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Sunday, November 24th, 2024
the Week of Christ the King / Proper 29 / Ordinary 34
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Bible Commentaries
2 Corinthiens 5

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versets 1-21

Chapitre 5:1-8

Arrivés au chap. 5, nous apprenons que, malgré toutes les choses merveilleuses dont les chapitres précédents nous ont entretenus, telles que contempler le Seigneur, être transformés à son image, communiquer sa vie au-dehors, jouir de ses gloires dans notre âme, il nous en manque encore une: c’est de Lui être conformes. Être conformes n’est pas la même chose qu’être transformés. Notre transformation se fait très lentement, comme celle des chrysalides qui semblent rester des mois dans le même état, quoique la transformation d’où sortira un jour le papillon complet, s’opère en secret. Pour lui être conformes, il faut que nous le voyions de nos propres yeux. C’est pourquoi l’apôtre aborde ici la question de notre corps. L’âme peut jouir du Seigneur, mais qu’adviendra-t-il du corps? «Nous savons que si notre maison terrestre, qui n’est qu’une tente, est détruite, nous avons un édifice de la part de Dieu, une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux» (v. 1). Dans toutes les épîtres, le mot «nous savons» indique la certitude chrétienne absolue; mais je ne sais si le mot «nous avons» vous embarrasse, comme il m’embarrassait autrefois. L’apôtre présente le corps comme une tente qui est détruite, et l’on pourrait croire, d’après le mot «nous avons», que l’édifice, notre corps glorieux, nous est déjà préparé d’avance dans le ciel. Cela ne se peut pas, car nous entrerons dans le ciel avec le corps que nous possédions ici-bas, mais transformé en la conformité du corps de sa gloire (Phil. 3:21). J’ai compris depuis que ce passage fait allusion, d’un côté au tabernacle, de l’autre au temple. Le peuple d’Israël a eu pendant longtemps, même après son entrée en Canaan, comme «maison», la tente érigée par Moïse dans le désert. Cependant cette tente ne devait pas durer toujours. Quand Salomon édifia le temple, il y transporta tous les ustensiles du tabernacle, qui lui-même disparut ensuite. Tout ce qu’il contenait faisait désormais partie du temple. C’était la même maison, et cependant l’une était passagère et l’autre subsistait glorieuse. Malgré cela, le temple de Salomon était destiné à la terre; il n’était qu’une image des choses célestes; il était «de cette création», il était «fait de main» (Héb. 9:11). Nous avons aujourd’hui un tabernacle où Dieu habite, car notre corps est son temple; mais, comme le tabernacle, ce corps peut être détruit. Seulement «nous savons», nous sommes absolument certains par la foi, que, s’il est détruit, il sera remplacé par une maison éternelle dans les cieux. Ce sera la même maison, mais elle ne sera pas de cette création. L’Esprit de Dieu y habitera en gloire, comme il habite aujourd’hui en faiblesse dans notre maison terrestre. L’apôtre se réjouit à la pensée que, si sa tente est détruite, sa maison future durera éternellement dans le ciel.

En fixant les yeux sur Jésus, l’apôtre voyait ce qui s’était passé pour le Seigneur et ce qui, par conséquent, devait se passer pour nous tous. «Détruisez ce temple», avait dit Jésus, «et en trois jours je le relèverai». Il était venu dans ce monde pour laisser sa vie et, par conséquent, l’homme pouvait la lui ôter. Le temple de son corps pouvait être détruit, mais il a pris en résurrection un corps glorieux. Ce corps qu’il habitait ici-bas, sans trace de péché, était un corps saint, mais n’était pas un corps glorieux: il l’est devenu par la résurrection. L’apôtre regarde au ciel, y voit Jésus dans son corps glorifié et peut dire: J’ai une maison, elle m’appartient, elle est dans les cieux. Un autre homme l’a déjà revêtue; je la revêtirai donc aussi et cela remplit son cœur de joie. Il dit: «Car aussi, dans cette tente, nous gémissons». Cette maison terrestre est, en effet, un lieu où l’on entend bien des soupirs, où coulent bien des larmes, mais il ajoute: «désirant avec ardeur d’avoir revêtu notre domicile qui est du ciel». Il a affaire avec la destruction de la tente, il y gémit, mais la mort n’est pas du tout ce qu’il attend. Son désir est non pas d’être dépouillé, mais d’être revêtu, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie. Il attend le Seigneur Jésus dont la venue, tout en ressuscitant les saints endormis, transformera nos corps mortels, à nous qui vivons, sans que nous ayons à passer par la mort. C’était là le désir de l’apôtre. Sans que sa maison terrestre eût besoin d’être détruite, il désirait être tel que Christ, auprès de Lui, éternellement avec Lui. Cette espérance positive et actuelle ne lui fait cependant pas perdre de vue que le temps de déposer sa tente peut être proche. Il dit: Serait-ce, dans ce cas, une perte pour moi? Loin de là; «nous avons... toujours confiance, et nous savons qu’étant présents dans le corps, nous sommes absents du Seigneur». C’est cela qui est une perte! aussi il ajoute: «Nous avons... de la confiance, et nous aimons mieux être absents du corps et présents avec le Seigneur». C’est l’état de l’âme séparée du corps. S’il faut mourir, il sera présent avec le Seigneur. Que va-t-il choisir? Il ne choisit pas. Il est content de marcher par la foi, non par la vue. Il y a une chose qu’il «aime mieux», mais ce qu’il «désire avec ardeur», c’est d’être revêtu. La même alternative se présente devant lui dans l’épître aux Philippiens (chap. 1): s’il faut que je reste, c’est Christ, et il vaut bien la peine de le servir; mais mourir est un gain; mon désir est donc de déloger et d’être avec Christ, ce qui est beaucoup meilleur.

