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Thursday, November 21st, 2024
the Week of Proper 28 / Ordinary 33
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Bible Commentaries
Colossiens 14

Commentaire biblique intermédiaireCommentaire biblique intermédiaire

versets 1-72

Le souper à Béthanie

(v. 1-11). — Pendant que les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient comment ils pourraient se saisir de Jésus pour le faire mourir, une scène bien différente se passait à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, où le Seigneur était à table avec ses disciples.

Une femme — que l’évangéliste ne nomme pas, mais que nous savons être Marie — brisa un vase d’albâtre plein d’un parfum de nard pur, de grand prix, qu’elle répandit sur la tête de Jésus. Quelques-uns des assistants, les disciples, s’indignèrent et dirent: « À quoi bon la perte de ce parfum? Car ce parfum aurait pu être vendu plus de trois cents deniers, et être donné aux pauvres; et ils la reprenaient vivement ». Les disciples, Judas surtout (Matthieu 26:8 et Jean 12:4), manifestaient combien peu ils comprenaient les sentiments de cette femme, qui provenaient de son grand amour pour Jésus. Cet amour la rendait capable de comprendre ce qu’il convenait de témoigner à son Seigneur au moment où les hommes allaient donner essor à leur haine contre l’objet de son cœur, haine qui ne serait assouvie que par la mort de celui dont ils ne pouvaient plus supporter la présence bénie au milieu d’eux. Marie veut, au contraire, montrer combien la personne de Jésus a de prix pour elle; elle a appris, à ses pieds, les perfections et les gloires de l’Homme-Dieu qui aimait à se retirer chez elle comme prophète et serviteur. Il n’y avait rien de trop grand, à ses yeux, pour exprimer le prix d’une telle personne pour elle.

Étrangers à l’épanchement d’un cœur qui s’était alimenté aux sources de l’amour, les disciples ne pouvaient apprécier la valeur de leur Maître, ni, par conséquent, ressentir les effets qu’aurait dû produire en eux l’approche de sa mort. Ils ne voyaient dans l’acte de cette femme qu’une perte matérielle qui privait les pauvres de secours.

Donner aux pauvres est une bonne chose; mais pour qu’un acte ait de la valeur aux yeux de Dieu, il doit être accompli en son temps. La sagesse consiste à laisser les choses à leur place et à agir en conséquence; l’amour pour Christ est le directeur suprême qui rend capable de discerner ce qu’il convient de faire selon les circonstances. « Il y a une saison pour tout, et il y a un temps pour toute affaire sous les cieux » (Ecclésiaste 3:1). Marie avait compris que c’était la dernière occasion qu’elle avait de témoigner son amour à son Seigneur. Elle pressentait qu’il allait lui être enlevé. Aussi Jésus leur répond: « Laissez-la; pourquoi lui donnez-vous du déplaisir? Elle a fait une bonne œuvre envers moi; car vous avez toujours les pauvres avec vous, et quand vous voudrez, vous pourrez leur faire du bien; mais moi, vous ne m’avez pas toujours. Ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait; elle a anticipé le moment d’oindre mon corps pour ma sépulture » (v. 7, 8). Jésus donne à l’acte de Marie une portée dont elle ne se doutait pas. Car, pressentant la mort de son Seigneur, elle voulait lui accorder l’onction royale, mais Jésus, sachant qu’il ressusciterait, l’accepte pour son embaumement, privilège que seule elle a eu, puisque les autres femmes pieuses qui voulurent aller accomplir ce service trouvèrent le sépulcre vide, et l’on remarque que Marie de Béthanie ne se trouvait pas avec elles, son service était accompli.

Combien cet acte était précieux au cœur de Jésus, dans un moment tel que celui-là, où tous s’opposaient à lui, et où ses disciples même entraient si peu dans ses pensées et savaient si peu comprendre leur Maître et lui témoigner ce qui convenait. Aussi dit-il: « En vérité, je vous dis: en quelque lieu que cet évangile soit prêché dans le monde entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire d’elle » (v. 9). Un tel acte se liait si intimement à la mort de Christ que l’on ne pourrait parler de cette mort, base de l’Évangile, sans parler de ce que Marie avait fait.

