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Sunday, December 22nd, 2024
the Fourth Week of Advent
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Bible Commentaries
Commentaire biblique intermédiaire Commentaire biblique intermédiaire
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Deuteronomy 5". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/deuteronomy-5.html.
bibliography-text="Commentaire sur Deuteronomy 5". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/
Whole Bible (6)
versets 1-33
«Et Moïse appela tout Israël, et leur dit: Écoute, Israël, les statuts et les ordonnances que je prononce aujourd’hui à vos oreilles Vous les apprendrez, et vous les garderez pour les pratiquer».
Observons avec soin ces quatre mots, si caractéristiques du livre du Deutéronome, et si importants pour le peuple de Dieu, en tous temps et en tous lieux: «Écouter», — «apprendre», — «garder», — «pratiquer». Ces paroles sont d’une valeur inexprimable pour toute âme pieuse, pour tout homme qui désire réellement marcher dans le sentier étroit de la justice pratique, si agréable à Dieu, si sûr et si heureux pour nous.
Le premier de ces mots place l’âme dans l’attitude la plus bénie où elle puisse se trouver, celle d’écouter. «La foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu» (Rom. 10:17). «J’écouterai ce que dira Dieu, l’Éternel» (Ps. 85:9). «Écoutez et votre âme vivra» (És. 55:3). L’oreille attentive est à la base de toute vie chrétienne réelle et pratique. Elle place l’âme dans la seule attitude qui convienne à la créature. C’est le secret de toute paix et de toute bénédiction.
Il est à peine nécessaire de rappeler au lecteur que, lorsque nous parlons de l’âme dans l’attitude d’écouter, nous supposons que ce qui est écouté est uniquement la parole de Dieu. Israël devait écouter «les statuts et les ordonnances» de l’Éternel, et pas autre chose. Ce n’était point aux commandements, aux traditions et aux doctrines des hommes qu’ils devaient prêter l’oreille, mais aux paroles mêmes du Dieu vivant qui les avait sauvés et délivrés du pays d’Égypte, pays de servitude, de ténèbres et de mort.
Il est bon de se souvenir de ceci, et l’âme sera préservée de bien des pièges, de bien des difficultés. De nos jours, on parle beaucoup d’obéissance et du devoir moral de se soumettre à l’autorité ecclésiastique. Un grand nombre de personnes excellentes et vraiment pieuses se laissent prendre à ces belles paroles. Mais lorsqu’on nous parle d’obéissance, demandons «à quoi il faut obéir»? Quand on nous exhorte à soumettre notre volonté propre, informons-nous «à qui nous devons la soumettre»? Si nous devons nous soumettre à l’autorité, nous devons connaître la source ou la base de cette autorité.
Ce point est de toute importance pour chacun des membres de la famille de la foi. Nombre d’âmes vraiment sincères et pieuses sont bien aises de n’avoir pas la peine de penser pour elles-mêmes, et d’avoir leur sphère d’action et leur ligne de conduite toute tracée par des personnes plus compétentes. On trouve agréable et reposant d’avoir sa tâche de chaque jour indiquée par d’autres. Le cœur est soulagé d’une grande responsabilité, et on a l’apparence de faire preuve d’humilité et de défiance de soi-même en se soumettant à quelque autorité.
Mais qu’on examine soigneusement, en présence de Dieu, quelle est la base de l’autorité à laquelle on se soumet, sans cela on court le risque de se trouver dans une position tout à fait fausse. Prenons l’exemple d’un moine ou d’une religieuse. Le moine obéit à son abbé, la nonne à sa mère abbesse, la religieuse à sa supérieure, mais la position et les relations de chacune de ces personnes sont complètement fausses. Il n’y a pas dans tout le Nouveau Testament un seul mot en faveur des monastères ou des couvents; au contraire, l’enseignement de la Sainte Écriture, tout comme la voix de la nature, s’oppose à cet ordre de choses, qui sort les hommes et les femmes de la sphère et des relations où Dieu les a placés, pour les former en sociétés qui suppriment les affections naturelles et excluent toute vraie obéissance chrétienne.
Nous nous sentons poussés à attirer l’attention du lecteur chrétien sur ce sujet, vu que l’ennemi fait actuellement de vigoureux efforts pour raviver le système monastique au milieu de nous, sous mille formes diverses. On va même jusqu’à dire que la vie du cloître est la seule vraie vie chrétienne En entendant des assertions aussi monstrueuses, il convient d’examiner ce sujet à la lumière de l’Écriture, et de demander qu’on nous montre dans la parole de Dieu les raisons qui autorisent le système monastique. Est-il fait mention dans tout le Nouveau Testament de quoi que ce soit qui ressemble à un monastère, à un couvent, ou à une communauté de sœurs? Où trouverons-nous une autorité pour un office tel que celui d’un abbé, d’une abbesse ou d’une supérieure? Nulle part; et par conséquent, nous n’hésitons pas un instant à déclarer que tout le système, du sommet à la base, n’est qu’une invention de la superstition, également opposée à la voix de la nature et à la voix de Dieu. On s’étonne que ces choses puissent encore avoir des adhérents de nos jours où la pleine lumière du glorieux Évangile brille sur nous dans les pages du Nouveau Testament1.
1 Il est important de distinguer entre «nature» et «chair». La première est reconnue dans l’Écriture, la seconde est condamnée et mise de côté. «La nature même ne vous enseigne-t-elle pas?» dit l’apôtre (1 Cor. 11:14). Jésus, ayant regardé le jeune homme, en Marc 10, «l’aima». Être sans affections naturelles, sera un des signes de l’apostasie. L’Écriture dit que nous sommes morts au péché, mais non à notre nature, car alors qu’en serait-il de nos relations de famille et des affections naturelles?
Béni soit Dieu, nous sommes appelés à l’obéissance; nous devons «écouter», et nous soumettre avec un saint respect, à l’autorité. Et ici nous nous écartons encore de l’incrédulité et de ses hautes prétentions. Le chemin de l’humble et pieux chrétien est également éloigné de la superstition et de l’incrédulité de l’autre. La noble réplique de Pierre au sanhédrin (Actes 5:29), est une réponse complète à l’une et à l’autre «Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes». Nous pouvons faire face à l’incrédulité dans toutes ses phases et sous toutes ses formes, avec cette seule phrase «Il faut obéir». Et nous pouvons faire face à la superstition, de quelque manteau qu’elle se couvre, avec ces mots de toute importance «Il faut obéir à Dieu».
Nous avons là, dans sa forme la plus simple, le devoir de tout vrai chrétien. Il doit obéir à Dieu. L’incrédule peut se moquer d’un moine ou d’une nonne, et s’étonner de ce qu’un être doué de raison et d’intelligence puisse se soumettre aussi complètement à l’autorité d’un de ses semblables, et obéir à des règles et à des pratiques absurdes, dégradantes et contraires à la nature. L’incrédule se vante de sa soi-disant liberté intellectuelle, et s’imagine que sa raison est un guide tout à fait suffisant pour lui. Il ne voit pas qu’il est plus loin de Dieu que le pauvre moine ou que la nonne qu’il méprise. Il ne sait pas que, tout en s’enorgueillissant de sa volonté propre, il est, en réalité, tenu en esclavage par Satan, le prince et le dieu de ce monde. L’homme a été formé pour obéir, pour avoir quelqu’un au-dessus de lui. Le chrétien est sanctifié (mis à part) pour l’obéissance de Jésus Christ, c’est-à-dire pour posséder la même obéissance que celle que notre adorable Seigneur et Sauveur lui-même rendait à Dieu (1 Pierre 1:2).
Cela est de la plus grande importance pour celui qui désire vraiment savoir ce qu’est l’obéissance chrétienne. Si elle est bien comprise, adieu la volonté propre de l’incrédule et la fausse obéissance de la superstition. Il ne peut jamais être bien de faire notre propre volonté, mais ce peut être tout à fait mal de faire la volonté d’un de nos semblables. En revanche, il est toujours bien de faire la volonté de Dieu. C’est ce que Jésus est venu faire; ce qu’il fit toujours. «Voici, je viens, pour faire, ô Dieu, ta volonté» (Héb. 10:7). «C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles» (Ps. 40:9).
Mais il se peut que le lecteur pieux désire attirer notre attention sur l’exhortation du chap. 13 des Hébreux, vers. 17: «Obéissez à vos conducteurs, et soyez soumis, car ils veillent pour vos âmes, comme ayant à rendre compte; afin qu’ils fassent cela avec joie, et non en gémissant, car cela ne vous serait pas profitable».
Exhortation importante, assurément, à laquelle nous devons ajouter aussi un passage de la première épître aux Thessaloniciens: «Or nous vous prions, frères, de connaître ceux qui travaillent parmi vous, et qui sont à la tête parmi vous dans le Seigneur, et qui vous avertissent, et de les estimer très haut en amour à cause de leur œuvre» (5:12-13). Et encore, en 1 Cor. 16:15, 16: «Or je vous exhorte, frères… (vous connaissez la maison de Stéphanas, qu’elle est les prémices de l’Achaïe, et qu’ils se sont voués au service des saints), — à vous soumettre, vous aussi, à de tels hommes, et à quiconque coopère à l’œuvre et travaille». À tous ces passages, nous en ajouterons encore un, tiré de la première épître de Pierre. «J’exhorte les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis ancien avec eux, et témoin des souffrances de Christ, qui aussi ai part à la gloire qui va être révélée; paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau; et quand le souverain pasteur sera manifesté, vous recevrez la couronne inflétrissable de gloire» (5:1-4). — Tous les passages cités ci-dessus, n’établissent-ils pas le principe de l’obéissance à certaines personnes? nous demandera-t-on. Et s’il en est ainsi, pourquoi objecter à l’autorité humaine? — La réponse est fort simple. Lorsque Christ confère un don spirituel, que ce soit le don d’enseignement, de direction ou de surveillance, c’est le devoir et le privilège des chrétiens de reconnaître et d’apprécier de tels dons. Ne pas le faire, serait renoncer à nos bénédictions. Mais nous devons nous rappeler qu’en pareils cas, il faut que le don soit une réalité, une chose visible, qu’on puisse reconnaître, de bonne foi, comme étant donnée de Dieu. Ce n’est pas un homme s’emparant d’un certain office, ou étant établi et consacré par ses semblables pour un soi-disant ministère. Tout cela n’a aucune valeur quelconque; bien plus, c’est une présomptueuse intrusion sur un domaine sacré et qui attirera, tôt ou tard, le jugement de Dieu.
Tout vrai ministère est de Dieu et se base sur la possession d’un don positif du Christ, Chef ou Tête de l’Église; en sorte que nous pouvons réellement dire: pas de dons, pas de ministère. Dans tous les passages cités plus haut, nous voyons des dons positifs possédés, et un travail réel accompli. Nous voyons en outre de l’amour pour les brebis et les agneaux du troupeau de Christ; nous voyons une grâce et une puissance divines. L’expression en Héb. 13 est: «Obéissez à vos conducteurs». Or, il est essentiel qu’un bon guide ou conducteur marche devant nous sur le chemin. Ce serait folie à quelqu’un de se donner pour guide s’il était ignorant de la route, et s’il ne pouvait ni ne voulait y marcher. Qui songerait à suivre un tel homme?
De même, lorsque l’apôtre exhorte les Thessaloniciens à «connaître» et à «estimer» certaines personnes, sur quoi base-t-il son exhortation? Est-ce sur la simple attribution d’un titre, d’un office ou d’une position quelconque? Nullement. Il fait reposer son appel sur le fait positif et bien connu que ces personnes étaient «à la tête parmi eux dans le Seigneur», et qu’elles les avertissaient. Et pourquoi devait-on «les estimer très haut, en amour?» Était-ce à cause de leur charge ou de leur titre? Non, mais «à cause de leur œuvre». Et pourquoi les Corinthiens étaient-ils exhortés à se soumettre à la maison de Stéphanas? Était-ce à cause d’un vain titre ou d’une charge dont ils s’étaient emparés? En aucune façon, mais parce «qu’ils s’étaient voués au service des saints». Ils étaient à l’œuvre. Ils avaient reçu le don et la grâce de Christ, et ils avaient de l’amour pour son peuple. Ils ne se vantaient point de leur office ou de leurs titres, mais se donnaient entièrement au service de Christ en la personne de ses rachetés.
Voilà le vrai principe du ministère. Ce n’est point une autorité humaine, mais un don divin, une puissance spirituelle communiquée par Christ a ses serviteurs; exercée par eux sous sa dépendance, et reconnue avec gratitude par ses saints. Un homme peut se donner comme pasteur ou docteur; il peut aussi être nommé à cet office par ses semblables, mais à moins qu’il n’ait reçu un don réel du Chef de l’Église, tout cela ne sera que vaines paroles, vides de sens et de force; la voix de ce berger sera la voix d’un étranger que les vraies brebis de Christ ne connaissent point et ne doivent point reconnaître1.
1 Le lecteur fera bien de considérer le fait qu’il n’y a rien dans le Nouveau Testament qui indique un appel humain à prêcher l’Évangile, à enseigner dans l’assemblée de Dieu ou à paître le troupeau de Christ. Les anciens et les diacres furent nommés par les apôtres ou par leurs délégués Timothée et Tite, mais les évangélistes, les pasteurs et les docteurs ne sont jamais nommés de la sorte. Il s’agit de distinguer entre les dons et les charges locales. Les anciens et les diacres pouvaient posséder un don spécial, ou non ce don n’avait rien à faire avec leur charge locale. Si le lecteur désire comprendre le sujet du ministère, qu’il étudie les chapitres 12-14 de 1 Cor, et Éph. 4:8-13. Dans les Corinthiens, nous avons d’abord la base de tout vrai ministère dans l’Église de Dieu, savoir l’appel divin: «Dieu a placé les membres», etc. Secondement, le mobile d’action, «l’amour». Troisièmement, le but, «afin que l’assemblée reçoive de l’édification». En Éph. 4, nous avons la source de tout ministère, un Seigneur ressuscité et monté au ciel. Le but: «en vue de la perfection des saints; pour l’œuvre du service». La durée: «jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ».
