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Sunday, November 24th, 2024
the Week of Christ the King / Proper 29 / Ordinary 34
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Daniel 10". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/daniel-10.html.
bibliography-text="Commentaire sur Daniel 10". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/
Whole Bible (6)
versets 1-21
Les chapitres 10, 11 et 12 forment manifestement un sujet unique continu, et nous font voir dans quelles circonstances Daniel reçut cette dernière prophétie, qui est, sous quelques rapports, la plus remarquable de toutes celles qui lui furent accordées. Dans toute l’étendue du livre divin, il n’y a aucun exposé de faits historiques aussi détaillé, aussi circonstancié que celui que nous avons là, sans compter qu’il embrasse toute la durée allant de la monarchie Perse sous laquelle Daniel eut sa vision, jusqu’au temps où toutes les puissances du monde seront obligées de se courber devant le nom du Seigneur. Ce n’est pas pour autant qu’il n’y a point d’interruption dans cette prophétie depuis l’époque de l’empire des Perses jusqu’au règne de Christ: ce serait même contraire à l’analogie de tout le reste de la parole de Dieu. Mais nous y trouvons, avant tout, un exposé des faits, à la fois concis et clair, jusqu’à ce que nous arrivions à un personnage remarquable qui est le type de celui qui sera, à la fin du siècle, le grand chef des adversaires du peuple de Dieu. Après nous avoir conduit jusque là, la prophétie s’interrompt, franchit d’un coup l’intervalle, et nous donne (ensuite seulement) «le temps de la fin»; cela nous permet de comprendre le pourquoi de cet intervalle de discontinuité. Pour le moment je dois m’arrêter au point où l’interruption commence. Ultérieurement, Dieu voulant, j’espère pouvoir reprendre l’étude de la crise de la fin, à laquelle se rapportent les types, et qui commence au verset 36 du chapitre 11. Nous verrons qu’elle ne se borne pas à quelque mal particulier; mais la fin du chapitre traite des conflits entre les chefs de cette époque, en Terre sainte et aux environs. Puis le chapitre 12 nous montrera les voies de Dieu avec Son peuple jusqu’à ce que ce peuple et Daniel lui-même soient établis dans leur lot à la fin des jours. Ceci, c’est-à-dire la bénédiction du peuple de Dieu, ou du moins du résidu fidèle, forme le grand but final.
«La troisième année de Cyrus, roi de Perse, une chose fut révélée à Daniel qui est appelé du nom de Belteshatsar etc.». Daniel n’avait donc pas profité du décret que Cyrus avait rendu deux ans auparavant pour donner aux Israélites la liberté de retourner dans leur pays, selon la prophétie: il se trouvait encore sur le théâtre de la captivité des Juifs. Mais au-delà de cela, l’Esprit de Dieu attire notre attention sur l’état d’âme du prophète. Ce n’est pas dans la joie qu’il passait ses jours sur la terre étrangère, mais bien dans le deuil et dans le jeûne, et cela au milieu de circonstances où, bien sûr, il avait tout à sa disposition. Il fut trouvé, ne mangeant point de pain agréable au goût, «et, comme il le dit lui-même, la chair et le vin n’entrèrent pas dans ma bouche; et je ne m’oignis point, jusqu’à ce que trois semaines entières fussent accomplies». Sûrement ce n’est pas pour rien que l’Esprit de Dieu nous a montré Daniel dans une telle attitude devant l’Éternel, non seulement avant le décret de Cyrus, mais aussi après. Nous pouvons tous comprendre qu’à l’approche du moment où le petit résidu allait quitter Babylone et retourner au pays de ses pères, on aurait dû trouver le saint et pieux prophète l’âme pénétrée d’une profonde affliction devant Dieu, et passant en revue le péché à l’occasion duquel un châtiment si terrible était tombé sur le peuple de la part de l’Éternel; quoique en cela il fît précisément le contraire de ce que la chair aurait fait dans de telles circonstances. Car lorsqu’il est accordé une grande bénédiction extérieure, c’est plutôt l’occasion pour l’homme de donner libre cours à ses sentiments de joie. Mais nous voyons le contraire en Daniel. Il prit l’attitude de la confession, et confessa non pas seulement les péchés d’Israël, mais