Puissions-nous tous aimer assez le Seigneur pour comprendre mieux ce que nous pouvons faire pour lui au milieu du monde qui le rejette, aujourd’hui comme alors! Bientôt toute occasion disparaîtra pour nous de faire quelque chose pour lui en présence de ceux qui le haïssent; c’est pourquoi nous devons « saisir l’occasion » lorsqu’elle se présente, car nous sommes aux derniers jours; le Seigneur est proche, il vient!

Jésus ne demande pas des choses hors de notre portée, il dit de cette femme: « Ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait ». Nous devons le servir selon nos moyens, selon nos capacités, ce qui importe, c’est que l’amour pour lui nous fasse agir; cela seul donne à nos œuvres leur valeur devant Dieu.

L’état de Judas présente un contraste affligeant avec celui de Marie. Alors qu’elle témoigne au Seigneur son attachement, son estime, d’une manière si digne, et qu’elle réjouit son cœur, Judas va réjouir le cœur des principaux sacrificateurs et des chefs du peuple en leur offrant de leur livrer son Maître pour de l’argent. Dès lors « il cherchait comment il le livrerait commodément ».

Triste exemple de l’aveuglement dans lequel peut tomber un homme qui, tout en ayant été mis en rapport avec la vérité, a nourri son cœur de convoitises charnelles! Tous ceux qui ont le privilège d’être aussi en contact avec la vérité dans les familles chrétiennes doivent prendre garde de ne pas laisser endurcir leur cœur en suivant leurs penchants naturels.

La Pâque

(v. 12-21). — Le Seigneur voulait encore célébrer avec les siens cette Pâque, la dernière, avant d’accomplir sur la croix ce dont elle était le type. Fait remarquable, la crucifixion de Jésus eut lieu ce jour-là, bien que les chefs des Juifs aient cherché à l’éviter, par crainte de la foule. Les choses arrivent quand Dieu le veut; les hommes ne peuvent être que les instruments, souvent inconscients, de l’accomplissement de sa volonté.

Les disciples désirent savoir où ils pourront préparer ce qu’il faut pour manger la pâque. Jésus en envoie deux à la ville, leur donnant toutes les indications pour qu’ils trouvent le nécessaire. « Allez à la ville », leur dit-il; « et un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre; suivez-le. Et où qu’il entre, dites au maître de la maison...: Où est mon logis où je mangerai la pâque avec mes disciples? Et lui vous montrera une grande chambre garnie, toute prête; apprêtez-nous là ce qu’il faut. Et ses disciples s’en allèrent et entrèrent dans la ville, et trouvèrent tout comme il leur avait dit; et ils apprêtèrent la pâque » (v. 13-16).

Jésus connaissait tout à l’avance; mais il ne se sert de sa toute-science que pour accomplir l’œuvre que son Père lui avait donnée à faire; il ne sort jamais de sa position de dépendance et de serviteur.

Le soir venu, Jésus se mit à table avec les douze; comme ils mangeaient il leur dit: « En vérité, je vous dis que l’un d’entre vous qui mange avec moi, me livrera » (v. 18). À dessein Jésus ne leur annonce pas lequel d’entre eux le livrerait. « Un d’entre vous », dit-il, un de ceux qui avaient persisté à le suivre, un de ceux qui avaient été les objets de ses soins, un de ceux qu’il avait choisis. Jésus veut sonder leur cœur par cette parole. L’un après l’autre, ils lui demandent: « Est-ce moi? » Ils se défient d’eux-mêmes et supportent cette épreuve dans un bon esprit, admettant que, bien qu’ils n’en aient eu aucun désir, ils étaient capables d’accomplir un tel acte. Nous ne pouvons jamais avoir l’assurance que nous ne commettrons jamais tel ou tel mal; mais si nous nous en savons capables, nous cherchons le secours dans le Seigneur et nous sommes au bénéfice de son intercession, car il s’occupe des siens afin qu’ils ne succombent pas à la tentation. Jésus leur répondit: « C’est l’un d’entre les douze qui trempe avec moi au plat ». Dans les repas, en Orient, en guise de fourchettes ou de cuillères, chacun prend un morceau de pain que l’on trempe dans le plat. C’était ce que les douze avaient le privilège de faire avec le Seigneur. Par cet acte d’intimité, il désigne le traître; cela aurait dû toucher son cœur, si cela avait été encore possible.