En un mot, le ministère dans toutes ses branches est une institution entièrement divine. Elle n’est pas de l’homme ni par l’homme, mais de Dieu. Il faut que, dans chaque cas, le Maître prépare, remplisse et place le vaisseau. Il n’y a aucune autorité dans l’Écriture pour la notion que tout homme a le droit de se faire entendre dans l’Église de Dieu. La liberté pour les hommes est le radicalisme et non pas l’Écriture. Le ministère par le Saint Esprit de ceux qu’il appelle à s’y vouer, voilà ce que nous enseigne le Nouveau Testament. Puissions-nous apprendre à connaître cette liberté.
Mais, d’un autre côté, nous n’aurons pas de peine à reconnaître et à apprécier le docteur enseigné de Dieu, le fidèle et infatigable pasteur qui veille sur les âmes, qui pleure sur elles, qui les soigne comme une tendre nourrice, qui peut leur dire: «Car maintenant nous vivons, si vous tenez fermes dans le Seigneur» (1 Thess. 3:8). Comment connaissons-nous un bon chirurgien? Est-ce en voyant son nom sur sa plaque? Non, c’est par son ouvrage. Un homme peut s’appeler mille fois chirurgien, mais s’il est un opérateur maladroit, qui songerait à l’employer?
Il en est ainsi dans toutes les choses humaines, et de même aussi dans ce qui concerne le ministère. Si un homme a reçu un don, il est un ministre, si non, toutes les consécrations du monde ne le feront pas être un ministre de Christ. Il pourra être un ministre de la religion; mais un ministre de la religion et un ministre de Christ, un ministre dans la chrétienté et un ministre dans l’Église de Dieu, sont deux choses totalement différentes. Tout vrai ministère a sa source en Dieu, il repose sur l’autorité divine, et son but est d’amener l’âme en la présence de Dieu et de l’attacher à Lui. Le faux ministère, au contraire, a sa source en l’homme; il repose sur une autorité humaine, et son but est de s’attacher les âmes. L’immense différence entre ces deux ministères consiste en ce que le premier conduit à Dieu et le second loin de Lui. L’un nourrit et fortifie la vie nouvelle l’autre en empêche les progrès de toute manière et la plonge dans le doute et les ténèbres. En un mot, on peut dire que le vrai ministère est de Dieu, par lui et pour lui; le faux ministère est de l’homme, par l’homme et pour l’homme. Nous estimons le premier plus que nous ne pouvons l’exprimer; nous rejetons le second de toute notre force.
Nous croyons en avoir dit assez pour fixer l’esprit du lecteur sur le sujet de l’obéissance à ceux que le Seigneur appelle à l’œuvre du ministère. Nous sommes tenus de juger par la parole de Dieu et d’être bien assurés que c’est une divine réalité et non une prétention humaine, un don positif du Chef de l’Église et non un vain titre conféré par les hommes. Dans tous les cas où il y a un don réel, c’est notre doux privilège de le reconnaître et de nous y soumettre, en tant que nous discernons Christ dans la personne et dans le ministère de ses bien-aimés serviteurs.
Un cœur spirituel n’aura pas de difficulté à discerner la grâce et la puissance réelles. Nous pouvons aisément dire si un homme cherche avec amour à nourrir nos âmes du pain de vie et à nous conduire dans les voies de Dieu; ou bien s’il cherche à s’élever lui-même et à avancer ses propres intérêts. Ceux qui vivent près du Seigneur, distinguent bien vite entre la vraie puissance et de vaines prétentions. En outre, nous ne verrons jamais les vrais ministres de Christ faire parade de leur autorité ou se vanter de leur charge; ils font leur œuvre et la laissent parler pour elle-même. Dans le cas de l’apôtre Paul, nous le voyons faire, maintes fois, allusion aux preuves de son ministère, à l’évidence fournie par la conversion des âmes. Il pouvait dire aux pauvres Corinthiens égarés, lorsque, sous l’influence de quelque faux docteur, ils mettaient en question son apostolat: «Puisque vous cherchez une preuve que Christ parle en moi… examinez-vous vous-mêmes» (2 Cor. 13:3).
C’était les mettre au pied du mur. Eux-mêmes, ils étaient les preuves vivantes de son ministère. Si son ministère n’était pas de Dieu, qu’étaient-ils et où en étaient-ils? Mais il était de Dieu, et c’était là sa joie, sa consolation et sa force. Il était «apôtre, non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père, qui l’a ressuscité d’entre les morts» (Gal. 1:1). Il se glorifiait dans la source de son ministère, et quant à son caractère, il lui était aisé de produire des preuves amplement suffisantes pour convaincre tout esprit droit: chez lui, ce n’étaient pas les paroles, mais la puissance.
Il en doit toujours être, plus ou moins, ainsi. Il nous faut la puissance; il nous faut la réalité. Les hommes peuvent essayer de conférer des titres et de donner des charges, mais ils n’ont pas plus le droit de le faire, qu’ils n’ont celui de nommer des amiraux dans la flotte de Sa Majesté, ou des généraux dans ses armées. Si nous voyions un homme se permettre de prendre le titre d’un amiral ou d’un général, sans une commission de Sa Majesté, nous l’appellerions un imbécile ou un fou. Cela ne serait pourtant qu’une faible imitation de la folie d’hommes prenant le titre de ministres de Christ, sans avoir ni don spirituel ni autorité divine.
Nous dira-t-on que ce n’est pas à nous d’en juger? Au contraire, c’est à nous qu’il est dit: «Soyez en garde contre les faux prophètes». Comment nous en garderons-nous, si nous ne devons pas juger? Mais comment jugerons-nous? «Vous les reconnaîtrez à leurs fruits». Les enfants de Dieu ne distingueront-ils pas entre un homme qui vient à eux avec la puissance de l’Esprit, doué par le Chef de l’Église, rempli d’amour pour leurs âmes, désirant ardemment leur avancement spirituel, un humble, saint et désintéressé serviteur de Christ, et un homme qui se présente avec un titre purement humain, sans avoir trace de quoi que ce soit de divin ou de céleste, soit dans son ministère, soit dans sa vie? Évidemment, ils ne s’y tromperont pas.
Nous demanderons encore ce que signifient ces paroles du vénérable apôtre Jean: «Bien-aimés, ne croyez pas tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde» (1 Jean 4:1). Comment éprouverons-nous les esprits, ou comment distinguerons-nous entre les vrais et les faux, si nous ne devons pas juger? Le même apôtre, en écrivant à «la dame élue», lui fait encore la solennelle exhortation que voici: «Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas, car celui qui le salue participe à ses mauvaises œuvres» (2 Jean 10). La dame élue n’était-elle pas tenue d’agir d’après cette exhortation? Assurément. Mais comment le pouvait-elle, si nous ne devons point juger? Et de quoi devait-elle s’inquiéter? Était-ce de savoir si ceux qui venaient chez elle avaient été consacrés, ou autorisés par un homme quelconque ou par une société quelconque? Rien de semblable. La seule et toute importante question pour elle avait trait à la doctrine. S’ils apportaient la saine et divine doctrine de Christ, — la doctrine de Jésus venu en chair, — elle devait les recevoir; si non, elle devait leur fermer sa maison résolument, quels qu’ils fussent et d’où qu’ils vinssent. Lors même qu’ils eussent eu tous les meilleurs témoignages des hommes, s’ils n’apportaient pas la vérité, elle devait les repousser sans hésiter. Cela pouvait sembler sévère, étroit, bigot, n’importe; c’est à la vérité qu’elle devait se mesurer. Sa porte et son cœur devaient être assez larges pour admettre tous ceux qui apportaient Christ, mais non au delà. Devait-elle être polie aux dépens de son Seigneur? Devait-elle se faire la réputation d’avoir le cœur et l’esprit larges, en recevant dans sa maison et à sa table ceux qui prêchaient un faux Christ? La seule pensée en est horrible.
Enfin, dans le second chapitre de l’Apocalypse, nous voyons l’église d’Éphèse louée pour avoir éprouvé ceux qui se disaient apôtres et qui ne l’étaient pas. Comment auraient-ils pu faire cela, s’ils ne devaient pas juger ceux qui se disaient apôtres? Il est évident qu’on applique tout à fait à tort ces paroles de notre Seigneur, en Matt. 7:1: «Ne jugez pas afin que vous ne soyez pas jugés», de même que celles de l’apôtre, en 1 Cor. 4:5: «Ainsi, ne jugez rien avant le temps». L’Écriture ne peut se contredire, et par conséquent, quelle que soit la signification du «ne jugez pas» de notre Seigneur, ou celle du «ne jugez rien…» de l’apôtre, il est parfaitement certain que ces deux injonctions ne diminuent en aucune manière la responsabilité solennelle qu’ont tous les chrétiens de juger les dons, les doctrines et la vie de tous ceux qui prennent la position de prédicateurs, de docteurs et de pasteurs dans l’Église de Dieu.
Si maintenant, l’on nous demande la signification de «ne jugez pas» et «ne jugez rien avant le temps», nous répondrons que ces paroles nous défendent simplement de juger les motifs ou les ressorts cachés des actions des autres. Nous n’avons absolument pas à nous en inquiéter. Nous ne pouvons pénétrer sous la surface et, grâce à Dieu, nous ne sommes pas appelés à le faire, cela nous est même interdit. Nous ne pouvons pas connaître les conseils du cœur, c’est l’affaire de Dieu seul. Mais dire que nous ne devons pas juger la doctrine, le don ou la conduite de ceux qui s’emparent des ministères dans l’Église de Dieu, c’est contredire ouvertement les Saintes Écritures et ignorer les instincts de la nature divine que Dieu a mis en nous par le Saint Esprit.
Le fait que nous reconnaissons tout vrai ministère dans l’Église, et que nous nous soumettons à ceux que le Seigneur juge capables d’être nos pasteurs, nos docteurs et nos guides, ce fait est en parfait accord avec le grand principe fondamental: «Il faut obéir à Dieu, plutôt qu’aux hommes».
Le chapitre ouvert devant nous, de même que le livre tout entier du Deutéronome, nous montre Moïse cherchant constamment et avec instance, à persuader la congrégation d’Israël de l’urgente nécessité d’une obéissance implicite à tous les statuts et les droits de l’Éternel. Il ne recherchait pas l’autorité pour lui-même, et ne domina jamais sur le peuple de Dieu. Du commencement à la fin, il prêcha l’obéissance, non à lui-même, mais à Celui qui était son Seigneur et le leur. Il savait que là était le secret de leur bonheur, leur sécurité morale, leur dignité et leur force. Il savait qu’un peuple obéissant devait nécessairement être un peuple invincible et invulnérable. Nulle arme ne pourrait les atteindre, aussi longtemps qu’ils seraient gouvernés par la parole de Dieu. En un mot, il savait et il croyait que le devoir d’Israël était d’obéir à l’Éternel, tout comme le désir de l’Éternel était de bénir Israël. Tout ce qu’ils avaient à faire était «d’écouter», «d’apprendre», de «garder», et de «pratiquer» la volonté révélée de Dieu; ainsi, ils pouvaient compter sur Lui et être assurés qu’il, serait leur bouclier, leur force, leur refuge, leur tout. Et pour l’Israël de Dieu aussi, le seul sentier heureux et béni est le sentier étroit de l’obéissance, sur lequel brille sans cesse la lumière de la face approbatrice de Dieu; et tous ceux à qui il fait la grâce d’y marcher, y trouveront toujours le Seigneur pour guide et pour défenseur; mais si nous accomplissons notre volonté propre, si nous vivons dans une négligence habituelle de la parole de Dieu, alors le nom de l’Éternel, au lieu d’être pour nous une forte tour, nous sera un reproche qui nous fera juger nos voies et rentrer sur le chemin de la justice, duquel nous nous étions écartés.
Revenons maintenant à notre chapitre.
Au verset 2, Moïse rappelle au peuple leurs relations avec l’Éternel. Il dit «L’Éternel, notre Dieu, fit avec nous une alliance à Horeb. Ce n’est pas avec nos pères que l’Éternel a fait cette alliance, mais avec nous, avec nous qui sommes ici aujourd’hui tous vivants. L’Éternel vous parla face à face, sur la montagne, du milieu du feu (Moi, je me tenais en ce temps-là entre l’Éternel et vous, pour vous déclarer la parole de l’Éternel, car vous aviez peur à cause du feu et vous ne montâtes point sur la montagne) disant», etc.
Il est important de bien saisir la différence entre l’alliance traitée en Horeb et celle faite avec Abraham, Isaac et Jacob. Elles sont essentiellement différentes. La première était une alliance pour les œuvres, le peuple s’engageant à faire tout ce que l’Éternel avait ordonné. La seconde était une alliance toute de grâce, par laquelle Dieu s’engageait avec serment à tenir tout ce qu’il avait promis.
Le langage humain est impuissant pour exprimer l’immense différence, à tous égards, entre ces deux alliances différence quant à leur base, leur caractère et leurs résultats. L’alliance d’Horeb reposait sur la capacité supposée de l’homme d’accomplir ses engagements; l’alliance faite avec Abraham reposait sur la capacité de Dieu d’accomplir ses promesses et, par conséquent, elle ne peut manquer en un seul point.
Dans les «Notes sur l’Exode», nous avons cherché à montrer quel avait été le but de Dieu en donnant la loi, et l’impossibilité où se trouve l’homme pécheur d’obtenir la vie ou la justice en la gardant. Nous renvoyons donc le lecteur à ce que nous avons déjà dit sur cet important sujet.
Il semble étrange à ceux qui s’en tiennent uniquement à l’Écriture, qu’une ignorance aussi générale puisse exister parmi les chrétiens professants à l’égard d’une question que le Saint Esprit a éclaircie d’une façon aussi positive.
Tous les chrétiens sincères croient que la valeur morale de la loi est d’une application constante et universelle; mais, quand nous en venons à considérer la loi comme base de relations avec Dieu, nous entrons dans un champ de pensées totalement différent. L’Écriture, en maint endroit, et de la manière la plus claire, nous enseigne que, comme enfants de Dieu, nous ne sommes pas du tout sur ce terrain-là. Le Juif y était, mais il ne pouvait s’y maintenir devant Dieu; c’était pour lui la mort et la condamnation.
Les Juifs étaient sous la loi; les nations sans loi. Rien ne saurait être plus distinct que cela. Les gentils furent placés sous le gouvernement humain en la personne de Noé; jamais ils ne le furent sous la loi.
