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Sunday, July 20th, 2025
the Week of Proper 11 / Ordinary 16
the Week of Proper 11 / Ordinary 16
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
Déclaration de droit d'auteur
Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Genesis 4". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/genesis-4.html.
bibliography-text="Commentaire sur Genesis 4". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)
versets 1-26
Plan du commentaire biblique de Genèse 4
III) 4.1 à 9.17 â Corruption croissante de lâhumanité, le déluge
Cette partie de la Genèse nous raconte lâaccroissement du genre humain et en même temps celui du péché qui, une fois entré dans lâhumanité, sây développe sans tarder avec tous ses effets malfaisantsâ¯; la race tout entière finit par se corrompre et attire sur elle par ses crimes le châtiment divin.
Caïn et Abel (4.1-16)
Dès la première génération, comme à travers toute lâhistoire subséquente, nous voyons lâhumanité divisée en deux campsâ¯: dâun côté les justes, de lâautre les méchants. On voit que, si le péché se transmet de génération en génération, il comporte cependant des degrés et que, dès lâabord, il y a une différence marquée entre ceux qui se livrent à sa puissance et ceux qui réagissent contre elle en sâappuyant sur Dieu.
Verset 1
Les deux frères (1-2)
Lâhomme. Nous traduisons ainsi pour être littéralâ¯; Adam est encore envisagé moins comme individu que comme le représentant de la race.
Ayant connu. Ces mots qui, dâaprès la forme du verbe, expriment une action passée, nous reportent au séjour dans le paradis, probablement au moment qui suivit immédiatement le premier péché (Genèse 3.7). Le mot connaître désigne lâunion la plus étroite, aussi bien au sens physique quâau sens moral. Cette expression, qui nâest jamais employée en parlant des animaux, montre le caractère moral de lâunion des sexes dans le mariage.
Caïn. Ce nom, comme le montre lâexplication quâÃve en donne elle-même, désignait ce premier enfant comme un être produit avec le secours de lâÃternel, car il est mis en relation avec le mot hébreu kana, qui signifie produire, créer, acquérirâ¯; cependant, dâaprès les règles de lâétymologie hébraïque, il dérive plutôt de la racine kin ou koun, qui exprime dans des langues sémitiques la notion de forger, fabriquer. Employé comme nom commun, ce mot signifie lance (2 Samuel 21.6).
Jâai donné lâêtre. On se représente aisément lâétonnement que dut éprouver la première mère à la vue de son premier enfant, elle qui savait que son mari et elle-même avaient été formés de la main de Dieu. De là son exclamation quâon pourrait paraphraser ainsiâ¯: Jâai participé à lâÅuvre créatrice accomplie par lâÃternel.
Avec lâÃternel. Il serait possible de traduireâ¯: Jâai donné lâêtre à un homme, lâÃternel.
Plusieurs interprètes adoptant ce sens ont pensé quâÃve voyait dans cet enfant le Sauveur promis et proclamait par ces paroles sa nature divine. Mais la promesse du chapitre 3 ne renfermait aucune notion de ce genre.
Lâemploi du nom de Jéhova dans la bouche dâÃve paraît contredire le passage Exode 6.3. Nous renvoyons les lecteurs à lâexplication de ce passage important, nous bornant à dire ici que le nom de Jéhova ne peut avoir été complètement inconnu avant la révélation de lâÃternel à Moïse dans le désert.
Quelques noms composés en effet, tels que Morija et le nom de la mère de moïse lui-même, Jokébed (dont lâÃternel est la gloire), attestent son existence dans la période antérieure et si ce nom nâeût pas été en quelque mesure connu du peuple, lorsque Moïse demande à Dieuâ¯: Qui leur dirai-je que tu esâ¯? Dieu nâeût pas pu lui répondreâ¯: Tu leur diras que je suis Jéhova, car cette réponse nâeût présenté aucun sens à leur esprit.
Du reste il est bien probable quâici le nom de Jéhova doit être attribué à lâauteur, qui traduit de cette manière en hébreu le nom de la langue primitive employé par Ãve pour désigner Dieu.
Verset 2
Abel plus exactement Hébel, signifie souffle, vanité. Plusieurs ont pensé que ce nom lui avait été donné après coup, à la suite de sa fin précoce et tragique. Mais il est possible quâil lui ait été donné à sa naissance par sa mère, frappée, non plus comme à la naissance de son fils aîné, du fait de lâapparition dâun nouvel homme, mais de la faiblesse de ce petit êtreâ¯; ou bien lâexpérience quâelle avait déjà faite des luttes et des souffrances de la vie lui avait fait sentir la vanité de lâexistence terrestre.
Dâautres interprètes font dériver ce nom du mot assyrien habelou (fils), quâon retrouve dans les noms de plusieurs rois, par exemple dans celui de Nabu-habal-ussur (Nabopolassar), Assur protège le fils. Rien dans le texte ne sâoppose à cette opinionâ¯; mais on se demande pourquoi Ãve aurait donné ce nom à son second enfant plutôt quâau premier.
Berger, littéralementâ¯: berger de petit bétail.
