«Et toute lâassemblée éleva sa voix, et jeta des cris, et le peuple pleura cette nuit-là .» Avons-nous à nous en étonner? Que pouvait-on attendre dâun peuple qui nâavait autre chose devant les yeux que forts géants, hautes murailles, grandes villes? Que pouvait-il résulter, sinon des larmes et des soupirs, de lâétat dâune assemblée qui se voyait «comme des sauterelles» en présence de ces insurmontables difficultés, sans aucun sentiment de la puissance divine qui pouvait les faire sortir victorieusement de tout? Lâassemblée entière était abandonnée à lâempire absolu de lâinfidélité. Ils étaient entourés des nuées sombres et glaciales de lâincrédulité. Dieu était exclu. Il nây avait pas un seul rayon de lumière pour éclairer les ténèbres dont ils sâétaient enveloppés. Ils étaient occupés dâeux-mêmes et de leurs difficultés, au lieu de lâêtre de Dieu est de ses ressources. Que pouvaient-ils donc faire, sinon élever une voix de pleurs et de lamentation?
Quel contraste entre ceci et ce que nous lisons au commencement du chapitre 15 de lâExode. Là , leurs yeux nâétaient fixés que sur l'Ãternel; ils pouvaient donc entonner ce chant de victoire: «Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté; tu lâas guidé par ta force jusquâà la demeure de ta sainteté. Les peuples lâont entendu, ils ont tremblé; lâeffroi a saisi les habitants de la Philistie. Alors les chefs dâÃdom ont été épouvantés; le tremblement a saisi les forts de Moab; tous les habitants de Canaan se sont fondus. La crainte et la frayeur sont tombées sur eux» (vers. 13-16).
Au lieu de cela, ce fut Israël qui trembla, et que la douleur saisit: câest le changement de tableau le plus complet. La douleur, le tremblement et la frayeur saisissent Israël au lieu de leurs ennemis. Et pourquoi? Parce que Celui qui occupait leur vue, en Exode 15, est entièrement exclu en Nombres 14. Là est toute la différence. Dans lâun des cas, la foi a le dessus; dans lâautre, lâincrédulité.
«Par la grandeur de ton bras ils sont devenus muets comme une pierre, jusquâà ce que ton peuple, ô Ãternel! ait passé, jusquâà ce quâait passé ce peuple que tu tâes acquis. Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Ãternel! le sanctuaire, ô Seigneur! que tes mains ont établi. LâÃternel régnera à toujours et à perpétuité» (Vers. 16-18.) Oh! comme ces accents de triomphe contrastent avec les cris et les lamentations incrédules du chapitre 14 des Nombres! En Exode 15, par un mot des fils dâAnak, des hautes murailles et des sauterelles. Il nây est question que de l'Ãternel, de sa droite, de son bras puissant, de sa force, de son héritage, de son habitation, de ses actes en faveur de son peuple racheté. Sâagit-il des habitants de Canaan? on ne les voit que dans le deuil, frappés de terreur, tremblant et se fondant.
Lorsque nous revenons au chapitre 14 des Nombres, tout est bien tristement renversé. Les fils dâAnak sont mis en avant. Les murailles élevées comme des tours, les villes de géants aux remparts menaçants remplissent la vue du peuple; mais nous nâentendons pas un seul mot sur le tout-puissant Libérateur. Ce sont les difficultés dâun côté, et les sauterelles de lâautre, et lâon se demande: «Est-il possible que ceux qui entonnèrent le chant de triomphe au bord de la mer Rouge soient devenus les pleureurs incrédules de Kadès?»
Hélas! oui; et cela nous donne une sérieuse et sainte leçon. Nous devons continuellement, en traversant les scènes de ce désert, revenir aux paroles qui nous disent que toutes ces choses arrivaient à Israël comme types; et quâ«elles ont été écrites pour nous servir dâavertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints» (1 Cor. 10:11). Ne sommes-nous pas, aussi bien quâIsraël, portés à regarder aux difficultés qui nous entourent, plutôt quâau Bien-aimé qui a entrepris de nous les faire traverser pour nous amener sains et saufs dans son royaume éternel? Pourquoi sommes-nous quelquefois abattus? Pourquoi nous lamentons-nous? Pourquoi entend-on, au milieu de nous, des paroles de mécontentement et dâimpatience plutôt que des chants de louange et de reconnaissance? Simplement parce que nous permettons aux circonstances de nous voiler Dieu, au lieu de lâavoir pour parfait abri de nos yeux et pour parfait objet de nos cÅurs.
Enfin, demandons-nous pourquoi nous négligeons si déplorablement de nous établir fermement dans notre position dâhommes célestes? â de prendre possession de ce qui nous appartient comme chrétiens, de lâhéritage spirituel et céleste que Christ nous a acquis, et dans lequel il est entré comme notre précurseur? Un seul mot définit cet obstacle: lâincrédulité!
La Parole inspirée déclare au sujet dâIsraël, que: «Ils nây purent entrer [en Canaan] à cause de lâincrédulité» (Héb. 3:19). Il en est ainsi de nous. à cause de notre incrédulité, nous ne pouvons pas entrer dans notre héritage céleste â nous ne pouvons prendre possession, en pratique, de notre véritable portion â nous ne pouvons pas marcher, de jour en jour, comme un peuple céleste, qui nâa aucune place, aucun nom, aucune portion sur la terre â rien à faire avec ce monde, si ce nâest dây passer comme des étrangers et des pèlerins marchant sur les traces de Celui qui nous a précédés et qui a pris sa place dans les cieux. Parce que la foi nâa pas dâénergie, les choses visibles ont plus de puissance sur nos cÅurs, que celles qui ne se voient pas. Oh! que le Saint Esprit fortifie notre foi, donne de lâénergie à nos âmes et nous conduise en toutes choses, afin que nous soyons trouvés non seulement parlant, â mais vivant de la vie du ciel, à la louange de Celui qui nous y a appelés dans sa grâce infinie.
«Et tous les fils dâIsraël murmurèrent contre Moïse et contre Aaron; et toute lâassemblée leur dit: Oh! si nous étions morts!⦠Et pourquoi lâÃternel nous fait-il venir dans ce pays, pour y tomber par lâépée, pour que nos femmes et nos petits enfants deviennent une proie? Ne serait-il pas bon pour nous de retourner en Ãgypte? Et ils se dirent lâun à lâautre: Ãtablissons un chef, et retournons en Ãgypte.» (Vers. 2-4.)
Il y a deux tristes phases dâincrédulité qui se montrent dans lâhistoire dâIsraël au désert; lâune en Horeb, lâautre en Kadès. En Horeb, ils firent un veau, et dirent: «Câest ici ton dieu, ô Israël! qui tâa fait monter du pays dâÃgypte» (Exode 32:4). à Kadès ils proposent dâétablir un chef pour les ramener en Ãgypte. En Horeb, câest la superstition de lâincrédulité. à Kadès, câest lâindépendance volontaire de lâincrédulité; or, nous ne devons certainement pas nous étonner que ceux qui pouvaient penser quâun veau les avait fait sortir dâÃgypte, puissent vouloir se donner un chef pour les y reconduire. Caleb forme un brillant contraste avec tout cela. Pour lui, il nây avait ni mort dans le désert, ni retour en Ãgypte, mais une riche entrée dans la terre promise, à lâabri du bouclier impénétrable de l'Ãternel.
«Et Josué, fils de Nun, et Caleb, fils de Jephunné, qui étaient dâentre ceux qui avaient reconnu le pays, déchirèrent leurs vêtements, et parlèrent à toute lâassemblée des fils dâIsraël, disant: Le pays par lequel nous avons passé pour le reconnaître est un très bon pays. Si lâÃternel prend plaisir en nous, il nous fera entrer dans ce pays-là et nous le donnera, un pays qui ruisselle de lait et de miel. Seulement, ne vous rebellez pas contre lâÃternel; et ne craignez pas le peuple du pays, car ils seront notre pain: leur protection sâest retirée de dessus eux, et lâÃternel est avec nous; ne les craignez pas. Et toute lâassemblée parla de les lapider avec des pierres.» (Vers. 6-10.)
Et pourquoi voulaient-ils les lapider? Ãtait-ce pour avoir dit des mensonges? Ãtait-ce pour avoir proféré des blasphèmes ou pour avoir fait quelque mal? Non, câétait pour leur courageux et ardent témoignage à la vérité. Ils avaient été envoyés afin de reconnaître le pays, et dâen faire un rapport exact. Ils lâavaient fait et, à cause de cela, «toute lâassemblée parla de les lapider». Le peuple nâaimait pas la vérité, pas plus quâelle nâest aimée maintenant. La vérité nâest jamais populaire. Il nây a point de place pour elle, ni dans ce monde, ni dans le cÅur humain. Les mensonges et lâerreur, sous toutes leurs formes, seront reçus; la vérité jamais. Josué et Caleb devaient éprouver, de leurs jours, ce que tous les vrais témoins de chaque époque ont à attendre, savoir: lâopposition et la haine de la masse de leurs semblables.
Six cent mille voix sâélevèrent contre deux hommes qui disaient simplement la vérité, et qui croyaient en Dieu. Cela a été ainsi; cela est et sera toujours ainsi, jusquâau glorieux moment où «la terre sera pleine de la connaissance de lâÃternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» (Ãsaïe 11:9).
Combien il est donc important de pouvoir, comme Josué et Caleb, rendre un témoignage clair, inflexible et complet à la vérité de Dieu, et de maintenir la vérité divine quant à la portion et à lâhéritage des saints Il existe toujours une grande tendance à corrompre la vérité â à la diminuer â à lâabandonner â à la rabaisser. De là lâurgente nécessité de posséder, dans notre âme, la puissance divine de la vérité de pouvoir répéter, bien quâen faible mesure: «Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu» (Jean 3:11). Caleb et Josué nâétaient pas seulement allés dans le pays, mais ils lâavaient parcouru avec Dieu. Ils lâavaient examiné, au point de vue de la foi. Ils savaient que le pays était à eux, selon le dessein de Dieu que, comme un don de Dieu, il était digne dâêtre possédé; et quâils le posséderaient certainement, par la puissance de Dieu. Câétaient des hommes pleins de foi, de courage et de puissance.
Hommes bienheureux! Ils vivaient dans la lumière de la présence divine, tandis que lâassemblée entière était enveloppée des profondes ténèbres de son incrédulité. Quel contraste! Voilà ce qui montre toujours la différence qui existe, même entre les enfants de Dieu. Vous trouverez constamment des personnes dont vous ne pouvez douter quâelles ne soient des enfants de Dieu, mais qui, cependant, ne peuvent point sâélever à la hauteur de la révélation divine, quant à leur position et à leur part comme saints de Dieu. Elles sont toujours pleines de doutes et de craintes: toujours entourées de brouillards, et voyant toujours le côté sombre des choses. Ce sont des âmes qui regardent à elles-mêmes, à leurs circonstances ou à leurs difficultés. Elles ne sont jamais sereines et heureuses, ne pouvant jamais montrer cette confiance joyeuse et ce courage qui conviennent au chrétien, et qui glorifient Dieu.
