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Saturday, July 19th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Deuteronomy 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://studylight.org/commentaries/fre/cbi/deuteronomy-1.html.
bibliography-text="Commentaire sur Deuteronomy 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://studylight.org/
Whole Bible (6)
versets 1-46
Chapitre 1er
«Ce sont ici les paroles que Moïse dit à tout Israël, en deçà du Jourdain, dans le désert, dans la plaine, vis-à -vis de Suph, entre Paran et Thophel, Laban, Hatséroth, et Di-Zahab. Il y a onze journées depuis Horeb, par le chemin de la montagne de Séhir, jusquâà Kadès-Barnéa» (Deut. 1:1-2).
Lâécrivain inspiré a soin de nous donner les renseignements les plus précis, quant à lâendroit où les paroles de ce Livre furent prononcées, aux oreilles du peuple. Israël nâavait pas encore traversé le Jourdain. Ils en étaient tout près. Toute la situation est décrite avec une minutie qui montre lâimportance que Dieu mettait à tout ce qui concernait son peuple. Il veillait sur eux de jour et de nuit. Chaque étape de leur voyage était dirigée par Lui. Rien nâétait trop petit pour quâil sâen occupât; rien nâétait trop grand pour sa puissance.
Sâil en était ainsi pour Israël dans le désert de jadis, il en est encore ainsi maintenant pour lâÃglise dans son ensemble et pour chaque membre en particulier. Les yeux dâun Père sont continuellement sur nous, ses bras éternels sont autour de nous de jour et de nuit. «Il ne retire pas ses yeux de dessus le juste» (Job 36:7). Il sâest chargé de tous nos besoins, de tous nos soucis. Il nous invite à nous décharger sur Lui de notre fardeau, quâil soit gros ou petit, avec la douce conviction quâil prend soin de nous.
Tout cela est merveilleux et rempli de consolation, bien propre à tranquilliser le cÅur, quoi quâil arrive. Mais le croyons-nous? Croyons-nous réellement que le «possesseur des cieux et de la terre» (Gen. 14:19) est notre Père, et quâil sâest chargé de pourvoir à tous nos besoins, du commencement à la fin? Hélas! il est à craindre que nous ne connaissions guère la puissance de ces grandes mais simples vérités. Nous en parlons, nous en faisons profession, mais avec tout cela, nous prouvons par notre vie de chaque jour, combien peu nous nous les approprions. Si nous étions bien convaincus que Dieu pourvoit à tous nos besoins, si «toutes nos sources étaient en Lui» (Ps. 87:7), pourrions-nous rechercher de pauvres sources terrestres, qui tarissent si promptement et désappointent nos cÅurs? Ãvidement non. Nous nous imaginons souvent que nous vivons de foi, tandis quâen réalité nous nous reposons sur quelque appui humain, qui nous manquera tôt ou tard. Nâen est-il pas ainsi, lecteur? Ne sommes-nous pas constamment portés à abandonner la source dâeau vive, pour nous creuser des citernes crevassées qui ne peuvent contenir de lâeau? Et cependant nous croyons vivre de foi! Nous faisons profession de ne nous attendre quâà Dieu seul pour suppléer à nos besoins, quels quâils soient, tandis quâen réalité, nous nous arrêtons à quelque source terrestre et y cherchons quelque chose. Est-il surprenant que nous soyons désappointés? Comment pourrait-il en être autrement? Notre Dieu ne veut pas que nous comptions sur quelquâun dâautre ou sur autre chose que sur Lui-même. En maint endroit de sa Parole, il nous a donné ses pensées quant au vrai caractère et au résultat certain de la confiance humaine. Prenons ce passage si solennel du prophète Jérémie: «Maudit lâhomme qui se confie en lâhomme, et qui fait de la chair son bras, et dont le cÅur se retire de lâÃternel! Et il sera comme un dénué dans le désert, et il ne verra pas quand le bien arrivera, mais il demeurera dans des lieux secs au désert, dans un pays de sel et inhabité». Puis remarquez le contraste «Béni lâhomme qui se confie en lâÃternel, et de qui lâÃternel est la confiance! Il sera comme un arbre planté près des eaux; et il étendra ses racines vers le courant; et il ne sâapercevra pas quand la chaleur viendra, et sa feuille sera toujours verte; et dans lâannée de la sécheresse il ne craindra pas, et il ne cessera de porter du fruit» (Jér. 17:5-8).
