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Bible Commentaries
Deutéronome 16

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versets 1-22

Nous arrivons maintenant à l’une des parties les plus profondes et les plus étendues du livre du Deutéronome. L’écrivain inspiré nous y présente ce qu’on peut appeler les trois grandes fêtes principales de l’année juive, savoir: la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tabernacles, ou la Rédemption, le Saint Esprit et la gloire. Nous avons ici une vue plus restreinte de ces belles institutions que celle qui est donnée dans le Lévitique (chap. 23), où l’on compte avec le sabbat, huit fêtes; mais si nous considérons le sabbat à part, comme étant le type du repos éternel de Dieu, il y a sept fêtes, savoir: la Pâque, la fête des pains sans levain, la fête des premiers fruits, la Pentecôte, la fête des trompettes, le jour des propitiations, et la fête des Tabernacles.

Tel est l’ordre des fêtes dans le livre du Lévitique qui, comme nous l’avons remarqué dans nos études sur ce Livre, peut être appelé «le guide du sacrificateur». Mais dans le Deutéronome, qui est surtout le Livre du peuple, nous avons moins de détails rituels, et le législateur se borne à ces grands traits moraux et nationaux, qui s’adaptent au peuple et présentent de la manière la plus simple le passé, le présent et l’avenir.

«Garde le mois d’Abib, et fais la pâque à l’Éternel, ton Dieu; car au mois d’Abib, l’Éternel, ton Dieu, t’a fait sortir, de nuit, hors d’Égypte. Et sacrifie la pâque à l’Éternel, ton Dieu, du menu et du gros bétail, au lieu que l’Éternel aura choisi pour y faire habiter son nom. Tu ne mangeras pas avec elle de pain levé; pendant sept jours tu mangeras avec elle des pains sans levain, pains d’affliction, parce que tu es sorti en hâte du pays d’Égypte, afin que, tous les jours de ta vie, tu te souviennes du jour de ta sortie du pays d’Égypte. Et il ne se verra pas de levain chez toi, dans toutes tes limites, pendant sept jours; et de la chair que tu sacrifieras le soir du premier jour, rien ne passera la nuit jusqu’au matin. — Tu ne pourras pas sacrifier la pâque dans l’une de tes portes, que l’Éternel, ton Dieu, te donne; mais au lieu que l’Éternel, ton Dieu, aura choisi pour y faire habiter son nom, là tu sacrifieras la pâque, le soir, au coucher du soleil, au temps où tu sortis d’Égypte; et tu la cuiras et la mangeras au lieu que 1’Éternel, ton Dieu, aura choisi; et le matin tu t’en retourneras, et tu t’en iras dans tes tentes. Pendant six jours tu mangeras des pains sans levain; et, le septième jour, il y aura une fête solennelle à l’Éternel, ton Dieu tu ne feras aucune œuvre» (vers. 1-8).

Ayant donné beaucoup de détails sur les grands principes de cette fête fondamentale, dans nos «Notes sur l’Exode», nous devons y renvoyer le lecteur s’il désire étudier le sujet. Mais il y a certains traits particuliers au Deutéronome sur lesquels nous sentons de notre devoir d’attirer l’attention. Et d’abord, remarquons le soin mis ici à spécifier le «lieu» où la fête devait se célébrer. L’importance pratique en est grande. Le peuple ne devait pas choisir le lieu lui-même. Au point de vue humain, il pouvait sembler assez peu important de savoir où et comment la fête devait être célébrée, pourvu qu’elle le fût. Mais que le lecteur réfléchisse sérieusement et pèse mûrement la chose, et il se convaincra qu’un jugement d’homme n’était d’aucun poids dans l’affaire; il s’agissait de pensée et d’autorité divines. Dieu avait le droit de prescrire et de décider où il voulait rencontrer son peuple, et c’est ce qui nous est démontré dans le passage cité plus haut, où trois fois il répète ces mots «Au lieu que l’Éternel, ton Dieu, aura choisi».

Est-ce une vaine répétition? Que personne ne soit assez téméraire pour le penser, encore moins pour l’affirmer. La chose est tout à fait nécessaire. Et pourquoi? À cause de notre ignorance, de notre indifférence et de notre volonté propre. Dieu, dans sa bonté infinie, prend un soin spécial à graver sur le cœur, la conscience et l’intelligence de son peuple, qu’il voulait avoir un lieu particulier où la mémorable et importante fête de la pâque devait être célébrée.

Remarquons que c’est seulement dans le Deutéronome qu’il est insisté sur le lieu de la célébration. Nous n’avons rien de cela dans l’Exode, parce que là on la célébrait en Égypte; il n’en est pas fait mention dans les Nombres, parce que là elle était célébrée dans le désert. Mais, dans le Deutéronome, tout est établi avec autorité et d’une manière définie, parce que ce livre renferme les instructions qui convenaient au peuple fixé dans le pays. C’est une autre preuve frappante que le Deutéronome est très loin de n’être qu’une répétition stérile des livres précédents.

La raison capitale pour laquelle il est si fortement insisté sur «le lieu», dans les trois grandes solennités rapportées dans notre chapitre, est celle-ci, que Dieu voulait rassembler autour de Lui-même le peuple qu’il aimait, afin qu’ils pussent faire la fête ensemble en sa présence, que Lui pût se réjouir en eux, et eux en Lui, et les uns dans les autres, ce qui ne pouvait se faire qu’au lieu désigné de Dieu. Tous ceux qui désiraient s’approcher de l’Éternel et rencontrer son peuple, tous ceux qui désiraient un culte et une communion selon Dieu, se rendaient avec reconnaissance au centre choisi de Dieu. Quelqu’un aurait pu dire: «Ne puis-je pas faire la fête au sein de ma famille? Quelle est la nécessité de ce long voyage? Lorsqu’il y a sincérité de cœur, le lieu importe peu. La seule réponse est que la preuve la meilleure et la plus claire de droiture de cœur sera le désir simple et sérieux de faire la volonté de Dieu. Il suffisait à celui qui aimait et craignait Dieu de savoir que Dieu avait désigné un lieu où il se trouverait avec son peuple; c’est là que toute âme droite voulait se rendre. Sa présence seule pouvait procurer joie, force et bénédiction, à toutes les grandes réunions nationales. Ce n’était pas le simple fait de se réunir en très grand nombre, trois fois l’an, pour faire la fête et se réjouir ensemble, ce qui aurait pu favoriser l’orgueil humain, la satisfaction propre et l’excitation. Non, mais se réunir pour rencontrer l’Éternel, s’assembler devant Lui, au lieu qu’il avait choisi pour faire habiter son Nom, était une joie profonde pour tout cœur vrai et loyal dans les douze tribus d’Israël. Celui qui volontairement serait resté à la maison, ou serait allé ailleurs qu’à l’endroit désigné par l’Éternel, n’aurait pas seulement négligé et insulté son Nom, mais aurait fait acte de rébellion contre son autorité suprême.

