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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
Commentaire biblique intermédiaire Commentaire biblique intermédiaire
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Genesis 5". "Commentaire biblique intermédiaire". https://studylight.org/commentaries/fre/cbi/genesis-5.html.
bibliography-text="Commentaire sur Genesis 5". "Commentaire biblique intermédiaire". https://studylight.org/
Whole Bible (6)
versets 1-32
Chapitres 4 et 5
Chaque partie du livre de la Genèse nous fournit une nouvelle preuve de ce fait, savoir: que nous parcourons ici, comme «en germe», toute lâhistoire de lâhomme.
Caïn et Abel nous offrent les premiers types de lâhomme religieux du monde et du vrai croyant. Nés tous deux en dehors du paradis, fils dâAdam déchu, il nây avait rien dans leur nature qui pût établir une différence essentielle entre eux. Tous deux, ils étaient pécheurs, tous deux ils avaient une nature déchue; ni lâun, ni lâautre, ils nâétaient innocents. Il est important de bien saisir ce point, afin de bien pouvoir discerner aussi ce que sont réellement la grâce divine et la foi. Si la différence qui a existé de fait entre Caïn et Abel eût tenu à leur nature, il en résulterait nécessairement quâils ne partageaient pas la nature déchue de leur père et ne participaient pas aux conséquences de sa chute: et alors, il nâaurait pas pu y avoir lieu à la manifestation de la grâce et à lâexercice de la foi.
On a voulu dire que lâhomme naît avec des qualités et des capacités qui, bien employées, le mettraient en état de se frayer un chemin vers Dieu. Mais lâÃcriture nous apprend que Caïn et Abel étaient nés non en dedans, mais en dehors du paradis: ils étaient fils non dâAdam innocent, mais dâAdam déchu. Ils sont entrés dans le monde, participants de la nature de leur père; et sous quelque apparence que cette nature, qui était la leur, se soit manifestée, câétait toujours la nature, une nature déchue et pécheresse. Ce qui est né de la chair, est non pas seulement charnel, mais chair; et ce qui est né de lâEsprit est non pas seulement spirituel, mais esprit (Jean 3:6 j 3.5-7).
Nulle époque nâoffrît jamais dâoccasion plus favorable pour la manifestation des qualités, des capacités, des ressources et des tendances distinctives de la nature humaine que les temps de Caïn et dâAbel. Si, par nature, lâhomme avait possédé quelque chose qui eût pu lui faire recouvrer son innocence perdue et le ramener dans le paradis, il avait alors lâoccasion dâen faire preuve: mais Caïn et Abel étaient perdus; ils étaient «chair»; ils nâétaient pas innocents, car Adam perdit son innocence et ne la recouvra jamais. Adam nâest que le chef déchu dâune race déchue; â par la désobéissance dâun seul, plusieurs furent constitués «pécheurs» (Rom. 5:19 rm 5.12-21); â il devint, pour ce qui le regarde personnellement, la source corrompue dâune humanité déchue, coupable et corrompue, le tronc mort de toutes les branches dâune humanité, moralement et spirituellement morte. Il est vrai que, comme nous lâavons vu plus haut, Adam devint lui-même un objet de la grâce et montra une foi vivante au Sauveur promis; mais cette foi ne tenait pas à sa nature. Il nâétait pas non plus au pouvoir de la nature de la communiquer; elle nâétait en aucune manière héréditaire; mais elle était en lui le fruit de lâamour divin, elle avait été implantée dans son âme par la puissance divine. Adam pouvait, selon les voies naturelles, communiquer tout ce qui était «naturel», rien de plus. Or, puisque comme père, il était dans un état déchu, son fils ne pouvait être dans un autre état, et participait nécessairement de la nature de celui dont il était issu. Tel «celui qui engendre», tels sont «ceux qui sont engendrés de lui» (comp. 1 Jean 5:1 1j 5.1); «tel quâest celui qui est poussière, tels aussi sont ceux qui sont poussière» (1 Cor. 15:48 1cr 15.39-50).
Rien nâest plus important dans son genre, quâune intelligence claire de la doctrine de la «primauté fédérale», comme on lâappelle. En lisant les versets 12 à 21 du chap. 5 de lâépître aux Romains, sur lesquels dâailleurs je ne veux pas mâarrêter ici, le lecteur verra que lâÃcriture range toute la race humaine sous deux chefs. Le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens nous présente des instructions analogues dans les vers. 44 et suivants. Dans le premier homme, nous avons devant nous le péché, la désobéissance et la mort; dans le second homme, nous avons la justice, lâobéissance et la vie. De même que nous héritons une nature du premier, nous en héritons une du second. Sans doute, chacune de ces natures déploiera et manifestera, dans chaque individu et dans chaque cas particulier, les forces et les facultés qui lui sont propres; toutefois, il y a possession véritable dâune nature réelle, abstraite et positive. Or, comme câest par la naissance selon la chair que nous héritons de la nature du premier homme, de même câest par une nouvelle naissance que nous héritons de celle du second homme. Lâenfant nouveau-né, bien quâincapable dâaccomplir lâacte qui réduisit Adam à la condition de créature déchue, nâen est pas moins participant de la nature dâAdam: il en est de même de lâenfant de Dieu nouveau-né: lââme nouvellement régénérée, bien quâétant restée absolument étrangère à lâaccomplissement de lâÅuvre de parfaite obéissance de «lâHomme Christ Jésus», nâen est pas moins participante de sa nature. Sans doute, le péché du premier homme ne sâest pas arrêté sur Adam seul, mais il a passé à toute sa postérité: la justice ne sâest pas arrêtée non plus dans le second homme, mais elle a abondé sur plusieurs: mais en même temps il y a une participation vraie et actuelle à une nature réelle, quels quâen soient les caractères. La première nature est selon «la volonté de lâhomme» (Jean 1:13 j 1.11-13); la seconde nature est selon «la volonté de Dieu», comme Jacques aussi nous dit: «De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité» (Jacques 1:18).
