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Thursday, November 21st, 2024
the Week of Proper 28 / Ordinary 33
the Week of Proper 28 / Ordinary 33
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Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-34
3>1 à 15 Thessalonique et Bérée
Trois villes de la Macédoine, situées au sud-ouest de Philippes et reliées par une route romaine, la via Egnatia.
Amphipolis, cheflieu du premier district de la Macédoine, était à une journée de marche de Philippes et Apollonie à une journée d’Amphipolis.
Thessalonique (voir sur le séjour de Paul dans cette ville l’introduction à la première épître aux Thessaloniciens) était le chef-lieu du second district de la Macédoine et un port de mer. Elle était alors déjà importante par son commerce. Elle l’est demeurée jusqu’à nos jours, sous le nom de Salonique.
Dans cette ville se trouvait une synagogue, selon le texte de Codex Sinaiticus, B, A, D, non la synagogue, comme portent les majuscules plus récents; l’article signifierait que c’était la seule qu’il y eut dans la contrée, celle où se rendaient les Juifs des autres villes.
Selon sa coutume, comme nous le voyons dans tous ses voyages de missions (Actes 13:5-14; Actes 14:1 notes). Paul qui avait tant souffert déjà de la part des Juifs (Actes 13:45-50; Actes 14:2; Actes 14:5; Actes 14:19), savait bien à quoi il s’exposait en agissant ainsi à Thessalonique, et lui-même rappelait aux chrétiens de cette ville tout le courage qu’il lui avait fallu pour leur annoncer l’Évangile après la persécution endurée à Philippes (1 Thessaloniciens 2:2).
Durant trois sabbats, il discuta; on pourrait aussi traduire : il s’entretint, dialogua avec eux, mais, comme sans doute on lui faisait des objections, les entretiens prenaient le caractère de la discussion.
Tout cela avait lieu d’après les Écritures, grec depuis les Écritures en les prenant pour point de départ. On peut aussi joindre ce complément aux participes qui suivent.
Ce qu’il expliquait et exposait en le prouvant par les Écritures, c’était un grand principe et un grand fait.
Le principe, parfaitement étranger à toutes les notions des Juifs, était qu’il fallait que le Christ, le Messie, souffrit et ressuscitât d’entre les morts.
Les Juifs attendaient un Messie puissant et glorieux, et dès lors ils ne pouvaient admettre sa mort. Paul leur prouvait que cette mort avait dû arriver non seulement parce qu’elle était prédite dans les Écritures, mais parce qu’elle était indispensable à l’œuvre de la rédemption du monde (Luc 24:25).
Le fait qu’établissait l’apôtre, c’est que le Messie était apparu dans la personne de ce Jésus qu’il annonçait.
Des Juifs de naissance, quelques-uns seulement crurent et se joignirent à Paul et à Silas.
(grec : leur furent adjugés par Dieu, littéralement : leur tombèrent par le sort.) Remarquable expression de l’œuvre de la grâce, mais qu’il ne faudrait pas mal comprendre.
Quant aux Grecs craignant Dieu, c’est-à-dire aux prosélytes nés païens, qui, par un profond besoin religieux, avaient cru au vrai Dieu, il y en eut une grande multitude qui furent amenés au Sauveur (comparer Actes 14:1; Actes 16:14).
Parmi eux se trouvaient (grec) des premières femmes pas peu nombreuses.
D’après 1 Thessaloniciens 1:9, l’Église était presque exclusivement composée de païens convertis. Cela n’infirme pas les données de Luc, car il a soin de dire que les Juifs n’étaient que quelques-uns et les prosélytes une multitude.
Le texte reçu porte : les Juifs incrédules et devenus jaloux.
D et le texte occidental portent seulement : les Juifs incrédules.
La conduite de ces Juifs prouve que de tels termes les caractérisent fort bien. Ils recrutent quelques méchants hommes (grec) de ceux qui se tiennent sur la place publique, c’est-à-dire de la populace, et ils suscitent une émeute qui trouble la ville.
