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Bible Commentaries
Ézéchiel 47

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-23

Plan du commentaire biblique de Ezéchiel 47

Chapitres 47 et 48

Le guide du prophète a fait parcourir d’abord le temple et il y a reconnu une habitation digne de l’Éternel (chapitres 40 à 42). Puis, il a vu l’Éternel venir lui-même prendre possession de cette demeure sainte et toutes les ordonnances du culte qui doit s’y célébrer, lui ont été communiquées (chapitres 43 à 46). Il ne lui reste plus qu’à être mis au fait de l’étendue et de la distribution du pays dont ce sanctuaire est le centre et pour ainsi dire le cœur ; c’est à quoi sont destinés les chapitres 47 et 48. Comme le tableau de l’entrée de Jéhova (Ézéchiel 43.1-5) formait la transition de la première partie à la seconde, ainsi celui du torrent qui procède du temple, forme la transition de la seconde à la troisième.

Verset 1

Le prophète commence par décrire, versets 1 à 7, ce qu’il a vu lui-même. Il communique ensuite, versets 8 à 12, les explications que lui donne son guide sur les effets merveilleux que produira le torrent.

Il me ramena : du parvis extérieur (Ézéchiel 46.21) au parvis intérieur en face du temple.

Les mots : et voici, indiquent la surprise d’Ézéchiel à la vue de ce spectacle tout nouveau : une source jaillissant du temple même et qu’il n’avait point encore aperçue.

De dessous le seuil. C’était le seuil du vestibule. La Maison (Saint des saints et Lieu saint) était en quelque sorte la caverne du pied de laquelle s’échappait cette eau. C’est que Jéhova était présent, dans la Maison (Ézéchiel 43.7) et cette eau était une émanation de sa vie ; comparez Apocalypse 22.4 : Et il me montra un fleuve d’eau vive qui sortait du trône de Dieu et de l’agneau.

Du côté de l’orient. Cela résultait naturellement de l’orientation de la Maison qui avait sa façade à l’est.

S’écoulaient du côté droit : de telle sorte que dès son apparition l’eau prenait déjà la direction sud-est. En effet, le temple étant orienté à l’est, la droite doit désigner le midi.

L’eau en continuant à couler dans cette direction devait naturellement passer au midi de l’autel des holocaustes.

Verset 2

Le guide, pour faire voir au prophète ce que deviennent ces eaux, le fait sortir de l’enceinte sacrée par le portique septentrional (Figure 1, F) et longer extérieurement le grand mur, d’abord sur le côté du nord, puis sur le côté de l’est, jusqu’au portique oriental extérieur (B). Ce détour était nécessaire puisque les deux portiques orientaux étaient fermés (Ézéchiel 44.1 ; Ézéchiel 46.1).

Et voici… Ézéchiel est étonné de retrouver là ces eaux qui avaient dû traverser, pour reparaître au dehors du mur d’enceinte, les terrasses des deux parvis et leurs murailles.

À droite : du portique oriental : entre ce portique et l’angle sud-est de l’enceinte.

Verset 3

Il sortit : il s’éloigna de l’enceinte.

Un cordeau. Dès Ézéchiel 40.3, première arrivée d’Ézéchiel au portique oriental, le guide avait en main une perche et un cordeau. Jusqu’ici, il ne s’était servi que de la perche. Maintenant, il prend le cordeau en vue de l’office qu’il va remplir.

Mille coudées : à partir du mur d’enceinte et en suivant le cours du torrent.

La plante des pieds. Un chétif commencement ! Ézéchiel en reçoit l’impression bien plus vive, en traversant lui-même cette eau, que si le guide l’eût mesurée sous ses yeux.

Verset 4

Ce grossissement des eaux que le guide fait constater à Ézéchiel, n’était pas moins merveilleux que leur origine, puisque le torrent n’avait reçu aucun affluent. Il était donc manifeste que ces eaux possédaient la vertu de se multiplier ; magnifique emblème de la vie dont le caractère essentiel est de pouvoir se reproduire elle-même.

Verset 6

As-tu vu ? Le guide veut dire : As-tu vu ce grossissement rapide ? Eh bien, il est inutile d’aller l’observer plus loin ; car il continue dans la même progression. Maintenant retourne-toi et viens contempler autre chose.