Nous avons ici, dans un langage divinement clair et éloquent, les deux côtés de cet important sujet. La confiance terrestre amène une malédiction certaine; son résultat est la stérilité et la désolation. Dieu, dans sa fidélité même, fera tarir toutes les sources humaines, fera écrouler tous les appuis humains, afin que nous apprenions quelle est la folie de ceux qui se détournent de Lui. Quelles images frappantes que celles employées dans le passage cité «les lieux secs du désert», «une terre salée et inhabitée». Telles sont les figures employées par le Saint Esprit pour représenter la confiance en lâhomme.
Dâun autre côté, quoi de plus beau, de plus rafraîchissant que les images adoptées pour représenter toutes les bénédictions de la confiance simple et entière en lâÃternel â un arbre planté près des eaux, qui étend ses racines le long dâune eau courante, â la feuille toujours verte, â le fruit ne cessant jamais! Il en est de même de lâhomme qui se confie en lâÃternel et dont lâÃternel est lâespérance. Il est nourri par ces sources éternelles qui coulent du cÅur de Dieu. Il boit gratuitement de la fontaine dâeau vive. Il trouve toutes ses sources dans le Dieu vivant. La chaleur peut survenir, mais il ne sâen aperçoit point. Lâannée de la sécheresse peut arriver, il ne sâen met point en peine. Des milliers de ruisseaux tributaires peuvent tarir, il ne sâen doute pas, parce quâil ne dépend pas dâeux. Il habite à côté de la fontaine jaillissante. Il â ne manquera jamais de rien. Il vit par la foi.
Et maintenant, puisque nous sommes sur ce sujet, tâchons de comprendre bien clairement ce que câest que vivre de foi; et demandons-nous si tel est notre cas. On parle souvent de la vie de foi dâune manière peu intelligente. On croit que câest simplement se confier en Dieu pour la nourriture et le vêtement. On cite certaines personnes nâayant ni fortune, ni revenu assuré, comme «vivant de foi», comme si la vie glorieuse et merveilleuse de la foi nâavait pas une sphère plus vaste, une portée plus haute que les choses temporelles et la satisfaction de nos besoins.
Nous ne saurions protester avec trop de force, contre cette misérable appréciation de la vie de la foi. Elle en limite la sphère, en abaisse la portée dâune manière intolérable pour quiconque en connaît quelque peu les saints et précieux mystères. Pouvons-nous admettre un instant quâun chrétien qui se trouve avoir un revenu assuré, doive pour cela être privé du privilège de vivre de foi? Cette vie bénie ne sâélève-t-elle pas plus haut que la confiance en Dieu pour nos besoins temporels? Ne nous donne-t-elle pas de Dieu une idée plus élevée que celle-ci il ne nous laissera pas mourir de faim ni privés de vêtements?
Loin de nous une telle pensée! La vie de la foi ne doit pas être comprise de la sorte. Ce serait la déprécier grandement et faire un tort grave à ceux qui sont appelés à vivre de cette vie. Quelle est la signification de ces quelques paroles: «Le juste vivra de foi»? Nous les trouvons pour la première fois dans Habacuc 2:4. Elles sont citées par lâapôtre en Rom. 1:17, où il pose le solide fondement du christianisme. Il les cite encore en Gal. 3:11, où il cherche anxieusement à ramener ces églises ensorcelées au fondement solide quâelles abandonnaient dans leur folie. Enfin ces paroles se trouvent une quatrième fois au chap. 10:38, de lâépître aux Hébreux, où lâapôtre avertit ses frères du danger de rejeter leur confiance et de renoncer à atteindre le but.
