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Tuesday, November 5th, 2024
the Week of Proper 26 / Ordinary 31
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Numbers 14". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/numbers-14.html.
bibliography-text="Commentaire sur Numbers 14". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/
Whole Bible (6)
versets 1-45
«Et toute l’assemblée éleva sa voix, et jeta des cris, et le peuple pleura cette nuit-là.» Avons-nous à nous en étonner? Que pouvait-on attendre d’un peuple qui n’avait autre chose devant les yeux que forts géants, hautes murailles, grandes villes? Que pouvait-il résulter, sinon des larmes et des soupirs, de l’état d’une assemblée qui se voyait «comme des sauterelles» en présence de ces insurmontables difficultés, sans aucun sentiment de la puissance divine qui pouvait les faire sortir victorieusement de tout? L’assemblée entière était abandonnée à l’empire absolu de l’infidélité. Ils étaient entourés des nuées sombres et glaciales de l’incrédulité. Dieu était exclu. Il n’y avait pas un seul rayon de lumière pour éclairer les ténèbres dont ils s’étaient enveloppés. Ils étaient occupés d’eux-mêmes et de leurs difficultés, au lieu de l’être de Dieu est de ses ressources. Que pouvaient-ils donc faire, sinon élever une voix de pleurs et de lamentation?
Quel contraste entre ceci et ce que nous lisons au commencement du chapitre 15 de l’Exode. Là, leurs yeux n’étaient fixés que sur l'Éternel; ils pouvaient donc entonner ce chant de victoire: «Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté. Les peuples l’ont entendu, ils ont tremblé; l’effroi a saisi les habitants de la Philistie. Alors les chefs d’Édom ont été épouvantés; le tremblement a saisi les forts de Moab; tous les habitants de Canaan se sont fondus. La crainte et la frayeur sont tombées sur eux» (vers. 13-16).
Au lieu de cela, ce fut Israël qui trembla, et que la douleur saisit: c’est le changement de tableau le plus complet. La douleur, le tremblement et la frayeur saisissent Israël au lieu de leurs ennemis. Et pourquoi? Parce que Celui qui occupait leur vue, en Exode 15, est entièrement exclu en Nombres 14. Là est toute la différence. Dans l’un des cas, la foi a le dessus; dans l’autre, l’incrédulité.
«Par la grandeur de ton bras ils sont devenus muets comme une pierre, jusqu’à ce que ton peuple, ô Éternel! ait passé, jusqu’à ce qu’ait passé ce peuple que tu t’es acquis. Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Éternel! le sanctuaire, ô Seigneur! que tes mains ont établi. L’Éternel régnera à toujours et à perpétuité» (Vers. 16-18.) Oh! comme ces accents de triomphe contrastent avec les cris et les lamentations incrédules du chapitre 14 des Nombres! En Exode 15, par un mot des fils d’Anak, des hautes murailles et des sauterelles. Il n’y est question que de l'Éternel, de sa droite, de son bras puissant, de sa force, de son héritage, de son habitation, de ses actes en faveur de son peuple racheté. S’agit-il des habitants de Canaan? on ne les voit que dans le deuil, frappés de terreur, tremblant et se fondant.
Lorsque nous revenons au chapitre 14 des Nombres, tout est bien tristement renversé. Les fils d’Anak sont mis en avant. Les murailles élevées comme des tours, les villes de géants aux remparts menaçants remplissent la vue du peuple; mais nous n’entendons pas un seul mot sur le tout-puissant Libérateur. Ce sont les difficultés d’un côté, et les sauterelles de l’autre, et l’on se demande: «Est-il possible que ceux qui entonnèrent le chant de triomphe au bord de la mer Rouge soient devenus les pleureurs incrédules de Kadès?»
Hélas! oui; et cela nous donne une sérieuse et sainte leçon. Nous devons continuellement, en traversant les scènes de ce désert, revenir aux paroles qui nous disent que toutes ces choses arrivaient à Israël comme types; et qu’«elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints» (1 Cor. 10:11). Ne sommes-nous pas, aussi bien qu’Israël, portés à regarder aux difficultés qui nous entourent, plutôt qu’au Bien-aimé qui a entrepris de nous les faire traverser pour nous amener sains et saufs dans son royaume éternel? Pourquoi sommes-nous quelquefois abattus? Pourquoi nous lamentons-nous? Pourquoi entend-on, au milieu de nous, des paroles de mécontentement et d’impatience plutôt que des chants de louange et de reconnaissance? Simplement parce que nous permettons aux circonstances de nous voiler Dieu, au lieu de l’avoir pour parfait abri de nos yeux et pour parfait objet de nos cœurs.
Enfin, demandons-nous pourquoi nous négligeons si déplorablement de nous établir fermement dans notre position d’hommes célestes? — de prendre possession de ce qui nous appartient comme chrétiens, de l’héritage spirituel et céleste que Christ nous a acquis, et dans lequel il est entré comme notre précurseur? Un seul mot définit cet obstacle: l’incrédulité!
La Parole inspirée déclare au sujet d’Israël, que: «Ils n’y purent entrer [en Canaan] à cause de l’incrédulité» (Héb. 3:19). Il en est ainsi de nous. À cause de notre incrédulité, nous ne pouvons pas entrer dans notre héritage céleste — nous ne pouvons prendre possession, en pratique, de notre véritable portion — nous ne pouvons pas marcher, de jour en jour, comme un peuple céleste, qui n’a aucune place, aucun nom, aucune portion sur la terre — rien à faire avec ce monde, si ce n’est d’y passer comme des étrangers et des pèlerins marchant sur les traces de Celui qui nous a précédés et qui a pris sa place dans les cieux. Parce que la foi n’a pas d’énergie, les choses visibles ont plus de puissance sur nos cœurs, que celles qui ne se voient pas. Oh! que le Saint Esprit fortifie notre foi, donne de l’énergie à nos âmes et nous conduise en toutes choses, afin que nous soyons trouvés non seulement parlant, — mais vivant de la vie du ciel, à la louange de Celui qui nous y a appelés dans sa grâce infinie.