Verset 7

Lorsque Ézéchiel se retourne, il aperçoit un admirable spectacle : des arbres ornent les deux rives du fleuve. Ces arbres venaient d’apparaître pendant qu’Ézéchiel descendait le torrent. Autrement, il n’eût pas manqué de les mentionner auparavant. Il assiste à la production des arbres comme à celle du torrent lui-même, qui en cet instant les a fait naître sur son cours.

Verset 8

Ézéchiel a vu ; mais en réalité, il ne sait rien encore. Car il ne comprend pas le but de toute cette création nouvelle à laquelle il assiste. Il l’apprend maintenant par l’explication suivante que lui donne son guide, d’abord sur la destination du torrent (versets 8 à 11), puis sur l’excellence des arbres qu’il fait naître (verset 12). Cette communication est comme une prophétie dans la prophétie elle-même ; de là les verbes futurs : ces eaux s’en vont à la mer et elles y entreront… etc., ces arbres croîtront…, produiront, etc.

Il est impossible que les eaux que le prophète vient de voir jaillir, soient censées suivre, comme on l’a pensé, la vallée du Cédron. Car cela ne les conduirait point à la Plaine qui est à l’est et au nord-est de Jérusalem. Pour que le torrent en suivant la direction sud-est, vienne à traverser un district oriental et à atteindre l’Araba (voir ci-dessous), il faut qu’il prenne sa source beaucoup plus au nord ; ce qui s’accorde bien avec toutes les indications sur l’emplacement du nouveau temple (Ézéchiel 40.2, note et Ézéchiel 48.8 et suivants).

Le district oriental. Littéralement le cercle oriental. Cette expression désigne sans doute la même contrée qui (Josué 22.10) est appelée : les districts (cercles) du Jourdain, à savoir les contrées qui avoisinent ce fleuve sur sa rive droite. On verra que c’est là la lisière orientale de la Terre Sainte d’après ses nouvelles limites (verset 18 et suivants).

La Plaine : en hébreu, Araba ; la partie méridionale de la vallée du Jourdain depuis l’endroit où cette vallée s’élargit, jusqu’à l’embouchure du fleuve. C’était autrefois, comme maintenant, une plaine presque entièrement stérile.

C’est pour aller… Littéralement (sans changer le texte, comme le font plusienrs interprètes) : ces eaux sont celles qui ont jailli pour aller à la mer. On applique ordinairement le terme hébreu (moutsaïm) à l’embouchure des eaux dans la mer. Mais on est plus fidèle au texte en l’appliquant à leur origine, comme au commencement du verset : Elles couleront… jusqu’à la mer : c’est pour la mer qu’elles se sont mises à couler. Cette mer est celle que nous appelons la mer Morte dont le plus ancien nom est celui de mer Salée (Genèse 14.3) et qui porte ici (verset 48), comme Joël 2.20, celui de mer Orientale. Elle a 73 kilomètres de longueur et 17,8 kilomètres de largeur, vers le milieu. C’est l’enfoncement le plus profond connu à la surface de notre globe (394 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée). L’eau est complètement saturée de sel et mêlée de bitume. Les poissons de mer eux-mêmes, à plus forte raison ceux d’eau douce, y périssent à l’instant. Par sa nature donc, ainsi que par le souvenir qu’elle rappelle (Genèse 19.24), cette mer est propre à devenir le type de l’humanité corrompue et condamnée.

Verset 9

Tout être vivant qui pullule ; comparez Genèse 1.21. Tous les êtres qui à l’ordinaire vivent et pullulent dans l’eau, mais qui ne le pouvaient dans cette mer, à mesure que les eaux du torrent y pénétreront et y avanceront, pourront désormais y vivre.

Les deux torrents. Cette expression a causé beaucoup d’embarras aux interprètes ; on a même recouru à des corrections. Elle s’explique facilement si l’on admet que le torrent sortant du temple a rejoint le Jourdain au-dessus de son embouchure dans cette mer. Jusqu’ici, les eaux douces du Jourdain avaient été impuissantes à renouveler celles de la mer. Unies maintenant à celles du torrent, elles concourent à ce résultat.

Le poisson. Le prophète fait ressortir particulièrement ce trait en vue de ce qui suit.