Tout cela nous montre lâimmense importance et la valeur pratique de ces quelques mots: «Le juste vivra de foi». à qui sâappliquent-ils? à quelques serviteurs du Seigneur qui nâont pas de revenu assuré? Non; ils sâadressent à chaque enfant de Dieu et sont lâheureux privilège de tous ceux à qui peut sâappliquer le titre de «juste». Câest une funeste erreur de limiter ce privilège. Câest donner la prééminence à une portion de la vie de la foi qui devrait être à lâarrière-plan, si une classification était ici permise, car il ne doit pas y en avoir. La vie de la foi est une. La foi est le grand principe de la vie divine, du commencement à la fin. Nous sommes justifiés par la foi et nous vivons par la foi; nous sommes debout par la foi, et nous marchons par la foi. Du début à lâissue de la course chrétienne, tout est par la foi.
Câest donc une funeste erreur que de distinguer certaines personnes, qui dépendent du Seigneur pour leurs besoins temporels, et de dire quâelles vivent de foi, comme si elles étaient les seules à le faire. Souvent même, on les donne en exemple à lâÃglise de Dieu, comme quelque chose de merveilleux, et le reste des chrétiens est amené à croire que le privilège de vivre de foi est entièrement au-dessus de leur portée; ils sont ainsi trompés quant au vrai caractère et à la sphère de la vie de foi, et leur vie morale en souffre matériellement.
Que le lecteur chrétien comprenne donc clairement que câest son heureux privilège, quelle que soit sa position sociale, de vivre dâune vie de foi dans toute lâacception de ce mot. Il peut, selon sa mesure, prendre le langage de lâapôtre et dire: «Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui mâa aimé et qui sâest livré lui-même pour moi» (Gal. 2:20). Que personne ne lui ravisse ce précieux et saint privilège, qui appartient à tous les membres de la famille de la foi. Hélas! trop souvent notre foi est faible, tandis quâelle devrait toujours être forte, ferme et vigoureuse. Notre Dieu aime une foi ferme. Si nous étudions les évangiles, nous y verrons que rien ne réjouissait le cÅur de Christ comme une foi qui Le comprenait, qui comptait largement sur Lui et quâIl appelle «une grande foi». Voyez, par exemple, la Syrophénicienne en Marc 7, et le centurion en Luc 7.
Il est vrai quâil venait aussi au-devant dâune petite foi â de la foi la plus faible. Il pouvait répondre à un: «Si tu veux», par un miséricordieux: «Je veux», â à un «Si tu peux», par un: «Le «Si tu peux», câest: Crois! toutes choses sont possibles à celui qui croit». Le cÅur du Sauveur était réjoui et son âme rafraîchie, lorsquâil pouvait dire «à femme, ta foi est grande quâil te soit fait comme tu veux» (Matt. 15:28).
Nous pouvons être assurés quâil en est de même aujourdâhui que lorsque notre bien-aimé Seigneur était sur la terre. Il aime quâon se confie en Lui, quâon se serve de Lui, quâon compte sur Lui en toute occasion et pour toutes choses. Nous ne saurions aller trop loin en comptant sur son amour ou sur sa force. Il nây a rien de trop petit, rien de trop grand, pour Lui. Il a toute puissance dans le ciel et sur la terre. Il est chef sur toutes choses à lâAssemblée. Il soutient lâunivers et tout ce quâil renferme par la parole de sa puissance. Les philosophes parlent des forces et des lois de la nature. Le chrétien pense avec délices à Christ, à sa Parole, à sa toute-science, à sa toute-puissance. Toutes choses ont été créées ou subsistent par Lui.
Son amour! Quel repos de savoir que le Tout-Puissant créateur et conservateur de lâunivers est lâami éternel de nos âmes; quâil nous aime parfaitement; que ses yeux sont toujours sur nous quâil sâest chargé de pourvoir à tous nos besoins physiques, intellectuels ou spirituels. Il a des provisions pour toutes nos nécessités. Il est le trésor de Dieu pour nous.