Jésus ajoute: « Le Fils de l’homme s’en va, selon qu’il est écrit de lui; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est livré! Il eût été bon pour cet homme-là qu’il ne fût pas né » (v. 21). Le Seigneur reconnaît que ce qui le concerne, lui, le Fils de l’homme, doit s’accomplir; mais cela n’atténue pas la culpabilité de celui qui se prête à l’Ennemi pour perpétrer ce forfait. Il y a toujours deux côtés à considérer dans les voies de Dieu: le côté de Dieu qui est au-dessus de tout et qui fait tout concourir à l’accomplissement de ses desseins, et le côté de la responsabilité de l’homme qui doit porter les conséquences de ses actes. C’est ce que montre ce passage, parmi beaucoup d’autres. Les Écritures s’accomplissent; mais Judas portera les conséquences de son horrible péché. Les hommes sont coupables de la mort de Christ, mais Dieu, par cette mort, peut accomplir ses pensées de grâce envers tous.

Institution de la cène

(v. 22-31). — Jésus allait accomplir, sur la croix, ce que représentait la fête de la pâque. Elle n’aurait plus désormais sa raison d’être; c’est pourquoi, encore à table, Jésus institue la cène, ce mémorial de sa mort, que tous ses rachetés ont le privilège de prendre durant son absence. « Jésus, ayant pris un pain et ayant béni, le rompit et le leur donna, et dit: Prenez; ceci est mon corps. Et ayant pris la coupe et ayant rendu grâces, il la leur donna, et ils en burent tous » (v. 22, 23). Chaque croyant a le privilège de se souvenir du Seigneur mort pour lui, en attendant le moment où nous le verrons et où nous le contemplerons dans sa gloire, comme l’agneau qui a été immolé. Mais si le racheté possède cette faveur, c’est à la condition de se montrer, dans sa marche, conséquent avec l’acte qu’il accomplit. Car, en prenant la cène, il proclame que Jésus a dû mourir pour ôter ses péchés; il ne peut donc tolérer le péché dans sa vie; ce serait une contradiction. Si par malheur il vient à pécher, il doit le confesser à Dieu, avec affliction, afin d’être relevé et de pouvoir participer à ce mémorial qui parle autant de la sainteté que de l’amour de Dieu et de son Fils Jésus Christ. Si un croyant ne se juge pas, sa conscience s’endurcit; il peut tomber si gravement qu’il prend le caractère d’un méchant, ce qui oblige l’Assemblée de l’exclure. Malheureusement aujourd’hui un grand nombre de chrétiens ne prennent pas la cène, par indifférence ou par ignorance, ou bien ne la prennent pas selon la pensée du Seigneur. Ils se privent d’un grand privilège, et, surtout, ils refusent au Seigneur ce qu’il a demandé d’eux le soir qu’il fut livré.

Jésus dit encore aux disciples: « Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour plusieurs. En vérité, je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu » (v. 24). La nouvelle alliance est pour Israël, qui avait vécu sous une première alliance, rompue par l’infidélité du peuple; ainsi, au lieu de recevoir la bénédiction, Israël fut abandonné de Dieu pour un temps, mais Dieu, fidèle à ses promesses, voulait bénir son peuple terrestre. Il fit pour lui une nouvelle alliance, basée sur le sang de Christ, en vertu duquel Dieu pourra le bénir selon les promesses faites aux pères et accomplir tout ce que les prophètes avaient annoncé quant au règne de Christ.