«Et tous les fils d’Israël murmurèrent contre Moïse et contre Aaron; et toute l’assemblée leur dit: Oh! si nous étions morts!… Et pourquoi l’Éternel nous fait-il venir dans ce pays, pour y tomber par l’épée, pour que nos femmes et nos petits enfants deviennent une proie? Ne serait-il pas bon pour nous de retourner en Égypte? Et ils se dirent l’un à l’autre: Établissons un chef, et retournons en Égypte.» (Vers. 2-4.)
Il y a deux tristes phases d’incrédulité qui se montrent dans l’histoire d’Israël au désert; l’une en Horeb, l’autre en Kadès. En Horeb, ils firent un veau, et dirent: «C’est ici ton dieu, ô Israël! qui t’a fait monter du pays d’Égypte» (Exode 32:4). À Kadès ils proposent d’établir un chef pour les ramener en Égypte. En Horeb, c’est la superstition de l’incrédulité. À Kadès, c’est l’indépendance volontaire de l’incrédulité; or, nous ne devons certainement pas nous étonner que ceux qui pouvaient penser qu’un veau les avait fait sortir d’Égypte, puissent vouloir se donner un chef pour les y reconduire. Caleb forme un brillant contraste avec tout cela. Pour lui, il n’y avait ni mort dans le désert, ni retour en Égypte, mais une riche entrée dans la terre promise, à l’abri du bouclier impénétrable de l'Éternel.
«Et Josué, fils de Nun, et Caleb, fils de Jephunné, qui étaient d’entre ceux qui avaient reconnu le pays, déchirèrent leurs vêtements, et parlèrent à toute l’assemblée des fils d’Israël, disant: Le pays par lequel nous avons passé pour le reconnaître est un très bon pays. Si l’Éternel prend plaisir en nous, il nous fera entrer dans ce pays-là et nous le donnera, un pays qui ruisselle de lait et de miel. Seulement, ne vous rebellez pas contre l’Éternel; et ne craignez pas le peuple du pays, car ils seront notre pain: leur protection s’est retirée de dessus eux, et l’Éternel est avec nous; ne les craignez pas. Et toute l’assemblée parla de les lapider avec des pierres.» (Vers. 6-10.)
Et pourquoi voulaient-ils les lapider? Était-ce pour avoir dit des mensonges? Était-ce pour avoir proféré des blasphèmes ou pour avoir fait quelque mal? Non, c’était pour leur courageux et ardent témoignage à la vérité. Ils avaient été envoyés afin de reconnaître le pays, et d’en faire un rapport exact. Ils l’avaient fait et, à cause de cela, «toute l’assemblée parla de les lapider». Le peuple n’aimait pas la vérité, pas plus qu’elle n’est aimée maintenant. La vérité n’est jamais populaire. Il n’y a point de place pour elle, ni dans ce monde, ni dans le cœur humain. Les mensonges et l’erreur, sous toutes leurs formes, seront reçus; la vérité jamais. Josué et Caleb devaient éprouver, de leurs jours, ce que tous les vrais témoins de chaque époque ont à attendre, savoir: l’opposition et la haine de la masse de leurs semblables.
Six cent mille voix s’élevèrent contre deux hommes qui disaient simplement la vérité, et qui croyaient en Dieu. Cela a été ainsi; cela est et sera toujours ainsi, jusqu’au glorieux moment où «la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» (Ésaïe 11:9).
Combien il est donc important de pouvoir, comme Josué et Caleb, rendre un témoignage clair, inflexible et complet à la vérité de Dieu, et de maintenir la vérité divine quant à la portion et à l’héritage des saints Il existe toujours une grande tendance à corrompre la vérité — à la diminuer — à l’abandonner — à la rabaisser. De là l’urgente nécessité de posséder, dans notre âme, la puissance divine de la vérité de pouvoir répéter, bien qu’en faible mesure: «Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu» (Jean 3:11). Caleb et Josué n’étaient pas seulement allés dans le pays, mais ils l’avaient parcouru avec Dieu. Ils l’avaient examiné, au point de vue de la foi. Ils savaient que le pays était à eux, selon le dessein de Dieu que, comme un don de Dieu, il était digne d’être possédé; et qu’ils le posséderaient certainement, par la puissance de Dieu. C’étaient des hommes pleins de foi, de courage et de puissance.
Hommes bienheureux! Ils vivaient dans la lumière de la présence divine, tandis que l’assemblée entière était enveloppée des profondes ténèbres de son incrédulité. Quel contraste! Voilà ce qui montre toujours la différence qui existe, même entre les enfants de Dieu. Vous trouverez constamment des personnes dont vous ne pouvez douter qu’elles ne soient des enfants de Dieu, mais qui, cependant, ne peuvent point s’élever à la hauteur de la révélation divine, quant à leur position et à leur part comme saints de Dieu. Elles sont toujours pleines de doutes et de craintes: toujours entourées de brouillards, et voyant toujours le côté sombre des choses. Ce sont des âmes qui regardent à elles-mêmes, à leurs circonstances ou à leurs difficultés. Elles ne sont jamais sereines et heureuses, ne pouvant jamais montrer cette confiance joyeuse et ce courage qui conviennent au chrétien, et qui glorifient Dieu.