Pourquoi chercherions-nous ailleurs? Pourquoi faisons-nous, directement ou indirectement, connaître nos besoins à nos semblables et nâirions-nous pas tout droit à Jésus? Nous faut-il de la sympathie? Qui peut sympathiser avec nous comme notre miséricordieux Souverain Sacrificateur, touché par nos infirmités? Avons-nous besoin de secours? Qui pourrait nous secourir comme notre puissant ami, le possesseur de richesses incalculables? Nous faut-il des conseils et des directions? Qui peut nous en donner comme Celui qui est la sagesse même de Dieu, et qui nous a été fait sagesse de sa part? Nâaffligeons pas son cÅur aimant, ne déshonorons pas son nom glorieux en nous détournant de Lui. Luttons avec soin contre la tendance, qui nous est si naturelle, dâattendre des secours humains. Si nous nous tenons tout près de la Source, nous nâaurons jamais à nous plaindre de voir tarir les ruisseaux. En un mot, cherchons à vivre de foi, et par là à glorifier Dieu dans notre vie.
Revenons maintenant à notre chapitre, et tout dâabord, nous attirerons lâattention du lecteur sur le verset 2. Câest certainement une parenthèse bien remarquable: «Il y a onze journées depuis Horeb, par le chemin de la montagne de Séhir, jusquâà Kadès-Barnéa». Onze journées! Et cependant ce trajet leur prit quarante années! Dâoù cela vint-il? Nous nâavons pas besoin dâaller loin pour trouver la réponse. Nâen est-il pas de même pour nous? Comme nous avançons lentement! Que de tours et de détours! Que de fois nous devons retourner en arrière et refaire le même chemin! Nous avançons lentement, parce que nous apprenons lentement. Nous nous étonnons de ce quâIsraël ait mis quarante années à accomplir un voyage de onze jours; nous aurions bien plus de raisons de nous en étonner pour nous-mêmes. Comme Israël, nous sommes retardés par notre incrédulité, par notre lenteur de cÅur à croire mais nous sommes bien moins excusables, vu que nos privilèges sont bien plus élevés que les siens.
Les paroles de lâapôtre peuvent sûrement sâappliquer à beaucoup dâentre nous: «Car lorsque vous devriez être des docteurs, vu le temps, vous avez de nouveau besoin quâon vous enseigne quels sont les premiers rudiments des oracles de Dieu, et vous êtes devenus tels, que vous avez besoin de lait et non de nourriture solide» (Héb. 5:12). Notre Dieu est un maître fidèle et sage, aussi bien que clément et patient. Il ne nous permet pas dâapprendre superficiellement nos leçons. Quelquefois nous croyons en avoir bien appris une, et nous essayons de passer à une autre, mais notre sage instituteur sait ce quâil en est; il voit la nécessité dâune étude plus approfondie. Il ne veut pas que nous nous en tenions à la théorie ou à la surface. Il nous gardera, sâil le faut, des années aux éléments jusquâà ce que nous puissions aller plus loin.
Si cela est humiliant pour nous et prouve notre lenteur à apprendre, quelle bonté du Seigneur de se donner tant de peine pour nous instruire1.
1 Le voyage dâIsraël de Horeb à Kadès-Barnéa représente lâhistoire de beaucoup dââmes cherchant la paix. Plusieurs des bien-aimés du Seigneur sâen vont, année après année, doutant, craignant, ne connaissant jamais le bonheur de la liberté par laquelle Christ affranchit son peuple. Il est triste de voir dans quel déplorable état beaucoup dââmes sont retenues par le légalisme, par un faux enseignement, etc. Il est rare, de nos jours, de trouver une âme fermement établie dans la paix de lâÃvangile. On considère comme une bonne chose, comme une marque dâhumilité, dâêtre toujours dans le doute. On traite la confiance de présomption. En un mot, tout est renversé; lâÃvangile nâest pas connu; les âmes sont sous la loi au lieu dâêtre sous la grâce; on les tient à distance au lieu de leur apprendre à sâapprocher de Dieu. La religion du temps actuel est un mélange déplorable de Christ et du moi; de la loi et de la grâce; de la foi et des Åuvres; et les âmes sont laissées dans une complète confusion. Sûrement cet état de choses demande lâattention la plus grande de tous ceux qui occupent la place si sérieuse de docteurs et de prédicateurs dans lâéglise professante. Un jour solennel sâapproche où ils auront tous à rendre compte de leur ministère.
