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Bible Commentaries
Daniel 8

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versets 1-27

Au point où nous en sommes du livre de Daniel, il se fait un changement remarquable qui n’est peut-être pas connu de tous ses lecteurs. La langue, dans laquelle l’Esprit de Dieu révèle les visions suivantes est différente de celle des parties précédentes du livre. Depuis le début du chapitre 2 (v. 4) jusqu’à la fin du chapitre 7, le langage employé est le chaldéen, celui du roi de Babylone; tandis qu’à partir du chapitre 8 jusqu’à la fin, c’est l’hébreu — la langue ordinaire de l’Ancien Testament. Or, ce changement n’est pas sans raison. Voici, je pense, ce qu’il faut en conclure: ce qui concernait particulièrement les monarchies Gentiles fut communiqué dans le langage du premier grand empire Gentil. Cela les concernait directement; et le fait est, comme nous le savons, que la première vision, celle de la statue, fut reçue par le monarque Gentil lui-même — Nebucadnetsar. À partir de là, jusqu’à la fin du chapitre 7, c’est dans sa langue que le livre de Daniel est écrit.

Mais maintenant nous allons aborder des visions concernant spécialement les Juifs. Ainsi, par exemple, le chapitre 8 fait allusion au sanctuaire, au peuple des saints, au sacrifice continuel et à beaucoup d’autres points particuliers qu’un Gentil aurait eu de la peine à comprendre, et qui n’auraient eu pour lui aucune espèce d’intérêt. Mais, quoique les détails puissent paraître bien infimes à nos yeux, ne concernant que le passé, et qu’un peuple complètement éclaté et dispersé sur la surface de la terre, pourtant, dans la pensée de l’Esprit, ces choses conservent un intérêt réel et permanent, et Dieu n’en a pas fini avec les Juifs, tant s’en faut.

Au cours de toute leur histoire, les Juifs ont appris à connaître la misère de chercher à mériter les promesses faites aux pères en pur don; et il leur a été permis de faire la terrible expérience de la folie et de la ruine résultant nécessairement des tentatives de l’homme cherchant à gagner ce qu’il ne peut obtenir que de la seule grâce de Dieu. Tel a été, et tel est encore, le grand secret de toute leur histoire, passée comme présente. La puissance de Dieu les avait fait sortir du pays d’Égypte; mais, à Sinaï, ils entreprirent de faire tout ce que leur disait l’Éternel. Ils ne dirent pas un mot des promesses faites par Dieu. L’Éternel y faisait allusion: mais ils ne lui rappelèrent, en aucune façon, qu’ils étaient un peuple de cou raide, rebelle et incrédule. Et lorsque Dieu leur proposa de lui obéir, au lieu de reconnaître leur profonde incapacité, au lieu de se rejeter uniquement sur sa miséricorde, ils firent, au contraire, une réponse trahissant cette hardiesse présomptueuse qui caractérise toujours l’homme dans son état naturel: «Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons». Le résultat fut qu’ils ne firent rien de ce que l’Éternel avait dit. Ils furent désobéissants à chaque pas, et Dieu dut les traiter comme ils le méritaient. Sans aucun doute, la bonté de Dieu n’a pas cessé de se montrer dans leur histoire; et même, par la grâce de Dieu, chaque nouvelle étape dans leurs manquements n’a fait qu’amener quelque type, ou figure des bénédictions que Dieu leur donnera bientôt: alors, guéris par sa miséricorde de la triste erreur de la chair, et disciplinés dans les souffrances, les épreuves, et cette terrible tribulation par laquelle ils doivent encore passer, ils tomberont aux pieds du Béni qu’ont méprisé et crucifié leurs pères, reconnaissant que seule, la miséricorde de Dieu peut leur obtenir une bénédiction quelconque, et que c’est uniquement Sa fidélité qui accomplira tout ce dont Il a parlé à leurs pères.

C’est ce que nous avons vu commencer à poindre d’une façon particulière dans les prophéties de Daniel. Car, quoiqu’il y en ait eu des types dans les parties précédentes (Daniel lui-même dans la fosse aux lions — ou comme interprète du roi — les trois jeunes Hébreux refusant d’adorer les idoles), toutes ces choses étaient des ombres anticipant ce que Dieu fera dans les derniers jours pour Israël, au milieu d’une petite semence qu’il se gardera pour Lui-même. Mais ce ne sont pas des types si clairs, et beaucoup de chrétiens considèrent comme un effet de l’imagination de les prendre pour des types. Mais maintenant nous allons trouver des choses qu’on ne devrait pas contester, même un instant. Il se trouve néanmoins bon nombre de véritables chrétiens qui prennent ces prophéties comme s’appliquant seulement à l’Église chrétienne. Ils sont disposés à voir la papauté dans la petite corne du chapitre 7. Et dans ce chapitre-ci, plusieurs y trouvent l’Islam, le fléau du monde oriental, comme la papauté est le fléau du monde occidental. Quelles que soient les analogies que n’importe quel esprit attentif et réfléchi peut faire à propos de la petite corne du chapitre 7 (je ne les contredirais nullement), j’admets qu’on peut faire les mêmes analogies avec l’Islam en Orient. Mais je désirerais faire ressortir clairement l’intention directe de l’Esprit de Dieu dans ces portions de l’Écriture. C’est très bien de voir les semences de mal qui germent dans le monde, et le fait que les horreurs des derniers jours ont des précurseurs — signaux d’avertissement surgissant de temps en temps sur la surface de la terre pour montrer ce qui va arriver. Mais dans l’étude de la parole de Dieu, il est très important d’éliminer tout désir de trouver la réponse à la prophétie dans les événements passés ou contemporains. L’essentiel est de s’en approcher sans préjugés, et animé du seul désir de comprendre ce que Dieu nous enseigne. En conséquence, qu’il s’agisse du passé ou de l’avenir, aussi bien que du présent, l’exigence majeure et absolument indispensable, est de rester soumis à Dieu et à la parole de sa grâce. C’est dans cet esprit-là que je désire m’efforcer d’expliquer le sens de notre chapitre, pour autant que le Seigneur m’en rendra capable.