Ils cherchent Paul et Silas dans la maison de Jason, un disciple, du reste inconnu, qui les logeait chez lui (verset 7), et, ne les ayant pas trouvés, ils traînent Jason et quelques frères devant les magistrats de la ville (grec), les politarques.
Le titre a été retrouvé sur des inscriptions, qui nous apprennent que ces politarques étaient alors au nombre de cinq ou six à Thessalonique.
Devant les magistrats, les persécuteurs font entendre contre les missionnaires ces banales accusations politiques qui se reproduisent partout, depuis qu’elles furent proférées contre Jésus lui-même (Luc 23:2; Jean 19:12).
On peut rendre le sens du participe grec en traduisant : Ils ne les laissèrent aller qu’après avoir reçu caution.
Luc ne dit pas en quoi consista cette caution (grec l’équivalent, le suffisant), mais comme les principaux accusés, Paul et Silas, étaient absents (verset 10), et que Jason et les autres frères étaient connus dans la ville, les magistrats se contentèrent d’une garantie que la tranquillité ne serait plus troublée.
Bérée, autre ville de la Macédoine, située à l’ouest de Thessalonique. Là encore, malgré l’inimitié que les Juifs venaient de témoigner à Paul (verset 5), c’est à eux qu’il annonce tout d’abord le salut (Actes 13:5-14, note, Actes 14:1).
Pour savoir si la prédication de Paul était en harmonie avec les Écritures.
En cela ces Juifs de Bérée montrèrent des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique. Il faut une vraie noblesse d’esprit pour se mettre au dessus des préjugés et savoir écouter, examiner et recevoir la Parole de vérité.
C’est ainsi que cette Parole produit la conviction et la foi (verset 12). Quel contraste avec l’aveugle fanatisme des Juifs de Thessalonique ! (versets 5, 13)
Notre récit montre que Paul, malgré son autorité apostolique, n’exigeait point que ses auditeurs le crussent sur parole, mais approuvait l’empressement avec lequel ils examinaient ce qu’il leur disait.
L’adjectif grecques, appliqué ici à ces femmes de distinction, peut, d’après l’original, se rapporter aussi aux hommes, qui, en assez grand nombre, crurent.
Cette épithète désigne sans doute des prosélytes nés dans le paganisme, mais n’exclut pas des païens proprement dits. C’est parmi les Grecs que l’Évangile trouvait le plus d’accès (Actes 17:4; Actes 14:1; Actes 16:14).
Ces Juifs, poussés par leur fanatisme, poursuivent Paul de Thessalonique à Bérée et le forcent bientôt d’abandonner ce beau champ de travail.
Grec : agitant et troublant la foule, le texte reçu omet le second de ces participes, qui se lit dans Codex Sinaiticus, B, A, D.
Jusqu’à la mer : cette expression indique que Paul et ceux qui l’accompagnaient allèrent par mer à Athènes, ce que le verset 15 laisse indécis.
Le texte reçu et les majuscules récents ont une variante qu’on traduit par : comme pour aller vers la mer.
Plusieurs exégètes, depuis Théodore de Bèze, en adoptant cette leçon pensent qu’il ne s’agit là que d’une feinte pour échapper aux adversaires, et qu’ensuite Paul et ses amis firent par terre le voyage d’Athènes. Mais la traduction sur laquelle se fonde cette hypothèse est contestable.
Silas et Timothée sont laissés par Paul à Bérée pour affermir les nouveaux croyants; mais seul à Athènes, l’apôtre leur fait dire de venir auprès de lui dès qu’ils le pourraient.
Où est-ce qu’ils le rejoignirent (voir sur cette question, qui présente une difficulté historique, Actes 18:5, note) ?
Quant à Timothée, notre récit ne l’a plus mentionné depuis Actes 16:1-3. Est il resté à Philippes, pour ne rejoindre Paul qu’à Bérée ? Ou bien a-t-il accompagné Paul et Silas dans tout leur voyage, sans que l’historien des Actes jugeât nécessaire de mentionner sa présence ?