L’apôtre se trouve donc ici devant trois possibilités: voir sa tente détruite et ressusciter immédiatement pour obtenir une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux; revêtir, à la venue du Seigneur, son domicile qui est du ciel, sans passer par la mort; quitter cette tente et être absent du corps, dans un état qui n’est pas la perfection, mais être présent avec le Seigneur. Même cette troisième solution lui suffit, et il peut dire: «Cela est de beaucoup meilleur».

Si, faisant un retour sur nous-mêmes, nous nous demandons comment notre âme se comporte vis-à-vis de ces trois éventualités, que répondrons-nous? Disons-nous, devant la possibilité de la mort: Je suis parfaitement heureux de pouvoir échanger cette pauvre maison contre une maison glorieuse que je connais bien, puisque mon Sauveur l’a revêtue? Disons-nous peut-être: J’attends le Seigneur d’un moment à l’autre? Dieu ne m’a pas formé pour mourir, mais il m’a «formé à cela même», c’est-à-dire à être revêtu, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie, et j’ai déjà son Esprit comme arrhes de mon espérance (v. 4, 5). — Disons-nous enfin, quand la mort se présente à nous avec la pensée d’une résurrection plus ou moins retardée, que nous aimons mieux être absents du corps et présents avec le Seigneur? D’où vient, chers amis, que nous réalisons si peu ces choses? Nous pouvons le voir dans tout ce passage: de ce que la personne du Seigneur Jésus n’a pas pour nous la valeur qu’elle doit avoir, la valeur qu’elle avait pour l’apôtre Paul. Christ était l’espérance journalière de son âme: son cœur n’était occupé que de Lui; il n’avait dans ce monde aucun autre objet qui puisse l’attirer. Pour lui, vivre c’était Christ, et son cœur n’avait pas de place pour y loger autre chose.

Tressaillons-nous de joie à la pensée que, d’un moment à l’autre, le Seigneur peut venir, mais aussi qu’il peut nous appeler à déposer notre tente, pour aller attendre auprès de Lui la perfection dans laquelle lui-même est entré et dans laquelle nous serons ses compagnons, éternellement?

Chapitre 5:9-15

Selon une remarque faite par d’autres, ce chapitre est le seul, dans le Nouveau Testament, où le mot «nous» soit employé indistinctement pour tous les hommes, tandis qu’il s’applique, partout ailleurs, aux croyants seuls. Il faut donc distinguer dans ce chapitre quelle attitude ont croyants ou non-croyants, devant les grands faits qui concernent indistinctement tous les hommes: le péché, la mort, le jugement. Cette constatation est de la plus grande importance pour la prédication de l’Évangile.

Nous avons vu, au commencement de ce chapitre, que tous les hommes devront paraître devant Dieu. L’apôtre le désirait pour lui-même; non pas qu’il désire être dépouillé de son corps, tout en admettant que cela puisse avoir lieu, mais il désirait être revêtu de son corps glorieux. Que le Seigneur doive venir, alors que lui, l’apôtre, serait couché dans le sépulcre, ou alors qu’il serait encore vivant dans ce monde, ce qu’il attendait, c’était d’être revêtu d’un corps glorieux pour se présenter devant Dieu. Mais il montre en même temps qu’il faut que tous les hommes ressuscitent: «Si toutefois», dit-il, «même en étant vêtus, nous ne sommes pas trouvés nus» (v. 3). Tous devront se présenter corporellement devant Dieu, mais les uns seront revêtus d’un corps glorieux, les autres simplement vêtus d’un corps ressuscité; les premiers ont part à la première résurrection; la résurrection des seconds, qui aura lieu beaucoup plus tard, est appelée la seconde mort. On peut être vêtu d’un corps ressuscité et pourtant être trouvé nu devant Dieu, c’est-à-dire dans un état où le jugement de Dieu doit nécessairement atteindre les hommes. Quand Adam, après la chute, croyait s’être vêtu, il se trouve nu devant Dieu, et ce fut sa condamnation. Il en est toujours ainsi: l’homme trouvé nu devant Dieu doit subir sa peine; c’est pourquoi Dieu, voulant sauver Adam, le revêtit lui-même de peaux de bêtes sacrifiées. Les croyants, quand ils se présenteront devant Dieu, seront non seulement vêtus d’un corps ressuscité, car ce dernier ne pourrait les garantir, mais revêtus d’un corps glorieux, pareil à celui de leur Sauveur, revêtus de la gloire qui Lui appartient, revêtus de la justice de Dieu lui-même. Comment Dieu pourrait-il ne pas nous recevoir en sa présence, revêtus de toutes les qualités glorieuses qui sont la part de son Bien-aimé? Il faudrait pour cela qu’il rejette Christ lui-même!