«Et il arriva, en la quarantième année, au onzième mois, le premier jour du mois, que Moïse parla aux fils dâIsraël, selon tout ce que lâÃternel lui avait commandé pour eux» (vers. 3). Ces quelques mots renferment un volume dâinstructions pour tous ceux qui sont appelés à expliquer la Parole. Moïse donnait au peuple ce quâil avait lui-même reçu de Dieu; rien de plus, rien de moins. Il le mettait en contact immédiat avec la parole vivante de lâÃternel. Câest là , en tout temps, le grand principe du ministère. La parole de Dieu seule subsistera, car elle possède une puissance et une autorité divines.
Tous ceux donc qui enseignent dans lâAssemblée de Dieu devraient mettre un soin jaloux à prêcher la Parole dans toute sa pureté, dans toute sa simplicité; à la donner à leurs auditeurs comme ils la reçoivent de Dieu; à les mettre en face du vrai langage de la Sainte Ãcriture. Ainsi seulement leur ministère sâadressera réellement aux cÅurs et aux consciences de ceux qui les écoutent. Il liera lââme à Dieu lui-même par le moyen de sa Parole, et produira une assurance et une fermeté quâaucun enseignement humain ne donnera jamais.
Voyez lâapôtre Paul ce fidèle serviteur de Christ cherchait à amener les âmes de ses auditeurs en contact direct et personnel avec Dieu lui-même. Il ne cherchait pas à les attacher à Paul. «Qui donc est Apollos, et qui Paul? des serviteurs par lesquels vous avez cru» (1 Cor. 3:5). Le but de tout faux ministère est de sâattacher les âmes. Ainsi le ministre est élevé; Dieu est mis de côté; et lââme est laissée sans base divine sur laquelle se reposer.
Voyons ce que dit encore notre apôtre sur cet important sujet: «Car je vous ai communiqué avant toutes choses ce que jâai aussi reçu», â rien de plus, rien de moins, â «que Christ est mort pour nos péchés selon les Ãcritures, et quâil a été ressuscité le troisième jour, selon les Ãcritures» (1 Cor. 15:1-4).
Câest de toute beauté et bien propre à attirer lâattention sérieuse de tous ceux qui désirent être de vrais ministres de Christ. Lâapôtre avait soin de laisser le fleuve divin couler directement de sa source jaillissante, du cÅur de Dieu, dans, les âmes des Corinthiens. Il sentait que cela seul avait de la valeur. Sâil avait cherché à se les attacher, il aurait déshonoré son Maître, leur aurait fait un grand tort, et lui-même en aurait assurément subi une perte en la journée de Christ.
Mais Paul était bien loin de chercher à se faire un parti. Notez ce quâil dit à ses bien-aimés Thessaloniciens: «Câest pourquoi aussi nous, nous rendons sans cesse grâces à Dieu de ce que, ayant reçu de nous la parole de la prédication qui est de Dieu, vous avez accepté, non la parole des hommes, mais (ainsi quâelle lâest véritablement) la parole de Dieu, laquelle aussi opère en vous qui croyez» (1 Thess. 2:13).
Nous nous sentons pressés de recommander ce sujet si important à lâexamen sérieux de lâÃglise. Si tous les soi-disant ministères de Christ suivaient lâexemple de Moïse et de Paul, nous verrions un état de choses bien différent dans lâÃglise professante. Mais, hélas! il est de fait que lâÃglise de Christ, comme autrefois Israël, sâest complètement éloignée de lâautorité de sa Parole. Où que lâon aille, on voit pratiquer et enseigner des choses qui nâont pas de fondement dans lâÃcriture. Non seulement, on tolère, mais on sanctionne et on défend à outrance des choses qui sont en opposition directe avec lâEsprit de Christ. Si lâon demande où est lâautorité divine pour telle ou telle pratique, on nous répond que Christ ne nous a pas donné de directions pour ce qui concerne les affaires dâéglise, quâil nous a laissés libres dâagir dâaprès nos consciences, notre jugement ou nos sentiments religieux; quâil est absurde dâexiger un: «ainsi a dit lâÃternel», pour tous les détails en rapport avec nos institutions religieuses quâune large marge nous est laissée pour y faire entrer nos coutumes nationales et nos diverses manières de penser. On prétend que les chrétiens de profession sont libres de se former en soi-disant églises, de choisir la forme particulière de gouvernement de celles-ci, de faire leurs propres arrangements et de nommer leurs propres officiants.