Au chap. 10 des Actes, nous voyons Dieu ouvrant la porte du royaume aux nations; puis, au chap. 14:27, il leur ouvre «la porte de la foi». Au chap. 28:28, nous voyons Dieu proclamant son salut aux nations; mais du commencement à la fin du précieux volume, nous chercherions en vain un passage indiquant qu’il ait jamais placé les nations sous la loi.
Examinons cette si intéressante et importante question à là lumière de l’Écriture, en laissant de côté toutes les idées que nous pourrions avoir conçues à ce sujet. Quoiqu’on puisse nous dire le contraire, la Bible déclare invariablement la position du Juif comme étant «sous la loi», et celle des nations comme étant «sans loi». Il n’y a pas à s’y méprendre1.
1 On nous demandera peut-être sur quel pied les nations seront jugées, si elles ne sont point sous la loi? Le vers. 20 du chap. 1 aux Romains, nous dit clairement que le témoignage de la création les laisse sans excuse. Puis, au chap. 2:14, 15, elles sont jugées sur le terrain de la conscience, «car quand les nations, qui n’ont point de loi, font naturellement les choses de la loi, n’ayant pas de loi, elles sont loi à elles-mêmes, et elles montrent l’œuvre de la loi, écrite dans leurs cœurs, leur conscience rendant en même temps témoignage», etc. Enfin, quant aux nations qui sont devenues chrétiennes de profession, elles seront jugées sur le terrain de leur profession.
Si le lecteur veut ouvrir le chapitre 15 des Actes, il verra comment la première tentative faite pour placer les nations sous la loi, fut blâmée à Jérusalem par les apôtres et par l’Église tout entière. La question avait été soulevée à Antioche; mais Dieu, dans sa sagesse, dirigea tout pour que ce fût à Jérusalem, où Paul et Barnabas se rendirent, qu’elle fut discutée librement et finalement tranchée par la voix unanime des douze apôtres et de l’Église tout entière.
Nous voyons par ce passage que la décision d’une assemblée locale, telle que celle d’Antioche, lors même qu’elle était approuvée par Paul et Barnabas, n’avait pas la même valeur que celle des douze apôtres réunis en conseil, à Jérusalem. Le Seigneur veilla à ce que l’ennemi y fut complètement confondu, et à ce que les docteurs de la loi d’alors et ceux de tous les temps apprissent qu’il n’est point selon sa volonté que les chrétiens soient placés en aucune manière sous la loi.
Ce sujet est tellement important, que nous nous sentons pressés de citer quelques-unes des paroles si convaincantes, adressées aux auditeurs dans ce concile. «Et quelques-uns, étant descendus de Judée, enseignaient les frères, disant: Si vous n’avez pas été circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés». Que c’était terrible et décourageant! Quel glas funèbre pour les oreilles de ceux qui avaient été convertis par le discours magnifique de Paul dans la synagogue d’Antioche! «Sachez donc, hommes frères, que par Lui vous est annoncée la rémission des péchés», sans circoncision ou œuvres de la loi d’aucune espèce, — «et que de tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui…» Et quand les Juifs furent sortis de la synagogue, les gentils demandèrent que ces paroles leur fussent annoncées le sabbat suivant (Actes 15:1; 13:38, 39, 42).
Tel était le glorieux message transmis aux nations par l’apôtre Paul, message d’un salut gratuit, immédiat et parfait, d’une entière rémission des péchés et d’une complète justification par la foi en notre Seigneur Jésus Christ. Or, d’après ce qu’enseignaient «quelques-uns qui étaient descendus de Judée», tout cela était insuffisant. Christ n’était point suffisant, sans la circoncision et la loi de Moïse. Les pauvres gentils, qui n’avaient jamais entendu parler de Moïse, devaient ajouter la circoncision et l’observation de la loi à Christ et à son glorieux salut.
Combien le cœur de Paul devait souffrir, de voir les bien-aimés disciples gentils exposés à un enseignement aussi erroné! Il n’y voyait rien moins que l’anéantissement complet du christianisme. Si la circoncision devait être ajoutée à la croix de Christ, si la loi de Moïse devait supplanter la grâce de Dieu, alors tout était perdu.
Béni soit le Dieu de toute grâce, il suscita de nobles champions pour s’opposer à une si funeste doctrine. «Une contestation s’étant donc élevée et une grande dispute, entre Paul et Barnabas et eux (les docteurs judaïsants), ils résolurent que Paul et Barnabas et quelques autres d’entre eux monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les anciens pour cette question… Et (ceux-ci) étant arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l’assemblée et les apôtres et les anciens; et ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux. Et quelques-uns de la secte des pharisiens, qui avaient cru, s’élevèrent, disant qu’il faut les circoncire et leur enjoindre de garder la loi de Moïse» (Actes 15:2-5).
D’où venait cette nécessité? Pas de Dieu, assurément, qui leur avait, dans sa grâce infinie, ouvert la porte de la foi, sans la circoncision ou l’obligation de garder la loi de Moïse. Non, c’étaient «quelques hommes» qui se permirent de dire que ces choses étaient nécessaires, des hommes qui ont troublé l’Église de Dieu dès ce moment jusqu’à maintenant, des hommes «voulant être docteurs de la loi, n’entendant ni ce qu’ils disent, ni ce sur quoi ils insistent» (1 Tim. 1:7). Les docteurs de la loi ne savent pas ce qui est impliqué dans leur triste enseignement. Ils ne se font pas une idée, combien leurs doctrines sont haïssables aux yeux du Dieu de toute grâce, du Père des miséricordes.
Le chapitre des Actes dont nous nous occupons, nous donne, avec une grande clarté, les pensées de Dieu à ce sujet. Il prouve, à n’en pouvoir douter, qu’il n’était pas selon Dieu de placer les nations sous la loi. «Et les apôtres et les anciens s’assemblèrent pour examiner cette affaire. Et une grande discussion ayant eu lieu», — hélas, déjà! — «Pierre se leva et leur dit: Hommes frères, vous savez vous-mêmes que, dès les jours anciens, Dieu m’a choisi entre vous, afin que par ma bouche les nations ouïssent» — non la loi de Moïse et la circoncision, mais — «la parole de l’Évangile, et qu’elles crussent. Et Dieu qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, leur ayant donné l’Esprit Saint comme à nous-mêmes; et il n’a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi. Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter?»
Remarquez ceci, lecteur; la loi avait été un joug intolérable pour les Juifs qui y avaient été assujettis; puis, ce n’était rien moins que tenter Dieu de vouloir mettre ce joug sur le cou des chrétiens d’entre les nations. «Mais» — ajoute le cher apôtre de la circoncision — «par la grâce du Seigneur Jésus», — et non par la loi, — «nous croyons être sauvés de la même manière qu’eux aussi».
Combien ceci est concluant, comme sortant de la bouche de l’apôtre de la circoncision! Il ne dit pas: «ils seront sauvés de la même manière que nous», mais: «nous serons sauvés de la même manière qu’eux aussi». Le Juif consent à descendre de sa haute position dispensationnelle, et à être sauvé sur le même pied que le pauvre gentil incirconcis. Quel effet ces nobles paroles durent produire sur les partisans du système légal! Ils ne surent que répondre.
«Et toute la multitude se tut; et ils écoutaient Barnabas et Paul qui racontaient quels miracles et quels prodiges Dieu avait faits par leur moyen parmi les nations». L’Esprit n’a pas jugé bon de nous faire savoir ce que dirent Paul et Barnabas en cette mémorable occasion, et nous en comprenons la sage raison. Son but est évidemment de donner la prééminence à Pierre et à Jacques, dont les paroles devaient avoir plus de poids auprès des docteurs de la loi que celles de l’apôtre des gentils et de son compagnon.
«Et après qu’ils se furent tus, Jacques répondit, disant: Hommes frères, écoutez-moi Siméon a raconté comment Dieu a premièrement visité les nations» — non pour les convertir toutes, mais — «pour en tirer un peuple pour son nom. Et avec cela s’accordent les paroles des prophètes, selon qu’il est écrit: «Après ces choses, je retournerai et je réédifierai le tabernacle de David, qui est tombé, et je réédifierai ses ruines et je le relèverai, en sorte que le résidu des hommes recherche le Seigneur, et toutes les nations sur lesquelles mon nom est réclamé, dit le Seigneur, qui fait ces choses», connues de tout temps. C’est pourquoi moi, je suis d’avis de ne pas inquiéter ceux des nations qui se tournent vers Dieu».
Nous devons être frappés de voir que, dans cette imposante assemblée, nul ne parle avec plus de force et de clarté que Pierre et Jacques, l’un, l’apôtre de la circoncision, l’autre, celui dont le ministère s’adressait plus spécialement aux douze tribus, et dont la position pouvait donner du poids à ses paroles vis-à-vis des défenseurs du système légal. Ces deux éminents apôtres furent d’accord pour déclarer positivement, que les nouveaux convertis d’entre les nations ne devaient pas être «inquiétés» ou «chargés» de la loi. Ils prouvèrent par leurs puissants discours qu’il était entièrement contraire à la parole et à la volonté de Dieu de placer les chrétiens d’entre les nations sous la loi.
Les paroles de Paul et de Barnabas ne nous sont point rapportées, et qui ne verrait là une preuve de la merveilleuse sagesse de Dieu? Il nous est simplement dit qu’ils racontèrent les choses que Dieu avait faites parmi les nations. Il était naturel qu’ils s’opposent formellement à mettre les gentils sous la loi, mais que Pierre et Jacques fussent aussi décidés là-dessus, c’est ce qui devait étonner chacun.
Si le lecteur désire connaître à fond les pensées de Paul sur le sujet de la loi, qu’il étudie l’épître aux Galates. C’est là que ce précieux apôtre, sous l’inspiration du Saint Esprit, épanche son cœur envers les nouveaux chrétiens en paroles ferventes et pleines de force et d’énergie. Il est étonnant qu’on puisse lire cette remarquable épître, puis persister à soutenir que les chrétiens sont sous la loi, en quelque manière que ce soit. À peine l’apôtre a-t-il terminé ses courtes paroles d’introduction, qu’il se plonge, avec son énergie habituelle, dans le sujet dont son cœur aimant, mais affligé, est rempli jusqu’à déborder — «Je m’étonne» — dit-il, et il pouvait s’étonner — «de ce que vous passez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ», — non la loi de Moïse, — «à un évangile différent, qui n’en est pas un autre; mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent pervertir l’évangile du Christ. Mais quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème. Comme nous l’avons déjà dit, maintenant aussi je le dis encore: si quelqu’un vous évangélise outre ce que vous avez reçu, qu’il soit anathème» (Gal. 1:6-9).
Que tous ceux qui prêchent la loi, méditent ces paroles. Elles paraissent sévères, mais souvenons-nous que ce sont les paroles mêmes de Dieu, le Saint Esprit. Oui, Dieu lance son terrible anathème sur quiconque ose ajouter la loi de Moïse à l’évangile de Christ, sur quiconque essaie de placer les chrétiens sous la loi.
Quelques personnes cherchent à arranger les choses, en nous disant qu’elles n’usent pas de la loi comme d’un moyen de justification, mais comme d’une règle de conduite. Nous leur demanderons sur quoi elles se fondent pour oser décider quel usage nous devons faire de la loi? Ou nous sommes sous la loi, ou nous n’y sommes pas. Si nous y sommes, il ne s’agit pas de savoir comment nous la prenons, mais comment elle nous prend.
Là est toute la différence. La loi ne connaît point les distinctions des théologiens. Si nous sommes sous la loi, nous sommes sous la malédiction, car il est écrit: «Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire» (Gal. 3:10). Cela ne me servira de rien de dire que je suis un chrétien, que je suis né de nouveau, car qu’est-ce que la loi a à faire avec le christianisme ou avec la nouvelle naissance? Absolument rien. La loi s’adresse à l’homme pécheur, comme être responsable. Elle exige une obéissance parfaite, et prononce sa malédiction sur quiconque lui manque ou lui désobéit, ne fût-ce qu’en un seul point (Gal. 3:10; 5:3; Jacques 2:10, 11; Deut. 6:25; 27, 26. Voir Luc 18:10).
On dit aussi que si nous avons failli à garder toute la loi, Christ l’a accomplie à notre place. Argument sans valeur. La loi ne connaît pas l’obéissance par procuration. Son langage est: «Celui qui aura fait ces choses vivra par elles» (vers. 12).
Et ce n’est pas seulement sur l’homme qui a désobéi à la loi que la malédiction est prononcée, mais afin de donner toute la clarté possible à ce principe, il est dit (3:10) «que tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous la malédiction». Ainsi donc tous ceux qui sont sur le terrain légal, sur le principe légal, en un mot tous ceux qui ont affaire avec les œuvres de la loi, sont nécessairement sous la malédiction. Dieu en soit mille fois béni, le chrétien n’est pas sous la malédiction, mais pourquoi? Est-ce parce que la loi a perdu sa puissance, sa majesté, sa dignité, sa sainte énergie? Nullement. Ce serait blasphémer la loi que de le penser. Et penser qu’un «homme» quelconque, qu’il soit chrétien, Juif ou païen, peut être sous la loi, et sur ce terrain, sans encourir la malédiction, c’est dire qu’il accomplit parfaitement la loi, ou bien, que la loi est abrogée et nulle. Malheur à qui oserait dire une telle chose!
Comment donc se fait-il que le chrétien ne soit pas sous la malédiction? Voici la réponse dans toute sa force morale et sa beauté «Car moi, par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu»1 (Gal. 2:19).
1 La suppression de l’article ajoute immensément à la force et à la clarté du passage. C’est dia nomou nomô; clause remarquable, assurément, et qui renverse tout un système théologique. Elle laisse la loi à sa place, mais met le croyant hors de son pouvoir et de ses atteintes, et cela «par la mort». «C’est pourquoi, mes frères, vous aussi, vous avez été mis à mort à la loi par le corps du Christ, pour être à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu», ce que nous ne pourrions jamais faire si nous étions sous la loi. — «Car quand nous étions dans la chair», — et la loi ne s’applique qu’à l’homme «en la chair», — «les passions des péchés, lesquelles sont par la loi, agissaient dans nos membres pour porter du fruit pour la mort». Remarquez la triste association: «sous la loi» — «dans la chair» — «passions des péchés» — «fruits pour la mort»! Mais, grâce à Dieu, il y a un autre côté à la question: «Mais maintenant nous avons été déliés de la loi». Comment? Est-ce parce qu’un autre l’a accomplie à notre place? Non, mais «étant morts dans ce en quoi nous étions tenus, en sorte que nous servions en nouveauté d’esprit, et non pas en vieillesse de lettre». Quelle harmonie parfaite entre le 7 des Romains et le 2 des Galates! «Car moi, par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu».