Dans ce que nous avons lu aujourd’hui, nous trouvons une seconde vérité qui concerne à la fois les croyants et les non-croyants: «Il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal» (v. 10). Comme il y a deux résurrections, il y a aussi deux comparutions devant le tribunal du Christ. S’il s’agit de la résurrection des méchants, appelés les morts, nous apprenons qu’ils seront vêtus d’un corps ressuscité, afin de paraître devant le «grand trône blanc», érigé quand il n’est plus trouvé de lieu, ni pour la terre, ni pour le ciel (Apoc. 20:11-15). Ce trône est pour eux le tribunal de Christ. C’est là que le Seigneur Jésus est assis pour juger, car il est dit de Lui que Dieu l’a établi juge, non seulement des vivants, mais aussi des morts. Or, tout ressuscités qu’ils soient, ces hommes sont des morts. Devant ce tribunal les livres sont ouverts, le livre de vie d’un côté, le livre des responsabilités de l’autre. Pas un seul mot ne sort de la bouche de ceux qui se tiennent devant ce tribunal. Ils sont jugés d’après leurs œuvres, s’ils ne sont pas trouvés écrits dans le livre de vie.

Il y a une seconde face du tribunal qui a trait d’une manière exclusive aux enfants de Dieu. «Il nous faut tous être manifestés devant le tribunal du Christ». Il arrivera un moment, pour nous, chrétiens, où tout ce que nous avons été ou fait sera mis en pleine lumière devant le tribunal du Christ, en la présence de Dieu, et où rien, absolument, ne sera caché. Mon histoire tout entière, depuis le commencement, jusqu’au moment où il plaira à Dieu de me rappeler à Lui, sera mise au jour. Combien de fois nous entendons des chrétiens nous dire: Faudra-t-il donc que mes péchés passés, dont je me suis repenti, soient mis en lumière devant le tribunal? Oui, chers amis, nous devons tous être manifestés dans cette lumière parfaite! Pourquoi les chrétiens craignent-ils une telle comparution? Ils pensent au moment où tous les yeux verront se dérouler leur histoire du commencement à la fin, toutes leurs fautes cachées, toutes les choses blâmables ou odieuses de leur carrière ici-bas, dont peut-être même leurs intimes n’avaient jamais eu connaissance! Il est parfaitement vrai qu’il en sera ainsi. Tous les regards des saintes myriades seront arrêtés sur ma vie passée et la connaîtront dans ses moindres détails. Mais il est une chose beaucoup plus sérieuse encore que celle-là, à laquelle ces chrétiens pensent peu; c’est que, sous les yeux de Dieu, tout ce qu’ils ont fait sera mis en pleine lumière et qu’ils seront manifestés devant le tribunal du Christ!

Dans quelle qualité y serai-je manifesté? Nous avons déjà vu que les hommes, manifestés comme pécheurs devant ce tribunal, devront porter la conséquence de leurs œuvres. Nous, chrétiens, nous y serons manifestés dans le même caractère que le Juge, revêtus de toutes ses perfections dans un corps ressuscité en gloire. Nous ne craindrons pas la lumière portée sur toute notre vie passée, car nous savons déjà que la grâce de Dieu a trouvé moyen, à travers toutes nos misères, de se glorifier elle-même, de faire sortir sa gloire, même de nos péchés, tout en nous en faisant porter la discipline ou le châtiment dans ce monde, mais pour nous amener finalement là où il voulait nous avoir, dans la gloire de Christ. Voilà, chers amis, ce qui me rend heureux à la pensée du tribunal. Si ma vie n’y était pas montrée dans tous ses détails, la grâce de Dieu qui a réussi, malgré tout, à m’amener dans la gloire, cette grâce ne serait pas pleinement révélée. Cela soutient le cœur. Au lieu de craindre que mes misères ne soient mises en lumière, je pense que Christ a été glorifié en dépit de tous mes manquements, et comment ne m’en réjouirais-je pas? Si la grâce de Dieu n’avait pas été là, tout le long de ma course, comment serais-je arrivé au salut et à la victoire finale?

D’où vient qu’un chrétien a peur du tribunal de Christ? De ce que sa conscience n’est pas à l’aise. Dans une conférence à laquelle j’assistais, le frère qui en avait la direction dit à voix basse, à quelques-uns de ceux qui l’entouraient: Je n’ai jamais vu un chrétien en mauvais état spirituel, qui n’ait des questions à soulever au sujet du tribunal de Christ. Dans le moment même, tout au bout de la salle, un ouvrier du Seigneur, dont l’état moral donnait des inquiétudes, appréhensions qui furent confirmées dans la suite, se leva et dit: Je voudrais poser une question au sujet du tribunal. Pensez-vous que les péchés commis par les chrétiens dans le cours de leur vie, reviennent tous en mémoire? Il n’y eut pas de réponse; celui qui posait la question donnait lui-même la réponse.

Nous trouvons ici, comme ailleurs, que chaque chrétien recevra, devant le tribunal, «les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal». Chacun recevra une récompense, ou éprouvera une perte, selon la manière dont il aura servi le Seigneur ici-bas. À celui qui marche mal, je ne puis pas dire: Tu seras sauvé quand même! Je lui demande: Où sera ta couronne? Quelle place occuperas-tu dans la gloire? N’éprouveras-tu pas une perte! Et quelle perte! Il en sera ainsi de tout chrétien qui n’a pas marché à la hauteur de sa vocation. C’est pourquoi le Seigneur dit à Philadelphie: «Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne». La couronne accordée à la fidélité peut nous être ôtée et donnée à d’autres. C’est ce que signifient ces mots: «Recevoir les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal».