Cette dernière supposition est plus naturelle, car le séjour des évangélistes à Thessalonique dut être assez prolongé (Philippiens 4:16), et si Timothée n’avait pas été connu des Thessaloniciens, Paul le leur aurait-il envoyé d’Athènes (1 Thessaloniciens 3:1 et suivants) ?
Dans D (texte occidental), verset 15 est ainsi conçu : « Ceux qui escortaient Paul le conduisirent jusqu’à Athènes. Or il passa à côté de la Thessalie; car il fut empêché de leur prêcher la parole. Et, après avoir reçu de Paul, pour Silas et Timothée, l’ordre de venir vers lui au plus tôt, ils partirent » (comparer Actes 16:6).
Plan
3>Impressions de l’apôtre dans les rues d’Athènes. Entretiens dans la synagogue et sur la place publique
L’idolâtrie florissante cause à Paul une indignation profonde, qui le pousse à discuter dans la synagogue avec Juifs et prosélytes, et à s’entretenir tous les jours avec ceux qu’il rencontre sur l’agora. Des épicuriens et des stoïciens l’entreprennent. Les uns le traitent de bavard ; les autres l’accusent de prêcher de nouvelles divinités, parce qu’il annonçait la bonne nouvelle de Jésus et de la résurrection (16-18).
Discours de Paul à l’Aréopage
a) Occasion de ce discours. Ses interlocuteurs le conduisent à l’Aréopage, le priant de leur exposer sa doctrine, qui leur paraît étrange et pique leur curiosité. Les citoyens et les habitants d’Athènes passent leur temps, en effet, à se communiquer les dernières nouveautés (19-21).
b) L’exorde. L’apôtre constate le zèle religieux des Athéniens. En parcourant leur ville, il a vu un autel voué à un dieu inconnu. Ce qu’ils honorent sans le connaître, il vient le leur annoncer (22, 23).
c) Première partie. Le Dieu créateur de l’univers ne saurait être servi par la main des hommes. Il a fait tout ce qui existe et il régit l’univers ; des temples construits par des hommes ne sauraient le contenir ; des mains humaines ne sauraient le servir, car il n’a besoin de rien ; c’est lui au contraire qui entretient toute vie (24, 28).
d) Deuxième partie. Le Dieu qui dirige les destinées de l’humanité et dont nous sommes la race ne peut être assimilé aux produits de l’industrie humaine. Il a fait naître d’un seul homme toutes les nations et fixé leur habitation sur la terre et les périodes de leur histoire. Il a donné aux hommes l’instinct de le chercher en tâtonnant, lui qui n’est loin d’aucun homme, puisque nous vivons en lui. Les poètes des Grecs l’ont affirmé en nous proclamant de sa race. Dieu n’est donc point semblable à des statues de métal et de pierre que crée l’art d’un sculpteur (26-29).
e) Conclusion. Repentance et jugement. Oubliant ces temps d’ignorance, Dieu invite tous les hommes à se repentir, car il a fixé un jour, où il jugera le monde par l’homme qu’il a accrédité pour cela auprès de tous, en le ressuscitant des morts (30, 31).
Effets du discours de Paul
Il provoque les railleries des uns, et, de la part des autres, la proposition de remettre la discussion à plus tard. Paul quitte l’assemblée. Quelques personnes s’attachent à lui et parviennent à la foi ; ainsi Denys, membre de l’Aréopage, et une femme nommée Damaris (32-34).
16 à 34 Paul à Athènes
Les historiens anciens sont unanimes à célébrer tous ces temples et toutes ces statues de divinités diverses auxquelles on rendait un culte. Ils nous apprennent aussi quelles superstitions régnaient dans ce peuple léger et frivole, celles-ci produisent dans l’esprit de Paul une douloureuse irritation.
Le verbe que nous rendons par s’irriter ne se retrouve que 1 Corinthiens 13:5, et le substantif d’où il dérive, Actes 15:39; Hébreux 10:24.