Ici, comme au chapitre 7, la vision eut lieu sous le règne de Belshatsar, tandis que les visions ultérieures eurent lieu après le renversement de la puissance de Babylone. Mais jusqu’alors, Babylone n’avait pas encore été atteinte par le jugement. Pourtant, le lieu même où eut lieu la vision nous prépare à un certain changement. C’était en Orient — et même plus à l’est — au palais à Suse, dans la province d’Élam. Élam est l’ancien nom de la Perse, ou tout au moins d’un de ses districts. «Je vis dans la vision, et j’étais près du fleuve Ulaï». Je mentionne cela seulement pour montrer que nous avons certains indices sur la portée de cette prophétie. Il lève ses yeux, et voit un bélier, symbole bien connu, en usage même en Perse, et qu’on retrouve fréquemment sur ses monuments et documents publics. «Et voici, un bélier se tenait devant le fleuve, et il avait deux cornes; et les deux cornes étaient hautes, et l’une était plus haute que l’autre, et la plus haute s’éleva la dernière». L’allusion au caractère mixte de l’empire perse est manifeste. Deux éléments, distincts l’un de l’autre, se trouvaient dans cet empire: l’élément Mède, qui était le plus ancien des deux, et l’élément Perse, qui était le plus récent. Mais, avec le temps, le plus récent devint le plus important: aussi lisons-nous que l’une des cornes était plus haute que l’autre, et que la plus haute s’éleva la dernière. Quoique Darius, le Mède, ait pris le royaume lors de la chute de Babylone, c’est néanmoins Cyrus, le Perse, qui, en son temps, obtint la prééminence, et ultérieurement, ce sont toujours les Perses qui sont surtout mentionnés. Mais la distinction des deux éléments de l’empire était constatée déjà auparavant, par exemple dans le langage des nobles à Darius disant: «la loi des Mèdes et des Perses». Le bélier avait deux cornes.

«Je vis le bélier heurtant vers l’occident, et vers le nord, et vers le midi» — c’est-à-dire, dans la direction des diverses conquêtes de l’empire des Perses — «et aucune bête ne pouvait tenir devant lui, et il n’y avait personne qui pût délivrer de sa main; et il fit selon son gré, et devint grand». Ici, on est bien obligé de reconnaître que toute l’histoire profane n’a qu’à s’incliner profondément devant la parole de Dieu. Mais pour nous renseigner, nous n’avons nul besoin d’aller au-delà de l’Écriture elle-même. Qu’on lise les livres d’Esdras, Néhémie, etc., et on verra combien cette domination s’étendait loin et était incontestée. Même l’histoire profane utilisait l’expression solennelle «le grand roi» pour parler de la monarchie perse. Tout cela concorde parfaitement avec la description que nous en fait la prophétie: «Il fit selon son gré, et devint grand».

«Et je considérais, et voici, un bouc venant du couchant». Nous avons ici la première irruption que l’Occident ait jamais faite dans le monde oriental. C’était un événement tout à fait improbable, car l’Orient avait été le berceau de la race humaine. C’était en Orient que l’homme avait été placé à sa création. C’était en Orient qu’il avait pour ainsi dire commencé sa seconde histoire — je veux dire son histoire dans le monde après le déluge. C’est de ce centre que les diverses races d’hommes s’étaient répandues sur la terre après la confusion des langages à Babel, par l’Éternel. Enfin, c’était aussi en Orient que la civilisation avait pris un essor considérable, des siècles avant que l’Occident émerge de la barbarie. Malgré tout cela, la figure prophétique si frappante que nous avons sous les yeux nous apprend qu’un adversaire des Perses surgit de l’Occident, — une puissance venant d’une tout autre région que la leur, et représentée par le bouc de la vision — et ceci eut lieu alors que le royaume de Perse était encore sans rival, loin d’être sur le déclin, et encore dans la plénitude de sa puissance. Cette puissance de l’Occident s’avança avec la plus grande rapidité possible, selon l’expression, ici: «il ne touchait pas la terre». Quiconque est tant soit peu capable de se faire une conviction, ne peut hésiter un moment sur le sens de ce symbole, à supposer même qu’il ne disposât pas de l’interprétation divine donnée dans notre chapitre. Parmi les anciens empires, il n’y en a qu’un auquel on puisse imaginer d’appliquer ce symbole — l’empire grec — dont le premier chef, Alexandre, est évidemment visé par l’image de la grande corne sur la tête du bouc.

«Et il vint jusqu’au bélier qui avait les deux cornes, que j’avais vu se tenir devant le fleuve, et courut sur lui dans la fureur de sa force. Et je le vis arriver tout près du bélier, et il s’exaspéra contre lui et frappa le bélier, et brisa ses deux cornes». L’Esprit de Dieu nous donne là, en peu de mots, ce que toute l’histoire confirme. Après la chute de Babylone, un autre empire s’élèverait, symbolisé par le bélier, et ayant cette particularité de tirer sa force de deux peuples différents. Cet empire garderait toute sa puissance pendant un certain temps; puis, d’une autre région où aucun royaume de quelque renom n’a jamais existé, il vient une puissance progressant à une vitesse étonnante, et ayant à sa tête un roi d’un courage et d’une ambition extraordinaires. Ce personnage frappe l’empire Perse si complètement que «le bélier fut sans force pour tenir devant lui: il le jeta par terre et le foula aux pieds, et il n’y eut personne qui pût délivrer le bélier de sa main». L’expression «s’exaspéra» se rapporte plus particulièrement à l’empire Grec et à Alexandre. Les Grecs avaient en effet un fond de haine contre les Perses qu’on ne retrouve dans aucun autre empire, et il y eut une grande part de sentiment personnel dans leurs guerres, ce qu’exprime admirablement le terme «s’exaspéra».