ses propres péchés: il les avait tous devant lui. Il n’y avait qu’un homme marchant dans la sainteté qui pût avoir un sentiment aussi profond du péché. Mais la même énergie du Saint Esprit, qui produit une réelle humiliation, rend aussi capable d’entrer en amour dans la triste et abjecte condition du peuple de Dieu. Des pensées de cette nature semblent avoir rempli l’âme de Daniel quand il découvrit, par la prophétie de Jérémie, que la délivrance d’Israël allait bientôt arriver. Il n’y eut chez lui ni transports de joie au sujet de la chute d’un ennemi, ni cris de triomphe à cause de la libération du peuple, quoique Cyrus lui-même regardât comme un grand honneur d’avoir été choisi de Dieu pour être l’instrument de ces deux événements. Un homme de Dieu pouvait fort bien arrêter sa pensée sur les effets que le péché avait produits, quand l’Éternel ne pouvait pas même parler d’Israël comme Son peuple, quoique la foi dont Daniel était animé ne le fît qu’insister d’autant plus fortement auprès de Dieu sur le fait qu’Israël était son peuple dans Sa bonté qui demeure à toujours.
Ici le décret avait été rendu selon son attente. Le monarque persan avait ouvert la porte aux prisonniers de l’espérance pour quitter Babylone; et ceux auxquels il avait plu de le faire, étaient retournés dans leur pays. Daniel n’en était point. Au lieu de se concentrer désormais sur de brillantes perspectives de gloire immédiate, on le trouve plus que jamais, dans l’attitude d’humiliation devant Dieu. La révélation du motif de ce jeûne prolongé nous fait pénétrer dans les rapports du monde visible avec le monde invisible. Et le voile n’est pas seulement levé quant à l’avenir, comme le fait toute prophétie; mais l’énoncé de la vision donne un éclairage intéressant sur ce qui nous entoure, mais qui est invisible. Il fut permis à Daniel de le voir et de l’entendre afin que nous en ayons connaissance, et que nous ayons personnellement conscience, qu’outre les choses qui se voient, il y a des choses invisibles, beaucoup plus importantes pour le peuple de Dieu que ce à quoi l’homme regarde.
S’il y a des luttes sur la terre, elles découlent de luttes qui viennent de plus haut, — les anges luttant avec ces êtres méchants, instruments de Satan, qui cherchent sans cesse à contrecarrer les conseils de Dieu par rapport à la terre. Cela apparaît ici d’une manière remarquable. Nous savons que les anges s’occupent des saints de Dieu, mais peut-être n’avons-nous pas si bien discerné qu’ils ont aussi à faire avec les événements extérieurs de ce monde. Dans cette portion du livre de Daniel, la lumière de Dieu brille sur ce sujet pour nous rendre capables de comprendre qu’il n’y a pas un mouvement du monde qui ne se rattache aux voies Providentielles de Dieu. Et les anges sont les instruments pour exécuter Sa volonté: il est dit d’eux expressément qu’ils font son bon plaisir [Ps. 103:20-21]. D’un autre côté, il y a ceux qui s’opposent à Dieu en permanence: les mauvais anges ne manquent pas. Ceux qui ne réalisent pas ces choses font une perte certaine parce que cela fait sentir beaucoup plus vivement la nécessité d’avoir Dieu pour Sa force. S’il ne s’agit que de problèmes entre des personnes, on pourrait comprendre que quelqu’un, conscient de sa force ou de sa sagesse ou de toute autre ressource, n’ait point de crainte d’autrui. Mais si en fait, on a à combattre avec des puissances qui nous sont immensément supérieures quant à l’intelligence et à la force (car les anges «excellent en force», comme il est écrit), il est clair que, pour vaincre, nous n’avons pas d’autre issue que de nous en remettre au soutien d’Un Autre plus puissant que tout ce qui peut être contre nous. La foi qui compte ainsi sur Dieu, délivre de l’inquiétude à l’égard de tout ce qui est et se passe dans le monde. Car quoiqu’il y ait des esprits malins, et que les hommes ne soient que comme les pièces qu’ils font mouvoir sur l’échiquier de cette vie, de fait néanmoins, il y a derrière la scène, inconnue aux acteurs, une Volonté et une Pensée souveraines qui dirigent tous les mouvements. Cela donne un caractère beaucoup plus solennel à nos pensées sur tout ce qui arrive ici-bas.