Après avoir parlé brièvement du lieu de la fête, jetons un coup d’œil sur la manière de la célébrer. Là aussi, comme on pouvait s’y attendre, nous trouverons ce qui caractérise notre Livre. Le trait principal ici est «les pains sans levain»; mais le lecteur remarquera le fait intéressant que ce pain est appelé «le pain d’affliction». Pourquoi cette désignation? Nous comprenons tous que le pain sans levain est le type de cette sainteté de cœur et de vie si absolument essentiels à la jouissance d’une vraie communion avec Dieu. Nous ne sommes pas sauvés par une sainteté personnelle; mais, grâces à Dieu, nous sommes sauvés pour la sainteté. Elle n’est pas le fondement de notre salut, mais un élément essentiel à notre communion. Le levain toléré est le coup de mort de la communion et du culte.

Nous ne devons jamais, un seul moment, perdre de vue ce grand principe, dans la vie de sainteté personnelle et de piété pratique que nous sommes tenus et qu’il est notre privilège, comme rachetés par le sang de l’Agneau, de mener de jour en jour, au milieu de la scène et des circonstances que nous traversons dans notre pèlerinage vers le ciel, notre repos éternel. Parler de communion et de culte, tandis qu’on vit dans un péché connu, est la triste preuve que nous ne connaissons rien de ces deux choses. Pour jouir de la communion avec Dieu, ou de la communion des saints, pour adorer Dieu en esprit et en vérité, il faut vivre d’une vie de sainteté personnelle, d’une vie de séparation d’avec tout mal connu. Prendre notre place dans l’assemblée du peuple de Dieu, et avoir l’air de participer à la communion et au culte qui lui appartiennent, tout en vivant dans un péché secret, ou en tolérant le mal chez les autres, c’est souiller l’assemblée, contrister le Saint Esprit, pécher contre Christ, et attirer sur soi le jugement de Dieu, qui juge maintenant sa maison et châtie ses enfants, afin qu’ils ne soient pas condamnés avec le monde.

Cela est bien solennel et appelle la sérieuse attention de tous ceux qui désirent réellement marcher avec Dieu, et le servir avec révérence et avec crainte. Autre chose est d’avoir saisi, par l’intelligence, la doctrine qu’enseigne le type, ou d’avoir sa grande leçon morale gravée dans le cœur et pratiquée dans la vie. Puissent tous ceux qui professent avoir leur conscience purifiée par le sang de l’Agneau, chercher à observer la fête des pains sans levain. «Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever la pâte tout entière? Ôtez le vieux levain, afin que vous soyez une nouvelle pâte, comme vous êtes sans levain. Car aussi notre pâque, Christ, a été sacrifiée; c’est pourquoi célébrons la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec des pains sans levain de sincérité et de vérité» (1 Cor. 5:6-8).

Mais que devons-nous comprendre par cette expression: «les pains d’affliction?» Ne penserions-nous pas que les chants de joie, de louange, et de triomphe, seraient mieux en rapport avec une fête commémorative de la délivrance de l’esclavage et du joug des Égyptiens? Sans doute, et il y a, en effet, un sujet de profonde et réelle joie, de reconnaissance et de louange, lorsque nous réalisons la vérité bénie d’une pleine délivrance de notre condition première avec toutes ses conséquences. Mais on voit très clairement que tels n’étaient pas les traits dominants de la fête pascale, puisqu’ils ne sont pas même nommés. Nous avons «les pains d’affliction», mais pas un mot de joie, de louange, ou de triomphe.

Pourquoi donc? Quelle est la grande leçon morale donnée à nos cœurs par ces «pains d’affliction?» Nous croyons qu’il y a là une figure de ces profonds exercices de cœur que le Saint Esprit produit, en nous représentant avec puissance ce qu’il en a coûté à notre adorable Seigneur et Sauveur pour nous délivrer de nos péchés et du jugement que ces péchés méritaient. Nous avons aussi un type de ces exercices d’âme, dans «les herbes amères» d’Exode 12, et on en voit de nombreux exemples dans l’histoire des enfants d’Israël qui étaient amenés, par l’action puissante de la Parole et de l’Esprit de Dieu, à se châtier eux-mêmes et à «affliger leurs âmes» en présence de Dieu.

Qu’il nous souvienne aussi que dans ces saints exercices, il n’y a pas de vestige d’élément légal, ou d’incrédulité; loin de là. Quand un Israélite mangeait des pains d’affliction avec la chair rôtie de l’agneau de pâque, cela exprimait-il le moindre doute ou la moindre crainte quant à son entière délivrance? Assurément non. Il était dans le pays; il se réunissait avec ses frères au lieu même désigné par Dieu, en sa propre présence; comment aurait-il pu douter de son entière délivrance du pays d’Égypte?

Mais bien qu’il n’eût ni doute, ni crainte quant à sa délivrance, il devait manger les pains d’affliction; c’était l’élément essentiel de la fête pascale: «Parce que tu es sorti en hâte du pays d’Égypte, afin que, tous les jours de ta vie, tu te souviennes du jour de ta sortie du pays d’Égypte» (vers. 3).

C’était une œuvre très profonde et très réelle. Les Israélites ne devaient jamais oublier leur sortie du pays d’Égypte, mais en garder le souvenir, dans la terre promise, à travers toutes les générations. Ils devaient faire la commémoration de leur délivrance par une fête, emblème de ces saints exercices qui caractérisent toujours la vraie piété chrétienne.

Nous désirons appeler la sérieuse attention du lecteur chrétien sur l’ensemble de la vérité indiquée par «les pains d’affliction». Cela est très nécessaire pour ceux qui professent être versés dans ce qu’on appelle la doctrine de la grâce. Les jeunes chrétiens surtout courent grand risque, en cherchant à éviter le légalisme et l’esprit de servitude, de se jeter dans l’extrême opposé, le relâchement — ce piège terrible. Les chrétiens âgés et expérimentés ne sont, pas si exposés à tomber dans ce triste mal; ce sont les jeunes gens qui, parmi nous, ont un si grand besoin d’être solennellement avertis.

Ils entendent beaucoup parler du salut par grâce, de justification par la foi, d’affranchissement de la loi, et de tous les privilèges particuliers à la position chrétienne. Il est à peine nécessaire de dire que toutes ces choses sont d’une importance capitale, et qu’il est impossible d’en entendre trop parler. Des milliers de chers enfants de Dieu restent jour après jour dans les ténèbres, le doute et une servitude légale, par ignorance de ces grandes vérités fondamentales.

Mais, d’un autre côté, combien y en a-t-il qui ont saisi par l’intelligence les principes de la grâce et qui, à en juger par leurs habitudes, leurs manières, leur genre de vie, connaissent bien peu la puissance sanctifiante de ces grands principes, leur influence dans le cœur et dans la vie!