Or tout cela est vraiment déplorable et ne devrait pas exister; nous pouvons être assurés qu’il y a là quelque grave défaut, quelque chose de radicalement mauvais. Le chrétien devrait toujours être paisible et heureux; toujours capable, quoiqu’il puisse arriver, de louer Dieu. Ses joies ne proviennent pas de lui-même ou de la scène qu’il traverse, elles découlent du Dieu vivant, et sont hors de la portée de toute influence terrestre. Il peut dire «Mon Dieu, source de toutes mes joies». C’est le doux privilège des plus simples enfants de Dieu. Mais c’est justement en cela que nous manquons si tristement. Nous détournons nos yeux de Dieu pour les fixer sur nous-mêmes ou sur les choses extérieures, sur nos peines et sur nos difficultés; alors tout devient ténèbres et mécontentement, murmures et plaintes. Ce n’est nullement là du christianisme. C’est de l’incrédulité — une incrédulité sombre, mortelle, qui déshonore Dieu et accable le cœur. «Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de conseil» (2 Tim. 1:7). Tel est le langage d’un Caleb vraiment spirituel — langage adressé à celui dont le cœur sentait le poids des difficultés et des dangers qui l’entouraient. L’Esprit de Dieu remplit l’âme du vrai croyant d’une sainte audace. Il lui donne une élévation morale au-dessus de l’atmosphère froide et ténébreuse qui l’entoure, et élève son âme dans l’éblouissante clarté de la région «où les orages et les tempêtes ne se déchaînent jamais».
«Et la gloire de l’Éternel apparut à tous les fils d’Israël à la tente d’assignation. Et l’Éternel dit à Moïse: Jusques à quand ce peuple-ci me méprisera-t-il, et jusques à quand ne me croira-t-il pas, après tous les signes que j’ai faits au milieu de lui? Je le frapperai de peste, et je le détruirai; et je ferai de toi une nation plus grande et plus forte que lui.» (Vers. 10-12.)
Quel moment que celui-ci dans l’histoire de Moïse. La chair pouvait bien regarder cela comme une occasion unique pour lui. Jamais, ni avant, ni depuis, nous ne voyons un simple homme avoir une telle porte ouverte devant lui. L’ennemi et son propre cœur pouvaient dire: «C’est le moment favorable pour toi. L’offre t’est faite de devenir le chef et le fondateur d’une grande et puissante nation — offre qui t’est faite par l'Éternel lui-même. Tu ne l’as pas cherché. Cela est placé devant toi par le Dieu vivant, et ce serait le comble de la folie, de ta part, que de le rejeter.»
Mais, lecteur, Moïse n’était pas égoïste. Il était trop pénétré de l’esprit de Christ pour chercher à être quelque chose. Il n’avait pas d’ambition profane ni d’aspirations personnelles. Il ne désirait que la gloire de Dieu et le bien de son peuple; pour atteindre ce but, il était prêt, par grâce, à sacrifier sur l’autel, lui-même et ses intérêts. Écoutez son admirable réponse. Au lieu de saisir la promesse contenue dans ces mots: «Je ferai de toi une nation plus grande et plus forte que lui» — au lieu de s’emparer avidement de l’occasion unique qu’il avait de poser les fondements de sa renommée et de sa fortune personnelles — il se met complètement de côté, et répond avec l’accent du plus noble désintéressement: «Et Moise dit à l’Éternel: Mais les Égyptiens en entendront parler, car par ta force tu as fait monter ce peuple du milieu d’eux, et ils le diront aux habitants de ce pays, qui ont entendu que toi, Éternel, tu étais au milieu de ce peuple, que, toi, Éternel, tu te faisais voir face à face, et que ta nuée se tenait sur eux, et que tu marchais devant eux dans une colonne de nuée, le jour, et dans une colonne de feu, la nuit; si tu fais périr ce peuple comme un seul homme, les nations qui ont entendu parler de toi, parleront, disant: Parce que l’Éternel ne pouvait pas faire entrer ce peuple dans le pays qu’il leur avait promis par serment, il les a tués dans le désert.» (Vers. 13-16.) Moïse prend ici la position la plus élevée. Il est entièrement occupé de la gloire de l’Éternel. Il ne peut pas supporter la pensée que l’éclat de cette gloire se ternisse à la vue des nations des incirconcis. Qu’importait qu’à l’avenir, des millions d’hommes le regardassent comme leur illustre ancêtre, si toute cette gloire et cette grandeur personnelles devaient être acquises par le sacrifice d’un seul rayon de la gloire divine? Loin de lui cette pensée! Que le nom de Moïse soit à jamais effacé! Il en avait dit autant aux jours du veau d’or; et il était prêt à le répéter aux jours du chef. En face de la superstition et de l’indépendance d’une nation incrédule, le cœur de Moïse ne battait que pour la gloire de Dieu; elle doit être gardée à tout prix. Quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte, la gloire de Dieu doit être maintenue. Moïse sentait qu’il était impossible que rien fût solide, si la base n’en était pas fermement posée sur le maintien sévère de la gloire du Dieu d’Israël. La pensée de se voir grand aux dépens de l’Éternel était tout à fait insupportable au cœur de ce bienheureux homme de Dieu. Il ne pouvait souffrir que le nom qu’il aimait tant fût blasphémé parmi les nations, ou que l’on pût jamais dire: «L’Éternel n’a pas pu».
Une autre chose encore se trouvait dans le cœur désintéressé de Moïse: Il pensait au peuple. Il l’aimait et s’inquiétait de lui. La gloire de l'Éternel, sans doute, allait avant tout; mais le bien d’Israël venait ensuite. «Et maintenant», ajoute-t-il, «je te prie, que la puissance du Seigneur soit magnifiée, comme tu as parlé, disant: L’Éternel est lent à la colère, et grand en bonté, pardonnant l’iniquité et la transgression, et qui ne tient nullement celui qui en est coupable pour innocent, qui visite l’iniquité des pères sur les fils, sur la troisième et sur la quatrième génération. Pardonne, je te prie, l’iniquité de ce peuple, selon la grandeur de ta bonté, et comme tu as pardonné à ce peuple, depuis l’Égypte jusqu’ici.» (Vers. 17-19.)