Or s’il est vrai, comme le dit l’apôtre, que nous sommes morts par le moyen de la loi, comment est-il possible que la loi soit la règle de notre vie? Elle ne fut qu’une règle de mort, de malédiction et de condamnation pour ceux qui lui étaient assujettis, pour ceux qui l’avaient reçue par l’entremise des anges (Gal. 4:19). Peut-elle être autre chose pour nous? La loi a-t-elle jamais produit un seul bon fruit chez un fils ou une fille d’Adam? Écoutez la réponse de l’apôtre: «Car quand nous étions dans la chair», — c’est-à-dire quand nous étions considérés dans notre nature déchue, — «les passions des péchés, lesquelles sont par la loi, agissaient dans nos membres pour porter du fruit pour la mort»1.
1 Il est nécessaire de se rappeler que, quoique les gentils n’aient jamais été placés sous la loi par les dispensations de Dieu, cependant tous les professants baptisés se placent sur ce terrain. C’est pourquoi il y a une grande différence entre la chrétienté et les païens quant à la question de la loi. Dans la chrétienté, des milliers de personnes inconverties demandent chaque semaine à Dieu d’incliner leurs cœurs à garder sa loi. Sûrement, ces personnes sont dans une position bien différente de celle des païens qui n’ont jamais entendu parler de la loi, ni de la Bible.
Où en sommes-nous maintenant, comme chrétiens? Écoutez la réponse: «Car moi, par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu. Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi; et ce que je vis maintenant dans la chair», — ici chair signifie le corps, — «je le vis» — comment? Par la loi, comme règle de ma vie? nullement, mais: — «je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi».
Voilà le christianisme. Le comprenons-nous? En saisissons-nous bien le sens et la portée? La précieuse mort de Christ, comme si elle était la nôtre, nous délivre complètement de deux maux bien distincts: du légalisme, d’un côté, de la licence de l’autre. Au lieu de ces choses terribles, elle nous introduit dans la sainte liberté de la grâce; dans la liberté pour servir Dieu, ou de «mortifier nos membres qui sont sur la terre», de «renier l’impiété et les convoitises mondaines», ou enfin de «vivre sobrement, justement et pieusement».
Méditons ces paroles: «Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi». Le vieux «moi» mort, crucifié, enterré. Le nouveau «moi» vivant, en Christ. Ne nous trompons point, car il n’y a rien de plus terrible et de plus dangereux, que lorsque le vieux «moi» se place sur le nouveau terrain; ou, en d’autres termes, lorsque les glorieuses doctrines du christianisme sont adoptées par la chair et que les inconvertis se disent délivrés de la loi, et changent la grâce de Dieu en dissolution. Nous avouons que nous préférons mille fois le légalisme à la licence. C’est contre ce dernier mal que nous avons à veiller avec le plus grand soin. Il fait de rapides progrès, préparant la voie à ces terribles flots d’incrédulité qui, avant qu’il soit longtemps, vont envahir la chrétienté.
Dire qu’on est délivré de la loi autrement que par la mort à la loi et par la vie en Christ, n’est pas du christianisme du tout, mais de la licence, dont toute âme pieuse doit s’éloigner avec une sainte horreur. Si nous sommes morts à la loi, nous sommes aussi morts au péché et, par conséquent, nous ne devons pas faire notre propre volonté qui est péché, mais la volonté de Dieu qui est la vraie sainteté pratique.
Souvenons-nous encore que, si nous sommes morts à la loi, nous sommes morts aussi à ce présent siècle mauvais, et associés à un Christ ressuscité, monté au ciel et glorifié. Nous ne sommes donc pas du monde, comme Christ n’était pas du monde. Chercher à se faire une position dans le monde, c’est renier le fait que nous sommes morts à la loi, car nous ne pouvons vivre pour le monde, et en même temps être morts à la loi. La mort de Christ nous a délivrés de la loi, de la puissance du péché, de ce présent siècle mauvais, et de la crainte de la mort. Mais toutes ces choses se lient, et nous ne pouvons être délivrés de l’une sans l’être de toutes. Prétendre être libéré de la loi, tandis qu’on vit dans la chair, dans la mondanité et l’égoïsme, c’est là un des caractères les plus terribles des derniers jours.
Le chrétien est appelé à prouver, dans sa vie journalière, que la grâce peut produire des résultats auxquels la loi n’a jamais pu atteindre. C’est une des gloires morales du christianisme de rendre un homme capable d’abandonner son moi et de vivre pour les autres. C’est ce que la loi n’a jamais pu faire. Sous son empire, chacun devait faire de son mieux, en vue de soi-même. Si un homme essayait d’aimer son prochain, c’était pour s’acquérir une justice propre. Sous la grâce, tout est glorieusement le contraire. Le moi est mis de côté comme une chose condamnée, crucifiée, morte et ensevelie. Le vieux «moi» a disparu, et le nouveau «moi» est devant Dieu dans toute la valeur et la perfection de Christ. Il est notre vie, notre sainteté, notre justice, notre but, notre modèle, notre tout. Il est en nous et nous sommes en lui notre vie pratique de chaque jour doit simplement être Christ reproduit en nous par la puissance du Saint Esprit. Nous ne devons donc pas aimer seulement notre prochain, mais aussi nos ennemis, et cela non pour nous acquérir une justice, car nous sommes devenus la justice de Dieu en Christ mais parce que la vie que nous possédons déborde, et cette vie est Christ. Un chrétien est un homme qui devrait vivre Christ. Il n’est ni un Juif «sous la loi», ni un gentil «sans loi», mais il est «un homme en Christ», placé dans la grâce, appelé à la même obéissance que celle dans laquelle a vécu le Seigneur Jésus lui-même.
Dieu veuille ouvrir les yeux de tous les chrétiens à la vérité de ces choses! Puisse-t-il les amener à étudier les Écritures, et à se soumettre à leur sainte autorité en tous points! C’est le grand besoin de notre époque.
Nous savons que notre Seigneur Jésus Christ viendra bientôt, pour enlever son peuple racheté dans les demeures préparées dans la maison du Père, pour être à toujours avec Lui. Mais que deviendront ceux qui seront laissés en arrière? toute la masse de professants baptisés, mais mondains? Voilà de solennelles questions qui doivent être considérées devant Dieu, pour qu’elles reçoivent la vraie, la divine réponse.
Nous avons cherché à démontrer par l’Écriture que le chrétien n’est pas sous la loi, mais sous la grâce; maintenant, nous continuerons notre étude du chapitre 5 du Deutéronome. Nous y trouvons les dix commandements, mais ils y sont présentés un peu autrement que dans le chapitre 20 de l’Exode. Quelques traits caractéristiques demandent l’attention du lecteur.
En Exode 20, nous avons l’histoire; dans Deut. 5, outre l’histoire, le commentaire; le législateur y présente des motifs moraux et y fait des appels qui ne seraient nullement à leur place dans l’Exode. Dans l’un, nous avons les faits seuls; dans l’autre, les faits et leur application pratique. En un mot, nous n’avons aucun motif de supposer que le chap. 5 du Deutéronome ait dû être une répétition littérale du chap. 20 de l’Exode, et, par conséquent, les misérables arguments des incrédules, qui s’appuient sur ces apparentes divergences, tombent d’eux-mêmes.
Comparons, par exemple, les deux passages qui traitent du sabbat. En Exode 20, nous lisons: «Souviens-toi du jour du sabbat, pour le sanctifier. Six jours tu travailleras, et tu feras toute ton œuvre; mais le septième jour est le sabbat consacré à l’Éternel, ton Dieu Tu ne feras aucune œuvre, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ta bête, ni ton étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Éternel a fait les cieux, et la terre, la mer, et tout ce qui est en eux, et il s’est reposé le septième jour; c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat, et l’a sanctifié».
En Deutéronome 5, nous lisons: «Garde le jour du sabbat pour le sanctifier, comme l’Éternel, ton Dieu, te l’a commandé. Six jours tu travailleras et tu feras toute ton œuvre; mais le septième jour est le sabbat consacré à l’Éternel, ton Dieu; tu ne feras aucune œuvre, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni ton étranger qui est dans tes portes, afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi; et tu te souviendras que tu as été serviteur dans le pays d’Égypte, et que l’Éternel, ton Dieu, t’a fait sortir de là à main forte et à bras étendu; c’est pourquoi l’Éternel, ton Dieu, t’a commandé de garder le jour du sabbat» (vers. 12-15).
La différence entre ces deux passages frappe immédiatement. Dans l’Exode, le commandement de garder le jour du repos est basé sur la création. Dans le Deutéronome, il est basé sur la rédemption, sans la moindre allusion à la création. En un mot, les points de différence proviennent du caractère distinct de chaque livre, et s’expliquent aisément pour tout chrétien spirituel.
Quant à ce qui concerne l’institution du sabbat, souvenons-nous qu’elle repose entièrement sur l’autorité immédiate de la parole de Dieu. D’autres commandements prescrivent de simples devoirs moraux. Chacun sait que c’est moralement mal de tuer ou de voler; mais, à garder le sabbat, nul n’aurait vu un devoir, si cela n’eût été expressément ordonné par l’autorité divine. De là son immense importance et son intérêt. Dans notre chapitre et en Exode 20, il est placé sur la même ligne que ces grands devoirs moraux, qui sont universellement reconnus par la conscience humaine.
Bien plus, nous voyons en maints autres endroits de l’Écriture que le sabbat est mis à part et présenté tout spécialement comme un précieux lien entre l’Éternel et Israël, comme le sceau de son alliance avec eux et le signe de leur consécration à Lui. Chacun pouvait reconnaître que c’est moralement mal de tuer et de voler, mais ceux-là seulement qui aimaient l’Éternel et sa Parole aimaient et gardaient ses sabbats.
Ainsi, au chap. 16 de l’Exode, en connexion avec l’envoi de la manne, nous lisons: «Le sixième jour, ils recueillirent du pain au double, deux omers pour chacun; et tous les principaux de l’assemblée vinrent et le rapportèrent à Moïse. Et il leur dit: C’est ici ce que l’Éternel a dit: Demain est le repos, le sabbat consacré à l’Éternel; faites cuire ce que vous avez à cuire, et faites bouillir ce que vous avez à faire bouillir, et tout le surplus, serrez-le pour vous pour le garder jusqu’au matin… Et Moïse dit: Mangez-le aujourd’hui, car aujourd’hui est le sabbat consacré à l’Éternel; aujourd’hui, vous n’en trouverez point aux champs. Six jours vous en recueillerez; mais au septième jour est le sabbat; il n’y en aura point en ce jour-là». Ils étaient cependant si peu capables d’apprécier le précieux privilège d’avoir à garder le sabbat de l’Éternel, qu’il arriva «qu’au septième jour quelques-uns du peuple sortirent pour en recueillir, et ils n’en trouvèrent point. Et l’Éternel dit à Moïse: Jusques à quand refuserez-vous de garder mes commandements et mes lois?» — Le fait qu’ils négligeaient le sabbat prouvait que leur état moral était mauvais, qu’ils s’étaient détournés de tous les commandements de Dieu. Le sabbat était la pierre de touche de l’état réel de leurs cœurs envers l’Éternel. — «Voyez que l’Éternel vous a donné le sabbat; c’est pourquoi il vous donne au sixième jour du pain pour deux jours. Que chacun reste chez lui, que personne ne sorte du lieu où il est, le septième jour. Et le peuple se reposa le septième jour». Ils trouvaient repos et nourriture en ce saint jour du sabbat.
À la fin du chap. 31, nous trouvons encore un passage bien remarquable pour montrer l’importance que l’Éternel attachait à l’observation du sabbat. Une description détaillée du tabernacle et de ses vaisseaux avait été donnée à Moïse, et il allait recevoir les deux tables du témoignage de la main de l’Éternel; mais, comme pour prouver la place éminente que le sabbat occupait dans la pensée de Dieu, nous lisons: «Et l’Éternel parla à Moïse, disant: Toi, parle aux fils d’Israël, disant Certainement, vous garderez mes sabbats, car c’est un signe entre moi et vous, en vos générations, pour que vous sachiez que c’est moi, l’Éternel, qui vous sanctifie. Et vous garderez le sabbat, car il vous sera saint; celui qui le profanera sera certainement mis à mort, car quiconque fera une œuvre en ce jour-là, cette âme sera retranchée du milieu de ses peuples. Pendant six jours le travail se fera, et le septième jour est le sabbat de repos, consacré à l’Éternel; quiconque fera une œuvre le jour du sabbat sera certainement mis à mort. Et les fils d’Israël garderont le sabbat, pour observer le sabbat en leurs générations; — une alliance perpétuelle. C’est un signe entre moi et les fils d’Israël, à toujours; car en six jours l’Éternel a fait les cieux et la terre, et le septième jour il s’est reposé, et a été rafraîchi» (Ex. 31:12-17).
Ce passage établit clairement la stabilité du sabbat. Les termes employés prouvent que ce n’était point une institution temporaire: «un signe entre moi et vous en vos générations» — «une alliance perpétuelle» — «un signe à toujours».
Le sabbat fut distinctement et exclusivement institué pour la nation juive. Il est mentionné à diverses reprises, comme étant un signe entre l’Éternel et son peuple Israël, mais il ne concernait en aucune manière les nations. Nous verrons par la suite que c’est un beau type du temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé par la bouche de tous ses saints prophètes, mais cela n’ôte rien au fait qu’il est exclusivement une institution juive. Il n’y a pas, dans toute l’Écriture, un seul passage prouvant que le sabbat concernait aussi les gentils.
On allègue que, puisque le sabbat est déjà mentionné dans le second chapitre de la Genèse, il doit nécessairement avoir une application plus générale qu’à la nation juive. Voyons le passage: «Et Dieu eut achevé au sixième jour son œuvre qu’il fit, et il se reposa au septième jour de toute son œuvre qu’il fit. Et Dieu bénit le septième jour, et le sanctifia, car en ce jour, il se reposa de toute son œuvre que Dieu créa en la faisant».