Pour en revenir à la doctrine de la fête pascale, il n’eût pas été selon la pensée de Dieu que quelqu’un essayât de célébrer la fête sans les pains sans levain, «les pains d’affliction». Une telle chose n’aurait pas été tolérée en Israël. C’était un ingrédient absolument essentiel. Soyons donc assurés que, pour nous aussi, chrétiens, une partie intégrale de la fête que nous sommes appelés à célébrer, est de cultiver la sainteté personnelle et cette condition d’âme si bien exprimée par «les herbes amères» d’Exode 12, ou par «les pains d’affliction» du Deutéronome, et dont ces derniers paraissent être la figure permanente pour le pays. Nous avons grand besoin de ces sentiments, de ces affections spirituelles, de ces profonds exercices d’âme que le Saint Esprit produit en révélant à nos cœurs les souffrances de Christ, — ce qu’il Lui en a coûté pour effacer nos péchés, ce qu’il a enduré pour nous, lorsque les flots et les vagues de la juste colère de Dieu contre nos péchés, ont passé sur Lui. Nous manquons malheureusement beaucoup (s’il est permis de parler pour d’autres) de cette profonde contrition qui provient d’un cœur occupé spirituellement des souffrances et de la mort de notre précieux Sauveur. Autre chose est d’avoir la conscience purifiée par le sang de Christ, autre chose d’avoir la mort de Christ appliquée spirituellement au cœur, et la croix de Christ appliquée d’une manière pratique à tout le cours et le caractère de notre vie.

Comment se fait-il que nous puissions Si légèrement commettre des péchés en pensées, en paroles et en actes? Comment peut-il y avoir tant de légèreté, d’insoumission, d’indulgence pour soi-même, tant d’aises charnelles, tant de ce qui est superficiel et frivole? N’est-ce pas parce que la chose dont «les pains d’affliction» sont le type, manque dans nos fêtes? Nous n’en saurions douter. Nous craignons qu’il n’y ait un manque déplorable de profondeur et de sérieux dans notre christianisme. On parle et l’on discute trop sur les profonds mystères de la foi chrétienne; il y a trop de connaissance intellectuelle sans puissance intérieure.

Nous devons apporter à cela la plus sérieuse attention. Nous ne pouvons nous empêcher de penser qu’une des causes de ce triste état de choses ne soit une certaine manière de prêcher l’évangile, suivie, sans doute, avec les meilleures intentions, mais qui n’en est pas moins pernicieuse dans son effet moral. C’est très bien de prêcher le simple évangile; il ne peut être plus simplement proposé que Dieu ne l’a fait par son Saint Esprit dans l’Écriture. Mais nous sommes persuadés qu’il y a une défectuosité très grave dans le genre de prédication dont nous parlons. Elle manque de profondeur spirituelle, de sainte gravité. Dans l’effort fait pour combattre le légalisme, il y a une tendance au relâchement. Or si le légalisme est un grand mal, le relâchement en est un encore plus grand. Il importe de se tenir en garde contre ces deux formes de mal. La grâce est le remède contre le premier, et la vérité contre le dernier; mais la sagesse et l’intelligence spirituelles sont nécessaires pour nous rendre capables de maintenir les deux à leur place et les appliquer convenablement. Si, par exemple, nous rencontrons une âme profondément exercée sous l’action puissante de la vérité, travaillée par le ministère du Saint Esprit, il s’agit dans ce cas de verser les consolations de la pure et précieuse grâce de Dieu, telle qu’elle est déployée dans le sacrifice divinement efficace de Christ. Voilà le remède divin pour un cœur brisé, un esprit contrit, une conscience convaincue de péché. Lorsqu’un sillon profond a été creusé par le soc spirituel, il ne nous reste qu’à y jeter la semence incorruptible de l’évangile de Dieu, avec l’assurance qu’elle y germera et portera du fruit en sa saison.

Mais, d’un autre côté, Si nous voyons une personne sans sérieux et n’annonçant en rien un cœur brisé, parler avec emphase de la grâce, en s’élevant hautement contre le légalisme, et en cherchant d’une manière tout humaine à montrer un moyen facile d’être sauvé; c’est le cas d’appliquer solennellement la vérité au cœur et à la conscience.

Nous craignons qu’il n’y ait beaucoup de ce dernier élément dans l’église professante. Pour parler le langage de notre type, il y a une tendance à séparer la pâque de la fête des pains sans levain, c’est-à-dire à se reposer sur le fait qu’on est délivré du jugement, et à oublier l’agneau rôti, les pains de sainteté, et les pains d’affliction. En réalité, ces choses ne peuvent être séparées, puisque Dieu les a réunies; c’est pourquoi nous ne pouvons croire qu’une âme puisse réellement jouir de la précieuse vérité que «notre pâque, Christ, a été sacrifiée», et ne pas chercher à célébrer «la fête avec des pains sans levain de sincérité et de vérité». Quand le Saint Esprit déploie devant nos cœurs quelque chose de la profonde bénédiction, du prix et de l’efficace de la mort de notre Seigneur Jésus Christ, il nous amène à méditer sur le mystère de ses souffrances, à repasser dans nos cœurs tout ce par quoi il a dû passer pour nous, tout ce qu’Il Lui en a coûté pour nous sauver des conséquences éternelles du péché auquel, hélas! nous nous laissons aller si souvent avec légèreté. Or c’est là un travail très profond et saint, qui conduit l’âme à ces exercices dont «les pains d’affliction», dans la fête des pains sans levain, étaient l’image. Il y a une grande différence entre les sentiments que nous éprouvons en nous occupant de nos péchés, et ceux qui proviennent de la vue des souffrances de Christ pour ôter ces péchés.

Nous ne pouvons, il est vrai, jamais oublier nos péchés, et la profondeur de l’abîme d’où nous avons été tirés; mais c’est une chose de considérer l’abîme, et une autre bien différente et plus profonde de penser à la grâce qui nous en a retirés, et à tout ce qu’il en a coûté à notre précieux Sauveur. C’est de cela surtout qu’il nous est si nécessaire de garder continuellement le souvenir dans nos cœurs. Nous sommes si légers, si prompts à oublier!

Nous avons bien besoin de regarder à Dieu, et de lui demander instamment de nous rendre capables d’entrer plus profondément et d’une manière plus pratique dans les souffrances de Christ, et d’appliquer la croix à tout ce qui en nous Lui est contraire. C’est ce qui donnera plus de profondeur à notre piété, plus de délicatesse à nos consciences, ce qui produira une aspiration intense vers la sainteté de cœur et de vie, une séparation pratique d’avec le monde, en toutes choses, une sainte soumission, une vigilance jalouse sur nous-mêmes, nos pensées, nos paroles, nos voies, en un mot sur toute notre conduite dans la vie journalière. Combien cela donnerait au christianisme un caractère différent de celui que nous voyons autour de nous, et qu’hélas! nous montrons dans notre propre histoire personnelle! Puisse l’Esprit de Dieu, par son ministère direct et puissant, nous faire toujours mieux comprendre ce que signifient «l’agneau rôti», «les pains sans levain», et «les pains d’affliction»1.