Verset 10

Cette abondance toute nouvelle de poissons, indiquée au verset 9, est décrite au verset 10 avec toutes ses conséquences.

Des pêcheurs. La vie humaine elle-même avec l’activité qui l’accompagne, reparaîtra sur ces rivages jusqu’ici plongés dans la solitude et la mort.

D’En-Guédi (la source du bouc) jusqu’à En-Églaïm (la source des deux veaux) : En-Guédi, c’est une petite oasis d’une végétation luxuriante due à la source qui l’arrose (Cantique 1.14) ; elle est située sur la rive occidentale de la mer à peu près à égale distance de ses extrémités nord et sud. La situation d’En-Églaïm est inconnue. On a pensé que cet endroit devait se trouver sur la rive orientale en face d’En-Guédi, pour que tout le pourtour de la mer fût ainsi désigné ici. Mais les pêcheurs ne tendent pas leurs filets au travers d’une mer de quatre lieues de largeur. Il faut donc supposer qu’En-Églaïm se trouvait aussi sur la rive occidentale, soit au nord, soit au sud d’En-Guédi.

Selon son espèce. D’après Genèse 1.21, cette expression indique la conservation et la multiplication de la race et, par conséquent, la puissance de vie dont elle est douée.

Comme celui de la grande mer, c’est-à-dire de la Méditerranée. Les espèces seront aussi diverses et nombreuses que celles de cette mer.

Verset 11

Il y a sur les rivages de la mer de petits lacs ou de simples mares qui restent séparés du bassin principal par des bancs de sable et qui ne seront point assainis par l’action vivifiante des eaux du sanctuaire. Le voyageur Robinson raconte qu’au printemps, quand la mer Morte déborde, ses eaux se répandent dans les terrains bas qui l’entourent ; puis, en été, lorsque le niveau de la mer baisse de nouveau, les eaux demeurées dans ces étangs s’évaporent en laissant sur le sol une couche de sel ; comparez Sophonie 2.9.

Verset 12

L’explication du guide va, comme précédemment le regard d’Ézéchiel (versets 5 et 7), des eaux aux arbres. Les deux rives du torrent, depuis l’enceinte du sanctuaire jusqu’à la mer, sont transformées comme en un nouvel Éden.

Pour les images ; comparez Psaumes 1.3 (avec la gradation de : en son temps à en tout temps) et Jérémie 17.8. Les feuilles mêmes de ces arbres ont leur vertu ; comparez Apocalypse 22.2.

De nouveaux fruits : littéralement : des primeurs.

Quelle est la signification de ce tableau ? Les uns le prennent au sens matériel ; ils supposent qu’Ézéchiel a attendu un prodige par lequel Dieu opérerait en faveur de son peuple restauré cette merveilleuse transformation. Et, à supposer en effet que ce torrent dût être un torrent d’eau matérielle, il serait bien impossible d’expliquer par les seules forces de la nature comment il pourrait descendre d’une hauteur qui n’est dominée par aucune autre, grossir par sa propre force et sans recevoir aucun affluent, faire produire au sol des arbres qui ne se flétrissent point et transformer un lac saturé de sel en une mer poissonneuse ! Il faudrait donc dans ce sens admettre un miracle permanent ; miracle qui aurait pour but, selon les uns, d’assurer au nouvel Israël de l’eau à boire, selon les autres, de féconder les arides campagnes de Juda.

Mais pour atteindre ce but tout extérieur, Dieu aurait eu des moyens plus simples et tout naturels. Il n’avait qu’à assurer la régularité des pluies et des rosées, qui suffisaient à faire de la Terre Sainte, comme il est dit Deutéronome 8.7, un pays de torrents d’eau, de fontaines et d’abîmes jaillissant dans les vallées et dans les montagnes. Et le moyen naturel eût même été préférable à l’autre, puisque le pays tout entier en eût bénéficié, tandis que le torrent ne pouvait féconder que ses deux rives. À quoi bon d’ailleurs le conduire dans l’Araba déjà traversée par le Jourdain ? Mais, surtout, le but que l’on essaie d’attribuer à l’œuvre divine ici décrite, n’est point celui que le prophète lui-même lui assigne. Dès l’instant même où les eaux mystérieuses jaillissent de dessous le temple, elles prennent directement leur route vers le sud-est ; leur but est par conséquent la mer Morte. C’est ce qui est dit expressément au verset 8. Ces eaux sont celles qui ont jailli pour aller à la mer, afin d’en assainir les eaux. Le but de l’existence de ce torrent n’est donc pas d’arroser le pays, ni d’en abreuver les habitants, mais de purifier cette mer. Dira-t-on que cette purification est destinée à procurer du poisson aux habitants ? Il n’y aurait aucune proportion entre un but si mesquin et une cause si prodigieuse. Il faut donc renoncer à l’interprétation grossièrement littérale.