Voilà qui est bien simple. Il n’est point ici fait mention de l’homme. Il ne nous est pas dit que l’homme se reposa le septième jour. On pourrait s’imaginer ou conclure qu’il le fit, mais le chap. 2 de la Genèse n’en dit rien. Bien plus; nous ne voyons pas dans tout ce livre une seule allusion au sabbat. La première fois qu’il en est fait mention, c’est au chap. 16 de l’Exode, passage que nous avons déjà cité or, là nous voyons qu’il fut donné à Israël, comme à un peuple qui était en relation d’alliance avec l’Éternel. Il est évident qu’ils ne surent ni le reconnaître, ni l’apprécier. Le Psaume 95 et le chap. 4 des Hébreux, nous montrent qu’ils n’entrèrent jamais dans ce repos. Si nous parlons de ce qu’était le sabbat aux yeux de Dieu, il nous dit que c’était un signe entre Lui et son peuple d’Israël, et le critérium de leur condition morale et de l’état de leur cœur envers Lui. Ce n’était pas seulement une portion de la loi donnée par Moïse à la congrégation d’Israël, mais il est maintes fois mentionné et spécifié comme étant une institution qui tenait une place toute particulière aux yeux de Dieu.
Ainsi, nous lisons au chap. 56 d’Ésaïe: «Bienheureux l’homme qui fait cela, et le fils de l’homme qui le tient ferme; qui garde le sabbat pour ne pas le profaner, et qui garde sa main de faire aucun mal! Et que le fils de l’étranger qui s’est attaché à l’Éternel ne parle pas, disant: L’Éternel m’a entièrement séparé de son peuple; et que l’eunuque ne dise pas: Voici, je suis un arbre sec; car ainsi dit l’Éternel: Aux eunuques qui gardent mes sabbats, et choisissent les choses auxquelles je prends plaisir, et qui tiennent ferme mon alliance, je leur donnerai dans ma maison et au-dedans de mes murs une place et un nom meilleurs que des fils et des filles; je leur donnerai un nom éternel qui ne sera pas retranché. Et les fils de l’étranger» — considérés, cela va sans dire, comme liés à Israël de même qu’en Nomb. 15 — «qui s’attachent à l’Éternel pour le servir et pour aimer le nom de l’Éternel, pour être ses serviteurs, — quiconque observe le sabbat pour ne pas le profaner, et ceux qui tiennent ferme mon alliance, je les ferai venir à ma montagne sainte, et je les rendrai joyeux dans ma maison de prière; leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel; car ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples».
Et encore: «Si tu gardes ton pied de profaner le sabbat, de faire ton plaisir en mon saint jour, si tu appelles le sabbat tes délices, et honorable le saint jour de l’Éternel, si tu l’honores en t’abstenant de suivre tes propres chemins, de chercher ton plaisir et de dire des paroles vaines, alors tu trouveras tes délices en l’Éternel, et je te ferai passer à cheval sur les lieux hauts de la terre, et je te nourrirai de l’héritage de Jacob, ton père car la bouche de l’Éternel a parlé» (És. 58:13-14). Ces citations suffisent pour montrer quelle place importante le sabbat occupe aux yeux de Dieu. Il serait inutile de les multiplier, mais il est encore un passage du Lévitique que nous voudrions citer au lecteur: «Et l’Éternel parla à Moïse, disant: Parle aux fils d’Israël, et dis-leur: Les jours solennels de l’Éternel, que vous publierez, seront de saintes convocations. Ce sont ici mes jours solennels: Six jours on travaillera; et le septième jour est un sabbat de repos, une sainte convocation; vous ne ferez aucune œuvre: c’est un sabbat consacré à l’Éternel dans toutes vos habitations» (Lév. 23:1-3).
Le sabbat est ici placé en tête de toutes les fêtes solennelles énumérées dans ce merveilleux chapitre, et qui sont pour nous les types de toutes les dispensations de Dieu envers son peuple. Le sabbat est le type du repos éternel, dans lequel Dieu introduira son peuple, quand toutes ses tribulations auront pris fin; de ce «repos sabbatique qui reste pour le peuple de Dieu» (Héb. 4:9). L’Éternel cherchait constamment à rappeler ce glorieux repos à son peuple; le septième jour, la septième année, l’année du Jubilé, toutes ces belles fêtes sabbatiques avaient pour but de typifier l’époque bénie où Israël sera rassemblé dans son pays, et où le sabbat sera observé comme il ne l’a encore jamais été.
Ceci nous conduit à un second point de vue, savoir la durée permanente du sabbat. Des expressions telles que: «un signe en vos générations» — «une alliance perpétuelle» — «à perpétuité» auraient jamais été employées pour désigner une institution simplement temporaire. Il est vrai, hélas! qu’Israël n’observa jamais le sabbat selon Dieu, et il n’en comprit jamais la signification; il n’en savoura jamais les douceurs et les bénédictions. Il en fit le signe de sa justice propre, s’en vanta comme d’une institution nationale, et s’en servit pour s’enorgueillir; jamais il ne le célébra dans la communion avec Dieu.
Nous parlons de la nation en général, car nous ne saurions douter qu’il ne se soit trouvé des âmes qui, dans le secret, jouissaient du sabbat et comprenaient les pensées de Dieu à ce sujet. Néanmoins, comme nation, Israël ne l’observa jamais comme Dieu le désirait. Écoutons ce que dit Ésaïe: «Ne continuez pas d’apporter de vaines offrandes: l’encens m’est une abomination, — la nouvelle lune et le sabbat, la convocation des assemblées; je ne puis supporter l’iniquité et la fête solennelle» (Chap. 1:13).
La précieuse institution du sabbat, que Dieu avait donnée comme un signe de son alliance avec son peuple, était donc devenue, entre leurs mains, une abomination qu’il ne pouvait plus supporter. Si nous ouvrons les pages du Nouveau Testament, nous voyons les chefs et les docteurs du peuple juif constamment en guerre avec le Seigneur Jésus, par rapport au sabbat. Lisez, par exemple, Luc 6:1-5 et 6-11.
Quelle preuve nous avons ici du peu de valeur du formalisme humain dans l’observance du sabbat. Ces directeurs religieux voulaient que les disciples endurent la faim, plutôt que d’enfreindre leur sabbat. Ils auraient laissé l’homme emporter sa main sèche au tombeau, plutôt que de le voir guérir le jour de leur sabbat. Hélas! c’était bien leur sabbat et non celui de Dieu. Son repos ne pouvait s’allier avec la faim et des membres desséchés. Ils n’avaient jamais bien compris le récit de David mangeant les pains de proposition. Ils ne comprenaient pas que les institutions légales doivent céder le pas à la grâce divine venant au-devant des besoins de l’homme. La grâce, avec toute sa splendeur, s’élève au-dessus de toutes les barrières légales, et la foi se réjouit à sa lumière; mais la religiosité s’offense de l’activité de la grâce et de la hardiesse de la foi. Les pharisiens ne comprenaient pas que l’homme à la main sèche était un commentaire frappant de l’état moral de cette nation; une preuve vivante du fait qu’ils étaient fort éloignés de Dieu. S’ils eussent été comme ils auraient dû être, il n’y aurait pas eu de mains sèches à guérir; mais ils n’étaient pas fidèles, et, par conséquent, leur sabbat n’était qu’une forme vide de sens, une observance sans valeur et sans force, une célébration abominable, haïssable aux yeux de Dieu et entièrement incompatible avec la condition de l’homme. Lisez encore Luc 13:10-16.
Quel accablant reproche pour ces formalistes! Quelle démonstration de la vanité et de la complète nullité de tout leur système judaïque! Oser parler du sabbat en présence d’une fille d’Abraham liée depuis dix-huit ans par la main cruelle de Satan, quelle incongruité! Il n’y a rien au monde qui aveugle l’esprit, endurcisse le cœur, endorme la conscience, comme une religion sans Christ. On ne peut bien juger de cette puissance trompeuse et dégradante qu’à la lumière de la présence divine. Peu importait au chef de la synagogue que cette pauvre femme restât infirme jusqu’à la fin de ses jours. Il l’eût laissée continuer à être une triste preuve de la puissance de Satan, pourvu qu’il pût observer son sabbat. Son indignation religieuse était excitée, non pas par la puissance de Satan révélée dans l’état de cette femme, mais par la puissance de Christ révélée par sa complète délivrance.
Le Seigneur lui répond comme il le mérite. «Et comme il disait ces choses; tous ses adversaires furent couverts de honte; et toute la foule se réjouissait de toutes les choses glorieuses qui étaient faites par lui». Quel contraste frappant! Les adhérents d’une religion fausse, vaine et cruelle, démasqués et couverts de honte et de confusion puis, d’un autre côté, la foule se réjouissant des œuvres glorieuses du Fils de Dieu qui était venu au milieu d’eux pour les délivrer de la puissance écrasante de Satan; pour remplir leurs cœurs de la joie du salut de Dieu, leurs bouches de sa louange.
Cette question du sabbat, si souvent débattue, doit être examinée à fond à la lumière de l’Écriture, car nous sommes convaincus que nombre de chrétiens professants ne se doutent pas de tout ce qui s’y rattache.
Le commencement du chap. 5 de Jean illustre, d’une manière remarquable la condition d’Israël.
Le réservoir de Béthesda est une frappante illustration de toute la famille humaine et de la nation d’Israël, de leur condition morale et spirituelle, considérée au point de vue de Dieu! «Aveugles, infirmes, membres secs», tel est le réel état de l’homme, et plût à Dieu que l’homme le comprît.
Mais il y avait au milieu de cette multitude d’infirmes un homme, dont l’état de faiblesse et d’épuisement était tel que le réservoir de Béthesda ne pouvait rien pour lui. Il ne pensait qu’à obtenir un secours humain pour parvenir au réservoir, mais chacun, image frappante de tous ceux qui cherchent le salut par les œuvres, faisait de son mieux pour soi-même. Nul souci des autres; nulle pensée de leur venir en aide. «Jésus lui dit: Lève-toi, prends ton petit lit, et marche. Et aussitôt l’homme fut guéri, et il prit son petit lit, et marcha. Or c’était sabbat ce jour-là».
Nous avons de nouveau ici le sabbat de l’homme, car ce n’était certainement pas celui de Dieu. La misérable multitude réunie autour du réservoir prouvait que le repos de Dieu n’était pas encore venu, que son glorieux antitype n’avait point encore lui sur cette terre coupable. Lorsque ce beau jour paraîtra, il n’y aura plus d’aveugles, de boiteux, ni d’infirmes, sous les portiques du réservoir de Béthesda. Le repos sabbatique de Dieu est absolument incompatible avec les misères humaines.
C’était le sabbat de l’homme. Ce n’était plus le signe de l’alliance de l’Éternel avec la postérité d’Abraham, comme cela avait été jadis, et comme cela sera de nouveau une fois. Le sabbat était devenu en Israël un signe de la propre justice de l’homme. Selon les Juifs, il était permis à l’homme de rester couché année après année sur ce même grabat, tandis qu’eux continuaient leurs vaines et inutiles tentatives pour observer le sabbat. S’ils eussent eu la moindre intelligence spirituelle, ils eussent compris l’inconséquence qu’il y avait à vouloir conserver leurs traditions au sujet du sabbat, en présence des misères humaines, des maladies et de toutes sortes de dégradations. Mais ils étaient complètement aveugles; aussi, lorsque les résultats glorieux du ministère de Christ se révèlent, ils ont l’audace de les déclarer contraires à la loi.
Et non seulement cela, mais «à cause de cela, les Juifs persécutaient Jésus et cherchaient à le faire mourir, parce qu’il avait fait ces choses en un jour de sabbat». Quel spectacle! Des gens religieux, mieux encore, les chefs et les docteurs de la religion, les conducteurs du soi-disant peuple de Dieu, cherchent à faire mourir «le Seigneur du sabbat», parce qu’il avait guéri un homme le jour du sabbat!
Mais observez la réponse de notre Seigneur au verset 17: «Mon père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille». Cette parole si brève, mais si concluante, nous donne la clef de toute l’affaire. Elle nous dévoile la vraie condition de l’humanité en général et celle d’Israël en particulier; elle nous présente d’une manière touchante le grand secret de la vie et du ministère de notre Seigneur. Il n’était pas venu dans ce monde pour se reposer; que Dieu en soit béni! Comment aurait-il pu se reposer, — observer le sabbat, — entouré qu’il était par toutes les misères humaines? Cette multitude d’impotents qui remplissaient les portiques du réservoir de Béthesda, n’aurait-elle pas dû montrer «aux Juifs» la folie de leurs idées au sujet du sabbat? Car cette multitude n’était-elle pas un spécimen de la condition de la nation d’Israël et de toute la famille humaine? Et comment l’amour divin aurait-il pu se reposer au milieu d’un tel état de choses? C’eût été totalement impossible. L’amour ne peut que travailler au milieu des scènes de péché et de douleurs. Du moment où l’homme est tombé, le Père avait travaillé. Puis le Fils parut pour continuer l’œuvre. Maintenant le Saint Esprit travaille. C’est le travail, et non le repos, qui est l’ordre divin dans un monde tel que celui-ci. «Il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu».
Le Seigneur Jésus allait faisant du bien le jour du sabbat tout comme les autres jours, et lorsqu’enfin il eut achevé l’œuvre glorieuse de la rédemption, il passa le sabbat dans le tombeau et ressuscita le premier jour de la semaine, comme le premier-né d’entre les morts, la tête d’une nouvelle création dans laquelle tout est de Dieu, et où il ne saurait plus être question «de jours, de mois, de temps et d’années». Si nous comprenons bien ce que signifient la mort et la résurrection, nous n’observerons plus les jours. La mort de Christ a mis fin à tout cet ordre de choses, et sa résurrection nous introduit dans une sphère entièrement différente, où nous avons le privilège de marcher à la lumière et dans la puissance de ces réalités éternelles qui sont nôtres en Christ, et en vivant contraste avec les observances superstitieuses d’une religiosité charnelle et mondaine.
Nous voici arrivés à un point fort intéressant de notre sujet, savoir, la différence qui existe entre le sabbat et «le jour du Seigneur, ou le premier jour de la semaine». On confond souvent ces deux choses. Nous entendons fréquemment des personnes vraiment pieuses parler du «sabbat chrétien», expression qui ne se trouve nulle part dans toute la Bible. Or nous devons toujours chercher à nous exprimer d’une manière conforme à l’Écriture.