1 Le lecteur trouvera des remarques plus détaillées sur la pâque et la fête des pains sans levain, dans les Notes sur l’Exode 12 et Nombres 9. Dans ce dernier chapitre particulièrement, il verra le rapport qui existe entre la pâque et la cène, sujet du plus profond intérêt et d’une immense importance pratique. La pâque anticipait la mort de Christ; la cène la rappelle. Ce que la pâque était pour l’Israélite fidèle, la cène l’est pour l’Église. Si ces vérités étaient mieux comprises, cela aiderait à combattre le relâchement, l’indifférence et l’erreur, qui dominent maintenant quant à la table et à la cène du Seigneur.

Il doit paraître étrange à celui qui vit habituellement dans la sainte atmosphère des Écritures, de voir la confusion de pensées et la diversité de pratique à l’égard de ce sujet si important, présenté d’une manière si claire et si simple dans la parole de Dieu.

Il ne peut être mis en question par quiconque s’incline devant l’Écriture, que les apôtres et l’Église primitive se réunissaient le premier jour de la semaine pour rompre le pain. Il n’y a pas même une ombre de fondement dans le Nouveau Testament à vouloir limiter cette ordonnance si précieuse à être célébrée une fois par mois, ou tous les trois ou six mois. On ne peut considérer cela que comme une intervention humaine dans une institution divine. Nous savons qu’on cherche à se prévaloir de ces paroles «Faites ceci, toutes les fois, etc.» (1 Cor. 11:26); mais nous ne voyons pas comment elles peuvent servir de base à un argument quelconque, devant ce que nous lisons dans les Actes des Apôtres, chap. 20:7. Le premier jour de la semaine est, incontestablement, le jour où l’Église doit célébrer la cène.

Le lecteur chrétien admet-il cela? Et s’il l’admet, agit-il en conséquence? C’est une chose sérieuse de négliger une ordonnance spéciale de Christ, établie par Lui dans des circonstances si touchantes, la nuit même où il fut trahi. Tous ceux qui aiment le Seigneur Jésus Christ en sincérité, désirent assurément se souvenir de Lui, de cette manière spéciale, selon ses propres paroles «Faites ceci en mémoire de moi» (1 Cor. 11:24). Pouvons-nous comprendre que quelqu’un, aimant réellement Christ, puisse vivre dans une négligence habituelle de ce précieux mémorial? Si un Israélite avait négligé de célébrer la pâque, il aurait été «retranché». Mais c’était la loi et nous sommes sous la grâce, dira-t-on. C’est vrai, mais est-ce une raison pour négliger le commandement de notre Seigneur?

Nous recommandons ce sujet à l’attention sérieuse du lecteur. Il embrasse bien plus que la plupart d’entre nous ne le pensent. L’histoire entière de la cène dans ces dix-huit derniers siècles est remplie d’intérêt et d’instruction. La manière dont on a traité la table du Seigneur est un index moral de la vraie condition de l’Église. Dans la mesure où l’Église s’est éloignée de Christ et de sa Parole, elle a négligé et perverti la précieuse institution de la cène. D’un autre côté, toutes les fois que l’Esprit de Dieu a agi avec puissance dans l’Église, la cène a trouvé sa vraie pace dans le cœur des siens.

Nous ne pouvons nous étendre davantage sur ce sujet dans une simple note; nous avons désiré seulement le présenter au lecteur, et nous espérons qu’il sera conduit à l’étudier pour lui-même. Nous ne doutons pas qu’il n’y trouve intérêt et profit.

Considérons maintenant brièvement la fête de la Pentecôte qui suit la Pâque. «Tu compteras sept semaines; depuis que la faucille commence à être mise aux blés, tu commenceras à compter sept semaines, et tu célébreras la fête des semaines à l’Éternel, ton Dieu, avec un tribut d’offrande volontaire de ta main, que tu donneras selon que l’Éternel, ton Dieu, t’aura béni. Et tu te réjouiras devant l’Éternel, ton Dieu, toi, et ton fils, et ta fille, et ton serviteur, et ta servante, et le Lévite qui est dans tes portes, et l’étranger, et l’orphelin, et la veuve, qui sont au milieu de toi, au lieu que l’Éternel, ton Dieu, aura choisi pour y faire habiter son nom. Et tu te souviendras que tu as été serviteur en Égypte, et tu garderas et tu pratiqueras ces statuts» (vers. 9-12). La pâque représente la mort de Christ. La gerbe des prémices est le type frappant de Christ ressuscité. Et, dans la fête des semaines, nous avons en figure devant nous la descente du Saint Esprit, cinquante jours après la résurrection.

On comprend que nous parlons de ce que ces fêtes nous communiquent des pensées de Dieu à notre égard, indépendamment de l’intelligence qu’avait Israël de leur signification. Notre privilège est de considérer toutes ces institutions typiques à la lumière du Nouveau Testament; et nous sommes remplis d’admiration devant la beauté, la perfection divine et l’ordre de tous ces types merveilleux.

Non seulement cela, mais nous voyons — ce qui a une immense valeur pour nous — comment les Écritures du Nouveau Testament se relient à celles de l’Ancien; nous voyons la belle unité du volume divin, et combien il est manifeste qu’un seul et même Esprit ait inspiré le tout, du commencement à la fin. Nous sommes ainsi fortifiés intérieurement dans notre foi en la précieuse vérité de la divine inspiration des Saintes Écritures, et nos cœurs sont gardés contre toutes les attaques blasphématoires des écrivains incrédules. Nos âmes s’élèvent jusqu’au sommet de la montagne où les gloires morales du livre divin brillent sur nous dans tout leur éclat céleste, et d’où nous pouvons voir rouler à nos pieds les nuages et le brouillard glacial des pensées de l’incrédulité; elles ne peuvent nous affecter, car elles sont bien loin au-dessous du niveau où, par la grâce infinie de Dieu, nous sommes placés. Les écrivains incrédules ne savent absolument rien des gloires morales de l’Écriture, mais il y a une chose dont la certitude fait trembler, savoir qu’un moment passé dans l’éternité anéantira les pensées de tous les incrédules et athées qui ont divagué en parlant ou en écrivant contre la Bible et son Auteur.

En examinant les détails de cette fête si intéressante des semaines ou de la Pentecôte, nous sommes frappés de la différence qu’elle présente avec la fête des pains sans levain. En premier lieu, il est parlé d’une «offrande volontaire». Nous avons ici une figure de l’Église formée par le Saint Esprit, et présentée à Dieu comme «une sorte de prémices de ses créatures» (Jac. 1:18).