Donc, poussé par son zèle et stimulé par l’indignation que lui inspirait la vue de tant d’idolâtrie, l’apôtre, qui d’abord ne voulait qu’attendre à Athènes l’arrivée de ses amis (verset 15), consacra tout son temps à l’évangélisation.
Les jours de sabbat, il discutait ou s’entretenait (verset 2, note) avec les Juifs et les prosélytes dans la synagogue; et durant la semaine, sur la place publique, avec ceux qui s’y trouvaient.
Cette place était la célèbre Agora, qui servait à la fois de marché et de lieu de réunion, et sur laquelle le peuple s’assemblait pour entendre des orateurs ou pour traiter des affaires publiques.
Les épicuriens, disciples d’Epicure (342-270 avant Jésus-Christ), enseignaient une sorte de matérialisme, niaient l’action de Dieu dans le gouvernement du monde plaçaient le bien suprême dans la jouissance et disaient que, pour y parvenir, il fallait se maintenir dans un repos exempt de passions et de soucis.
Les stoïciens, disciples de Zénon (né vers 340 avant Jésus-Christ), ainsi nommés parce que ce philosophe donnait ses leçons sous un portique (en grec stoa), étaient les panthéistes du temps. Pour eux, Dieu était l’âme du monde, dont l’âme humaine n’était qu’une émanation, mais sans existence personnelle après cette vie. Selon eux, l’homme peut arriver à la vertu et supporter la douleur par ses propres forces.
Ni les uns ni les autres n’étaient dans des dispositions favorables pour entendre l’Évangile que Paul annonçait. Chez les premiers la recherche du plaisir étouffait les aspirations supérieures à la sainteté et à la vie éternelle; et les seconds étaient empêchés par leur orgueil et l’illusion de leur force propre de recevoir le message de la grâce qui n’est accueilli que par des cœurs humbles et contrits.
Grec : ce spermologue. À l’origine, ce mot désignait un oiseau, en particulier la corneille, qui ramassait la semence répandue en terre, et qui, par ses cris, était devenue à la fois le type du parasite et du bavard. C’est dans ce dernier sens que le mot est pris ici, il devait être l’expression d’une méprisante ironie.
M. Blass relève le caractère tout athénien de ce terme, employé par Démosthène, et estime qu’il fut sûrement prononcé par les auditeurs de Paul.
La plupart de nos versions le rendent par discoureur, celle de Lausanne, par semeur de paroles, ce qui est précisément l’inverse de l’étymologie; Rilliet par bavard, Reuss par blagueur, M. Stapfer par radoteur.
Le mot de divinités étrangères (au pluriel) étonne, car, selon le texte, Paul annonçait simplement Jésus. De Wette l’explique par le fait que Paul parlait de Dieu et du Sauveur. Des interprètes anciens, comme Chrysostome et, parmi les modernes MM. Wendt et Barde, pensent que l’apôtre, annonçant Jésus et la résurrection, les philosophes athéniens prirent ce dernier mot (grec Anastasis) pour le nom d’une divinité. Le mieux est d’admettre que le pluriel indique simplement la catégorie (Meyer). Et quant à la résurrection, nous ne pensons pas que Paul enseignât à de tels auditeurs la résurrection en général, mais, bien plutôt, qu’il leur avait parlé de Jésus ressuscité (verset 3)
Introduire des divinités étrangères et nier les dieux nationaux, était interdit par les lois d’Athènes; ce fut la cause de la condamnation de Socrate. Il ne paraît pourtant pas que nul ait songé à en faire un crime à Paul, bien que quelques interprètes l’aient conclu, à tort, de ce qu’il fut conduit à l’Aréopage (verset 19)
L’Aréopage, ou colline de Mars. était le nom d’un rocher, à l’ouest de l’Acropole, sur lequel siégeait le célèbre tribunal de ce nom. Là se réunissaient aussi les hommes d’État et les savants pour s’entretenir ensemble.