Outre ces anges, un autre personnage apparaît sur la scène: «Un homme vêtu de lin, et ses reins étaient ceints d’or d’Uphaz». Celui dont nous trouvons au verset 6 une description si magnifique, vue seulement par Daniel, ne semble pas avoir été simplement un ange. On peut voir chez lui quelques traits de gloire angélique, mais je pense que c’est Celui qui apparaît souvent dans l’histoire tant du Nouveau que de l’Ancien Testament — le Seigneur de gloire lui-même. Ici il apparaît comme un homme, — comme quelqu’un qui éprouvait la plus profonde sympathie pour Son serviteur sur la terre. Tous les autres s’étaient enfuis pour se cacher; Daniel était resté: cependant, aucune force ne lui restait; — son teint frais était changé en corruption. Même un homme aimé de Dieu, un saint fidèle, doit faire l’expérience que toute sa sagesse passée était inutile; car il était maintenant très âgé, et il avait été tout particulièrement fidèle au Seigneur. À ce moment-là, c’était lui qui réalisait le mieux la vraie condition d’Israël, car il voyait bien qu’il devait s’écouler beaucoup de temps avant la venue du Messie, et l’ange qui avait été l’instrument de la révélation avait annoncé que le Messie serait retranché et n’aurait rien. Il n’y avait donc rien d’étonnant qu’il fût dans le deuil. D’autres pouvaient être remplis de brillants espoirs sur la prochaine apparition du Messie, et sur l’exaltation qui en résulterait pour leur nation dans le monde; Daniel, lui, menait deuil et jeûnait: et voilà que cette vision lui est accordée, et que cette personne bénie se révèle elle-même à lui.
Néanmoins, malgré tout l’amour dont il était l’objet, malgré toute sa connaissance des voies de Dieu, et malgré la faveur qui lui avait été montrée dans les visions précédentes, Daniel est rendu entièrement conscient de son entière faiblesse. Toute sa force est réduite en poussière en présence du Seigneur de gloire. Ce fait est pour nous d’une grande importance morale. Quelle que soit la valeur de ce qu’a appris un saint, le passé seul ne suffit pas à nous rendre capables de comprendre la nouvelle leçon de Dieu. Dieu lui-même est nécessaire à chaque pas — et non pas simplement ce que nous avons appris déjà. C’est là, à mon avis, une vérité importante et très pratique. Nous connaissons tous la tendance des hommes prudents à faire provision pour l’avenir, et je ne nie pas la valeur de la connaissance spirituelle de bien des manières, soit pour aider les autres, soit pour former une saine et sainte appréciation des circonstances au travers desquelles nous passons. Mais quand le Seigneur amène quelque chose que Daniel n’avait pas appris précédemment, alors, malgré tout ce qu’il avait pourtant déjà connu, Daniel se trouve absolument impuissant. C’est dans cette dernière vision qu’il est le plus abattu, et qu’il réalise plus que jamais le sentiment du néant de tout ce qu’il y a en lui. Il est rejeté complètement sur Dieu, même pour avoir la force de se tenir debout et d’entrer dans ce que l’Éternel allait lui faire connaître. On voit la même chose en saint Jean, qui avait reposé dans le sein du Sauveur lorsqu’il était sur la terre, et de tous les disciples, il était celui qui était le plus entré dans Ses pensées. Pourtant, quand le Seigneur se présente devant lui dans Sa gloire, pour lui révéler sa pensée touchant l’avenir, que devint cet apôtre Jean? Il a fallu que le Seigneur mette sa main sur lui, et lui commande de ne pas craindre. Il a fallu qu’Il l’encourage par ce qu’il est Lui-même — le Vivant qui a été mort, mais qui est de nouveau vivant, et qui a les clés de la mort et du hadès. C’était là ce que Jean avait à écouter avec la plus parfaite confiance, parce Christ était tout cela, et encore davantage. Il n’y avait pas de puissance qui ne dût tomber devant lui.