Nous nous sommes arrêtés sur ce trait du type dans les «Notes sur le Lévitique», chap. 23, c’est pourquoi nous n’y revenons pas; nous nous bornerons à ce qui est spécial au caractère du Deutéronome. Le peuple devait offrir un tribut d’offrande volontaire, selon que l’Éternel, son Dieu, l’avait béni. Il n’y avait rien de semblable dans la Pâque, parce que cette fête préfigurait Christ s’offrant Lui-même pour nous en sacrifice; et non pas une offrande venant de nous. La fête de Pâque nous rappelle notre délivrance du péché et de Satan, et ce que cette délivrance a coûté. Nous y voyons les souffrances profondes de notre précieux Sauveur préfigurées par l’agneau rôti. Nous nous souvenons que nos péchés étaient sur Lui. Il a été froissé pour nos iniquités, jugé à notre place, et cette pensée conduit à une profonde contrition du cœur, à ce que nous pouvons appeler la vraie repentance chrétienne. Car il ne faut jamais oublier que la repentance n’est pas la simple émotion passagère d’un pécheur qui ouvre pour la première fois les yeux sur son état, mais que c’est l’état moral permanent du chrétien à la vue de la croix et de la passion de notre Seigneur Jésus Christ. Si l’on comprenait mieux cette vérité, si l’âme y entrait plus pleinement, on verrait dans la vie et le caractère chrétiens une profondeur et une solidité qui manquent, hélas! à la plupart d’entre nous.

Mais, dans la fête de Pentecôte, nous voyons la puissance du Saint Esprit et les effets divers de sa présence bénie en nous et avec nous. Il nous rend capables de présenter nos corps et tout ce que nous avons en offrande volontaire à notre Dieu, selon qu’il nous a bénis. Ceci, il est à peine nécessaire de le dire, ne peut être produit que par la puissance du Saint Esprit; et c’est pourquoi le type frappant nous en est présenté non dans la Pâque qui préfigure la mort de Christ, ni dans la fête des pains sans levain, qui démontre l’effet moral de cette mort sur nous, en repentance, en jugement de soi-même, et en sainteté pratique; mais, dans la Pentecôte, type reconnu du don précieux de l’Esprit Saint.

Or c’est l’Esprit qui nous rend capables de saisir les droits de Dieu sur nous — droits qui ne peuvent être mesurés que par l’étendue de la bénédiction divine. Il nous donne de voir et de comprendre que tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons appartient à Dieu. Il nous donne de prendre plaisir à nous consacrer à Dieu tout entier, âme, esprit et corps, ce qui est vraiment «une offrande volontaire»; il n’y a pas un atome de servitude, car «là où est l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté» (2 Cor. 3:17).

En résumé, nous avons ici l’esprit et le caractère moral de toute la vie et de tout le service chrétiens. Une âme sous la loi ne peut en comprendre ni la force ni la beauté, parce qu’elle n’a jamais reçu l’Esprit. Les deux choses sont tout à fait incompatibles. C’est ce que l’apôtre dit aux pauvres assemblées égarées de Galatie: «Je voudrais seulement apprendre ceci de vous: avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi ou de l’ouïe de la foi?… Celui donc qui vous fournit l’Esprit et qui opère des miracles au milieu de vous, le fait-il sur le principe des œuvres de loi ou de l’ouïe de la foi?» (Gal. 3:2, 5). Le précieux don de l’Esprit est une conséquence de la mort, de la résurrection, de l’ascension, et de la glorification de notre adorable Seigneur et Sauveur Jésus Christ, et ne peut ainsi avoir quoi que ce soit de commun avec les «œuvres de loi» de quelque nature qu’elles soient. La présence du Saint Esprit sur la terre, son habitation avec tous les vrais croyants et en eux est une grande vérité caractéristique du christianisme, qui n’était pas et ne pouvait pas être connue dans les temps de l’Ancien Testament. Elle ne l’était même pas des disciples durant la vie de notre Seigneur sur la terre. Il leur dit Lui-même, à la veille de les quitter: «Toutefois je vous dis la vérité: Il vous est avantageux que moi je m’en aille; car si je ne m’en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai» (Jean 16:7).

Cela prouve de la manière la plus concluante que ceux-là même qui jouissaient du grand et précieux privilège de vivre dans la compagnie personnelle du Seigneur, devaient être placés dans une position plus avantageuse encore par son départ et la venue du Consolateur. Nous lisons encore: «Si vous m’aimez, gardez mes commandements; et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pour être avec vous éternellement, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous et qu’il sera en vous» (Jean 14:15-17). Nous ne pouvons ici essayer d’entrer avec détails dans ce sujet si vaste l’espace nous manquerait, quelque bonheur que nous eussions à le faire. Il faut nous borner à relever un ou deux points suggérés par la fête des semaines, telle que notre chapitre nous la présente.

Nous avons fait allusion au fait si intéressant que l’Esprit de Dieu est la source vivante et la puissance d’une vie de dévouement et de consécration personnelle préfigurée par «le tribut d’une offrande volontaire». Le sacrifice de Christ est le fondement, et la présence du Saint Esprit la puissance de la consécration du chrétien à Dieu — esprit, âme et corps. «Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent» (Rom. 12:1).

Mais il y a un autre point du plus profond intérêt présenté au verset 11 de notre chapitre: «Et tu te réjouiras devant 1’Éternel, ton Dieu». Nous n’avons rien de semblable dans la Pâque, ni dans la fête des pains sans levain. La joie n’aurait été en rapport moral ni avec l’une ni avec l’autre de ces fêtes. Il est vrai que la Pâque est la base même de toute la joie que nous pouvons réaliser ou que nous réaliserons jamais ici-bas ou dans l’éternité, mais cette fête nous fait toujours penser à la mort de Christ, à ses souffrances, à ses douleurs, à tout ce qu’il a enduré quand les vagues et les flots de la juste colère de Dieu passaient sur son âme. C’est sur ces profonds mystères que nos cœurs devraient surtout se fixer quand nous sommes réunis autour de la table du Seigneur, et que nous célébrons la fête qui rappelle sa mort jusqu’à ce qu’il vienne.

Mais, dans la fête de Pentecôte, la joie était un des traits dominants. Nous n’y voyons ni «herbes amères», ni «pains d’affliction», parce que cette fête est le type de la venue de l’autre Consolateur, de la descente du Saint Esprit procédant du Père, et envoyé par Christ ressuscité, monté en haut, et glorifié dans le ciel, pour remplir le cœur des siens de louange, d’actions de grâce et d’allégresse, les amenant dans une pleine et heureuse communion avec leur Chef glorifié, dans son triomphe sur le péché, la mort, l’enfer, Satan, et toutes les puissances des ténèbres. La présence de l’Esprit est liée à la liberté, la lumière, la puissance et la joie. C’est ainsi que nous lisons: «Les disciples étaient remplis de joie et de l’Esprit Saint» (Actes 13:52). Les doutes, la crainte et la servitude légale s’enfuient devant le précieux ministère du Saint Esprit.

