques légales accomplies dans un esprit pharisaïque, de toutes les œuvres humaines qui ne procèdent pas de l’amour pour Dieu, qui ne sont pas un fruit de son Esprit dans l’homme régénéré (Hébreux 9.14).
Cette repentance, dont le Précurseur et Jésus lui-même (Matthieu 3.2 ; Matthieu 3.4-17) ont proclamé la nécessité, était bien et sera toujours le premier pas de l’homme pécheur pour recevoir l’Évangile ; mais elle n’est pas tout l’Évangile ni toute la vie chrétienne.
La foi en Dieu, c’était la confiance au Dieu de l’alliance, qui avait fait les promesses à son peuple et qui « ne pouvait mentir » (Hébreux 6.13 et suivants ; Hébreux 11.6). Mais, séparée de Celui en qui et par qui s’accomplissait le salut promis, cette foi en Dieu risquait de n’être plus que la conviction froide et morte de son existence (comparer Jacques 2.19).
La doctrine des baptêmes pouvait être non seulement des enseignements sur le baptême de Jean, sur le baptême chrétien, sur leurs différences, mais encore sur « les divers baptêmes » (Hébreux 9.10) ou ablutions en usage déjà chez les juifs (Marc 7.4).
L’imposition des mains suivait d’ordinaire le baptême et était souvent accompagnée des dons divers du Saint-Esprit (Actes 8.17 ; Actes 19.6 ; 1 Timothée 4.14, 2e note ; 2 Timothée 1.6).
Les doctrines de la résurrection des morts que le Sauveur défendait contre les sadducéens (Matthieu 22.23 et suivants) et du jugement éternel, qui revient si souvent dans ses discours (Matthieu 25.31 et suivants ; Marc 3.29), peuvent aussi être conçues sans rapport direct avec la personne de Christ et avec son œuvre (Actes 17.30 ; Actes 24.15).
Ainsi, en toutes ces doctrines, superficiellement comprises, il n’est question ni de l’expiation des péchés par le sacrifice de Christ (Hébreux 6.9 ; Hébreux 6.10), ni de la régénération et de la sanctification de l’homme pécheur par le Saint-Esprit, ni de ses progrès dans la communion intime et vivante avec Dieu : ce n’est réellement que le commencement de Christ (Hébreux 6.1, note).
Il ne faudrait pas en conclure, toutefois, que ces doctrines n’eussent pas d’importance aux yeux de l’auteur. Il déclare qu’il « ne pose pas de nouveau le fondement », il les considère donc comme le fondement de l’enseignement chrétien. S’il exhorte ses lecteurs à laisser ces éléments, c’est pour aller plus loin, pour les instruire dans l’œuvre rédemptrice de Christ, qui est l’édifice proprement dit de la vérité chrétienne.
Verset 3
A, C, D portent : faisons-le.
Le futur indicatif convient mieux au sens.
C’est ce que nous ferons (tendre à la perfection, Hébreux 6.1) et dans la connaissance et dans la vie ; nous le ferons avec vous, si Dieu le permet, s’il nous accorde la grâce de comprendre et de recevoir sa vérité tout entière, s’il nous donne de « travailler à notre salut avec crainte et tremblement », lui « qui produit en nous le vouloir et le faire » (Philippiens 2.12 ; Philippiens 2.13) et d’échapper ainsi au terrible danger que l’auteur va signaler (Hébreux 6.4-6).
Verset 6
Ces redoutables paroles ont reçu diverses interprétations, dictées souvent par un intérêt dogmatique. L’on ne peut nier qu’au premier abord elles paraissent être en opposition avec d’autres enseignements de l’écriture. Elles ont été la principale cause pour laquelle l’Église d’Occident a longtemps refusé de recevoir l’épître aux Hébreux dans le canon, car elles étaient conformes aux vues plus strictes des Novatiens et des Montanistes, qui refusaient de réintégrer dans l’Église ceux qui avaient renié la foi chrétienne en temps de persécution.