Il résulte de tout ce que nous avons dit que, par nature, et par les circonstances au milieu desquelles il vivait, Abel nâétait pas différent de son frère Caïn: sous ce rapport «il nây a pas de différence!» (Rom. 3:22 rm 3.21-24). Mais ils différaient pourtant lâun de lâautre; or, cette différence était tout entière dans leurs sacrifices, et ceci rend lâenseignement que Dieu veut nous faire trouver ici très simple pour tout pécheur convaincu de péché, pour quiconque sent réellement que non seulement il est participant de la nature déchue du premier homme, mais quâil est lui-même pécheur. Lâhistoire dâAbel nous apprend, en effet, par quel chemin un pécheur peut sâapprocher de Dieu, et sur quel fondement il peut se tenir devant lui, et avoir communion avec lui; elle nous apprend clairement que, si un pécheur peut sâapprocher de Dieu, ce ne peut être en vertu de quoi que ce soit qui appartienne ou soit lié à sa nature, et que câest en dehors de lui-même dans la personne et dans lâÅuvre dâun autre, quâil doit chercher le vrai et éternel fondement de sa relation avec le juste, saint et seul vrai Dieu. Le chapitre 11 de lâépître aux Hébreux développe ce sujet de la manière la plus claire: «Par la foi, Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn, et par ce sacrifice il a reçu le témoignage dâêtre juste, Dieu rendant témoignage à ses dons; et par lui, étant mort, il parle encore». Ce nâest pas dâAbel quâil est question, mais de son sacrifice; ce nâest pas de la personne qui apportait lâoffrande mais de lâoffrande elle-même: et câest dans ce qui concerne les offrandes que gît la grande différence quâil y a entre Caïn et Abel. Toute la vérité quant à la position dâun pécheur devant Dieu est renfermée là .
Voyons maintenant quelles étaient les offrandes: «Et il arriva, au bout de quelque temps, que Caïn apporta, du fruit du sol, une offrande à lâÃternel. Et Abel apporta, lui aussi, des premiers-nés de son troupeau, et de leur graisse. Et lâÃternel eut égard à Abel et à son offrande, mais à Caïn et à son offrande il nâeut pas égard» (Gen. 4:3-5). Caïn offrit à lâÃternel le fruit dâune terre maudite, et il lâoffrit sans effusion de sang pour ôter la malédiction; il offrit un sacrifice «non sanglant», parce quâil nâavait pas de foi. Sâil eût possédé la foi, ce principe divin lui aurait enseigné, même dans ces premiers jours de lâhistoire de lâhomme déchu, que «sans effusion de sang, il nây a pas de rémission» (Héb. 9:22): et câest là une vérité de première importance. Les gages du péché, câest la mort: Caïn était pécheur, et comme tel, la mort le séparait de Dieu. Mais dans son offrande, Caïn nâen tient nul compte; il nâoffre point le sacrifice dâune vie, afin de satisfaire aux exigences de la sainteté divine et de répondre à sa propre condition comme pécheur; il ne tient pas compte que la terre a été maudite à cause du péché. Il agit envers Dieu comme si véritablement Dieu avait été semblable à lui, et comme si Dieu pouvait accepter le fruit entaché de péché dâune terre maudite. Le sacrifice «non sanglant» de Caïn implique tout cela et bien plus encore. La raison dira sans doute: «Mais quel sacrifice plus acceptable lâhomme pourrait-il offrir que celui quâil sâest acquis par le travail de ses mains et à la sueur de son front?» La raison et même lâesprit religieux de lâhomme naturel peuvent penser ainsi, en effet, mais Dieu pense autrement et la foi est sûre quâelle sâaccordera toujours avec les pensées de Dieu. Dieu enseigne, et la foi croit quâil faut le sacrifice dâune vie pour que lâhomme puisse sâapprocher de Dieu. Ainsi, quand nous considérons le ministère du Seigneur Jésus, nous voyons bientôt que, sâil ne fût pas mort sur la croix, son service tout entier eût été absolument inutile quant à ce qui concerne lâétablissement de nos relations avec Dieu. Jésus a été de lieu en lieu, faisant du bien durant toute sa vie, cela est vrai; mais sa mort seule déchira le voile (Matt. 27:51 mt 27.50-53), et elle seule pouvait le déchirer. Si Jésus eût continué jusquâà présent à «aller de lieu en lieu en faisant le bien», le voile serait resté entier pour fermer à lâadorateur lâaccès dans le «saint des saints». Nous voyons ainsi combien était faux le fondement sur lequel Caïn se présentait devant Dieu comme adorateur et sacrificateur: un pécheur non pardonné, se présentant devant lâÃternel, pour lui offrir un sacrifice «non sanglant», ne pouvait être regardé que comme un pécheur coupable dâune présomption sans pareille; son offrande, sans doute, était le produit de son pénible travail; mais quâimporte? Le travail dâun pécheur pouvait-il ôter la malédiction du péché et en faire disparaître la souillure? Pouvait-il satisfaire aux exigences dâun Dieu infiniment saint? Pouvait-il fournir au pécheur ce qui lui était nécessaire pour être reçu auprès de Dieu? Pouvait-il annuler le châtiment dû au péché? Pouvait-il ôter à la mort son aiguillon ou au sépulcre sa victoire? Pouvait-il faire cela en tout ou en partie? â Non, car «sans effusion de sang, il nây a pas de rémission». Le sacrifice «non sanglant» de Caïn, ainsi que tout sacrifice non sanglant, était non seulement sans valeur, mais de fait abominable aux yeux de Dieu: il démontrait non seulement lâignorance complète de Caïn quant à sa propre condition, mais aussi son ignorance complète à lâégard du caractère de Dieu. «Dieu nâest pas servi par des mains dâhommes, comme sâil avait besoin de quelque chose» (Actes 17:25). Caïn pensait quâon pouvait sâapprocher de Dieu de cette manière; et tout homme, qui nâa que la religion naturelle, pense de même. De siècle en siècle, Caïn a eu des milliers de disciples. Le culte de Caïn a toujours abondé partout dans le monde: câest le culte de toute âme inconvertie; câest le culte que maintiennent tous les faux systèmes de religion qui existent sous le soleil.