Nous sommes persuadés que l’ennemi de Dieu et de son Christ est beaucoup plus mêlé qu’on ne le croit aux formes et aux conventions de la chrétienté; c’est là ce qui rend la chose si sérieuse. Le lecteur trouvera peut-être qu’il est ridicule de désapprouver l’expression de «sabbat chrétien», mais s’il examine la question à la lumière du Nouveau Testament, il verra qu’elle se développe d’une manière fort importante. On dit souvent que «le nom ne fait rien à la chose», mais dans le sujet qui nous occupe, le nom caractérise la chose.
Nous avons déjà remarqué que notre Seigneur passa le jour du sabbat dans le tombeau. Ce fait n’a-t-il pas une profonde signification? Nous ne saurions en douter. Nous y lisons la mise de côté de l’ancien ordre de choses, et la complète impossibilité d’observer un sabbat dans un monde de péché et de mort. L’amour ne pouvait se reposer dans un monde tel que celui-ci; il ne pouvait que travailler et mourir. C’est ce que nous lisons sur la tombe où le Seigneur du sabbat fut déposé.
Mais, dira-t-on, le premier jour de la semaine n’est-il pas le sabbat nouveau, le sabbat chrétien? Il n’est jamais appelé ainsi dans le Nouveau Testament. Si nous étudions les Actes des Apôtres, nous verrons que ces deux jours sont mentionnés d’une manière tout à fait distincte. Le jour du sabbat, nous voyons les Juifs assemblés dans leurs synagogues pour la lecture de la loi et des prophètes. Le premier jour de la semaine, nous voyons les chrétiens assemblés pour rompre le pain. Ces deux jours étaient aussi distincts que le judaïsme et le christianisme, et rien, absolument rien, ne pourrait faire supposer que le sabbat se soit jamais confondu avec le premier jour de la semaine. Où nous est-il dit que le sabbat ait été transporté, du septième jour au huitième, ou au premier jour de la semaine? Nulle part, assurément.
Qu’on se souvienne aussi que le sabbat n’est pas seulement un septième jour, mais le septième jour. Quelques-uns croient que, pourvu qu’une septième partie du temps soit donnée au repos et aux devoirs publics de la religion, cela suffit, et que peu importe le nom dont on l’appelle. Il en résulte que différentes nations et divers systèmes religieux ont leur jour du sabbat. Mais cela ne saurait suffire aux âmes qui désirent s’en tenir uniquement à l’Écriture. Le repos d’Éden était le septième jour. Le repos pour Israël était le septième jour. Mais le huitième attire nos pensées vers l’éternité, et, dans le Nouveau Testament, il est appelé «le premier jour de la semaine», comme marquant le commencement de ce nouvel ordre de choses, dont la croix est la base impérissable, et un Christ ressuscité la Tête glorieuse et le centre. Or, appeler ce jour-là le «sabbat chrétien», c’est simplement confondre les choses terrestres et les célestes. C’est faire descendre le chrétien de sa haute position, en tant qu’uni à une Tête glorifiée dans les cieux, et l’occuper d’ordonnances charnelles imposées jusqu’au temps de l’Évangile; d’observances de jours, de mois, de temps et d’années, comme l’apôtre le reprochait aux assemblées de la Galatie.
Bref, plus nous réfléchissons à cette expression «sabbat chrétien», plus nous sommes convaincus qu’elle tend, ainsi que beaucoup d’autres termes usuels dans la chrétienté, à dérober au chrétien ces grandes vérités qui distinguent l’Église de Dieu de tout ce qui l’a précédée et de tout ce qui suivra. L’Église, bien que sur la terre, n’est pas de ce monde, tout comme Christ n’est pas de ce monde. Elle est céleste dans son origine, son caractère, ses principes, sa marche et ses espérances. Elle est placée entre la croix et la gloire. Les limites de son existence sur la terre sont le jour de la Pentecôte, lorsque le Saint Esprit descendit pour la former, et la venue de Christ pour la prendre auprès de Lui.
Rien ne saurait être plus clair. C’est donc fausser la position du chrétien tout entière, que de vouloir forcer l’Église de Dieu à observer, soit légalement, soit superstitieusement, «les jours, les mois, les temps et les années»; c’est attaquer la révélation divine, et priver le chrétien de la place qui lui appartient, par la grâce infinie de Dieu et par la rédemption accomplie par Christ.
Si le lecteur trouve que nous allons trop loin dans nos assertions, qu’il médite le passage suivant de l’épître de Paul aux Colossiens: «Comme donc vous avez reçu le Christ Jésus, le Seigneur, marchez en lui, enracinés et édifiés en lui, et affermis dans la foi, selon que vous avez été enseignés, abondant en elle avec des actions de grâces. Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par de vaines déceptions», — remarquez cette association peu flatteuse pour la philosophie! — «selon l’enseignement des hommes, selon les éléments du monde, et non selon Christ; car en lui habite toute la plénitude de la déité corporellement; et vous êtes accomplis en lui, qui est le chef de toute principauté et autorité». — Que nous faut-il de plus? — «En qui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ, étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans l’incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos fautes, ayant effacé l’obligation qui était contre nous, laquelle consistait en ordonnances et qui nous était contraire, et il l’a ôtée en la clouant à la croix ayant dépouillé les principautés et les autorités, il les a produites en public, triomphant d’elles en la croix».
Magnifique victoire remportée par Lui seul et pour nous! Que reste-t-il encore? «Que personne donc ne vous juge en ce qui concerne le manger ou le boire, ou à propos d’un jour de fête ou de nouvelle lune, ou de sabbats, qui sont une ombre des choses à venir; mais le corps est du Christ».
Que peut avoir à faire, au point de vue religieux, avec le manger, le boire, ou les jours de fête, un chrétien qui est complet et accepté en un Christ ressuscité et glorifié? Que peuvent faire pour lui la philosophie, les traditions, ou la religion du monde? Que sont les ombres pour celui qui a saisi, par la foi, la substance éternelle? Rien absolument; c’est pourquoi aussi l’apôtre continue: «Que personne ne vous frustre du prix du combat, faisant sa volonté propre dans l’humilité et dans le culte des anges, s’ingérant dans les choses qu’il n’a pas vues, enflé d’un vain orgueil par les pensées de sa chair, et ne tenant pas ferme le chef, duquel tout le corps, alimenté et bien uni ensemble par des jointures et des liens, croît de l’accroissement de Dieu. Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde, établissez-vous des ordonnances — ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas! — (choses qui sont toutes destinées à périr par l’usage), selon les commandements et les enseignements des hommes (qui ont bien une apparence de sagesse en dévotion volontaire et en humilité, et en ce qu’elles n’épargnent pas le corps, ne lui rendant pas un certain honneur), pour la satisfaction de la chair?» c’est-à-dire non pas en rendant au corps le degré d’honneur qui lui est dû en tant que vaisseau de Dieu, mais enflant la chair par un orgueil religieux alimenté par une vaine, creuse et prétendue sainteté (Col. 2:6-23).
Si l’on comprend bien l’esprit de ce merveilleux passage, on sera au clair, non seulement sur la question du sabbat, mais encore sur tout un système de choses qui y a rapport. Le chrétien, qui a bien saisi quelle est sa position, en a fini pour toujours avec toute question religieuse, au sujet du manger, du boire, des jours, des mois, des temps et des années. Il n’a rien à faire avec les saintes époques, ni avec les saints lieux. Il est mort avec Christ aux éléments du monde, et comme tel, il est délivré de toutes les ordonnances d’une religion traditionnelle. Il est du ciel, où il n’y a ni nouvelles lunes, ni jours de fête, ni sabbats. Il appartient à la nouvelle création, où toutes choses sont de Dieu, et, par conséquent, il ne saurait voir aucune force morale dans des mots tels que ceux-ci: «ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas». Ils ne s’appliquent en aucune façon à lui. Il vit dans une atmosphère où les nuages, les vapeurs et les brouillards du monachisme et de l’ascétisme ne se voient jamais. Il a mis de côté toutes les formes inutiles d’un piétisme charnel et a reçu, en échange, les sûres réalités de la vie chrétienne. Son oreille a été ouverte pour entendre et son cœur pour comprendre la puissante exhortation de l’apôtre inspiré: «Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire» (Col. 3:1).
Nous avons ici le contraste frappant de quelques-unes des gloires du vrai christianisme avec les formes stériles et desséchantes d’une religiosité charnelle et mondaine. La vie chrétienne ne consiste point dans l’observation de certaines ordonnances, commandements ou traditions des hommes. Elle est une divine réalité. C’est Christ dans le cœur, et Christ reproduit dans la vie de chaque jour, par la puissance du Saint Esprit. C’est l’homme nouveau, formé d’après le modèle de Christ lui-même, et se révélant dans les moindres détails de notre conduite et de notre marche au milieu du monde, de nos familles, dans nos transactions avec nos semblables, dans nos manières, notre humeur, en un mot dans tout ce qui est nous-mêmes. Ce n’est point une affaire de profession ou de dogme, d’opinion ou de sentiment, mais une réalité vivante et incontestable. C’est la dépendance de Dieu établie dans le cœur, étendant sa domination bénie sur tout l’être moral, et répandant sa douce influence sur toute la sphère où nous sommes appelés à vivre. C’est le chrétien marchant sur les traces bénies de Celui qui allait de lieu en lieu, faisant du bien; cherchant, selon son pouvoir, à se rendre utile; ne vivant pas pour soi-même, mais pour les autres; trouvant son plaisir à donner et à servir; toujours prêt à soulager et à sympathiser avec les cœurs affligés ou découragés.
Tel est le christianisme. Oh! combien il diffère de toutes les formes que revêtent le légalisme et la superstition! Quel contraste avec l’ignorante observance des jours, des mois, des temps et des années, l’abstention des viandes, la défense de se marier, et tant d’autres erreurs! Quelle différence d’avec la sentimentalité du mystique, la mélancolie de l’ascète et les austérités du moine! Oui, le vrai christianisme du Nouveau Testament est entièrement différent de tout cela, comme aussi de la triste union d’une profession sans pratique, qui, possédant par l’intelligence de grandes vérités, ne s’en associe pas moins à une vie de mondanité et de satisfactions égoïstes. Le vrai christianisme produit ce qui est divin, céleste et spirituel, au milieu de tout ce qui est naturel, humain et terrestre. Puissent l’auteur et le lecteur de ces lignes avoir le saint désir de posséder ce christianisme moralement glorieux révélé dans les pages du Nouveau Testament.
Il n’est pas nécessaire, croyons-nous, d’en dire davantage sur la question du sabbat. Si le lecteur a bien saisi le sens des passages qui ont été cités, il verra sans peine quelle est la place que le sabbat occupe dans les dispensations de Dieu. Il comprendra qu’il se rapporte directement à Israël et à la terre, qu’il est un signe de l’alliance entre l’Éternel et son peuple terrestre, et une importante pierre de touche de leur état spirituel.
En outre, le lecteur verra qu’Israël n’observa jamais réellement le sabbat, n’en comprit jamais la signification, n’en apprécia jamais la valeur. C’est ce qui fut rendu évident dans la vie, le ministère et la mort de notre Seigneur Jésus Christ, lequel accomplit nombre de ses œuvres de miséricorde le jour du sabbat, et finalement passa cette journée dans le tombeau.
Le lecteur enfin comprendra quelle différence il y a entre le sabbat juif et le premier jour de la semaine ou le jour du Seigneur, lequel n’est pas une seule fois appelé sabbat dans le Nouveau Testament, mais est, au contraire, constamment mentionné distinctement. Ce n’est point le sabbat transformé et transféré à un autre jour, mais un jour entièrement nouveau, ayant sa propre identité et sa raison d’être, laissant le sabbat complètement de côté, comme une institution suspendue momentanément, pour être reprise par la suite, lorsque la postérité d’Abraham sera rentrée de nouveau dans la terre promise (voyez Éz. 46:1, 12).
Nous ne pouvons quitter cet intéressant sujet, sans dire quelques mots de la place assignée dans le Nouveau Testament au jour du Seigneur, ou premier jour de la semaine. Bien qu’il ne soit pas le sabbat et qu’il n’ait rien à faire avec les fêtes, les nouvelles lunes, ou «les jours, les mois, les temps et les années», il a cependant une place qui lui est propre dans la chrétienté, comme le prouvent maints passages du Nouveau Testament.
Notre Seigneur est ressuscité d’entre les morts ce jour-là. Il a rencontré maintes et maintes fois ses disciples en ce jour. Les apôtres et les frères en Troade se réunissaient pour rompre le pain ce même jour (Actes 20:7). L’apôtre ordonne aux Corinthiens et à tous ceux qui, en tous lieux, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, de déposer leurs offrandes ce jour-là. Le premier jour de la semaine était donc le jour spécial, où le peuple de Dieu devait se réunir pour prendre la cène du Seigneur; le culte, la communion, et le ministère, se trouvant ainsi liés à cette précieuse institution. L’apôtre Jean nous dit aussi que ce fut en ce jour dominical qu’il fut en esprit et qu’il reçut la Révélation merveilleuse qui clôt le volume divin1.
1 Quelques personnes croient que l’expression: «Jour dominical» devrait être rendue par: «le jour du Seigneur»; elles pensent que l’apôtre était dans l’esprit de ce jour où notre Seigneur reprendra possession de sa puissance et de son royaume. Il y a deux graves objections à cette manière de voir. D’abord les mots rendus en Apoc. 1:10, par «le jour dominical», sont différents de ceux traduits en 1 Thess. 5:2; 2 Thess. 2:2; 2 Pierre 3. 10, par: «le jour du Seigneur».
Il nous semble que cela devrait trancher la question, mais nous ferons remarquer, en outre, que la plus grande partie du livre de l’Apocalypse traite non «du jour du Seigneur», mais d’événements qui lui sont antérieurs.
Nous sommes donc convaincus que, dans ce passage, l’expression «jour du Seigneur», ou «dominical», signifie: «le premier jour de la semaine», fait important, puisqu’il nous prouve que ce jour-là a une place toute spéciale dans la parole de Dieu, place que tout chrétien spirituel lui donnera avec reconnaissance.