Or tout cela est vraiment déplorable et ne devrait pas exister; nous pouvons être assurés quâil y a là quelque grave défaut, quelque chose de radicalement mauvais. Le chrétien devrait toujours être paisible et heureux; toujours capable, quoiquâil puisse arriver, de louer Dieu. Ses joies ne proviennent pas de lui-même ou de la scène quâil traverse, elles découlent du Dieu vivant, et sont hors de la portée de toute influence terrestre. Il peut dire «Mon Dieu, source de toutes mes joies». Câest le doux privilège des plus simples enfants de Dieu. Mais câest justement en cela que nous manquons si tristement. Nous détournons nos yeux de Dieu pour les fixer sur nous-mêmes ou sur les choses extérieures, sur nos peines et sur nos difficultés; alors tout devient ténèbres et mécontentement, murmures et plaintes. Ce nâest nullement là du christianisme. Câest de lâincrédulité â une incrédulité sombre, mortelle, qui déshonore Dieu et accable le cÅur. «Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et dâamour, et de conseil» (2 Tim. 1:7). Tel est le langage dâun Caleb vraiment spirituel â langage adressé à celui dont le cÅur sentait le poids des difficultés et des dangers qui lâentouraient. LâEsprit de Dieu remplit lââme du vrai croyant dâune sainte audace. Il lui donne une élévation morale au-dessus de lâatmosphère froide et ténébreuse qui lâentoure, et élève son âme dans lâéblouissante clarté de la région «où les orages et les tempêtes ne se déchaînent jamais».
«Et la gloire de lâÃternel apparut à tous les fils dâIsraël à la tente dâassignation. Et lâÃternel dit à Moïse: Jusques à quand ce peuple-ci me méprisera-t-il, et jusques à quand ne me croira-t-il pas, après tous les signes que jâai faits au milieu de lui? Je le frapperai de peste, et je le détruirai; et je ferai de toi une nation plus grande et plus forte que lui.» (Vers. 10-12.)
Quel moment que celui-ci dans lâhistoire de Moïse. La chair pouvait bien regarder cela comme une occasion unique pour lui. Jamais, ni avant, ni depuis, nous ne voyons un simple homme avoir une telle porte ouverte devant lui. Lâennemi et son propre cÅur pouvaient dire: «Câest le moment favorable pour toi. Lâoffre tâest faite de devenir le chef et le fondateur dâune grande et puissante nation â offre qui tâest faite par l'Ãternel lui-même. Tu ne lâas pas cherché. Cela est placé devant toi par le Dieu vivant, et ce serait le comble de la folie, de ta part, que de le rejeter.»
Mais, lecteur, Moïse nâétait pas égoïste. Il était trop pénétré de lâesprit de Christ pour chercher à être quelque chose. Il nâavait pas dâambition profane ni dâaspirations personnelles. Il ne désirait que la gloire de Dieu et le bien de son peuple; pour atteindre ce but, il était prêt, par grâce, à sacrifier sur lâautel, lui-même et ses intérêts. Ãcoutez son admirable réponse. Au lieu de saisir la promesse contenue dans ces mots: «Je ferai de toi une nation plus grande et plus forte que lui» â au lieu de sâemparer avidement de lâoccasion unique quâil avait de poser les fondements de sa renommée et de sa fortune personnelles â il se met complètement de côté, et répond avec lâaccent du plus noble désintéressement: «Et Moise dit à lâÃternel: Mais les Ãgyptiens en entendront parler, car par ta force tu as fait monter ce peuple du milieu dâeux, et ils le diront aux habitants de ce pays, qui ont entendu que toi, Ãternel, tu étais au milieu de ce peuple, que, toi, Ãternel, tu te faisais voir face à face, et que ta nuée se tenait sur eux, et que tu marchais devant eux dans une colonne de nuée, le jour, et dans une colonne de feu, la nuit; si tu fais périr ce peuple comme un seul homme, les nations qui ont entendu parler de toi, parleront, disant: Parce que lâÃternel ne pouvait pas faire entrer ce peuple dans le pays quâil leur avait promis par serment, il les a tués dans le désert.» (Vers. 13-16.) Moïse prend ici la position la plus élevée. Il est entièrement occupé de la gloire de lâÃternel. Il ne peut pas supporter la pensée que lâéclat de cette gloire se ternisse à la vue des nations des incirconcis. Quâimportait quâà lâavenir, des millions dâhommes le regardassent comme leur illustre ancêtre, si toute cette gloire et cette grandeur personnelles devaient être acquises par le sacrifice dâun seul rayon de la gloire divine? Loin de lui cette pensée! Que le nom de Moïse soit à jamais effacé! Il en avait dit autant aux jours du veau dâor; et il était prêt à le répéter aux jours du chef. En face de la superstition et de lâindépendance dâune nation incrédule, le cÅur de Moïse ne battait que pour la gloire de Dieu; elle doit être gardée à tout prix. Quoi quâil arrive et quoi quâil en coûte, la gloire de Dieu doit être maintenue. Moïse sentait quâil était impossible que rien fût solide, si la base nâen était pas fermement posée sur le maintien sévère de la gloire du Dieu dâIsraël. La pensée de se voir grand aux dépens de lâÃternel était tout à fait insupportable au cÅur de ce bienheureux homme de Dieu. Il ne pouvait souffrir que le nom quâil aimait tant fût blasphémé parmi les nations, ou que lâon pût jamais dire: «LâÃternel nâa pas pu».
Une autre chose encore se trouvait dans le cÅur désintéressé de Moïse: Il pensait au peuple. Il lâaimait et sâinquiétait de lui. La gloire de l'Ãternel, sans doute, allait avant tout; mais le bien dâIsraël venait ensuite. «Et maintenant», ajoute-t-il, «je te prie, que la puissance du Seigneur soit magnifiée, comme tu as parlé, disant: LâÃternel est lent à la colère, et grand en bonté, pardonnant lâiniquité et la transgression, et qui ne tient nullement celui qui en est coupable pour innocent, qui visite lâiniquité des pères sur les fils, sur la troisième et sur la quatrième génération. Pardonne, je te prie, lâiniquité de ce peuple, selon la grandeur de ta bonté, et comme tu as pardonné à ce peuple, depuis lâÃgypte jusquâici.» (Vers. 17-19.)
Voilà qui est extrêmement beau. Lâordre, le ton et lâesprit de cet appel sont des plus exquis. Il y a dâabord et par-dessus tout, une grande sollicitude pour la gloire de lâÃternel. Elle doit être protégée de tous les côtés. Mais ensuite, câest sur le principe même du maintien de la gloire divine quâil cherche le pardon pour le peuple. Les deux choses sont liées de la manière la plus bénie, dans cette intercession: «Que la puissance du Seigneur soit magnifiée». Comment? Par le jugement et la destruction? Non, non: «LâÃternel est lent à la colère». Quelle pensée! La puissance de Dieu en longanimité et en pardon! Que câest indiciblement précieux! Comme Moïse était en communion avec le cÅur et la pensée de Dieu puisquâil pouvait parler dâune telle manière! Et comme il est en contraste avec Ãlie, lorsque, sur le mont Horeb, ce dernier intercédait contre Israël! Il est facile de voir lequel de ces deux hommes honorés était le plus en harmonie avec la pensée et lâEsprit de Christ. «Pardonne, je te prie, lâiniquité de ce peuple, selon la grandeur de ta bonté.» Ces paroles furent agréables à l'Ãternel, qui se plaît à répandre le pardon. «Et lâÃternel dit: Jâai pardonné selon ta parole.» Et puis, il ajoute: «Mais, aussi vrai que je suis vivant, toute la terre sera remplie de la gloire de lâÃternel!» (Vers. 20-21.)
Que le lecteur remarque avec soin ces deux expressions. Elles sont absolues et sans restriction. «Jâai pardonné.» Et «toute la terre sera remplie de la gloire de lâÃternel!» Rien ne pourrait, en aucune manière, amoindrir ces deux grands faits. Le pardon est assuré; et la gloire resplendira sur toute la terre. Aucune puissance de la terre, de lâenfer, des hommes ou des démons, ne pourra porter atteinte à la divine intégrité de ces deux précieuses affirmations. Israël se réjouira dans le plein pardon de son Dieu, et toute la terre se réjouira un jour dans les brillants rayons de sa gloire.
Mais ensuite, il y a le gouvernement aussi bien que la grâce. Cela ne doit jamais être oublié, et lâon ne doit pas confondre ces choses. Tout le livre de Dieu fait voir la distinction qui existe entre la grâce et le gouvernement, et cela nulle part peut-être plus clairement quâici. La grâce pardonnera; et la grâce remplira la terre des rayons bénis de sa gloire divine mais remarquez lâaction effrayante des roues du gouvernement, manifestée dans ces terribles paroles: «Car tous ces hommes qui ont vu ma gloire, et mes signes, que jâai faits eu Ãgypte et dans le désert, et qui mâont tenté ces dix fois, et qui nâont pas écouté ma voix;â¦sâils voient le pays que jâavais promis par serment à leurs pères! Aucun de ceux qui mâont méprisé ne le verra. Mais mon serviteur Caleb, parce quâil a été animé dâun autre esprit et quâil mâa pleinement suivi, je lâintroduirai dans le pays où il est entré, et sa semence le possédera. â Or lâAmalékite et le Cananéen habitent dans la vallée: demain tournez-vous, et partez pour le désert, vous dirigeant vers la mer Rouge.» (Vers. 22-25.)
Ces paroles sont des plus solennelles. Au lieu de se confier en Dieu, et dâavancer hardiment vers la terre de la promesse, dans une simple dépendance de son bras tout-puissant, ils lâirritèrent par leur incrédulité, méprisèrent le pays désirable, et furent forcés de retourner en arrière dans ce grand et affreux désert: «Et lâÃternel parla à Moïse et à Aaron, disant: Jusques à quand supporterai-je cette méchante assemblée qui murmure contre moi? Jâai entendu les murmures des fils dâIsraël, quâils murmurent contre moi. Dis-leur: Je suis vivant, dit lâÃternel, si je ne vous, fais comme vous avez parlé à mes oreilles!⦠Vos cadavres tomberont dans ce désert. Et tous ceux dâentre vous qui ont été dénombrés, selon tout le compte qui a été fait de vous, depuis lââge de vingt ans et au-dessus, vous qui avez murmuré contre moi,⦠si vous entrez dans le pays touchant lequel jâai levé ma main pour vous y faire habiter, excepté Caleb, fils de Jephunné, et Josué, fils de Nun! Mais vos petits enfants, dont vous avez dit quâils seraient une proie, je les ferai entrer, et ils connaîtront le pays que vous avez méprisé. Et quant à vous, vos cadavres tomberont dans ce désert. Et vos fils seront paissant dans le désert quarante ans, et ils porteront la peine de vos prostitutions, jusquâà ce que vos cadavres soient consumés dans le désert. Selon le nombre des jours que vous avez mis à reconnaître le pays, quarante jours, un jour pour une année, vous porterez vos iniquités, quarante ans, et vous connaîtrez ce que câest que je me sois détourné de vous. Moi, lâÃternel, jâai parlé; si je ne fais ceci à toute cette méchante assemblée qui sâest assemblée contre moi! Ils seront consumés dans ce désert, et ils y mourront.» (Vers. 26-35.)
Tel fut donc le fruit de lâincrédulité; et telle fut la conduite gouvernementale de Dieu envers un peuple qui lâavait «irrité par ses murmures et par la dureté de son cÅur.»