Mais il nous faut distinguer entre son œuvre en nous et son habitation en nous; entre l’acte par lequel il vivifie et le fait qu’il est le sceau mis sur nous. La première lueur de conviction de péché dans l’âme est le résultat de l’action de l’Esprit. C’est son opération bénie qui conduit à toute vraie repentance, et cela ne produit pas la joie. C’est une chose bonne, nécessaire, et même absolument indispensable, mais loin de donner de la joie, elle produit une profonde douleur. Mais quand, par la grâce, nous sommes rendus capables de croire en un Sauveur ressuscité et glorifié, alors le Saint Esprit vient faire sa demeure en nous comme sceau de notre acceptation et arrhes de notre héritage.

Or cela nous remplit d’une joie inexprimable et glorieuse; et étant ainsi comblés nous-mêmes, nous devenons des canaux de bénédiction pour d’autres. «Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre. Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en Lui; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié» (Jean 7:38-39). L’Esprit est la source de la puissance et de la joie dans le cœur du croyant. Il nous qualifie, nous remplit, et nous emploie pour être des vases qui administrent la bénédiction aux pauvres âmes altérées qui nous entourent. Il nous unit à l’Homme dans la gloire, nous maintient dans une communion vivante avec Lui, et nous qualifie pour être, dans notre faible mesure, l’expression de ce qu’il est. Chaque mouvement du chrétien devrait répandre la bonne odeur de Christ. Si quelqu’un prétend être chrétien et montre un caractère profane, des sentiments égoïstes, un esprit d’avarice, de convoitise et de mondanité, un cœur ambitieux, jaloux, envieux ou orgueilleux, il renie sa profession, déshonore le saint nom de Christ, et jette l’opprobre sur ce glorieux christianisme qu’il professe et duquel nous avons le beau type dans la fête des semaines, — fête spécialement caractérisée par la joie, — joie qui a sa source dans la bonté de Dieu, qui se répand au près et au loin, et qui embrasse dans son cercle béni tout ce qui est souffrant ou nécessiteux. «Et tu te réjouiras devant l’Éternel, ton Dieu, toi, et ton fils, et ta fille, et ton serviteur, et ta servante, et le Lévite qui est dans tes portes, et l’étranger, et l’orphelin, et la veuve, qui sont au milieu de toi» (vers. 11).

Que cela est beau! Quelle perfection de sentiments! Oh! si le monde pouvait en voir l’anti-type plus fidèlement reproduit par nous! Où sont ces eaux rafraîchissantes qui devraient jaillir de l’Église de Dieu? Où sont ces épîtres de Christ connues et lues de tous les hommes? Où pouvons-nous voir dans les voies du peuple de Dieu une reproduction de la vie de Christ, telle que nous puissions nous écrier: «Voilà du vrai christianisme»? Oh! puisse l’Esprit de Dieu réveiller dans nos cœurs un désir plus intense d’être plus conformes à l’image de Christ, en toutes choses! Qu’il daigne revêtir de sa toute-puissance sa Parole que nous avons dans nos mains et dans nos maisons, afin qu’elle parle à nos cœurs et à nos consciences, et nous conduise à juger et nous-mêmes, et nos voies, et nos associations, à la clarté de sa céleste lumière, et qu’ainsi le nombre augmente de ces vrais témoins entièrement dévoués à Jésus et rassemblés en son nom en dehors de tout, pour attendre sa venue!

Nous nous arrêterons maintenant un moment sur la belle institution de la fête des tabernacles, qui complète d’une manière si remarquable la série des vérités présentées dans notre chapitre.

«Tu célébreras la fête des tabernacles pendant sept jours, quand tu auras recueilli les produits de ton aire et de ta cuve. Et tu te réjouiras dans ta fête, toi, et ton fils, et ta fille, et ton serviteur, et ta servante, et le Lévite, et l’étranger, et l’orphelin, et la veuve, qui sont dans tes portes. Tu feras pendant sept jours la fête à l’Éternel, ton Dieu, au lieu que l’Éternel aura choisi, car l’Éternel, ton Dieu, te bénira dans toute ta récolte et dans tout l’ouvrage de tes mains; et tu ne seras que joyeux. Trois fois l’an tout mâle d’entre vous paraîtra devant l’Éternel, ton Dieu, au lieu qu’il aura choisi: à la fête des pains sans levain, et à la fête des semaines, et à la fête des tabernacles; et on ne paraîtra pas devant l’Éternel à vide, mais chacun selon ce que sa main peut donner, selon la bénédiction de l’Éternel, ton Dieu, laquelle il te donnera» (vers. 13-17).

Nous avons ici le type frappant et magnifique de l’avenir d’Israël. La fête des tabernacles n’a pas encore eu son antitype. La Pâque et la Pentecôte ont eu leur accomplissement dans la précieuse mort de Christ, et la descente du Saint Esprit; mais la troisième grande solennité nous porte en avant, vers les temps «du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps» (Actes 3:21). Que le lecteur remarque d’abord particulièrement le moment où cette fête devait se célébrer. C’était «quand tu auras recueilli les produits de ton aire et de ta cuve»; en d’autres termes, c’était après la moisson et la vendange; et il y a une différence très marquée entre ces deux choses. L’une parle de grâce, l’autre de jugement. À la fin du siècle, Dieu assemblera son froment dans son grenier; et alors la vendange sera foulée, dans un jugement terrible.

Nous avons, au quatorzième chapitre de l’Apocalypse, un passage très solennel se rapportant au sujet placé devant nous. «Et je vis et voici une nuée blanche, et sur la nuée quelqu’un assis, semblable au Fils de l’homme, ayant sur sa tête une couronne d’or et dans sa main une faucille tranchante. Et un autre ange sortit du temple, criant à haute voix à celui qui était assis sur la nuée: Lance ta faucille et moissonne car l’heure de moissonner est venue, parce que la moisson de la terre est desséchée. Et celui qui était assis sur la nuée mit sa faucille sur la terre, et la terre fut moissonnée» (vers. 14-16). Là nous avons la moisson; et ensuite: «Un autre ange sortit du temple qui est dans le ciel, ayant lui aussi une faucille tranchante. Et un autre ange, ayant pouvoir sur le feu», emblème du jugement, «sortit de l’autel et, en jetant un grand cri, il cria à celui qui avait la faucille tranchante, disant: Lance ta faucille tranchante et vendange les grappes de la vigne de la terre, car ses raisins ont mûri. Et l’ange mit sa faucille sur la terre, et vendangea la vigne de la terre, et jeta les grappes dans la grande cuve du courroux de Dieu. Et la cuve fut foulée hors de la ville; et de la cuve il sortit du sang jusqu’aux mors des chevaux, sur un espace de mille six cents stades» (vers. 17-20). Espace équivalant à toute la longueur du pays de la Palestine!