Voilà qui est extrêmement beau. L’ordre, le ton et l’esprit de cet appel sont des plus exquis. Il y a d’abord et par-dessus tout, une grande sollicitude pour la gloire de l’Éternel. Elle doit être protégée de tous les côtés. Mais ensuite, c’est sur le principe même du maintien de la gloire divine qu’il cherche le pardon pour le peuple. Les deux choses sont liées de la manière la plus bénie, dans cette intercession: «Que la puissance du Seigneur soit magnifiée». Comment? Par le jugement et la destruction? Non, non: «L’Éternel est lent à la colère». Quelle pensée! La puissance de Dieu en longanimité et en pardon! Que c’est indiciblement précieux! Comme Moïse était en communion avec le cœur et la pensée de Dieu puisqu’il pouvait parler d’une telle manière! Et comme il est en contraste avec Élie, lorsque, sur le mont Horeb, ce dernier intercédait contre Israël! Il est facile de voir lequel de ces deux hommes honorés était le plus en harmonie avec la pensée et l’Esprit de Christ. «Pardonne, je te prie, l’iniquité de ce peuple, selon la grandeur de ta bonté.» Ces paroles furent agréables à l'Éternel, qui se plaît à répandre le pardon. «Et l’Éternel dit: J’ai pardonné selon ta parole.» Et puis, il ajoute: «Mais, aussi vrai que je suis vivant, toute la terre sera remplie de la gloire de l’Éternel!» (Vers. 20-21.)
Que le lecteur remarque avec soin ces deux expressions. Elles sont absolues et sans restriction. «J’ai pardonné.» Et «toute la terre sera remplie de la gloire de l’Éternel!» Rien ne pourrait, en aucune manière, amoindrir ces deux grands faits. Le pardon est assuré; et la gloire resplendira sur toute la terre. Aucune puissance de la terre, de l’enfer, des hommes ou des démons, ne pourra porter atteinte à la divine intégrité de ces deux précieuses affirmations. Israël se réjouira dans le plein pardon de son Dieu, et toute la terre se réjouira un jour dans les brillants rayons de sa gloire.
Mais ensuite, il y a le gouvernement aussi bien que la grâce. Cela ne doit jamais être oublié, et l’on ne doit pas confondre ces choses. Tout le livre de Dieu fait voir la distinction qui existe entre la grâce et le gouvernement, et cela nulle part peut-être plus clairement qu’ici. La grâce pardonnera; et la grâce remplira la terre des rayons bénis de sa gloire divine mais remarquez l’action effrayante des roues du gouvernement, manifestée dans ces terribles paroles: «Car tous ces hommes qui ont vu ma gloire, et mes signes, que j’ai faits eu Égypte et dans le désert, et qui m’ont tenté ces dix fois, et qui n’ont pas écouté ma voix;…s’ils voient le pays que j’avais promis par serment à leurs pères! Aucun de ceux qui m’ont méprisé ne le verra. Mais mon serviteur Caleb, parce qu’il a été animé d’un autre esprit et qu’il m’a pleinement suivi, je l’introduirai dans le pays où il est entré, et sa semence le possédera. — Or l’Amalékite et le Cananéen habitent dans la vallée: demain tournez-vous, et partez pour le désert, vous dirigeant vers la mer Rouge.» (Vers. 22-25.)
Ces paroles sont des plus solennelles. Au lieu de se confier en Dieu, et d’avancer hardiment vers la terre de la promesse, dans une simple dépendance de son bras tout-puissant, ils l’irritèrent par leur incrédulité, méprisèrent le pays désirable, et furent forcés de retourner en arrière dans ce grand et affreux désert: «Et l’Éternel parla à Moïse et à Aaron, disant: Jusques à quand supporterai-je cette méchante assemblée qui murmure contre moi? J’ai entendu les murmures des fils d’Israël, qu’ils murmurent contre moi. Dis-leur: Je suis vivant, dit l’Éternel, si je ne vous, fais comme vous avez parlé à mes oreilles!… Vos cadavres tomberont dans ce désert. Et tous ceux d’entre vous qui ont été dénombrés, selon tout le compte qui a été fait de vous, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, vous qui avez murmuré contre moi,… si vous entrez dans le pays touchant lequel j’ai levé ma main pour vous y faire habiter, excepté Caleb, fils de Jephunné, et Josué, fils de Nun! Mais vos petits enfants, dont vous avez dit qu’ils seraient une proie, je les ferai entrer, et ils connaîtront le pays que vous avez méprisé. Et quant à vous, vos cadavres tomberont dans ce désert. Et vos fils seront paissant dans le désert quarante ans, et ils porteront la peine de vos prostitutions, jusqu’à ce que vos cadavres soient consumés dans le désert. Selon le nombre des jours que vous avez mis à reconnaître le pays, quarante jours, un jour pour une année, vous porterez vos iniquités, quarante ans, et vous connaîtrez ce que c’est que je me sois détourné de vous. Moi, l’Éternel, j’ai parlé; si je ne fais ceci à toute cette méchante assemblée qui s’est assemblée contre moi! Ils seront consumés dans ce désert, et ils y mourront.» (Vers. 26-35.)
Tel fut donc le fruit de l’incrédulité; et telle fut la conduite gouvernementale de Dieu envers un peuple qui l’avait «irrité par ses murmures et par la dureté de son cœur.»