Ézéchiel avait annoncé Ézéchiel 36.25-26, que Dieu répandrait des eaux pures sur son peuple et que, nettoyés de leurs souillures, ils recevraient un cœur nouveau et un esprit nouveau, un cœur de chair à la place de leur cœur de pierre. C’est cette promesse dont il contemple ici l’accomplissement étendu désormais au monde entier. Dans ce torrent qui sort de la demeure de Dieu, qui grossit sans aucun secours du dehors et qui, tout en fécondant ses rives, s’en va purifier la mer maudite où jusqu’ici rien ne pouvait vivre, dans ce spectacle, c’est une divine histoire qui se déroule à ses regards, celle de l’action de l’Esprit dans l’humanité. Voici les traits qui ressortent surtout dans ce tableau prophétique :

  1. L’origine divine du torrent. C’est l’entrée de Dieu dans le sanctuaire, dont il vient de faire son habitation éternelle (Ézéchiel 43.1 et suivants), qui seule explique la naissance de ce fleuve vivifiant. Il y a ici plus que le temple, a dit Celui qui portait en lui la conscience d’être la vivante habitation de Dieu sur la terre et c’est de sa personne qu’est procédée l’effusion de l’Esprit Saint qui renouvelle l’humanité.
  2. La force interne du torrent. Presque imperceptible d’abord, ce torrent grossit sans affluent et par sa vertu propre ; chaque goutte de cette eau qui sort du sanctuaire devient une source, une source de sources. Ainsi l’action de l’Esprit a grandi sans appui extérieur. Inapparente au début, elle s’est bientôt manifestée comme une irrésistible puissance, se faisant immédiatement de chacun de ceux sur qui elle s’exerçait un agent de sa propagation. D’un seul, elle a passé sur cent-vingt ; bientôt ceux-ci sont devenus trois mille, puis cinq mille ; (Actes 1.15 ; Actes 2.41 ; Actes 4.4) ; dès lors, on a cessé de les compter, comme Ézéchiel de mesurer le torrent.
  3. Les effets merveilleux de ces eaux qui purifient et fertilisent. Le torrent se dirige vers le séjour de la mort et de la condamnation la mer maudite, qui est en dehors des limites de la nouvelle Canaan ; en s’y rendant et comme en passant, il féconde ses deux rives. La mer Morte ne peut être ici que l’emblème de ce qu’il y a de plus complètement dégradé et perdu au sein de l’humanité, du monde païen. L’Esprit Saint est comme attiré vers ce réceptacle de souillures et de misères qu’il se propose de purifier. Et partout où il pénètre, la souillure fait place à la sainteté, la mort à la vie. Les peuples et les individus sont comme créés de nouveau. Les lagunes et les mares qui ne sont point assainies représentent la portion de l’humanité qui reste fermée à ce travail sanctifiant de l’Esprit. Le sel qui demeure sur le sol est ici, comme souvent, un symbole de stérilité et de malédiction ; comparez Deutéronome 29.23 ; Juges 9.45. En même temps que le torrent porte le salut aux nations encore plongées dans l’idolâtrie et dans la barbarie, il produit les effets les plus bienfaisants là où déjà il habite. Les arbres fruitiers sont le symbole de son activité chez ceux dont il a renouvelé le cœur et la vie, avant tout en Israël, premier objet de son action. Leurs fruits de sainteté et de charité répondent aux plus nobles aspirations des hommes (fruits bons à manger) et apaisent successivement toutes les douleurs, conséquences du péché (feuilles bonnes pour guérir).

