Lectionary Calendar
Thursday, November 21st, 2024
the Week of Proper 28 / Ordinary 33
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
Déclaration de droit d'auteur
Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Matthew 11". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/commentaries/fre/neu/matthew-11.html.
bibliography-text="Commentaire sur Matthew 11". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-30
Verset 1
Effets produits par le ministère du Messie (chapitre 11)
Il partit de là, où il avait donné ses ordres aux disciples (Matthieu 10.1), et, tandis que ceux-ci remplissaient leur mission, lui poursuivait : la sienne (Matthieu 9.35) dans ces mêmes villes et villages de la Galilée où il l’avait commencée.
Le pronom leurs villes ne désigne donc pas les villes des disciples, celles d’où ils étaient originaires, mais celles des Galiléens.
Verset 2
Attitude de Jean-Baptiste et de la foule
Versets 2 à 19 — Message de Jean
Grec : ayant envoyé par ses disciples, lui dit.
Le texte reçu porte : envoyé deux de ses disciples, variante empruntée à Luc 7.19.
Jean-Baptiste était alors détenu par Hérode (Matthieu 4.12, Matthieu 14.2-3) dans un cachot de la forteresse de Machaerus, située sur la rive orientale de la mer Morte, au sommet de rochers d’une grande hauteur. Josèphe, Antiquités Juives, XVIII, 5, 2 (voir Edmond Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ, seconde édition, page 48).
Là, il apprit, sans doute par ses disciples qui pouvaient le visiter, quelque chose des œuvres de Jésus. Ce mot peut désigner ses miracles, mais aussi son activité en général. Telle fut l’occasion de cet important message. Luc lui assigne une date : antérieure (voir Luc 7.18-35, note).
Verset 3
Grec : Toi, es-tu celui qui vient ? C’est-à-dire le Messie, le Libérateur.
Depuis longtemps le Messie était désigné comme celui qui vient. Cette expression indique la certitude et la proximité de sa venue (Malachie 3.1 ; Psaumes 40.8 ; comparez Hébreux 10.37).
Ce mot si direct : toi, est opposé à celui-ci : un autre. Il faudrait en attendre un autre si tu ne l’étais pas, parce qu’il est impossible que les promesses de Dieu pour le salut du monde ne s’accomplissent pas. Mais d’où pouvait naître cette question ? Elle étonne au premier abord, après les témoignages si nombreux et si précis que Jean-Baptiste avait rendus à la messianité de Jésus (Matthieu 3.11-12 ; Jean 1.23-37 ; Jean 3.25-36).
Aussi, craignant de voir une contradiction entre ces témoignages et cette question, un grand nombre d’interprètes ont cherché de diverses manières à diminuer la portée de la démarche de Jean. Elle devait, a-t-on pensé, pousser Jésus à une action plus décisive pour l’établissement de son règne, dans le sens où Jean l’avait annoncé (Jean 3.12).
Mais une telle intention serait-elle conciliable avec la profonde vénération de Jean pour Jésus ? Jean avait pour but, selon d’autres, d’offrir à ses disciples une occasion de voir le Sauveur, d’entendre son témoignage, de s’attacher à lui. Cette interprétation est devenue traditionnelle depuis les Pères et les réformateurs. Mais c’est réduire à une fiction, non seulement la grave question du prophète, mais encore la solennelle réponse de Jésus, qu’il adresse expressément à Jean (verset 4).
Aussi les exégètes les plus autorisés de nos jours prennent-ils la question comme la réponse au sens propre. Jean était depuis près d’un an dans sa prison ; il ne voyait point s’établir avec puissance le règne qu’il avait annoncé ; Jésus ne faisait rien pour le délivrer. Il y eut alors pour lui un moment où, peut-être dans le pressentiment de sa fin tragique, il sentit sa foi s’obscurcir ; son âme fut assaillie par l’impatience où le découragement. De là la question qu’il adresse à Jésus dans un moment d’angoisse (comparer Luc 7.18, note). Il se demandait si Jésus était bien le Messie ; s’il ne fallait pas en attendre un autre. Les Juifs croyaient que divers envoyés de Dieu devaient préparer l’œuvre messianique (Matthieu 16.14 ; Luc 9.19 ; Jean 1.19-21).