Les philosophes y conduisirent Paul, afin de pouvoir l’entendre parler, mieux que cela n’eût été possible au milieu du tumulte de la place du marché (verset 17).
Les questions qu’ils lui adressent sont polies, bien que formulées avec une légère teinte d’ironie (grec : Tu nous introduis dans les oreilles certaines choses étranges).
Grec : du plus nouveau.
Le comparatif rend l’expression encore plus significative; on voulait entendre ou dire quelque chose de plus nouveau que ce qui venait d’être dit.
Luc fait cette observation pour expliquer la curiosité des philosophes (versets 19 et 20). Démosthène les décrivait déjà semblablement : « Vous aimez, en circulant, à vous demander les uns aux autres : Que dit-on de nouveau ? »
La vivacité des Athéniens, leur goût pour l’instruction avaient dégénéré, avec la décadence de leur patrie, en une vaine curiosité.
Grec : Se tenant debout au milieu de l’Aréopage, c’est-à-dire au centre de la terrasse située au sommet de la colline, et sur laquelle une centaine de personnes pouvaient trouver place.
Le savant helléniste Curtius a émis l’idée qu’il ne s’agit pas ici de cette terrasse, mais bien du tribunal de l’Aréopage qui, à cette époque, siégeait aux abords de l’Agora, sous le Portique royal, et qui paraît avoir exercé une certaine surveillance sur l’enseignement public. Paul aurait été amené sous ce portique ceux qui désiraient l’entendre, et il aurait parlé de là à la foule réunie sur la place, tandis que les juges de l’Aréopage l’entouraient en demi-cercle.
M. Ramsay donne plusieurs arguments à l’appui de cette opinion : la terrasse située au sommet de la colline est un endroit peu propre à une assemblée nombreuse, l’expression : au milieu de l’Aréopage, ne peut s’entendre de cette terrasse, mais seulement des juges réunis en tribunal. Les Athéniens, dans leur orgueil national et leur respect des choses religieuses, n’auraient eu garde d’amener en un lieu auquel se rattachaient les souvenirs les plus sacrés un étranger qui passait pour annoncer de nouvelles divinités, etc.
Quoi qu’il en soit du lieu de cette assemblée, un point est incontestable, c’est que l’apôtre ne doit pas être envisagé comme un accusé traduit devant un tribunal ou soumis à une enquête judiciaire.
La curiosité seule anime ses auditeurs. Il paraît librement devant eux et se retire de même, après avoir parlé. Jamais encore il ne s’était trouvé en présence d’un tel auditoire, composé en grande partie de philosophes et de savants. Et il ne pouvait oublier qu’il était à Athènes, au milieu des monuments célèbres de cette ville glorieuse, en face de l’Acropole !
Or, son discours, loin de rester au-dessous de la situation, a fait de tout temps l’admiration des hommes capables de l’apprécier. De Wette le caractérise comme un « modèle d’enseignement apologétique »
Meyer relève aussi « l’élégance et la finesse des expressions, ainsi que le mouvement et le progrès dont le discours est marqué ».
Grec : Plus (que d’autres) craignant les dieux.
Paul ne flatte point les Athéniens; il constate un fait confirmé par tous les historiens de l’antiquité.
L’histoire politique d’Athènes comme son développement artistique sont marqués de ce caractère religieux. Le calendrier athénien portait deux fois autant de jours fériés qu’on en comptait dans les autres cités grecques.
Des cultes syriens, phéniciens, phrygiens, égyptiens s’étaient introduits a Athènes, on y rencontrait de nombreux sanctuaires romains (Holtzmann).
Mais quel est le sens exact de l’expression employée par l’apôtre ? La crainte de la divinité peut, selon sa nature, être de la piété ou de la superstition.
Les écrivains classiques emploient ce terme dans les deux sens. Paul prononce le mot, mais, avec une admirable sagesse, il se garde bien de le définir. Aussi est-ce avec raison que Meyer blâme les traducteurs qui le rendent par « superstitieux ».