Nous avons donc des preuves évidentes que le jour du Seigneur ne doit pas être mis au même niveau que les jours ordinaires. Pour le vrai chrétien, ce n’est ni le sabbat juif, ni le dimanche des gentils, mais le jour du Seigneur, dans lequel ses rachetés se réunissent avec joie autour de sa table pour faire la fête par laquelle ils annoncent sa mort jusqu’à ce qu’il vienne.
Aucun légalisme, aucune superstition ne se rattachent au premier jour de la semaine. Le prétendre, serait renier toute la chaîne de vérités qui se lient à ce jour. Nous n’avons pas de commandements directs touchant l’observation de ce jour, mais les passages auxquels nous avons fait allusion suffiront à tout cœur spirituel; et nous dirons, en outre, que les instincts de la nature divine pousseront tout vrai chrétien à honorer le jour du Seigneur, à l’aimer et à le mettre à part pour le culte et le service de Dieu. La seule pensée que quelqu’un, faisant profession d’aimer Christ, puisse s’occuper d’affaires ou voyager sans nécessité le jour du Seigneur répugne à tout cœur vraiment pieux. Nous croyons que c’est un saint privilège que de pouvoir se retirer, autant que possible, de toutes les distractions de la terre, pour consacrer les heures du jour du Seigneur à Lui-même et à son service.
On objectera, peut-être, que le chrétien doit consacrer chaque jour au Seigneur. Assurément nous Lui appartenons dans le sens le plus complet et le plus élevé. Tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes lui appartient; nous en convenons avec bonheur. Nous sommes appelés à faire tout en son nom et pour sa gloire. C’est notre privilège d’acheter, de vendre, de manger, de boire, en un mot de tout faire comme étant devant ses yeux, dans la crainte et l’amour de son saint Nom. Nous ne devrions jamais, quelque jour de la semaine que ce soit, mettre la main à une chose quelconque sur laquelle nous ne pouvons pas, en toute confiance, demander la bénédiction du Seigneur.
Tout cela est pleinement reconnu par tout vrai chrétien; mais, en même temps, il nous semble impossible qu’on lise le Nouveau Testament sans voir que le jour du Seigneur y occupe une place unique; qu’il est marqué pour nous, de la manière la plus distincte; qu’il a une signification et une importance que ne peut s’approprier aucun autre jour de la semaine. Nous en sommes si convaincus, que lors même que les lois de divers pays n’ordonneraient point que le jour du Seigneur soit observé, nous considérerions comme un devoir sacré et comme un saint privilège de nous abstenir alors de toute transaction commerciale quelconque.
Grâces à Dieu, les lois de plusieurs contrées veulent que le jour du Seigneur soit observé. C’est là une bénédiction signalée pour tous ceux qui aiment ce jour par amour pour le Seigneur. Nous reconnaissons sa grande bonté en arrachant ce jour à l’étreinte envahissante du monde pour le donner à son peuple et à ses serviteurs, afin qu’ils le consacrent à son culte et à son service.
Quelle faveur que d’avoir le jour du Seigneur avec son oubli profond des choses de la terre. Que ferions-nous sans lui? Quelle interruption bénie au travail de la semaine. Que ses exercices sont rafraîchissants pour l’âme. Qu’il est précieux de se réunir autour de la table du Seigneur pour se souvenir de Lui, pour annoncer sa mort, et célébrer ses louanges. Qu’ils sont doux les devoirs divers du jour du Seigneur, que ce soient ceux de l’évangéliste, du pasteur, du docteur, de celui qui enseigne à l’école du dimanche, ou de celui qui distribue des traités. Quel langage humain pourra exprimer la valeur et l’intérêt de toutes ces choses? Il est vrai que le jour du Seigneur n’est rien moins qu’un jour de repos pour ses serviteurs; ils sont souvent plus fatigués ce jour-là que tout autre de la semaine; mais, c’est une fatigue qui recevra sa belle récompense dans le repos qui reste pour le peuple de Dieu.
Encore une fois, cher lecteur chrétien, élevons nos cœurs avec reconnaissance à Dieu, pour le précieux privilège du jour du Seigneur. Puisse-t-il le continuer à son Église jusqu’à ce qu’il vienne Puisse-t-il anéantir, par sa toute-puissance, tous les efforts des incrédules et des athées pour renverser les barrières que les ordonnances ont élevées autour du jour du Seigneur! Ce serait réellement un triste jour que celui où ces barrières seraient renversées.
Quelques personnes diront peut-être que le sabbat est aboli et, par conséquent, qu’il ne nous lie plus. Un grand nombre de chrétiens de profession ont pris cette raison pour demander, en Angleterre, que les lieux publics de récréation fussent ouverts le dimanche. Hélas! il est facile de voir ce que l’on recherche et à quoi l’on voudrait en venir. On voudrait mettre de côté la loi, afin d’avoir toute liberté pour les plaisirs mondains. On ne comprend pas que le seul moyen d’être délivré de la loi, c’est d’être mort à la loi, et si nous sommes morts à la loi, nous sommes aussi nécessairement morts au péché et au monde.
C’est là toute la différence. Béni soit Dieu, le chrétien est affranchi de la loi, mais s’il en est ainsi, ce n’est point pour qu’il s’amuse et prenne ses aises le jour du Seigneur ou tel autre jour, mais afin qu’il vive pour Dieu. «Car moi, par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu» (Gal. 2:19). Voilà le terrain chrétien; il ne peut être occupé que par ceux qui sont vraiment nés de Dieu. Le monde ne saurait le comprendre, non plus que les saints privilèges et exercices spirituels du jour du Seigneur.
Tout cela est vrai, mais en même temps nous sommes persuadés que si l’Angleterre enlevait les barrières qui entourent le jour du Seigneur, on verrait alors combien elle a abandonné cette profession de religion qui l’a si longtemps caractérisée comme nation, et avec quelle rapidité elle s’avance du côté de l’incrédulité et de l’athéisme. Nous ne devons pas perdre de vue le fait sérieux que l’Angleterre s’est donnée pour être une nation chrétienne, faisant profession d’être gouvernée par la parole de Dieu. Elle est, par conséquent, beaucoup plus responsable que les nations qui sont enveloppées dans les ténèbres du paganisme. Nous croyons que les nations, tout comme les individus, auront à répondre de la profession qu’elles auront faite, et que, par conséquent, les nations qui s’appellent chrétiennes seront jugées, non seulement par la lumière de la création ou par la loi de Moïse, mais par la pleine et brillante lumière de ce christianisme qu’elles professent, oui, par toute la vérité contenue dans le précieux volume qu’elles possèdent et dont elles font leur gloire. Les païens seront jugés sur le terrain de la création; les Juifs sur celui de la loi, les chrétiens de nom sur le terrain de la vérité du christianisme.
Ce fait si sérieux rend la position de toutes les nations professantes, excessivement grave. Dieu les traitera, sans aucun doute, suivant la profession qu’elles auront faite. Il ne sert à rien de dire qu’elles ne comprennent pas ce qu’elles professent, car pourquoi professer ce qu’on ne comprend ni ne croit? Le fait est qu’elles font profession de comprendre et de croire; or c’est d’après ce fait qu’elles seront jugées. Elles se font gloire de cette phrase familière: «La Bible, et la Bible seule est la religion des protestants».
S’il en est ainsi, combien solennelle est la pensée que l’Angleterre sera jugée d’après la Bible Quel sera son jugement? quelle sera sa fin? Que tous ceux que cela concerne y réfléchissent sérieusement.
Nous quitterons maintenant le sujet du sabbat et du jour du Seigneur, pour terminer cette partie de notre étude, en recommandant à nos lecteurs de lire attentivement les versets 22 à 23, fin de notre chapitre 5.
Après avoir présenté au peuple les dix commandements, Moïse leur rappelle les circonstances solennelles qui avaient accompagné la promulgation de la loi, de même que ce qu’ils avaient éprouvé et exprimé en cette occasion.
Le grand principe du livre du Deutéronome brille ici dans tout son éclat. Il est exprimé par ces touchantes paroles qui sont comme le noyau du passage que nous venons de citer: «Oh! s’ils avaient toujours ce cœur-là pour me craindre et pour garder tous mes commandements, afin de prospérer, eux et leurs fils, à toujours!»
Précieuses paroles! Elles nous révèlent, d’une manière bénie, le secret de cette vie que, en tant que chrétiens, nous sommes appelés à vivre jour après jour, de cette vie d’obéissance simple et implicite, provenant d’un cœur qui craint le Seigneur, non dans un esprit servile, mais avec cet amour vrai, respectueux, que le Saint Esprit répand dans nos cœurs. C’est là ce qui réjouit notre Père. Il nous dit: «Mon fils, donne-moi ton cœur». Quand le cœur est donné, tout vient ensuite, sans peine. Un cœur qui aime Dieu, trouve sa plus grande joie à obéir à tous ses commandements, et rien n’a de valeur pour Dieu que ce qui découle d’un cœur dévoué. C’est du cœur que procèdent les sources de la vie; lors donc qu’il est gouverné par l’amour de Dieu, il éprouve le besoin et le désir d’obéir à tous ses commandements. Nous aimons ses commandements, parce que nous l’aimons, Lui. Chacune de ses paroles est précieuse au cœur qui l’aime. Chaque précepte, chaque statut, chaque ordonnance, en un mot sa loi tout entière, sont chéris, respectés et obéis, parce que son Nom et son autorité s’y rattachent.
Le lecteur trouvera au Psaume 119 l’illustration du sujet qui nous occupe, et l’exemple d’une âme qui est à l’unisson avec ces paroles: «Oh! S’ils avaient toujours ce cœur-là pour me craindre et pour garder tous mes commandements» Ce sont les touchantes aspirations d’un cœur, qui trouvait ses constantes et profondes délices en la loi de Dieu. Il y a, dans ce Psaume admirable, non moins de cent soixante et dix allusions à cette précieuse loi; semblables à des perles, elles enrichissent chacun de ces versets.
Sûrement, cela réjouit le cœur et restaure l’âme d’avoir sous les yeux des paroles telles que celles de ce Psaume, et dont plusieurs furent prononcées par notre Seigneur lui-même, dans les jours de sa chair. Il vivait de la Parole. Elle était la nourriture de son âme, l’instrument de son ministère, son autorité en toutes choses. C’est par elle qu’il était victorieux de Satan, qu’il réduisait au silence les sadducéens, les pharisiens et les hérodiens. C’est par la Parole qu’il enseignait ses disciples, et c’est à elle qu’il recommanda ses serviteurs au moment de monter au ciel.
Quelle place cela donne à l’Écriture Sainte, lorsque nous nous souvenons que le précieux volume inspiré est sous-entendu dans chacune des sentences de cet admirable Psaume! Le Seigneur en appelle en toute occasion à la Parole, comme à une autorité divine et irrévocable. Quoiqu’il fût lui-même Dieu et l’Auteur du volume, cependant, ayant pris sa place comme homme sur la terre, il démontre constamment que c’est le devoir absolu et le privilège sacré de l’homme de vivre de la parole de Dieu, et de se soumettre à son autorité divine.
N’y a-t-il pas là une réponse bien claire à cette question si souvent faite par l’incrédulité: «Comment saurons-nous que la Bible est la parole de Dieu?» Si nous croyons réellement en Christ, si nous le reconnaissons comme Fils de Dieu, Dieu manifesté en chair, vrai Dieu et vrai homme, nous ne pouvons ne pas admettre la force morale du fait que cette Personne divine en appelle constamment aux Écritures, — Moïse, les prophètes et les Psaumes, — comme à une loi divine. Ne savait-il pas que c’était la parole de Dieu? En tant que Dieu, il l’avait dictée; en tant qu’homme, il la recevait, il en vivait et en reconnaissait l’autorité supérieure en toutes choses.
Quelle leçon et quel reproche pour l’église professante et pour tous ces docteurs et écrivains soi-disant chrétiens, qui ont eu l’audace d’attaquer la grande vérité fondamentale de l’inspiration des Écritures en général, et celle des cinq livres de Moïse en particulier! Qu’il est terrible d’entendre des hommes qui enseignent dans l’Église de Dieu, oser appeler apocryphes les pages que notre Seigneur et Maître recevait et reconnaissait comme étant divines!
Et pourtant on voudrait nous faire croire que tout va progressant! Les absurdités dégradantes du ritualisme et les raisonnements blasphématoires de l’incrédulité se multiplient rapidement autour de nous. Là même où ces influences ne dominent pas directement, on ne voit que froide indifférence, amour de ses aises, égoïsme, mondanité, tout en un mot, sauf les preuves d’un progrès spirituel. Si les masses ne sont pas entraînées par l’incrédulité d’un côté, ou par le ritualisme de l’autre, c’est en grande partie parce qu’elles sont trop occupées de leurs plaisirs et de leurs gains pour penser à autre chose. Quant à la religion du jour, si vous en retranchez l’argent et la musique, il ne vous restera pas grand-chose.
L’observation et l’expérience montrent donc avec évidence que les choses sont loin de progresser; les preuves du contraire sont en si grand nombre, que croire encore à cette théorie est le fait d’une étonnante crédulité.
Quelques-uns diront peut-être que nous ne devons pas juger d’après ce que nous voyons; qu’il faut toujours espérer. Cela est vrai, pourvu que notre espoir soit fondé sur une parole divine. Si l’on peut nous montrer une seule ligne de l’Écriture qui prouve que le système actuel sera marqué par une amélioration générale dans la religion, la politique, la morale ou la société, alors espérons, même contre espérance. Une seule parole inspirée est suffisante pour former la base d’une espérance qui élèvera le cœur au-dessus des circonstances les plus sombres et les plus décourageantes.
Mais où trouverons-nous cette parole? Nulle part. Le témoignage de la Bible, du commencement à la fin, l’enseignement constant de la Sainte Écriture, la voix des prophètes et des apôtres, tous à l’unisson s’accordent à prouver que l’état actuel des choses empirera rapidement jusqu’à ce que les brillants rayons de la gloire millénaire viennent réjouir la terre oppressée. Il faut, avant cela, que l’épée du jugement accomplisse son œuvre terrible. Si nous voulions citer les passages à l’appui de cette assertion, nous remplirions un volume, car ils forment une large portion des écrits prophétiques de l’Ancien et du Nouveau Testament.