Jean ne conteste pas la mission divine de Jésus ; il reconnaît que Jésus lui est supérieur et c’est pour cela qu’il s’adresse à lui pour être éclairé ; mais il se dit que peut-être, malgré tout, il n’était encore qu’un prophète, un précurseur comme lui et que, par sa prédication et ses œuvres d’amour, il adressait un suprême appel à son peuple et préparait la venue du Roi divin, qui « baptiserait de Saint-Esprit et de feu et nettoierait son aire » (Matthieu 3.11-12).
On a objecté qu’un tel doute ne pouvait se produire chez Jean après la scène du baptême, dont il avait été témoin (Matthieu 3.13-17 ; Jean 1.32-34). Mais n’est-ce pas le propre du doute d’ébranler la certitude que nous puisons dans ces révélations célestes ? Rien de plus naturel psychologiquement, rien de plus conforme à l’expérience des hommes de Dieu, surtout sous l’ancienne alliance (Moïse, Élie, etc.).
Verset 5
À la question des disciples de Jean, Jésus répond par des faits. Il renvoie le précurseur au témoignage de ses œuvres, de sa vie. Il lui montre celles-ci en pleine harmonie avec la prophétie (Ésaïe 35.5 et suivants ; Ésaïe 61.1).
Jean devait en conclure qu’il était bien certainement celui qui vient.
Jésus veut dire qu’il accomplit la prophétie à la lettre. Il n’emprunte pas à Ésaïe ces images pour dépeindre les effets spirituels de son activité. Après l’énumération de ces miracles matériels, il mentionne enfin ce qui est le but suprême de ses bienfaits, le plus grand miracle : la prédication de l’Évangile qui est annoncé aux pauvres. Luc 4.18 (voir sur ce dernier mot Matthieu 5.3, note) ;.
Verset 6
Grec : qui ne se sera pas scandalisé en moi (Matthieu 5.29, note), qui ne trouvera point en moi ou en mon œuvre une occasion de chute, par le doute, le découragement, ou de quelque autre manière (Matthieu 13.57 ; Matthieu 26.31-33).
Sérieux avertissement adressé à Jean et qui n’aurait pas de raison, si l’on prenait sa question dans l’un des deux sens que nous avons rejetés (verset 3, note).
Verset 7
Dans ce discours au peuple, Jésus parait avoir eu une double intention : d’abord de justifier et de relever le précurseur, dont la délégation et la question avaient pu faire une impression défavorable sur la foule ; ensuite et surtout de tirer de ce même incident un sérieux avertissement pour le peuple qui avait si peu profité du ministère de ce grand prophète.
Mais pour cela Jésus attend que les disciples de Jean s’en soient allés et il les laisse, avec une grande sagesse, sous l’impression de sa réponse (versets 4-6).
Verset 9
Des trois questions que Jésus adresse coup sur coup au peuple, les deux premières expriment des suppositions directement opposées à ce qu’était le caractère notoire de Jean. Un roseau agité du vent ? c’est-à-dire un homme faible, vacillant, pliant sous toutes les influences ? La question qu’il venait de faire adresser à Jésus aurait pu donner de lui cette idée. Mais tout le peuple savait parfaitement le contraire ; il ne l’avait trouvé que trop ferme, trop rigoureux. N’était-il pas en prison pour avoir été dire la vérité à Hérode jusque dans son palais ?
Mais (puisque ce n’était pas cela) quoi donc ? Un homme du monde vivant dans la mollesse portant des vêtements moelleux, efféminés ? Il aurait fallu le chercher dans un palais royal ; mais Jean (voir Matthieu 3.4) !
Le Codex Sinaiticus a : « Pourquoi êtes-vous allés ? Voir un homme » ?
Mais enfin, quoi donc ? Un prophète ? (Codex Sinaiticus, B portent ici : « Pourquoi êtes-vous allés ? Voir un prophète » ? Le sens est le même).
Et Jésus confirme solennellement cette attente du peuple. Jean était même plus qu’un des prophètes de l’ancienne alliance, parce que, sur le seuil du royaume de Christ il l’avait annoncé et montré immédiatement comme l’Agneau de Dieu (Jean 1.29), après avoir prêché la repentante (comparer verset 10).