Si j’ai perdu ma couronne, si j’ai déshonoré Christ, ce sera à ma honte et à ma confusion, au moment où je réaliserai que je dois paraître devant le tribunal, mais, arrivé là, je serai le tout premier à déclarer que cette sentence est juste, à la gloire du Dieu saint et de son Christ. Je me console en pensant qu’à ce moment-là, si Dieu m’ôte ce que ma fidélité aurait pu acquérir et le donne à un autre, dont peut-être je n’appréciais que peu la piété, ce sera une chose juste qui glorifiera parfaitement le Seigneur.

Qu’ai-je donc à faire en vue du tribunal? J’ai à réaliser d’un côté ce que dit l’apôtre: «Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint»; de l’autre: «Être manifesté à Dieu» (v. 11). Il nous faut nous tenir dès ici-bas dans la lumière de ce tribunal, et ne pas attendre d’être dans le ciel pour nous y présenter. C’est ce que nous trouvons ici. Paul passait sa vie dans la pleine lumière du tribunal du Christ. Sans se faire aucune illusion, il voyait et connaissait qu’il n’y avait point de bien en lui, c’est-à-dire en sa chair; il se jugeait à fond et continuellement. N’ayant aucune confiance en lui-même, il ne s’appuyait sur quoi que ce soit qui soit en lui, mais il voulait une chose: «Être manifesté à Dieu»; comme il est dit au Ps. 139: «Connais-moi, sonde-moi». Il réalisait le tribunal ici-bas, et désirait savoir, avant de s’y présenter dans le ciel, s’il y avait au fond de son cœur quelque «voie de chagrin», afin d’être conduit «dans la voie éternelle». Son âme se trouvait continuellement en la présence de Dieu et voulait être connue de Lui, ne désirant qu’une chose, c’est que Dieu continue à la tenir, à chaque instant, sous la pleine lumière de sa face, afin de lui faire découvrir tout ce qui aurait pu être un piège et l’éloigner de Dieu, tout ce qui aurait pu lui faire perdre la récompense du témoignage chrétien. Et remarquez ceci: l’apôtre pouvait se rendre ce témoignage: «Nous avons été manifestés à Dieu, et j’espère aussi que nous avons été manifestés dans vos consciences». Nous ne désirons rien vous cacher, pas plus que nous n’avons rien de caché pour Dieu.

Est-ce le cas pour nous? Vivons-nous devant Dieu et devant les hommes de manière à ne rien cacher, ni à l’Un, ni aux autres? L’apôtre faisait cela; il sentait tout le sérieux du tribunal du Christ, mais cette pensée le laissait parfaitement heureux et tranquille, et au moment d’achever sa course, il pouvait dire en toute assurance: «Désormais m’est réservée la couronne de justice» (2 Tim. 4:6-8).

Il revient maintenant au sujet de son ministère. Qu’est-ce que la pensée du tribunal a produit sur Paul comme ministre de Christ? S’il est sans crainte pour lui-même, il sait que c’est une chose terrible pour les pécheurs d’avoir à paraître devant le trône du jugement. Cette pensée le pousse à employer toute la puissance de persuasion que Dieu lui a donnée, pour montrer aux hommes combien le Seigneur doit être craint, et les engager à ne pas remettre à plus tard la comparution devant Dieu. Mais ce n’est pas tout que la crainte; il ajoute au v. 14: «Car l’amour du Christ nous étreint». La crainte du Seigneur, l’amour du Christ, tels sont les deux grands motifs pour celui qui présente l’Évangile. Nous pouvons parler de cet amour puisque nous en sommes les objets, et de cette crainte puisque nous la connaissons nous-mêmes. Seulement pour nous, la crainte n’est pas la peur de rencontrer le Dieu juste, mais la crainte de lui déplaire ou de le déshonorer.

Si le résultat du tribunal était produit actuellement dans nos âmes, combien nous serions poussés à nous adresser aux hommes pour leur dire: «Fuyez la colère à venir!» Dieu nous a appris à nous-mêmes à la fuir et nous en a délivrés. Faites comme nous, apprenez, pendant qu’il en est temps encore, à vous juger vous-mêmes, afin que vous ne soyez pas livrés au jugement. L’apôtre parlait ainsi; il persuadait les hommes. L’amour de Christ le pressait, sans repos ni trêve. Toute sa vie s’est passée à s’adresser aux pécheurs dans ce monde, afin de les amener à recevoir le salut gratuit que Dieu leur offrait par Christ.

«L’amour du Christ nous étreint», dit-il «en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts, et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui, pour eux, est mort et a été ressuscité» (v. 15). Nous trouvons ici de nouveau les croyants et les non-croyants compris dans la même catégorie. Si Christ est mort pour tous, convertis et inconvertis, c’est la preuve que tous sont morts. Si un seul homme avait pu être excepté de cette mort morale de tous les hommes, Christ n’aurait pas dû mourir pour tous. En est-il qui soient sortis de cette mort morale? Oui: ceux qui ont accepté, par la foi, le sacrifice de Christ, ceux-là vivent, Mais si le Seigneur est mort pour tous, pourquoi tous ne vivent-ils pas? Quel est donc l’obstacle qui s’oppose au salut de tous les hommes? Le seul et unique obstacle est la volonté de l’homme!