Daniel est entré dans ces choses selon sa mesure. La mort de la chair doit toujours être réalisée avant qu’on puisse jouir de la vie de Dieu. Ceci est important en pratique. Dans la grâce qui apporte le salut, je n’ai pas à commencer par apprendre la mort, puis ensuite la vie. La vie en Christ vient à moi comme pécheur, et cette vie manifeste la mort dans laquelle je suis. S’il me fallait réaliser ma mort pour que cette vie vînt à moi, cela reviendrait évidemment à dire que l’homme doit être mis dans sa véritable position, comme une préparation à la bénédiction de Dieu. Ce serait la négation de la grâce. «Ce qui était dès le commencement... ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché concernant la Parole de la vie». En d’autres termes, c’est la personne de Christ lui-même qui vient et apporte la bénédiction. Après quoi l’âme apprend que «Dieu est lumière et qu’il n’y a en lui aucunes ténèbres». Elle apprend que si nous disons que nous avons la lumière ou la communion avec celui qui est lumière, et que cependant nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et ne pratiquons pas la vérité. Toute la connaissance pratique de ce que Dieu est et de ce que nous sommes, suit la manifestation qui nous a été faite de la vie dans la personne de Christ. S’il s’agit de l’ordre des choses pour un pécheur, c’est la grâce souveraine qui communique la vie dans la personne d’Un Autre; mais s’il s’agit de l’ordre selon lequel le progrès s’accomplit dans le croyant, il n’en est point de même. Le croyant ayant déjà obtenu la vie, doit mortifier tout ce qui lui appartient simplement quant à la nature, afin que cette vie soit manifestée et se fortifie. Cet ordre de choses est de toute importance pour le saint, comme l’autre ordre de choses l’est pour le pécheur. L’homme, dans son état naturel, ne croit pas qu’il est mort, et il travaille à acquérir la vie. Mais il est dépourvu de la vie; il ne l’a point. C’est Un Autre seulement, qui la lui apporte et la lui donne dans une grâce parfaite, — ne voyant que du mal en lui, mais venant seulement avec du bien et le lui apportant en amour. Tel est Christ. Mais dans le cas du croyant, comme il a déjà trouvé la vie en Christ, il faut qu’il y ait jugement du mal, afin que cette vie nouvelle et divine se développe et croisse. De sorte que, tandis que pour l’un, pour le pécheur, il y a besoin d’apporter la vie, laquelle fait ressortir la mort, et rencontre l’homme dans la mort et l’en délivre; pour l’autre, le croyant, c’est la mortification pratique de tout ce qui a eu une existence naturelle en lui. Tout ceci doit recevoir sa sentence de mort, pour que la croissance et la manifestation de la vie soient sans empêchement.