Chacune de ces questions renfermait un reproche pour les auditeurs de Jésus. Ce que Jean n’était pas, un roseau vacillant, un homme du monde eux l’étaient et ils le prouvaient par la légèreté avec laquelle ils avaient oublié le témoignage de ce grand prophète (versets 16-19 ; comparez Luc 7.29-30).
Verset 10
Preuve que Jean est plus qu’un prophète. Celui qui est annoncé par une prophétie est plus grand que celui qui l’annonce.
Ce passage, emprunté à Malachie 3.1, est cité d’une manière très remarquable.
Dans le prophète, c’est Jéhovah qui parle et il dit : « J’envoie mon messager et il préparera le chemin devant ma face Et aussitôt le Seigneur que vous cherchez entrera dans son temple, etc ». Tandis que, dans notre citation, Jéhovah parle à son Oint, Jésus-Christ et dit : « J’envoie mon messager devant ta face il préparera ton chemin devant toi ».
Cette appropriation évidemment voulue de la prophétie au Sauveur, se retrouve également dans Luc Luc 7.27 et dans Marc Marc 1.2 on doit en conclure qu’elle procède de Jésus lui-même et qu’à ses yeux la venue de Jéhovah, annoncée par le prophète, avait eu lieu en sa personne.
Verset 11
Ceux qui sont nés de femme, ce sont tous les hommes, mais cet hébraïsme exprime l’idée de l’homme faible, mortel, pécheur. Job 14.1 ; Job 15.14 ; Job 25.4 comparez, dans un autre sens, Galates 4.4.
Nul donc, parmi les hommes de l’ancienne alliance, n’a été plus grand que Jean-Baptiste (verset 9). Mais telle est la supériorité absolue de ce royaume des cieux établi sur la terre par le Fils de Dieu, que là celui-là même qui est en soi plus petit que le précurseur, est plus grand que lui.
La raison en est que le rapport tout nouveau dans lequel L’homme pécheur entre avec Dieu par sa communion avec Jésus-Christ, par sa réconciliation au moyen du sacrifice de la croix par la régénération qu’opère en lui l’Esprit-Saint, est spécifiquement différent du rapport que les justes ou même les prophètes de l’Ancien Testament soutenaient avec Dieu. Cela ne signifie point que Jean-Baptiste ne dut pas avoir part à la plénitude de ce royaume de Dieu, mais Jésus marque ici d’une manière absolue le caractère divers des deux alliances sur la terre, or Jean appartenait encore à l’ancienne.
Il est parfaitement arbitraire et c’est exagérer la pensée du Sauveur, de prendre, comme le font la plupart de nos versions et beaucoup de commentateurs, ce comparatif : « celui qui est plus petit » pour un superlatif : le plus petit, ou le moindre. La grammaire et une saine exégèse s’y opposent également.
Verset 12
Ces paroles, jusqu’au verset 15, appartiennent encore au discours que Jésus prononce à la louange de Jean. C’est à lui, en effet, a sa puissante prédication de la repentance (depuis les jours de Jean) qu’il attribue ces besoins religieux si profonds, qui attiraient à lui les âmes et qui en amenaient un grand nombre à saisir le royaume des cieux avec une sorte de violence morale (grec : le royaume des cieux est violenté).
Qu’on se souvienne de ces foules qui se pressaient autour de Jésus, qui lui laissaient à peine le temps de prendre un repas, qui le forçaient souvent à se retirer au désert, pour y trouver quelque repos, qu’on se rappelle aussi la soif de pardon qui tourmentait les péagers et les pécheurs qui venaient à lui malgré tous les obstacles (Luc 7.36 et suivants) ; que l’on considère les dures conditions que Jésus mettait à l’entrée dans le royaume et les saintes violences qu’il exigeait de ses disciples (Matthieu 5.29-30 ; Matthieu 6.24 ; Matthieu 8.18-22 ; Matthieu 10.37-39).
C’est avec une joie intime que Jésus dut prononcer ces paroles. Ils ne l’ont donc pas compris, ceux qui entendent sa pensée comme une plainte ou un blâme contre de prétendus ennemis qui violentaient son royaume par la persécution ou contre d’autres violents qui en empêchaient les progrès par un faux zèle.