Cette interprétation, à laquelle nous a conduit une parole d’Ézéchiel lui-même, est aussi la seule qui réponde à la grandeur du tableau. Dans l’emploi de l’image principale, Ézéchiel a eu un devancier, Joël 3.18, qui voit jaillir de la Maison de l’Éternel une source arrosant la vallée de Sittim (peut-être celle du Cédron). Il a eu aussi un successeur, Zacharie 14.8, qui trace le tableau d’un torrent d’eaux vives sortant de Jérusalem, dont la moitié se rend à la mer orientale, l’autre à la mer occidentale (voir aux passages cités, note). L’image dans chaque prophète doit être expliquée d’après le contexte.

Il nous reste à rappeler, en terminant, le passage d’Ézéchiel (Ézéchiel 16.53-55) où il présente Sodome, Samarie et Jérusalem comme trois sœurs, dont les deux premières ne seront pas moins miséricordieusement traitées que la troisième. La mer Morte, qui recouvre Sodome, purifiée par un torrent qui sort du temple situé au centre de la Samarie, tandis que Jérusalem est passée sous silence ; quelle étonnante harmonie entre ces intuitions prophétiques si distantes quant au temps et si diverses quant à la forme !

Verset 13

Versets 47.13 à 48.35

(voir Figure 8 et Figure 9).

Dans le tableau prophétique qui précède, Ézéchiel a contemplé le salut divin dépassant les limites de la Palestine qui en a été le berceau et atteignant jusqu’aux extrémités du monde païen. Il revient maintenant à cette Terre Sainte qu’Israël doit occuper de nouveau et il en trace les limites ainsi que la répartition nouvelle. S’il ne s’occupe pas, à ce point de vue politique et social, des autres nations dont il vient de prédire le relèvement spirituel, c’est qu’il lui suffit de présenter dans l’organisation d’Israël restauré le prototype d’une terre reconstituée.

Comme Dieu est entré dans son repos en prenant possession de la demeure parfaite qu’il s’était préparée (Ézéchiel 43.1 et suivants), ainsi Israël n’entrera dans le sien que sur sa terre, une fois qu’elle sera réellement à lui et que tout y sera réglé selon la loi d’une justice parfaite.

Et d’abord les frontières de cette nouvelle Canaan : versets 13 à 20.

Une vallée. Cette expression ne désigne point nécessairement une seule vallée ; elle peut parfaitement être prise dans le sens collectif : des vallées. Cependant même dans ce sens, elle a paru absurde aux interprètes anciens et modernes ; et ils ont d’un commun accord corrigé le texte hébreu en lui faisant signifier par le changement d’une seule lettre : (zéh pour géh) : Voici les limites. C’est bien ainsi sans doute qu’Ézéchiel s’exprime au verset 15, où le texte hébreu présente vraiment zéh et où commence en effet l’indication détaillée des frontières. Nous nous permettons donc de hasarder une interprétation qui rend cette correction superflue. Ce seront, selon Ézéchiel, des vallées, c’est-à-dire des frontières naturelles, qui détermineront les limites de la Terre Sainte : à l’est, la grande vallée du Jourdain ; car il n’y a plus de tribu de l’autre côté de ce fleuve, comme il y en avait autrefois (Gad, Ruben et la moitié de Manassé) ; au sud, les deux wadis indiqués verset 19 ; à l’ouest, la limite est naturellement la Méditerranée ; pour le nord, voir versets 15 à 17.

Les douze tribus : en comptant, comme précédemment, Joseph pour deux (Éphraïm et Manassé, Genèse 48.5-6) et en retranchant Lévi qui a une part spéciale dans le territoire consacré.

Des parts : plus d’une (deux).

Verset 14

Une part : Toutes ces parts doivent être égales ; il n’en était pas ainsi dans la répartition faite par Josué (Nombres 26.52-54). Toutes les tribus sont ici, parait-il, supposées égales en nombre.

L’un comme l’autre. Cette expression est expliquée par la formule répétée à l’occasion de chaque tribu : de la frontière orientale à la frontière occidentale. Le territoire de chaque tribu doit partir de la Méditerranée à l’ouest et aboutir au Jourdain, à l’est. Il doit comprendre par conséquent une partie de la plaine maritime, une partie du plateau et une partie de la vallée du Jourdain. Les tribus ont ainsi toutes, l’une comme l’autre, part aux divers avantages et aux productions variées de ces trois zones qui se partagent le pays, du nord au sud. C’est par cette juste répartition que la nouvelle Canaan devient le type de toute organisation normale. Cette répartition est absolument différente de l’ancienne.

