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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
Déclaration de droit d'auteur
Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Matthew 16". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/matthew-16.html.
bibliography-text="Commentaire sur Matthew 16". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-28
Plan du commentaire biblique de Matthieu 16
Le conflit
Jésus, de retour en Galilée, est soumis à une nouvelle épreuve par les pharisiens et les sadducéens. Jésus les qualifie dâhypocrites, eux qui savent bien reconnaître lâaspect du ciel et qui ne discernent pas les signes des temps. Ils nâauront pas dâautre signe que celui de Jonas (1-4).
Départ de Jésus, exhortation au sujet du levain
Jésus, repassant à lâautre rive du lac, met ses disciples en garde contre le levain de ses adversaires. Les disciples, qui ont oublié dâemporter des pains, prennent cette recommandation dans son sens matériel. Jésus dissipe ce malentendu et leur reproche leur incrédulité, en leur rappelant les deux multiplications des pains (8-12).
Verset 1
Retraite à Césarée de Philippe (chapitre 16)
Versets 1 à 12 â Nouvelle attaque des pharisiens unis aux sadducéens, ils demandent un signe du ciel, se garder de leur levain
Voir sur les pharisiens et les sadducéens Matthieu 3.7, note.
On sâest étonné de voir, dans le récit de Matthieu, des délégués de ces deux sectes ennemies sâunir pour tenter Jésus. Mais quâon se souvienne de Pilate et dâHérode devenus amis (Luc 23.12).
Ne voit-on pas très souvent les partis les plus opposés se coaliser pour atteindre certains butsâ¯? Cette association des pharisiens et des sadducéens marque un nouveau progrès dans lâopposition contre Jésus.
Quelques interprètes ont voulu identifier cette demande dâun signe avec celle que Matthieu a rapportée à Matthieu 12.38. Mais pourquoi les adversaires nâauraient-ils pas eu recours plus dâune fois à la même ruseâ¯?
Il sâagit dâailleurs ici dâautre chose, dâun signe venant du ciel et apparaissant à la vue (Matthieu 24.29 et suivants Actes 2.19). Ces hommes savaient que Jésus ne le produirait pas, ils comptaient en profiter pour persuader aux foules quâil nâétait pas le Messie.
Verset 3
Ces paroles des versets 2 et 3, depuis Quand le soir jusquâà signes des temps, manquent dans Codex Sinaiticus, B et dâautres, dans des versions anciennes et dans quelques Pères.
Un manuscrit les marque dâun signe dubitatifâ¯; enfin Marc ne les a pas dans son récit parallèle (Marc 8.11).
Cela nâen prouve point pourtant lâinauthenticité.
Tischendorf les admet dans son texte, mais entre des crochets.
On trouve dans Luc (Luc 12.54-56) une pensée semblable, exprimée par des images un peu différentes.
Il y a, du reste, dans notre passage, diverses variantes. Ainsi le mot hypocrites du verset 3 est omis par plusieurs critiques.
Les signes des temps que Jésus reproche à ses adversaires de ne pas savoir discerner, aussi bien quâils jugeaient de lâapparence du ciel, ce sont tous les phénomènes moraux dâune époque, qui peuvent en indiquer le caractère distinctif. On a pensé ici spécialement aux miracles de Jésus, qui rendaient bien inutile la demande dâun signe du ciel, ou encore à lâaccomplissement des prophéties, etc.
Mais la pensée de Jésus est générale comme le montre ce plurielâ¯: signes des temps. Du reste le grand signe du temps, un signe réellement venu du ciel, câétait la présence et la vie du Sauveur lui-même.
Verset 4
Voir Matthieu 12.38-39, note.
Il faut remarquer ce mot signe trois fois répété à dessein.
Le texte reçu porteâ¯: Jonas le prophète. Ce dernier mot est inauthentique.
Les trouvant indignes et incapables de recevoir dâautres enseignements (Matthieu 21.17).
Verset 5
Jésus lui-même, après avoir quitté les pharisiens, passe, avec ses disciples sur la rive orientale du lac (Marc 8.13), mais les disciples seuls sont nommés ici comme sujet du verbe avaient oublié.
Nous voyons par là quâà lâordinaire ils portaient avec eux la provision de pain nécessaire à la journée ou à un petit voyage.
Verset 6
Allusion à lâentretien qui venait dâavoir lieu (versets 1-4).
Le levain, ce ferment caché dans la pâte, interdit aux Juifs dans leurs fêtes solennelles, est lâimage des pensées et des sentiments les plus intimes des hommes dont il sâagit ici.