Ici et dans tout ce discours, l’apôtre, désireux de gagner des âmes, a su dominer l’indignation que lui inspirait la vue de l’idolâtrie (verset 16).
Quel ingénieux exorde, et combien il était propre à éveiller l’attention des auditeurs !
Paul montre qu’il savait observer; car en considérant attentivement (sens du verbe grec) les objets du culte des Athéniens, c’est-à-dire les temples, les images des dieux, les autels, il avait remarqué un de ces derniers, portant l’inscription : À un Dieu inconnu.
Le mot est sans article, il ne faut donc pas traduire au dieu inconnu, mais lui laisser son sens indéterminé.
On sait par deux écrivains anciens, Pausanias et Philostrate, qu’il y avait à Athènes plus d’un autel pareil. On sait encore, par un récit de Diogène Laërce, que certains autels de ce genre devaient leur origine à une époque de peste, où Epiménide avait laissé courir des brebis noires et blanches, puis les avait immolées là où elles s’étaient arrêtées, les sacrifiant « au dieu que cela concernait », à celui dont il fallait apaiser la colère.
La peste avait cessé, et depuis lors on trouvait à Athènes des autels voués à des dieux inconnus.
L’idée qu’il y avait des dieux inconnus s’accordait avec les conceptions du polythéisme; la philosophie grecque, de son côté, s’était élevée à la penses d’une divinité infiniment plus grande que tous les dieux connus. L’apôtre va maintenant appliquer son observation au moment actuel.
Le texte reçu porte Celui que,…c’est celui que je vous annonce. Mais Paul ne pouvait pas, en restant vrai, supposer que les Athéniens honoraient sur cet autel le Dieu même qu’il leur annonçait.
Le texte authentique, qui se fonde sur Codex Sinaiticus, B, A, D et sur le témoignage de plusieurs Pères, porte : Ce que vous honorez sans le connaître, cela, je vous l’annonce.
Le pronom neutre montre que Paul suppose seulement chez ses auditeurs une vague aspiration vers le vrai Dieu qu’il leur annonce et dont ils ne pouvaient encore avoir qu’une idée fort indéterminée (comparer Jean 4:22).
Ainsi sa parole reste dans les limites de la stricte vérité. L’inscription même dont il parlait proclamait l’insuffisance du polythéisme, puisqu’il restait toujours des dieux inconnus; et de plus, tous les efforts des païens pour s’élever par leur culte jusqu’à la divinité, révélaient en eux un besoin inconscient, mais indestructible, du vrai Dieu, du Dieu que Paul annonçait.
Ce besoin se trahit encore aujourd’hui dans notre humanité en ce que tout homme inconverti a son dieu inconnu qu’il cherche et adore sous toutes les formes et tous les noms qui lui promettent le bonheur.
Tel est le Dieu vivant et vrai, source de tout ce qui existe. La religion des Grecs consistait dans une déification de la nature et de ses forces, de l’homme et de ses passions.
Proclamer que Dieu est le Créateur, c’était détruire ce polythéisme et, d’un seul mot, placer Dieu au-dessus de toutes les créatures, dans son indépendance absolue (comparer Actes 7:48-50; Actes 14:15-16).
Comment donc ce Dieu infini serait-il renfermé dans des temples ? Avec quoi l’homme pourrait-il le servir, lui qui n’a besoin de rien, mais qui, au contraire, donne à tous la vie, la respiration qui la conserve, et toutes choses ?
Luther traduit comme étant masculin le pronom que nous rendons par quelque chose : comme s’il avait besoin de quelqu’un.
Mais le neutre : quelque chose, donne à la pensée un tour plus absolu (Psaumes 50:7-15).
Les auditeurs de Paul pensaient qu’il leur raconterait quelque fable mythologique (verset 18), et il leur entrouvre les profondeurs de Dieu !
Grec : Il a fait d’un seul toute nation des hommes habiter sur toute la face de la terre, ayant déterminé, etc.