Lâhomme serait heureux de faire de Dieu son débiteur, mais «Dieu veut miséricorde et non pas sacrifice», car «il est plus heureux de donner que de recevoir» (Actes 20:35), et assurément câest à Dieu que la première place appartient. «Sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent» (Héb. 7:7). «Qui lui a donné le premier?» (Rom. 11:35 rm 11.33-36). Dieu accepte la plus petite offrande de la part dâun cÅur qui a appris ce quâexprimait David en ces mots: «Ce qui vient de ta main nous te le donnons» (1 Chr. 29:14). Mais du moment que lâhomme a la prétention de prendre la place de «premier» donateur, Dieu répond: «Si jâavais faim, je ne te le dirais pas» (Psaumes 50:12), car, «Dieu nâest pas servi par des mains dâhommes, comme sâil avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie et la respiration et toutes choses» (Actes 17:25). Il nâest pas possible que le grand dispensateur de toutes choses ait «besoin de quelque chose». La louange est tout ce que nous pouvons offrir à Dieu, et nous ne pouvons la lui offrir quâautant que nous comprenons pleinement que nos péchés sont effacés, et ceci encore nous ne le savons que par la foi en la vertu dâune expiation accomplie.
Du sacrifice de Caïn, passons maintenant au sacrifice dâAbel: «Et Abel apporta, lui aussi, des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse» (v. 4). En dâautres termes, il saisit par la foi cette glorieuse vérité que lâhomme peut sâapprocher de Dieu au moyen dâun sacrifice, que le pécheur peut placer la mort dâun autre entre lui-même et la conséquence de son péché: quâil peut satisfaire aux exigences de la nature de Dieu et aux attributs de son caractère par le sang dâune victime sans tache, dâune victime offerte pour répondre à la fois à ce que Dieu réclame et aux profonds besoins du pécheur. Câest, en résumé, la doctrine de la croix, dans laquelle seule la conscience dâun pécheur trouve le repos, parce que Dieu est pleinement glorifié dans la croix. Tout homme, divinement convaincu de péché, sent que la mort et le jugement sont la juste récompense de ses crimes (voyez Luc 23:41 lc 23.39-43) et quâil nâest pas en son pouvoir, quoi quâil fasse, de changer cette destinée. Il peut travailler et se fatiguer; il peut, à la sueur de son front, se procurer une offrande: il peut faire des vÅux et prendre des résolutions, changer sa manière de vivre, réformer son caractère; il peut être modéré, moral, droit et, dans lâacception humaine du mot, religieux; il peut, sans avoir la foi, prier, lire et entendre des sermons; en un mot, il peut faire tout ce qui rentre dans le domaine de la capacité de lâhomme, et malgré tout cela, nâavoir devant lui que la mort et le jugement sans aucune possibilité pour lui de dissiper ces deux lourds nuages qui se sont amoncelés sur son horizon. Ils sont là ; et loin de pouvoir les écarter par toutes ses Åuvres, il vit dans lâanticipation continuelle du moment où lâorage qui le menace viendra frapper sa tête coupable. Il est impossible quâun pécheur se transporte de lâautre côté de la «mort et du jugement», dans la vie et la gloire, par ses propres Åuvres; ses Åuvres mêmes, il ne les accomplit que dans le but de se préparer, si possible, à rencontrer les effrayantes réalités quâil entrevoit. Mais câest précisément quand le pécheur en est là , que la croix lui est présentée: elle lui montre que Dieu a pourvu à tout ce dont il a besoin dans sa culpabilité et sa misère. à la croix, il peut voir la mort et le jugement faire place à la vie et à la gloire. Christ a fait disparaître, de dessus la scène, la mort et le jugement, pour ce qui concerne le vrai croyant, et leur a substitué la vie, la justice et la gloire. «Il a annulé la mort, et a fait luire la vie et lâincorruptibilité par lâévangile» (2 Tim. 1:10). Il a glorifié Dieu, en ôtant ce qui nous aurait pour toujours tenus loin de sa sainte et bienheureuse présence. «Il a aboli le péché» (Héb. 9:26 hb 9.25-28).
Tout ceci est représenté en figure dans «le plus excellent sacrifice» dâAbel. Abel nâessaye pas dâannuler la vérité quant à sa condition et quant à la place qui lui appartient comme pécheur; il nâessaye pas de détourner «la lame dâépée» et de forcer le chemin vers lâarbre de vie; il nâoffre pas présomptueusement un sacrifice «non sanglant», ni ne présente à lâÃternel le fruit dâune terre maudite: il prend la place qui convient à un pécheur, et comme tel, il met la mort dâune victime entre lui et ses péchés et entre ses péchés et la sainteté dâun Dieu qui hait le péché. Abel méritait la mort et le jugement, mais il trouve un substitut.