Luther encore relève la contradiction qu’il y a entre cet enseignement, d’après lequel le pécheur peut perdre la grâce et celui de saint Paul sur l’élection et sur l’assurance du salut (Romains 8.28-39). Il se fonde principalement sur notre passage pour refuser à l’épître aux Hébreux une pleine autorité canonique.
Pour trouver le vrai sens de cette déclaration, il importe de se souvenir :
Ces paroles donnent lieu à deux questions : Est-il possible que des hommes qui ont éprouvé tout ce que supposent Hébreux 6.4 ; Hébreux 6.5 déchoient entièrement de la foi ? et pourquoi leur retour à Dieu par la repentance et la conversion est-il impossible ?
Pour répondre à ces questions et d’abord à la première, il faut se faire une idée juste de ce qu’est l’assurance du salut, fondée sur la grâce de Dieu.
Nul n’obtient cette assurance, si ce n’est par une foi vivante en Jésus-Christ et par le témoignage du Saint-Esprit au dedans de lui (Romains 8.16). Sa persévérance finale est dés lors pour lui un objet de foi, tout comme la grâce de Dieu en Jésus-Christ, sur laquelle elle repose. Cette foi implique, à chaque époque de son développement, aussi bien qu’au premier moment, une sincère repentance et la fidélité du cœur au Sauveur. Personne ne reçoit l’assurance de son élection comme une charte d’immunité, qui lui permette de vivre ensuite comme bon lui semble et de se passer de la repentance et de la foi.
L’enfant de Dieu est élu « dans la sanctification de l’Esprit, pour l’obéissance et pour l’aspersion du sang de Jésus-Christ », qui le purifie de tout péché (1 Pierre 1.2). En un mot, son assurance est d’une nature morale : elle engage sa conscience, tous ses sentiments, tous ses rapports avec Dieu, elle laisse subsister toute sa responsabilité et même elle rend cette responsabilité toujours plus grande. Cette assurance ne peut donc être conservée que de la manière même dont elle est née. Si je l’ai possédée hier sans illusion, ce souvenir ne peut me la garantir pour aujourd’hui ; elle doit m’être renouvelée par la même grâce de Dieu qui me l’a donnée, elle doit être maintenue vivante, par l’action de cette grâce, reçue dans une humble repentance et une foi véritable.
Si l’on considère bien cette harmonie de l’action de Dieu et de l’action de l’homme dans l’œuvre du salut (Philippiens 2.12 ; Philippiens 2.13, note), on comprendra qu’il en résulte deux conséquences en apparence contradictoires, mais également enseignées dans la Parole de Dieu, parce qu’elles se concilient fort bien dans la nature morale de l’homme : la première, c’est que le chrétien, fondé sur la grâce de son Dieu qui est fidèle pour le garder jusqu’à la fin et pour tout accomplir en lui (Jean 10.27-29 ; 1 Thessaloniciens 5.23 ; 1 Thessaloniciens 5.24 ; comparez Philippiens 1.6), peut avoir la pleine et entière assurance de son salut, y trouver la paix, la joie et en faire l’objet d’un chant de triomphe, dans lequel il défie tous ses ennemis spirituels (Romains 8.28-39), la seconde, celle que l’auteur enseigne ici en termes clairs et terribles, c’est qu’il y a toujours pour l’homme sur la terre la possibilité de déchoir entièrement de la foi.
On fait passer les exigences d’un système avant les résultats d’une exégèse impartiale quand on prétend que ceux qui ont fait défection n’avaient pour toute assurance qu’une illusion, ou que Dieu leur avait accordé certaines grâces qui n’ont pu vaincre la dernière et secrète résistance de leur cœur.
Avoir été une fois éclairés de la lumière divine et tirés par elle de nos ténèbres naturelles, avoir goûté le don céleste de la grâce, avoir été faits participants du Saint-Esprit qui régénère les âmes, avoir goûté la bonne Parole de Dieu et par elle les puissances du siècle à venir, c’est-à-dire les influences de cette Parole et de cet Esprit qui nous donnent dès ici-bas un avant-goût et une expérience de la vie du ciel, ce sont là les traits principaux de la conversion, les signes auxquels une âme peut connaître qu’elle est en état de Grâce.