Ãtait cultivateur. Cette traduction rend littéralement la forme du verbe hébreuâ¯: Caïn avait déjà cette occupation quand Abel devint berger. Le premier homme avait probablement été à la fois cultivateur et bergerâ¯; ses deux premiers fils se partagent cette double activité, lâaîné gardant pour lui la première qui avait été instituée de Dieu (Genèse 2.15â¯; Genèse 3.19). Il est donc faux de vouloir discerner déjà les dispositions différentes des deux frères dans le choix de leur vocation.
Remarquons que, à lâopposé de certaines conceptions philosophiques qui prétendent que lâhumanité a dû passer par trois stages différentsâ¯: chasse, élevage des bestiaux et agriculture, le récit biblique place ces deux dernières occupations à lâorigine même de la race, écartant ainsi de lâhistoire des premiers âges lâidée dâun état sauvage.
On a voulu voir aussi dans notre récit un mythe, représentant la lutte des pâtres, préférés de Jéhova et des agriculteurs qui menacent de les détruire. Mais quel intérêt aurait eu un auteur israélite, appartenant à une nation essentiellement agricole et plus du tout nomade, à flétrir lâagriculture au profit de lâélevage du bétailâ¯? Puis pour lâauteur lui-même lâagriculture est dâinstitution divine et existait même avant la chute (Genèse 2.15).
Verset 3
Les premiers sacrifices (3-5)
Il ne paraît pas que ces sacrifices aient été réclamés par Dieu lui-même. Ils furent la manifestation spontanée dâun sentiment humain, la reconnaissance pour les bienfaits reçus et le désir dâobtenir de Dieu de nouvelles faveurs en sâefforçant de combler la séparation établie par le péché entre Dieu et lâhomme.
Après un certain temps, littéralement à la fin de jours. Cette expression peut signifier en hébreu soit un temps indéterminé, soit une année. Plusieurs interprètes adoptent ce dernier sens et traduisentâ¯: à la fin de lâannée, câest-à -dire au moment de la récolte. Mais le premier sens nous parait le plus naturelâ¯: Un certain temps après quâils eurent commencé à exercer leur vocation.
Oblation. Le mot employé mincha, est celui qui sert à désigner dans la loi lâoffrande non sanglante. Mais ce mot nâa pas encore ici ce sens technique et sert à désigner aussi le sacrifice sanglant dâAbel. Ce dernier dut être un holocauste, un sacrifice dont la victime était entièrement brûlée, car, selon toute probabilité, les hommes ne se nourrissaient pas encore de viande.
Verset 4
LâÃternel regarda. Cette expression figurée exprime sous une forme tirée des relations humaines lâidée que lâoffrande dâAbel fut agréable à Dieu et acceptée de luiâ¯: on regarde volontiers ce qui plaît, tandis quâon détourne les yeux de ce qui vous repousse.
LâÃternel doit avoir manifesté, par un acte extérieur perceptible aux deux frères son contentement et son mécontentement. Le texte ne dit pas quel fut ce signe. Les uns ont supposé que lâÃternel apparut pour leur manifester lui-même son sentiment. Dâautres ont pensé que lâÃternel fit descendre le feu du ciel sur lâholocauste dâAbel, comme il le fit descendre plus tard sur celui dâÃlie au Carmel, en signe dâacceptation de lâoffrande. Les deux opinions sont admissibles.
En vertu de quoi lâoffrande dâAbel était-elle plus acceptable que celle de Caïnâ¯? On a supposé quâelle avait été préférée à cause de lâeffusion du sang, qui était une marque de repentance et la preuve du besoin de réconciliation. Mais nous ne sommes pas autorisés à transporter ici les notions de la loi mosaïque. Si Caïn nâoffre pas de victime animale, câest tout naturellement parce quâil veut présenter à lâÃternel des produits de son travail.
Il faut plutôt chercher la raison de la préférence divine dans les dispositions intérieures de Caïn et dâAbel. Comparez ce qui est dit dans lâépître aux Hébreux (Hébreux 11.4)â¯: Câest par la foi quâAbel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn.
Nous trouvons déjà ici la différence qui se reproduit perpétuellement entre les actes de culte dictés par la reconnaissance et qui sont lâexpression du don de soi-même et ceux qui, au contraire, doivent servir à dispenser lâadorateur du don de son cÅur.
Dès la première page de la Bible, le spiritualisme est donc établi et le formalisme condamné. Le seul indice extérieur du sentiment dâAbel en opposition à celui de Caïn se trouve peut-être dans les motsâ¯: Des premiers-nés et de leur graisse, tandis que pour Caïn il était dit seulementâ¯: Des produits de la terre.
Verset 5
Notre traduction rend exactement les temps du texte hébreuâ¯: regarda, verset 4â¯; nâavait pas regardé, verset 5. Câest lorsque Caïn vit lâoffrande dâAbel acceptée quâil remarqua lâindifférence de Dieu à lâégard de la sienne et quâil sâirritaâ¯; son dépit naquit donc de la jalousieâ¯; cette douleur-là est ce que saint Paul appelle la tristesse selon le monde, qui produit la mort (2 Corinthiens 7.10).