Daniel fit l’expérience que tel était effectivement le moyen pratique d’entrer dans les merveilles que l’Esprit de Dieu allait dérouler devant lui, et d’en devenir le témoin convenable. C’est pourquoi il devait réaliser la mort dans son âme malgré toute la faveur dont il était l’objet — il était même un «homme bien-aimé». «Et comme il parlait avec moi, disant cette parole, je me tins debout, tremblant. Et il me dit: Ne crains pas, Daniel, car dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre et à t’humilier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues, et moi, je suis venu à cause de tes paroles». Il lui est alors donné à connaître comment il se faisait qu’il y avait eu un tel délai: «Mais le chef du royaume de Perse m’a résisté vingt et un jours, et voici, Micaël, un des premiers chefs, vint à mon secours: et je restai là, auprès des rois de Perse». Ici, je crois, c’est une autre personne qui parle: ce n’est pas le premier et glorieux personnage que Daniel avait vu, mais quelqu’un que celui-là employait comme serviteur — un ange, de fait. Le dernier chapitre prouvera clairement qu’il y a plus qu’une personne envoyée: et il est évident, d’après les termes de celui qui parle, qu’il est en position de subordination. Daniel est encouragé d’apprendre que, dès le premier jour où il avait appliqué son cœur à comprendre et à s’affliger en la présence de Dieu, ses paroles avaient été entendues. Il ne reçut la réponse ni le premier jour, ni le second. Celle-ci n’arriva qu’après vingt et un jours; et cependant elle avait été envoyée de Dieu dès le premier jour. Bien sûr, Il aurait pu la donner sur le champ. Mais qu’en serait-il résulté? D’abord, on n’aurait pas compris aussi clairement la lutte terrible qui continuait à faire rage entre les instruments de Dieu et les émissaires de Satan; et ensuite aussi, la foi et la patience n’auraient pas eu leur œuvre parfaite (Jacq. 1:4).
Je n’oublie pas que le Saint Esprit a été envoyé ici-bas, pour demeurer désormais dans le cœur des croyants d’une manière qui n’était pas connue alors. Car quoique l’Esprit de Dieu fût toujours à l’œuvre dans les saints hommes et prophètes, cependant l’habitation permanente du Saint Esprit n’a pas eu lieu et ne pouvait avoir lieu tant que Jésus n’était pas encore glorifié, et que l’œuvre de la rédemption n’était pas encore accomplie. C’est en vertu de cette œuvre que le Saint Esprit a été envoyé du ciel faire Son habitation dans le cœur de ceux qui croient, — comme sceau de la bénédiction qui est la leur en Christ. En sorte que, outre ces soins extérieurs et Providentiels de Dieu si magnifiquement présentés ici, nous, chrétiens, nous possédons cette personne divine et bénie, qui fait de nos corps le temple de Dieu. Mais les luttes extérieures n’en continuent pas moins. Ce qui empêcha Daniel d’avoir la réponse manifeste à ses prières, peut nous empêcher aussi d’avoir la réponse des circonstances. Nous devons toujours compter immédiatement sur la réponse de la foi; mais pour ce qui concerne la réponse des circonstances que Dieu conduit pour en faire sortir une réponse manifeste, il se peut que nous ayons à l’attendre. C’est ce qui arriva à Daniel, il attendit, et la raison nous en est donnée. Le verset 13 nous apprend que, quoique Dieu ait envoyé la réponse dès le premier jour, le chef du royaume de Perse résista vingt et un jours, — exactement la durée du temps que Daniel avait passé dans le deuil et le jeûne devant Dieu. «Et voici Micaël, un des premiers chefs, vint à mon secours: et je restai là, auprès des rois de Perse». C’est clairement un ange qui parle. Ce serait manquer à ce qui est dû au Seigneur que de supposer que c’était lui qui avait besoin d’aide d’un de ses propres anges. Mais il est fait ici mention de Micaël, car il était bien connu comme l’archange veillant particulièrement à la garde de la nation d’Israël. Les gens peuvent bien se moquer de la vérité sur les anges-gardiens et sur leurs interventions, mais l’Écriture n’en est pas moins parfaitement claire à ce sujet. Sans doute le Romanisme, comme nous le savons, a fait des anges des objets de culte; mais la vérité elle-même est particulièrement intéressante.