Il est de la plus haute importance dâobserver ici que ce fut lâincrédulité qui tint Israël hors de Canaan dans la circonstance dont il est question maintenant. Le commentaire inspiré en Hébreux 3 enlève tous les doutes à cet égard. «Et nous voyons quâils nây purent entrer à cause de lâincrédulité.» On pourrait peut-être dire que le temps nâétait pas venu pour lâintroduction dâIsraël dans la terre de Canaan. Lâiniquité des Amoréens nâétait pas encore venue à son comble. Mais ce nâétait pas là le motif pour lequel Israël refusa de traverser le Jourdain. Il ne connaissait rien de lâiniquité des Amoréens; il nây pensait point. LâÃcriture est aussi claire que possible à cet égard: «Ils nây purent entrer» â non pas à cause de lâiniquité des Amoréens â non pas parce que le temps nâétait pas encore venu â mais simplement «à cause de leur incrédulité». Ils auraient dû entrer.
Câétait leur devoir de le faire, et ils furent jugés pour ne lâavoir pas fait. Le chemin était ouvert. Le jugement de la foi, prononcé par le fidèle Caleb, était clair et formel. «Montons hardiment et prenons possession du pays, car nous sommes bien capables de le faire.» Ils le pouvaient aussi bien à ce moment-là quâà tout autre, vu que Celui qui leur avait donné le pays était aussi celui qui les rendrait capables dây entrer et de le posséder. Nous devons toujours penser que la responsabilité de lâhomme repose sur ce qui est révélé, et non point sur ce qui est secret. Câétait le devoir dâIsraël de monter hardiment et de prendre possession du pays; il fut jugé pour ne lâavoir pas fait. Leurs cadavres tombèrent dans le désert, parce quâils nâeurent pas la foi pour entrer au pays.
Ceci ne nous offre-t-il pas une solennelle leçon? Très certainement. Comment se fait-il que, comme chrétiens, nous manquions tant à faire valoir en pratique notre position céleste? Nous sommes délivrés du jugement par le sang de lâAgneau; nous sommes délivrés de ce présent siècle par la mort de Christ; mais nous ne traversons pas le Jourdain en esprit et par la foi; nous ne prenons pas spirituellement et par la foi possession de notre héritage céleste. On croit généralement que le Jourdain est un type de la mort et de la fin de notre vie naturelle dans ce monde. Cela est vrai, dans un sens. Mais comment se fait-il que lorsque les Israélites eurent traversé le Jourdain, ils durent commencer à combattre? Assurément nous nâaurons plus aucun combat lorsque nous aurons réellement atteint le ciel. Les âmes de ceux qui se sont endormis dans la foi en Christ ne combattent pas dans le ciel. Elles ne sont en lutte dâaucune manière. Elles sont dans le repos. Elles attendent le matin de la résurrection, mais elles lâattendent dans le repos, non dans la lutte.
Il y a donc, dans la figure du Jourdain, un autre type que celui de la fin de notre vie individuelle dans ce monde. Nous devons lâenvisager comme une grande figure de la mort de Christ; tout comme la mer Rouge et le sang de lâAgneau pascal sont aussi des figures de cette mort, mais sous un autre aspect. Le sang de lâAgneau avait mis Israël à lâabri du jugement de Dieu sur lâÃgypte. Les eaux de la mer Rouge avaient délivré Israël de lâÃgypte elle-même et de toute sa puissance. Mais ils devaient encore traverser le Jourdain; ils devaient poser la plante de leurs pieds sur la terre de la promesse, et y conserver leur place, en dépit de tous les ennemis. Ils devaient combattre pour chaque pouce de terre en Canaan.
Quel est le sens de cette dernière condition? Devons-nous combattre pour les cieux? Quand un chrétien sâendort, et que son esprit sâen va pour être avec Christ dans le paradis, est-il encore question de combat? Ãvidemment non. Que devons-nous donc apprendre du passage du Jourdain et des guerres de Canaan? Simplement ceci: Jésus est mort; il a quitté ce monde; il nâest pas seulement mort pour nos péchés, mais il a brisé toutes les chaînes qui nous liaient à ce monde, en sorte que nous sommes morts au monde, tout aussi bien quâau péché et à la loi. Nous nâavons pas plus affaire avec ce monde, au point de vue de Dieu et au jugement de la foi, quâun mort nây a affaire. Nous sommes appelés à nous tenir pour morts au monde et pour vivants à Dieu, par Jésus Christ notre Seigneur. Nous vivons dans la puissance de la vie nouvelle que nous possédons par notre union avec un Christ ressuscité. Nous appartenons au ciel; et câest en gardant notre position dâhommes célestes, que nous avons à combattre «contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes» â dans la sphère même qui nous appartient, et de laquelle elles nâont pas encore été chassées. Si nous nous contentons de marcher «à la manière des hommes» (1 Cor. 3:3), de vivre comme ceux qui appartiennent à ce monde â de nous arrêter devant le Jourdain, â si nous sommes contents de vivre comme les «habitants de la terre», â si nous nâaspirons pas à notre part et à notre position célestes â alors nous ne connaîtrons rien de la lutte dâ Ãphésiens 6:12. Câest en cherchant à vivre comme des hommes du ciel, actuellement sur la terre, que nous comprendrons le sens de cette lutte qui est lâantitype des guerres dâIsraël en Canaan. Nous nâaurons pas à combattre lorsque nous arriverons au ciel; mais si nous désirons vivre dâune vie céleste sur la terre, si nous cherchons à nous comporter comme des gens qui sont morts au monde et qui vivent en Celui qui descendit pour eux dans les froides eaux du Jourdain, alors certainement le combat est devant nous. Satan fera tous ses efforts pour nous empêcher de vivre dans la puissance de notre vie céleste; câest là ce qui amène la lutte. Il cherchera à nous faire marcher comme ceux qui ont une position terrestre; qui sont citoyens de ce monde; qui disputent pour leurs droits, maintiennent leur rang et leur dignité. Ainsi, Satan nous amènera à donner un démenti pratique à cette grande et fondamentale vérité chrétienne, que nous, sommes morts avec Christ et ressuscités avec Lui.
Si le lecteur veut examiner le chapitre 6 des Ãphésiens, il verra comment cet intéressant sujet y est présenté par lâécrivain inspiré. «Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force; revêtez-vous de lâarmure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme contre les artifices du diable car notre lutte nâest pas contre le sang et la chair (comme elle lâétait pour Israël en Canaan), mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. Câest pourquoi prenez lâarmure complète de Dieu, afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister, et après avoir tout surmonté, tenir ferme.» (Vers. 10-13.)
Telle est la véritable lutte chrétienne. Il ne sâagit pas ici des convoitises de la chair, ou des fascinations du monde, quoique, sûrement, nous ayons à veiller à ces choses, mais il sâagit des «artifices du diable». Non point de sa puissance, qui est à jamais brisée, mais des moyens subtils et des pièges par lesquels, il cherche à empêcher les chrétiens de réaliser leur position et leur héritage célestes.
Or nous négligeons grandement la pratique de cette lutte. Nous ne cherchons pas à saisir les choses pour lesquelles nous-mêmes avons été saisis par Christ. Beaucoup dâentre nous se contentent de savoir quâils sont mis à lâabri du jugement par le sang de lâAgneau. Nous ne comprenons pas la profonde signification de la mer Rouge et du Jourdain; nous ne saisissons pas, en pratique, leur importance spirituelle. Nous marchons comme les hommes, chose pour laquelle lâapôtre blâmait les Corinthiens. Nous vivons et agissons comme si nous appartenions à ce monde, tandis que lâÃcriture enseigne et que notre baptême exprime que nous sommes morts au monde, comme Jésus y est mort, et que nous avons été ressuscités ensemble avec lui, par la foi dans lâopération de Dieu qui lâa ressuscité dâentre les morts (Col. 2:12).
Que le Saint Esprit amène nos âmes à saisir la réalité de ces choses! Quâil nous présente les précieux fruits du pays céleste qui est à nous, en Christ, et quâil nous fortifie de sa propre force dans lâhomme intérieur, tellement que nous puissions traverser le Jourdain avec confiance et poser hardiment nos pieds dans la Canaan spirituelle! Nous vivons bien au-dessous de nos privilèges comme chrétiens. Nous permettons aux choses visibles de nous dérober la jouissance de celles qui ne se voient pas. Oh puissions-nous avoir une foi plus forte, pour prendre possession de tout ce que Dieu nous a libéralement donné en Christ!
Poursuivons notre sujet. «Et les hommes que Moïse avait envoyés pour reconnaître le pays, et qui revinrent et firent murmurer contre lui toute lâassemblée en décriant le pays, ces hommes qui avaient décrié le pays, moururent de plaie devant lâÃternel. Mais dâentre les hommes qui étaient allés pour reconnaître le pays, Josué, fils de Nun, et Caleb, fils de Jephunné, seuls vécurent.» (Vers. 36-38.) On est étonné en pensant que dans cette immense assemblée de six cent mille hommes, outre les femmes et les enfants, il ne se soit trouvé que deux hommes ayant foi au Dieu vivant. Nous ne parlons naturellement pas de Moïse, mais uniquement de la congrégation. Toute lâassemblée, sauf deux exceptions très remarquables, était gouvernée par un esprit dâincrédulité. Ils ne pouvaient pas croire que Dieu les introduirait dans le pays non, ils pensaient, au contraire, que Dieu les avait amenés dans le désert pour les y faire mourir; et nous pouvons dire avec certitude quâils moissonnèrent les fruits de leur triste incrédulité. Les dix faux témoins «moururent de plaie», et les nombreux milliers qui reçurent leur faux témoignage furent obligés de retourner dans le désert, pour y errer çà et là , puis pour y mourir et y être enterrés.
Josué et Caleb seuls demeurèrent sur le terrain béni de la foi au Dieu vivant, â de cette foi qui remplit lââme de courage et de la plus joyeuse confiance. De ceux-là , nous pouvons dire quâils moissonnèrent selon leur foi. Dieu doit toujours honorer la foi quâil a imprimée dans lââme. Câest son propre don, et ce don, nous pouvons le dire avec respect, il ne peut que le reconnaître où quâil se trouve. Josué et Caleb purent, par la simple puissance de la foi, résister à un épouvantable courant dâincrédulité. Ils conservèrent leur confiance en Dieu en face de toutes les difficultés; aussi Dieu honora-t-il leur foi dâune manière signalée à la fin; car, tandis que les cadavres de leurs frères étaient tombés en poussière sur les sables du désert, eux ont foulé, de leurs pieds, les collines couvertes de vignobles et les fertiles vallées de la terre promise. Les autres avaient déclaré que Dieu les avait retirés dâÃgypte pour les laisser mourir au désert; leur lot fut selon leur parole. Josué et Caleb avaient déclaré que Dieu pouvait les introduire dans le pays; leur lot fut aussi selon leur parole.