Beaucoup plutôt pourrait-on se ranger à l’avis de ceux qui, donnant au verbe violenter un sens neutre au lieu du passif, pensent que Jésus veut dire que le royaume s’étend avec puissance, fait par sa force divine de grandes conquêtes, réveille les consciences et excite ainsi le zèle de ces violents qui le ravissent, le dérobent par leur ardeur.
Le premier sens indiqué reste pourtant plus conforme aux termes et à l’ensemble du discours (comparer Luc 16.16, note).
Verset 14
Ces paroles expliquent historiquement (car) celles qui précèdent : Jusqu’à Jean, tous les prophètes et même la loi, qui, dans un sens, était une prophétie (Jean 5.46), ont prophétisé, annoncé l’avenir du règne de Dieu et n’ont pu faire davantage.
Mais lui, Jean, est cet Élie qui, selon le prophète Malachie 4.5. devait venir (Matthieu 17.11-13, Luc 1.17) et voilà pourquoi son ministère a eu de si grands résultats (verset 12).
Et pourquoi il est le plus grand des prophètes (verset 11). Mais les auditeurs de Jésus n’avaient pas tous été atteints par la prédication de Jean ; de là cet avertissement en forme de parenthèse, destiné à leur faire sentir leur responsabilité : grec si vous voulez recevoir ma déclaration qu’il est l’Élie annoncé par Malachie ; de votre volonté dépend qu’il soit pour vous personnellement ce qu’il est en réalité dans le plan de Dieu : « celui qui prépare le chemin du Seigneur » (comparer Matthieu 17.12).
Verset 15
Appel à donner une sérieuse attention à cette importante instruction au sujet de Jean-Baptiste (comparer Matthieu 13.9 ; Marc 4.9 ; Luc 8.8).
Le texte reçu porte : « des oreilles pour entendre », mot inauthentique ici.
Verset 17
Le discours sur Jean-Baptiste est fini (versets 7-15), mais Jésus ne laissera pas échapper cette occasion de faire entendre un sérieux reproche à sa génération, qui ne savait mettre à profit, pour sa vie religieuse et morale, ni le témoignage de Jean, ni celui du Sauveur. Après avoir cherché l’image (à qui comparerai-je…) qui pourra figurer une telle conduite, il la trouve dans un jeu que pratiquaient sur la place publique les petits enfants (grec) de son temps.
Ce jeu ressemblait à celui que nous appelons du nom de « charade ». L’un des deux groupes de joueurs commençait la représentation d’une scène de la vie ordinaire, les autres pour montrer qu’ils avaient deviné le motif choisi, entraient aussitôt dans leur jeu et achevaient la scène commencée.
Ainsi les premiers jouaient de la flûte ; les autres (leurs compagnons d’après le texte reçu) devaient représenter une noce qui s’avance au milieu des danses gracieuses. Les premiers chantaient des complaintes ; les autres devaient se former en un cortège funèbre et faire retentir de lugubres lamentations. Mais voici que le second groupe d’enfants d’humeur maussade et boudeuse refusé de répondre aux invites de leurs camarades et de prendre part au jeu. De là les reproches qu’ils s’attirent.
Les enfants du premier groupe représentent Jésus et Jean ; ceux du second groupe la génération contemporaine qui demeure sourde aux appels de l’un et de l’autre. Telle est l’explication la plus naturelle de cette parabole. Elle nous paraît indiquée par les versets 18 et 19 : car Jean…
Cependant la plupart des interprètes modernes s’appuyant sur les premiers mots : Je la comparerai (cette génération) à des enfants… qui disent et prenant ces mots à la lettre appliquent l’image des enfants qui se plaignent de n’être pas suivis aux contemporains du Sauveur qui auraient voulu imposer leur volonté à Jean et à Jésus et sont mécontents de n’y avoir pas réussi.