Les mauvaises dispositions de son cÅur ne se manifestent au premier moment que par lâabattement sinistre qui se peint sur son visage, mais cet abattement est le présage de mauvais desseins.
Verset 6
Avertissement de Dieu à Caïn (6-7)
Ici encore, comme après la chute du premier homme (Genèse 3.9), Dieu ne laisse pas le pécheur à lui-mêmeâ¯; il consent à lui parler pour le rendre conscient de sa faute et lâempêcher de se plonger plus avant dans le mal.
Plusieurs ont pensé que ces paroles étaient simplement la voix intérieure de la conscience chez Caïn. Mais après son crime la même voix se fait entendre et cette fois il y a un entretien qui ne peut être celui du cÅur de lâhomme avec lui-même.
Verset 7
Dieu veut donner à Caïn lâassurance que rien nâest encore perdu, quand même son sacrifice nâa pas été accepté et que son relèvement ne dépend que de lui.
Si tu fais bien. On pourrait entendre ces mots dans ce sensâ¯: Si tu renonces à tes mauvaises dispositions contre ton frère, encore maintenant tu seras reçu.
Mais il vaut mieux leur donner un sens plus généralâ¯: Si tu es animé de bons sentiments comme Abel, tu seras reçu aussi bien que lui. à la jalousie de Caïn, Dieu oppose son impartialité.
Ne seras-tu pas agrééâ¯? Lâexpression hébraïque ainsi rendue signifie, proprement enlèvement, dâoù élévation. On pourrait donc traduireâ¯: Nây aura-t-il pas enlèvement (de ton péché)â¯? Ouâ¯: Nây aura-t-il pas élévation (de ton visage qui est maintenant abattu)â¯?
Mais on peut trouver aussi dans ce terme la notion souvent employée en hébreu de prendre, accepter la figure de quelquâun, pour direâ¯: lui faire bon accueil, le recevoir favorablement. Câest là le sens rendu dans la traduction et qui nous paraît le plus naturel.
Si tu ne fais pas bienâ¯: Si tu es animé de mauvais sentiments. Le mot que nous traduisons par faire bien nâimplique pas nécessairement lâidée dâune action extérieure.
Le péché. Nos anciennes versions françaises traduisaientâ¯: la peine du péché. Ce sens est grammaticalement possible, puisque lâhébreu nâa quâun mot pour désigner le péché et la peine du péché. Mais les derniers mots du versetâ¯: Et toi, tu dois dominer sur lui, sont incompatibles avec ce sens.
Se tient. Lâimage employée par le texte original est celle dâune bête féroce accroupie pour guetter une proie. Ainsi le péché nâattend quâune circonstance favorable pour sâemparer de celui qui entretient un mauvais sentiment dans son cÅur et lui faire commettre lâacte qui achèvera de le perdre. Comparez 1 Pierre 5.8.
à la porteâ¯: de la demeure du méchantâ¯; aussitôt que la porte sâouvrira, lâennemi sây précipitera. En assyrien le mot rabits signifie, comme le mot hébreu robets employé ici, celui qui se tient en embuscade et sert à désigner une des principales classes de démons.
Une inscription cunéiforme contient sur les démons le passage suivantâ¯: Eux, la porte ne les retient pas, la barre de la porte ne les repousse pasâ¯; dans la porte ils sâintroduisent comme des serpents.
Son désir tend vers toi. Même expression que dans la sentence prononcée sur la femme (Genèse 3.16)â¯: le péché vise à sâunir intimement à lâhomme pour ne plus faire quâun avec lui. Câest cette union du péché avec lâhomme que caractérise saint Jacques (Jacques 1.15).
Chez Caïn, lâunion nâest pas encore consomméeâ¯; de là la parole suivanteâ¯: Tu dois dominer sur lui. Caïn doit veiller à sa porte afin de ne pas laisser entrer lâennemi. Le moyen pour cela, ce sera de renoncer à sa jalousie et à son irritation. Dans la lutte contre lâadversaire annoncée Genèse 3.15, la victoire est toujours possible à lâhomme, grâce au secours divin qui est à sa porte.
Verset 8
Le meurtre
Caïn ne tient pas compte de lâavertissement de Dieu et au lieu de dominer sur le péché il laisse le péché dominer sur lui.
Caïn parla, littéralement dit. Comme ce mot dit fait attendre lâindication de ce qui fut dit, les anciennes versions ont suppléé ici les motsâ¯: Allons dans la campagne.
Mais cela nâest pas nécessaireâ¯; lâobjet de dit peut aisément se tirer du fait raconté ensuiteâ¯: Et il arrivaâ¦
Sâéleva contre Abel son frère. Le mot frère est répété avec intention quatre fois dans les versets 8 et 9, pour faire ressortir lâhorreur du crime.
Il résulte de la parole précédente que lâagression était préméditée. Cependant Caïn ne supposait peut-être pas que des coups portés a son frère occasionneraient sa mort. Il nâen est pas moins un meurtrier, selon la parole 1 Jean 3.12-15, qui déclare que quiconque hait son frère est meurtrier. Saint Jean indique en même temps le mobile du crime de Caïnâ¯: Parce que ses Åuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes. Abel nous apparaît donc comme le premier martyr de la justice, et, quoique mort, il parle encore (Hébreux 11.4).