Câest ce que Matthieu explique par la doctrine ou lâenseignement dés pharisiens et des sadducéens (verset 12). Jésus, dans une autre occasion, désigne par cette image leur hypocrisie (Luc 12.1â¯; comparez 1 Corinthiens 5.6-8).
Verset 7
En entendant les paroles de Jésus, les disciples sâaperçoivent de leur oubli (verset 5)â¯; mais les comprenant à la lettre, ils croient que le Maître leur reproche dâavoir négligé de prendre des pains.
En effet, manger avec des païens ou se nourrir de pains préparés par eux, était, aux yeux des Israélites, une souillure.
Les disciples pensent donc quâil leur interdit aussi le pain des pharisiens et des sadducéens et que, arrivés sur lâautre rive, ils nâauront point de pain quâils puissent manger sans scrupule.
Verset 10
Matthieu 16.14.15 et suivantsâ¯; Matthieu 16.15.32 et suivants.
Après ces deux exemples que les disciples ne pouvaient pas avoir oubliés, Jésus est bien fondé à leur reprocher le défaut dâintelligence dont ils viennent de faire preuve en interprétant ses paroles comme ils lâont fait.
Ils manquaient aussi de foiâ¯; avec un tel Maître, pouvaient-ils être privés de painâ¯?
Nous avons ici le témoignage de Jésus lui-même sur la réalité des deux miracles quâil rappelle à ses disciples.
Les deux mots grecs différents que nous traduisons par paniers et corbeilles (celles-ci plus grandes que ceux-là ) se retrouvent exactement dans les récits des deux miracles.
Verset 11
Câest ainsi quâil faut rendre ce verset, dâaprès le vrai texte. Jésus, après avoir exprimé son étonnement de lâinterprétation matérielle des disciples, se contente de répéter son exhortationâ¯: Gardez-vous.
Verset 12
Voir verset 6, note.
Verset 13
Questions de Jésus et confession de Pierre
Jésus, retiré avec ses disciples dans la contrée de Césarée de Philippe, les interroge sur les opinions qui ont cours à son sujet. Ils lui citent ces opinions diverses. Et vous, leur demande-t-il alors, quelle est votre convictionâ¯? Pierre répond vivementâ¯: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant (13-16)â¯!
Déclaration de Jésus à Pierre
Heureux es-tu, lui répond Jésus, car cette foi est en toi une révélation de mon Père. Et moi, je te disâ¯: Tu es Pierre et sur ce roc je bâtirai mon Ãglise et le séjour des morts ne pourra lâengloutir. Je te donnerai les clefs de mon royaumeâ¯: tu auras le pouvoir de lier et de délier (17-20).
Jésus prédit ses souffrances et sa mort
Jésus sâapplique aussitôt à faire comprendre à ses disciples quâil est nécessaire quâil aille souffrir et mourir à Jérusalem et quâil ressuscite le troisième jour. Pierre, le prenant à part, proteste contre cette pensée. Jésus le repousse avec sévérité et lui reproche de juger dâune manière tout humaine et non au point de vue de Dieu (21-23).
Comment suivre Jésus
Quiconque veut être son disciple doit se charger de la croix. Vouloir sauver sa vie, câest la perdreâ¯; et que servirait-il alors de gagner tout le mondeâ¯? Car le fils de lâhomme viendra rendre à chacun selon sa conduite. Lâavènement de son règne est proche (24-28).
à Césarée de Philippe, question sur le fils de lâhomme, confession de Pierre, pouvoir des clefs (13-28)
Ville appelée anciennement Paneas, située au pied de lâHermon, près des sources du Jourdain. Elle avait été agrandie par le tétrarque Philippe et nommée par lui Césarée en lâhonneur de lâempereurâ¯; on ajoutait à ce nom celui de Philippe pour la distinguer de lâautre Césarée, située sur les bords de la mer Méditerranée.
Jésus se rendait dans ces contrées montagneuses et à demi païennes du nord, pour y trouver la solitude quâil avait cherchée déjà sur la rive orientale du lac, ou dans la contrée de Tyr et de Sidon (chapitre Matthieu 14 et Matthieu 15). Il avait dâailleurs de graves questions à adresser à ses disciples et des révélations importantes à leur faire (comparer sur le site de Césarée de Philippe, Jésus, par Mme de Gasparin, page 127 et suivantes).
Des manuscrits autorisés et des versions anciennes retranchent le pronom moi, que Tischendorf omet aussi. Alors il faudrait traduireâ¯: «â¯Qui disent les hommes (les gens, autour de nous, dans le pays) quâest le fils de lâhommeâ¯Â»â¯?
Le sens reste le même au fond, puisque Jésus se désignait ordinairement par cette expressionâ¯: le fils de lâhomme.