La parole de Dieu est très nette sur le fait que Dieu emploie les anges à des services particuliers. Au reste, ce n’était pas là une vérité réellement nouvelle. Jude mentionne comme une circonstance bien connue la dispute de Michel/Micaël l’archange avec le diable, touchant le corps de Moïse. La même vérité apparaît encore en cette vigilance soigneuse de Micaël envers le peuple juif. Il savait leur penchant à l’idolâtrie, et le désir qu’ils auraient de se faire une idole, après sa mort, de l’homme contre lequel ils s’étaient rebellés durant sa vie. C’est pourquoi, Micaël, en tant qu’instrument de la part de Dieu pour la bénédiction d’Israël, entre en dispute avec Satan, pour faire en sorte que le corps de Moïse ne soit point trouvé — la parole de Dieu déclare que l’Éternel l’a enseveli, bien qu’Il se soit servi de Micaël comme instrument pour le faire.
Le passage que nous étudions, jette un rayon de lumière intéressant sur les circonstances terrestres. Les puissances de ce monde peuvent gouverner certes, mais les anges n’ont pas abandonné leurs fonctions. Le diable et ses anges d’un côté, Michel et les saints anges avec lui de l’autre côté, viennent de nouveau sur la scène dans le dernier livre de la Bible. Le fait que Christ soit venu et que le Saint Esprit ait été donné, ne change pas ces interventions des anges. Au contraire, nous savons qu’il y aura à la fin un conflit des plus effroyables entre les saints anges et les mauvais anges, lorsque les cieux seront purifiés pour toujours de ces puissances malignes qui les ont si longtemps souillés. Tout cela est d’un très grand intérêt, faisant voir la parfaite patience de Dieu. Nous savons en effet que d’un seul mot il pourrait abattre le diable et toute son armée. Mais Il ne le fait pas. Il permet même à Satan de s’aventurer dans les cieux inférieurs, et même de les posséder. C’est pour cela qu’il est appelé «le chef de l’autorité de l’air» (Éph. 1:2), comme il est appelé ailleurs «le chef de ce monde» (Jean 12:31; 14:30) et «le dieu de ce siècle» (2 Cor. 4:4). Mais je crois que c’est là seulement qu’il est chef. Il n’est jamais dit dans l’Écriture que Satan soit chef en enfer. C’est un rêve favori des grands poètes, comme des petits; mais l’Écriture ne le dit jamais. Ce qu’elle nous enseigne, c’est que maintenant sa puissance s’exerce réellement dans les cieux et sur la terre; mais que, quand il sera brisé, d’abord quant à son usurpation céleste, puis ensuite quant à sa puissance terrestre, alors il sera jeté en enfer, et au lieu d’y être roi, il y sera le plus misérable objet de la vengeance de Dieu. Ce qu’il y a de solennel, c’est qu’il règne ici-bas maintenant, et que les gens ne le réalisent pas. Son pire règne est celui qu’il a acquis, — non pas celui qu’il avait auparavant. La mort de Christ, bien qu’elle soit le fondement sur lequel il perdra finalement tout pouvoir, a été pourtant le moyen par lequel il est devenu la grande puissance usurpatrice s’opposant toujours à Dieu et à Ses pensées quant au monde.
Il y a là pour nous une pensée importante. Si Dieu permet quelque chose de pareil — s’il permet dans le ciel lui-même, la présence de ce méchant, l’ennemi de son Fils — si, à la suite de la crucifixion de Christ nous voyons Dieu déployer sa longanimité la plus grande, au lieu de dépouiller Satan de toute sa puissance, quelle leçon pour nous de ne pas nous inquiéter à propos des circonstances! Aucun homme n’a jamais traversé ces régions inconnues; personne n’y a été pour nous en parler, sauf la parole de Dieu qui nous le révèle. Naturellement, nous ne savons pas tout; mais nous en savons assez pour voir qu’il y a cette redoutable puissance du mal opposée à Dieu, et que la puissance de Dieu est toujours et infiniment plus forte que la puissance du mal. Le mal n’est qu’un accident qui est entré dans le monde par la rébellion de la créature contre Dieu. Par ce mot «accident» je veux dire que la créature a interrompu pour un temps les desseins de Dieu, tandis qu’au fond, cela n’a servi qu’à manifester ces desseins et à les faire briller avec plus d’éclat. Le plan de Dieu était de bénir le ciel et la terre, et ce plan tiendra. Le mal sera banni de la scène, et les méchants souffriront les terribles conséquences d’avoir rejeté, en Christ, le Seigneur, la seule Personne bonne et bénie.