D’ailleurs l’auteur déclare que, s’il y a rechute, il ne reste plus de possibilité d’être encore renouvelé à la repentance ou à la conversion, ce qui suppose que la repentance, la conversion avaient eu déjà lieu.
Ceci touche à notre seconde question : pourquoi est-il impossible qu’ils soient renouvelés à la repentance (grec de les renouveler, de les ramener) ? Ici encore on a voulu adoucir les termes. On en a appelé à la parole de Jésus-Christ, qui déclare impossible que les riches entrent dans le royaume de Dieu et qui explique sa pensée en ajoutant : Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu (Marc 10.25-27). Mais par la manière dont il motive son jugement, l’auteur lui donne une tout autre portée : ils crucifient de nouveau le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie, pour eux-mêmes, c’est-à-dire pour leur propre compte, ils renouvellent envers lui l’acte par lequel ses ennemis assouvissent leur haine ; d’autres traduisent le datif de l’original par : « à leur préjudice, pour leur malheur ; » d’autres encore, par : « autant qu’il est en eux, en leur pouvoir ».
Ils sont d’autant plus coupables qu’on ne peut plus dire : « ils ne savent ce qu’ils font ; » car ils ont été éclairés. Et puisqu’ils ont eu part au Saint-Esprit, ils sont tombés dans le péché seul irrémissible, le péché contre le Saint-Esprit, auquel l’auteur fait évidemment allusion. Ce péché est mentionné pour la première fois dans un avertissement adressé par Jésus à des pharisiens qui l’accusaient de chasser les démons par le prince des démons (Matthieu 12.32, note).
Ces pharisiens n’étaient pas dans la même situation que les chrétiens visés par notre auteur. Ils n’avaient pas reçu les grâces dont ceux-ci avaient été comblés ; et cependant ils étaient en danger de commettre le péché irrémissible, parce qu’en accusant Jésus d’agir sous l’impulsion de Satan, ils résistaient au témoignage de leur conscience, qui rendait hommage à la sainteté du Sauveur.
La distinction que Jésus établit, à cette occasion, entre le blasphème contre l’Esprit et les autres sortes de blasphèmes, s’applique, à plus forte raison, aux hommes qui ont été faits participants de l’Esprit-Saint.
Blasphémer contre Dieu, c’est ce que peuvent faire en général ceux qui ne le connaissent point par sa Parole. Blasphémer le Fils peut être le péché de ceux qui le connaissent par ouï-dire, auxquels pourtant il est reste intérieurement étranger, qui n’ont eu en lui qu’une croyance historique.
Mais blasphémer le Saint-Esprit ne peut être que le crime de ceux à qui Dieu et le Sauveur se sont intérieurement révélés par le témoignage de l’Esprit-Saint. Ce péché, l’homme le commet avec une claire et pleine conscience de ce qu’il fait ; il est le fruit d’un endurcissement volontaire et progressif. Or, c’est là précisément ce qui rend impossibles la repentance et la conversion : toutes les grâces de Dieu ont été appliquées à ce pécheur et il les a tournées en dissolution, de nouveaux moyens de salut, loin de le sauver, ne feraient que le rendre plus coupable ; l’impossibilité de son renouvellement est une impossibilité morale, comme l’assurance du fidèle est une assurance morale.
On a nié que l’auteur eût en vue ce péché irrémissible. Mais il y a dans notre épître un autre passage qui ne laisse pas de doute à cet égard ; c’est Hébreux 10.26-29. Que cette déchéance irrémédiable puisse se produire chez des âmes qui ont accepté le salut et sont nées à la vie chrétienne, c’est ce qui ressort de plus d’un enseignement de Jésus : le mauvais serviteur avait reçu un talent (Matthieu 25.15 ; Matthieu 25.30) ; les vierges folles avaient eu de l’huile dans leur lampe (Matthieu 25.1-12) ; le sarment, qui ne porte pas de fruit et qui est retranché, était pourtant un sarment du cep (Jean 15.2 ; Jean 15.6).