Qu’est-ce que cela vient faire ici? On ne trouve rien de semblable dans les attaques des Perses contre les Babyloniens, si féroces qu’ils fussent, ni dans celles des Romains contre les Grecs; mais cela s’applique avec justesse à l’irruption des Grecs dans l’empire des Perses. Ces derniers avaient antérieurement envahi la Grèce, et avaient ainsi soulevé contre eux les plus vifs ressentiments. Cette animosité traditionnelle se transmettait de père en fils, en sorte que les Grecs se considéraient comme les ennemis naturels des Perses. Telle était l’effet de provocation suscité par les Perses chez les Grecs, alors que ceux-ci n’étaient à cette époque qu’un groupe de petites ethnies ne cherchant guère à repousser leurs frontières au-delà de leur contrée natale. Maintenant le temps était venu pour les Grecs de leur rendre ce coup et de les attaquer dans leur propre pays; et le bouc, avec cette corne remarquable sur la tête, arrive rempli de fureur (exaspéré), frappe le bélier et brise ses deux cornes, le jette par terre, et le foule aux pieds. Aucune description ne saurait être plus claire ni plus exacte pour donner une idée juste de la position relative de ces deux puissances. Même si vous lisiez l’histoire toute votre vie, vous ne sauriez trouver un tableau plus vivant de la chute des Perses que celui que l’Esprit de Dieu a tracé en quelques lignes.

Il devait s’écouler un peu moins de trois cents ans entre le temps de Daniel et l’accomplissement de ces grands événements — période suffisamment longue pour montrer la merveilleuse et parfaite sagesse de Dieu, et la manière dont il dévoile l’avenir à son peuple, — mais période relativement courte dans l’histoire du monde; néanmoins ce n’était point là le grand objet que Dieu avait en vue. La pensée de l’Esprit vise toujours la fin. Il peut bien présenter des choses devant s’accomplir dans un avenir relativement proche, mais Il dirige principalement Son attention vers la fin de ce siècle, et non vers les événements du monde contemporain. Dieu a un peuple qui est l’objet de son cœur, quoique par sa folie, et faute de s’appuyer sur Dieu, ce peuple ait déshonoré et rejeté Christ, à la suite de quoi, selon la parole de Dieu, il a été et est un sujet de mépris et de raillerie pour les nations. Mais quoiqu’on pense de la puissance de la Perse, ou de la Grèce, et quelle que soit l’importance de leurs querelles qui remplissent l’histoire du monde, Dieu ne s’en occupe guère. Il condense les annales de plusieurs siècles en quelques mots. Le point sur lequel Dieu se focalise et vers lequel il se hâte, peut être mineur aux yeux du monde; mais comme il se rattache aux intérêts de Son Roi et de Son peuple, Dieu passe directement aux événements qui les concernent dans les derniers jours. Cela nous donne la clé des passages suivants de l’Écriture: leur importance vient de leur relation avec l’histoire des Juifs, et de ce qu’ils sont le miroir de ce qui va arriver avant le grand jour de l’Éternel.

«Et le bouc devint très grand; et lorsqu’il fut devenu fort, la grande corne fut brisée». C’est exactement ce qui arriva à Alexandre: il mourut tout jeune, au milieu de ses victoires. «Et quatre cornes de grande apparence s’élevèrent à sa place, vers les quatre vents des cieux». Après la mort d’Alexandre, il s’écoula un certain temps durant lequel ses généraux se firent la guerre entre eux, essayant d’établir et de s’approprier un grand nombre de royaumes; mais, en définitive, il s’en forma quatre, issus du vaste empire qu’il avait laissé. Je ne doute donc nullement qu’il soit ici fait allusion à la division bien connue de l’empire d’Alexandre en quatre royaumes, qui eut lieu environ trois cents ans avant la venue de Christ.

«Et de l’une d’elles sortit une petite corne», nommée ailleurs dans l’Écriture le Roi du Nord. Placé au Nord, il pousse sa domination «vers le midi, et vers le levant, et vers le pays de beauté». Mes raisons pour penser ainsi, outre celle tirée de la direction qu’il donne à ses conquêtes (direction qui montre où se trouve sa puissance propre et le point d’où il partait), apparaîtront mieux lorsque nous arriverons au verset 11. Ce qui nous est présenté ici, c’est la succession de ces deux empires — la Perse d’abord, et ensuite la Macédoine. Car c’est de l’un des fragments de cet empire Grec qu’a surgi un roi qui devait plus tard jouer un rôle majeur en rapport avec le pays et le peuple des Juifs. C’est là le grand sujet de ce chapitre.

Nous voyons ensuite ici que cette petite corne s’agrandit même «jusqu’à l’armée des cieux, et fit tomber à terre une partie de l’armée et des étoiles, et les foula aux pieds». Ces paroles, je pense, désignent ceux qui occupaient une position d’honneur et de gloire devant le peuple juif. C’est ainsi que, dans le Nouveau Testament, les étoiles sont employées comme le symbole des personnes qui sont établies dans une position d’autorité dans l’Église. Précisément de la même manière, je pense, que par «l’armée des cieux», il faut entendre les personnes établies dans une position d’autorité dans le régime politique juif. C’est la clé pour l’intelligence de toute cette portion de la prophétie, et l’importance de tout ce qui touche Israël ressort de plus en plus. De là vient l’emploi de cette expression: «l’armée des cieux», qui peut paraître forte. Mais n’en soyons pas surpris. Dieu porte à son peuple l’intérêt le plus profond. Souvenons-nous que cela n’implique nullement que son peuple fût dans un bon état. Au contraire, quand il s’agit de juger un état de chute, il nous faut prendre en considération la position occupée par le peuple, et c’est elle qui détermine leur responsabilité. S’agissant de la chrétienté, il faut se souvenir que tous ceux qui font profession du nom du Seigneur, soit en vérité, soit à tort — toute personne baptisée, et qui, par conséquent, a pris place là où le nom de Christ est extérieurement reconnu, — se trouvent dans la maison de Dieu. Les gens s’imaginent que seuls ceux qui sont réellement convertis sont sous des obligations morales sous ce rapport. C’est une erreur complète, bien que sans aucun doute, une nouvelle catégorie de responsabilité découle du fait de la conversion et des relations de la grâce. «Si vous vivez par l’Esprit, marchez aussi par l’Esprit».