En même temps que le sang de Christ est le fondement de la bénédiction future d’Israël, il est aussi le moyen par lequel tous ceux qui croient peuvent obtenir la rémission de leurs péchés. Il a été versé pour plusieurs, non seulement pour les Juifs, mais pour tous ceux qui se placeront par la foi sous son efficace. Jésus dit qu’il ne boira plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce qu’il le boive nouveau dans le royaume de Dieu. Le vin est le symbole de la joie; cette joie, le Seigneur n’a pas pu la réaliser avec Israël dans son état de péché, mais elle sera sa part d’une manière nouvelle, c’est-à-dire céleste, une fois le royaume de Dieu établi. Pour la bénédiction d’Israël, tout est remis à plus tard, mais en attendant qu’elle s’accomplisse, les disciples ont à se souvenir du Seigneur, mort sur la croix pour ôter leurs péchés, et sont introduits dans les bénédictions célestes et éternelles, bien plus élevées que celles du peuple juif. Ils font partie de l’Église qui, sur cette terre, partage le rejet de son Seigneur et se souvient de lui en attendant son retour. Lors de sa manifestation en gloire, comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, l’Église apparaîtra dans la même gloire comme Épouse du Roi.

La pâque se termine par le chant d’un cantique et Jésus, conscient de tout ce qui allait se passer quelques heures plus tard, se rend à la montagne des Oliviers en entretenant ses disciples de ces événements. « Vous serez tous scandalisés », leur dit-il, « car il est écrit: « Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées »; mais après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée ». Tous allaient passer par de terribles moments, où leur foi serait soumise à une rude épreuve en voyant leur Maître livré entre les mains des hommes. Oseraient-ils se prononcer pour lui comme au temps où ils l’entouraient et jouissaient de sa protection en s’attendant à le voir reconnu publiquement comme Messie? Leur foi quant à sa personne supporterait-elle de le voir mettre à mort, et continueraient-ils à croire en lui? Pierre, confiant en lui-même, répond: « Si même tous étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas, moi. Et Jésus lui dit: En vérité, je te dis qu’aujourd’hui, cette nuit-ci, avant que le coq ait chanté deux fois, toi, tu me renieras trois fois. Mais Pierre disait encore plus fortement: Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point. Et ils dirent tous aussi la même chose » (v. 29-31). Pierre aimait profondément le Seigneur; il parlait avec sincérité, mais il mettait sa confiance dans son affection pour Christ, afin de le suivre au moment de l’épreuve. Il dut apprendre, et nous aussi, que rien en nous ne peut donner la force de suivre Christ et de le servir. Pas plus nos bons sentiments que nos bonnes résolutions, ni le bien que nous pouvons avoir accompli, ni même le fait que nous sommes enfants de Dieu, ne peuvent être la source de la puissance dont nous avons besoin, surtout dans l’épreuve. Cette source ne se trouve qu’en dehors de nous, en Dieu lui-même. Nous ne pouvons y avoir recours que dans le sentiment réel de notre impuissance. Alors nous pourrons dire avec l’apôtre Paul: « Quand je suis faible, alors je suis fort » (lire 2 Corinthiens 12:9, 10). Par la grâce de Dieu, Pierre apprit cette leçon, mais au travers d’une humiliation profonde; car la confiance en nous-mêmes nous engage toujours dans des difficultés dont elle ne peut nous laisser sortir que battus. Mais si nous comptons sur Dieu seul, nous pouvons dire aussi comme Paul: « Je puis toutes choses en celui qui me fortifie » (Philippiens 4:13).

Gethsémané

(v. 32-42). — L’heure d’angoisse approchait, dans laquelle Jésus devrait s’avancer résolument pour rencontrer l’ennemi dans sa dernière forteresse et subir toutes les conséquences du péché, pour sauver le pécheur.

