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Bible Commentaries
Exode 4

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versets 1-31

Nous sommes encore appelés à nous arrêter au pied du mont Horeb, «derrière le désert», pour y voir l’incrédulité de l’homme et la grâce illimitée de Dieu se manifester d’une manière frappante.

«Et Moïse répondit, et dit: Mais voici, ils ne me croiront pas, et n’écouteront pas ma voix; car ils diront: L’Éternel ne t’est point apparu». (Vers. 1). — Qu’il est difficile de vaincre l’incrédulité du cœur de l’homme, et combien celui-ci a de peine à se confier en Dieu! Que l’homme est lent à se hasarder en avant sur la simple promesse de l’Éternel! Tout va à la nature, excepté cela. Le plus faible roseau, visible pour l’œil de l’homme, est tenu par elle pour infiniment plus solide, comme fondement de confiance, que l’invisible «Rocher des siècles». (Ésaïe 36:4). La nature se précipitera avec ardeur vers n’importe quel ruisseau humain, ou quelle citerne crevassée, plutôt que de demeurer près de la source cachée des «eaux vives» (Jér. 2:13 jr 2.12-13; 17:13 jr 17.13).

Nous devrions penser que Moïse en avait vu et entendu assez pour mettre fin à toutes ses craintes. Le feu consumant, dans le buisson qui ne se consumait point; la grâce dans toute sa condescendance; les grands et précieux titres de Dieu: la mission divine; la certitude de la présence divine, toutes ces choses auraient dû étouffer toute pensée de crainte et communiquer au cœur une ferme assurance. Cependant Moïse soulève encore des questions, et Dieu lui répond encore; et, comme nous l’avons remarqué, chaque question vient mettre en évidence une nouvelle grâce. «Et l’Éternel lui dit: Qu’est-ce que tu as dans ta main? Et il dit: Une verge». (Vers. 2). L’Éternel voulait prendre Moïse tel qu’il était, et se servir de ce qu’il avait dans sa main. La verge, avec laquelle Moïse avait conduit les brebis de Jéthro, allait être employée pour délivrer l’Israël de Dieu, pour châtier le pays d’Égypte, pour frayer, au travers de la mer, un chemin au peuple racheté de l’Éternel, et pour faire découler l’eau du rocher afin de rafraîchir les armées altérées d’Israël, dans le désert. Dieu se sert des instruments les plus faibles pour accomplir ses plus glorieux desseins. «Une verge»; «une corne de bélier»; (Jos. 6:5); «un gâteau de pain d’orge» (Juges 7:13); «une cruche d’eau» (1 Rois 19:6); «la fronde d’un berger» (1 Sam. 17:50); tout, en un mot, peut servir, dans la main de Dieu, à l’accomplissement de l’œuvre qu’il s’est proposée. Les hommes s’imaginent que l’on ne peut arriver à de grandes fins que par de grands moyens; mais telles ne sont pas les voies de Dieu. Il se sert d’un «ver» aussi bien que d’un «soleil brûlant», d’un «kikajon» aussi bien que d’un «doux vent d’Orient». (Voyez Jonas 4 jn 4.1-11).

Mais Moïse avait une importante leçon à apprendre, tant à l’égard de la verge qu’à l’égard de la main qui devait s’en servir. Il avait à apprendre; et le peuple avait à être convaincu. «Et Dieu dit: Jette-la à terre. Et il la jeta à terre, et elle devint un serpent; et Moïse fuyait devant lui. Et l’Éternel dit à Moïse: Étends ta main, et saisis-le par la queue (et il étendit sa main, et le saisit, et il devint une verge dans sa main), afin qu’ils croient que l’Éternel, le Dieu de leurs pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, t’est apparu». (Vers. 3-5). La verge devint un serpent, en sorte que Moïse s’enfuit de devant lui; mais sur l’ordre de l’Éternel, il prit le serpent par la queue, et celui-ci devint une verge. Rien n’est plus propre que cette figure pour exprimer l’idée de la puissance de Satan tournée contre lui-même, et nous avons de nombreux exemples de ce fait dans les voies de Dieu et dans Moïse lui-même. Le serpent est entièrement sous la puissance de Christ; et quand il sera parvenu à la dernière limite de sa carrière insensée, il sera précipité dans l’étang de feu pour y recueillir, pendant tous les siècles de l’éternité, les fruits de son œuvre. «Le serpent ancien», «l’accusateur» et «l’adversaire» sera éternellement terrassé sous la verge de l’Oint de Dieu. (Apoc. 12:9-10).