Il est de la plus haute importance d’observer ici que ce fut l’incrédulité qui tint Israël hors de Canaan dans la circonstance dont il est question maintenant. Le commentaire inspiré en Hébreux 3 enlève tous les doutes à cet égard. «Et nous voyons qu’ils n’y purent entrer à cause de l’incrédulité.» On pourrait peut-être dire que le temps n’était pas venu pour l’introduction d’Israël dans la terre de Canaan. L’iniquité des Amoréens n’était pas encore venue à son comble. Mais ce n’était pas là le motif pour lequel Israël refusa de traverser le Jourdain. Il ne connaissait rien de l’iniquité des Amoréens; il n’y pensait point. L’Écriture est aussi claire que possible à cet égard: «Ils n’y purent entrer» — non pas à cause de l’iniquité des Amoréens — non pas parce que le temps n’était pas encore venu — mais simplement «à cause de leur incrédulité». Ils auraient dû entrer.
C’était leur devoir de le faire, et ils furent jugés pour ne l’avoir pas fait. Le chemin était ouvert. Le jugement de la foi, prononcé par le fidèle Caleb, était clair et formel. «Montons hardiment et prenons possession du pays, car nous sommes bien capables de le faire.» Ils le pouvaient aussi bien à ce moment-là qu’à tout autre, vu que Celui qui leur avait donné le pays était aussi celui qui les rendrait capables d’y entrer et de le posséder. Nous devons toujours penser que la responsabilité de l’homme repose sur ce qui est révélé, et non point sur ce qui est secret. C’était le devoir d’Israël de monter hardiment et de prendre possession du pays; il fut jugé pour ne l’avoir pas fait. Leurs cadavres tombèrent dans le désert, parce qu’ils n’eurent pas la foi pour entrer au pays.
Ceci ne nous offre-t-il pas une solennelle leçon? Très certainement. Comment se fait-il que, comme chrétiens, nous manquions tant à faire valoir en pratique notre position céleste? Nous sommes délivrés du jugement par le sang de l’Agneau; nous sommes délivrés de ce présent siècle par la mort de Christ; mais nous ne traversons pas le Jourdain en esprit et par la foi; nous ne prenons pas spirituellement et par la foi possession de notre héritage céleste. On croit généralement que le Jourdain est un type de la mort et de la fin de notre vie naturelle dans ce monde. Cela est vrai, dans un sens. Mais comment se fait-il que lorsque les Israélites eurent traversé le Jourdain, ils durent commencer à combattre? Assurément nous n’aurons plus aucun combat lorsque nous aurons réellement atteint le ciel. Les âmes de ceux qui se sont endormis dans la foi en Christ ne combattent pas dans le ciel. Elles ne sont en lutte d’aucune manière. Elles sont dans le repos. Elles attendent le matin de la résurrection, mais elles l’attendent dans le repos, non dans la lutte.
Il y a donc, dans la figure du Jourdain, un autre type que celui de la fin de notre vie individuelle dans ce monde. Nous devons l’envisager comme une grande figure de la mort de Christ; tout comme la mer Rouge et le sang de l’Agneau pascal sont aussi des figures de cette mort, mais sous un autre aspect. Le sang de l’Agneau avait mis Israël à l’abri du jugement de Dieu sur l’Égypte. Les eaux de la mer Rouge avaient délivré Israël de l’Égypte elle-même et de toute sa puissance. Mais ils devaient encore traverser le Jourdain; ils devaient poser la plante de leurs pieds sur la terre de la promesse, et y conserver leur place, en dépit de tous les ennemis. Ils devaient combattre pour chaque pouce de terre en Canaan.
Quel est le sens de cette dernière condition? Devons-nous combattre pour les cieux? Quand un chrétien s’endort, et que son esprit s’en va pour être avec Christ dans le paradis, est-il encore question de combat? Évidemment non. Que devons-nous donc apprendre du passage du Jourdain et des guerres de Canaan? Simplement ceci: Jésus est mort; il a quitté ce monde; il n’est pas seulement mort pour nos péchés, mais il a brisé toutes les chaînes qui nous liaient à ce monde, en sorte que nous sommes morts au monde, tout aussi bien qu’au péché et à la loi. Nous n’avons pas plus affaire avec ce monde, au point de vue de Dieu et au jugement de la foi, qu’un mort n’y a affaire. Nous sommes appelés à nous tenir pour morts au monde et pour vivants à Dieu, par Jésus Christ notre Seigneur. Nous vivons dans la puissance de la vie nouvelle que nous possédons par notre union avec un Christ ressuscité. Nous appartenons au ciel; et c’est en gardant notre position d’hommes célestes, que nous avons à combattre «contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes» — dans la sphère même qui nous appartient, et de laquelle elles n’ont pas encore été chassées. Si nous nous contentons de marcher «à la manière des hommes» (1 Cor. 3:3), de vivre comme ceux qui appartiennent à ce monde — de nous arrêter devant le Jourdain, — si nous sommes contents de vivre comme les «habitants de la terre», — si nous n’aspirons pas à notre part et à notre position célestes — alors nous ne connaîtrons rien de la lutte d’ Éphésiens 6:12. C’est en cherchant à vivre comme des hommes du ciel, actuellement sur la terre, que nous comprendrons le sens de cette lutte qui est l’antitype des guerres d’Israël en Canaan. Nous n’aurons pas à combattre lorsque nous arriverons au ciel; mais si nous désirons vivre d’une vie céleste sur la terre, si nous cherchons à nous comporter comme des gens qui sont morts au monde et qui vivent en Celui qui descendit pour eux dans les froides eaux du Jourdain, alors certainement le combat est devant nous. Satan fera tous ses efforts pour nous empêcher de vivre dans la puissance de notre vie céleste; c’est là ce qui amène la lutte. Il cherchera à nous faire marcher comme ceux qui ont une position terrestre; qui sont citoyens de ce monde; qui disputent pour leurs droits, maintiennent leur rang et leur dignité. Ainsi, Satan nous amènera à donner un démenti pratique à cette grande et fondamentale vérité chrétienne, que nous, sommes morts avec Christ et ressuscités avec Lui.