On est confondu en voyant avec quelle rapidité le péché arrive dans la première famille humaine aux derniers excès. Caïn sâest laissé dominer par ses mauvais sentiments et il est ainsi devenu le premier membre de la postérité du serpent qui entre en lutte avec la postérité de la femme.
Verset 9
Le jugement (9-16)
La même voix, qui a averti avant le crime, juge après quâil est consommé. Dieu ne peut laisser le péché impuni et, de même quâaprès la chute dâAdam, il interroge le coupable pour lâamener à confesser sa faute.
Je ne sais pas. Adam interrogé après son péché avait avoué en tremblant, tout en cherchant à sâexcuserâ¯; Caïn, lui, ment effrontément et brave Dieu en ajoutant la parole ironiqueâ¯: Suis-je le gardien de mon frèreâ¯? Si Dieu avait voulu répondre à la question de Caïn, il lâaurait certainement fait par lâaffirmative, car tout homme est le gardien de son prochain.
Verset 10
Caïn ayant refusé dâatténuer son crime en lâavouant, lâinterrogatoire fait place à la sentence.
Quâas-tu faitâ¯? Question indignée qui nâattend aucune réponseâ¯; elle a pour but de faire rentrer en lui-même le coupable endurci.
Jâentends le sang⦠Littéralementâ¯: Voix du sang de ton frère criant à moi de la terreâ¯!
Aucun témoin nâayant vu le meurtre, Caïn avait cru pouvoir le cacher en le niantâ¯; il doit se convaincre avec effroi de la toute-science et de la toute-présence de Dieu. Le sang innocent répandu à la surface de la terre crie vers le ciel, siège du juge suprême, jusquâà ce quâil soit vengé. Comparez Job 16.18â¯; Ãsaïe 26.21.
Verset 11
Tu es maudit. à lâaggravation de la faute correspond celle de la peineâ¯: ce nâest plus, comme pour Adam, la terre qui est maudite à cause de lâhomme, mais Caïn lui-même est maudit.
Par la terre. On a entendu ces mots dans ce sensâ¯: loin de la terre, ouâ¯: plus que la terre (maudite Genèse 3.17). Mais le sens naturel estâ¯: par la terre, non comme si elle pouvait maudire, mais parce quâelle devient lâinstrument de la malédiction divine en ce quâelle ne peut plus supporter le meurtrier. Comparez Lévitique 18.25-28.
Verset 12
Aggravation de la malédiction adressée à Adam (Genèse 3.17)â¯: Tu en tireras ta nourriture avec travail.
Son fruit, littéralement sa force.
Errant et fugitif. Il ne jouira du repos nulle part, la terre ne lui rendant plus le fruit de son travail et le trouble étant partout dans son cÅur.
Verset 13
Quelle différence entre les paroles du verset 9 et celles des versets 13 et 14â¯! Lâaudace a fait place à un lâche abattement.
Ma peine⦠supporter. Littéralementâ¯: Mon péché est plus grand quâon ne le peut porter. Sur la relation entre les deux idées de péché et de peine du péché en hébreu, voir verset 7, note. Plusieurs interprètes traduisent ici le mot nasa (porter) par pardonner. Ce sens est grammaticalement possible, mais ne sâaccorde pas avec les sentiments exprimés par Caïn dans le verset 14â¯; câest la crainte, non le repentir, qui lui inspire ces paroles.
Verset 14
Caïn exprime les craintes que lui fait éprouver la sentence divine, sans doute avec lâespoir dâobtenir un adoucissement de sa peine.
De dessus la face du pays. Il doit quitter la contrée où il a vécu jusquâalors et sâavancer dans lâinconnu quâil redoute. On comprend cette crainte chez un homme qui ne sait pas ce quâil y a au-delà de lâhorizon qui borne sa vue.
Caché de devant ta face. Caïn a encore le sentiment que câest de Dieu que proviennent tout bonheur et toute sécuritéâ¯; aussi redoute-t-il de sâéloigner du pays dâÃden, le lieu où Dieu se manifeste aux hommes. Câétait une croyance générale dans lâantiquité, même au sein de la race élue, que Dieu nâhabitait pas en dehors du lieu de ses révélations. Jacob quittant la maison de son père est étonné que Dieu soit avec lui à Béthel (Genèse 28.16). Même pensée Jonas 1.3.
Quiconque me trouvera me tuera. On sâest étonné de cette réflexion de Caïn, qui suppose lâexistence dâautres hommes et plusieurs interprètes ont cru pouvoir en tirer la conclusion que primitivement ce morceau devait se trouver à une place plus avancée du récit. Mais Caïn ne connaissait que la contrée où il avait vécu jusquâalors et il pouvait fort bien se représenter la terre ou il allait être errant et fugitif comme habitée par dâautres hommes. Dans tous les cas il devait trembler de rencontrer Adam, le vengeur naturel dâAbel.