Mais il est une responsabilité ayant pour effet une grande augmentation de culpabilité, lorsqu’on a été placé dans une position privilégiée. C’est là une vérité bien solennelle, et Dieu y attache de l’importance. Voyez la seconde épître à Timothée: la maison de Dieu y est comparée à une maison grande parmi les hommes, qui renferme des vases, les uns à déshonneur et les autres à honneur. Les premiers ne sont pas du tout convertis; ils peuvent être tout à fait corrompus, et pourtant ils sont nommés comme étant des vases dans la maison de Dieu. L’Église, ce qui porte le nom de Christ sur la terre, est toujours responsable de marcher comme il convient à l’épouse de Christ. Toutefois, vous ne pouvez parler d’un tel privilège et d’une telle responsabilité en ignorant l’état de ruine entière, de décadence et de faillite de ce qui porte Son nom. De là vient l’importance pratique de ne pas perdre de vue la position que Dieu nous a assignée. Jamais nous ne pouvons apprécier à quel point nous sommes tombés bas, tant que nous n’avons pas vu la position dans laquelle Dieu nous a placés au commencement. Supposons que j’aie à examiner mes voies en tant que chrétien: il me faut d’abord me rappeler qu’un chrétien est un homme vivifié avec Christ, et dont les péchés sont effacés, et qui est membre du corps de Christ et est aimé du même amour dont le Père a aimé le Fils. Bien des gens ont l’habitude de penser que si un homme n’est ni juif, ni turc, ni païen, ce doit être un chrétien. Mais lorsqu’un croyant apprend qu’un chrétien est quelqu’un qui a été fait roi et sacrificateur pour Dieu, que c’est un adorateur sanctifié qui n’a plus conscience de péché, cela produit en lui un profond exercice d’âme et lui fait sentir qu’il n’a pas la moindre idée de ce que sont sa vocation et sa responsabilité. Il commence alors à avoir en Christ un différent repère d’appréciation de la manière dont il doit se comporter dans ses sentiments, son travail, sa marche pour Dieu, et son adoration.

La même chose s’applique aussi à Israël. Notre passage utilise l’expression «armée et étoiles des cieux» pour désigner ceux qui tenaient une position d’autorité responsable au milieu du peuple. C’est Dieu qui leur avait conféré une place d’autorité. Il faut se souvenir qu’Israël, dans la pensée de Dieu, est le peuple qui occupe la première place sur la terre. Ils sont la tête, et les Gentils, la queue. Ceci est nouveau, j’en suis conscient, pour les gens qui ont l’habitude de regarder les Juifs avec pitié et dédain, ne jugeant les Juifs que d’après leur dégradation présente. Mais pour juger correctement, il faut considérer les choses avec Dieu, selon Sa Parole; et Dieu emploie des expressions fortes à l’égard des personnes placées depuis longtemps dans une position extérieure d’autorité parmi les Juifs. Des commentateurs ont supposé que, puisque des termes si élogieux s’appliquaient à des hommes, il fallait qu’il s’agisse de chrétiens. Mais dans le gouvernement du monde, c’est Israël qui a la première place dans la pensée de Dieu, et qui est son peuple. Telle est la vocation de ce peuple, et «les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir». Jamais Dieu n’abandonnera la grande pensée qu’Il a appelé Israël à cette position, et c’est selon cette référence qu’Israël est jugé.

La puissance de Babylone n’est pas encore tombée au moment où cette vision est accordée à Daniel; elle nous présente un tableau de ce qui arrivera à Israël aux derniers jours, avant que la puissance des nations, qui commença par Babylone, soit mise complètement de côté.

Cette petite corne s’agrandit, et renversa une partie de l’armée et des étoiles des cieux, et les foula aux pieds. En d’autres termes, elle renversa certains gouverneurs juifs qui se trouvaient dans cette place d’autorité; elle les traita avec la pire cruauté, en les dégradant. «Et il s’éleva jusqu’au chef de l’armée» (ce qui veut dire l’Éternel lui-même, je suppose); «et le sacrifice continuel fut ôté à celui-ci». Dire que «celui-ci» est la petite corne, introduit la plus grande confusion, et ensuite «la place de son sanctuaire» doit signifier celle du chef de l’armée. La personne représentée par cette petite corne doit se glorifier jusqu’au niveau même du chef de l’armée. «Et le sacrifice continuel fut ôté à celui-ci, et le lieu de son sanctuaire fut renversé. Et un temps de détresse fut assigné au sacrifice continuel, pour cause de transgression». Puis nous revenons de nouveau à la petite corne: «Et elle jeta la vérité par terre, et agit, et prospéra». En d’autres mots, le verset 11, à partir de «et le sacrifice», et la première moitié du 12, forment une parenthèse. Puis, dans la dernière partie du verset 12, nous trouvons de nouveau le «elle» désignant la petite corne du verset 10, laquelle doit apparaître et traiter cruellement les Juifs, et plus cruellement encore leurs gouverneurs.

Puis nous avons, selon l’expression du prophète, «un saint qui parlait; et un autre saint dit au personnage qui parlait: Jusqu’où va la vision du sacrifice continuel et de la transgression qui désole, pour livrer le lieu saint et l’armée pour être foulés aux pieds? Et il me dit: Jusqu’à deux mille et trois cents soirs et matins; alors le lieu saint sera purifié». Je soupçonne fort qu’en général, tout ce que nous lisons là, sauf ce qui est présenté sous forme de parenthèse, a eu un accomplissement partiel dans le passé. Dans le chapitre 11, les caractéristiques de cette petite corne auxquelles il est fait allusion ici, sont décrites encore plus minutieusement. Nous y trouverons un personnage portant le nom d’Antiochus Épiphane dans l’histoire profane, et qui fut un homme particulièrement mauvais. Si vous avez lu les livres des Macchabées (quoique ne faisant pas partie de l’Écriture, ils sont en général vrais historiquement parlant, au moins pour deux d’entre eux), vous savez qu’ils racontent l’histoire de ce roi syro-macédonien, et montrent quels sentiments terribles il nourrissait contre Israël. Il essaya d’imposer de force aux Juifs le culte païen, spécialement celui de Jupiter olympien, et il mit à mort tous ceux d’entre eux qui résistaient à ses desseins, jusqu’à ce qu’il fut contenu et défait à la fin, en partie par les Romains et en partie par la force et le courage des Macchabées eux-mêmes; alors le temple fut purifié une fois de plus et le culte juif restauré. Sans aucun doute, il a été historiquement le personnage désigné par la petite corne. On trouve en lui la même sorte de traits qui réapparaîtront dans un autre grand chef des derniers jours, ainsi que la dernière partie de ce chapitre le rendra évident, je pense: en effet, lorsque l’ange Gabriel parle au prophète, il lui dit: «Comprends, fils d’homme, car la vision est pour le temps de la fin». Cette parole indique que ce qu’il va expliquer d’une façon plus détaillée, se rapporte à ce temps futur.