Si le lecteur veut examiner le chapitre 6 des Éphésiens, il verra comment cet intéressant sujet y est présenté par l’écrivain inspiré. «Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force; revêtez-vous de l’armure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme contre les artifices du diable car notre lutte n’est pas contre le sang et la chair (comme elle l’était pour Israël en Canaan), mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. C’est pourquoi prenez l’armure complète de Dieu, afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister, et après avoir tout surmonté, tenir ferme.» (Vers. 10-13.)
Telle est la véritable lutte chrétienne. Il ne s’agit pas ici des convoitises de la chair, ou des fascinations du monde, quoique, sûrement, nous ayons à veiller à ces choses, mais il s’agit des «artifices du diable». Non point de sa puissance, qui est à jamais brisée, mais des moyens subtils et des pièges par lesquels, il cherche à empêcher les chrétiens de réaliser leur position et leur héritage célestes.
Or nous négligeons grandement la pratique de cette lutte. Nous ne cherchons pas à saisir les choses pour lesquelles nous-mêmes avons été saisis par Christ. Beaucoup d’entre nous se contentent de savoir qu’ils sont mis à l’abri du jugement par le sang de l’Agneau. Nous ne comprenons pas la profonde signification de la mer Rouge et du Jourdain; nous ne saisissons pas, en pratique, leur importance spirituelle. Nous marchons comme les hommes, chose pour laquelle l’apôtre blâmait les Corinthiens. Nous vivons et agissons comme si nous appartenions à ce monde, tandis que l’Écriture enseigne et que notre baptême exprime que nous sommes morts au monde, comme Jésus y est mort, et que nous avons été ressuscités ensemble avec lui, par la foi dans l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts (Col. 2:12).
Que le Saint Esprit amène nos âmes à saisir la réalité de ces choses! Qu’il nous présente les précieux fruits du pays céleste qui est à nous, en Christ, et qu’il nous fortifie de sa propre force dans l’homme intérieur, tellement que nous puissions traverser le Jourdain avec confiance et poser hardiment nos pieds dans la Canaan spirituelle! Nous vivons bien au-dessous de nos privilèges comme chrétiens. Nous permettons aux choses visibles de nous dérober la jouissance de celles qui ne se voient pas. Oh puissions-nous avoir une foi plus forte, pour prendre possession de tout ce que Dieu nous a libéralement donné en Christ!
Poursuivons notre sujet. «Et les hommes que Moïse avait envoyés pour reconnaître le pays, et qui revinrent et firent murmurer contre lui toute l’assemblée en décriant le pays, ces hommes qui avaient décrié le pays, moururent de plaie devant l’Éternel. Mais d’entre les hommes qui étaient allés pour reconnaître le pays, Josué, fils de Nun, et Caleb, fils de Jephunné, seuls vécurent.» (Vers. 36-38.) On est étonné en pensant que dans cette immense assemblée de six cent mille hommes, outre les femmes et les enfants, il ne se soit trouvé que deux hommes ayant foi au Dieu vivant. Nous ne parlons naturellement pas de Moïse, mais uniquement de la congrégation. Toute l’assemblée, sauf deux exceptions très remarquables, était gouvernée par un esprit d’incrédulité. Ils ne pouvaient pas croire que Dieu les introduirait dans le pays non, ils pensaient, au contraire, que Dieu les avait amenés dans le désert pour les y faire mourir; et nous pouvons dire avec certitude qu’ils moissonnèrent les fruits de leur triste incrédulité. Les dix faux témoins «moururent de plaie», et les nombreux milliers qui reçurent leur faux témoignage furent obligés de retourner dans le désert, pour y errer çà et là, puis pour y mourir et y être enterrés.
Josué et Caleb seuls demeurèrent sur le terrain béni de la foi au Dieu vivant, — de cette foi qui remplit l’âme de courage et de la plus joyeuse confiance. De ceux-là, nous pouvons dire qu’ils moissonnèrent selon leur foi. Dieu doit toujours honorer la foi qu’il a imprimée dans l’âme. C’est son propre don, et ce don, nous pouvons le dire avec respect, il ne peut que le reconnaître où qu’il se trouve. Josué et Caleb purent, par la simple puissance de la foi, résister à un épouvantable courant d’incrédulité. Ils conservèrent leur confiance en Dieu en face de toutes les difficultés; aussi Dieu honora-t-il leur foi d’une manière signalée à la fin; car, tandis que les cadavres de leurs frères étaient tombés en poussière sur les sables du désert, eux ont foulé, de leurs pieds, les collines couvertes de vignobles et les fertiles vallées de la terre promise. Les autres avaient déclaré que Dieu les avait retirés d’Égypte pour les laisser mourir au désert; leur lot fut selon leur parole. Josué et Caleb avaient déclaré que Dieu pouvait les introduire dans le pays; leur lot fut aussi selon leur parole.