Verset 15
LâÃternel voit quelque chose de légitime dans la crainte de Caïn et le rassure. Lâhumanité ne devait être constituée en société et la peine capitale instituée quâaprès le déluge (Genèse 9.6). Jusquâalors la justice divine se réserve à elle seule le droit de punir le meurtrier. Dieu a voulu dès le premier meurtre couper court à la vengeance individuelle.
Câest pourquoiâ¯: Tu as raison, il devrait en être ainsiâ¯; aussi vais-je faire ce qui est nécessaire pour lâempêcher. Lors même que la crainte de Caïn ne serait pas fondée, cette parole de lâÃternel et le signe quâil place sur lui auraient leur raison dâêtre, leur but serait de le rassurer. LâÃternel témoigne ici à Caïn une compassion semblable à celle quâil avait montrée à Adam et à Ãve en sâoccupant encore dâeux après leur chute.
Sera vengé sept fois. On a parfois entendu ces mots dans ce sens que le meurtrier de Caïn serait puni de mort avec sept de ses proches, ou que la vengeance sâexercerait sur ses descendants jusquâà la septième génération. Le sens tout simple est que lâÃternel se chargera dâinfliger à cet homme-là des tourments sept fois plus douloureux que ceux dont souffre Caïn.
Mit un signe sur Caïn, littéralement à Caïn. Quelques-uns ont entendu ce passage dans ce sens, que Dieu donna à Caïn un signe pour confirmer la promesse quâil venait de lui faire. Mais ce signe nâaurait servi quâà rassurer Caïn et non à empêcher quâil ne devînt lâobjet de la vengeance quâil redoutait. Ce signe était sans doute une expression particulièrement sinistre sur les traits du meurtrier et du maudit. On se sent désarmé devant une figure contractée par le remords ou par la folie. Comparez 1 Samuel 21.13, où David contrefait lâinsensé pour échapper à la mort. Cette supposition nous paraît plus naturelle que celle de lettres écrites sur son front, dâun vêtement particulier, etc.
Verset 16
Résultat du jugement
De devant lâÃternel : du pays dâÃden, où lâÃternel se révélait.
Nod. Ce nom, inconnu en géographie, signifie bannissementâ¯; il appartient à la même racine que le mot nad, fugitif (versets 12 et 14)â¯; il désigne donc la terre dâexil.
Les familles descendues dâAdam (4.17 Ã 5.32)
Lâhistoire de ces deux familles nous est donnée sous la forme de généalogies dans lesquelles sont insérées quelques notices biographiques.
Les généalogies, sont pour ainsi dire la charpente de la Genèse. Dans lâhistoire des temps primitifs (Genèse chapitres 1 à 11), elles sont le lien vivant qui rattache les grandes périodes les unes aux autresâ¯: le déluge est rattaché à la création et à la chute par les généalogies des chapitres 4 et 5, lâhistoire dâAbraham au déluge par celles des chapitres 10 et 11.
Un trait caractéristique, câest quâà chaque fois lâauteur commence par la généalogie de la race qui est éliminée de lâhistoire du royaume de Dieu, pour sâarrêter à la race élueâ¯; la généalogie des Caïnites précède celle des Séthites (chapitres 4 et 5)â¯; celles des Japhéthites et des Chamites précèdent celles des Sémites (chapitres 10 à 11). De même plus tard celle dâIsmaël précède lâhistoire dâIsaac (Genèse 25.12-18) et celle dâÃsaü lâhistoire de Jacob (chapitre 36).
Les deux généalogies des chapitres 4 et 5 présentent des différences de style qui font supposer quâelles appartiennent à deux auteurs différentsâ¯; la première est la continuation du récit jéhoviste, qui a commencé en Genèse 2.5 et se prolonge jusquâau chapitre 4â¯; la seconde (chapitre 5) provient de la même source que le chapitre (élohiste).
Tandis que lâauteur jéhoviste énumère les noms des patriarches en rattachant ici et là à lâun dâentre eux un fait historique, lâauteur élohiste rapporte sous une forme monotone et stéréotypée lââge où chaque patriarche eut son premier fils, le temps quâil vécut après la naissance de ce fils et la somme totale des années de sa vie. Le genre du jéhoviste est plus anecdotique, celui de lâélohiste plus officiel. Mais ce qui étonne dans ces deux généalogies, câest la ressemblance de plusieurs noms qui paraissent dans toutes les deux. Voici les deux séries en face lâune de lâautreâ¯:
On voit que dâun côté il y a sept générations, de lâautre dix et que le dernier membre de chacune des deux séries se ramifie en trois. Il est fort possible que ces chiffres si usités, dix, sept, trois, ne soient pas accidentels et aient pour but de faciliter la mémorisation. Comparez les trois séries de quatorze générations dans la généalogie de Matthieu 1.