En entretenant ses disciples de ce qui allait leur arriver, il les conduit au jardin de Gethsémané. Là il leur dit: « Asseyez-vous ici, jusqu’à ce que j’aie prié. Et il prend avec lui Pierre et Jacques et Jean; et il commença à être saisi d’effroi et fort angoissé. Et il leur dit: Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort; demeurez ici et veillez » (v. 32-34). Jésus, dans cette heure terrible, devait nécessairement être seul, seul en face de l’Ennemi, qui allait chercher à le faire reculer en accablant son âme sainte des conséquences de son obéissance jusqu’à la mort. Cependant il désire avoir avec lui les trois disciples qu’il a pris dans d’autres circonstances (Marc 5:37 et 9:2); son cœur humain cherche de la sympathie, dans ce moment, auprès de ceux avec lesquels il paraît avoir eu le plus d’intimité. Mais, saisi de tristesse jusqu’à la mort, Jésus s’en va plus avant, ses faibles disciples étant incapables de partager avec lui les angoisses de cette heure effroyable. Jésus s’éloigne encore, et là, seul, il dit: « Abba, Père, toutes choses te sont possibles; fais passer cette coupe loin de moi; toutefois non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi! » (v. 36). Dieu pouvait faire passer cette coupe loin de son Fils bien-aimé, mais dans ce cas, cher lecteur, nous aurions dû la boire, ce qui nous aurait valu le châtiment éternel. Nous ne pouvons comprendre ce que ce fut, pour le cœur de Dieu le Père, que d’entendre son Fils, son unique, s’adresser à lui en employant le terme le plus intime, « Abba », propre à faire vibrer les cordes les plus sensibles de la relation d’un fils avec son père1. Mais l’amour de Dieu voulait sauver les pécheurs; c’est pourquoi il dut faire taire en ce moment son amour pour son Fils, comme Abraham en Gen. 22, lorsque Isaac lui demandait où était la victime pour l’holocauste et qu’il leva ensuite la main pour le sacrifier, avec cette différence toutefois qu’Abraham sacrifiait son fils pour Dieu, tandis que Dieu sacrifiait son Fils pour des pécheurs, des ennemis. L’amour de Jésus se soumet pour accomplir la volonté du Père, le glorifier dans sa mort et lui donner comme un nouveau motif de l’aimer, ainsi qu’il le dit en Jean 10:17: « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne ».

1 Abba est un mot hébreu qui signifie « père », mais en donnant l’idée de l’affection la plus tendre et la plus familière, qui découle de la relation familiale. C’est beau de voir, en Romains 8:15, que la grâce a placé le croyant dans une relation semblable avec Dieu comme Père.

Jésus revient vers ses trois disciples et les trouve endormis. Il s’adresse à Pierre en lui disant: « Simon, tu dors? Tu n’as pu veiller une heure? » Après ce doux reproche, Pierre aurait dû comprendre sa faiblesse; il aurait ainsi évité la honte et les douleurs de son reniement. Jésus ne cherche pas du secours auprès d’eux; il les exhorte à veiller pour eux-mêmes, afin qu’ils n’entrent pas en tentation, car, leur dit-il: « L’esprit est prompt, mais la chair est faible ». L’esprit est prompt à vouloir faire le bien, à se dévouer, mais la chair est faible pour l’accomplir; elle cherche toujours à se ménager; c’est pourquoi il ne faut avoir en elle aucune confiance. Jésus s’en alla de nouveau et pria en disant les mêmes paroles. Puis il revint vers les disciples pour la troisième fois, et les trouva encore endormis. Ils ne surent que lui répondre, mais lui leur dit: « Dormez dorénavant et reposez-vous; il suffit, l’heure est venue; voici, le Fils de l’homme est livré entre les mains des pécheurs. Levez-vous, allons; voici, celui qui me livre s’est approché » (v. 42, 43).

Amour merveilleux que celui de Jésus pour ses faibles disciples! Il ne leur adresse aucun reproche. Désormais ils pouvaient dormir, se reposer. Leur Maître était leur Sauveur, il allait tout accomplir afin de leur procurer, ainsi qu’à tout croyant, un repos éternel. Lui seul pouvait entrer dans le combat afin de les délivrer. Dans ce moment-là, ils ne comprenaient rien à ce qui se passait; mais plus tard, après la résurrection de Jésus et la descente du Saint Esprit, ils comprirent tout, et bientôt, avec nous, ils le comprendront mieux encore, lorsque nous verrons face à face celui qui était avec eux dans le jardin de Gethsémané.