Nous avons là un principe très important: «Quâil vous soit fait selon votre foi» (Matt. 9:29). Rappelons-nous ceci: Dieu prend ses délices en la foi. Il aime à être cru; et il honorera toujours ceux qui se confient en lui. Au contraire, lâincrédulité lâafflige. Elle lâirrite, le déshonore et amène les ténèbres et la mort sur lââme. Câest un affreux péché que de douter du Dieu vivant qui ne saurait mentir, ou de conserver des doutes lorsquâIl a parlé. Le diable est lâauteur de toutes les questions où il y a du doute. Il prend son plaisir à ébranler la confiance de lââme; mais il nâa aucune puissance sur celle qui se confie simplement en Dieu. Ses traits enflammés ne peuvent jamais atteindre celui qui est abrité derrière le bouclier de la foi. Oh! quâil est précieux de vivre dâune vie de confiance enfantine en Dieu! Cela rend le cÅur parfaitement heureux, et remplit la bouche de louange et dâactions de grâce. Cette confiance chasse tout nuage, tout brouillard elle éclaire notre sentier des rayons bénis de la face de notre Père. Dâun autre côté, lâincrédulité remplit le cÅur de toutes sortes de doutes, nous fait nous replier sur nous-mêmes, obscurcit notre sentier, et nous rend vraiment misérables. Le cÅur de Caleb était plein dâune joyeuse confiance, tandis que celui de ses frères était rempli de plaintes et de murmures amers. Il en doit toujours être ainsi. Si nous voulons être heureux, nous devons nous occuper de Dieu et de ce qui le concerne. Si nous voulons être malheureux, nous nâavons quâà nous occuper de nous-mêmes et de ce qui nous entoure. Voyez au chapitre 1 de Luc. Quâest-ce qui ferma la bouche de Zacharie le sacrificateur? Câétait lâincrédulité, nâest-ce qui remplissait le cÅur et ouvrait la bouche de Marie et dâÃlisabeth? La foi. Là était la différence. Zacharie aurait pu se joindre à ces pieuses femmes dans leurs chants de louange, si la sombre incrédulité nâavait fermé ses lèvres. Quel tableau! Quelle leçon! Oh puissions-nous apprendre à nous confier plus simplement en Dieu! Que lâesprit de doute soit loin de nous! Puissions-nous, au milieu de ce monde infidèle, être forts dans la foi qui glorifie Dieu.
Le dernier paragraphe de notre chapitre nous enseigne une autre sainte leçon; appliquons-y nos cÅurs avec diligence. «Et Moïse dit ces choses à tous les fils dâIsraël, et le peuple mena très grand deuil. Et ils se levèrent de bon matin et montèrent sur le sommet de la montagne, disant: Nous voici; nous monterons au lieu dont lâÃternel a parlé; car nous avons péché. Et Moïse dit: Pourquoi transgressez-vous ainsi le commandement de lâÃternel? Cela ne réussira point. Ne montez pas, car lâÃternel nâest pas au milieu de vous, afin que vous ne soyez pas battus devant vos ennemis; car lâAmalékite et le Cananéen sont là devant vous, et vous tomberez par lâépée; car, parce que vous vous êtes détournés de lâÃternel, lâÃternel ne sera pas avec vous. Toutefois ils sâobstinèrent à monter sur le sommet de la montagne; mais lâarche de lâalliance de lâÃternel et Moïse ne bougèrent pas du milieu du camp. Et les Amalékites et les Cananéens qui habitaient cette montagne-là , descendirent, et les battirent, et les taillèrent en pièces jusquâà Horma.» (Vers. 39-45.)
Quelle foule de contradictions dans le cÅur humain! Lorsquâils avaient été exhortés à monter dans lâénergie de la foi, et à posséder le pays, ils avaient reculé et refusé de marcher. Ils sâétaient jetés à terre et avaient pleuré lorsquâils auraient dû monter et conquérir. En vain le fidèle Caleb leur avait attesté que lâÃternel les introduirait dans la montagne de son héritage et les y fixerait â quâIl pouvait le faire; ils ne voulurent pas monter alors, parce quâils ne savaient pas se confier en Dieu. Mais maintenant, au lieu de courber la tête et dâaccepter les voies du gouvernement de Dieu, ils veulent monter, se confiant en eux-mêmes, dans leur présomption.
Combien il était vain, hélas! de vouloir marcher sans avoir le Dieu vivant avec soi. Sans Lui, ils ne pouvaient rien faire. Lorsquâils auraient pu lâavoir, ils ont craint les Amalékites; mais maintenant, quoique sans Dieu, ils sâobstinent à affronter ce même peuple: «Nous voici; nous monterons au lieu dont lâÃternel a parlé». Câétait plus facile à dire quâà faire. Un Israélite sans Dieu ne pouvait pas se mesurer avec un Amalékite. Il est très remarquable que lorsque Israël refuse dâagir dans lâénergie de la foi, lorsquâil tombe sous la puissance dâune incrédulité qui déshonore Dieu, Moïse leur montre les difficultés quâils avaient eux-mêmes alléguées pour désobéir. Il leur dit: «Les Amalékites et les Cananéens sont là , devant vous». Cela est plein dâinstruction. Par leur incrédulité, ils avaient exclu Dieu; en conséquence il ne sâagissait évidemment plus de rien que dâIsraël et des Cananéens. La foi aurait placé la question entre Dieu et les Cananéens. Câétait précisément la manière dont Josué et Caleb envisageaient la chose, lorsquâils disaient: «Si lâÃternel prend plaisir en nous, il nous fera entrer dans ce pays-là et nous le donnera, un pays qui ruisselle de lait et de miel. Seulement, ne vous rebellez pas contre lâÃternel; et ne craignez pas le peuple du pays, car ils seront notre pain: leur protection sâest retirée de dessus eux, et lâÃternel est avec nous; ne les craignez pas.»
Câest là que se trouve le grand secret. La présence de lâÃternel au milieu de son peuple lui garantit la victoire sur tous les ennemis. Mais sâIl nâest pas avec eux, ils sont comme lâeau répandue sur la terre. Les dix incrédules avaient déclaré quâils étaient comme des sauterelles en présence des géants; et maintenant, Moïse, les prenant au mot, leur déclare, pour ainsi dire, que des sauterelles ne peuvent pas se mesurer avec des géants. Si, dâun côté, cette parole est vraie: «il vous sera fait selon votre foi»; dâun autre côté, celle-ci est vraie aussi: «il vous sera fait selon votre incrédulité».
Or le peuple sâétait enhardi, croyant être quelque chose, tandis quâil nâétait rien. Oh! quâil est misérable dâoser marcher dans sa propre force! Quelle défaite et quelle confusion! Il doit en être ainsi. Le peuple, dans son incrédulité, abandonnait Dieu; Dieu à son tour abandonnait le peuple à sa vaine présomption. Ils nâavaient pas voulu marcher avec Dieu par la foi; Dieu ne voulait pas aller avec eux dans leur incrédulité: «Mais lâarche de lâalliance de lâÃternel et Moïse ne bougèrent pas du milieu du camp». Ils allèrent sans Dieu; aussi durent-ils sâenfuir devant leurs ennemis.
Câest ce qui a toujours lieu. Il nây a aucun avantage possible à affecter dâêtre fort, à avoir de hautes prétentions, à se croire quelque chose. Lâorgueil et lâaffectation sont ce quâil y a de pis. Si Dieu nâest pas avec nous, nous sommes comme la rosée du matin. Or nous devons apprendre cela pratiquement. Nous devons descendre jusquâau fond de nous-mêmes pour connaître notre complète indignité. Le désert, avec toutes ses scènes variées et avec ses mille expériences, nous conduit à ce résultat pratique. Là nous apprenons ce quâest la chair; là notre nature, sous toutes ses faces, est mise entièrement à nu; quelquefois se montrant pleine dâune lâche incrédulité, dâautres fois remplie dâune fausse confiance. à Kadès, elle refuse de marcher quand on lui dit de le faire; à Horma, elle persiste à marcher quand on lui dit le contraire. Câest ainsi que les extrêmes se rencontrent, dans cette mauvaise nature que, tous, nous portons en nous chaque jour.
Mais il est, bien-aimé lecteur chrétien, une leçon spéciale que nous devrions chercher à apprendre complètement avant de quitter Horma; la voici. Il y a une immense difficulté à marcher humblement et patiemment dans le sentier que notre propre chute a rendu nécessaire pour nous. Lâincrédulité dâIsraël, refusant de monter au pays, rendit nécessaire, selon les dispensations du gouvernement de Dieu, quâils retournassent en arrière et quâils errassent dans le désert pendant quarante ans. Câest ce à quoi ils ne voulaient pas se soumettre. Ils résistèrent. Ils ne pouvaient pas courber leur cou sous le joug qui leur était imposé.
Combien souvent câest notre cas. Nous tombons; nous faisons de faux pas; nous entrons, en conséquence, dans des circonstances difficiles; alors, au lieu de nous incliner humblement sous la main de Dieu, pour chercher à marcher avec lui en humilité et avec contrition dâesprit, nous devenons rétifs et rebelles; nous nous en prenons aux circonstances, au lieu de nous juger nous-mêmes; et nous cherchons, dans notre obstination, à échapper à ces mêmes circonstances, au lieu de les accepter comme une conséquence juste et nécessaire de notre propre conduite. Lâesprit prétentieux doit tôt ou tard être abaissé. Sâil nây a pas de foi pour prendre possession de la terre promise, alors il nây a rien dâautre à faire quâà parcourir le désert dans lâhumilité et la simplicité de cÅur.
Or, que Dieu en soit béni! Il est avec nous dans ce voyage du désert, tandis que nous ne lâavons jamais avec nous dans le sentier de lâorgueil et de la prétention. L'Ãternel refusa dâaccompagner Israël sur la montagne des Amoréens; cependant Il était prêt à retourner vers eux, dans sa grâce patiente, pour les accompagner dans toutes leurs courses à travers le désert. Si Israël ne voulait pas entrer en Canaan avec l'Ãternel, celui-ci voulait bien retourner dans le désert avec Israël. Rien ne saurait surpasser la grâce qui brille en cela. Si Dieu avait agi avec eux selon ce quâils méritaient, ils auraient dû, pour le moins, être laissés seuls à errer dans le désert. Mais, béni soit à jamais son grand nom, il ne nous fait point selon nos péchés, et il ne nous rend point selon nos iniquités. Ses pensées ne sont pas nos pensées et ses voies ne sont pas nos voies. Malgré toute lâincrédulité, lâingratitude et les provocations des enfants dâIsraël, quoique leur retour dans le désert fût le fruit de leur propre conduite, cependant l'Ãternel, dans sa grâce condescendante et son patient amour, retourna avec eux, pour être leur compagnon de voyage dans le désert, pendant quarante longues et tristes années.