En est-il ainsi? se demandera le lecteur chrétien. Se peut-il que le Seigneur ait laissé son Ãglise sans directions sur des points aussi importants? Se peut-il que lâÃglise de Dieu soit plus mal partagée à cet égard que le peuple dâIsraël? Dans nos études des livres de lâExode, du Lévitique et des Nombres, nous avons vu quels soins admirables lâÃternel prenait pour instruire son peuple des plus minutieux détails en rapport avec leur culte public et leur vie privée. Tout ce qui concernait le tabernacle, le temple, la sacrificature, les ordonnances, les fêtes et les sacrifices, les solennités périodiques, les années, les mois, les jours, les heures même, tout était prescrit et arrangé avec une précision divine. Rien nâétait laissé au jugement de lâhomme, à sa sagesse, à sa raison; sa conscience nâavait absolument rien à voir dans tout cela. Sâil en eût été autrement, nous nâaurions jamais eu cet admirable et profond système typique, que la plume inspirée de Moïse nous a présenté. Si Israël avait eu la liberté dâagir comme on voudrait nous faire croire que lâÃglise en a la liberté, quelle confusion, combien de querelles, de divisions, de partis en auraient été lâinévitable résultat!
Il nâen était point ainsi. La parole de Dieu elle-même décidait de tout. «Selon tout ce que lâÃternel avait commandé à Moïse». Cette phrase si significative précédait tout ce qui était prescrit et tout ce qui était défendu à Israël. Leurs institutions nationales, leurs habitudes domestiques, leur vie publique et privée, â tout dépendait de ce commandement: «Ainsi a dit lâÃternel». Il nây avait pas lieu à ce quâun membre de la congrégation pût dire: «Je ne puis voir ceci»; ou «je ne puis comprendre ou approuver cela». Un tel langage aurait été considéré comme un fruit de la volonté propre. Tout aussi bien aurait-il pu dire: «Je ne puis être dâaccord avec lâÃternel». Dieu lui-même avait donné pour toutes choses des directions si claires et si simples, quâil nây avait plus de place pour des discussions humaines. Dans toute lâéconomie mosaïque, il nây avait pas la largeur dâun cheveu où lâhomme pût faire entrer son opinion ou son jugement. Lâhomme ne pouvait rien ajouter à ce vaste système dâombres et de types divins, exposés dans un langage si simple et si compréhensible, que tout ce quâIsraël avait à faire câétait dâobéir â non pas raisonner, discuter, argumenter, mais obéir.
Hélas! ils faillirent, nous le savons. Ils firent leur propre volonté; ils suivirent leur propre chemin, ils firent «chacun ce qui était bon à ses yeux» (Juges 21:25). Ils sâécartèrent de la parole de Dieu, pour suivre lâimagination et les conseils de leurs méchants cÅurs; ils sâattirèrent ainsi la colère et lâindignation dont ils souffrent encore aujourdâhui.
Mais tout cela nâa rien à faire avec le point qui nous occupe maintenant. Israël avait les oracles Dieu, et ces oracles étaient divinement suffisants pour le guider en toutes choses. Il nây avait aucune place laissée pour les commandements et les doctrines des hommes. La parole de lâÃternel prévoyait chaque circonstance, répondait à toutes les exigences, et cette parole était si claire quâun commentaire humain était inutile.
LâÃglise de Dieu est-elle plus mal partagée que lâIsraël de jadis, sous le rapport de la direction et de lâautorité? Les chrétiens sont-ils chargés de choisir et dâorganiser eux-mêmes ce qui concerne le culte et le service de Dieu? Y a-t-il là matière à discussions humaines? La parole de Dieu est-elle suffisante ou ne lâest-elle pas? A-t-elle laissé quelque chose sans y pourvoir? Ãcoutons le témoignage suivant: «Toute Ãcriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que lâhomme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne Åuvre» (2 Tim. 3:16, 17).