La vie chrétienne consiste, chers amis, à ne plus vivre pour soi-même. Si elle est bien comprise, l’égoïsme du cœur naturel de l’homme pécheur n’y a plus de place. Le but de Dieu, en nous donnant la vie éternelle par la foi en Christ, c’est que nous ne vivions plus pour nous-mêmes. Dieu nous a donné, dans la personne de Christ, un objet pour nos cœurs: «Celui qui pour nous est mort et a été ressuscité». Ne vaut-il pas la peine de vivre pour cet homme-là?

Chapitre 5:13-21

Nous avons vu, l’autre jour, quelle est l’attitude du monde d’un côté, des chrétiens de l’autre, vis à-vis de ces trois choses: le péché, la mort, et le jugement. Quand le pécheur est placé devant ces trois questions, son état est absolument désespéré et il n’a rien à attendre qu’une misère éternelle. Il en est tout autrement du chrétien: Où sont ses péchés? Disparus! la question du péché ayant été réglée pour lui à la croix, où Christ a été fait péché à notre place. S’agit-il de la mort, elle est pour nous l’antichambre de la résurrection, ou mieux encore! la mort est comme un accident sur notre chemin, car c’est la résurrection qui est la réalité. L’apôtre savait ces choses: «Ô mort», dit-il, «où est ton aiguillon; ô sépulcre, où est ta victoire?» La puissance de la mort est aussi complètement abolie pour nous que la puissance du péché. Reste encore le jugement: Le tribunal de Christ est une chose infiniment bénie pour le chrétien qui sait que la grâce l’a suivi dès ses premiers pas, pour l’amener enfin devant ce tribunal. Là, tout ce qu’il a fait, dans ses plus petits détails, est placé comme un tableau devant les yeux des saints glorifiés, devant les yeux des anges, devant les yeux de Dieu, devant les yeux de Christ. Dieu met tout en pleine lumière, non pas pour nous faire porter le jugement de nos fautes, mais pour glorifier sa grâce. Cependant il est une autre chose que nous n’avons garde d’oublier: Notre conduite dans ce monde aura des effets éternels quand nous serons dans la gloire; non pas pour notre condamnation, mais parce que le tribunal de Christ est le lieu des couronnes et des récompenses. L’apôtre savait, au bout de sa longue carrière, qu’il avait une récompense, car il dit: «Désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur, juste juge, me donnera dans ce jour-là» (2 Tim. 4:8). Sans doute, nous ne sommes pas appelés à servir le Seigneur comme des mercenaires, en vue d’une récompense, mais à Lui être agréables dans toute notre conduite, en sorte que, devant son tribunal, nous puissions entendre ces paroles de Sa bouche: «Bien, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Seigneur», au lieu d’entendre ces paroles: Tu as été infidèle; je t’avais préparé une couronne; je ne puis te la donner; je la donne à un autre, et toi, tu en seras privé.

L’apôtre Paul était certain d’avoir une belle couronne de gloire: tous ceux qu’il avait amenés à Christ devaient la former. D’autres chrétiens qui ont vécu pour eux-mêmes, ou pour le monde, s’accommodant à ses pensées, à ses plans, à sa conduite, au lieu de songer aux âmes avec lesquelles le Seigneur les a mis en rapport, quelle couronne pourront-ils obtenir dans la gloire? Aussi le Seigneur se sert-il de cette perspective pour nous encourager ou nous rendre sérieux. Ce n’est pas tout de savoir que le tribunal de Christ n’est pas un lieu de condamnation éternelle; il est solennel de penser qu’à la fin de notre carrière terrestre, nous pourrions paraître devant le tribunal sans recevoir aucun témoignage de satisfaction de notre bien-aimé Sauveur au sujet de ce que nous avons fait pour Lui.

Après cette récapitulation, considérons le passage que nous avons lu aujourd’hui: «Si nous sommes hors de nous-mêmes, c’est pour Dieu; si nous sommes de sens rassis, c’est pour vous» (v. 13). Je vous étonnerai peut-être en disant que ceci devrait nous caractériser. Non pas que nous soyons appelés à être «hors de nous-mêmes», comme l’apôtre Paul; Dieu lui donnait cet encouragement au milieu de sa carrière si laborieuse et semée de tant de difficultés; mais nous avons ici l’exemple d’un homme chez lequel le moi, l’égoïsme du cœur naturel ne jouait aucun rôle.

Qu’il ait été en extase, ce n’était pas pour lui, mais pour Dieu; qu’il ait été de sens rassis, ce n’était pas pour lui, mais pour ses enfants dans la foi. Ainsi la vie de l’apôtre était partagée entre Dieu qu’il pouvait visiter dans le ciel et ses chers Corinthiens, ne pensant qu’à eux, quand il était de sens rassis. Comment une chose pareille pouvait-elle avoir lieu? L’amour de Christ l’étreignait et s’était emparé de lui. Telle était la cause et le ressort de toute cette vie. Mais deux motifs remplissaient le cœur de Paul quant à son attitude envers le monde. Quand il pensait au tribunal, il pensait d’abord aux hommes. Que leur adviendra-t-il, quand ils devront se présenter devant le trône du jugement? Il savait combien le Seigneur doit être craint et quel effet la présence du Dieu juste et saint exercera sur les pécheurs. Alors il leur dit: Prenez garde au tribunal! Mais il avait, d’autre part, à leur parler d’un amour qu’il connaissait fort bien, car il savait quel était l’amour de Christ à son égard.