Promis : comparez Ézéchiel 20.5-6.

Verset 15

Frontière septentrionale (15-17)

C’est la plus difficile à reconnaître ; car les noms indiqués sont presque tous inconnus. Elle doit être à peu près, sinon tout à fait, identique à celle tracée par Moïse Nombres 34.7-9. Ézéchiel nous paraît l’esquisser versets 15 et 16, puis la résumer au verset 17.

De la grande mer. On ne voit pas plus ici que dans les Nombres de quel point de la côte part cette limite. D’après ce qui suit, nous pensons que c’est de l’embouchure du Léontès. Tsédad paraît être la ville de Tsudud, située beaucoup plus au nord, entre Damas et Höms. Le chemin de Tsédad allait donc dans la direction septentrionale, ce que confirme le parallèle Nombres 34.8 où au lieu de : le chemin allant à Tsedad, il y a : le chemin allant à Hamath (comparez Ézéchiel 48.1).

La frontière devait donc suivre la vallée du Léontès dont la partie supérieure va du nord au sud. La ville inconnue de Héthlon pouvait se trouver au coude que forme le Léontes, quand après avoir coulé du nord au sud, il se tourne tout à coup à l’ouest vers la Méditerranée.

Verset 16

De là la frontière longeait d’abord le territoire de Hamath, qu’il faut bien distinguer de la ville elle-même située beaucoup plus au nord. Puis elle tournait à l’est vers le territoire des deux villes de Bérotha (2 Samuel 8.8) et de Sibraïm, situées sans doute dans la grande vallée appelée Cœlé-Syrie et dans l’Antiliban. Là elle touchait au territoire de Damas et revenait au sud jusqu’au pays qu’Ézéchiel désigne, avec les inscriptions assyriennes, du nom de Hauran et que l’Ancien Testament appelle plus ordinairement Basan. Ici se trouvait le bourg de Hatzer-Hatthicon (Cour du milieu) où se rencontraient la frontière de Damas, celle du Hauran et celle d’Israël. Il formait l’angle nord-est de cette dernière.

Verset 17

Jusqu’à la mer signifie : en se rapprochant de la mer depuis le point extrême de la frontière opposée.

Hatsar-Enon signifie : Cour des sources et se trouvait probablement tout près du lieu précédent, qui a un nom analogue. Seulement il était sur le sol israélite. Il formait, également d’après Nombres 34.9-10, l’angle nord-est de la frontière. Son nom fait penser qu’il se trouvait près des sources du Jourdain, au pied du Hermon.

En rétrogradant de l’est à l’ouest reviennent les territoires de Damas et de Hamath et entre les deux un territoire allant plus au nord, qui est assurément celui des deux villes nommées verset 16.

Verset 18

Frontière orientale

Elle part du point où se rencontraient les frontières du Hauran, au sud de Damas et de Damas au nord ; puis se dirigeant au sud, elle coïncide avec le Jourdain qui sépare Galaad et la terre d’Israël. Elle arrive ainsi à la mer Morte qu’elle laisse en dehors et aboutit à l’extrémité méridionale de cette mer.

Verset 19

Frontière méridionale

Comme la frontière du nord se dirige vers le nord le long du Léontès, ainsi celle du sud, au lieu d’aller droit à l’ouest, commençe par se diriger vers le sud. Elle remonte le wadi Fikréh qui aboutit à l’extrémité sud de la mer Morte et passant la petite chaîne d’où descend ce torrent, elle redescend de l’autre côté le wadi El-Arisch, le torrent d’Égypte, qui se jette dans la Méditerranée.

Thamar : cette localité est mentionnée par l’historien Eusèbe ; elle se trouvait sur la route d’Hébron au golfe oriental de la mer Rouge, à une Journée d’Hébron, par conséquent à l’entrée du Ghor iduméen.

Kadès (Nombres 20.1-2) ; dans l’oasis montagneuse située juste au point de séparation des eaux des deux grands wadis que nous venons d’indiquer.