Mais cette expression : je comparerai à,… est comparé à, s’applique très souvent à l’image prise d’une manière générale : (Matthieu 13.24-45 ; Matthieu 25.1) et le sens auquel on arrive ainsi s’accorde moins bien avec les versets 18, 19. D’après B. Weisse, Jésus aurait voulu simplement caractériser l’esprit de cette génération, en la comparant à des enfants capricieux, qui voudraient faire rire et pleurer leurs camarades au gré de leurs désirs changeants. Le second groupe des enfants n’est qu’un trait de détail du tableau. Il ne faut pas lui chercher d’application. C’est à cette humeur volontaire et indocile que Jésus attribuerait (car, verset 18, 19) le double insuccès du ministère de Jean et du sien propre.
Verset 19
Jean est venu (est entré dans son ministère, a vécu), dans l’abstinence, avec le rigoureux ascétisme d’un prophète de l’Ancien Testament et ils le calomnient, le disant possédé, attribuant au démon de l’orgueil les exagérations de ses austérités.
Au contraire, le fils de l’homme (Matthieu 8.20, note) vit avec la sainte liberté de la nouvelle alliance, accepte les invitations des péagers et pécheurs ; et ils le calomnient en l’accusant de violer les prescriptions de la loi et de vivre dans la dissolution. Ainsi, ni les complaintes sévères de la loi, ni les doux sons de l’Évangile de la grâce, n’ont pu faire impression sur eux.
Ce mais doit être admis ici, quoiqu’il y ait la particule et en grec, car elle est évidemment prise dans un sens adversatif, qu’elle a souvent en hébreu : et pourtant.
Malgré toute cette aveugle opposition à Jean et à Jésus, la sagesse divine, qui se manifeste d’une manière éclatante dans l’emploi de ces diverses méthodes (la loi, l’Évangile), cette sagesse a été justifiée, comment ? de la part de ses enfants, qui non seulement l’ont reconnue, admise, mais ont prouvé, par la transformation de leur vie, combien les moyens employés par cette sagesse étaient divins et seuls adaptés aux besoins de la nature humaine.
C’est dans ce sens et dans la même occasion, qu’il est dit que le peuple qui croyait et les péagers qui se repentaient justifiaient Dieu (Luc 7.35, note).
Seulement il ne faut pas traduire : « a été justifiée par ses enfants » ; le grec ne le permet pas et ces enfants de la sagesse (hébraïsme, comme « enfants de la lumière », Luc 16.8) ne sont que la cause indirecte, l’occasion de cette justification ; la vraie cause est en Dieu même et dans l’action de sa grâce.
Nous ne discuterons pas quelques autres explications proposées de ces paroles, les tenant pour inadmissibles.
Une variante de Codex Sinaiticus, B, adoptée par Tischendorf, porte : « la sagesse a été justifiée de la part de ses œuvres » c’est-à-dire par ses effets, ses fruits, ses actes, tant dans la vie de Jean que dans celle de Jésus. Le sens resterait donc à peu près le même.
Jérôme dit que de son temps on lisait cette variante « dans quelques évangiles », mais malgré ce témoignage, la leçon du texte reçu, qui se lit dans presque tous les majuscules, parait plus probable.
Verset 20
Reproches aux villes impénitentes
Jésus prononce un triple jugement sur Corazin, sur Bethsaïda et sur Capernaùm, qui ont vu la plupart de «es miracles et ne se sont pas repenties. Il compare leur condition à celle de Tyr et de Sidon et du pays de Sodome. Il déclare qu’elles sont plus coupables et seront traitées plus rigoureusement au jour du jugement (20-24).
Les choses révélées aux enfants
Jésus rend grâces à son Père de ce qu’il a caché les choses qui concernent le salut aux sages et les a révélées aux enfants. Il parle de sa relation unique avec son Père qui lui a remis toutes choses, qui seul le connaît, qui n’est connu que de lui et de ceux à qui il veut le révéler (25-27).
Appel à ceux qui sont fatigués et chargés
Appel à venir à lui, à se charger de son joug et à trouver ainsi le repos de leurs âmes (28-30).
Reproches, actions de grâce, invitation (20-30)
Il y a dans ce mot il commença quelque chose de solennel.
Si l’adverbe de temps alors doit se prendre à la lettre, ces sévères reproches adressés aux villes qui n’avaient pas cru à la parole du Seigneur, auraient été prononcés à la suite des versets 16-19, dont ils complètent très bien la pensée.