Toute la fin de ce chapitre continue le grand sujet du ministère. Dans les chapitres précédents, nous avons vu le ministère s’exerçant par l’apôtre Paul en faveur du peuple de Dieu, mais tel n’est pas son seul caractère. Ici, le ministère va au-dehors, vers le monde, et dit aux hommes ces deux paroles: Prenez garde au jugement de Dieu; c’est une chose sérieuse et dont les conséquences sont éternelles. Ouvrez les yeux et les oreilles pour voir et entendre ce qu’est l’amour de Christ. «L’amour du Christ nous étreint!» Ce n’était pas son amour pour Christ qui remplissait son cœur, mais l’amour de Christ lui-même. Mon amour pour Christ est un sentiment si incomplet qu’il ne remplira jamais mon cœur. Plus nous avançons dans la vie chrétienne, plus nous voyons combien est restreinte notre affection pour Lui, comparée à son amour qui s’est montré à la croix, se montre chaque jour dans ses soins de Berger et de Sacrificateur, et se montrera dans l’avenir quand il aura son couronnement dans la gloire où nous serons avec Lui et tels que Lui pour toujours.

«L’amour du Christ nous étreint, en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts». Telle est, en un mot, la base et comme l’assise de tout l’Évangile. Tous sont morts aux yeux de Dieu (car, à nos propres yeux, nous ne le sommes jamais), et cela est prouvé par le fait que le Seigneur Jésus est venu mourir pour tous. Il n’y a pas une étincelle de la vie de Dieu dans le cœur de l’homme pécheur; il est mort. Mais Christ est venu se soumettre à la mort pour tous, et, en ressuscitant d’entre les morts, il nous a frayé le chemin de la vie, nous donnant sa propre place dans une vie nouvelle, dans une vie de résurrection, «afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui, pour eux, est mort et a été ressuscité». Permettez-moi de revenir sur cette pensée qui nous a déjà occupés l’autre soir. Comment allons-nous désormais passer notre vie nouvelle ici-bas? Qu’en ferons-nous? Remarquez, chers amis, que nous trouvons ici la caractéristique absolue du chrétien, selon les pensées de Dieu. Ne plus vivre pour soi-même, mais pour Christ! L’homme pécheur peut-il faire cela? Jamais. Lisez en Osée 10:1: «Israël est une vigne branchue; il porte du fruit pour lui-même». Voilà l’homme. Dans un autre passage, il est dit: «Vous chantez au son du luth, et inventez, comme David, à votre usage, des instruments pour le chant» (Amos 6:5). Le prophète évoque David, le grand inventeur des instruments pour accompagner les louanges de l’Éternel. L’homme peut inventer aussi bien que David des instruments pour le chant, mais il s’en sert pour lui-même.

Voulons-nous porter ce caractère? Nos consciences ne nous disent-elles pas, qu’étant les objets d’un tel amour, nous devons tout sacrifier pour Christ et ne plus vivre désormais pour nous-mêmes? N’est-il pas vrai que chacun de nous peut s’appliquer cette parole? Si, parmi nous, j’exhorte mes frères et mes sœurs à le faire, soyez certains que je m’exhorte moi-même et ne me reconnais aucun droit quelconque de m’offrir en exemple à d’autres. Et cependant vous trouverez de tels exemples dans ce monde. Combien j’en connais, de chrétiens très simples et très dévoués auxquels Dieu a rendu témoignage qu’ils n’avaient pas vécu pour eux-mêmes, mais pour Celui qui pour eux est mort et a été ressuscité!

Il est bon que nous nous arrêtions un peu pour faire tous, sans exception, notre examen de conscience dans la lumière de la présence du Seigneur. Avons-nous compris dans quel but il est mort et ressuscité pour nous, dans quel but il nous a communiqué une vie nouvelle, capable d’aimer, de se dévouer, de Le servir? Nous avons besoin qu’il nous y exhorte, car il sait fort bien ce que sont nos cœurs faibles et légers. N’oublions pas ces paroles: «Afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui, pour eux, est mort et a été ressuscité».