Il en est de même pour tout pauvre pécheur accusé et condamné par lui-même. Christ est son substitut, sa rançon, son «plus excellent sacrifice», son Tout. Comme Abel, il sent que le fruit de la terre ne pourra jamais lui profiter; il sent que, quand il présenterait à Dieu les plus beaux fruits de la terre, sa conscience nâen resterait pas moins souillée par le péché, attendu que «sans effusion de sang, il nây a point de rémission». Il nây a que le parfait sacrifice du Fils de Dieu qui puisse mettre le cÅur et la conscience à lâaise; et tous ceux qui, par la foi, saisissent cette divine réalité, jouiront dâune paix que le monde ne peut ni donner, ni ôter. Câest la foi qui, dès à présent, met lââme en possession de cette paix: «Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ» (Rom. 5:1). «Par la foi, Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn». Ce nâest pas une affaire de sentiment, comme voudraient le faire penser beaucoup de personnes; câest uniquement une question de foi en un fait accompli, de foi opérée dans lââme du pécheur par la puissance du Saint Esprit. Cette foi diffère complètement de ce qui nâest quâun sentiment du cÅur ou une adhésion de lâintelligence. Le sentiment nâest pas la foi; lâadhésion de lâintelligence nâest pas la foi, quoi quâon en dise. La foi nâest pas une chose qui soit un jour, et qui ne soit plus un autre jour; elle est un principe impérissable, émanant dâune source éternelle, savoir de Dieu lui-même. Elle saisit la vérité de Dieu et place lââme en la présence de Dieu.
Ce qui nâest que sentiment ne peut jamais sâélever au-dessus de sa propre source, et cette source est le moi; mais la foi a Dieu et sa Parole éternelle pour objets, et elle est un lien vivant unissant le cÅur qui la possède à Dieu qui la donne. Les sentiments humains, quelque profonds, quelque épurés quâils soient, ne peuvent jamais unir lââme à Dieu. Ils ne sont ni divins, ni éternels, mais humains et passagers. Ils sont comme le kikajon de Jonas, qui crût dans une nuit et sécha dans une nuit. La foi nâest pas ainsi, elle est un principe qui participe de toute la valeur, de toute la puissance et de toute la réalité de la source dont il émane et de lâobjet sur lequel il agit. Par elle, lââme est justifiée (Rom. 5:1); câest elle qui purifie le cÅur (Actes 15:9), elle qui opère par lâamour (Gal. 5:6), elle qui est victorieuse du monde (1 Jean 5:4). Le sentiment appartient à la nature et à la terre; la foi est de Dieu et du ciel le sentiment sâoccupe du moi et des choses dâen bas la foi sâoccupe de Christ, porte les regards sur les choses dâen haut; le sentiment laisse lââme dans lâobscurité et le doute, et lâoccupe de son propre état, incertain et changeant; la foi introduit lââme dans la lumière et le repos, et lâoccupe de la vérité immuable de Dieu et du sacrifice de Christ. La foi, sans doute, produit des sentiments et des pensées; des sentiments spirituels et des pensées vraies; mais il ne faut jamais confondre les fruits de la foi avec la foi elle-même. Je ne suis pas justifié par des sentiments, ni même par la foi et des sentiments; mais uniquement par la foi. Et pourquoi? â parce que la foi croit et tient pour vrai ce que Dieu dit, elle saisit Dieu tel quâil sâest révélé dans la personne et lâÅuvre du Seigneur Jésus Christ. En cela est la vie, la justice et la paix. Connaître Dieu tel quâil est, câest la somme de tout bonheur présent et éternel. Lââme qui a trouvé Dieu a trouvé tout ce dont elle pourra jamais avoir besoin dans le présent et dans lâavenir; mais Dieu ne peut être connu que par sa propre révélation et par la foi quâil communique lui-même, et qui a toujours la révélation divine pour objet.
Ainsi, nous pouvons comprendre jusquâà un certain point la force et la signification de ces paroles: «Par la foi, Abel offrit un plus excellent sacrifice que Caïn». Caïn nâavait pas la foi; câest pourquoi il offrit un sacrifice «non sanglant». Abel avait la foi, câest pourquoi il offrit «le sang et la graisse», qui, en type, représentaient lâoffrande de la vie de Christ, et lâexcellence inhérente à sa personne. Le «sang» représentait la vie; la «graisse», lâexcellence de la personne, câest pourquoi la loi mosaïque défendait de manger le sang et la graisse. Le sang, câest la vie; or lâhomme, sous la loi nâavait aucun droit à la vie; cependant le chapitre 6 de lâévangile selon Jean nous apprend quâà moins que nous buvions le sang, nous nâavons point la vie en nous-mêmes. Christ est la vie. Il nâexiste pas une étincelle de vie en dehors de lui; hors de Christ tout est mort. «En lui était la vie», et en aucun autre. Or, à la croix, il laissa sa vie; et câest à cette vie que, par imputation, le péché fut attaché, alors quâil fut cloué sur le bois maudit. Ainsi, en laissant sa vie, Christ laissa avec elle le péché qui y était attaché; en sorte quâil a effectivement ôté le péché, lâayant laissé dans la tombe, dâoù il est ressorti lui-même triomphant, dans la puissance dâune nouvelle vie, à laquelle la justice se rattache dâune manière aussi distincte que le péché avait été rattaché à cette autre vie quâil laissa sur la croix. «Lââme de la chair est dans le sang; et moi je vous lâai donné sur lâautel, pour faire propitiation pour vos âmes; car câest le sang qui fait propitiation pour lââme» (Lév. 17:11). Tout ceci mérite la plus sérieuse attention, et rendra plus profonde dans nos âmes la conscience que la mort de Christ a parfaitement et complètement ôté le péché. Or, tout ce qui rend plus profonde lâintelligence et le sentiment que nous avons de cette glorieuse réalité, affermit nécessairement notre paix et nous rend capables de propager plus efficacement la gloire de Christ, pour autant que cette gloire est liée à notre témoignage et à notre service.