La question signifie doncâ¯: à quelle conviction est-on arrivé sur moi qui suis apparu dans lâhumble condition dâun enfant des hommesâ¯? Sâélève-t-on jusquâà la conception vraie de ma mission messianique renfermée dans ce nom (comparer Matthieu 8.20 note)â¯?
Les disciples avaient pu recueillir, en parcourant le pays lors de leur première mission, de nombreuses informations à ce sujet. Et cette question générale avait pour but dâintroduire une autre question que Jésus se proposait de leur adresser à eux plus directement (verset 15).
Verset 14
Toutes ces opinions revenaient à tenir Jésus pour un précurseur du Messie. Jean-Baptiste étant mort, ceux qui croyaient le voir revivre en Jésus partageaient la superstition dâHérode (Matthieu 14.2).
Ceux qui le tenaient pour Ãlie ne pensaient pas que ce prophète eût reparu en Jean-Baptiste (Matthieu 11.14â¯; Matthieu 17.10).
Jérémie, le prophète-martyr, qui avait présidé à la ruine de Jérusalem, joua un grand rôle dans la légende postérieure. Dâaprès 2 Maccabées 2.4 et suivants, il aurait caché lâarche et les ustensiles sacrés. Lâidée de la réapparition des anciens prophètes était générale dans le judaïsme depuis lâexil (1 Maccabées 9.27â¯; 1 Maccabées 4.46, 4 Esdras 2.18).
Bernhard Weiss pense que ceux qui tenaient Jésus pour Jérémie ou lâun des prophètes, ne le regardaient pas comme le précurseur du Messie et se distinguaient par là des premiers. Mais ces réapparitions dâanciens prophètes ne se rattachaient-elles pas toutes, dans la croyance populaire, à lâère messianique (comparer Jean 1.21â¯; Jean 7.40)â¯?
On voit par cette réponse des disciples que, si plusieurs fois la multitude avait pressenti en Jésus un envoyé de Dieu, très peu cependant osaient le reconnaître comme le Messie et le Sauveur. La foi claire et ferme de Pierre (verset 16) est dâautant plus admirable.
Verset 15
Mais vousâ¯? Question capitale pour les disciples dâalors et pour ceux de tous les tempsâ¯!
Jésus nâavait jamais déclaré expressément à ses disciples qui il était. Il avait voulu, avec une sagesse profonde, quâils arrivassent par degrés à le connaître en écoutant ses paroles, en voyant ses Åuvres, en contemplant sa vie sainte, en se formant ainsi une conviction personnelle et vivante. La vraie foi ne naît pas autrement.
Mais maintenant que le temps de ses souffrances et de sa mort approchait (verset 21), temps dâépreuve terrible pour les disciples, le Maître veut quâils se rendent compte de leur foi et quâils la lui confessent solennellement, afin de sây affermir. Lâheure de la décision pour leur vie entière avait sonné.
Verset 16
Pierre, selon son habitude et son caractère, prend la parole, mais il la prend au nom de tous.
Le Christ en grec, comme le Messie en hébreu, signifie lâOint, lâOint de lâÃternel, par la plénitude de lâEsprit de Dieu (Matthieu 1.16, note).
Pierre voyait donc en Jésus-Christ lâaccomplissement de toutes les promesses, la réalisation divine de lâancienne alliance tout entière, le Libérateur promis à Israël et au monde.
Mais il ne sâen tient pas là . Ce Messie est pour lui le Fils de Dieu, dans un sens unique, exclusif (Matthieu 3.17), Celui qui est lui-même la parfaite révélation de Dieu (Matthieu 11.27). Il est probable toutefois que la pleine signification de ce nom nâa été comprise par les apôtres quâaprès la résurrection de Christ (Romains 1.4) et sous lâinfluence de lâEsprit de la Pentecôte.
Pour bien marquer la portée de sa confession, Pierre ajoute au nom de Dieu une épithète au sens profondâ¯: Fils du Dieu vivant, lâopposant ainsi aux idoles sans vie quâadorent les hommes (Actes 14.15â¯; Actes 17.29) et le présentant comme la source unique de la vie de lâunivers, de la vie divine qui se manifestait en son Fils (Jean 6.68).
Câest dans notre Ãvangile que cette confession de Pierre est la plus complète. Dâaprès Marc, il ditâ¯: Tu es le Christâ¯; dâaprès Lucâ¯: Tu es le Christ de Dieuâ¯; dâaprès Jeanâ¯: (Jean 6.69) Tu es le Saint de Dieuâ¯; mais ces titres impliquent celui de Fils de Dieu.
Matthieu seul rapporte les paroles de Jésus à Pierre qui suivent.