Dans ce cas, les généalogies nâauraient pas la prétention dâêtre complètes. Quant à la ressemblance des noms, bon nombre de critiques en ont conclu que, dans la tradition primitive, il nâexistait quâune seule généalogie des descendants dâAdam. Cette généalogie primitive, transmise de génération en génération, se serait modifiée en passant de bouche en bouche et aurait fini par exister sous deux formes, dont lâune aurait été rédigée par lâauteur jéhoviste, lâautre par lâauteur élohiste. Le rédacteur de la Genèse les aurait reproduites toutes les deux sans se douter de leur communauté dâorigine. Lâexégèse de détail nous montrera si cette supposition est admissible.
Verset 17
Généalogie des Caïnites (4.17-24)
Et Caïn connut sa femme. Il est évident que la femme de Caïn était une fille dâAdamâ¯; la Genèse nâa pas la prétention dâénumérer tous les enfants du premier couple humainâ¯; elle dit même expressément (Genèse 5.4) quâAdam engendra des fils et des filles qui ne sont pas nommés.
Le mariage entre frères et sÅurs sâimposait aux origines de lâhumanité et nâavait pas encore les inconvénients quâil ne pouvait manquer dâavoir à une époque plus avancée, car la force vitale départie à lâhumanité existait chez le premier homme et jusquâà un certain point encore chez ses enfants, dans toute sa plénitude. Mais une fois quâelle se fut répartie dans un grand nombre de branches, elle dut tendre dans chaque union à se reconstituer par le rapprochement des éléments opposés.
Hénocâ¯: celui qui est initié ou qui initie. Ce nom, que Caïn donne à la fois à son fils et à la ville quâil bâtit, signifie-t-il peut-être que ce fils sera initié aux progrès de la civilisation, dont la construction de la ville marque le point de départâ¯?
Ce nom revient dans la généalogie de Seth (Genèse 5.18-24) dans celle de Jacob en la personne du premier-né de Ruben (Genèse 46.9) et chez les Madianites (Genèse 25.4).
Il bâtit une ville, littéralement il fut bâtissant⦠Il commença sans doute la construction, que ses fils continuèrent après lui. La notion de ville dans lâantiquité désignait simplement un endroit habité, protégé, par une muraille.
On a vu dans ce passage une contradiction avec le verset 12, où lâÃternel condamne Caïn à être errant et fugitif sur la terre et on en a conclu que la fin du chapitre est tirée dâun autre document que le commencement. Mais Caïn était-il si scrupuleux que la parole de lâÃternel lâempêchât de chercher à se donner une demeure fixeâ¯? On peut voir précisément dans cet acte de Caïn une tentative dâéchapper à la malédiction divine et même ainsi il nâen est pas moins resté fugitif et étranger par rapport au lieu quâhabitait son père.
On a cru avoir retrouvé le nom de cette première ville dans celui de plusieurs localités orientales. Câest du nom dâAnuchta, dans la terre dâElam, à lâest de la Mésopotamie, quâon pourrait le rapprocher avec le plus de vraisemblance, non seulement à cause de lâanalogie de la forme, mais aussi à cause de ce qui est dit, verset 16, que Caïn sâen alla à lâorient dâÃden.
Verset 18
Les trois générations suivantes sont énumérées sans aucune indication historique.
Irad, nom de signification peu sûreâ¯; les uns le traduisent, par fugitif, les autres par citadin. Si cette dernière étymologie était la vraie, ce nom serait le vestige dâun progrès dans la vie sédentaire.
Méhujaëlâ¯: frappé de Dieu. Si câest bien là le sens de ce nom, il ne peut lui avoir été donné que comme surnom à la suite dâune mort tragique. Méthusaël. Ce nom fait contraste avec le précédent et signifie probablement lâhomme qui est à Dieuâ¯; on lâa traduit aussi, mais avec moins de vraisemblance, par lâhomme du désir.
Il est possible que plusieurs de ces noms ne soient que le résultat de lâadaptation dâune forme hébraïque à la forme quâils avaient dans la langue primitive.
Le nom de Lémec ne peut sâexpliquer dâaprès lâhébreuâ¯; mais en arabe ce mot désigne un jeune homme robuste. Il est évident que si ces récits étaient des mythes inventés par les Hébreux, tous les noms trouveraient dans cette langue une signification satisfaisante.
Verset 19
Lémec prit deux femmes. La polygamie contraire à lâinstitution divine primitive, sâintroduit dans lâhumanité. Aux yeux de lâauteur ce nâest certainement pas un bien, puisquâil caractérise Lémec comme un homme brutal et sanguinaire.
Ce fait même prouve cependant que lâinstitution du mariage subsistait, même à cette époque la plus sombre de lâhistoire de lâhumanité primitive.
Ada, ornement, Tsilla, ombre. Les noms de ces deux femmes sont exceptionnellement indiqués parce quâelles seront nommées dans le chant de Lémec.
Verset 20
Les trois noms Jabal, Jubal et Tubal semblent provenir tous les trois du même verbeâ¯: jabal, couler, produire. Néanmoins leurs sens sont assez différents. Jabal signifie peut-être celui qui va et vient, qui se déplace (comme lâeau qui coule), le nomade.
Jubal rappelle le met jôbêl, corne de bélier et de là instrument de musique, musique retentissante. Peut-être dérive-t-il du même verbe dans le sens de produire, faire couler des sons.