Trahison de Judas

(v. 43-52). — Jésus parlait encore avec ses disciples, lorsque arriva une foule armée d’épées et de bâtons, conduite par Judas qui s’était mis à la disposition des chefs du peuple pour leur livrer Jésus. Entièrement sous le pouvoir de Satan, Judas désigne Jésus à ses misérables compagnons, en lui donnant le baiser convenu, car il leur avait dit: « Celui que je baiserai, c’est lui; saisissez-le, et emmenez-le sûrement ». Lorsqu’ils se saisirent de Jésus, Pierre tira son épée, frappa l’esclave du souverain sacrificateur et lui emporta l’oreille. Cet évangile, ordinairement si abstrait, ne rapporte pas ce que Jésus dit à Pierre (voir Matthieu 26:52-54). Serviteur parfait et victime volontaire, il ne parle pas des douze légions d’anges qu’il aurait pu demander à son Père, comme Messie. Marc rapporte seulement les paroles de Jésus à la foule: « Êtes-vous sortis comme après un brigand, avec des épées et des bâtons, pour me prendre? J’étais tous les jours avec vous, enseignant dans le temple, et vous ne vous êtes pas saisis de moi, mais c’est afin que les Écritures soient accomplies » (v. 49). S’il n’y avait pas eu les Écritures à accomplir, ni la foule, ni ses armes n’auraient eu aucun pourvoir contre Jésus. C’était lui qui se livrait. En leur disant: « Emmenez-le sûrement », Judas leur fait croire que toutes ces mesures de violence étaient nécessaires. Ils l’avaient souvent vu leur échapper et Judas pensait probablement que Jésus leur échapperait encore cette fois. Ainsi il trompait ceux auxquels il livrait son Maître, afin d’obtenir de l’argent. Terrible exemple de l’état dans lequel un homme peut tomber en cherchant à satisfaire une passion, au lieu de lutter contre elle pour en être délivré, surtout quand il se trouve en présence de la lumière, comme Judas l’a été et comme nous le sommes tous au moyen de l’Évangile. Il est dit que si l’œil n’est pas simple, il est méchant (Matthieu 6:22, 23). Notre œil est simple quand le Seigneur sert de mobile à nos actions. Avoir l’œil méchant, c’est se laisser gouverner par autre chose que lui pour agir. Si Judas avait aimé le Seigneur, il aurait cherché à lui plaire et n’en serait pas arrivé là; mais ayant nourri en lui l’amour de l’argent, il n’a vu dans son Maître qu’un moyen de s’en approprier, spéculant, sans doute, sur la puissance qu’il déploierait pour se délivrer. C’est pourquoi, lorsqu’il sut Jésus condamné, son désespoir le conduisit au suicide.

Voyant Jésus emmené, tous l’abandonnèrent et s’enfuirent. Un jeune homme, vêtu d’une toile de fin lin, voulut cependant le suivre. Il s’exposait à être traité comme le Seigneur lui-même; pour être en état de le supporter, il faut une force spéciale que lui seul peut donner et que l’on ne trouve pas, comme nous l’avons dit plus haut, dans ses bonnes résolutions. Aussi lorsque ceux qui emmenaient Jésus voulurent se saisir du jeune homme, le voile dont il était vêtu leur resta dans les mains et il leur échappa tout nu. La profession, figurée par les vêtements, ne suffit pas pour supporter l’épreuve dans la marche à la suite d’un Christ rejeté. Ce vêtement abandonné manifeste l’état réel, avec honte. La nudité représente l’état naturel de l’homme à la suite du péché.

Souvenons-nous, chers lecteurs, que pour être fidèles au Seigneur et le suivre, nous devons toujours avoir la conscience de notre faiblesse, afin de rechercher en lui la force et le secours, cette puissance qui s’accomplit dans l’infirmité.

Jésus devant le souverain sacrificateur

(v. 53-65). — On amena Jésus au souverain sacrificateur devant lequel s’assemblent les autres sacrificateurs, les anciens et les scribes. Tous cherchaient quelque témoignage contre Jésus, afin de l’accuser et de le condamner à mort. Sa condamnation décidée, sans aucun motif autre que la haine, il fallait la justifier d’une manière quelconque auprès du gouverneur; seul celui-ci avait le droit de prononcer une sentence de mort. On produisit de faux témoins, mais leurs témoignages ne s’accordaient pas. Quelques-uns affirmèrent qu’ils avaient entendu Jésus dire: « Moi, je détruirai ce temple qui est fait de main, et en trois jours j’en bâtirai un autre qui ne sera pas fait de main ». Une citation démontre aisément la fausseté de ce témoignage. Voir Jean 2:19: « Détruisez ce temple (son corps), et en trois jours je le relèverai », paroles dont le sens est facile à saisir. Voyant qu’ils n’atteignaient pas leur but par des témoignages si peu concordants, le souverain sacrificateur s’adressa à Jésus en disant: « Ne réponds-tu rien? De quoi ceux-ci témoignent-ils contre toi? » Jésus ne répondit rien; ils pouvaient contrôler eux-mêmes la véracité de leurs témoins. Mais la lumière de toute sa vie avait brillé devant eux, sans dissiper les ténèbres de leurs cœurs. Jésus n’avait rien à dire de plus, puisque son témoignage avait été rejeté.