Verset 17
Oui heureux, car une telle foi ouvrait à Pierre la source du bonheur présent et éternelâ¯!
Jésus donne à son disciple son ancien nom complet, par opposition au nouveau quâil va lui confirmer (verset 18â¯; comparez Jean 1.43).
Quelques interprètes ne veulent voir dans ces noms de Simon, fils de Jona, que la solennité du discours (lâoriginal conserve le mot hébreuâ¯: Barjona, fils de Jona).
Dâautres pensent que Jésus les donne à Pierre à cause de leur significationâ¯: Simon, celui qui écoute, qui sait écouter et entendreâ¯; Jona, la colombe, lâemblème de lâEsprit (Matthieu 3.16). Mais telle nâest point lâintention du Sauveur. En donnant à son disciple son ancien nom, en ramenant ainsi sa pensée sur son état naturel, dans lequel il nâaurait jamais pu faire une telle confession, Jésus le prépare à la solennelle déclaration qui suit sur lâorigine de sa connaissance et de sa foi.
La chair et le sang, câest lâhomme mais lâhomme naturel tel quâil naît et vit sans la régénération par lâEsprit (Jean 3.6â¯; 1 Corinthiens 15.50â¯; Galates 1.16).
Or, ce nâest pas là ce qui révèle à une âme la divinité de son Sauveur. Le Père seul le fait par son Esprit. Sans cette action divine, la présence même et la parole de Jésus nâauraient pas suffi pour amener Pierre a la foi, comme le prouve lâexemple de tant de ses auditeurs qui nây parvinrent point (Jean 6.60-66).
Lâobjet du verbe tâont révélé nâest pas exprimé en grecâ¯; il ressort de la confession de Pierreâ¯: (verset 16) câest le fait que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu.
Verset 18
Grecâ¯: «â¯tu es Petros (masculin), un rocâ¯: et sur cette petra (féminin), sur ce roc, je bâtiraiâ¦â¯Â» On voit que lâévangéliste a employé en grec ces deux synonymes de manière à ce que lâun soit un nom propre, lâautre un nom commun.
Le français comme le grec rend ce jeu de motsâ¯: «â¯Tu es Pierre et sur cette pierreâ¦â¯Â» Mais Jésus parlait araméen et répéta identiquement le même termeâ¯: «â¯Tu es Kèphas (roc) et sur ce Kèphasâ¦â¯Â» (Jean 1.43).
On a trouvé une contradiction entre ce dernier passage et notre récitâ¯: dâaprès Jean, Pierre aurait reçu ce nom dès le commencement. Mais ici Jésus ne lui donne pas ce nom, il le lui confirmeâ¯: tu es Pierre.
Quel est le sens des paroles si longuement controverséesâ¯: sur ce roc je bâtirai mon Ãgliseâ¯? Et dâabord, quâest-ce ici que lâÃglise, mot qui ne se trouve nulle part dans nos évangiles, sauf dans notre passage et dans Matthieu 18.17â¯?
Le terme français Ãglise est grec par son étymologie (ecclèsia) et dans la langue originale, il signifie toute assemblée ou plutôt convocation même en dehors dâun but religieux (Actes 19.39-40). Jésus se servit sûrement du mot hébreu kahal, qui désignait les convocations solennelles du Peuple israélite. Par ce terme, il nâentendait pas désigner une Ãglise particulière, mais lâensemble de ceux qui croiraient en lui (il en est autrement au Matthieu 18.17).
Enfin, il considère lâÃglise, suivant une figure de langage quâemploiera fréquemment lâapôtre Paul, comme un édifice quâil sâagit de bâtir.
La critique négative, nâadmettant pas que Jésus pût ainsi parler de son Ãglise avant quâelle existât, révoque en doute lâauthenticité de ces paroles, qui, selon elle, appartiennent à un ordre de faits postérieurs.
Comment alors Jésus pourrait-il parler si souvent de son royaume (verset 19), en décrire tous les caractères et tous les développements, jusquâà la perfectionâ¯? La notion dâune telle société spirituelle était dâailleurs donnée par la communion des âmes pieuses du milieu du peuple dâIsraël, qui formaient déjà une Ãglise. Et même le petit nombre de croyants réunis autour du Sauveur nâétaient-ils pas déjà son Ãgliseâ¯? Et Jésus nâaurait pu en prévoir tous les développements futursâ¯! Il faut sây résignerâ¯: retrancher du Nouveau Testament la prescience et la divinité de Jésus-Christ, câest se condamner à nây plus trouver quâune longue suite dâénigmes.