Lâhistoire de Caïn et dâAbel met en relief un point très important, que nous avons déjà touché plus haut, savoir: lâidentification de chacun de ces deux hommes avec lâoffrande quâil présentait. Pour lâun comme pour lâautre, câétait le caractère de lâoffrande, et non la personne de celui qui offrait, qui était mis en question. Câest pourquoi nous lisons dâAbel que «Dieu rendit témoignage à ses dons». Dieu ne rendit pas témoignage à Abel, mais à son sacrifice; et par ce sacrifice, Abel reçut le témoignage dâêtre juste (voyez Héb. 11:4 hb 11.4); et ceci montre clairement quel est le vrai fondement de la paix du croyant et de son acceptation devant Dieu.
Il y a dans notre cÅur une tendance continuelle à faire reposer notre paix et notre acceptation sur quelque chose qui est en nous ou qui vient de nous, bien que nous admettions que ce «quelque chose» soit un fruit du Saint Esprit. De là vient que nous regardons constamment en nous-mêmes, tandis que le Saint Esprit voudrait toujours nous faire regarder en dehors de nous. La position du croyant ne dépend pas de ce que lui est, mais de ce que Christ est. Sâétant approché de Dieu «au nom de Jésus», il est identifié avec lui et accepté en son nom, et il ne peut pas plus être rejeté que celui au nom duquel il sâest approché de Dieu. Avant de pouvoir toucher au croyant le plus faible, il faut sâen prendre à Christ lui-même, en sorte que la sécurité du croyant repose sur un fondement inébranlable. En lui-même, pauvre et indigne pécheur, le croyant sâest approché de Dieu au nom de Christ; il a été identifié avec Christ, accepté en lui et comme lui, et associé à lui dans sa vie. Dieu rend témoignage non au croyant, mais à son don; or, son don, câest Christ. Il y a là de quoi tranquilliser et consoler parfaitement! Câest notre heureux privilège de pouvoir, dans la confiance de la foi, renvoyer toute accusation et tout accusateur à Christ et à lâexpiation quâil a accomplie. Tout, pour nous, découle de lui. Nous nous glorifions en lui continuellement. Nous nâavons aucune confiance en nous-mêmes, mais en celui qui a accompli toutes choses pour nous. Nous nous attachons à son nom; nous nous confions en son Åuvre; nos regards sont arrêtés sur sa personne, et nous attendons son retour. Mais le cÅur charnel montre bien vite toute lâinimitié dont il est rempli contre une vérité qui réjouit et satisfait le cÅur du fidèle. Caïn en est un exemple: «Il fut très irrité, et son visage fut abattu» (v. 5). Ce qui remplit Abel de paix, remplit Caïn de colère. Par incrédulité, Caïn méprise la seule voie par laquelle un pécheur puisse sâapprocher de Dieu: au lieu dâoffrir le sang sans lequel il nây a pas de rémission, il se présente avec le fruit de ses Åuvres; puis, parce quâil nâest pas agréé dans ses péchés, et quâAbel est reçu en vertu de son offrande, «il est très irrité, et son visage est abattu». Et comment aurait-il pu en être autrement? Caïn ne pouvait être reçu que dans ses péchés ou sans ses péchés; or Dieu ne pouvait le recevoir avec ses péchés, et comme il nâa pas voulu apporter le sang qui seul pouvait en faire lâexpiation, il a été rejeté, et étant rejeté, il fait connaître par ses Åuvres quels sont les fruits dâune religion corrompue. Il persécute et tue le fidèle témoin, lâhomme agréé et justifié, lâhomme de foi; et il devient ainsi le modèle et le précurseur de tous ceux qui, dans tous les temps, ont fait une fausse profession de piété. En tout temps et en tout lieu, lâhomme sâest montré plus disposé à persécuter son semblable pour ses principes religieux que pour toute autre raison: ainsi fut Caïn. La justification, une justification pleine, parfaite, sans réserve, qui est par la foi seule, fait de Dieu tout et de lâhomme, rien. Mais lâhomme nâaime pas à nâêtre rien, il sâen irrite et son visage en est abattu: non quâil ait quelque raison de se mettre en colère, car ce nâest en aucune manière lâhomme qui est en question, mais le principe sur lequel lâhomme se présente devant Dieu. Si Dieu eût reçu Abel en vertu de quelque chose qui fût inhérent à sa personne, alors Caïn aurait eu quelque raison de sâirriter et dâêtre abattu de visage; mais si Abel fut reçu à cause de son offrande, et si ce ne fut pas à lui, mais à ses dons que Jéhovah rendit témoignage, la colère de Caïn est entièrement dépourvue de fondement. Câest ce que démontre la parole de lâÃternel à Caïn: «Si tu fais bien, ne seras-tu pas agréé?» (ou comme disent les Septante: «Si tu offres convenablement»). Ce «si tu fais bien» se rapporte à lâoffrande. Abel fit bien en cherchant un abri derrière un sacrifice acceptable, Caïn fit mal en offrant un sacrifice non sanglant; et toute sa conduite ultérieure ne fut que la conséquence naturelle de son faux culte.