Nous avons là un principe très important: «Qu’il vous soit fait selon votre foi» (Matt. 9:29). Rappelons-nous ceci: Dieu prend ses délices en la foi. Il aime à être cru; et il honorera toujours ceux qui se confient en lui. Au contraire, l’incrédulité l’afflige. Elle l’irrite, le déshonore et amène les ténèbres et la mort sur l’âme. C’est un affreux péché que de douter du Dieu vivant qui ne saurait mentir, ou de conserver des doutes lorsqu’Il a parlé. Le diable est l’auteur de toutes les questions où il y a du doute. Il prend son plaisir à ébranler la confiance de l’âme; mais il n’a aucune puissance sur celle qui se confie simplement en Dieu. Ses traits enflammés ne peuvent jamais atteindre celui qui est abrité derrière le bouclier de la foi. Oh! qu’il est précieux de vivre d’une vie de confiance enfantine en Dieu! Cela rend le cœur parfaitement heureux, et remplit la bouche de louange et d’actions de grâce. Cette confiance chasse tout nuage, tout brouillard elle éclaire notre sentier des rayons bénis de la face de notre Père. D’un autre côté, l’incrédulité remplit le cœur de toutes sortes de doutes, nous fait nous replier sur nous-mêmes, obscurcit notre sentier, et nous rend vraiment misérables. Le cœur de Caleb était plein d’une joyeuse confiance, tandis que celui de ses frères était rempli de plaintes et de murmures amers. Il en doit toujours être ainsi. Si nous voulons être heureux, nous devons nous occuper de Dieu et de ce qui le concerne. Si nous voulons être malheureux, nous n’avons qu’à nous occuper de nous-mêmes et de ce qui nous entoure. Voyez au chapitre 1 de Luc. Qu’est-ce qui ferma la bouche de Zacharie le sacrificateur? C’était l’incrédulité, n’est-ce qui remplissait le cœur et ouvrait la bouche de Marie et d’Élisabeth? La foi. Là était la différence. Zacharie aurait pu se joindre à ces pieuses femmes dans leurs chants de louange, si la sombre incrédulité n’avait fermé ses lèvres. Quel tableau! Quelle leçon! Oh puissions-nous apprendre à nous confier plus simplement en Dieu! Que l’esprit de doute soit loin de nous! Puissions-nous, au milieu de ce monde infidèle, être forts dans la foi qui glorifie Dieu.
Le dernier paragraphe de notre chapitre nous enseigne une autre sainte leçon; appliquons-y nos cœurs avec diligence. «Et Moïse dit ces choses à tous les fils d’Israël, et le peuple mena très grand deuil. Et ils se levèrent de bon matin et montèrent sur le sommet de la montagne, disant: Nous voici; nous monterons au lieu dont l’Éternel a parlé; car nous avons péché. Et Moïse dit: Pourquoi transgressez-vous ainsi le commandement de l’Éternel? Cela ne réussira point. Ne montez pas, car l’Éternel n’est pas au milieu de vous, afin que vous ne soyez pas battus devant vos ennemis; car l’Amalékite et le Cananéen sont là devant vous, et vous tomberez par l’épée; car, parce que vous vous êtes détournés de l’Éternel, l’Éternel ne sera pas avec vous. Toutefois ils s’obstinèrent à monter sur le sommet de la montagne; mais l’arche de l’alliance de l’Éternel et Moïse ne bougèrent pas du milieu du camp. Et les Amalékites et les Cananéens qui habitaient cette montagne-là, descendirent, et les battirent, et les taillèrent en pièces jusqu’à Horma.» (Vers. 39-45.)
Quelle foule de contradictions dans le cœur humain! Lorsqu’ils avaient été exhortés à monter dans l’énergie de la foi, et à posséder le pays, ils avaient reculé et refusé de marcher. Ils s’étaient jetés à terre et avaient pleuré lorsqu’ils auraient dû monter et conquérir. En vain le fidèle Caleb leur avait attesté que l’Éternel les introduirait dans la montagne de son héritage et les y fixerait — qu’Il pouvait le faire; ils ne voulurent pas monter alors, parce qu’ils ne savaient pas se confier en Dieu. Mais maintenant, au lieu de courber la tête et d’accepter les voies du gouvernement de Dieu, ils veulent monter, se confiant en eux-mêmes, dans leur présomption.
Combien il était vain, hélas! de vouloir marcher sans avoir le Dieu vivant avec soi. Sans Lui, ils ne pouvaient rien faire. Lorsqu’ils auraient pu l’avoir, ils ont craint les Amalékites; mais maintenant, quoique sans Dieu, ils s’obstinent à affronter ce même peuple: «Nous voici; nous monterons au lieu dont l’Éternel a parlé». C’était plus facile à dire qu’à faire. Un Israélite sans Dieu ne pouvait pas se mesurer avec un Amalékite. Il est très remarquable que lorsque Israël refuse d’agir dans l’énergie de la foi, lorsqu’il tombe sous la puissance d’une incrédulité qui déshonore Dieu, Moïse leur montre les difficultés qu’ils avaient eux-mêmes alléguées pour désobéir. Il leur dit: «Les Amalékites et les Cananéens sont là, devant vous». Cela est plein d’instruction. Par leur incrédulité, ils avaient exclu Dieu; en conséquence il ne s’agissait évidemment plus de rien que d’Israël et des Cananéens. La foi aurait placé la question entre Dieu et les Cananéens. C’était précisément la manière dont Josué et Caleb envisageaient la chose, lorsqu’ils disaient: «Si l’Éternel prend plaisir en nous, il nous fera entrer dans ce pays-là et nous le donnera, un pays qui ruisselle de lait et de miel. Seulement, ne vous rebellez pas contre l’Éternel; et ne craignez pas le peuple du pays, car ils seront notre pain: leur protection s’est retirée de dessus eux, et l’Éternel est avec nous; ne les craignez pas.»
C’est là que se trouve le grand secret. La présence de l’Éternel au milieu de son peuple lui garantit la victoire sur tous les ennemis. Mais s’Il n’est pas avec eux, ils sont comme l’eau répandue sur la terre. Les dix incrédules avaient déclaré qu’ils étaient comme des sauterelles en présence des géants; et maintenant, Moïse, les prenant au mot, leur déclare, pour ainsi dire, que des sauterelles ne peuvent pas se mesurer avec des géants. Si, d’un côté, cette parole est vraie: «il vous sera fait selon votre foi»; d’un autre côté, celle-ci est vraie aussi: «il vous sera fait selon votre incrédulité».