Maintenant, quelle prérogative le Seigneur confère-t-il à Pierre par ces parolesâ¯? Il faut dâabord en écarter toutes les interprétations contraires à une saine exégèse. Ainsi lâidée dâAugustin que Jésus, en disantâ¯: sur ce roc, se désignait lui-même du geste. Ainsi encore celle de plusieurs Pères et de la plupart des interprètes protestants que ce roc, câest la confession de Pierre, ou sa foi considérée dans un sens abstrait. Sans doute, câest à cause de cette foi que le Seigneur le proclame le roc sur lequel il fondera son Ãglise et lâinstant dâaprès quand Pierre ne comprendra point les choses divines, il lâappellera Satan (verset 23).
Mais il faut bien reconnaître que Jésus en lui disantâ¯: Tu es Pierre,â¦sur cette pierre, je bâtirai,â¦désigne bien la personne de lâapôtre. Câest sur sa personne, pour autant du moins quâil se montrera, par lâobéissance et la foi, un rocher, câest sur son action personnelle, que reposera lâédifice de lâÃglise.
Lâévénement a confirmé la prophétie. Les premiers chapitres du livre des Actes nous présentent Pierre comme le fondateur de lâÃglise, parmi les Juifs, Actes 2.1ss parmi les Samaritains (Actes 8.14 et suivants) et parmi les païens (Actes 10). Dans tous les catalogues des apôtres, Pierre est nommé le premier (Matthieu 10.2â¯; Marc 3.16â¯; Luc 6.14â¯; Actes 1.13). Il a donc bien occupé aux yeux de lâÃglise primitive le rang que le Maître lui avait assigné.
Quây a-t-il dans ce fait qui puisse donner le moindre prétexte aux inventions absurdes et impies de lâÃglise de Romeâ¯? Un apôtre nâa point de successeurs, Pierre nâa point fondé lâÃglise de Rome et nâen fut jamais lâévêque (voir lâintroduction à lâépître aux Romains)â¯; mais lâeut-il été, la prétention des papes à hériter de son rang et de beaucoup plus encore, constitue une impiété. Paul sans doute ne craint pas de montrer lâÃglise bâtie «â¯sur le fondement des apôtresâ¯Â», mais il a soin dâajouter que Jésus-Christ en reste «â¯la pierre angulaireâ¯Â» (Ãphésiens 2.20â¯; comparez Matthieu 21.42), le seul fondement divin quâon puisse poser (1 Corinthiens 3.11â¯; 1 Pierre 2.6).
Quant à Pierre sâil joua un rôle prépondérant tant quâil sâagit de jeter les premiers fondements de lâÃglise, dâautres apôtres, Paul par son action, Jean par ses écrits, y sont, dans la suite, devenus plus grands que lui. Et lui-même nâeut jamais dâautre sentiment (1 Pierre 5.1â¯; comparez Matthieu 19.28â¯; Apocalypse 21.14). En outre, dans tout le Nouveau Testament, on ne trouve pas trace dâune suprématie exercée par Pierre dans le gouvernement de lâÃglise. Câest lâÃglise qui élit les diacres (Actes 6). Quand il sâagit de baptiser les premiers païens, Pierre consulte les disciples (Actes 10.47), puis il se justifie humblement devant lâÃglise (Actes 11.2 et suivants)â¯; dans le concile de Jérusalem, il prend une part décisive à la discussion mais câest Jacques qui propose et fait adopter la résolution (Actes 15)â¯; enfin cet apôtre accepte la répréhension de Paul (Galates 2).
Ajoutons que tout ce discours de Jésus a Pierre est omis dans le récit de Marc, son «â¯interprèteâ¯Â» et dans celui de Luc, preuve que ces prérogatives temporaires avaient peu dâimportance dans la tradition apostolique (voir sur ce passage R. Stier, Discours du Seigneur, tome II, p. 204 et suivants).
Le séjour des morts (grec hadès, le lieu invisible, comparez Matthieu 11.23, note) est considéré comme une forteresse ayant des portes si fermes, que nul nâen peut ressortir (comparer Job 38.17â¯; Ãsaïe 38.10â¯; Psaumes 9.14). Or, Jésus affirme que lâédifice de son Ãglise sera plus ferme encore et quâelle ne périra jamais. Toutes les interprétations qui supposent ici un combat de la puissance des ténèbres contre lâÃglise faussent lâimageâ¯; des portes nâattaquent pas, mais ces portes de la mort sâouvrent pour engloutir des victimes et elles nâengloutiront jamais lâÃgliseâ¯: celle-ci ne mourra point.
De plus, il ne faut pas, comme nos versions ordinaires, confondre le hadès, séjours des morts, avec lâenfer.