«Et Caïn parla à Abel son frère; et il arriva, comme ils étaient aux champs, que Caïn se leva contre Abel, son frère, et le tua». (v. 8). De tout temps, les Caïn ont persécuté et tué les Abel. Lâhomme et la religion de lâhomme sont en tout temps les mêmes, comme aussi la foi et la religion de la foi sont en tout temps les mêmes, et partout où la religion de lâhomme et la religion de la foi se rencontrent, il y a lutte. Le crime de Caïn, comme nous venons de le faire remarquer, nâétait que la conséquence naturelle de son faux culte: le fondement sur lequel reposait lâédifice de sa religion étant mauvais, tout ce qui était élevé dessus était mauvais; aussi Caïn ne sâen tint pas au meurtre dâAbel, mais ayant entendu le jugement que Dieu prononçait sur son crime, il désespéra dâêtre pardonné, parce quâil ne connaissait pas Dieu, et «il sortit de devant lâÃternel» (v. 16). Puis Caïn bâtit une ville; et de sa famille sont sortis ceux qui cultivèrent les arts et les sciences utiles et agréables; les agriculteurs, les joueurs dâinstruments et les ouvriers en métal. Ne connaissant pas le caractère de Dieu, Caïn juge que son péché est trop grand pour quâil puisse lui être pardonné (selon le grec1; non quâil connaisse réellement son péché, mais il ne connaît pas Dieu. La pensée même de Caïn à lâégard du caractère de Dieu est un des fruits épouvantables de la chute. Il ne se soucie pas dâêtre pardonné, parce quâil ne se soucie pas de Dieu. Il ne connaît pas sa véritable condition, et il ne désire pas Dieu; il nâa aucune vraie intelligence du principe en vertu duquel le pécheur peut sâapprocher de Dieu; il est radicalement corrompu, foncièrement mauvais et tout ce quâil désire, câest de sortir de la présence de lâÃternel, et de se perdre dans le monde et dans les objets quâil poursuit: il vivra très bien sans Dieu, et se met à embellir le monde de son mieux, afin de pouvoir sây établir honorablement et sây attirer de la considération, bien quâaux yeux de Dieu ce monde soit sous la malédiction et Caïn, un fugitif et un vagabond.
1 Les Septante traduisent, en effet, le verset 13 ainsi: «Mon crime est trop grand pour mâêtre remis (ou pardonné)». Le verbe employé par Caïn se retrouve au Psaumes 32:1, avec le même sens: «dont la transgression est pardonnée»; et les Septante le rendent aussi par le même verbe grec aphethênai, «être remis».
Tel a été «le chemin de Caïn» cette voie large dans laquelle des milliers de personnes se précipitent aujourdâhui. Je ne veux pas dire que ces personnes soient dépourvues de tout sentiment religieux; elles aimeraient bien offrir quelque chose à Dieu; elles trouvent juste de lui présenter le produit de leur propre labeur, elles ne connaissent ni elles-mêmes, ni Dieu; mais avec tout cela, elles font de diligents efforts pour améliorer le monde, pour rendre la vie agréable et lâorner par toutes sortes de moyens. Le remède divin pour purifier est rejeté, et lâeffort de lâhomme pour améliorer est mis à sa place câest bien «le chemin de Caïn» (voyez Jude 11 jd 1.9-13).
Ainsi quâaux jours de Caïn les sons agréables de la harpe et de lâorgue empêchaient que le cri du sang dâAbel ne retentît aux oreilles de lâhomme, de même aujourdâhui dâautres sons enchanteurs étouffent la voix du sang du Calvaire, et dâautres objets quâun Christ crucifié captivent les regards. Lâhomme déploie toutes les ressources de son génie pour faire de ce monde une serre chaude, dans laquelle se développent, sous leurs formes les plus rares, tous les fruits que la chair désire avec tant dâardeur. Non seulement, on pourvoit aux besoins réels de lâhomme comme créature, mais encore le génie inventif de lâesprit humain a été mis en Åuvre pour créer des choses que le cÅur convoite dès quâil les a aperçues et sans lesquelles la vie lui semble insupportable. à tout cela on ajoute beaucoup de prétendue religion, car, hélas! lâamour même est obligé de confesser que ce qui passe pour de la religion nâest, en grande partie, quâun écrou de la grande machine construite pour lâexaltation de lâhomme. Lâhomme nâaime pas à être sans religion; ce ne serait pas honorable; câest pourquoi il voudra bien peut-être consacrer un jour de la semaine à la religion, ou comme il pense et professe, à ses intérêts éternels, et puis six jours à ses intérêts temporels; mais, quâil travaille pour le temps ou pour lâéternité, ce sera, en réalité, toujours pour lui-même.
Tel est «le chemin de Caïn». Pesez bien cela, lecteur, et voyez où commence, où tend et où aboutit cette voie! Combien est différente la voie de lâhomme de foi! Abel sent et reconnaît la malédiction; il voit la souillure du péché et, dans lâénergie de sa foi, il offre un sacrifice qui répond à tout cela et y répond parfaitement. Il cherche et trouve un refuge en Dieu même et, au lieu de bâtir une ville sur la terre, il nây trouve quâun tombeau. La terre qui, à sa surface, montrait le génie et lâénergie de Caïn et de sa famille, était souillée du sang du juste. Que lâhomme du monde, que lâhomme de Dieu, que le chrétien mondanisé sâen souviennent: la terre sur laquelle nous marchons est souillée du sang du Fils de Dieu Ce sang justifie lâÃglise, et il condamne le monde et lâÅil de la foi discerne, sous les belles apparences et lâéclat de ce monde éphémère, les noires ombres de la croix de Jésus. «La figure de ce monde passe»
(1 Cor. 7:31). Tout ce qui forme la scène, au milieu de laquelle nous vivons, prendra bientôt fin. «Le chemin de Caïn» sera suivi de «lâerreur de Balaam», dans sa forme consommée; puis viendra «la contradiction de Coré», et alors lâabîme ouvrira sa gueule pour recevoir les méchants et les enfermer à jamais dans lâ«obscurité des ténèbres» (Jude 13).