Mais Luc 10.13 et suivants les place dans le discours relatif à l’envoi des soixante-dix disciples. Les interprètes se divisent sur la préférence à donner à l’une ou à l’autre de ces dates.
Meyer n’aurait-il pas raison en supposant que Jésus peut fort bien avoir fait entendre, dans les deux occasions, ces expressions de la douleur que lui causait l’endurcissement des hommes de sa génération ?
Verset 21
Corazin n’est mentionné ni dans l’Ancien Testament, ni dans Josèphe et le Nouveau Testament ne nomme cette ville qu’ici et dans le passage parallèle de Luc. Jérôme la désigne comme une ruine à deux lieues de Capernaüm sur les bords du lac de Génézareth. Des voyageurs modernes ont cru retrouver son emplacement dans des ruines portant le nom de Kerazeh et qui sont situées à une heure au nord-est de Capernaüm dans l’intérieur des terres (voir aussi Félix Bovet, Voyage en Terre Sainte, p. 372, 7e édition).
Bethsaïda patrie de Pierre, d’André et de Philippe (Jean 1.45), était également située à quelque distance de Capernaüm, sur le bord occidental du même lac (Marc 6.45, note).
Les miracles (grec puissances, actes de la puissance divine de Jésus) qui furent accomplis dans ces villes ne sont pas rapportés dans l’évangile. Cette omission confirme une déclaration de Jean (Jean 20.30).
À ces villes ainsi privilégiées, le Seigneur oppose, afin de leur faire sentir leur ingratitude et leur responsabilité, les grandes cités païennes et corrompues de Tyr et de Sidon qui, à cause du voisinage de la Syrie, s’offraient naturellement comme points de comparaison. Avec les mêmes moyens de grâce, elles se seraient repenties (ou converties, auraient changé de dispositions) dans le sac et la cendre. Allusion à l’usage pratiqué chez les Juifs de se revêtir d’une tunique d’étoffe sombre et grossière et de se répandre de la cendre sur la tête (2 Samuel 13.19) ou de s’asseoir sur la cendre (Job 2.8).
Il faut prendre au propre la déclaration de Jésus sur ces villes païennes et alors, quel mystère elle renferme ! Si Tyr et Sidon avaient vu les œuvres du Sauveur, avaient entendu sa parole, elles se seraient repenties : et elles ne l’ont pas connu !
Verset 22
Comparer Matthieu 10.15, note.
Verset 23
Capernaüm (voir sur cette ville Matthieu 4.13, note) avait réellement été élevée jusqu’au ciel par la présence, les œuvres, la prédication du Fils de Dieu au milieu d’elle.
Son incrédulité la fera descendre au jour du jugement jusqu’au séjours des morts, en grec hadès (« lieu invisible ») en hébreu scheol (Ésaïe 5.14 ; Ésaïe 14.9 et suivants). Ce séjour des morts est un lieu d’attente : ceux qui l’habitent ne sont encore ni heureux ni malheureux ; mais après le jugement il devient pour les condamnés le lieu des tourments (Luc 16.23).
Une variante de Codex Sinaiticus, B, C, D, admise par la plupart des critiques, porte : « Et toi, Capernaum, seras-tu élevée jusqu’au ciel » ? Et la déclaration qui suit serait la réponse à cette question. Mais une telle question ne serait pas motivée, car rien ne montre que Capernaüm eut la prétention d’être élevée jusqu’au ciel, aussi la plupart des exégètes ne voient-ils dans cette leçon, malgré le poids des témoignages, qu’une faute de copiste facile à expliquer (comparer le Commentaire de M. Godet sur Luc 10.15).
Cette comparaison avec Sodome est encore plus humiliante que celle qui précède avec Tyr et Sidon. Sodome subsisterait, n’aurait pas été détruite par un terrible jugement de Dieu. On voit quelle réalité le Seigneur attribue aux faits de l’histoire biblique.
Verset 24
Ce vous ne s’adresse pas aux auditeurs de Jésus, mais aux habitants de Capernaum (verset 23), tandis que le toi s’adresse à la ville elle-même.
Les variantes qui tendent à égaliser ces pronoms, en mettant les deux fois vous (D et l’Itala) ou deux fois toi (version syriaque), ne sont que des corrections sans valeur.