«Et l’Éternel lui dit encore: Mets maintenant ta main dans ton sein. Et il mit sa main dans son sein; et il la retira, et voici, sa main était lépreuse, blanche comme neige. Et il dit: Remets ta main dans ton sein. Et il remit sa main dans son sein; et il la retira de son sein, et voici, elle était redevenue comme sa chair». (Vers. 6, 7). La main couverte de lèpre et la purification de cette lèpre représentent l’effet moral du péché, et la manière dont le péché a été ôté par l’œuvre parfaite de Christ. Mise dans le sein, la main nette devient lépreuse; et la main lépreuse, mise dans le sein, devient nette. La lèpre est le type bien connu du péché; or le péché est entré par le premier homme, et il a été ôté par le second. «La mort est par l’homme, c’est par l’homme aussi qu’est la résurrection des morts» (1 Cor. 15:21). La chute vint par l’homme, et par l’homme la rédemption; par l’homme vint l’offense, et par l’homme le pardon; par l’homme vint le péché, et par l’homme la justice; par l’homme, la mort vint dans le monde; par l’homme, la mort fut abolie, et la vie, la justice et la gloire furent introduites. Ainsi, non seulement le serpent lui-même sera vaincu et confondu, mais encore toute trace de son œuvre odieuse et abominable sera entièrement détruite et effacée par le sacrifice expiatoire de Celui qui «a été manifesté, afin qu’il détruisît les œuvres du diable». (1 Jean 3:8).

«Et il arrivera que, s’ils ne croient pas même à ces deux signes, et n’écoutent pas ta voix, tu prendras de l’eau du fleuve et tu la verseras sur le sec, et l’eau que tu auras prise du fleuve deviendra du sang sur le sec». (Vers. 9). Nous apprenons ici par une figure expressive et solennelle quelle conséquence entraîne le refus de soumission au témoignage divin. Ce signe ne devait être opéré que dans le cas où les deux précédents auraient été rejetés: il devait être d’abord un signe pour Israël; ensuite, une plaie pour l’Égypte. (Comp. Exode 7:17).

Cependant le cœur de Moïse n’est pas encore satisfait. «Et Moïse dit à l’Éternel: Ah, Seigneur! je ne suis pas un homme éloquent, ni d’hier, ni d’avant-hier, ni depuis que tu parles à ton serviteur; car j’ai la bouche pesante et la langue pesante» (Vers. 10). Quelle affreuse lâcheté! La patience infinie de l’Éternel, seule, pouvait la supporter. Assurément quand Dieu lui-même eut dit: «Je serai avec toi,» ne donnait-il pas à son serviteur l’infaillible garantie que rien de tout ce dont il pourrait avoir besoin ne lui manquerait? S’il avait besoin d’une langue éloquente, «Je suis» n’était-il pas avec lui? Éloquence, sagesse, pouvoir, énergie, tout n’était-il pas renfermé dans ce trésor inépuisable? «Et l’Éternel lui dit: Qui est-ce qui a donné une bouche à l’homme? ou qui a fait le muet, ou le sourd, ou le voyant, ou l’aveugle? N’est-ce pas moi, l’Éternel? Et maintenant, va, et je serai avec ta bouche, et je t’enseignerai ce que tu diras». (Vers. 11, 12). Grâce parfaite, incomparable! grâce digne de Dieu! Il n’y a personne qui soit comme l’Éternel notre Dieu, dont la grâce patiente surmonte toutes nos difficultés et suffit abondamment à tous nos besoins et à toute notre faiblesse: «Moi, l’Éternel», devrait à jamais faire taire tous les raisonnements de nos cœurs charnels. Mais, hélas! ces raisonnements sont difficiles à renverser; ils s’élèvent toujours de nouveau, troublant notre paix et déshonorant cet Être béni qui se présente Lui-même à nos âmes dans sa plénitude essentielle, afin que nous puisions de cette plénitude, selon nos besoins.