Verset 19
Le royaume des cieux (comparez Matthieu 3.2, note) a ici à peu près le même sens que le mot Ãglise (verset 18), avec cette nuance que lâexpression est plus générale. Le royaume de Dieu, en effet, est plus étendu que lâÃglise, il embrasse des sphères de la vie humaine qui nâappartiennent pas nécessairement à lâÃglise, comme lâÃtat, la famille, Ia culture de lâesprit humain par la civilisation, les sciences, les arts. Mais en dernier résultat, lorsque ce royaume sera parvenu à la perfection par le retour de Christ, il sera identifié avec lâÃglise.
Ce royaume, ainsi que lâÃglise quâil sâagit de bâtir (verset 18), est envisagé figurément comme un édifice quâon ouvre ou ferme au moyen de clefs. Posséder ces clefs, câest avoir lâautorité dâouvrir ou de fermer, dâadmettre ou dâexclure (voir sur cette image Ãsaïe 22.22, Luc 11.52â¯; Apocalypse 1.18â¯; Apocalypse 3.7â¯; Apocalypse 9.1).
Après avoir comparé Pierre au rocher sur lequel lâédifice de lâÃglise sera bâti, Jésus lâassimile à un intendant qui administre la maison de son Maître. Câest par la prédication de lâÃvangile qui produit la foi, qui est «â¯odeur de vie ou odeur de mortâ¯Â» qui ouvre ou ferme par conséquent le royaume, que lâapôtre remplit son office. Ce pouvoir ne fut point donné à Pierre seul (voir la note suivante) et ne lui fut point conféré au moment où il entendit ces paroles, mais après quâil eut reçu lâEsprit de Dieu. De là le futurâ¯: Je te donnerai.
Ces paroles, également figurées, complètent celles qui précèdent. Elles ont été très diversement interprétées, selon ce quâon entend par les mots lier et délier. Les uns, pour mettre ces termes en harmonie avec lâimage des clefs, leur font signifier fermer et ouvrir, câest-à -dire exclure ou admettre.
Mais ce sens ne se justifie par aucun exemple dans la langue grecqueâ¯; et dâailleurs lâobjet de ces verbes, ce pronom neutreâ¯: ce que tu auras lié ou délié ne peut sâappliquer à une porte et moins encore à des personnes exclues ou admises.
Dâautres, trouvant dans lâhébreu rabbinique lâusage des mots lier et délier pour défendre ou permettre, adoptent ce sens et y voient lâautorité conférée à Pierre (et aux autres apôtres) pour le gouvernement de lâÃglise.
Dâautres enfin, rapprochant les paroles de Jésus de celles quâil adresse à ses disciples dans Jean 20.23 et rappelant que les péchés quâil les autorise à remettre sont une dette, une obligation dont le pardon délie les âmes, entendent notre passage dans ce sens de remettre ou retenir les péchés.
Cette interprétation ne peut guère être contestée, puisquâelle sâappuie sur une parole si claire de Jésus. Les deux derniers sens indiqués, loin de sâexclure, sâappellent lâun lâautre.
Lâautorité des apôtres pour administrer lâÃglise suppose leur autorité pour exercer la discipline et cette double autorité est inséparable du rôle quâils sont appelés à jouer dans lâétablissement et le développement du royaume des cieux.
Mais il faut se hâter dâajouter que ce pouvoir redoutable, ici conféré à Pierre, lâest également à tous les apôtres et même à toute lâÃglise (Matthieu 18.18â¯; Jean 20.23), dans laquelle réside, pour tous les temps, lâautorité dâexercer sur ses membres une discipline chrétienne. Et encore faut-il, pour éviter les abus dont ces paroles sont devenues le prétexte, que lâÃglise elle-même nâagisse en ceci quâen pleine conformité avec la Parole de Dieu et sous lâinfluence de son Esprit. Hors de là , toutes ses décisions sur la terre, bien loin dâêtre ratifiées dans le ciel (par Dieu lui-même), se trouveraient nâêtre que des usurpations sacrilèges.
Verset 20
Comparer Matthieu 8.4, note.
Jésus ne veut ni exciter de fausses espérances messianiques parmi le peuple, ni provoquer avant le temps la haine de ses adversaires. à lâheure du martyre, il déclarera lui-même solennellement qui il est (Matthieu 26.63-64).
Ce mot très accentuéâ¯: «â¯Quâil est lui le Christâ¯Â», que nos versions affaiblissent, reporte la pensée sur le dialogue qui précède, versets 13-16.
Le texte reçu porteâ¯: «â¯que lui Jésus est le Christâ¯Â». Mot ajouté, non authentique.
Verset 21
Ces mots dès lors Jésus commença (Codex Sinaiticus et B ontâ¯: Jésus-Christ) marquent une époque importante dans les révélations que Jésus fait à ses disciples sur la nature de son Åuvre.