Or le peuple s’était enhardi, croyant être quelque chose, tandis qu’il n’était rien. Oh! qu’il est misérable d’oser marcher dans sa propre force! Quelle défaite et quelle confusion! Il doit en être ainsi. Le peuple, dans son incrédulité, abandonnait Dieu; Dieu à son tour abandonnait le peuple à sa vaine présomption. Ils n’avaient pas voulu marcher avec Dieu par la foi; Dieu ne voulait pas aller avec eux dans leur incrédulité: «Mais l’arche de l’alliance de l’Éternel et Moïse ne bougèrent pas du milieu du camp». Ils allèrent sans Dieu; aussi durent-ils s’enfuir devant leurs ennemis.
C’est ce qui a toujours lieu. Il n’y a aucun avantage possible à affecter d’être fort, à avoir de hautes prétentions, à se croire quelque chose. L’orgueil et l’affectation sont ce qu’il y a de pis. Si Dieu n’est pas avec nous, nous sommes comme la rosée du matin. Or nous devons apprendre cela pratiquement. Nous devons descendre jusqu’au fond de nous-mêmes pour connaître notre complète indignité. Le désert, avec toutes ses scènes variées et avec ses mille expériences, nous conduit à ce résultat pratique. Là nous apprenons ce qu’est la chair; là notre nature, sous toutes ses faces, est mise entièrement à nu; quelquefois se montrant pleine d’une lâche incrédulité, d’autres fois remplie d’une fausse confiance. À Kadès, elle refuse de marcher quand on lui dit de le faire; à Horma, elle persiste à marcher quand on lui dit le contraire. C’est ainsi que les extrêmes se rencontrent, dans cette mauvaise nature que, tous, nous portons en nous chaque jour.
Mais il est, bien-aimé lecteur chrétien, une leçon spéciale que nous devrions chercher à apprendre complètement avant de quitter Horma; la voici. Il y a une immense difficulté à marcher humblement et patiemment dans le sentier que notre propre chute a rendu nécessaire pour nous. L’incrédulité d’Israël, refusant de monter au pays, rendit nécessaire, selon les dispensations du gouvernement de Dieu, qu’ils retournassent en arrière et qu’ils errassent dans le désert pendant quarante ans. C’est ce à quoi ils ne voulaient pas se soumettre. Ils résistèrent. Ils ne pouvaient pas courber leur cou sous le joug qui leur était imposé.
Combien souvent c’est notre cas. Nous tombons; nous faisons de faux pas; nous entrons, en conséquence, dans des circonstances difficiles; alors, au lieu de nous incliner humblement sous la main de Dieu, pour chercher à marcher avec lui en humilité et avec contrition d’esprit, nous devenons rétifs et rebelles; nous nous en prenons aux circonstances, au lieu de nous juger nous-mêmes; et nous cherchons, dans notre obstination, à échapper à ces mêmes circonstances, au lieu de les accepter comme une conséquence juste et nécessaire de notre propre conduite. L’esprit prétentieux doit tôt ou tard être abaissé. S’il n’y a pas de foi pour prendre possession de la terre promise, alors il n’y a rien d’autre à faire qu’à parcourir le désert dans l’humilité et la simplicité de cœur.
Or, que Dieu en soit béni! Il est avec nous dans ce voyage du désert, tandis que nous ne l’avons jamais avec nous dans le sentier de l’orgueil et de la prétention. L'Éternel refusa d’accompagner Israël sur la montagne des Amoréens; cependant Il était prêt à retourner vers eux, dans sa grâce patiente, pour les accompagner dans toutes leurs courses à travers le désert. Si Israël ne voulait pas entrer en Canaan avec l'Éternel, celui-ci voulait bien retourner dans le désert avec Israël. Rien ne saurait surpasser la grâce qui brille en cela. Si Dieu avait agi avec eux selon ce qu’ils méritaient, ils auraient dû, pour le moins, être laissés seuls à errer dans le désert. Mais, béni soit à jamais son grand nom, il ne nous fait point selon nos péchés, et il ne nous rend point selon nos iniquités. Ses pensées ne sont pas nos pensées et ses voies ne sont pas nos voies. Malgré toute l’incrédulité, l’ingratitude et les provocations des enfants d’Israël, quoique leur retour dans le désert fût le fruit de leur propre conduite, cependant l'Éternel, dans sa grâce condescendante et son patient amour, retourna avec eux, pour être leur compagnon de voyage dans le désert, pendant quarante longues et tristes années.
Si donc le désert montre ce qu’est l’homme, il montre aussi ce qu’est Dieu; et, de plus, il montre ce qu’est la foi; car Josué et Caleb durent retourner avec toute l’assemblée de leurs frères incrédules, et rester pendant quarante ans loin de leur héritage, quoiqu’ils fussent eux-mêmes tout prêts, par la grâce, à monter dans le pays. Cela pouvait paraître une grande injustice. La chair pouvait trouver qu’il était peu raisonnable que deux hommes de foi dussent souffrir à cause de l’incrédulité d’autres personnes. Mais la foi peut attendre patiemment. Et d’ailleurs, comment Josué et Caleb auraient-ils pu se plaindre de cette marche prolongée, quand ils voyaient l'Éternel prêt à la partager avec eux? C’était impossible. Ils étaient disposés à attendre le moment fixé par Dieu, car la foi n’est jamais pressée. La foi des serviteurs pouvait bien être soutenue par la grâce du Maître.