Il est bon de se rappeler que, quand le Seigneur est avec nous, nos manquements et nos infirmités deviennent pour lui une occasion de déployer sa grâce qui suffit à tout, et sa patience parfaite. Si Moïse s’en fût souvenu, son manque d’éloquence ne l’aurait pas inquiété. L’apôtre Paul apprit à dire: «Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance du Christ demeure sur moi. C’est pourquoi je prends plaisir dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses pour Christ: car quand je suis faible, alors je suis fort». (2 Cor. 12:9, 10). Ce langage est assurément celui de quelqu’un qui était avancé à l’école de Christ. C’est l’expérience d’un homme qui se serait peu tourmenté de ne pas posséder une langue éloquente, attendu qu’il avait trouvé, dans la précieuse grâce du Seigneur Jésus, une réponse à tous ses besoins quels qu’ils fussent.

La connaissance de cette vérité aurait dû délivrer Moïse de la défiance et de la timidité excessives qui le dominaient. L’assurance que, dans sa miséricorde, le Seigneur lui avait donnée d’être avec sa bouche aurait dû le tranquilliser pour ce qui était de l’éloquence. Celui qui a fait la bouche de l’homme pouvait, si besoin était, la remplir de l’éloquence la plus puissante. Pour la foi, ceci est bien simple; mais, hélas! le pauvre cœur incrédule compte infiniment plus sur une langue éloquente que sur Celui qui l’a créée. Ce fait nous paraîtrait inexplicable, si nous ne savions pas de quels éléments le cœur naturel est composé. Ce cœur ne peut pas se confier en Dieu; et de là vient ce défaut si humiliant de confiance dans le Dieu vivant, que l’on découvre même chez les enfants de Dieu, quand ceux-ci se laissent, en quelque mesure, dominer par la nature. Ainsi, dans le cas qui nous occupe, Moïse continue encore à hésiter: «Et Moïse dit: Ah, Seigneur! envoie, je te prie, par celui que tu enverras». (Vers. 13). C’était, de fait, refuser le glorieux privilège d’être le seul messager de l’Éternel à Israël et à l’Égypte.

Nous savons tous combien l’humilité que Dieu opère est une grâce inestimable. «Soyez revêtus d’humilité,» est un précepte divin; et l’humilité est, sans contredit, l’ornement le plus convenable pour un misérable pécheur. Mais, refuser de prendre la place que Dieu nous assigne, ou de suivre le chemin qu’il nous trace, ce n’est pas de l’humilité. Chez Moïse, évidemment, ce qui le retenait n’était pas de l’humilité, car «la colère de l’Éternel s’embrasa contre lui»; c’était plus même que de la faiblesse seulement. Aussi longtemps que ce sentiment revêtait les apparences de la timidité, quelque répréhensible qu’elle fût d’ailleurs, Dieu, dans sa grâce infinie, la supporta, et y répondit par des promesses réitérées, mais quand il prit un caractère d’incrédulité et de lenteur de cœur, la juste colère de l’Éternel s’enflamma contre Moïse; et, au lieu d’être seul instrument dans l’œuvre du témoignage et de la délivrance d’Israël, il dut partager ce privilège avec un autre.

Rien ne déshonore Dieu davantage et rien n’est plus dangereux pour nous qu’une fausse humilité. Quand, sous prétexte que nous ne possédons pas certaines vertus et certaines qualifications, nous refusons de prendre la place que, dans sa grâce, Dieu nous assigne, ce n’est pas là de l’humilité, attendu que, si nous pouvions nous rendre à nous-mêmes le témoignage que nous possédons ces vertus et ces qualités, nous nous attribuerions le droit de prétendre à cette place. Si, par exemple, Moïse eût possédé le degré d’éloquence qu’il croyait nécessaire à l’accomplissement de son ministère, nous avons lieu de croire qu’il n’aurait pas hésité d’obéir à l’appel de Dieu. Or la question est de savoir quel degré d’éloquence il lui aurait fallu; et la réponse à cette question, c’est que, sans Dieu, aucun degré d’éloquence humaine ne pouvait suffire, tandis que, avec Dieu, le moins éloquent des hommes serait un ministre puissant.