Le ton de ces verset 21-24 est extrêmement solennel, soit par la progression de la pensée, soit par la similarité des apostrophes (versets 21 et 23), soit par la répétition de la même annonce du jugement (verset 22).
Verset 25
En ce temps-là, dans le style du premier évangile, est une expression vague. Elle ne signifie pas que les grandes paroles qui suivent aient été prononcées immédiatement après celles qui précèdent. Luc 10.21 les place au moment du retour des soixante-dix disciples et cette action de grâce, que Jésus prononce en tressaillant de joie, a pour cause les succès qu’avaient eus parmi le peuple ces premiers messagers de l’Évangile.
Quelques interprètes leur assignent le moment du retour des douze après leur première mission (Marc 6.12-30 ; Luc 9.6-10). Cela paraît moins probable.
Le mot que nous traduisons par prenant la parole signifie proprement répondant. C’est un hébraïsme qui veut bien dire : prendre la parole, commencer à parler, mais toujours pour répondre à une idée ou à un sentiment de ceux qui sont présents (comparer Matthieu 22.1 ; Matthieu 28.5 ; Luc 13.14 ; Jean 2.18 ; Jean 5.17).
Il n’y a pas un mot ici qui ne porte en soi le plus profond enseignement. Les titres que Jésus donne à Dieu expriment l’amour éternel (Père !) et la souveraine puissance (Seigneur du ciel et de la terre), se manifestant dans les dispensations mêmes qui font l’objet de cette louange : cacher aux uns, révéler aux autres.
Ces choses ainsi cachées ou révélées (non à l’extérieur, mais dans leur sens intime et vivant), ce sont les vérités du royaume de Dieu que Jésus apportait au monde, l’Évangile de la grâce (Matthieu 13.11).
Les sages et intelligents étaient, au temps de Jésus, les scribes, les pharisiens. Ce sont, dans tous les temps, ceux qui sont tels à leurs propres yeux et à qui, par cela même, la vérité divine paraît méprisable (1 Corinthiens 1.19-21).
Il faut remarquer qu’il y a dans l’original à des sages, à des intelligents de sorte que l’exclusion des hommes de cette catégorie n’est pas absolue.
Les enfants, ce sont les petits et les simples, tels que les premiers disciples de Jésus en Galilée, qui, étrangers à la sagesse et à la science des écoles, sentant leur ignorance et leurs besoins, recevaient avidement la lumière d’en haut. Tels doivent redevenir devant Dieu les savants eux-mêmes pour entrer à l’école de Jésus-Christ (1 Corinthiens 3.18-19).
Jésus loue Dieu pour l’une et l’autre des actions indiquées et qui sont inséparables, aussi bien de ce qu’il cache que de ce qu’il révèle
(comparer Jean 9.39).
Verset 26
Jésus confirme solennellement son action de grâce et en indique la raison suprême.
Le bon plaisir de Dieu (grec), bienveillance, bonne volonté (Matthieu 3.17 ; Luc 2.14 ; Éphésiens 1.5), est fondé dans sa justice et son amour.
Devant toi, hébraïsme qui signifie à tes yeux, à ton jugement (Exode 28.38).
Quant à la construction au lieu de parce que, on peut traduire : de ce que, en sous-entendant encore je te loue (verset 25), mais la traduction ordinaire est préférable, parce qu’ainsi Jésus nous montre, dans la volonté souveraine de Dieu, la raison de la déclaration paradoxale qui précède.
Verset 27
Encore tout rempli du sentiment de reconnaissance qui vient d’élever son âme à Dieu, Jésus se tourne vers ses disciples (Luc 10.22) et leur communique les vérités les plus profondes sur sa personne. Il vient de dire que le Père se révèle aux enfants (verset 25) ; mais il ne se révèle qu’en son Fils, à qui il a livré, remis toutes choses. On a voulu restreindre ce dernier mot à la sphère spirituelle à la possession du royaume de Dieu que Jésus enseignait, ou à sa connaissance de Dieu dont parle ce verset même (comparer Matthieu 28.18 ; Jean 3.35 ; Jean 13.3 ; Jean 16.15).