Voilà qui est concluant. LâÃcriture Sainte renferme tout ce quâil faut à lâhomme de Dieu pour le rendre accompli, et propre à tout ce qui peut être appelé une «bonne Åuvre». Or, si cela est vrai quant à lâhomme de Dieu individuellement, cela est vrai aussi quant à lâÃglise de Dieu collectivement. LâÃcriture est pleinement suffisante pour lâun et pour lâautre, elle lâest pour tous. Dieu soit béni de ce quâil en est ainsi! Quelle grâce immense dâavoir un guide écrit! Sans cela que ferions-nous? Que deviendrions-nous? De quel côté nous tournerions-nous? Si nous étions laissés à la merci des traditions et des arrangements humains pour les choses de Dieu, quelle confusion désespérante! Quel conflit dâopinions!
On nous dira peut-être que bien que nous soyons en possession des Saintes Ãcritures, nous avons néanmoins des sectes, des partis, des confessions, des écoles théologiques innombrables. Dâoù cela vient-il? Simplement de ce que noue refusons de nous soumettre moralement à lâautorité de lâÃcriture Sainte. Câest le secret du mal, la vraie cause de toutes les sectes et de tous les partis, qui sont la honte et lâopprobre de lâÃglise de Dieu.
Câest en vain que lâon prendra la défense de cet état de choses, en disant quâil est le résultat naturel du libre examen et du jugement personnel dont se vante et se glorifie la chrétienté protestante. Nous ne saurions croire un instant quâune raison semblable subsistera devant le tribunal du Christ. Nous croyons au contraire que cette liberté de pensée, que cette indépendance de jugement si vantées, sont en opposition directe avec lâesprit dâobéissance implicite et respectueuse qui est due à notre adorable Seigneur et Maître. De quel droit un serviteur exercerait-il son jugement personnel, lorsque son maître lui a clairement exprimé sa volonté? Son devoir est simplement dâobéir, non de raisonner ou de questionner. Il manque à ce devoir en exerçant son jugement particulier.
On convient de tout cela lorsquâil sâagit des choses terrestres, mais dans les choses de Dieu, les hommes se croient libres de juger par eux-mêmes. Câest une fatale erreur. Dieu nous a donné sa Parole, et cette Parole est si claire que nul ne saurait sây tromper. Si donc nous nous laissions tous guider par elle, si nous nous inclinions tous, dans un esprit dâimplicite obéissance, devant sa divine autorité, il ne saurait y avoir ni opinions contradictoires, ni sectes diverses. Il est impossible que lâÃcriture Sainte puisse enseigner des doctrines contradictoires. Elle ne saurait prêcher à lâun lâanglicanisme, à lâautre le presbytérianisme, à un troisième le méthodisme. Elle ne saurait absolument pas donner des bases opposées à diverses écoles de la pensée. Ce serait faire insulte au volume divin, que de lui attribuer toutes les tristes divisions de lâéglise professante; une pensée aussi impie fera frissonner une âme pieuse. LâÃcriture ne peut se contredire; par conséquent si deux hommes ou si dix milliers dâhommes sont enseignés exclusivement par lâÃcriture, ils penseront tous de même.
Voyez ce que lâapôtre dit à lâéglise de Corinthe et à nous aussi: «Or je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus Christ», â remarquez la force de cet appel, â «à parler tous un même langage, et à ce quâil nây ait pas, de divisions parmi vous, mais que vous soyez parfaitement unis, dans un même sentiment et dans un même avis» (1 Cor. 1:10).
Que fallait-il faire pour obtenir ce résultat béni? Fallait-il que chacun se permît de juger par soi-même? Hélas! ce fut précisément cela qui donna naissance à toutes les divisions, à toutes les disputes de lâassemblée de Corinthe, et lui attira la sévère remontrance du Saint Esprit. Ces pauvres Corinthiens croyaient quâils avaient le droit de penser, de juger, de choisir par eux-mêmes, et quel en fut le résultat? «Car, mes frères, il mâa été dit de vous, par ceux qui sont de chez. Chloé, quâil y a des dissensions parmi vous. Or voici ce que je dis, câest que chacun de vous dit: Moi, je suis de Paul; et moi, dâApollos; et moi, de Céphas; et moi, de Christ. Le Christ est-il divisé?» (1 Cor. 1:11:12).