Maintenant l’auteur veut-il dire, ou seulement insinuer, qu’un seul de ses lecteurs soit dans un tel état de rechute ? Bien au contraire, il déclare positivement que son opinion est tout opposée (Hébreux 6.9-11) et qu’il leur a retracé cette terrible possibilité afin que chacun d’eux montre le même zèle pour la pleine certitude de l’espérance jusqu’à la fin. Là reparaît l’harmonie au sein de la contradiction apparente signalée plus haut.
Pour répondre aux besoins divers des âmes, les deux faces de notre condition terrestre doivent nous être également présentées. Nous avons un abîme à traverser pour parvenir sur la rive escarpée du salut éternel ; la grâce de Dieu a jeté un pont sur cet abîme. Engagé sur l’étroit passage, je pourrais être saisi de crainte, de doute, de découragement : voici à ma droite une barrière, c’est l’assurance de la foi fondée sur la grâce éternelle de mon Dieu. Ou bien, je pourrais me laisser choir par une présomption orgueilleuse, une fausse sécurité, un relâchement charnel : voici à ma gauche une autre barrière, c’est l’avertissement solennel qui me montre la possibilité effrayante de me perdre.
Ainsi prémuni, l’enfant de Dieu ne se rejettera ni à droite ni à gauche, mais marchera droit vers le but et il y parviendra pour donner toute gloire à la grâce de son Dieu.
Verset 8
Grec : Près de la malédiction, de laquelle le terme est pour combustion.
Avec Rilliet, de Wette, Weiss, von Soden, nous rapportons le pronom relatif à malédiction, ce qu’exige l’expression : terme, but, fin.
D’autres rattachent ce relatif à terre (Hébreux 6.7) et traduisent : « Sa fin est d’être brûlée », ou : « L’on finit par y mettre le feu » (Oltramare, Stapfer, Segond).
Transparente parabole, destinée à rendre plus saisissantes encore les paroles précédentes et qui du reste s’explique et s’applique d’elle-même.
La même image est employée dans un grand nombre de déclarations de l’Écriture (Nahum 1.10 ; Malachie 4.1 ; Matthieu 3.12 ; Matthieu 5.22 ; Matthieu 13.30 ; Marc 9.43-47).
Verset 9
Bonne espérance de l’auteur fondée sur la charité de ses lecteurs, exhortation à persévérer dans l’espérance
Malgré le sévère avertissement qu’il leur donne, l’auteur est assuré que ses lecteurs sont en voie de salut, car Dieu ne saurait méconnaître leur dévouement charitable. Qu’ils conservent ce zèle et entretiennent ainsi leur espérance, imitant ceux qui, par la foi, ont obtenu ce qui leur était promis (9-12).
La promesse de Dieu à Abraham et l’œuvre de l’espérance
L’auteur rappelle la promesse que Dieu, jurant par lui-même, fit au patriarche et dont celui-ci obtint l’accomplissement par sa persévérance. Se conformant à la coutume des hommes qui jurent par un plus grand qu’eux, Dieu eut recours au serment pour certifier l’immutabilité de sa résolution, afin que nous soyons encouragés par sa promesse à retenir ferme notre espérance. Cette espérance est pour notre âme une ancre fixée à l’intérieur du voile, dans le lieu où est entré notre précurseur, Jésus, le souverain sacrificateur éternel, selon l’ordre de Melchisédek (13-20).
Confiance de l’auteur en ses lecteurs, la fidélité de Dieu démontrée par la promesse faite à Abraham (9-20)
Grec : Mais nous nous sommes persuadés à votre sujet, bien-aimés, des choses meilleures et qui tiennent au salut.
Non seulement l’auteur écarte la pensée qu’il suppose ses lecteurs coupables de l’apostasie dont il vient de parler, mais il le fait en termes pleins d’affection pour eux ; le mot de bien-aimés ne se trouve qu’ici dans toute l’épître.
Verset 10
Le texte reçu porte : « Le travail de votre amour ». Le mot souligné, qui manque dans Codex Sinaiticus, B, A, C, D, n’est pas authentique.
Comparer Hébreux 10.32-34 et Introduction.