Jusquâalors il nây avait eu dans ses discours que des allusions vagues et obscures à ses souffrances et à sa mort (Matthieu 10.38, noteâ¯; Jean 2.19â¯; Jean 3.14â¯; comparez Jean 1.29-36). Maintenant que ses disciples ont cru en lui et lâont confessé comme le Christ, le Fils de Dieu, il peut leur en parler ouvertement et même il le doit, afin de dissiper si possible dans leur esprit les fausses idées messianiques quâils entretenaient encore et de les préparer à partager ses humiliations et ses douleurs.
Marc (Marc 8.31) et Luc (Luc 9.20-22) mettent aussi cette prédiction dans un rapport direct avec la confession de Pierre. Marc ajoute (Marc 8.32) quâil leur dit ouvertement (grec librement, hardiment) cette parole. Câest quand la vraie foi est née que le chrétien doit sâattendre à la contradiction et à la souffrance.
Quant à Jésus, il le fallait, dit-il. Mystérieuse nécessité, fondée sur le décret de la justice et de la miséricorde de Dieu, annoncé dans les Ãcritures. Il le fallait, à moins que le monde ne dût périr dans son péché. Câest ce que Dieu ne voulait pas et Jésus accepte par amour la volonté de son Père (Matthieu 26.39 comparez Matthieu 26.54â¯; Luc 24.26, Jean 3.14).
Le sanhédrin était composé de ces trois classes dâhommesâ¯: les anciens, les grands sacrificateurs et les scribes, ou docteurs de la loi. Il y a quelque chose de solennel dans la manière dont Jésus les nomme en détail et les voit conjurés contre lui pour le mettre à mort (grec le tuer). Ce sera là la rupture tragique de la théocratie avec le Messie et son règneâ¯!
Après la défaite, le triomphe, après la mort, la vieâ¯! Si lâune de ces prédictions devait accabler les disciples, lâautre était destinée à les relever. Mais ici la critique trouve une pierre dâachoppement et lâon ne peut nier quâil nây ait une difficulté. Comment se fait-il, demande-t-on, si Jésus a prédit si clairement sa résurrection à ses disciples, que ceux-ci nâen aient plus eu aucune idée après sa mort et mêmes soient refusés à y croire, jusquâà ce quâils lâeussent vu, vivant, de leurs yeuxâ¯?
Ne pouvant résoudre la question, les uns ont révoqué en doute la prédiction, dâautres (Meyer par exemple) ont supposé que cette prédiction avait été vague et obscure (comme dans les passages cités à la note précédente) ou formulée dans le langage poétique de lâAncien Testament (Psaumes 118.17â¯; comparez Osée 6.2) et quâelle avait revêtu, après lâévénement, dans la tradition apostolique, le caractère positif et clair quâelle porte ici.
Mais les évangélistes eux-mêmes ne nous donnent-ils pas le mot de lâénigmeâ¯? Ils nous apprennent que, tout remplis encore de leur préjugé juif concernant un Messie glorieux, ils ne comprirent absolument rien à cette prédiction de ses souffrances et de sa résurrection (Marc 9.32â¯; Luc 18.34). Or, ce quâon ne comprend pas ne se grave pas dans le souvenir.
Lâexemple de Pierre (verset 22) prouve quâil entend mieux les paroles de Jésus, mais quâil refuse avec décision dâentrer dans sa pensée. Comment donc un événement aussi extraordinaire que la résurrection ne leur aurait-il pas paru incroyableâ¯? Et alors même quâils nâauraient pas manqué à ce point de lâintelligence de ce mystère, nây a-t-il pas une immense distance entre comprendre et croireâ¯?
Verset 22
Cette répréhension que Pierre se permet avait sans doute pour but de convaincre Jésus quâil était destiné à tout autre chose quâà une telle fin. Il y avait de lâamour pour son Maître dans cette émotion du disciple, mais plus encore dâignorance, même quand il invoque sur lui la miséricorde.
Il y a littéralementâ¯: Propice te soit (sous-entendu Dieu).
Lâassurance avec laquelle le disciple affirme que cela nâarrivera pas, lui attire la sévère parole de Jésus (verset 23).
Verset 23
Sâétant tourné signifie que Jésus se détourne avec indignation. Sur ce mot sévèreâ¯: Va, arrière de moi, comparez Matthieu 4.10.
Satan signifie lâadversaire, celui qui résiste (Nombres 22.22â¯; 2 Samuel 19.22)â¯; mais ce nom était donné couramment au diable (1 Chroniques 21.1â¯; Job 1.6â¯; Zacharie 3.1, suivants) et Jésus, en appelant ainsi son disciple, veut réellement lui faire comprendre quâil faisait dans ce moment lâÅuvre du tentateur.