Pour la pleine confirmation de ce que nous venons de dire, nous nâavons quâà jeter un coup dâÅil sur le contenu du chapitre 5, auquel nous allons passer maintenant, et qui nous transmet lâhumiliant témoignage de la faiblesse de lâhomme et de son assujettissement à la mort. Lâhomme, en effet, pourrait vivre durant des siècles et engendrer des fils et des filles, et à la fin, il faudrait pourtant quâil fût dit de lui: «il mourut!» «La mort régna depuis Adam jusquâà Moïse»; et encore â «Il est réservé aux hommes de mourir une fois.» (Rom. 5:14; Héb. 9:27.) Lâhomme ne peut échapper à la mort. Il ne peut, ni par la vapeur, ni par lâélectricité, ni par toutes les ressources de son génie, désarmer la mort de son terrible aiguillon. Il saura trouver les moyens dâaugmenter et de propager le bien-être et les agréments de la vie, mais toute son énergie nâest pas capable dâannuler la sentence de la mort. Dâoù donc est venue la mort, cette chose étrange et effrayante? Paul nous lâapprend: «Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort» (Rom. 5:12). Telle est lâorigine de la mort: elle est venue par le péché. Le péché a rompu le lien qui unissait la créature au Dieu vivant, et a assujetti lâhomme à lâempire de la mort sans quâil puisse absolument sây soustraire, preuve, entre beaucoup dâautres, de sa complète incapacité à sâapprocher de Dieu. Il ne peut y avoir de communion entre Dieu et lâhomme que dans la puissance de la vie. Or, lâhomme est sous la puissance de la mort; et il ne peut, par conséquent, avoir aucune communion avec Dieu dans son état naturel. La vie ne peut pas plus avoir de communion avec la mort, que la lumière avec les ténèbres, ou que la sainteté avec le péché. Il faut que lâhomme sâapproche de Dieu sur un fondement et un principe tout nouveaux, à savoir: la foi; et cette foi le rend capable de reconnaître sa vraie position dâhomme «vendu au péché» et partant, soumis à la mort; et lui fait connaître en même temps le caractère de Dieu comme dispensateur dâune vie nouvelle, dâune vie qui est en dehors de la puissance de la mort et de lâEnnemi et que nous-mêmes nous ne pouvons pas perdre. Câest là ce qui fait la sécurité de la vie du croyant. Christ est sa vie, â Christ ressuscité et glorifié, Christ victorieux de tout ce qui pouvait nous être contraire. La vie dâAdam dépendait de son obéissance, câest pourquoi en péchant il perdit cette vie. Mais Christ, ayant la vie en lui-même, descendit ici-bas et satisfit à toutes les conséquences du péché de lâhomme, quelles quâelles fussent; en se soumettant à la mort, il détruisit celui qui en avait lâempire et devint, en résurrection, la vie et la justice de tous ceux qui croient en son nom. Il est impossible désormais que Satan porte atteinte à cette vie, soit dans sa source, soit dans son canal, soit dans sa puissance, soit dans sa sphère, soit dans sa durée. Dieu en est la source; Christ ressuscité, le canal; le Saint Esprit la puissance; le ciel, la sphère, et lâéternité, la durée. Tout est changé pour quiconque possède cette vie merveilleuse; et bien que, dans un sens, on puisse dire que «au milieu de la vie, nous sommes dans la mort», nous pouvons dire aussi que «au milieu de la mort, nous sommes dans la vie». Là où le Christ ressuscité introduit son peuple, la mort nâexiste pas. Ne lâa-t-il pas abolie? La parole de Dieu nous le déclare! Christ a fait disparaître la mort de dessus la scène et y a introduit la vie; ce nâest donc pas la mort, mais la gloire, que le chrétien a devant lui. La mort est derrière lui pour toujours; quant à lâavenir, tout est gloire, gloire sans nuages. Peut-être le croyant sâendormira en Jésus; mais dormir en Jésus, ce nâest pas la mort, câest la vie, en réalité. La possibilité du délogement pour être avec Christ ne peut pas changer lâespérance propre du chrétien, qui est dâêtre enlevé au-devant du Seigneur en lâair, pour être avec lui et comme lui pour toujours.
Ãnoch est ici, pour nous, un type magnifique seul il fait exception à la règle générale du chapitre 5. «Il mourut», telle est la règle; «il ne passa point par la mort», voilà lâexception. «Par la foi, Ãnoch fut enlevé pour quâil ne vît pas la mort; et il ne fut pas trouvé, parce que Dieu lâavait enlevé; car, avant son enlèvement, il a reçu le témoignage dâavoir plu à Dieu» (Héb. 11:5). Ãnoch fut «le septième homme depuis Adam», et Dieu ne permit pas à la mort de remporter la victoire sur «le septième homme»; Dieu intervint et fit de lui un trophée de sa glorieuse victoire sur toute la puissance de la mort. Câest un fait dâune haute portée. Après avoir entendu six fois cette sentence: «Il mourut», le cÅur est réjoui de trouver un septième homme qui ne mourut pas. Comment échappa-t-il à la mort? â par la foi. «Ãnoch marcha avec Dieu trois cents ans»: cette marche avec Dieu, dans la foi, le séparait de tout ce qui lâentourait, car marcher avec Dieu nous place nécessairement en dehors de la sphère des pensées de ce monde; et alors déjà , comme de nos jours, lâesprit du monde était opposé à tout ce qui est de Dieu. Lâhomme de foi sentait quâil nâavait rien à faire avec le monde, au milieu duquel il nâétait quâun témoin patient de la grâce de Dieu et du jugement à venir. Les fils de Caïn pouvaient user leur intelligence et dépenser leur force dans le vain espoir dâaméliorer un monde maudit; Ãnoch avait trouvé un monde meilleur, et vécut dans la puissance de ce monde à venir1. Il nâavait pas reçu la foi pour améliorer le monde, mais pour marcher avec Dieu.