Mais, tandis que la certitude de tout cela a été révélée à la foi avant que Dieu exécute ses pensées, il nous est permis de voir le grave conflit qui se livre dans le monde invisible. La foi est mise ainsi à l’épreuve. Daniel devait continuer d’attendre, de mener deuil, de prier, de répandre tout devant Dieu. Nous voyons en lui la persévérance de la foi — priant sans cesse. Et combien sa foi ne fut-elle pas récompensée! car lorsque l’ange vient, il lui révèle ce secret sur l’ordre de l’Être glorieux qui était premièrement apparu à Daniel. C’était le chef du royaume de Perse qui lui avait résisté vingt et un jours; mais Micaël était venu à son aide.
Remarquons aussi que le verset suivant renferme une indication importante, relativement aux principaux objets que Dieu a en vue dans cette prophétie. Seulement les personnes qui ont beaucoup lu savent combien ce chapitre a été torturé par l’introduction de pensées humaines, personnelles, censées apporter l’explication. Naturellement en toute première ligne on y a introduit le pape. Ensuite on n’a pas manqué non plus d’y trouver l’audacieux soldat des premiers jours de ce siècle, Napoléon. En un mot, tout ce qui, dans le monde, a pu présenter un intérêt extraordinaire, on s’est efforcé de le trouver dans le chapitre 11 de Daniel. Le verset 14 du chapitre 10 fait justice de toutes les idées semblables: «Je suis venu pour te faire comprendre ce qui arrivera à ton peuple à la fin des jours; car la vision est encore pour beaucoup de jours». Rien de plus clair que ces paroles. Elles sont mises comme une espèce de frontispice à la prophétie, pour faire voir que le peuple juif constitue la grande pensée de Dieu quant à la terre, et que le sujet principal de cette prophétie est ce qui doit leur arriver dans les derniers jours. La suite de l’histoire nous y est présentée presque depuis les jours de Daniel jusqu’au Messie, mais les derniers jours en sont le sujet principal. En général la prophétie peut bien donner des arrhes [échantillons d’accomplissement partiel] dans un avenir tout proche, mais nous n’en voyons jamais toute la portée que dans le dernier jour; et alors les pensées et le plan de Dieu ont toujours pour centre terrestre les Juifs et leur Messie.
Je n’entends point nier que l’Église soit une chose beaucoup plus élevée que les Juifs, ni que les relations de Christ avec l’Église soient plus étroites et plus profondes que Ses relations avec les Juifs. Mais vous ne perdez pas Christ et l’Église parce que vous croyez à Son lien avec Israël. Bien plus, si vous ne le croyez pas, vous confondez Ses relations avec les Juifs avec vos propres relations avec Christ, et les deux relations sont perdues, quant à une connaissance précise et une pleine jouissance. Cela vient de ce qu’on ne considère pas l’Écriture comme un tout.