C’est là une grande vérité pratique. L’incrédulité n’est que de l’orgueil, et non de l’humilité. Elle refuse de croire Dieu, parce qu’elle ne trouve pas dans le moi une raison de croire. Si, à cause de quelque chose qui soit en moi, je refuse de croire quand Dieu parle, je fais Dieu menteur. (1 Jean 5:10 1j 5.10). Si, quand Dieu déclare son amour, je refuse de croire, par la raison que je ne m’estime pas assez digne de cet amour, je fais Dieu menteur, et je manifeste l’orgueil inhérent à mon cœur. La seule pensée que je pourrais mériter autre chose que l’enfer serait la preuve chez moi d’une profonde ignorance de ma condition et de ce que Dieu requiert de moi; refuser de prendre la place qui m’est assignée par l’amour rédempteur, en vertu de l’expiation accomplie de Christ, c’est faire Dieu menteur et déshonorer le sacrifice de la croix. L’amour de Dieu se déverse spontanément; ce ne sont pas mes mérites qui l’attirent, mais ma misère. Ce n’est pas non plus de la place que moi je mérite qu’il est question, mais de celle que Christ mérite. Christ prit, sur la croix, la place du pécheur, afin que le pécheur pût prendre place avec Lui dans la gloire. Christ porta ce que le pécheur mérite, afin que celui-ci pût avoir en partage ce que Christ mérite. Le moi est ainsi complètement mis de côté; et c’est là la vraie humilité. Nul ne peut être vraiment humble avant que d’avoir atteint le côté céleste de la croix; mais, là, il trouve la vie, la justice et la faveur divines. Alors on en a fini avec soi-même pour toujours; on ne le cherche plus, on n’espère plus trouver du bien et de la justice en soi, et on se nourrit de l’abondance d’un autre. On est moralement préparé à se joindre à la voix de ceux qui. pendant les temps éternels, feront retentir les cieux de leurs louanges, disant: «Non point à nous, ô Éternel! non point à nous, mais à ton Nom donne gloire». (Ps. 115:1).

Il nous siérait mal de nous arrêter sur les erreurs et les infirmités d’un serviteur aussi honoré de Dieu que fut Moïse, au sujet duquel nous lisons qu’il «a été fidèle dans toute sa maison, comme serviteur, en témoignage des choses qui devaient être dites». (Héb. 3:5). Mais si nous ne devons pas nous arrêter sur ces infirmités dans un esprit de propre satisfaction, comme, si, dans les mêmes circonstances, nous eussions agi autrement, nous devons néanmoins chercher à retirer, de ce que l’Écriture nous apprend à ce sujet, les saintes leçons qu’elle a évidemment pour but de nous donner. Nous devrions apprendre à nous juger nous-mêmes et à nous confier réellement en Dieu, à mettre de côté le moi, afin que Dieu puisse agir en nous, par nous, et pour nous. Là est le vrai secret de la puissance.

Nous avons vu que Moïse se priva par sa faute du privilège d’être seul instrument de l’Éternel dans l’œuvre glorieuse qu’il allait accomplir. Mais ce n’est pas tout. La colère de l’Éternel s’embrasa contre Moïse; et il lui dit: «Aaron, le Lévite, n’est-il pas ton frère? Je sais qu’il parlera très bien; et aussi le voici qui sort à ta rencontre, et quand il te verra, il se réjouira dans son cœur. Et tu lui parleras, et tu mettras les paroles dans sa bouche; et moi, je serai avec ta bouche et avec sa bouche, et je vous enseignerai ce que vous ferez; et il parlera pour toi au peuple, et il arrivera qu’il te sera en la place de bouche, et toi, tu lui seras en la place de Dieu. Et tu prendras dans ta main cette verge, avec laquelle tu feras les signes». (Vers. 14-17). Ce passage est une mine d’instructions pratiques très précieuses. Nous avons vu les craintes et les doutes de Moïse, malgré toutes les promesses et toutes les assurances qu’il recevait de la grâce divine. Et maintenant, bien que Moïse n’ait rien gagné ainsi, en fait de puissance réelle; bien qu’il n’y ait eu ni plus de vertu, ni plus de pouvoir dans la bouche d’Aaron que dans la sienne; bien que ce fût lui, Moïse, qui, après tout, ait dû parler à Aaron, nous le voyons prêt à partir dès qu’il peut compter sur la présence et la coopération d’un mortel, pauvre et faible comme lui-même; tandis qu’il n’avait pas su obéir, quand l’Éternel lui réitérait sa promesse d’être avec lui.