Si lâon voulait rattacher le mot Tubal au même verbe jabal, on pourrait y voir lâidée de faire couler ou fondre des métaux et dans ce cas on pourrait voir dans kaïn, de koun, en arabe forger, la notion du forgeron. Le nom composé Tubal-Caïn indiquerait donc les deux manières dâassujettir les métaux à lâusage de lâhomme. Mais Caïn signifiant proprement lance, le sens du nom composé peut bien êtreâ¯: celui qui fabrique des lances.
Cependant, en présentant ces diverses significations nous devons ajouter que nous sommes complètement dans le domaine de lâhypothèse.
Dans la famille dâAda apparaissent la vie nomade et la musique. Dans tous les temps il y a eu de grands rapports entre lâart musical et la vie pastoraleâ¯; chez les Grecs, câest Pan, le dieu des bergers, qui passe pour avoir été lâinventeur du chalumeauâ¯; de même David était à la fois berger et musicien. Jusquâalors il y avait sans doute eu des bergers, Abel par exempleâ¯; mais câest seulement avec Jabal que commence la vie nomade telle quâelle fut pratiquée dans la suite par les patriarches et telle quâelle existe encore aujourdâhui chez les Arabes. Puis il nâest plus seulement, comme Abel, berger de petit bétail (tson), mais de bétail en général (mikné).
Verset 21
Harpe et chalumeau, en hébreu kinnor et ougav. Le premier de ces noms est donné dans la Bible à un instrument à cordesâ¯: harpe, luth ou cithare, le second est un instrument à ventâ¯: chalumeau ou cornemuse. Jubal commença à fabriquer les instruments à cordes et à vent, sans doute sous leur forme la plus rudimentaire.
Verset 22
Tubal-Caïn est le fondateur de lâindustrie métallurgique, qui fournit à lâhomme lâoutil agricole, lâarme de chasse et aussi lâarme de guerre.
Naama, la gracieuse. On ne sait trop pourquoi cette fille de Lémec est spécialement indiquée. La tradition primitive dâoù notre récit est tiré en savait sans doute davantage sur son compte. Les rabbins ont vu en elle, les uns la patronne de la toilette et de la coquetterie, les autres la femme de Noé.
Verset 23
Chant de Lémec (23-24)
Ce chant présente déjà le caractère de la poésie hébraïque, quâon appelle le parallélisme, câest-à -dire la répétition de la pensée dans deux membres de phrase consécutifs.
Ce fragment poétique sâétait sans doute transmis de génération en génération avec le récit des actions de Lémec et de ses fils. Si le plus ancien hymne connu est un chant de meurtre, rappelons-nous cependant que le premier élan poétique fut un chant dâamour sous les ombrages du paradis (Genèse 2.23).
Ada et Tsilla, entendez ma voix. Il y a de la vantardise chez ce premier poèteâ¯; il lui faut un public pour faire valoir sa première inspiration. Nous pouvons nous représenter Lémec brandissant en parlant ainsi la première lance ou la première épée dont son fils Tubal-Caïn vient de lui faire hommage.
Jâai tué. Cette expression ne signifie pas nécessairement que le meurtre a déjà été commisâ¯; le parfait peut servir en hébreu à exprimer ce que nous appelons le présent de lâidéeâ¯; Lémec indique par là sa ligne de conduite.
Remarquons le sens légèrement différent des deux membres du versetâ¯: tuer un homme pour se venger dâune blessure est déjà cruel, mais tuer un enfant pour une simple meurtrissure, câest ajouter la lâcheté à la cruautéâ¯; il nây a quâun homme complètement dénaturé qui puisse se vanter de pareils exploits.
Verset 24
La garantie de vengeance que Dieu avait donnée à Caïn paraît misérable à son descendantâ¯; il en possède une bien meilleure dans ce glaive quâil tient en mainâ¯; son arme est son dieu, à lui.
Avec Lémec, lâinsolence de la race caïnite est arrivée à son apogéeâ¯; la soif de sang et de vengeance à laquelle Dieu avait voulu mettre une digue (verset 15), a franchi les dernières limitesâ¯; non seulement lâhomme nâhésite pas à répandre le sang, mais encore il sâen fait une gloire. Quand cette contagion aura envahi aussi la race de Seth, le monde sera mûr pour le jugement.
Cette histoire de la race caïnite nous présente le développement des arts et de la civilisation comme marchant de pair avec lâextension du vice sur la terre. Est-ce à dire quâaux yeux de lâauteur le progrès matériel soit un malâ¯? Ãvidemment nonâ¯: la musique sera un puissant auxiliaire du culte, dont nous allons voir lâorigine dans la race séthite et lâhabileté dans le travail des métaux est considérée par lâÃcriture comme provenant de lâaction de lâEsprit de Dieu dans lâhomme (Exode 31.3).
Notre récit montre seulement que la plus grande prospérité matérielle nâest dâaucune valeur si elle nâest pas accompagnée de la crainte de Dieu et quâelle nâempêche pas lâhumanité de courir à sa perte. Dès ses premières pages, lâÃcriture nie lâidentité que le monde sans Dieu établit encore aujourdâhui entre la prospérité terrestre et le bien réel.