Cette relation avec les paroles qui suivent montre en effet que cette expression a un sens spirituel, mais la relation avec ce qui précède (miracles accomplis, verset 20, jugement à exercer, verset 22) conduit à la prendre dans un sens plus étendu et à ne poser aucune limite quelconque à cette déclaration.
En remettant toutes choses au Fils pour la rédemption du monde, Dieu ne cesse pas de régner ; mais comme il gouverne le monde en vue de cette rédemption, il reste vrai que tout est remis au Fils, tout, jusqu’au jugement éternel, qui sera le couronnement de Son œuvre (Jean 5.22-23). Cette déclaration est la raison de celle qui suit, à laquelle Jésus passe par un simple et, qui logiquement signifie : voilà pourquoi.
Connaître, dans le langage des Écritures, ne signifie jamais une simple action de l’intelligence, parfaitement insuffisante quand il s’agit de choses divines. Ce mot suppose toujours une connaissance expérimentale rendue complète par l’amour et la vie.
Aussi le mot original est-il composé du verbe et d’une particule qui lui donne le sens de connaître entièrement. Or, dans ce sens, la déclaration de Jésus est d’une vérité absolue. Mais quel rapport mystérieux, ineffable, unique, entre le Fils et le Père nous est ici révélé ! Qui est-il, l’Être que Dieu seul connaît et qui seul connaît Dieu ? II faut pour cela qu’il soit avec Dieu dans cette unité d’esprit, d’amour, de volonté, d’essence, qui l’autorisait à dire : « Moi et le Père sommes un » Et comme le Père a le pouvoir de révéler et de cacher (verset 25), le Fils aussi révèle le Père à qui il veut. Il s’agit de cette révélation intérieure qui n’a lieu que par une communion vivante avec le Fils et par laquelle il nous fait part de la connaissance unique qu’il a du Père. De là le rapport profond de ces paroles avec celles qui suivent.
Qui, en écoutant cette grande déclaration du Sauveur sur sa personne, ne la croirait tirée de l’Évangile de Jean ? Sous la plume de Matthieu et de Luc, elle confirme le quatrième évangile et identifie le témoignage de ce dernier avec celui des synoptiques.
Verset 28
Douce et précieuse invitation. Tous : grâce universelle, offerte sans autre condition, que de se sentir fatigués et chargés !
Ces deux participes expriment deux idées distinctes. Le premier suppose le travail auquel un homme se livre en vain pour satisfaire aux exigences de sa conscience souffrante et de la loi qui l’accuse, le second, ce lourd fardeau de misère morale et de peines amères que porte celui qui mène une vie sans Dieu. Ce fardeau était rendu plus accablant encore par les prescriptions légales et pharisaïques de la propre justice (Matthieu 23.4 ; Actes 15.10).
Ce que Jésus offre (et moi, par opposition à tout autre), c’est le soulagement ou le repos (grec « je vous reposerai » et au verset 29 : « vous trouverez le repos »), en d’autres termes, la paix (Jean 14.27), doux et précieux fruit du pardon et de l’affranchissement.
Verset 30
Un joug est l’image de la soumission, de l’obéissance. Jésus vient de promettre le soulagement, le repos (verset 28). Il rappelle maintenant la condition de cette délivrance.
Qu’est-ce que se charger de ce joug ? Les mots qui suivent l’indiquent : c’est apprendre de lui, non seulement être instruit par sa parole, mais imiter son exemple, vivre de sa vie. Il faut entrer dans cette voie sans hésiter, dit le Sauveur, parce que je suis doux et humble de cœur.
Ce motif peut être entendu de deux manières, soit comme un encouragement : ne craignez pas de vous mettre à mon école, je suis plein de support, de patience, mon joug n’est pas difficile à porter ; soit comme indication du seul moyen de se charger de son joug, qui est d’apprendre de Jésus la douceur et l’humilité qu’il avait lui-même.
Pour les orgueilleux qui cherchent leur propre justice, ce joug sera intolérable, il ne sera aisé (grec bon, bienfaisant) que pour ceux qui seront doux et humbles de cœur.
Celui-là trouvera du repos pour son âme, parce que seul aussi, il est fatigué et chargé, dans le sens du verset 28.