Cher lecteur, tout ceci n’est-il pas pour nous un miroir fidèle, dans lequel se reflètent votre cœur et le mien? Nous sommes tous disposés à nous confier plutôt en tout autre chose qu’au Dieu vivant. Appuyés et protégés par un mortel semblable à nous, nous allons hardiment et sans crainte en avant; mais nous tremblons, nous hésitons, nous doutons, alors que nous avons la lumière de la faveur du Maître pour nous encourager, et la force de son bras tout-puissant pour nous soutenir. Ceci devrait nous humilier profondément devant le Seigneur, et nous faire chercher à le connaître mieux, afin que nous sachions nous confier parfaitement en lui, et marcher en avant d’un pas plus ferme, parce que nous l’avons Lui seul pour ressource et pour partage. La société d’un frère est, sans doute, très précieuse: «Deux valent mieux qu’un» (Eccl. 4:9); soit pour le travail, soit pour le repos ou le combat. Le Seigneur Jésus envoya ses disciples «deux à deux» (Marc 6:7), car l’union vaut toujours mieux que l’isolement, toutefois, si notre connaissance personnelle de Dieu et notre expérience de sa présence ne sont pas telles que nous puissions, s’il le faut, marcher seuls, la présence d’un frère nous sera peu utile. Il est remarquable qu’Aaron, dont la société semble avoir satisfait Moïse, fut celui qui plus tard fit le veau d’or. (Exode 32:21 ex 32.21-24). Nous voyons fréquemment que la personne même, dont la présence nous semblait nécessaire pour notre progrès et notre succès, devient par la suite une source de profond chagrin pour nos cœurs. Puissions-nous nous en souvenir sans cesse!

Quoi qu’il en soit, Moïse consent enfin à obéir mais avant que d’être complètement préparé pour l’œuvre à laquelle il est appelé, il faut qu’il passe encore par un autre exercice douloureux; il faut que Dieu de sa main imprime sur sa nature la sentence de mort. Moïse avait appris d’importantes leçons «derrière le désert»; il est appelé à en apprendre une plus importante encore «en chemin, dans le caravansérail» (Vers. 24). C’est une chose sérieuse que d’être le serviteur du Seigneur; une éducation ordinaire ne peut pas qualifier un homme pour une pareille vocation. Il faut que la nature soit mortifiée et maintenue dans cette position de mort. «Nous-mêmes, nous avions en nous-mêmes la sentence de mort, afin que nous n’eussions pas confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts». (2 Cor. 1:9). Tout serviteur, pour être béni dans son service, doit apprendre quelque chose de ce que c’est que d’avoir en lui-même la sentence de mort. Moïse dut passer par ce chemin, dans sa propre expérience, avant que d’être moralement qualifié pour sa mission. Il allait faire entendre à Pharaon ce message solennel: «Ainsi a dit l’Éternel: Israël est mon fils, mon premier-né. Et je te dis: laisse aller mon fils pour qu’il me serve; et si tu refuses de le laisser aller, voici, je tuerai ton fils, ton premier-né». (Vers. 22, 23). Tel était le message que Moïse devait délivrer à Pharaon; message de mort et de jugement; mais pour Israël, Moïse avait un message de vie et de salut. Toutefois, souvenons-nous qu’il faut que celui qui veut parler de mort et de jugement, de vie et de salut de la part de Dieu, réalise premièrement, dans sa propre âme, la puissance de ces choses. Moïse, tout au commencement, nous apparaît, en figure, comme couché dans la mort; mais c’était là autre chose que d’entrer dans l’expérience de la mort de sa propre personne. C’est pourquoi nous lisons: «Et il arriva, en chemin, dans le caravansérail, que l’Éternel vint contre lui, et chercha à le faire mourir. Et Séphora prit une pierre tranchante, et coupa le prépuce de son fils, et le jeta à ses pieds, et dit: Certes, tu m’es un époux de sang! Et l’Éternel le laissa. Alors elle dit: Époux de sang! à cause de la circoncision». (Vers. 24-26). Ce passage nous initie à un profond secret de l’histoire personnelle et domestique de Moïse. Il est bien évident que, jusqu’à ce moment, le cœur de Séphora avait reculé devant l’application de la «pierre tranchante» à l’objet de ses affections naturelles; elle avait évité la marque qui devait être imprimée dans la chair de chacun des membres de l’Israël de Dieu; elle ne savait pas que sa relation avec Moïse était une relation qui impliquait la mort à la nature; elle reculait devant la croix. C’était naturel; mais Moïse avait cédé devant elle dans cette affaire; et cela explique la scène mystérieuse «au caravansérail». Si Séphora refuse de circoncire son fils, l’Éternel mettra la main sur son mari; et si Moïse ménage les sentiments de sa femme, l’Éternel «cherchera à le tuer». La sentence de mort doit être écrite sur la nature; et si nous cherchons à nous y soustraire d’un côté, nous la rencontrerons d’un autre.