On peut aussi traduire : Il a fait d’un seul (homme) toutes les nations des hommes, pour qu’ils habitent,…pour qu’ils cherchent.
Après avoir révélé à ces philosophes païens le Dieu créateur de toutes choses, il les renseigne sur son œuvre principale, notre humanité, son origine, son histoire, sa destination, sous le Gouvernement de Dieu.
C’est une vraie philosophie de l’histoire et ce qu’on a pu appeler une « géographie divine ».
L’origine commune de l’humanité, née d’un seul homme (c’est le mot sous-entendu, bien que D et les majuscules récents portent sang; Paul pense à Adam), son unité, sa solidarité en toutes choses, telles sont les importantes vérités que l’apôtre proclame.
Dans le polythéisme, chaque peuple, ayant ses dieux nationaux, s’isolait avec eux du reste de l’humanité. Quiconque n’était pas Grec ou Romain, n’était, aux yeux de ceux-ci, qu’un barbare, un ennemi.
Mais, outre cette unité d’origine, les peuples, issus de la main du même Dieu, en ont une autre encore : c’est que tous vivent sous le même gouvernement divin.
Leur existence sur la terre est déterminée selon des lois pleines de sagesse et de justice qui président à leur développement.
Celles-ci leur assignent :
Si les peuples reconnaissaient cette vérité, ceux qui, par les bornes de leur habitation, se trouvent voisins, y verraient autre chose qu’une raison de se haïr et de se faire des guerres sanglantes.
Tel est le but assigné aux hommes : qu’ils cherchent et trouvent Dieu (texte reçu : le Seigneur).
Ce but, Dieu le leur avait fixé pour voir si peut-être ils pourraient le trouver en tâtonnant, comme fait un aveugle. Dieu savait que le péché a plongé l’homme dans les ténèbres.
Grec : Il n’est pas loin de nous, car, en lui, nous vivons, nous nous mouvons et nous sommes.
En lui et non pas seulement par lui, comme traduisait Ostervald.
Dieu présent partout, pénétrant toutes choses, est l’élément en dehors duquel nous n’existerions non plus qu’en dehors de l’air que nous respirons (Jérémie 23:23-24; Psaumes 104:29-30; Psaumes 139:5; Psaumes 139:7-10).
En proclamant ainsi l’immanence de Dieu dans le monde, l’apôtre ne tombe pas dans le panthéisme, parce qu’il maintient non moins énergiquement la personnalité de Dieu et la personnalité de l’homme. L’homme ne se perd pas en Dieu, au contraire, il s’y retrouve.
On s’est évertué à établir des distinctions subtiles entre ces trois verbes : vivre, se mouvoir, être. Nous dirons plutôt avec de Wette que, par ces trois termes, l’apôtre a voulu épuiser l’idée que nous n’existons qu’en Dieu, et que, par conséquent, il ne devrait pas être impossible pour nous de le chercher et de le trouver (comparer Actes 14:17).
Paul disait très exactement : quelques-uns de vos poètes; cette parole se trouve d’abord dans Aratus, poète grec, originaire de Cilicie, de même que l’apôtre, mais qui vivait trois siècles avant l’ère chrétienne; et ensuite dans une hymne du poète stoïcien Cléanthe.
Paul cite réellement ces deux poètes, et ne répète pas une maxime courante, c’est ce que prouve le car, qui introduit la citation, et qui se lit dans le texte des deux auteurs.
L’apôtre s’approprie cette pensée (verset 29), mais dans quel sens plus élevé et plus vrai il pouvait l’entendre, lui qui savait que l’homme, créé à l’image de Dieu, capable de le connaître et de l’aimer, a véritablement un degré intime de parenté avec lui !
Et combien plus encore cette parole est-elle vraie pour le chrétien « né de Dieu » (Jean 1:12-13) et « participant de la nature divine ! » (2 Pierre 1:4)
Conclusion irréfutable. Se prosterner devant des images matérielles de la divinité, c’est abaisser Dieu et dégrader l’homme lui-même.