En disant : Dieu n’est pas injuste pour oublier tout ce que vous avez fait, l’auteur ne veut point dire, contrairement à toute l’Écriture, que les œuvres de l’homme aient un mérite quelconque devant la justice de Dieu. Mais comme aucune œuvre faite par amour pour Dieu ne reste sans récompense (Matthieu 10.40-42), il est certain aussi que le bon emploi des grâces de Dieu en attire de nouvelles.
Dans le cas particulier, il s’agit de persévérer dans la profession du christianisme : l’auteur peut augurer favorablement des preuves que ses lecteurs ont données de leur amour pour le nom de Dieu en se dévouant au service de ceux qui portaient ce nom et s’offraient à eux comme les représentants de Dieu.
Une telle charité, en effet, était le fruit de leur foi (comparer 1 Thessaloniciens 1.3 ; 1 Thessaloniciens 1.4, où se trouve la même pensée).
Tout ce qui va suivre jusqu’à la fin de ce chapitre est une proclamation de l’assurance du salut, fondée sur les promesses de Dieu et sur sa fidélité.
Verset 11
Le vœu de l’auteur est précisément que la vie chrétienne de chacun de ses lecteurs soit tout l’opposé du terrible tableau qu’il a tracé (Hébreux 6.4-8), car ce n’est réellement que par la sanctification de la vie que se démontre en chacun l’état de grâce et la pleine certitude de l’espérance.
Le mot jusqu’à la fin, prononcé plus d’une fois par le Sauveur lui-même (Matthieu 10.22 ; Matthieu 24.13 ; Marc 13.13), couronne la pensée de l’auteur.
Verset 12
Grec : Afin que vous ne deveniez point paresseux, mais imitateurs de ceux qui…
Le terme de paresseux ne désigne pas, comme Hébreux 5.11, la lenteur à comprendre la doctrine chrétienne, mais le manque de fermeté dans l’espérance.
Quoique l’auteur eût ici en vue l’exemple des hommes de Dieu de l’ancienne Alliance, d’Abraham qu’il va rappeler (Hébreux 6.13) et de tous ceux qu’il citera à Hébreux 11, il parle au présent (ceux qui héritent), afin d’étendre sa pensée aux croyants de tous les temps ; car tous ont les mêmes promesses de salut qui furent faites à Abraham et ils ne peuvent, comme lui, en hériter, en obtenir l’accomplissement que par la patience et par la foi (Galates 3.14).
Verset 13
Ces derniers mots : il jura par lui-même, rapportent la parole de l’Éternel à Abraham : « J’ai juré par moi-même,… » parole qui se trouve immédiatement avant celle que l’auteur va citer à Hébreux 6.14 (Genèse 22.16).
Ainsi l’auteur, cherchant un fondement assuré pour l’espérance de ses frères, s’empresse, après avoir rappelé les fruits de leur foi (Hébreux 6.10), de s’élever jusqu’à la fidélité inviolable de Dieu (Hébreux 6.13 et suivants). Il leur rappelle en quels termes Dieu fit à Abraham, le « père des croyants », cette promesse dont l’accomplissement, patiemment attendu, devait apporter le salut à l’humanité.
Verset 14
Le mot ici rendu par certainement est une formule de serment dans l’original. Cette promesse avec serment se trouve dans Genèse 22.16-18.
La version de Lausanne, reproduisant littéralement un hébraïsme qui se trouve aussi dans les Septante, rend ainsi ce verset : « Certainement en bénissant je te bénirai et en multipliant je te multiplierai ». En hébreu, ce redoublement indique la certitude, l’abondance ou la force de l’action exprimée par le verbe.
Le texte hébreu et les Septante portent : « Je te bénirai et je multiplierai ta postérité ». Notre auteur écrit les deux fois te, peut-être parce qu’il citait de mémoire, peut-être aussi afin de concentrer toute l’attention sur la personne d’Abraham.
Verset 15
Comparer Hébreux 6.12.
Abraham attendit ainsi, dans les conditions où la promesse lui avait été faite, en se fondant sur le serment dont elle avait été scellée ; il attendit avec patience, tout le temps de sa vie, car ce ne fut pas ici-bas qu’il obtint l’accomplissement de la promesse (grec obtint la promesse), mais seulement quand il sortit de lui un peuple qui fut le peuple de Dieu et que ce peuple donna au monde le Sauveur, et, par lui, la bénédiction promise à tous les peuples de la terre.