On a fait remarquer déjà que Séphora présente un type intéressant et instructif de l’Église. Elle fut unie à Moïse pendant la période de sa vie où il était rejeté; et le passage que nous venons de citer nous apprend que l’Église est appelée à connaître Christ comme Celui auquel elle est unie «par le sang». C’est son privilège de boire sa coupe et d’être baptisée de son baptême. Étant crucifiée avec Lui, il faut qu’elle soit rendue conforme à sa mort; qu’elle mortifie ses membres qui sont sur la terre; qu’elle prenne chaque jour sa croix et qu’elle le suive. Sa relation avec Christ est fondée sur le sang; et la manifestation de la puissance de cette relation, implique nécessairement la mort à la nature. «Et vous êtes accomplis en lui, qui est le Chef de toute principauté et autorité, en qui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ, étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts». (Col. 2:10-12).

Telle est la doctrine relative à la position de l’Église avec Christ, doctrine pleine des privilèges les plus glorieux pour l’Église et pour chacun des membres qui en font partie: rémission entière des péchés, justice, acceptation complète, sécurité éternelle, parfaite communion avec Christ dans toute sa gloire, elle comprend tout. «Vous êtes accomplis en lui!» Que pourrait-on ajouter à celui qui est «accompli?» — «La philosophie», «l’enseignement des hommes», «les éléments du monde?» «le manger ou le boire?» «les jours de fêtes, les nouvelles lunes, et les sabbats?» «Ne prends», «ne goûte», «ne touche pas» ceci ou cela, «les commandements et les enseignements des hommes?» «les jours, les mois, les temps et les années?» (Voyez Col. 2 cl 2.20-23). Aucune de ces choses, ou toutes ces choses ensemble, pourraient-elles ajouter le plus petit iota à celui que Dieu a déclaré «accompli?» Nous pourrions tout aussi bien demander si, après les six jours de travail employés par Dieu à l’œuvre de la création, l’homme n’aurait pas pu entreprendre de mettre la dernière main à ce que Dieu avait déclaré «très bon».

Nous ne devons pas non plus, en aucune manière, envisager cet état de perfection comme quelque chose que le chrétien ait encore à atteindre, ou à quoi il ne soit pas encore parvenu, mais après quoi il doive tendre avec persévérance, sans que jusqu’à l’heure de la mort ou devant le trône du jugement il puisse être jamais sûr de la posséder. Cette perfection est la part de l’enfant de Dieu, du plus faible, du moins instruit, du moins expérimenté. Le plus faible des saints est compris dans le «vous» de l’apôtre. Tous les enfants de Dieu «sont accomplis en Christ». Paul ne dit pas: «vous serez», «peut-être êtes-vous», «espérez que vous serez», «priez pour que vous soyez»; — mais par le Saint Esprit il déclare de la manière la plus absolue et la plus entière que «vous êtes accomplis». C’est là le vrai point de départ pour le chrétien, et c’est tout renverser que de prendre pour but ce dont Dieu a fait un point de départ.

Mais dira-t-on: «N’avons-nous donc point de péchés, point de défauts, point d’imperfections?» Certainement, nous en avons. «Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous». (1 Jean 1:8). Nous avons du péché en nous, mais non pas sur nous. De plus, devant Dieu, nous ne sommes pas dans le moi, mais en Christ. C’est «en lui» que nous «sommes accomplis». Dieu voit le croyant en Christ, avec Christ, et comme Christ: c’est là notre condition immuable, et notre éternelle position comme chrétiens. «Le dépouillement du corps de la chair» a été effectué «par la circoncision du Christ» (Col. 2:11 cl 2.8-12); le croyant n’est pas «dans la chair» (Rom. 7:5; 8:9), bien que la chair soit en lui; il est uni à Christ dans la puissance d’une vie nouvelle et éternelle, et cette vie est inséparablement liée à la justice divine dans laquelle le croyant est établi devant Dieu. Le Seigneur Jésus a ôté tout ce qui était contre le croyant, et a approché celui-ci de Dieu, l’introduisant devant Lui, dans la même faveur dont il jouit lui-même. En un mot, Christ est notre justice (1 Cor. 1:30 1cr 1.30-31; 2 Cor. 5:21 2cr 5.21); ceci met fin à toutes les questions, répond à toutes les objections, impose silence à tous les doutes: «Car, et celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un» (Héb. 2:11).