Si donc le désert montre ce quâest lâhomme, il montre aussi ce quâest Dieu; et, de plus, il montre ce quâest la foi; car Josué et Caleb durent retourner avec toute lâassemblée de leurs frères incrédules, et rester pendant quarante ans loin de leur héritage, quoiquâils fussent eux-mêmes tout prêts, par la grâce, à monter dans le pays. Cela pouvait paraître une grande injustice. La chair pouvait trouver quâil était peu raisonnable que deux hommes de foi dussent souffrir à cause de lâincrédulité dâautres personnes. Mais la foi peut attendre patiemment. Et dâailleurs, comment Josué et Caleb auraient-ils pu se plaindre de cette marche prolongée, quand ils voyaient l'Ãternel prêt à la partager avec eux? Câétait impossible. Ils étaient disposés à attendre le moment fixé par Dieu, car la foi nâest jamais pressée. La foi des serviteurs pouvait bien être soutenue par la grâce du Maître.
versets 1-45
«Et toute lâassemblée éleva sa voix, et jeta des cris, et le peuple pleura cette nuit-là .» Avons-nous à nous en étonner? Que pouvait-on attendre dâun peuple qui nâavait autre chose devant les yeux que forts géants, hautes murailles, grandes villes? Que pouvait-il résulter, sinon des larmes et des soupirs, de lâétat dâune assemblée qui se voyait «comme des sauterelles» en présence de ces insurmontables difficultés, sans aucun sentiment de la puissance divine qui pouvait les faire sortir victorieusement de tout? Lâassemblée entière était abandonnée à lâempire absolu de lâinfidélité. Ils étaient entourés des nuées sombres et glaciales de lâincrédulité. Dieu était exclu. Il nây avait pas un seul rayon de lumière pour éclairer les ténèbres dont ils sâétaient enveloppés. Ils étaient occupés dâeux-mêmes et de leurs difficultés, au lieu de lâêtre de Dieu est de ses ressources. Que pouvaient-ils donc faire, sinon élever une voix de pleurs et de lamentation?
Quel contraste entre ceci et ce que nous lisons au commencement du chapitre 15 de lâExode. Là , leurs yeux nâétaient fixés que sur l'Ãternel; ils pouvaient donc entonner ce chant de victoire: «Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté; tu lâas guidé par ta force jusquâà la demeure de ta sainteté. Les peuples lâont entendu, ils ont tremblé; lâeffroi a saisi les habitants de la Philistie. Alors les chefs dâÃdom ont été épouvantés; le tremblement a saisi les forts de Moab; tous les habitants de Canaan se sont fondus. La crainte et la frayeur sont tombées sur eux» (vers. 13-16).
Au lieu de cela, ce fut Israël qui trembla, et que la douleur saisit: câest le changement de tableau le plus complet. La douleur, le tremblement et la frayeur saisissent Israël au lieu de leurs ennemis. Et pourquoi? Parce que Celui qui occupait leur vue, en Exode 15, est entièrement exclu en Nombres 14. Là est toute la différence. Dans lâun des cas, la foi a le dessus; dans lâautre, lâincrédulité.
«Par la grandeur de ton bras ils sont devenus muets comme une pierre, jusquâà ce que ton peuple, ô Ãternel! ait passé, jusquâà ce quâait passé ce peuple que tu tâes acquis. Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Ãternel! le sanctuaire, ô Seigneur! que tes mains ont établi. LâÃternel régnera à toujours et à perpétuité» (Vers. 16-18.) Oh! comme ces accents de triomphe contrastent avec les cris et les lamentations incrédules du chapitre 14 des Nombres! En Exode 15, par un mot des fils dâAnak, des hautes murailles et des sauterelles. Il nây est question que de l'Ãternel, de sa droite, de son bras puissant, de sa force, de son héritage, de son habitation, de ses actes en faveur de son peuple racheté. Sâagit-il des habitants de Canaan? on ne les voit que dans le deuil, frappés de terreur, tremblant et se fondant.
Lorsque nous revenons au chapitre 14 des Nombres, tout est bien tristement renversé. Les fils dâAnak sont mis en avant. Les murailles élevées comme des tours, les villes de géants aux remparts menaçants remplissent la vue du peuple; mais nous nâentendons pas un seul mot sur le tout-puissant Libérateur. Ce sont les difficultés dâun côté, et les sauterelles de lâautre, et lâon se demande: «Est-il possible que ceux qui entonnèrent le chant de triomphe au bord de la mer Rouge soient devenus les pleureurs incrédules de Kadès?»
Hélas! oui; et cela nous donne une sérieuse et sainte leçon. Nous devons continuellement, en traversant les scènes de ce désert, revenir aux paroles qui nous disent que toutes ces choses arrivaient à Israël comme types; et quâ«elles ont été écrites pour nous servir dâavertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints» (1 Cor. 10:11). Ne sommes-nous pas, aussi bien quâIsraël, portés à regarder aux difficultés qui nous entourent, plutôt quâau Bien-aimé qui a entrepris de nous les faire traverser pour nous amener sains et saufs dans son royaume éternel? Pourquoi sommes-nous quelquefois abattus? Pourquoi nous lamentons-nous? Pourquoi entend-on, au milieu de nous, des paroles de mécontentement et dâimpatience plutôt que des chants de louange et de reconnaissance? Simplement parce que nous permettons aux circonstances de nous voiler Dieu, au lieu de lâavoir pour parfait abri de nos yeux et pour parfait objet de nos cÅurs.
Enfin, demandons-nous pourquoi nous négligeons si déplorablement de nous établir fermement dans notre position dâhommes célestes? â de prendre possession de ce qui nous appartient comme chrétiens, de lâhéritage spirituel et céleste que Christ nous a acquis, et dans lequel il est entré comme notre précurseur? Un seul mot définit cet obstacle: lâincrédulité!
La Parole inspirée déclare au sujet dâIsraël, que: «Ils nây purent entrer [en Canaan] à cause de lâincrédulité» (Héb. 3:19). Il en est ainsi de nous. à cause de notre incrédulité, nous ne pouvons pas entrer dans notre héritage céleste â nous ne pouvons prendre possession, en pratique, de notre véritable portion â nous ne pouvons pas marcher, de jour en jour, comme un peuple céleste, qui nâa aucune place, aucun nom, aucune portion sur la terre â rien à faire avec ce monde, si ce nâest dây passer comme des étrangers et des pèlerins marchant sur les traces de Celui qui nous a précédés et qui a pris sa place dans les cieux. Parce que la foi nâa pas dâénergie, les choses visibles ont plus de puissance sur nos cÅurs, que celles qui ne se voient pas. Oh! que le Saint Esprit fortifie notre foi, donne de lâénergie à nos âmes et nous conduise en toutes choses, afin que nous soyons trouvés non seulement parlant, â mais vivant de la vie du ciel, à la louange de Celui qui nous y a appelés dans sa grâce infinie.
«Et tous les fils dâIsraël murmurèrent contre Moïse et contre Aaron; et toute lâassemblée leur dit: Oh! si nous étions morts!⦠Et pourquoi lâÃternel nous fait-il venir dans ce pays, pour y tomber par lâépée, pour que nos femmes et nos petits enfants deviennent une proie? Ne serait-il pas bon pour nous de retourner en Ãgypte? Et ils se dirent lâun à lâautre: Ãtablissons un chef, et retournons en Ãgypte.» (Vers. 2-4.)
Il y a deux tristes phases dâincrédulité qui se montrent dans lâhistoire dâIsraël au désert; lâune en Horeb, lâautre en Kadès. En Horeb, ils firent un veau, et dirent: «Câest ici ton dieu, ô Israël! qui tâa fait monter du pays dâÃgypte» (Exode 32:4). à Kadès ils proposent dâétablir un chef pour les ramener en Ãgypte. En Horeb, câest la superstition de lâincrédulité. à Kadès, câest lâindépendance volontaire de lâincrédulité; or, nous ne devons certainement pas nous étonner que ceux qui pouvaient penser quâun veau les avait fait sortir dâÃgypte, puissent vouloir se donner un chef pour les y reconduire. Caleb forme un brillant contraste avec tout cela. Pour lui, il nây avait ni mort dans le désert, ni retour en Ãgypte, mais une riche entrée dans la terre promise, à lâabri du bouclier impénétrable de l'Ãternel.
«Et Josué, fils de Nun, et Caleb, fils de Jephunné, qui étaient dâentre ceux qui avaient reconnu le pays, déchirèrent leurs vêtements, et parlèrent à toute lâassemblée des fils dâIsraël, disant: Le pays par lequel nous avons passé pour le reconnaître est un très bon pays. Si lâÃternel prend plaisir en nous, il nous fera entrer dans ce pays-là et nous le donnera, un pays qui ruisselle de lait et de miel. Seulement, ne vous rebellez pas contre lâÃternel; et ne craignez pas le peuple du pays, car ils seront notre pain: leur protection sâest retirée de dessus eux, et lâÃternel est avec nous; ne les craignez pas. Et toute lâassemblée parla de les lapider avec des pierres.» (Vers. 6-10.)
Et pourquoi voulaient-ils les lapider? Ãtait-ce pour avoir dit des mensonges? Ãtait-ce pour avoir proféré des blasphèmes ou pour avoir fait quelque mal? Non, câétait pour leur courageux et ardent témoignage à la vérité. Ils avaient été envoyés afin de reconnaître le pays, et dâen faire un rapport exact. Ils lâavaient fait et, à cause de cela, «toute lâassemblée parla de les lapider». Le peuple nâaimait pas la vérité, pas plus quâelle nâest aimée maintenant. La vérité nâest jamais populaire. Il nây a point de place pour elle, ni dans ce monde, ni dans le cÅur humain. Les mensonges et lâerreur, sous toutes leurs formes, seront reçus; la vérité jamais. Josué et Caleb devaient éprouver, de leurs jours, ce que tous les vrais témoins de chaque époque ont à attendre, savoir: lâopposition et la haine de la masse de leurs semblables.
Six cent mille voix sâélevèrent contre deux hommes qui disaient simplement la vérité, et qui croyaient en Dieu. Cela a été ainsi; cela est et sera toujours ainsi, jusquâau glorieux moment où «la terre sera pleine de la connaissance de lâÃternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» (Ãsaïe 11:9).
Combien il est donc important de pouvoir, comme Josué et Caleb, rendre un témoignage clair, inflexible et complet à la vérité de Dieu, et de maintenir la vérité divine quant à la portion et à lâhéritage des saints Il existe toujours une grande tendance à corrompre la vérité â à la diminuer â à lâabandonner â à la rabaisser. De là lâurgente nécessité de posséder, dans notre âme, la puissance divine de la vérité de pouvoir répéter, bien quâen faible mesure: «Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu» (Jean 3:11). Caleb et Josué nâétaient pas seulement allés dans le pays, mais ils lâavaient parcouru avec Dieu. Ils lâavaient examiné, au point de vue de la foi. Ils savaient que le pays était à eux, selon le dessein de Dieu que, comme un don de Dieu, il était digne dâêtre possédé; et quâils le posséderaient certainement, par la puissance de Dieu. Câétaient des hommes pleins de foi, de courage et de puissance.
Hommes bienheureux! Ils vivaient dans la lumière de la présence divine, tandis que lâassemblée entière était enveloppée des profondes ténèbres de son incrédulité. Quel contraste! Voilà ce qui montre toujours la différence qui existe, même entre les enfants de Dieu. Vous trouverez constamment des personnes dont vous ne pouvez douter quâelles ne soient des enfants de Dieu, mais qui, cependant, ne peuvent point sâélever à la hauteur de la révélation divine, quant à leur position et à leur part comme saints de Dieu. Elles sont toujours pleines de doutes et de craintes: toujours entourées de brouillards, et voyant toujours le côté sombre des choses. Ce sont des âmes qui regardent à elles-mêmes, à leurs circonstances ou à leurs difficultés. Elles ne sont jamais sereines et heureuses, ne pouvant jamais montrer cette confiance joyeuse et ce courage qui conviennent au chrétien, et qui glorifient Dieu.