Verset 20

L’entrée de Hamath : Cette expression ne peut désigner que le point où la vallée du Léontés s’ouvre sur la Méditerranée.

Il est par conséquent vrai de dire que les frontières de la Canaan tracées par Ézéchiel sont formées par des vallées, au nord celles du Léontes et de la Cœlé-Syrie, à l’est celle du Jourdain, au sud celles des deux wadis, qui lient en quelque sorte la mer Morte et la Méditerranée. La leçon du texte hébreu encore ici se justifie donc parfaitement.

Verset 21

La nouvelle répartition du pays (47.21 à 48.29)

D’après les limites tracées dans le morceau précédent, la Terre Sainte forme une espèce de rectangle de 220 kilomètres du nord au sud et de 66 kilomètres de l’ouest à l’est ou de la Méditerranée au Jourdain. En retranchant toute la partie consacrée, qui a du nord au sud 14 kilomètres de largeur et de l’ouest à l’est la même longueur que chacune des tribus, il reste pour chacune de celles-ci un territoire d’environ 66 kilomètres de l’ouest à l’est et 17 kilomètres du nord au sud.

Les tribus occupent une position passablement différente de celle qui leur avait été assignée précédemment. La partie consacrée est naturellement placée au milieu du pays. Sept tribus sont situées au nord, cinq au sud de cette partie centrale. On comprend aisément la raison de cette inégalité. Le temple doit former le centre du pays tout entier ; et comme il occupe la partie nord du territoire consacré, les deux parts méridionales de celui-ci (la part des Lévites et le territoire de la Ville) remplacent les deux tribus qui manquent aux cinq du sud, pour faire le pendant des sept du nord.

La nouvelle distribution des tribus nous paraît s’expliquer comme suit :

  1. Les deux tribus et demie qui habitaient à l’est du Jourdain (Ruben, Gad, la moitié de Manassé ; comparez Josué 13.1-33), sont transportées à l’ouest dans la Canaan proprement dite où doit désormais habiter le peuple tout entier.
  2. Les tribus descendant des servantes des femmes de Jacob (Dan et Nephthali, fils de Bilha, servante de Rachel et Asser et Gad, fils de Zilpa, servante de Léa) sont reléguées aux deux extrémités nord et sud.
  3. Juda et Benjamin qui précédemment étaient les deux tribus les plus rapprochées du temple, sont maintenus à cette place d’honneur. Seulement Benjamin qui était au nord est placé au sud et Juda, à l’inverse. En réalité, Benjamin reste à son ancienne place géographique. Juda est transporté au nord où se trouve aussi Éphraïm, pour que l’opposition entre les deux royaumes du nord et du sud, dont ces deux tribus ont été les centres, ne se renouvelle plus.
  4. Des deux fils de Rachel, Benjamin et Joseph (comprenant Éphraïm et Manassé), l’un est au nord, l’autre au sud du temple ; et des six fils de Léa, trois (Ruben, Juda et Lévi) sont placés au sud d’Éphraïm et trois (Siméon, Issachar, Zabulon) au sud de Benjamin. Tout dans ce groupement paraît tendre à briser l’ancien antagonisme qui avait été si fatal au peuple.

Le verset 21 se rapporte au partage du pays entre les tribus et les 22 et 23 à la distribution du territoire de chaque tribu entre les familles qui la composent.

Les étrangers. Il ne s’agit pas de simples passagers mais de païens établis qui sont devenus membres d’Israël comparez Ézéchiel 44.5-9. La loi ordonnait déjà de traiter de telles personnes avec humanité, Lévitique 19.34 ; elle autorisait aussi dans certains cas l’admission dans l’assemblée de l’Éternel de leurs descendants à la troisième génération (Deutéronome 23.7-8). Ici, dès la première génération, de tels païens sont mis sur le pied d’une parfaite égalité avec les Israélites et tirent au sort avec eux dans la tribu où ils sont établis. Cet élément dans la composition de l’Israël nouveau renferme un principe d’une incalculable portée ; comparez Éphésiens 2.19, où saint Paul écrit aux païens croyants : Ainsi vous n’êtes plus étrangers et gens du dehors, mais concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Ezekiel 47". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/commentaries/fre/neu/ezekiel-47.html.
 
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