Cette série de vérités découle du type qui nous est présenté dans la relation de Moïse avec Séphora. Nous allons maintenant quitter «le désert», pour un temps, mais nous n’oublierons pas les grandes leçons et les saintes impressions que nous y avons reçues et qui sont si essentielles pour tout serviteur du Christ et tout messager dit Dieu vivant. Tous ceux qui veulent servir et être bénis dans leur service, soit dans l’œuvre importante de l’évangélisation, soit dans les divers ministères de la maison de Dieu, qui est l’Église, auront besoin de se pénétrer des instructions précieuses que Moïse reçut au pied du mont Horeb et «en chemin, dans le caravansérail».

Si l’on donnait aux choses qui viennent de nous occuper l’attention qu’elles méritent, on ne verrait pas tant de personnes courir sans être envoyées; on n’en verrait pas tant se lancer dans des ministères auxquels elles n’ont jamais été destinées. Il faut que tous ceux qui veulent ou prêcher, ou enseigner, ou exhorter, ou exercer un ministère, quel qu’il soit, s’examinent soigneusement pour savoir si, véritablement, ils ont été préparés, enseignés et envoyés par Dieu. Sans cela, leur œuvre ne sera ni reconnue de Dieu, ni bénie pour les hommes, et plus vite ils se retireront, mieux cela vaudra, tant pour eux-mêmes que pour ceux auxquels ils ont voulu imposer le joug pesant de les écouter. Jamais un ministère d’institution humaine ne sera à sa place dans l’enceinte sacrée de l’Église de Dieu. Il faut que tout serviteur soit doué de Dieu, enseigné de Dieu et envoyé de Dieu.

«Et l’Éternel dit à Aaron: Va à la rencontre de Moïse, au désert. Et il alla, et le rencontra en la montagne de Dieu, et le baisa. Et Moïse raconta à Aaron toutes les paroles de l’Éternel qui l’avait envoyé, et tous les signes qu’il lui avait commandés». (Vers. 27, 28). Cette belle scène d’union et de tendre et fraternel amour forme un frappant contraste avec plusieurs de celles qui, par la suite, se passèrent entre ces deux hommes dans leur pèlerinage au travers du désert. Quarante années de vie dans le désert ne peuvent qu’amener de grands changements dans les hommes et dans les choses. Cependant il est doux de s’arrêter un moment sur les premiers temps de la course du croyant, alors que les austères réalités de la vie du désert n’ont encore, en aucune mesure, arrêté l’élan des vives et généreuses affections; alors que la tromperie, la corruption et l’hypocrisie n’ont pas encore presque complètement détruit la confiance du cœur, et placé l’être moral sous la froide influence d’une disposition soupçonneuse.

Il n’est que trop vrai, hélas! que des années d’expérience n’ont souvent amené que ce triste résultat. Mais bienheureux est celui qui, encore que ses yeux aient été ouverts pour voir la nature humaine à une lumière plus claire que celle que donne le monde, sait servir par l’énergie de cette grâce qui découle du sein de Dieu. Qui a jamais connu les profondeurs et les ruses du cœur humain comme Jésus les a connues? «Il connaissait tous les hommes, et il n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage de l’homme; car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme». Il connaissait si bien l’homme qu’il ne pouvait pas «se fier à lui» (Jean 2:24, 25 j 2.23-25); il ne pouvait pas prêter foi à ce dont les hommes font profession, ni sanctionner leurs prétentions. Et malgré cela, qui fut jamais aussi plein de grâce que Lui? aussi aimant, aussi tendre, aussi compatissant, aussi sympathique? Avec un cœur qui comprenait chacun, il pouvait sentir pour chacun. Il ne se laissa pas tenir loin de la misère des hommes, par la connaissance parfaite qu’il avait de leur iniquité. «Il passait de lieu en lieu faisant du bien». Pourquoi? — Était-ce parce qu’il s’imaginait peut-être que tous ceux qui se pressaient, autour de lui étaient sincères? Non; mais parce que «Dieu était avec lui». (Act. 10:38). Voilà l’exemple que Dieu nous propose. Suivons-le, encore que, en le suivant, nous devions, à chaque pas de la route, fouler aux pieds le moi avec tous ses intérêts.