Or tout cela est vraiment déplorable et ne devrait pas exister; nous pouvons être assurés quâil y a là quelque grave défaut, quelque chose de radicalement mauvais. Le chrétien devrait toujours être paisible et heureux; toujours capable, quoiquâil puisse arriver, de louer Dieu. Ses joies ne proviennent pas de lui-même ou de la scène quâil traverse, elles découlent du Dieu vivant, et sont hors de la portée de toute influence terrestre. Il peut dire «Mon Dieu, source de toutes mes joies». Câest le doux privilège des plus simples enfants de Dieu. Mais câest justement en cela que nous manquons si tristement. Nous détournons nos yeux de Dieu pour les fixer sur nous-mêmes ou sur les choses extérieures, sur nos peines et sur nos difficultés; alors tout devient ténèbres et mécontentement, murmures et plaintes. Ce nâest nullement là du christianisme. Câest de lâincrédulité â une incrédulité sombre, mortelle, qui déshonore Dieu et accable le cÅur. «Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et dâamour, et de conseil» (2 Tim. 1:7). Tel est le langage dâun Caleb vraiment spirituel â langage adressé à celui dont le cÅur sentait le poids des difficultés et des dangers qui lâentouraient. LâEsprit de Dieu remplit lââme du vrai croyant dâune sainte audace. Il lui donne une élévation morale au-dessus de lâatmosphère froide et ténébreuse qui lâentoure, et élève son âme dans lâéblouissante clarté de la région «où les orages et les tempêtes ne se déchaînent jamais».
«Et la gloire de lâÃternel apparut à tous les fils dâIsraël à la tente dâassignation. Et lâÃternel dit à Moïse: Jusques à quand ce peuple-ci me méprisera-t-il, et jusques à quand ne me croira-t-il pas, après tous les signes que jâai faits au milieu de lui? Je le frapperai de peste, et je le détruirai; et je ferai de toi une nation plus grande et plus forte que lui.» (Vers. 10-12.)
Quel moment que celui-ci dans lâhistoire de Moïse. La chair pouvait bien regarder cela comme une occasion unique pour lui. Jamais, ni avant, ni depuis, nous ne voyons un simple homme avoir une telle porte ouverte devant lui. Lâennemi et son propre cÅur pouvaient dire: «Câest le moment favorable pour toi. Lâoffre tâest faite de devenir le chef et le fondateur dâune grande et puissante nation â offre qui tâest faite par l'Ãternel lui-même. Tu ne lâas pas cherché. Cela est placé devant toi par le Dieu vivant, et ce serait le comble de la folie, de ta part, que de le rejeter.»
Mais, lecteur, Moïse nâétait pas égoïste. Il était trop pénétré de lâesprit de Christ pour chercher à être quelque chose. Il nâavait pas dâambition profane ni dâaspirations personnelles. Il ne désirait que la gloire de Dieu et le bien de son peuple; pour atteindre ce but, il était prêt, par grâce, à sacrifier sur lâautel, lui-même et ses intérêts. Ãcoutez son admirable réponse. Au lieu de saisir la promesse contenue dans ces mots: «Je ferai de toi une nation plus grande et plus forte que lui» â au lieu de sâemparer avidement de lâoccasion unique quâil avait de poser les fondements de sa renommée et de sa fortune personnelles â il se met complètement de côté, et répond avec lâaccent du plus noble désintéressement: «Et Moise dit à lâÃternel: Mais les Ãgyptiens en entendront parler, car par ta force tu as fait monter ce peuple du milieu dâeux, et ils le diront aux habitants de ce pays, qui ont entendu que toi, Ãternel, tu étais au milieu de ce peuple, que, toi, Ãternel, tu te faisais voir face à face, et que ta nuée se tenait sur eux, et que tu marchais devant eux dans une colonne de nuée, le jour, et dans une colonne de feu, la nuit; si tu fais périr ce peuple comme un seul homme, les nations qui ont entendu parler de toi, parleront, disant: Parce que lâÃternel ne pouvait pas faire entrer ce peuple dans le pays quâil leur avait promis par serment, il les a tués dans le désert.» (Vers. 13-16.) Moïse prend ici la position la plus élevée. Il est entièrement occupé de la gloire de lâÃternel. Il ne peut pas supporter la pensée que lâéclat de cette gloire se ternisse à la vue des nations des incirconcis. Quâimportait quâà lâavenir, des millions dâhommes le regardassent comme leur illustre ancêtre, si toute cette gloire et cette grandeur personnelles devaient être acquises par le sacrifice dâun seul rayon de la gloire divine? Loin de lui cette pensée! Que le nom de Moïse soit à jamais effacé! Il en avait dit autant aux jours du veau dâor; et il était prêt à le répéter aux jours du chef. En face de la superstition et de lâindépendance dâune nation incrédule, le cÅur de Moïse ne battait que pour la gloire de Dieu; elle doit être gardée à tout prix. Quoi quâil arrive et quoi quâil en coûte, la gloire de Dieu doit être maintenue. Moïse sentait quâil était impossible que rien fût solide, si la base nâen était pas fermement posée sur le maintien sévère de la gloire du Dieu dâIsraël. La pensée de se voir grand aux dépens de lâÃternel était tout à fait insupportable au cÅur de ce bienheureux homme de Dieu. Il ne pouvait souffrir que le nom quâil aimait tant fût blasphémé parmi les nations, ou que lâon pût jamais dire: «LâÃternel nâa pas pu».
Une autre chose encore se trouvait dans le cÅur désintéressé de Moïse: Il pensait au peuple. Il lâaimait et sâinquiétait de lui. La gloire de l'Ãternel, sans doute, allait avant tout; mais le bien dâIsraël venait ensuite. «Et maintenant», ajoute-t-il, «je te prie, que la puissance du Seigneur soit magnifiée, comme tu as parlé, disant: LâÃternel est lent à la colère, et grand en bonté, pardonnant lâiniquité et la transgression, et qui ne tient nullement celui qui en est coupable pour innocent, qui visite lâiniquité des pères sur les fils, sur la troisième et sur la quatrième génération. Pardonne, je te prie, lâiniquité de ce peuple, selon la grandeur de ta bonté, et comme tu as pardonné à ce peuple, depuis lâÃgypte jusquâici.» (Vers. 17-19.)
Voilà qui est extrêmement beau. Lâordre, le ton et lâesprit de cet appel sont des plus exquis. Il y a dâabord et par-dessus tout, une grande sollicitude pour la gloire de lâÃternel. Elle doit être protégée de tous les côtés. Mais ensuite, câest sur le principe même du maintien de la gloire divine quâil cherche le pardon pour le peuple. Les deux choses sont liées de la manière la plus bénie, dans cette intercession: «Que la puissance du Seigneur soit magnifiée». Comment? Par le jugement et la destruction? Non, non: «LâÃternel est lent à la colère». Quelle pensée! La puissance de Dieu en longanimité et en pardon! Que câest indiciblement précieux! Comme Moïse était en communion avec le cÅur et la pensée de Dieu puisquâil pouvait parler dâune telle manière! Et comme il est en contraste avec Ãlie, lorsque, sur le mont Horeb, ce dernier intercédait contre Israël! Il est facile de voir lequel de ces deux hommes honorés était le plus en harmonie avec la pensée et lâEsprit de Christ. «Pardonne, je te prie, lâiniquité de ce peuple, selon la grandeur de ta bonté.» Ces paroles furent agréables à l'Ãternel, qui se plaît à répandre le pardon. «Et lâÃternel dit: Jâai pardonné selon ta parole.» Et puis, il ajoute: «Mais, aussi vrai que je suis vivant, toute la terre sera remplie de la gloire de lâÃternel!» (Vers. 20-21.)
Que le lecteur remarque avec soin ces deux expressions. Elles sont absolues et sans restriction. «Jâai pardonné.» Et «toute la terre sera remplie de la gloire de lâÃternel!» Rien ne pourrait, en aucune manière, amoindrir ces deux grands faits. Le pardon est assuré; et la gloire resplendira sur toute la terre. Aucune puissance de la terre, de lâenfer, des hommes ou des démons, ne pourra porter atteinte à la divine intégrité de ces deux précieuses affirmations. Israël se réjouira dans le plein pardon de son Dieu, et toute la terre se réjouira un jour dans les brillants rayons de sa gloire.
Mais ensuite, il y a le gouvernement aussi bien que la grâce. Cela ne doit jamais être oublié, et lâon ne doit pas confondre ces choses. Tout le livre de Dieu fait voir la distinction qui existe entre la grâce et le gouvernement, et cela nulle part peut-être plus clairement quâici. La grâce pardonnera; et la grâce remplira la terre des rayons bénis de sa gloire divine mais remarquez lâaction effrayante des roues du gouvernement, manifestée dans ces terribles paroles: «Car tous ces hommes qui ont vu ma gloire, et mes signes, que jâai faits eu Ãgypte et dans le désert, et qui mâont tenté ces dix fois, et qui nâont pas écouté ma voix;â¦sâils voient le pays que jâavais promis par serment à leurs pères! Aucun de ceux qui mâont méprisé ne le verra. Mais mon serviteur Caleb, parce quâil a été animé dâun autre esprit et quâil mâa pleinement suivi, je lâintroduirai dans le pays où il est entré, et sa semence le possédera. â Or lâAmalékite et le Cananéen habitent dans la vallée: demain tournez-vous, et partez pour le désert, vous dirigeant vers la mer Rouge.» (Vers. 22-25.)
Ces paroles sont des plus solennelles. Au lieu de se confier en Dieu, et dâavancer hardiment vers la terre de la promesse, dans une simple dépendance de son bras tout-puissant, ils lâirritèrent par leur incrédulité, méprisèrent le pays désirable, et furent forcés de retourner en arrière dans ce grand et affreux désert: «Et lâÃternel parla à Moïse et à Aaron, disant: Jusques à quand supporterai-je cette méchante assemblée qui murmure contre moi? Jâai entendu les murmures des fils dâIsraël, quâils murmurent contre moi. Dis-leur: Je suis vivant, dit lâÃternel, si je ne vous, fais comme vous avez parlé à mes oreilles!⦠Vos cadavres tomberont dans ce désert. Et tous ceux dâentre vous qui ont été dénombrés, selon tout le compte qui a été fait de vous, depuis lââge de vingt ans et au-dessus, vous qui avez murmuré contre moi,⦠si vous entrez dans le pays touchant lequel jâai levé ma main pour vous y faire habiter, excepté Caleb, fils de Jephunné, et Josué, fils de Nun! Mais vos petits enfants, dont vous avez dit quâils seraient une proie, je les ferai entrer, et ils connaîtront le pays que vous avez méprisé. Et quant à vous, vos cadavres tomberont dans ce désert. Et vos fils seront paissant dans le désert quarante ans, et ils porteront la peine de vos prostitutions, jusquâà ce que vos cadavres soient consumés dans le désert. Selon le nombre des jours que vous avez mis à reconnaître le pays, quarante jours, un jour pour une année, vous porterez vos iniquités, quarante ans, et vous connaîtrez ce que câest que je me sois détourné de vous. Moi, lâÃternel, jâai parlé; si je ne fais ceci à toute cette méchante assemblée qui sâest assemblée contre moi! Ils seront consumés dans ce désert, et ils y mourront.» (Vers. 26-35.)
Tel fut donc le fruit de lâincrédulité; et telle fut la conduite gouvernementale de Dieu envers un peuple qui lâavait «irrité par ses murmures et par la dureté de son cÅur.»