Chapitre 5:14-21

Comme nous l’avons fait remarquer, le chap. 5 nous présente un nouveau côté du ministère, l’évangélisation. Si quelque passage du Nouveau Testament peut nous éclairer sur l’immense importance de la prédication de l’Évangile, c’est bien ce passage-ci. Nous avons vu aussi que la question de la mort est comme l’assise même de l’Évangile. On ne peut annoncer un salut complet dans toute sa force et dans toute sa puissance, sans présenter ce qui lui sert de point de départ, la mort morale du pécheur perdu, et c’est en quoi l’évangélisation actuelle manque si gravement. Si je parle de la grâce de Dieu en Christ, sans établir ce grand fait, qu’aux yeux de Dieu l’homme est entièrement mort dans ses fautes et dans ses péchés, j’affaiblis le ressort de l’Évangile lui-même. On peut avoir reçu la vérité qu’on est un pécheur et qu’on a besoin de pardon, tout en ayant un évangile très incomplet. Certes, je ne dis pas qu’une âme ne soit sauvée de cette manière — toute âme qui a reçu le pardon de ses péchés est sauvée — mais elle est encore loin de la réalité de l’Évangile tel qu’il était prêché par l’apôtre Paul. Comme nous l’avons vu, si la base de l’Évangile est la ruine irrémédiable de l’homme, la source de tout, c’est l’amour de Dieu en Christ. L’apôtre connaissait cet amour merveilleux et son âme l’avait saisi, compris de telle manière, qu’il était pressé d’aller en parler aux hommes. Il joignait ensemble ces deux grandes vérités de l’Évangile, la mort et l’amour: «Si un est mort pour tous, tous donc sont morts». La preuve était donnée qu’il n’y a dans l’âme d’aucun pécheur aucune étincelle de la vie de Dieu, mais que Son amour a trouvé moyen de nous substituer à tous un seul homme, venu pour se placer dans la position où nous étions et en porter toutes les conséquences. Il est donc mort. Pour qui? Pour tous. Son amour l’a fait descendre là et se substituer à nous sous la sentence de mort. Mais Dieu ne pouvait laisser dans la mort son Fils bien-aimé, auquel cette œuvre avait tout coûté, même sa propre vie. Alors, comme Dieu l’avait donné pour nous, il le ressuscite pour nous: «Celui qui pour vous est mort et a été ressuscité». Je sais maintenant que je possède une vie nouvelle, une vie de résurrection, parce que Christ est ressuscité pour moi, comme je sais que j’étais mort dans mes fautes et dans mes péchés, parce que Christ est mort pour moi — non pas, remarquez-le, que je me sente mort; au contraire, je me sens très vivant — mais la vue de Christ m’a appris ce que j’étais et ce que je suis devenu en vertu de son œuvre. Telle est la substance de l’Évangile. Il nous montre que l’amour de Dieu a placé son Fils bien-aimé là où nous étions et que ce même amour a ressuscité notre Substitut, lui donnant une vie de résurrection, afin que des êtres tels que nous puissent posséder cette vie. Et maintenant l’apôtre ajoute: «Afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes». Nous avons déjà beaucoup insisté sur cette vérité. Du moment que j’ai compris toute la valeur de l’œuvre de Christ, je suis introduit dans une sphère dont l’égoïsme est exclu. L’homme pécheur se fait toujours centre. On l’a souvent comparé à une pierre qu’on jette dans l’eau; des cercles se forment autour d’elle, toujours plus étendus, toujours plus éloignés, mais la pierre en reste le centre. Lorsque, recevant une vie nouvelle j’ai été délivré de cet état, j’ai trouvé un tout autre centre que moi-même, un objet qui est Christ. C’est ce qui caractérise, pour ainsi dire, s’il réalise son christianisme, le chrétien idéal aux yeux de Dieu: un homme sorti de lui-même, ayant trouvé pour son cœur un objet en dehors de lui, un autre centre, autour duquel toutes ses pensées peuvent converger désormais. Dans l’épître aux Galates, l’apôtre s’exprime ainsi: «Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi, et ce que je vis dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi». Le chrétien a trouvé un objet digne d’occuper tout son cœur, Jésus qui lui a révélé l’amour, et avec quelle joie il est délivré de lui-même pour Lui appartenir!

Ces pensées sur lesquelles nous ne pouvons trop revenir nous amènent aux versets que nous avons lus aujourd’hui: «En sorte que nous, désormais, nous ne connaissons personne selon la chair». Un changement complet s’est opéré dans ma vie. Je suis introduit dans de toutes nouvelles relations, ou, pour parler plus exactement, les relations dans lesquelles je me trouvais ont pris un tout nouveau caractère. Le christianisme ne m’a pas sorti de mes anciennes relations selon la nature, entre enfant et père, entre mari et femme, etc., mais elles ont entièrement changé de caractère, en sorte que je puis dire: «Nous ne connaissons personne selon la chair». Vous trouvez dans l’épître aux Éphésiens: «Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur». C’est en cela que le caractère de la relation est autre. Il est important que nous nous en rendions compte. Nos relations, non pas seulement celles de famille, car il est tout simple que celles de la famille chrétienne soient autres que celles de la famille mondaine; — mais nos relations journalières avec les hommes dans le monde ont complètement changé, Comment les considérons-nous? Pouvons-nous dire: «Je ne connais personne selon la chair?» Est-ce que les liens n’existent plus, tels qu’ils étaient jadis, parce que nous ne les connaissons maintenant que dans la lumière de Christ? Et, quand nous avons affaire à nos amis d’autrefois, disons-nous, comme l’apôtre: «L’amour de Christ nous étreint»? Il parle précisément dans ce passage de ses rapports avec les hommes. Ayant jugé qu’ils sont morts, comme nous l’étions, nous pouvons leur présenter la vérité de l’Évangile, par lequel nous avons reçu une vie nouvelle.