Mais ceci me fournit l’occasion de répéter une remarque déjà faite plus haut, à savoir que nous ne devons jamais supposer que les explications que l’Écriture nous donne d’une vision ne sont qu’une simple répétition de ce qui précède. Elles font allusion au passé, mais elles ajoutent des traits nouveaux qui n’avaient pas encore été présentés. Cela est particulièrement manifeste dans le cas qui est devant nous. La partie de la vision déjà passée (ce qui a été vu par le prophète) a été accomplie pour l’essentiel; tandis que la portion explicative ajoute des informations nouvelles qui portent en avant sur les derniers jours. Néanmoins il y a quand même, dans une certaine mesure, une explication de ce qui a précédé. Mais on peut observer qu’il est fréquent de voir les derniers jours amenés devant nous dans les explications de l’ange.

«Et il dit: Voici, je te fais connaître ce qui aura lieu à la fin de l’indignation; car à un temps déterminé sera la fin» (v. 19). Il ne saurait y avoir d’incertitude sur le sens de ce passage, pour peu que les prophètes nous soient familiers. Prenez le premier d’entre eux. La même expression «l’indignation» ou «la colère» s’y trouve. À la fin de Ésaïe 5, puis aux chapitres 9 et 10, ces mots «indignation» ou «colère» sont répétés à plusieurs reprises. Le prophète fait voir que l’indignation de Dieu s’était soulevée contre Israël, en conséquence de l’idolâtrie de son peuple et surtout de ses rois. Il envoie sur eux un châtiment. Mais, quels que soient d’abord les effets du châtiment, le mal éclate de nouveau avec une vigueur renouvelée, comme il le fait toujours, à moins d’avoir été ôté. C’est pourquoi le prophète répète ce terrible refrain: «Sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue». Sa colère reste embrasée jusqu’à ce que l’Éternel annonce (10:25) que son indignation cessera. Mais en quoi prendra-t-elle fin? Ce passage met en scène un personnage nommé l’Assyrien; et cet Assyrien, un fouet à l’égard d’Israël, était premièrement apparu avec Sankhérib, le roi d’Assyrie de l’époque. Il fut le premier à intervenir directement dans les affaires de Juda, comme Shalmanéser l’avait fait avec Israël. Et que lisons-nous ici à son sujet? L’Assyrien doit être employé comme verge de la colère de Dieu; mais quand Dieu aura achevé toute son œuvre sur la montagne de Sion et à Jérusalem, — quand il aura, pour ainsi dire, laissé son indignation finir son embrasement — la colère prendra fin dans la destruction de l’Assyrien lui-même, parce qu’il aura oublié qu’il n’était qu’une verge dans les mains de l’Éternel. Il s’était flatté d’avoir tout accompli par sa propre sagesse et sa propre puissance; mais l’Éternel déclare qu’il s’occupera de la verge elle-même et qu’il la détruira. Aussi ce même chapitre nous montre-t-il l’indignation de l’Éternel cessant son œuvre destructrice. L’indignation se rapporte uniquement à son peuple, à Israël.

Il est évident pour moi, que cela confirme que nous sommes sur un terrain juif, comme je le disais plus haut. Il n’est point question de ce qu’ont fait les papes ou les musulmans, ni des progrès de l’apostasie orientale ou occidentale. Il s’agit d’Israël, — la dernière indignation de Dieu contre Israël. Mais, demandera-t-on: pourquoi le quatrième empire n’est-il pas introduit ici. La raison en est la suivante: quoique la domination soit ôtée à ces empires, et qu’à la suite de cela, ils se succèdent les uns aux autres, cependant leur corps subsiste. Et c’est du troisième empire, non pas du quatrième, que doit surgir cette puissance jouant un rôle si important dans les derniers jours. Nous devons donc nous rappeler que la petite corne du chapitre 8 est une puissance entièrement distincte de la petite corne du chapitre 7. Celle du chapitre 7 est le dernier chef de l’empire romain, qui s’élève du quatrième empire au temps où il est divisé en dix royaumes, tandis que cette puissance-ci s’élève du troisième empire au temps où il est divisé en quatre — non pas en dix. Rien ne peut être plus différent. Sans doute, la domination suprême du monde s’est déplacée du troisième empire au quatrième; mais comme nous avons eu avec Sankhérib un représentant de l’Assyrien, de même aux derniers jours, il y aura aussi un héritier du troisième empire qui s’immiscera dans les affaires d’Israël d’une manière particulière. De même qu’il y aura un grand chef en Occident, de même il y en aura un aussi en Orient, surgissant de l’empire Grec. N’oublions pas en outre, que tout en étant l’empire Grec, il était à l’ouest par rapport à Babylone et à la Palestine, et à l’est par rapport à Rome. Plus tard, nous en apprendrons davantage sur cette petite corne.

Le verset 20 fait connaître que le bélier à deux cornes représente les rois de Médie et de Perse, et le verset 21 que «le bouc velu, c’est le roi de Javan (la Grèce); et la grande corne qui était entre ses yeux, c’est le premier roi». Puis, au verset 22, l’empire Grec est brisé, et le verset 23 ajoute: «Et au dernier temps de leur royaume, quand les transgresseurs auront comblé la mesure, il s’élèvera un roi au visage audacieux, et entendant les énigmes». Ceci, à mon avis, ne se rapporte pas à Antiochus Épiphane, mais bien à celui dont Antiochus était le type. Remarquez encore les termes: «Et au dernier temps de leur royaume, quand les transgresseurs auront comblé la mesure». «Et sa puissance sera forte, mais non par sa propre puissance». C’est une description remarquable, qui n’est point utilisée à propos de la petite corne du chapitre 7. Pour cette dernière, c’était, je pense, par sa propre puissance. Satan pouvait aussi lui donner le pouvoir, mais elle portait dans sa propre personne la force de l’empire romain. Mais, dans le cas qui nous occupe, bien que la puissance de ce chef soit grande, ce ne sera point par sa propre puissance. Il dépend de la force qui lui est donnée par d’autres. Il sera l’instrument d’une politique et d’une puissance étrangères, et non pas siennes. «Et il détruira merveilleusement, et il prospérera et agira; et il détruira les hommes forts et le peuple des saints». C’est-à-dire, qu’il est fait mention de lui à titre principal et d’une manière expresse, en relation avec les Juifs en tant que peuple. Il ne s’agit pas ici des saints des lieux très hauts. Ce que nous trouvons ici, c’est une expression figurée, désignant les principaux du peuple juif, en contraste avec les Gentils. Il n’y a aucune allusion à leur caractère personnel; ceci n’entre pas en ligne de compte au chapitre 8.