De nouveau le souverain sacrificateur l’interrogea et lui dit: « Toi, tu es le Christ, le Fils du Béni? Et Jésus dit: Je le suis; et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance, et venant avec les nuées du ciel. Et le souverain sacrificateur, ayant déchiré ses vêtements, dit: Qu’avons-nous encore besoin de témoins? Vous avez ouï le blasphème: que vous en semble? Et tous le condamnèrent comme méritant la mort » (v. 60-64). L’interrogatoire prend fin, car ils ont atteint leur but. Cette assemblée de dignitaires juifs se livre, contre la personne de Jésus, aux insultes les plus basses et les plus vulgaires: on lui crache au visage; on lui donne des soufflets en lui disant: « Prophétise ». En effet, Jésus venait de prophétiser, car sa réponse au souverain sacrificateur voulait dire que, puisqu’ils le rejetaient comme Messie, ou Christ, il allait prendre place à la droite de Dieu comme Fils de l’homme et qu’ils le verraient venir comme tel sur les nuées; alors ils se lamenteront, voyant en ce Roi des rois, et Seigneur des seigneurs, celui qu’ils ont percé (Matthieu 24:30; Apocalypse 1:7; Zacharie 12:10).

Reniement de Pierre

(v. 66-72). — Pendant que la troupe emmenait Jésus, Pierre suivait de loin, et vint jusque dans la cour du palais du souverain sacrificateur; il s’assit avec les huissiers près du feu qu’ils avaient allumé. Si Pierre n’était pas en état de suivre de près son Maître, il voulait au moins le suivre de loin. À distance il risquait moins d’être pris pour un de ses disciples; mais c’est ce qui lui permettait de se trouver en compagnie des huissiers qui venaient de frapper le Seigneur (v. 65). Il pensait voir ce qui allait se passer sans être connu. L’épreuve arriva. Trop engagé pour l’éviter, il devait passer par le crible, afin de pouvoir, plus tard, suivre de près son cher Maître. Une servante, le voyant se chauffer, lui dit: « Et toi, tu étais avec le Nazarénien Jésus. Et il le nia, disant: Je ne sais ni n’entends ce que tu dis ». Après quoi il sortit et le coq chanta. La servante, l’apercevant encore, dit à ceux qui étaient là: « Celui-ci est de ces gens-là. Et il le nia de nouveau. Et encore un peu après, ceux qui étaient là présents dirent à Pierre: Certainement tu es de ces gens-là; car aussi tu es Galiléen. Et il se mit à faire des imprécations et à jurer: Je ne connais pas cet homme dont vous parlez. Et le coq chanta pour la seconde fois. Et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus lui avait dite: Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois. Et en y pensant, il pleura » (v. 67-72).

Quelle douleur ce fut pour son cœur lorsqu’il revint à lui-même et qu’il se rendit compte de ce qu’il venait de faire! Car il aimait réellement le Seigneur. Sincère dans son désir de ne pas abandonner son Maître, dans l’ardeur de sa nature, il comptait sur lui-même pour accomplir ce qu’il désirait. Judas n’avait point d’amour pour Jésus. C’est pourquoi il n’y eut aucune ressource pour lui lorsqu’il se rendit compte de son forfait.

Dieu, dans ses voies de grâce, emploie les chutes des siens pour leur enseigner ce qu’ils auraient pu apprendre en écoutant la Parole et sans déshonorer le Seigneur. Puissions-nous tous prêter assez attention à ce que la parole de Dieu nous enseigne, afin d’être instruits par elle sans avoir besoin de faire des expériences humiliantes, qui déshonorent le Seigneur!

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Mark 14". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/mark-14.html.
 
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