L’apôtre ajoute: «Si même nous avons connu Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi». Remarquez ce mot «maintenant». Auparavant, les disciples juifs avaient connu Christ selon la chair. Il était le Messie, le Roi promis, venu dans ce monde pour être présenté à son peuple selon la chair. Mais il avait été rejeté et l’apôtre ne le connaissait plus comme objet de l’espérance juive. Il en était de même pour ses relations avec ceux de sa nation, «ses parents selon la chair», quoiqu’il ait aimé tendrement ce peuple, mais il ne les connaissait plus ainsi. «En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création». Être en Christ: tout le secret du changement qui s’est opéré est . Je ne suis plus en Adam, mais en Christ! Une nouvelle création, fondée sur une vie toute nouvelle, par la résurrection de Christ d’entre les morts: «Les choses vieilles sont passées; voici, toutes choses sont faites nouvelles». Est-ce vraiment le cas pour nous en pratique? Est-ce que, dans toutes nos relations avec le monde qui nous entoure, nous nous considérons comme n’étant pas dans la chair et comme appartenant à un tout nouvel ordre de choses? «Toutes choses sont faites nouvelles»; la scène dans laquelle je vis désormais n’est pas le monde. Je suis dans le monde, mais je n’y appartiens pas; je suis introduit dans une autre scène; ma vie n’est plus celle de l’ancienne création. Sans doute, comme tous les hommes, j’ai mon intelligence, mon âme, mon activité sur la terre, mais en Christ les choses vieilles sont passées; le chrétien n’est plus un homme animal, mais un homme spirituel. Nos affections, où sont-elles? Hélas! chers amis, en pratique je montre la plupart du temps que les choses vieilles ne sont pas passées, et cela m’humilie; mais je parle de la position que Dieu nous a donnée pour nous élever au-dessus des misérables pensées qui nous rabaissent au niveau des choses terrestres. Nos pensées sont-elles aux choses d’en haut? Nos désirs n’ont-ils rien à faire avec les choses de la terre? Notre espérance est-elle tout entière dirigée vers le moment béni où nous serons avec le Seigneur? «Toutes choses sont faites nouvelles, et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par Jésus Christ». Nous devons être humiliés de voir que Dieu, nous ayant donné une telle position, nous la connaissons à peine. L’apôtre, lui, pouvait dire: «Je connais un homme en Christ»; les choses vieilles sont passées, toutes choses sont faites nouvelles. Ma vie n’appartient plus à ce monde; mon espérance n’a rien à faire avec les espérances terrestres, mais avec le ciel.

Il ajoute: «Toutes choses sont du Dieu qui nous a réconciliés avec Lui-même par Jésus Christ». Remarquez cette parole qui revient si souvent dans ce passage et nous donne la signification la plus élevée du contenu de l’Évangile: la réconciliation. Ce n’est pas tout, avons-nous déjà dit, que d’avoir le pardon de ses péchés. Une âme qui l’a reçu est délivrée du poids qui pesait sur elle; elle sait que le Sauveur a expié ses péchés et que Dieu ne s’en souvient plus, mais ce n’est pas tout l’Évangile. Dieu «l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui». La délivrance du péché est une chose infiniment heureuse et bénie. Dieu me déclare juste, absolument juste, de sa propre justice, parce qu’il me voit sans péché en Christ. Cela conduit à la réconciliation. Qui dit réconciliation, dit des relations toutes nouvelles entre nous et Dieu. Le péché nous avait éloignés de Lui; il y avait séparation complète entre nous et Lui. Maintenant Dieu a trouvé moyen d’abolir cette scission, de manière qu’il n’y ait plus rien qui nous sépare. Dieu m’ayant justifié m’associe avec Lui. Prenez un exemple dans les affaires. Un homme a trompé la confiance de son protecteur et l’a profondément blessé et compromis. La faillite du coupable en est la conséquence. Le protecteur examine les comptes, enregistre les faux... et paie les dettes. Il pourrait dire: Je paie tes dettes, mais désormais je n’aurai plus de relations avec toi. Au lieu de cela, il le justifie et le réhabilite et, pour prouver l’étendue de cette réhabilitation, il l’associe avec lui. Le coupable de jadis a désormais les mêmes affaires, les mêmes intérêts, les mêmes relations que celui qu’il avait jadis grièvement offensé. Il n’y a plus aucune différence entre eux, la communion est complète. Telle est la grande œuvre que Dieu a faite pour nous: le résultat de l’œuvre de Christ n’est pas seulement de nous acquérir le pardon et de nous justifier, mais de nous réconcilier avec Dieu, de rétablir les relations que nous, coupables, nous avions rompues, de nous donner les mêmes intérêts, les mêmes objets qu’à Dieu lui-même, de nous associer à Lui, dès maintenant et pour l’éternité!

Ces relations ne pouvaient être rétablies que par Jésus Christ: «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes, et mettant en nous la parole de la réconciliation» (v. 19). Tel était le caractère de Dieu quand Jésus s’est présenté au milieu des hommes. Le monde n’a pas accepté cette invitation; au contraire, il s’est débarrassé de Celui dans lequel Dieu lui-même était, pour réconcilier le monde avec Lui. — Mais, en son absence, Dieu envoie des ambassadeurs dans la personne de ses ministres: «Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ — Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen; nous supplions pour Christ: Soyez réconciliés avec Dieu!» (v. 20). Cette réconciliation n’est plus à faire, comme quand Dieu était en Christ, dans ce monde; elle est faite; le fondement en est posé à la croix, où Celui qui n’a pas connu le péché a été fait péché pour nous. Tel est le message de l’ambassadeur. Vous pouvez venir maintenant en toute confiance: Soyez réconciliés avec Dieu. Il a fait son propre Fils péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui! (Rom. 5:10, 11; Col. 1:21, 22).

Si nous avons été les objets d’un tel amour et d’une telle réconciliation, ne devons-nous pas aller auprès du monde pour l’annoncer? Ce n’est pas seulement par les apôtres que cette bonne nouvelle a été proclamée dans ce monde; les évangélistes la publient; mais souvenons-nous bien que ce service incombe aussi à chacun de nous. Souvent Dieu amène sur notre chemin une seule âme pour qu’elle reçoive le message de la réconciliation. N’oublions pas que cette âme est destinée à faire partie de notre «couronne de gloire devant notre Seigneur Jésus, à sa venue» (1 Thess. 2:19).

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur 2 Corinthians 5". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/2-corinthians-5.html.
 
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