1 Il est bien évident quâÃnoch ne connaissait rien du procédé trop commun de tirer le meilleur parti des deux mondes, ou plutôt du monde et du ciel. Pour lui il nây avait quâun monde dans ce sens, savoir le ciel. Il doit en être ainsi de nous.
«Il marcha avec Dieu!» Que ne renferment pas ces quelques mots! Quelle séparation pour Dieu, et quel renoncement ils supposent! Quelle sainteté et quelle pureté morale! Quelle grâce et quelle douceur! Quelle humilité et quelle tendresse! Mais aussi quel zèle et quelle énergie! Quelle patience et quel long support, et en même temps quelle fidélité, quelle fermeté et quelle décision! Marcher avec Dieu, ce nâest pas seulement vivre dâaprès des règles et des règlements, ou former des plans et prendre des résolutions dâaller ici ou dâaller là , de faire ceci ou de faire cela; marcher avec Dieu, câest infiniment plus que toutes ces choses à la fois; câest vivre avec Dieu dans la connaissance du caractère de Dieu tel quâil a été révélé, et avec lâintelligence des relations dans lesquelles nous nous trouvons avec lui. Cette vie nous conduira parfois tout juste à lâencontre des pensées des hommes et même de nos frères, si ceux-ci ne marchent pas avec Dieu, et elle pourra soulever contre nous lâopposition de tous: on nous accusera de faire trop, dâautres fois de faire trop peu: mais la foi, qui rend capable de marcher avec Dieu, enseigne aussi à ne pas attacher aux pensées des hommes plus de valeur quâelles nâen ont.
La vie dâAbel et celle dâÃnoch nous fournissent, comme nous venons de le voir, un précieux enseignement, à lâégard du sacrifice sur lequel la foi repose, et à lâégard de la perspective que lâespérance anticipe dès maintenant; tandis que «la marche avec Dieu» nous fait embrasser en même temps tous les détails de la vie de la foi. «LâÃternel donnera la grâce et la gloire» (Psaumes 84:12); â et entre la grâce qui a été révélée et la gloire qui sera révélée, il y a la bienheureuse assurance quâil «ne refusera aucun bien à ceux qui marchent dans lâintégrité» (Psaumes 84:11). La croix et le retour du Seigneur sont les deux points extrêmes de lâexistence de lâÃglise, et ces deux points extrêmes sont préfigurés dans le sacrifice dâAbel et la transmutation dâÃnoch. LâÃglise sait quâelle est parfaitement justifiée par la mort et la résurrection de Christ, et elle vit dans lâattente du jour où il viendra pour la recevoir auprès de lui. «Car nous, par lâEsprit, sur le principe de la foi, nous attendons lâespérance de la justice» (Gal. 5:5); elle nâattend pas la justice, parce que, par la grâce, elle la possède déjà , mais elle attend lâespérance qui appartient proprement à la condition dans laquelle elle a été introduite.
Il est important de se mettre bien au clair sur ce point. Quelques interprètes de la vérité prophétique sont tombés dans de grandes erreurs, pour nâavoir pas compris quelles sont la position, la part et lâespérance de lâassemblée. Ils ont entouré «lâétoile brillante du matin», qui est lâespérance propre de lâÃglise, de tant dâobscurité et de si sombres nuages, quâun grand nombre de saints semblent incapables de sâélever au-dessus de lâespérance du résidu pieux dâIsraël, espérance qui consiste à voir se lever le soleil de justice qui apporte la guérison dans ses ailes (Mal. 3:20 ml 3.19-21). Et ce nâest pas tout: beaucoup de chrétiens ont perdu la force morale de lâespérance de lâapparition de Christ, pour avoir été enseignés à attendre divers événements avant la manifestation de Christ à lâÃglise; on leur a appris, contrairement aux déclarations nombreuses et explicites du Nouveau Testament, que le rétablissement des Juifs, le développement de la statue de Nebucadnetsar et la révélation de lâhomme de péché doivent précéder le retour de Christ. Lâassemblée, comme Ãnoch, sera enlevée de devant le mal qui lâentoure, et de devant celui qui est à venir. Ãnoch ne fut pas laissé sur la terre pour voir le mal atteindre son apogée et le jugement de Dieu fondre sur elle. Il ne vit pas sâouvrir «les fontaines de lâabîme et les écluses des cieux»; il fut enlevé avant ces terribles événements; et, pour lâÅil de la foi, il est ainsi un type admirable de ceux qui ne sâendormiront pas, mais qui seront tous changés en un clin dâÅil (1 Cor. 15:51, 52 1cr 15.51-53). Ãnoch nâa pas passé par la mort, il a été transmué, et lâassemblée est appelée à «attendre des cieux son Fils» (1 Thess. 1:10): câest là son espérance, lâobjet de son attente. Le plus simple chrétien, le plus illettré, peut comprendre ces choses et en jouir; et il peut, en une certaine mesure, en réaliser la puissance. Sâil ne peut faire une étude approfondie de la prophétie, il peut, que Dieu en soit béni, goûter le bonheur, la réalité, la puissance et la vertu sanctifiante de cette espérance céleste qui lui appartient de droit, comme membre de ce corps céleste qui est lâassemblée; lâespérance dont il jouit ne se borne pas à lâattente de voir se lever «le Soleil de justice», quelque bonne que cette espérance puisse être dâailleurs, mais à celle de voir lâétoile brillante du matin (Apoc. 2:28 ap 2.26-28). Et comme dans le monde physique lâétoile du matin apparaît à ceux qui veillent avant le lever du soleil, de même Christ apparaîtra à lâÃglise avant que le résidu dâIsraël contemple les rayons du Soleil de justice.