Ce roi s’immiscera dans les affaires d’Israël, et détruira les puissants et le peuple des saints. «Et par son intelligence, il fera prospérer la fraude dans sa main; et il s’élèvera dans son cœur; et, par la prospérité il corrompra beaucoup de gens». C’est-à-dire qu’il tirera parti pour la réussite de ses desseins, de leur état de bien-être, et du fait qu’ils ne sont pas préparés à ses envahissements par ruse. «Il se lèvera contre le prince des princes, mais il sera brisé sans main». Il sera entièrement sans appui dans ce dernier combat. Il est dit dans un autre passage (11:45): «Il viendra à sa fin, et il n’y aura personne pour le secourir».

Soulignons ce qui fera ressortir l’importance de ce sujet plus clairement qu’en en restant à Daniel 8. Y a-t-il d’autres passages de l’Écriture jetant de la lumière sur l’identité de ce personnage et sur ce qu’il fera? Je réponds: Oui, il y en a. Ce personnage est le même que celui dont il est fait mention en diverses parties de la parole de Dieu, sous le nom d’«Assyrien», ou de «roi du Nord» : c’est toujours celui qui est décrit comme le grand ennemi des Juifs dans les derniers jours. En ce temps-là, les Juifs seront exposés à deux maux: un mal intérieur, dans leur propre pays, l’Antichrist, s’asseyant comme dieu dans le temple de Dieu; et un mal venant sur eux du dehors, l’Assyrien. Il s’avance contre eux comme un ennemi, et il est aussi capable d’une politique subtile. Ce n’est pas simplement la puissance guerrière qui le distingue. Sans doute il est violent dans son attitude, mais il a l’intelligence des énigmes. Il se présentera comme un grand et profond docteur, ce qui aura naturellement beaucoup d’influence sur l’esprit des Juifs, car ils ont toujours été un peuple adonné aux recherches et aux spéculations intellectuelles de tous ordres. Ces dernières années, la plupart d’entre eux ont été trop occupés à gagner de l’argent pour porter une grande attention à ces choses; mais il y a toujours eu une classe d’intellectuels parmi le peuple juif. L’influence de ce roi sera immense sur de tels hommes, quand ils seront rétablis dans leur pays et qu’ils auront repris de l’importance comme objets des voies de Dieu en jugement. L’indignation n’aura pas encore pris fin.

Voici de quelle manière ces deux maux affligeront les Juifs. L’Antichrist, ou le roi qui agira selon son bon plaisir, prendra la place du vrai Messie dans le pays d’Israël. Car il est bien évident que si quelqu’un veut se présenter comme le Messie, ce doit être au milieu du peuple juif et dans le pays des Juifs; tandis que «l’Assyrien» est quelqu’un qui s’oppose à eux comme un ennemi déclaré. Je le regarde comme étant le roi auquel il est fait allusion par les autres prophètes comme le «roi du Nord».

Je voudrais maintenant citer quelques passages de l’Écriture prouvant que l’Assyrien et l’Antichrist sont des puissances entièrement distinctes et opposées. L’Assyrien sera l’ennemi de l’Antichrist: l’un sera au dedans, l’homme qui, par dessus tout, s’élève; et l’autre, au dehors, sera le leader des ennemis. C’est Ésaïe 10, parmi les prophètes, qui donne la première indication claire à son égard: «Et il arrivera que, quand le Seigneur aura achevé toute son œuvre contre la montagne de Sion et contre Jérusalem, je visiterai le fruit de l’arrogance du cœur du roi d’Assyrie et la gloire de la fierté de ses yeux» (v. 12). Beaucoup disent bien vite que les Assyriens ont complètement disparu, et qu’une telle nation n’existe plus. Je leur demanderai: le Seigneur a-t-il achevé toute son œuvre sur la montagne de Sion et à Jérusalem? Bien sûr que non. Donc l’Assyrien n’a pas disparu de manière finale. Le Seigneur m’apprend ici que lorsqu’il aura achevé toute son œuvre, il punira le fruit de l’arrogance du cœur du roi d’Assyrie. Mais, objecte-t-on encore, les Juifs ne sont pas dans leur pays, et Jérusalem est encore foulée aux pieds par les Gentils. Qui ne le sait pas? mais cela ne prouve-t-il pas que les Juifs doivent se retrouver à nouveau dans leur pays, et que Jérusalem doit être délivrée de l’asservissement aux Gentils? Lorsque la puissance de Dieu rassemblera et ramènera les Juifs dans leur pays, la même Providence suscitera le représentant de l’Assyrien aux derniers jours. Et comme l’Assyrien a été le premier grand ennemi d’Israël, ainsi aussi sera-t-il son principal ennemi à la fin. Il montera pour subir son jugement quand l’Éternel aura achevé toute son œuvre en Sion et à Jérusalem. Dieu ne l’a point achevée; il en a fait une partie, mais Son indignation contre Israël subsiste. Voilà pourquoi les Juifs ne sont point dans leur pays. Même lorsqu’ils y retourneront, l’indignation éclatera encore. Il y aura un retour des Juifs dans l’incrédulité, et alors viendra cette grande crise; Dieu rassemblera ceux qui restent dispersés et les mettra dans leur pays; et l’Assyrien sera jugé. Il y a eu dans le passé, un grand personnage dont l’Assyrien était le type; ce personnage reparaîtra aux derniers jours. L’Écriture en parle comme étant ce roi redoutable. Il gouvernera la même région où cette petite corne a exercé son pouvoir — la Turquie d’Asie. Je n’ai pas la prétention de dire si le Sultan sera alors le possesseur de ces pays; mais, quel qu’en soit le possesseur, c’est lui que notre prophète (ch. 11) désigne comme le roi du Nord. Il descendra vers le pays de beauté, et attaquera les Juifs; mais ensuite il sera brisé en morceaux. «Il viendra à sa fin, et il n’y aura personne pour le secourir».