Or ces figures apocalyptiques placées devant nous d’une manière si caractéristique, sont des scènes qui doivent se passer avant la célébration de la fête des tabernacles. Christ assemblera son froment dans son grenier céleste, et après cela il viendra et fera fondre ses jugements sur la chrétienté. Ainsi, chaque section du volume inspiré, Moïse, les Psaumes, les prophètes, les évangiles, — c’est-à-dire les actes de Christ, — les actes du Saint Esprit, les épîtres et l’Apocalypse, tous tendent à établir d’une manière incontestable le fait que le monde ne sera pas converti par l’Évangile, que l’état de choses sur la terre n’ira pas en s’améliorant, mais au contraire ira de mal en pis. Le temps glorieux préfiguré par la fête des tabernacles, doit être précédé par la vendange de la vigne de la terre, dont les grappes seront jetées et foulées dans la grande cuve du courroux du Dieu Tout-Puissant.

Comment se fait-il que devant une telle quantité de preuves divines, fournies par chaque section du canon inspiré, les hommes persistent à nourrir le vain espoir d’un monde converti par l’Évangile? Que signifient «le froment rassemblé et la cuve foulée»? Assurément, ce n’est pas un monde converti. On nous dira peut-être que nous ne pouvons baser quelque chose sur les types mosaïques et les symboles apocalyptiques. Peut-être bien, si nous n’avions que des types et des symboles. Mais quand les rayons accumulés de la lumière céleste de l’inspiration convergent sur ces types et ces symboles et en révèlent la profonde signification à nos âmes, nous les trouvons en parfaite harmonie avec les voix des prophètes et des apôtres, et les enseignements vivants de notre Seigneur lui-même. En un mot, tous parlent le même langage, tous enseignent la même leçon, portent le même témoignage, non équivoque, à la solennelle vérité qu’à la fin du siècle présent, au lieu d’un monde converti, préparé pour un millenium spirituel, il y aura une vigne couverte de ces grappes entièrement mûres pour la cuve de la colère du Dieu Tout-Puissant.

Oh! si tous, hommes et femmes dans la chrétienté, avec ceux qui les enseignent, pouvaient appliquer leurs cœurs à ces solennelles réalités! Puissent ces choses entrer dans leurs oreilles et pénétrer dans les profondeurs de leurs cœurs, de telle manière qu’ils jettent au vent les illusions qu’ils chérissent, et acceptent à la place la vérité de Dieu si pleinement et clairement établie!

Mais nous devons terminer cette division de notre Livre, et, auparavant, rappeler au lecteur chrétien que nous avons à montrer dans notre vie de chaque jour l’influence bénie de toutes les grandes vérités présentées dans les trois types intéressants que nous venons de méditer. Le christianisme est caractérisé par ces trois grands faits fondamentaux, la rédemption, la présence du Saint Esprit et l’espérance de la gloire. Le chrétien est sauvé par le précieux sang de Christ, scellé par le Saint Esprit, et il attend le Sauveur.

Oui, bien-aimé lecteur, ce sont des faits bien établis, des réalités divines, de grandes vérités fondamentales. Ce ne sont pas simplement des principes ou des opinions, mais des vérités destinées à être une puissance vivante dans nos âmes, et à briller dans nos vies. Voyez combien ces choses solennelles, sur lesquelles nous nous sommes arrêtés, sont essentiellement pratiques; remarquez aussi quels accents de louange, d’actions de grâce, de joie et de bénédiction se faisaient entendre dans l’assemblée d’Israël, lorsqu’elle était réunie autour de l’Éternel au lieu qu’il avait choisi. La louange et les actions de grâce montaient à Dieu, et les flots bénis d’une généreuse bienfaisance découlaient du cœur sur tous ceux qui étaient dans le besoin. «Trois fois l’an tout mâle d’entre vous paraîtra devant l’Éternel, ton Dieu,… et on ne paraîtra pas devant l’Éternel à vide, mais chacun selon ce que sa main peut donner, selon la bénédiction de l’Éternel, ton Dieu, laquelle il te donnera» (vers. 16-17).

Quelles paroles! Ils ne devaient pas se présenter devant la face de l’Éternel à vide; ils devaient venir le cœur plein de louange et les mains pleines des fruits de la bonté divine, pour réjouir les cœurs des ouvriers du Seigneur et ceux de ses pauvres. L’Éternel rassemblait son peuple autour de Lui, pour le remplir de joie et d’allégresse et faire d’eux les canaux de ses bénédictions pour les autres. Ils ne devaient pas rester sous leur vigne et sous leur figuier, et là se féliciter mutuellement des richesses variées qui les entouraient. Cela aurait pu être juste et bon à sa place; mais cela n’aurait pas pleinement répondu à la pensée et au cœur de Dieu. Non; trois fois l’an ils devaient se lever et se rendre au lieu que l’Éternel avait désigné pour les rassembler, et là entonner leurs alléluias à l’Éternel, leur Dieu, et là aussi, faire participer libéralement ceux qui étaient dans le besoin à tout ce qui leur avait été accordé. Dieu accordait à son peuple le magnifique privilège de réjouir le cœur du Lévite, de l’étranger, de la veuve et de l’orphelin. C’est là l’œuvre à laquelle il prend Lui-même son plaisir, béni en soit à jamais son nom, et il voulait faire partager ce bonheur à son peuple. Il voulait qu’on connût, qu’on vît, et qu’on sentît que le lieu où il rencontrait son peuple était une sphère de joie et de louanges, et un centre d’où des fleuves de bénédiction devaient déborder dans toutes les directions.

Toutes ces choses ne renfermeraient-elles pas une instruction pour l’Église de Dieu? Ne parlent-elles pas au cœur de celui qui écrit et de ceux qui lisent ces lignes? Assurément, et puissions-nous en faire notre profit! Puisse la grâce ineffable de Dieu agir sur nos cœurs, de telle sorte qu’ils soient remplis d’adoration et que nos mains soient pleines de bonnes œuvres. Si les ombres et les types de nos bénédictions donnaient lieu à tant d’actions de grâce et d’active bienfaisance, combien plus puissant devrait être l’effet des bénédictions elles-mêmes!

Mais, hélas! est-ce que nous réalisons nos bénédictions? Est-ce que nous nous les approprions? Est-ce que nous les saisissons avec la force que donne une foi simple? C’est là tout le secret. Trouve-t-on beaucoup de chrétiens de profession dans la pleine et entière jouissance de ce dont la Pâque était un type, savoir la délivrance du jugement et de ce présent siècle mauvais? Les voit-on dans la pleine et entière jouissance de leur Pentecôte, c’est-à-dire de l’habitation en eux du Saint Esprit, qui est le sceau, le gage, l’onction et le témoin? Demandez à la grande majorité des professants s’ils ont reçu le Saint Esprit, et voyez ce qu’ils vous répondront. Et le lecteur, quelle réponse fera-t-il? Peut-il dire: «Oui, Dieu soit béni, je sais que je suis lavé dans le précieux sang de Christ, et scellé du Saint Esprit»? Il est à craindre qu’un nombre de personnes comparativement petit, dans la multitude de professants qui nous entourent, connaissent ces précieuses vérités qui, néanmoins, sont le privilège assuré du membre le plus infime du corps de Christ.