Il est de la plus haute importance dâobserver ici que ce fut lâincrédulité qui tint Israël hors de Canaan dans la circonstance dont il est question maintenant. Le commentaire inspiré en Hébreux 3 enlève tous les doutes à cet égard. «Et nous voyons quâils nây purent entrer à cause de lâincrédulité.» On pourrait peut-être dire que le temps nâétait pas venu pour lâintroduction dâIsraël dans la terre de Canaan. Lâiniquité des Amoréens nâétait pas encore venue à son comble. Mais ce nâétait pas là le motif pour lequel Israël refusa de traverser le Jourdain. Il ne connaissait rien de lâiniquité des Amoréens; il nây pensait point. LâÃcriture est aussi claire que possible à cet égard: «Ils nây purent entrer» â non pas à cause de lâiniquité des Amoréens â non pas parce que le temps nâétait pas encore venu â mais simplement «à cause de leur incrédulité». Ils auraient dû entrer.
Câétait leur devoir de le faire, et ils furent jugés pour ne lâavoir pas fait. Le chemin était ouvert. Le jugement de la foi, prononcé par le fidèle Caleb, était clair et formel. «Montons hardiment et prenons possession du pays, car nous sommes bien capables de le faire.» Ils le pouvaient aussi bien à ce moment-là quâà tout autre, vu que Celui qui leur avait donné le pays était aussi celui qui les rendrait capables dây entrer et de le posséder. Nous devons toujours penser que la responsabilité de lâhomme repose sur ce qui est révélé, et non point sur ce qui est secret. Câétait le devoir dâIsraël de monter hardiment et de prendre possession du pays; il fut jugé pour ne lâavoir pas fait. Leurs cadavres tombèrent dans le désert, parce quâils nâeurent pas la foi pour entrer au pays.
Ceci ne nous offre-t-il pas une solennelle leçon? Très certainement. Comment se fait-il que, comme chrétiens, nous manquions tant à faire valoir en pratique notre position céleste? Nous sommes délivrés du jugement par le sang de lâAgneau; nous sommes délivrés de ce présent siècle par la mort de Christ; mais nous ne traversons pas le Jourdain en esprit et par la foi; nous ne prenons pas spirituellement et par la foi possession de notre héritage céleste. On croit généralement que le Jourdain est un type de la mort et de la fin de notre vie naturelle dans ce monde. Cela est vrai, dans un sens. Mais comment se fait-il que lorsque les Israélites eurent traversé le Jourdain, ils durent commencer à combattre? Assurément nous nâaurons plus aucun combat lorsque nous aurons réellement atteint le ciel. Les âmes de ceux qui se sont endormis dans la foi en Christ ne combattent pas dans le ciel. Elles ne sont en lutte dâaucune manière. Elles sont dans le repos. Elles attendent le matin de la résurrection, mais elles lâattendent dans le repos, non dans la lutte.
Il y a donc, dans la figure du Jourdain, un autre type que celui de la fin de notre vie individuelle dans ce monde. Nous devons lâenvisager comme une grande figure de la mort de Christ; tout comme la mer Rouge et le sang de lâAgneau pascal sont aussi des figures de cette mort, mais sous un autre aspect. Le sang de lâAgneau avait mis Israël à lâabri du jugement de Dieu sur lâÃgypte. Les eaux de la mer Rouge avaient délivré Israël de lâÃgypte elle-même et de toute sa puissance. Mais ils devaient encore traverser le Jourdain; ils devaient poser la plante de leurs pieds sur la terre de la promesse, et y conserver leur place, en dépit de tous les ennemis. Ils devaient combattre pour chaque pouce de terre en Canaan.
Quel est le sens de cette dernière condition? Devons-nous combattre pour les cieux? Quand un chrétien sâendort, et que son esprit sâen va pour être avec Christ dans le paradis, est-il encore question de combat? Ãvidemment non. Que devons-nous donc apprendre du passage du Jourdain et des guerres de Canaan? Simplement ceci: Jésus est mort; il a quitté ce monde; il nâest pas seulement mort pour nos péchés, mais il a brisé toutes les chaînes qui nous liaient à ce monde, en sorte que nous sommes morts au monde, tout aussi bien quâau péché et à la loi. Nous nâavons pas plus affaire avec ce monde, au point de vue de Dieu et au jugement de la foi, quâun mort nây a affaire. Nous sommes appelés à nous tenir pour morts au monde et pour vivants à Dieu, par Jésus Christ notre Seigneur. Nous vivons dans la puissance de la vie nouvelle que nous possédons par notre union avec un Christ ressuscité. Nous appartenons au ciel; et câest en gardant notre position dâhommes célestes, que nous avons à combattre «contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes» â dans la sphère même qui nous appartient, et de laquelle elles nâont pas encore été chassées. Si nous nous contentons de marcher «à la manière des hommes» (1 Cor. 3:3), de vivre comme ceux qui appartiennent à ce monde â de nous arrêter devant le Jourdain, â si nous sommes contents de vivre comme les «habitants de la terre», â si nous nâaspirons pas à notre part et à notre position célestes â alors nous ne connaîtrons rien de la lutte dâ Ãphésiens 6:12. Câest en cherchant à vivre comme des hommes du ciel, actuellement sur la terre, que nous comprendrons le sens de cette lutte qui est lâantitype des guerres dâIsraël en Canaan. Nous nâaurons pas à combattre lorsque nous arriverons au ciel; mais si nous désirons vivre dâune vie céleste sur la terre, si nous cherchons à nous comporter comme des gens qui sont morts au monde et qui vivent en Celui qui descendit pour eux dans les froides eaux du Jourdain, alors certainement le combat est devant nous. Satan fera tous ses efforts pour nous empêcher de vivre dans la puissance de notre vie céleste; câest là ce qui amène la lutte. Il cherchera à nous faire marcher comme ceux qui ont une position terrestre; qui sont citoyens de ce monde; qui disputent pour leurs droits, maintiennent leur rang et leur dignité. Ainsi, Satan nous amènera à donner un démenti pratique à cette grande et fondamentale vérité chrétienne, que nous, sommes morts avec Christ et ressuscités avec Lui.
Si le lecteur veut examiner le chapitre 6 des Ãphésiens, il verra comment cet intéressant sujet y est présenté par lâécrivain inspiré. «Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force; revêtez-vous de lâarmure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme contre les artifices du diable car notre lutte nâest pas contre le sang et la chair (comme elle lâétait pour Israël en Canaan), mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. Câest pourquoi prenez lâarmure complète de Dieu, afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister, et après avoir tout surmonté, tenir ferme.» (Vers. 10-13.)
Telle est la véritable lutte chrétienne. Il ne sâagit pas ici des convoitises de la chair, ou des fascinations du monde, quoique, sûrement, nous ayons à veiller à ces choses, mais il sâagit des «artifices du diable». Non point de sa puissance, qui est à jamais brisée, mais des moyens subtils et des pièges par lesquels, il cherche à empêcher les chrétiens de réaliser leur position et leur héritage célestes.
Or nous négligeons grandement la pratique de cette lutte. Nous ne cherchons pas à saisir les choses pour lesquelles nous-mêmes avons été saisis par Christ. Beaucoup dâentre nous se contentent de savoir quâils sont mis à lâabri du jugement par le sang de lâAgneau. Nous ne comprenons pas la profonde signification de la mer Rouge et du Jourdain; nous ne saisissons pas, en pratique, leur importance spirituelle. Nous marchons comme les hommes, chose pour laquelle lâapôtre blâmait les Corinthiens. Nous vivons et agissons comme si nous appartenions à ce monde, tandis que lâÃcriture enseigne et que notre baptême exprime que nous sommes morts au monde, comme Jésus y est mort, et que nous avons été ressuscités ensemble avec lui, par la foi dans lâopération de Dieu qui lâa ressuscité dâentre les morts (Col. 2:12).
Que le Saint Esprit amène nos âmes à saisir la réalité de ces choses! Quâil nous présente les précieux fruits du pays céleste qui est à nous, en Christ, et quâil nous fortifie de sa propre force dans lâhomme intérieur, tellement que nous puissions traverser le Jourdain avec confiance et poser hardiment nos pieds dans la Canaan spirituelle! Nous vivons bien au-dessous de nos privilèges comme chrétiens. Nous permettons aux choses visibles de nous dérober la jouissance de celles qui ne se voient pas. Oh puissions-nous avoir une foi plus forte, pour prendre possession de tout ce que Dieu nous a libéralement donné en Christ!
Poursuivons notre sujet. «Et les hommes que Moïse avait envoyés pour reconnaître le pays, et qui revinrent et firent murmurer contre lui toute lâassemblée en décriant le pays, ces hommes qui avaient décrié le pays, moururent de plaie devant lâÃternel. Mais dâentre les hommes qui étaient allés pour reconnaître le pays, Josué, fils de Nun, et Caleb, fils de Jephunné, seuls vécurent.» (Vers. 36-38.) On est étonné en pensant que dans cette immense assemblée de six cent mille hommes, outre les femmes et les enfants, il ne se soit trouvé que deux hommes ayant foi au Dieu vivant. Nous ne parlons naturellement pas de Moïse, mais uniquement de la congrégation. Toute lâassemblée, sauf deux exceptions très remarquables, était gouvernée par un esprit dâincrédulité. Ils ne pouvaient pas croire que Dieu les introduirait dans le pays non, ils pensaient, au contraire, que Dieu les avait amenés dans le désert pour les y faire mourir; et nous pouvons dire avec certitude quâils moissonnèrent les fruits de leur triste incrédulité. Les dix faux témoins «moururent de plaie», et les nombreux milliers qui reçurent leur faux témoignage furent obligés de retourner dans le désert, pour y errer çà et là , puis pour y mourir et y être enterrés.
Josué et Caleb seuls demeurèrent sur le terrain béni de la foi au Dieu vivant, â de cette foi qui remplit lââme de courage et de la plus joyeuse confiance. De ceux-là , nous pouvons dire quâils moissonnèrent selon leur foi. Dieu doit toujours honorer la foi quâil a imprimée dans lââme. Câest son propre don, et ce don, nous pouvons le dire avec respect, il ne peut que le reconnaître où quâil se trouve. Josué et Caleb purent, par la simple puissance de la foi, résister à un épouvantable courant dâincrédulité. Ils conservèrent leur confiance en Dieu en face de toutes les difficultés; aussi Dieu honora-t-il leur foi dâune manière signalée à la fin; car, tandis que les cadavres de leurs frères étaient tombés en poussière sur les sables du désert, eux ont foulé, de leurs pieds, les collines couvertes de vignobles et les fertiles vallées de la terre promise. Les autres avaient déclaré que Dieu les avait retirés dâÃgypte pour les laisser mourir au désert; leur lot fut selon leur parole. Josué et Caleb avaient déclaré que Dieu pouvait les introduire dans le pays; leur lot fut aussi selon leur parole.