Verset 17
Grec : Car les hommes jurent par le plus grand qu’eux et le serment leur est un terme à toute contestation en confirmation de leur parole (En confirmation dépend de toute la proposition et ne saurait être rattaché spécialement au mot serment).
En quoi (en se conformant à cet usage des hommes), Dieu, voulant démontrer plus abondamment l’immutabilité de son conseil, intervint (prit le rôle de médiateur, de garant) par un serment.
L’auteur a cité à dessein (Hébreux 6.14) celle des promesses faites à Abraham où se trouve la formule du serment.
Plusieurs fois déjà Dieu avait fait sa promesse au père des croyants (Genèse 12.2 ; Genèse 17.5 et suivants ; Genèse 18.18), sans ce serment. Il ne fut ajouté à la promesse que lorsque celle-ci fut répétée à Abraham après la terrible épreuve de Morija, parce qu’alors sa foi pouvait en avoir besoin.
C’est pourquoi l’auteur, à Hébreux 6.18, distingue positivement entre la promesse et le serment (voir Hébreux 6.18, 1re note).
Ce passage est un commentaire important de Matthieu 5.34. Si le serment prêté par les hommes était absolument interdit aux chrétiens, s’il était mauvais en soi, il ne saurait être attribué à Dieu même et l’auteur n’en parlerait pas comme il le fait ici (Hébreux 6.16).
Verset 18
Il est bien évident qu’il est tout aussi impossible que Dieu mente dans sa promesse seule que dans sa promesse accompagnée d’un serment. Il ne fit intervenir ce dernier que par condescendance pour la foi d’Abraham et des autres croyants après lui.
Dès que Dieu s’abaisse à parler un langage humain, plus il met de solennité et d’insistance dans les promesses de sa grâce, plus il saisit et soutient la foi qui s’y appuie.
Ainsi, de même que les hommes confirment leur parole par le serment en y faisant intervenir le nom et la présence du Dieu saint et juste qu’ils prennent à témoin de leurs déclarations, de même Dieu, jurant par lui-même, imprime vivement dans l’âme du croyant le sentiment de la grandeur, de la puissance, de la sainteté de Celui qui fait la promesse et c’est là l’inébranlable fondement de la foi ; c’est, comme l’exprime l’auteur, un puissant encouragement.
Et voilà pourquoi il revendique cet encouragement pour les chrétiens, aussi bien que pour les croyants de l’ancienne Alliance.
C’est-à-dire, nous qui, retenant (Hébreux 4.14) cette espérance, y trouvons un refuge dans lequel nous sommes à l’abri du danger.
Le grec porte : Nous qui nous sommes réfugiés à retenir ferme l’espérance.
Plusieurs interprètes construisent la phrase autrement : Afin que nous ayons un puissant encouragement à retenir l’espérance proposée, nous qui avons cherché un refuge, sous-entendu : en Dieu.
Notre traduction se justifie mieux, car les mots : nous ayons un puissant encouragement, n’appellent pas de complément, tandis que l’expression : nous qui avons cherché un refuge, en exige un.
Verset 20
Les mots : et qui pénètre (grec) dans l’intérieur du voile se rapportent à une ancre et non à laquelle (espérance).
La sécurité que procure une ancre dépend de la nature du fond où elle s’est fixée. L’ancre de l’espérance chrétienne est sûre et ferme, parce qu’elle nous tient attachés à la demeure même de Dieu, au siège de l’immuable fidélité.
L’ancre, comme emblème de l’espérance, ne se retrouve pas ailleurs dans l’Écriture, chez les écrivains grecs et latins, elle est l’image d’un moyen de salut, mais non le symbole de l’espérance.
C’est par ces mots que l’auteur revient à son sujet, qu’il avait énoncé déjà à Hébreux 5.10, mais dont il avait jugé nécessaire de préparer l’exposé par les sérieuses exhortations qu’il vient de faire (comparer Hébreux 7.1, note.)