Voyons encore Ésaïe 14. Ce qui rend ce passage remarquable est ceci: au commencement du chapitre, il est parlé du roi de Babylone (v. 4): «Tu prononceras ce cantique sentencieux sur le roi de Babylone, et tu diras: Comment l’oppresseur a-t-il cessé? comment l’exactrice a-t-elle cessé?» Le roi de Babylone ne représente point l’Assyrien. Babylone et l’Assyrie étaient deux puissances distinctes. Babylone n’était qu’une petite province quand l’Assyrie était un grand empire, et lorsque l’empire assyrien fut ruiné, Babylone surgit à un rang totalement nouveau, comme puissance impériale.

Le chapitre 14 d’Ésaïe s’ouvre en déclarant que «l’Éternel aura compassion de Jacob et choisira encore Israël, et les établira en repos sur leur terre; et l’étranger se joindra à eux, et sera ajouté à la maison de Jacob. Et les peuples les prendront et les feront venir en leur lieu». — Ceci montre l’immense intérêt que Dieu inspirera aux peuples du monde pour les ramener en leur lieu. «Et la maison d’Israël les possédera (ces peuples), sur la terre de l’Éternel, pour serviteurs et pour servantes». Les Gentils, au lieu d’être maîtres, seront heureux d’être serviteurs en ces jours-là. «Et ils mèneront captifs ceux qui les tenaient captifs, et ils domineront sur leurs oppresseurs. Et il arrivera, au jour où l’Éternel te donnera du repos de ton labeur et de ton trouble... que tu prononceras ce cantique sentencieux sur le roi de Babylone, et tu diras: Comment l’oppresseur a-t-il cessé? comment l’exactrice a-t-elle cessé? L’Éternel a brisé le bâton des méchants, le sceptre des dominateurs». Évidemment, ces choses n’ont jamais encore été accomplies. Personne, ayant quelque connaissance de l’Écriture, ne peut supposer que, depuis l’époque de la suprématie de Babylone, Israël ait jamais été en position de tenir un langage tel que celui-là. «Les temps des Gentils» ont commencé avec l’établissement de la puissance des Chaldéens sur les Juifs, et jusqu’à ce jour Jérusalem est foulée aux pieds par les Gentils. Les puissances les unes après les autres ont pris possession de la cité. Or, dans les derniers jours dont il est question ici, nous voyons les Juifs soumettre les Gentils, et en faire leurs serviteurs. C’est lorsque ce temps sera arrivé, non pas avant, qu’ils diront: «Comment l’oppresseur a-t-il cessé? etc.». Cet élan de la prophétie vise le roi de Babylone, celui dont Nebucadnetsar était le type, — le dernier possesseur de cette même puissance qui commença avec Babylone. Ce personnage, qui est-il? C’est la bête — le dernier héritier de la puissance qui commença par le roi de Babylone, et dont l’étrange destruction provoque les transports de joie et les chants de triomphe d’Israël. Quand le roi de Babylone obtint cette puissance, où était l’Assyrien? Disparu, brisé. L’empire de Babylone, qui avait été auparavant une petite puissance, s’éleva sur les ruines de l’Assyrien. Mais remarquez le verset 24 dans ce chapitre: «L’Éternel des armées a juré, disant: Pour certain, comme j’ai pensé, ainsi il arrivera, et, comme j’ai pris conseil, la chose s’accomplira, de briser l’Assyrien dans mon pays; et je le foulerai aux pieds sur mes montagnes; et son joug sera ôté de dessus eux, et son fardeau sera ôté de dessus leurs épaules. C’est là le conseil qui est arrêté contre toute la terre». De manière évidente, ce passage montre qu’au jour de la restauration d’Israël, non seulement Israël triomphera du sort du roi de Babylone, mais aussi l’Éternel renversera l’Assyrien? Cela ne saurait se rapporter simplement à l’Assyrien du passé. Il avait déjà disparu quand Babylone parvint au pouvoir; de sorte que ce ne peut être qu’un type d’une puissance encore à venir. Ceci montre qu’au dernier jour, on verra deux grandes puissances en scène — la bête, représentée par le roi de Babylone, qui, en ce temps-là, sera l’ennemi des Juifs au cœur vrai, tout en essayant de se faire passer pour l’ami de la nation, c’est-à-dire de la masse impie; — et l’Assyrien qui, au contraire, sera le chef de la coalition des Gentils ouvertement hostile à Israël.

D’autres passages de l’Écriture prouvent la même chose. En Ésaïe 30, ces deux mêmes puissances réapparaissent (v. 27-33): «Voici, le nom de l’Éternel vient de loin, brûlant de sa colère, ... Et l’Éternel fera entendre la majesté de sa voix, et montrera le poids de son bras... Car, par la voix de l’Éternel, Assur sera renversé; il le frappera de sa verge» ([l’auteur W. Kelly utilise ici une variante de traduction: «lui qui frappe de sa verge», et y voit une] allusion évidente au fait qu’il était, entre les mains de l’Éternel, un instrument pour châtier son peuple, comme en Ésaïe 10:5). «Et partout où passera le bâton ordonné que l’Éternel appesantira sur lui, ce sera avec des tambourins et des harpes; et par des batailles tumultueuses il lui fera la guerre. Car Topheth est préparé depuis longtemps: pour le roi aussi il est préparé. Il l’a fait profond et large; son bûcher est du feu et beaucoup de bois: le souffle de l’Éternel, comme un torrent de soufre, l’allume». Cette expression prouve qu’il ne s’agit pas simplement d’un jugement de la terre, mais de quelque chose ayant une portée plus profonde. Topheth, ou l’abîme est préparé depuis longtemps. «Pour le roi aussi» est le vrai sens du membre de phrase suivant: Ce Topheth n’est pas pour «l’Assyrien» seulement, il est aussi pour «le roi». De même qu’au chapitre 14, il est fait allusion ici à deux personnages distincts. «Le roi» sera dans le pays d’Israël; il y sera sous les auspices de l’héritier de la puissance de Babylone en ces jours-là. Il y sera en prétendant être le vrai Messie. Topheth est préparé pour lui, mais aussi pour l’Assyrien. Ils seront tous les deux réservés au jugement divin. Il serait superflu de citer tous les passages qui les concernent; mais au sujet de celui que l’Écriture signale par cette expression «le roi», on trouvera beaucoup de choses extrêmement intéressantes dans Ésaïe et dans d’autres prophètes.