C’est ce que nous n’essaierons pas de faire. Le lecteur a sa Bible devant lui; qu’il l’étudie, en mettant de côté toutes ses idées préconçues selon les enseignements généralement admis dans la chrétienté, ainsi que la phraséologie du monde religieux, avec tous les dogmes des écoles de théologie; s’il vient avec la simplicité d’un petit enfant à la pure source de la Sainte Écriture, le résultat de ses recherches sera une conviction claire et certaine que le monde ne se convertira point par les moyens employés jusqu’ici; enfin que ce ne sera pas l’Évangile de paix, mais la verge de la destruction qui préparera la terre pour la gloire millénaire.
Qu’on ne pense pas, néanmoins, que nous désapprouvons le bien qui se fait. Au contraire, nous en bénissons Dieu, et nous nous réjouissons du moindre effort tenté pour répandre le précieux Évangile de la grâce de Dieu; nous rendons grâces pour chaque âme amenée dans le cercle béni du salut de Dieu. Nous sommes heureux à la pensée que quatre-vingt-cinq millions de Bibles sont répandues sur la terre. Qui pourrait calculer les effets qu’elles peuvent produire, ou même celui d’un seul exemplaire? Nous accompagnons de nos meilleurs vœux tous les pieux missionnaires qui portent la bonne nouvelle du salut dans les ruelles de Londres, ou jusqu’aux confins les plus éloignés de la terre.
Cependant nous ne sommes pas de ceux qui croient à la conversion du monde par les moyens employés maintenant. L’Écriture nous dit que ce sera lorsque les jugements de Dieu seront sur la terre, que les peuples apprendront la justice.
Ce seul texte inspiré devrait suffire pour prouver que ce n’est point par l’Évangile que le monde doit être converti; des centaines d’autres tiennent le même langage et enseignent la même vérité. Ce n’est point par la grâce, mais par le jugement, que les habitants de la terre apprendront la justice (Ésaïe 26:8, 9).
Quel est donc le bût de l’Évangile? S’il ne doit pas convertir le monde, pourquoi donc le prêche-t-on? L’apôtre Jacques, dans son discours au concile assemblé à Jérusalem, répond d’une manière directe à cette question. Il dit: «Siméon a raconté comment Dieu a premièrement visité les nations». — Dans quel but? Était-ce pour les convertir toutes? Bien au contraire: «Pour en tirer un peuple pour son nom» (Actes 15:13). Rien ne saurait être plus clair. Ces paroles nous montrent quel devrait être le but de tous les efforts missionnaires, savoir: «de tirer (d’entre les nations) un peuple pour Son nom».
Combien n’est-il pas important de se souvenir de cela, et d’avoir toujours un but utile et réel devant nous en tout ce que nous entreprenons. À quoi sert de travailler pour un faux but? Ne vaut-il pas bien mieux agir d’accord avec Dieu? Les efforts du missionnaire seront-ils arrêtés ou même ralentis, parce qu’il sait quelles sont les pensées de Dieu à l’égard de son œuvre? Assurément non. Supposons deux missionnaires partant pour quelque mission lointaine. L’un a pour but la conversion du monde; l’autre celui d’en tirer un peuple pour Dieu. Ce dernier sera-t-il, à cause de son but, moins dévoué, moins énergique, moins enthousiaste que le premier? Bien au contraire; le fait même qu’il est dans le courant des pensées de Dieu, donnera de la puissance et de la stabilité à ses efforts, et fortifiera son cœur au milieu des difficultés et des obstacles qui l’entourent.
Il est parfaitement évident que les apôtres de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ n’avaient pas en vue la conversion du monde, lorsqu’ils partirent pour leur œuvre d’évangélisation: «Allez dans tout le monde, et prêchez l’Évangile à toute la création. Celui qui aura cru, et qui aura été baptisé, sera sauvé; et celui qui n’aura pas cru, sera condamné».
Ces paroles s’adressaient aux douze. Le monde devait être leur sphère d’activité. Leur message s’adressait à toute la création, mais son application n’était que pour ceux qui avaient cru. C’était avant tout une affaire individuelle. La conversion du monde ne devait point être leur but; elle sera opérée par des moyens entièrement différents, après que l’œuvre actuelle de Dieu par l’Évangile aura eu pour résultat le rassemblement d’un peuple pour le ciel. Le Saint Esprit descendit du ciel le jour de la Pentecôte, non pas pour convertir le monde, mais pour le «convaincre» (éléghxo), c’est-à-dire le convaincre du péché d’avoir rejeté le Fils de Dieu1. L’effet de sa présence était de montrer que le monde était coupable; le grand but de sa mission était de former un corps composé de croyants tirés d’entre les Juifs et les gentils. Or, c’est de ceci qu’il s’occupe depuis plus de dix-huit cents ans. Tel est le «mystère» dont l’apôtre Paul fut fait ministre, et qu’il explique et développe d’une manière si bénie dans son épître aux Éphésiens. Si l’on comprend bien la vérité exposée dans cette épître, il est impossible de ne pas voir que la conversion du monde et la formation du corps de Christ sont deux choses totalement différentes, qui ne sauraient marcher de front.
1 Appliquer le passage de Jean 16:8-11, à l’œuvre de l’Esprit dans les individus, est une grave erreur, à nos yeux. Il fait allusion à l’effet de sa présence et de toute son action sur la terre, par rapport au monde en général. Son œuvre dans l’âme est une précieuse vérité mais ce n’est point cette vérité qui est enseignée dans ce passage.
Le lecteur verra par des passages tels que Éph. 3:1-10; Col. 1:23-29 et par d’autres encore, quel était le but spécial du ministère de Paul. Il n’avait assurément pas en vue la conversion du monde. Il est vrai qu’il prêchait l’Évangile dans toute sa puissance, soit «depuis Jérusalem, et tout alentour, jusqu’en Illyrie» (Rom. 15:19), soit «parmi les nations» (Éph. 3:8); mais ce n’était point dans le but de convertir le monde. Il savait et enseignait que le monde mûrissait rapidement pour le jugement, que «les hommes méchants et les imposteurs iraient de mal en pis» (2 Tim. 3:13), que «aux derniers temps quelques-uns apostasieraient de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs et à des enseignements de démons, disant des mensonges par hypocrisie, ayant leur propre conscience cautérisée, défendant de se marier, prescrivant de s’abstenir des viandes que Dieu a créées pour être prises avec actions de grâces par les fidèles et par ceux qui connaissent la vérité».
Plus loin il dit que «dans les derniers jours» — plus tard encore que «les derniers temps» — «il surviendra des temps fâcheux» (ou difficiles), «car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, sans piété, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs, incontinents, cruels, n’aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d’orgueil, amis des voluptés, plutôt qu’amis de Dieu, ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance» (comparez 1 Tim. 4:1-3, avec 2 Tim. 3:1-5).
Ce tableau nous reporte à la fin du premier chapitre de l’épître aux Romains, où la même plume inspirée nous dépeint les mœurs du paganisme, mais avec cette différence terrible, que, dans la seconde épître à Timothée, il ne s’agit plus du paganisme, mais de la chrétienté qui a «une forme de piété».
Telle sera la fin de l’état de choses actuel! Serait-ce là le monde converti, dont on parle tant? Hélas! il s’élève de tous côtés des faux prophètes. On crie paix, paix! quand il n’y a point de paix. On essaie de raffermir les murs croulants de la chrétienté avec un mortier sans consistance.
Tout cela n’empêchera point le jugement qui est à la porte. L’église professante a honteusement failli; elle s’est éloignée de la parole de Dieu et s’est rebellée contre l’autorité de son Seigneur. Il n’y a pas le moindre rayon d’espoir pour elle. De toutes les pages de l’histoire de la création de Dieu, c’est elle qui présente le plus sombre tableau.
Le même apôtre que nous avons déjà si souvent cité, nous dit que «le mystère d’iniquité opère déjà», par conséquent, il opère maintenant depuis plus de dix-huit siècles. «Seulement celui qui retient maintenant, le fera jusqu’à ce qu’il soit loin. Et alors sera révélé l’inique, que le Seigneur Jésus consumera par l’apparition de sa venue; duquel la venue est selon l’opération de Satan en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice» (2 Thess. 2:7-12).
Qu’il est terrible le sort de la chrétienté, en dépit des rêves de ces faux prophètes, qui parlent aux âmes du «beau côté des choses». Grâce à Dieu, il y a un beau côté pour tous ceux qui appartiennent à Christ. L’apôtre peut s’adresser à ceux-là avec des paroles joyeuses et encourageantes: «Mais nous, nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, dans la sainteté de l’Esprit et la foi de la vérité, à quoi il vous a appelés par notre Évangile pour que vous obteniez la gloire de notre Seigneur Jésus Christ» (2 Thess. 2:13, 14).
Voilà quelle est la vraie espérance de l’Église de Dieu, espérance qu’il voudrait toujours voir luire dans les cœurs de ses bien-aimés enfants avec une puissance purifiante et sanctifiante.
Satan a ravi à l’Église son espérance divine, et lui a donné à la place une illusion, un mensonge. Au lieu d’attendre «l’Étoile brillante du matin», il l’a conduite à espérer la conversion du monde — un millénium sans Christ. Il a réussi à jeter sur l’avenir un voile tel, que l’Église a complètement perdu sa route. Elle ne sait plus où elle en est. Semblable à un vaisseau ballotté sur l’océan en tourmente, n’ayant ni gouvernail, ni boussole, n’apercevant ni soleil, ni étoiles. Tout est ténèbres et confusion!
D’où cela vient-il? De ce que l’Église a perdu de vue les précieuses promesses de son Seigneur, et accepté à la place ces croyances et ces traditions humaines qui embrouillent et mutilent la vérité de Dieu, au point que les chrétiens ne savent plus quelle est leur vraie position ni leur espérance.
Et cependant, ils ont la Bible entre les mains. Cela est vrai, mais les Juifs l’avaient aussi, et néanmoins ils rejetèrent Celui qui est le grand sujet de la Bible, du commencement à la fin. C’était là l’inconséquence morale que notre Seigneur leur reprochait au chap. 5 de Jean, vers. 39: «Sondez les Écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi — et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie».
Et pourquoi cela? Simplement parce que leurs cœurs étaient aveuglés par des préjugés religieux. Ils étaient sous l’influence de doctrines et de commandements d’hommes. Par conséquent, bien qu’ils eussent les Écritures et s’en vantassent, ils en étaient aussi ignorants et se laissaient aussi peu diriger par elles, que les pauvres païens qui les entouraient. Une chose est d’avoir la Bible entre nos mains, dans nos demeures et dans nos assemblées, et autre chose d’avoir les vérités de la Bible agissant dans nos cœurs et nos consciences, et se montrant dans nos vies.
Prenons pour exemple le sujet qui vient de nous entraîner dans cette longue digression. Y a-t-il, dans le Nouveau Testament, rien de plus clairement démontré que ceci, savoir que la fin de l’état de choses actuel sera une terrible apostasie et une révolte complète contre Dieu et contre l’Agneau? Les évangiles, les épîtres, l’Apocalypse, s’accordent à proclamer cette si solennelle vérité avec tant de clarté et de simplicité qu’un nouveau-né en Christ peut la saisir.
Et cependant, combien peu la reçoivent. La grande majorité croit exactement le contraire. On s’imagine que toutes les nations seront converties par le concours des divers moyens à l’œuvre actuellement. Mais alors, comment interprète-t-on les paraboles de notre Seigneur en Matt. 13, l’ivraie, le levain et le grain de moutarde? Comment s’accordent-elles avec l’idée d’un monde converti? Si le monde entier doit être converti par la prédication de l’Évangile, comment l’ivraie sera-t-elle trouvée dans le champ à la fin? Comment y aura-t-il autant de vierges folles que de sages, lorsque l’Époux arrivera? Si le monde entier doit être converti par l’Évangile, sur qui donc «le jour du Seigneur viendra-t-il comme un larron dans la nuit?» Et que signifient ces terribles paroles: «Quand ils diront: paix et sûreté, une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point»? Quelle serait l’application, quelle serait la force morale du chap. 1 de l’Apocalypse, si l’on espère la conversion du monde? «Voici, il vient avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui». Où trouverait-on toutes ces tribus malheureuses, si la terre entière avait été convertie?
Lecteur, n’est-il pas clair comme le jour, que les deux choses ne peuvent aller ensemble? N’est-il pas évident que la théorie d’un monde converti par l’Évangile est diamétralement opposée à l’enseignement du Nouveau Testament tout entier? Comment se fait-il donc que la grande majorité des chrétiens professants persistent à y croire? Il n’y a qu’une réponse: c’est qu’ils ne se soumettent pas à l’autorité de l’Écriture. Cela est fort triste à dire; mais, hélas! ce n’est que trop vrai. La Bible est lue dans la chrétienté, mais loin de croire aux vérités de la Bible, on les repousse obstinément, malgré l’axiome si fréquemment répété: «La Bible, et la Bible seule est la religion des protestants».
Là se trouve la cause réelle de toute la confusion, de toutes les erreurs, de tout le mal au milieu de nous. Nous nous sommes détournés de la parole du Seigneur et de Lui-même. Aussi longtemps que cela ne sera pas reconnu, senti et confessé, nous ne pourrons marcher droit. Le Seigneur exige et recherche une vraie repentance, une réelle contrition de cœur: «Je regarderai à l’affligé, et à celui qui a l’esprit contrit, et qui tremble à ma parole» (És. 66:2).
Cela est vrai en tout temps. Il n’y a pas de bornes à la bénédiction pour l’âme qui se trouve dans cette attitude bénie. Dieu veut des réalités. Il ne s’agit pas de dire, qu’on est «affligé et contrit», il faut l’être. C’est une chose individuelle. «Je regarderai à celui».
Oh veuille le Seigneur, dans sa grâce infinie, amener chacun d’entre nous, à un vrai jugement de lui-même, à la lumière de sa Parole! Puissent nos oreilles être ouvertes pour entendre sa voix Puissent nos cœurs se tourner en réalité vers Lui et vers sa Parole! Puissions-nous, une fois pour toutes, nous détourner fermement de tout ce qui ne s’appuie pas sur l’Écriture! C’est, nous n’en saurions douter, ce que notre Seigneur attend de ceux qui lui appartiennent au milieu des ruines de la chrétienté.