Et en même temps quel ménagement il y a dans ce mot : nous ne devons pas croire (grec nous ne sommes pas obligés de croire).
On sait avec quelle ironie le prophète dénonçait ces aberrations (Ésaïe 44:13-20; Ésaïe 46:4-7).
Grec : Ainsi donc, puisqu’il ressort de tout ce qui précède que le paganisme a été un temps d’ignorance, Dieu, dans sa miséricorde, ne veut pas punir, en considération de cette ignorance, mais il regarde par-dessus (Actes 3:17).
Paul avait déjà exprimé dans une autre occasion ce miséricordieux dessein de Dieu (Actes 14:16; comparez Romains 3:24-25).
Mais l’état d’ignorance ne doit pas se prolonger, maintenant, par la prédication de l’Évangile, Dieu ordonne aux hommes qu’ils aient à se repentir (voir, sur le sens de ce mot, Matthieu 3:2, 1re note, tous, en tous lieux).
Malgré ce qu’a de sévère cet ordre, il renferme pourtant l’offre du salut.
Les mots : tous les hommes, en tous lieux, expriment l’universelle destination de ce salut offert par la miséricorde de Dieu.
Quel motif de se repentir, le jugement du monde qui sera exercé avec justice !
Le juge établi pour cela (grec déterminé par Dieu), c’est l’homme, Jésus, élevé dans la gloire (Actes 10:42; Jean 5:27; Romains 14:10; 2 Corinthiens 5:10).
Grec : ayant fourni à tous (un motif de) foi, en le ressuscitant d’entre les morts. Par cette foi (sans article) quelques exégètes entendent la foi au Sauveur, par laquelle tous peuvent être reçus en grâce au jour du jugement.
Selon d’autres, Dieu a donné ainsi la preuve, la certitude de ce jugement : il sera exercé par Celui qu’il a ressuscité des morts.
La résurrection de Jésus-Christ est la lettre de créance par laquelle Dieu l’a accrédité devant le monde entier, à la fois comme Sauveur et comme Juge. Tel est le sens le plus généralement admis de ces solennelles paroles.
Le discours de Paul fut interrompu par les moqueries des uns, par la proposition plus polie des autres de remettre la discussion à une autre fois.
Faut-il, avec Calvin, attribuer une intention sérieuse à ces derniers ? Il semble que si Paul avait eu des motifs de les croire sincères, il n’eut pas si tôt quitté Athènes (Actes 18:1). C’est l’opinion de Meyer.
Leur réponse doit être considérée comme un prétexte, semblable à celui de Félix (Actes 24:25).
Le seul mot de résurrection amena ce résultat. Paul ne parlait pas de la résurrection des morts en général, bien que ses auditeurs l’entendent ainsi, mais uniquement de la résurrection de Celui qui sera le Juge au dernier jour et dont l’apôtre n’avait pas même encore prononcé le nom.
Et toutefois ce mot suffit pour mettre fin à l’attention des auditeurs. On le comprend de la part de philosophes épicuriens et stoïciens (verset 18) pour qui l’idée du retour d’un mort à la vie était une absurdité.
Ainsi cette première rencontre solennelle de l’Évangile avec la philosophie grecque ne fut pas sans résultat. Il y eut quelques âmes amenées à la foi, et l’on sait qu’au troisième siècle, Origène citait en exemple l’Église d’Athènes, bien que Paul n’en parle nulle part.
On ne sait rien de certain sur ce Denys, membre du tribunal de l’Aréopage (verset 19)
Selon Eusèbe (Histoire Ecclésiastique, III, 4 et IV, 23), il serait devenu évoque de l’Église d’Athènes, où il aurait souffert le martyre. On lui a longtemps attribué des écrits qui n’ont pu être rédigés avant la seconde moitié du quatrième siècle, et qui, grâce à ce nom antique, ont joui d’une considération imméritée.
Quant à Damaris, elle est restée inconnue dans l’histoire.