Il est loin d’être vrai que l’Antichrist, ou «le roi» soit le personnage qui occupe le plus la pensée de Dieu: au contraire, les prophètes traitent bien davantage de l’Assyrien. En général, on ne réalise pas l’immense portée de la prophétie. La plupart des personnes ont à peine une pensée pour ce qui est l’une des puissances les plus importantes dont elle nous entretient. Lisez le petit prophète, Michée 5 par exemple. Vous y trouverez une allusion tout à fait explicite à ce même dominateur. Le chapitre débute par un appel: «Maintenant attroupe-toi, fille de troupes; il a mis le siège contre nous; ils frappent le juge d’Israël avec une verge sur la joue». C’est l’annonce de la réjection du Messie. Puis, le verset 2 est une parenthèse qui nous fait voir quel était ce Juge d’Israël: «Et toi, Bethléhem Ephrata, bien que tu sois petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit dominer en Israël». On peut le frapper sur la joue; mais, après tout, non seulement il sera dominateur en Israël, mais il est le Dieu éternel, et «ses origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité». Ensuite le prophète reprend, en relation avec le verset 1: «C’est pourquoi il les livrera jusqu’au temps où celle qui enfante aura enfanté»; c’est-à-dire jusqu’à ce que le grand dessein de Dieu s’accomplisse au sujet de son peuple. «Et le reste de ses frères retournera vers les fils d’Israël. Et il se tiendra et paîtra son troupeau avec la force de l’Éternel... Et lui sera la paix quand l’Assyrien entrera dans notre pays». Notez bien ceci: «quand l’Assyrien entrera» et «quand il mettra le pied dans nos palais»: cela n’a jamais encore été accompli. Lorsque l’Assyrien d’autrefois est entré dans le pays, il est évident qu’il n’y avait rien de pareil à ce Juge d’Israël, et Israël n’avait pas été livré; car l’Assyrien de cette époque n’était que le type de son grand successeur, héritier de la même puissance aux derniers jours. Alors le Juge d’Israël se tiendra en faveur de son peuple. Le Juge qui, autrefois a été frappé sur la joue, sera reçu par Son peuple, lorsque les grands desseins de Dieu seront accomplis. «Et lui sera la paix, quand l’Assyrien entrera dans notre pays». Ensuite, verset 6, nous lisons: «Et Il nous délivrera de l’Assyrien, quand il entrera dans notre pays, et qu’il mettra le pied dans nos confins. Et le résidu de Jacob sera, au milieu de beaucoup de peuples, comme une rosée de par l’Éternel... Et le résidu de Jacob sera parmi les nations, au milieu de beaucoup de peuples, comme un lion parmi les bêtes de la forêt, comme un jeune lion parmi les troupeaux de menu bétail, qui, s’il passe, foule et déchire, et il n’y a personne qui délivre». De sorte qu’il est bien clair que nous avons là l’invasion de l’Assyrien avec sa destruction finale en rapport avec la délivrance finale d’Israël.

J’ai tâché de faire voir que, si Antiochus Épiphane est bien un type de cet Assyrien de la fin, néanmoins, après tout, il n’a présenté qu’une bien petite partie des caractéristiques annoncées par la prophétie; et tandis que cela suffit à en faire un type, cela reporte nos regards en avant, vers les derniers jours, au temps de l’indignation de Dieu contre Israël, quand son ennemi montera pour recevoir son jugement de la main même de Dieu. Il est très important de tenir ferme la pensée que Dieu a en vue ces grands desseins à l’égard d’Israël, et que l’Écriture n’aborde guère, ou à peine légèrement, les épisodes dont l’homme fait toute une affaire, tels que la papauté et l’Islam. Je reconnais que, dans l’une comme dans l’autre, la prophétie se trouve accomplie dans une certaine mesure; mais Dieu ne permet jamais à l’Église d’être un peuple terrestre. Quand les Juifs reparaissent sur la scène, alors nous trouvons l’importance de ce qui les concerne, et l’Assyrien viendra de l’extérieur du pays, à la même époque qu’il y aura «le roi» à l’intérieur: l’un et l’autre tomberont sous le jugement de Dieu, ils ne seront pas épargnés. Dieu renversera tous les ennemis. Le peuple de Dieu, purifié par ses épreuves et regardant à Jéhovah-Jésus, sera ainsi rendu propre à l’accomplissement des desseins de Dieu, en miséricorde, en bonté et en gloire, dans toute la durée du monde à venir.

Que le Seigneur nous donne de connaître ses conseils envers nous! Nous appartenons à Christ dans les cieux, et nous allons régner avec Lui, non pas être son peuple sur lequel il régnera. Mais cela ne doit pas amoindrir notre intérêt pour la terre ou le peuple terrestre en tant que domaine de la gloire future de Christ et qu’instruments de le magnifier ici-bas. Faire des interprétations attribuant ces choses à nous-mêmes comme si nous nous emparions de l’héritage perdu d’Israël et comme si nous avions la garantie de jouissance de la puissance et de la gloire, en contraste avec la faillite irréparable d’Israël — cela nous conduirait droit à une ruine encore pire, comme l’apôtre nous en avertit en Romains 11. Nous n’avons rien à faire avec ce monde, et nous y sommes étrangers. Nous avons le droit de lire toutes ces visions, toutes ces prophéties, à la lumière du ciel. Il n’est point dit que Daniel ne les a pas comprises: les autres ne les comprirent point. Mais quoi qu’il en ait été, nous sommes mis en état par le Saint Esprit de comprendre ces choses maintenant. Que le Seigneur nous donne d’être attentifs à ce qu’il met devant nous quant à notre propre marche, et que nos cœurs attendent Sa venue.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Daniel 8". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/daniel-8.html.
 
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