Ce qui le prouve, câest ce scandale (occasion de chute) que Jésus trouve dans les paroles du disciple. Le Sauveur avait besoin de toute sa sainte résolution et de toute sa force pour aller au-devant de ses souffrancesâ¯; et Pierre lui présentait la même tentation que Satan au désert, en lui offrant les royaumes du monde et leur gloire (Matthieu 4.8-9).
Le mot grec rendu par penser exprime moins un acte intellectuel de lâesprit quâune disposition morale du cÅur. Il signifie, à lâégard des choses religieuses, sâattacher, sâaffectionner (Romains 8.5).
Pierre nâattache point sa pensée aux choses de Dieu, câest-à -dire à ses grands desseins concernant la rédemption du monde par les souffrances du Médiateur, mais aux choses des hommes, câest-à -dire aux idées charnelles dâun Messie glorieux. Mais ces paroles, applicables en tout temps à lâhomme naturel, ont une portée beaucoup plus générale, ainsi que le prouvent les versets suivants qui en sont le commentaire profond.
Verset 24
Comparer Matthieu 10.38, note. Trois conditions absoluesâ¯:
Verset 25
Qui est-il celui qui se présente aux hommes comme lâobjet suprême de leur amour, auquel ils doivent tout sacrifier, jusquâà leur vie mêmeâ¯?
Celui qui parle ainsi est Dieu où bien il blasphème, en se mettant à la place de Dieu.
Verset 26
Comparer Matthieu 10.39, note.
Si nous traduisons (verset 25) par vie et (Matthieu 16.26.26) par âme, câest pour éviter tout malentendu, car le mot grec est le même et il a les deux significations, ou plutôt il désigne la vie de lâhomme dans le sens absolu, le siège de la vie physique comme de la vie spirituelle.
Le contraste que Jésus établit est entre la vie naturelle, terrestre, égoïste et la vie divine créée par lâEsprit de Dieu. Vouloir sauver lâune, câest perdre lâautreâ¯; et le monde entier ne saurait compenser cette perte.
Verset 27
Grecâ¯: sa pratique, sa conduite, comme manifestation de ce qui était dans son cÅur.
Ce verset, en portant la pensée sur le jugement éternel, est une solennelle sanction de la sentence absolue qui précède et qui deviendra manifeste lors de lâapparition de Jésus-Christ.
Il viendra dans la gloire de son Père, revêtu, lui, lâhomme-Dieu, de la splendeur des perfections divines, qui sont la gloire de Dieuâ¯!
Les anges sont les exécuteurs de la volonté divine (Matthieu 13.41-49â¯; Matthieu 25.31).
Verset 28
Goûter la mort, en savourer les souffrances, les amertumes, câest mourirâ¯!
Mais que signifie la déclaration renfermée dans ce verset�
Au premier abord, il parait naturel dâexpliquer cette expression venir dans son règne, à la lumière du verset 27 et dâentendre par là le retour final de Christ pour le jugement.
Mais alors il y aurait dans cette promesse une grave erreur de fait quâon ne saurait attribuer au Sauveur, qui connaissait si bien lâavenir le plus lointain de son règne. De là vient que quelques interprètes ont vu lâaccomplissement de cette parole dans la ruine de Jérusalem (dâaprès le verset 24, comparez Matthieu 10.23), dâautres dans la résurrection de Jésus-Christ, dâautres même dans lâhistoire de la transfiguration qui suit (Chrysostome).
Le plus grand nombre enfin en ont trouvé lâaccomplissement dans lâeffusion du Saint-Esprit et lâétablissement du règne de Christ sur la terre. Et en effet cette vue sâaccorde avec les termes dont se servent Marc (Marc 9.1) et Luc (Luc 9.27) pour rendre la même penséeâ¯; lâun ditâ¯: «â¯jusquâà ce quâils voient le règne de Dieu venant avec puissanceâ¯Â», lâautre, plus simplement encoreâ¯: «â¯jusquâà ce quâils voient le règne de Dieuâ¯Â».
Or ce règne est venu avec puissance dès la Pentecôteâ¯; il vient sans cesse progressivement et le retour de Christ nâen sera plus que le couronnement.
Si lâon objecte le mot quelques-uns, attendu que tous les auditeurs de Jésus devaient voir lâaccomplissement de cette promesse, câest là une erreur.
Le règne de Dieu qui sâétablit dans les âmes nâest vu que par la foi qui nous y introduit (Jean 3.3â¯; comparez Ie Commentaire de M. Godet sur Luc 9.27).