Qui souhaiterait de posséder cette sagesse, cette connaissance de la nature et cette expérience qui ne font que porter les hommes à se renfermer dans le cercle d’un froid égoïsme, et à regarder tout le monde d’un œil de sombre défiance? Un pareil résultat ne peut provenir de rien qui appartienne à une nature céleste ou excellente. Dieu donne la sagesse; mais ce n’est pas une sagesse qui ferme le cœur aux appels du besoin et de la misère de l’homme. Il nous donne une connaissance de la nature; mais ce n’est pas une connaissance qui nous fasse saisir avec une avidité égoïste ce que nous appelons faussement «nôtre». Il donne de l’expérience; mais ce n’est pas une expérience qui nous amène à nous défier de tout le monde excepté de nous-mêmes. Si nous marchons sur les traces du Seigneur Jésus, si nous nous pénétrons de son bon esprit et que, par conséquent, nous le manifestions; si, en un mot, nous pouvons dire: «Pour moi, vivre c’est Christ», alors, traversant le monde avec la connaissance de ce qu’il est, ayant des rapports avec les hommes tout en sachant ce que nous avons à attendre d’eux, nous pouvons, par la grâce, manifester Christ au milieu de la scène dans laquelle Dieu nous a placés. Les causes qui nous font agir, et les objets qui nous animent sont tous en haut, là où est Celui qui est «le même hier, et aujourd’hui, et éternellement». (Héb. 13:8). C’est là aussi que le cœur de ce bien-aimé et grand serviteur, dans l’histoire duquel nous avons puisé déjà tant de vraies et profondes leçons, trouvait la grâce et la force qui l’ont conduit au travers des scènes pénibles et variées de la vie dans le désert. Et nous pouvons, sans crainte de nous tromper, affirmer que, à la fin, et malgré les épreuves et les luttes de quarante années, Moïse pouvait embrasser son frère sur le mont Hor avec la même affection que lorsqu’il l’avait rencontré au commencement «à la montagne de Dieu». (Exode 18:5). Ces deux rencontres eurent lieu, il est vrai, dans des circonstances bien différentes. À «la montagne de Dieu» les deux frères se rencontrèrent, s’embrassèrent et se mirent ensemble en chemin pour accomplir leur mission divine. Sur le «mont Hor» ils se rencontrèrent par le commandement de l’Éternel (Nomb. 20:25 nb 20.23-29), pour que Moïse dépouillât son frère de ses vêtements sacerdotaux et le vît recueilli vers ses Pères, à cause d’une faute à laquelle il avait lui-même participé. Les circonstances changent; les hommes peuvent se détourner l’un de l’autre; mais en Dieu, «il n’y a pas de variation, ou d’ombre de changement» (Jacques 1:17).

«Et Moïse et Aaron allèrent, et assemblèrent tous les anciens des fils d’Israël; et Aaron dit toutes les paroles que l’Éternel avait dites à Moïse, et fit les signes devant les yeux du peuple. Et le peuple crut; et ils apprirent que l’Éternel avait visité les fils d’Israël, et qu’il avait vu leur affliction; et ils s’inclinèrent et se prosternèrent». (Vers. 29-31). Quand Dieu intervient, il faut que toute barrière tombe. Moïse avait dit: «Ils ne me croiront point»; mais il ne s’agissait pas de savoir s’ils le croiraient, lui, mais s’ils croiraient Dieu. Celui qui peut se considérer simplement comme l’envoyé de Dieu, peut aussi être parfaitement tranquille pour ce qui regarde la réception de son message, et cette assurance bienheureuse ne le détourne, en aucune manière, de sa tendre et affectueuse sollicitude à l’égard de ceux auxquels il s’adresse; bien au contraire! mais elle le préserve de cette inquiétude désordonnée de l’esprit qui ne peut que contribuer à rendre un homme impropre à porter un témoignage ferme, élevé et persévérant. Un envoyé de Dieu devrait toujours se souvenir que le message qu’il porte est le message de Dieu. Quand Zacharie dit à l’ange: «Comment connaîtrai-je cela?» — ce dernier fut-il troublé par cette question? Nullement, mais il répondit: «Moi, je suis Gabriel qui me tiens devant Dieu, et j’ai été envoyé pour te parler et pour t’annoncer ces bonnes nouvelles». (Luc 1:18, 19). Les doutes du mortel ne troublent pas chez l’ange le sentiment de la dignité de son message. «Comment, semble-t-il dire, peux-tu douter, quand, de la salle du trône de la Majesté dans les cieux, un messager t’a été maintenant envoyé?» C’est ainsi que tout messager de Dieu, selon sa mesure, devrait aller, et dans cet esprit qu’il devrait délivrer son message.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Exodus 4". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/exodus-4.html.
 
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