De même quant à la fête des tabernacles, combien peu en comprennent la signification! Il est vrai qu’elle n’a pas encore été accomplie, mais le chrétien est appelé à vivre dans la puissance actuelle de son antitype. «Or la foi est l’assurance des choses qu’on espère et la conviction de celles qu’on ne voit pas» (Héb. 11:1). Notre vie doit être gouvernée et notre caractère formé par la double influence de la «grâce» dans laquelle nous sommes, et de la «gloire» que nous attendons.

Mais si les âmes ne sont pas établies dans la grâce, si elles ne savent pas même que leurs péchés sont pardonnés; si on leur enseigne que c’est de la présomption que d’être assuré de son salut, et qu’il convient de rester dans l’humilité et de vivre dans des doutes et des craintes perpétuelles; si on leur dit que personne ne peut être sûr de son salut avant de paraître devant le tribunal de Christ, comment pourraient-elles se tenir sur un terrain chrétien, manifester les fruits de la vie chrétienne, ou chérir ce qui est l’espérance propre du chrétien? Si un Israélite avait douté qu’il fût fils d’Abraham, ou membre de la congrégation de l’Éternel, ou dans le pays, comment aurait-il pu célébrer la fête des pains sans levain, celle de la Pentecôte, ou celle des tabernacles? Elles n’auraient eu pour lui ni sens, ni valeur; nous pouvons même affirmer qu’aucun Israélite n’aurait pu avoir une pensée aussi absurde.

Comment se fait-il donc que des chrétiens professants, dont plusieurs sont de vrais enfants de Dieu, nous n’en doutons pas, semblent ne jamais pouvoir prendre possession du terrain chrétien? Leur vie se passe dans le doute et la crainte. Leurs exercices et leurs services religieux, au lieu d’être l’expression de la vie qu’ils possèdent et dont ils jouissent, sont accomplis par eux comme une obligation légale et une préparation morale à la vie à venir. Beaucoup d’âmes, vraiment pieuses, demeurent toute leur vie dans cet état, et quant à «la bienheureuse espérance» que la grâce a mise devant nous pour réjouir nos cœurs et pour nous détacher des choses présentes, elles ne la comprennent pas, ou ne s’y arrêtent pas. Elles la traitent de simple utopie, caressée par quelques enthousiastes ici et là. Elles attendent le jour du jugement, au lieu d’attendre «l’étoile brillante du matin». Elles prient pour le pardon de leurs péchés et demandent à Dieu de leur donner son Saint Esprit, tandis qu’elles devraient se réjouir dans l’assurance qu’elles possèdent la vie éternelle, la justice divine et l’Esprit d’adoption.

Tout cela est en opposition directe avec l’enseignement clair et simple du Nouveau Testament, c’est entièrement étranger à l’esprit du christianisme, propre à détruire la paix du chrétien et à empêcher tout culte vrai et intelligent, tout service ou témoignage. Il est certes impossible de se présenter devant le Seigneur, le cœur rempli d’actions de grâces pour des privilèges dont on ne jouit pas, ou les mains pleines de bénédictions que l’on n’a jamais réalisées.

Nous appelons sur cet important sujet la sérieuse attention de tous les enfants de Dieu dispersés dans l’église professante. Nous les supplions de sonder les Écritures et de voir s’il s’y trouve un seul passage autorisant les âmes à être tenues toute leur vie dans les ténèbres, le doute et l’esclavage. Il s’y trouve de solennels avertissements, des appels pressants, de sérieuses exhortations, cela est vrai, et nous en bénissons Dieu nous en avons besoin et nous ne devons pas les négliger. Mais que le lecteur comprenne bien que c’est le précieux privilège du plus jeune enfant en Christ de savoir que ses péchés sont pardonnés, qu’il est accepté en un Christ ressuscité, scellé du Saint Esprit, et héritier de la gloire éternelle. Telles sont, par la grâce infinie et souveraine, ses bénédictions assurées et certaines, bénédictions que l’amour de Dieu lui accorde, pour lesquelles le sang de Christ l’a rendu propre, et que le témoignage du Saint Esprit lui assure.

Veuille le souverain Pasteur et surveillant des âmes amener tous ses bien-aimés, les agneaux et les brebis du troupeau racheté par son sang, à connaître par l’enseignement de son Saint Esprit, quelles sont les choses qui leur sont gratuitement données de Dieu! Et puissent ceux qui les connaissent en quelque mesure, apprendre à les connaître plus pleinement et en manifester les fruits précieux par une vie d’entier dévouement à Christ et à son service!

Il est fort à craindre que plusieurs d’entre nous qui faisons profession de connaître les plus hautes vérités de la foi chrétienne, ne soyons pas à la hauteur de notre profession; nous n’agissons pas d’après le principe posé au verset 17 de notre chapitre: «Chacun selon ce que sa main peut donner, selon la bénédiction de l’Éternel, ton Dieu, laquelle il te donnera». Nous semblons oublier que, quoique nous n’ayons rien à faire et rien à donner pour notre salut, nous pouvons cependant faire beaucoup pour le Sauveur et donner beaucoup pour ses ouvriers et ses pauvres. Il y a un grand danger d’exagérer le principe que nous n’avons rien à faire ou à donner. Si, dans les jours de notre ignorance et de notre légalisme, nous avons travaillé et donné d’après un principe faux et avec un faux objet en vue, nous ne devons, sûrement, pas faire moins et donner moins, maintenant que nous faisons profession de savoir que nous sommes, non seulement sauvés, mais bénis de toutes bénédictions spirituelles en un Christ ressuscité et glorifié. Nous avons à prendre garde de ne pas nous contenter de la simple compréhension intellectuelle et de la profession verbale de ces grandes et glorieuses vérités, alors que le cœur et la conscience n’en auraient jamais senti l’action bénie, et que la conduite et le caractère n’en auraient pas subi la sainte et puissante influence.

Nous présentons en toute affection an lecteur ces considérations pratiques, en l’engageant à les examiner avec prière. Nous ne voudrions pas blesser, offenser, ou décourager le plus faible agneau du troupeau de Christ. En outre, nous assurons le lecteur, que nous ne jetons la pierre à personne nous écrivons simplement, comme en la présence immédiate de Dieu, et faisons entendre à l’Église un mot d’avertissement à l’égard de ce que nous sentons être un danger pour nous tous. Nous croyons que, de tous côtés, nous avons le plus grand besoin de considérer nos voies, de nous humilier devant le Seigneur à cause de nos nombreux manquements, de nos fautes et de nos inconséquences, et de chercher auprès de Lui la grâce d’être, en ces jours sombres et mauvais, plus vrais, plus entièrement dévoués et plus décidés dans notre témoignage.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Deuteronomy 16". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/deuteronomy-16.html.
 
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