Nous avons là un principe très important: «Quâil vous soit fait selon votre foi» (Matt. 9:29). Rappelons-nous ceci: Dieu prend ses délices en la foi. Il aime à être cru; et il honorera toujours ceux qui se confient en lui. Au contraire, lâincrédulité lâafflige. Elle lâirrite, le déshonore et amène les ténèbres et la mort sur lââme. Câest un affreux péché que de douter du Dieu vivant qui ne saurait mentir, ou de conserver des doutes lorsquâIl a parlé. Le diable est lâauteur de toutes les questions où il y a du doute. Il prend son plaisir à ébranler la confiance de lââme; mais il nâa aucune puissance sur celle qui se confie simplement en Dieu. Ses traits enflammés ne peuvent jamais atteindre celui qui est abrité derrière le bouclier de la foi. Oh! quâil est précieux de vivre dâune vie de confiance enfantine en Dieu! Cela rend le cÅur parfaitement heureux, et remplit la bouche de louange et dâactions de grâce. Cette confiance chasse tout nuage, tout brouillard elle éclaire notre sentier des rayons bénis de la face de notre Père. Dâun autre côté, lâincrédulité remplit le cÅur de toutes sortes de doutes, nous fait nous replier sur nous-mêmes, obscurcit notre sentier, et nous rend vraiment misérables. Le cÅur de Caleb était plein dâune joyeuse confiance, tandis que celui de ses frères était rempli de plaintes et de murmures amers. Il en doit toujours être ainsi. Si nous voulons être heureux, nous devons nous occuper de Dieu et de ce qui le concerne. Si nous voulons être malheureux, nous nâavons quâà nous occuper de nous-mêmes et de ce qui nous entoure. Voyez au chapitre 1 de Luc. Quâest-ce qui ferma la bouche de Zacharie le sacrificateur? Câétait lâincrédulité, nâest-ce qui remplissait le cÅur et ouvrait la bouche de Marie et dâÃlisabeth? La foi. Là était la différence. Zacharie aurait pu se joindre à ces pieuses femmes dans leurs chants de louange, si la sombre incrédulité nâavait fermé ses lèvres. Quel tableau! Quelle leçon! Oh puissions-nous apprendre à nous confier plus simplement en Dieu! Que lâesprit de doute soit loin de nous! Puissions-nous, au milieu de ce monde infidèle, être forts dans la foi qui glorifie Dieu.
Le dernier paragraphe de notre chapitre nous enseigne une autre sainte leçon; appliquons-y nos cÅurs avec diligence. «Et Moïse dit ces choses à tous les fils dâIsraël, et le peuple mena très grand deuil. Et ils se levèrent de bon matin et montèrent sur le sommet de la montagne, disant: Nous voici; nous monterons au lieu dont lâÃternel a parlé; car nous avons péché. Et Moïse dit: Pourquoi transgressez-vous ainsi le commandement de lâÃternel? Cela ne réussira point. Ne montez pas, car lâÃternel nâest pas au milieu de vous, afin que vous ne soyez pas battus devant vos ennemis; car lâAmalékite et le Cananéen sont là devant vous, et vous tomberez par lâépée; car, parce que vous vous êtes détournés de lâÃternel, lâÃternel ne sera pas avec vous. Toutefois ils sâobstinèrent à monter sur le sommet de la montagne; mais lâarche de lâalliance de lâÃternel et Moïse ne bougèrent pas du milieu du camp. Et les Amalékites et les Cananéens qui habitaient cette montagne-là , descendirent, et les battirent, et les taillèrent en pièces jusquâà Horma.» (Vers. 39-45.)
Quelle foule de contradictions dans le cÅur humain! Lorsquâils avaient été exhortés à monter dans lâénergie de la foi, et à posséder le pays, ils avaient reculé et refusé de marcher. Ils sâétaient jetés à terre et avaient pleuré lorsquâils auraient dû monter et conquérir. En vain le fidèle Caleb leur avait attesté que lâÃternel les introduirait dans la montagne de son héritage et les y fixerait â quâIl pouvait le faire; ils ne voulurent pas monter alors, parce quâils ne savaient pas se confier en Dieu. Mais maintenant, au lieu de courber la tête et dâaccepter les voies du gouvernement de Dieu, ils veulent monter, se confiant en eux-mêmes, dans leur présomption.
Combien il était vain, hélas! de vouloir marcher sans avoir le Dieu vivant avec soi. Sans Lui, ils ne pouvaient rien faire. Lorsquâils auraient pu lâavoir, ils ont craint les Amalékites; mais maintenant, quoique sans Dieu, ils sâobstinent à affronter ce même peuple: «Nous voici; nous monterons au lieu dont lâÃternel a parlé». Câétait plus facile à dire quâà faire. Un Israélite sans Dieu ne pouvait pas se mesurer avec un Amalékite. Il est très remarquable que lorsque Israël refuse dâagir dans lâénergie de la foi, lorsquâil tombe sous la puissance dâune incrédulité qui déshonore Dieu, Moïse leur montre les difficultés quâils avaient eux-mêmes alléguées pour désobéir. Il leur dit: «Les Amalékites et les Cananéens sont là , devant vous». Cela est plein dâinstruction. Par leur incrédulité, ils avaient exclu Dieu; en conséquence il ne sâagissait évidemment plus de rien que dâIsraël et des Cananéens. La foi aurait placé la question entre Dieu et les Cananéens. Câétait précisément la manière dont Josué et Caleb envisageaient la chose, lorsquâils disaient: «Si lâÃternel prend plaisir en nous, il nous fera entrer dans ce pays-là et nous le donnera, un pays qui ruisselle de lait et de miel. Seulement, ne vous rebellez pas contre lâÃternel; et ne craignez pas le peuple du pays, car ils seront notre pain: leur protection sâest retirée de dessus eux, et lâÃternel est avec nous; ne les craignez pas.»
Câest là que se trouve le grand secret. La présence de lâÃternel au milieu de son peuple lui garantit la victoire sur tous les ennemis. Mais sâIl nâest pas avec eux, ils sont comme lâeau répandue sur la terre. Les dix incrédules avaient déclaré quâils étaient comme des sauterelles en présence des géants; et maintenant, Moïse, les prenant au mot, leur déclare, pour ainsi dire, que des sauterelles ne peuvent pas se mesurer avec des géants. Si, dâun côté, cette parole est vraie: «il vous sera fait selon votre foi»; dâun autre côté, celle-ci est vraie aussi: «il vous sera fait selon votre incrédulité».
Or le peuple sâétait enhardi, croyant être quelque chose, tandis quâil nâétait rien. Oh! quâil est misérable dâoser marcher dans sa propre force! Quelle défaite et quelle confusion! Il doit en être ainsi. Le peuple, dans son incrédulité, abandonnait Dieu; Dieu à son tour abandonnait le peuple à sa vaine présomption. Ils nâavaient pas voulu marcher avec Dieu par la foi; Dieu ne voulait pas aller avec eux dans leur incrédulité: «Mais lâarche de lâalliance de lâÃternel et Moïse ne bougèrent pas du milieu du camp». Ils allèrent sans Dieu; aussi durent-ils sâenfuir devant leurs ennemis.
Câest ce qui a toujours lieu. Il nây a aucun avantage possible à affecter dâêtre fort, à avoir de hautes prétentions, à se croire quelque chose. Lâorgueil et lâaffectation sont ce quâil y a de pis. Si Dieu nâest pas avec nous, nous sommes comme la rosée du matin. Or nous devons apprendre cela pratiquement. Nous devons descendre jusquâau fond de nous-mêmes pour connaître notre complète indignité. Le désert, avec toutes ses scènes variées et avec ses mille expériences, nous conduit à ce résultat pratique. Là nous apprenons ce quâest la chair; là notre nature, sous toutes ses faces, est mise entièrement à nu; quelquefois se montrant pleine dâune lâche incrédulité, dâautres fois remplie dâune fausse confiance. à Kadès, elle refuse de marcher quand on lui dit de le faire; à Horma, elle persiste à marcher quand on lui dit le contraire. Câest ainsi que les extrêmes se rencontrent, dans cette mauvaise nature que, tous, nous portons en nous chaque jour.
Mais il est, bien-aimé lecteur chrétien, une leçon spéciale que nous devrions chercher à apprendre complètement avant de quitter Horma; la voici. Il y a une immense difficulté à marcher humblement et patiemment dans le sentier que notre propre chute a rendu nécessaire pour nous. Lâincrédulité dâIsraël, refusant de monter au pays, rendit nécessaire, selon les dispensations du gouvernement de Dieu, quâils retournassent en arrière et quâils errassent dans le désert pendant quarante ans. Câest ce à quoi ils ne voulaient pas se soumettre. Ils résistèrent. Ils ne pouvaient pas courber leur cou sous le joug qui leur était imposé.
Combien souvent câest notre cas. Nous tombons; nous faisons de faux pas; nous entrons, en conséquence, dans des circonstances difficiles; alors, au lieu de nous incliner humblement sous la main de Dieu, pour chercher à marcher avec lui en humilité et avec contrition dâesprit, nous devenons rétifs et rebelles; nous nous en prenons aux circonstances, au lieu de nous juger nous-mêmes; et nous cherchons, dans notre obstination, à échapper à ces mêmes circonstances, au lieu de les accepter comme une conséquence juste et nécessaire de notre propre conduite. Lâesprit prétentieux doit tôt ou tard être abaissé. Sâil nây a pas de foi pour prendre possession de la terre promise, alors il nây a rien dâautre à faire quâà parcourir le désert dans lâhumilité et la simplicité de cÅur.
Or, que Dieu en soit béni! Il est avec nous dans ce voyage du désert, tandis que nous ne lâavons jamais avec nous dans le sentier de lâorgueil et de la prétention. L'Ãternel refusa dâaccompagner Israël sur la montagne des Amoréens; cependant Il était prêt à retourner vers eux, dans sa grâce patiente, pour les accompagner dans toutes leurs courses à travers le désert. Si Israël ne voulait pas entrer en Canaan avec l'Ãternel, celui-ci voulait bien retourner dans le désert avec Israël. Rien ne saurait surpasser la grâce qui brille en cela. Si Dieu avait agi avec eux selon ce quâils méritaient, ils auraient dû, pour le moins, être laissés seuls à errer dans le désert. Mais, béni soit à jamais son grand nom, il ne nous fait point selon nos péchés, et il ne nous rend point selon nos iniquités. Ses pensées ne sont pas nos pensées et ses voies ne sont pas nos voies. Malgré toute lâincrédulité, lâingratitude et les provocations des enfants dâIsraël, quoique leur retour dans le désert fût le fruit de leur propre conduite, cependant l'Ãternel, dans sa grâce condescendante et son patient amour, retourna avec eux, pour être leur compagnon de voyage dans le désert, pendant quarante longues et tristes années.
Si donc le désert montre ce quâest lâhomme, il montre aussi ce quâest Dieu; et, de plus, il montre ce quâest la foi; car Josué et Caleb durent retourner avec toute lâassemblée de leurs frères incrédules, et rester pendant quarante ans loin de leur héritage, quoiquâils fussent eux-mêmes tout prêts, par la grâce, à monter dans le pays. Cela pouvait paraître une grande injustice. La chair pouvait trouver quâil était peu raisonnable que deux hommes de foi dussent souffrir à cause de lâincrédulité dâautres personnes. Mais la foi peut attendre patiemment. Et dâailleurs, comment Josué et Caleb auraient-ils pu se plaindre de cette marche prolongée, quand ils voyaient l'Ãternel prêt à la partager avec eux? Câétait impossible. Ils étaient disposés à attendre le moment fixé par Dieu, car la foi nâest jamais pressée. La foi des serviteurs pouvait bien être soutenue par la grâce du Maître.