On ne pourrait pas tomber dans une pareille erreur, si on lisait le chapitre 10 comme étant une introduction au chapitre 11. Mais certains lisent l’Écriture vraiment comme d’autres la prêchent. On prend quelques mots, et on en fait le thème d’un discours qui n’a peut-être aucun rapport avec le sujet du passage d’où ces mots sont tirés, — voire même aucun rapport avec aucun autre passage de la Bible. Il est possible que, considérées en elles-mêmes, les pensées que l’on exprime soient vraies, mais ce dont nous avons besoin, c’est une aide pour comprendre la parole de Dieu dans son ensemble, aussi bien que dans les détails. Si vous preniez une lettre d’un ami et que vous vous attachiez seulement à une phrase ou une partie de phrase tirée du milieu du texte et dissociée du reste, comment pourriez-vous la comprendre? Et cependant, ce que renferme l’Écriture a une portée et une étendue infiniment plus vastes que tout ce que nous pourrions écrire nous-mêmes; et, en conséquence, il devrait y avoir des raisons bien plus fortes de prendre l’Écriture dans sa portée et ses relations effectives, que de le faire pour les petites productions de notre esprit. C’est là la grande clé des erreurs commises dans l’interprétation de l’Écriture par bien des personnes estimables. Il peut s’agir d’hommes de foi, mais il leur est difficile de s’élever au-dessus de leurs habitudes ordinaires. La prophétie qui nous occupe montre l’importance du principe sur lequel j’insiste. Prenez les livres ordinaires sur cette prophétie, — peu importe quand, où, et par qui ils ont été écrits — et vous verrez qu’ils s’efforcent surtout de la rapporter à leur époque et de la centrer sur elle. La réponse à toutes ces vues erronées est toujours la même. Ni Rome, ni la papauté, ni Napoléon, ne sont l’objet visé par la prophétie, mais bien «ce qui arrivera à ton peuple (le peuple de Daniel, les Juifs), aux derniers jours».
Nous trouvons donc Daniel, exprimant avec humilité d’esprit son incapacité à recevoir de telles communications. D’abord, quelqu’un ayant la ressemblance d’un homme touche ses lèvres et il est instruit à parler au Seigneur. Il confesse sa faiblesse, et déclare qu’il n’a conservé aucune vigueur. Mais «comme l’aspect d’un homme me toucha de nouveau, et me fortifia, et il dit: Ne crains pas, homme bien-aimé; paix te soit! sois fort, oui, sois fort!» Les hommes sont absolument incapables de profiter de la prophétie, jusqu’à ce qu’ils soient complètement établis dans la paix, jusqu’à ce que leurs cœurs connaissent la véritable source de la force. Nous voyons ici qu’il faut que Daniel soit mis sur ses pieds, que sa bouche soit ouverte, que ses craintes soient dissipées avant que l’Éternel puisse lui dévoiler l’avenir. Son cœur doit être en parfaite paix dans la force de l’Éternel et dans la présence de son Dieu. L’anxiété de l’esprit, le manque d’une paix bien établie, jouent un rôle beaucoup plus grand qu’on ne le pense dans le peu de progrès que l’on fait dans l’intelligence d’une bonne partie de la parole de Dieu. Il ne suffit pas d’avoir la vie et l’Esprit de Dieu, mais il faut que la chair soit brisée et qu’on se repose simplement, paisiblement, dans le Seigneur. Daniel doit traverser toute cette scène, pour être dans l’état convenant à ce qu’il doit apprendre; et dans notre mesure, il en est de même de nous. Il faut que nous réalisions cette même paix et cette même force dans le Seigneur. Si la venue du Seigneur est un sujet de terreur pour moi parce que je ne suis pas sûr de la position que j’aurai devant lui, comment puis-je sincèrement me réjouir qu’elle soit si proche? Il y aura dans mon esprit un obstacle à ce que j’arrive à comprendre clairement la pensée de Dieu sur ce sujet. La raison de cette incompétence n’est pas faute d’avoir appris, mais de ce que l’on n’est pas entièrement établi dans la grâce, — que l’on ignore ce que nous sommes en Jésus Christ. Peu importe tout ce qu’on a par ailleurs, rien ne suppléera à cette triste lacune. Je parle de ceux qui sont vraiment chrétiens, car quant aux simples savants qui se mêlent de ces matières, c’est aussi totalement hors de leur sphère de compétence, que si un aveugle devait discourir sur les couleurs et les beautés d’un paysage qu’il ne peut pas voir. «L’homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu... et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement» (1 Cor. 2:14). Ce n’est qu’un scribe de ce siècle se mêlant de ce qui appartient à un autre monde dont il ne connaît rien.