On sâétonnera peut-être que ce soit au sein de la race rebelle que naissent toutes les grandes inventions. Mais il nây a rien là que de naturelâ¯; les hommes, en sâéloignant de Dieu, se sentent remis à eux-mêmes et ne peuvent plus compter que sur leur propre habiletéâ¯; ce sentiment, unit à lâamour de la jouissance, les pousse à mettre en Åuvre toute lâintelligence dont ils sont capables pour se protéger et se créer une existence commode ici-bas. De là naissent les arts et la civilisation, qui sont cependant voulus de Dieu, la tâche de lâhomme étant dès lâabord de dominer sur la nature et de se lâassujettirâ¯; comparez Luc 16.8.
Verset 25
Versets 4.25 Ã 5.32
Cette généalogie nâest assurément pas composée dâun seul jetâ¯; en passant du chapitre 4 au chapitre 5, on est frappé de la différence de styleâ¯; et surtout les huit premiers versets du chapitre 5 ne sont que la répétition sous une autre forme des versets 25 et 26 du chapitre 4.
Ces deux versets appartiennent sans doute au récit jéhoviste, qui a commencé à Genèse 2.5 et ils ont été conservés par le rédacteur à cause de la précieuse mention quâils contiennentâ¯: Alors on commença à invoquer le nom de lâÃternel.
Le chapitre 5 par contre, appartient à lâauteur élohiste, le même qui a écrit le récit de la création (Genèse 1.1 à Genèse 2.4). Sâil en est ainsi, la généalogie des Séthites était aussi contenue dans le document jéhoviste, quoique le rédacteur de la Genèse ne nous lâait pas transmise telle quâelle se trouvait dans ce document. Câest ce qui ressort avec plus dâévidence encore si lâon rapproche de Genèse 4.25-26 le passage Genèse 5.29, qui appartient aussi à lâauteur jéhoviste et raconte la naissance de Noé.
Si le jéhoviste mentionnait les trois premiers et le dixième membre de la généalogie, il devait évidemment indiquer aussi les six membres intermédiaires.
Versets 4.25 à 5.32 â Fragment de la généalogie jéhoviste
Seth. Ce nom signifie remplacementâ¯; il vient dâun verbe qui signifie placer, établir.
à la place dâAbelâ¯: Caïn, maudit de Dieu, nâexiste plus pour sa mère.
Verset 26
Enosch. Ce nom, provenant du verbe anasch, être faible, malade, signifie lâhomme, mais avec la notion de faiblesse.
Ce fut alors quâon commença à invoquer le nom de lâÃternel. Tandis que dans la lignée des Caïnites commence le travail dâune civilisation purement terrestre, la race séthite jette les premières bases du royaume de Dieu.
Lâhomme connaissait Dieu dès lâorigine et sâentretenait avec lui, mais ces entretiens ne constituaient pas proprement un culteâ¯; il semble que le culte nâait été institué quâau moment où lâhomme a senti toute sa faiblesse et par conséquent la distance immense qui le sépare de Dieu. En effet, cette notice est placée immédiatement après la naissance dâEnosch, dont le nom rappelle lâimpuissance humaine. Lâauteur veut montrer ici jusquâoù remontent les origines de ce culte de lâÃternel qui sâest transmis des premières origines de lâhumanité par Sem (Genèse 9.26), Abraham (Genèse 12.8â¯; Genèse 13.4â¯; Genèse 21.33) et les patriarches au peuple dâIsraël.
Sur lâemploi de Jéhova comme nom donné à Dieu avant Exode 6.3, comparez ce que nous avons dit à Genèse 4.1 Il nous semble du reste que, dans ce passage-ci, lâaccent nâest pas sur le nom de Jéhova, mais sur lâacte dâinvoquer. Ce que lâauteur veut rapporter, câest quâon commença alors à invoquer le nom de la divinité.
Sâil appelle cette divinité Jéhova, câest quâil lui donne ce nom dans tout le cours de son récit, sans tenir compte du progrès de la révélation divine mentionné Exode 6.3. Lâauteur élohiste au contraire, dont le but est de présenter les alliances successives de Dieu avec son peuple, évite de donner à Dieu ce nom de Jéhova avant lâétablissement de lâalliance à laquelle ce nom correspond.
Du reste il est bien probable, comme nous lâavons dit, que, dans la langue que parlaient Seth et Enosch, Dieu ne sâappelait ni Jéhova, ni Elohim.
Quoi quâil en soit de cette question, lâauteur, en plaçant cette notice en cet endroit, a voulu établir un contraste entre la race de Caïn aboutissant à lâaudacieux Lémec, pour qui Dieu nâexiste plus et celle de Seth, où le nom de lâÃternel est invoqué.
Ainsi continue à se manifester à travers lâhistoire de lâhumanité lâopposition entre la postérité de la femme et celle du serpent, dont nous avons déjà vu une première réalisation dans la personne de Caïn et dâAbel. Cette parole est pour ainsi dire le texte de toute la généalogie suivante.