Nous avons ici le jugement particulier et ses tristes et immanquables fruits. Un homme a tout autant de droit quâun autre à juger par lui-même, et aucun nâa le droit dâimposer ses opinions à ses semblables. Que faut-il donc faire? Jeter aux quatre vents nos pensées particulières, et nous soumettre avec révérence à lâautorité suprême et absolue de lâÃcriture. Sinon, comment lâapôtre pouvait-il supplier les Corinthiens de «parler tous le même langage et dâêtre parfaitement unis dans un même sentiment et dans un même avis?» Qui est-ce qui devait prescrire le «langage» quâils devaient tous «parler»? Dans le «sentiment» ou dans «lâavis» de qui, devaient-ils «être parfaitement unis?» Est-ce que tel membre de lâAssemblée, quelque doué quâil pût être, avait le moindre droit de prescrire ce que ses frères devaient dire, penser ou croire? Certainement non. Il nây avait quâune autorité absolue, parce quâelle était divine, à laquelle tous étaient tenus, ou plutôt avaient le privilège de se soumettre. Les opinions humaines, la conscience, la raison, le jugement, sont sans aucune valeur en matière dâautorité. La parole de Dieu est la seule autorité, et si nous sommes tous gouvernés par elle, nous «parlerons tous le même langage», et il nây aura pas de divisions parmi nous, car «nous serons parfaitement unis dans un même sentiment et dans un même avis».
Condition admirable mais qui, hélas! nâest pas actuellement celle de lâÃglise de Dieu; câest pourquoi il est parfaitement évident que nous ne sommes pas tous gouvernés par une seule et même autorité suprême, absolue et suffisante, â la voix de lâÃcriture Sainte â cette voix bénie qui nâa jamais de note discordante, qui a toujours une harmonie divine pour lâoreille sanctifiée.
Voilà la racine de tout le mal. LâÃglise sâest éloignée de lâautorité de Christ, telle quâelle est démontrée dans sa Parole. Tant que cela nâest pas reconnu, il est inutile de discuter les droits des divers systèmes ecclésiastiques ou théologiques. Si un homme ne reconnaît pas que câest son devoir sacré dâéprouver tout système, quel quâil soit, au creuset de la parole de Dieu, câest en vain quâon discutera avec lui. Si nous nâavons pas une autorité divine, un guide infaillible, comment est-il possible à qui que ce soit dâêtre certain quâil marche dans le bon chemin? Sâil est vrai que nous avons la liberté de choisir nous-mêmes parmi les innombrables chemins qui nous entourent, alors, adieu à toute certitude, à la paix de lââme, au repos du cÅur, à toute sainte stabilité. Si nous ne pouvons pas dire de la place que nous occupons, du chemin que nous suivons, et du travail dans lequel nous sommes engagés: «Câest là ce que le Seigneur a commandé», nous pouvons être sûrs que nous sommes dans une fausse position, et plus tôt nous la quitterons mieux ce sera.
Grâce à Dieu, son enfant ou son serviteur nâest pas obligé de demeurer un instant en contact avec ce qui est mal. «Quâil se retire de lâiniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur» (2 Tim. 2:19). Mais comment saurons-nous ce qui est iniquité? Par la parole de Dieu. Tout ce qui est contraire à lâÃcriture dans la doctrine ou dans la morale est iniquité, et je dois mâen retirer, coûte que coûte. Câest une question individuelle: «Quiconque». «Celui qui a des oreilles» (Matt. 11:15). «Celui qui vaincra». «Si quelquâun entend ma voix» (Apoc. 3:20, 21).
Voilà le grand point câest la voix de Christ, non celle de cet excellent homme-ci ou de cet excellent homme-là ; ce nâest pas la voix de lâÃglise, celle des pères ou celle des conciles, mais la voix de notre bien-aimé Seigneur et Maître. Câest la conscience individuelle mise en contact direct avec la voix de Christ, la parole de Dieu vivante et éternelle, lâÃcriture Sainte. Pour être au clair et à lâabri de toute incertitude, il nous fallait une autorité suprême et inattaquable, un fanal immuable, et, grâce à Dieu, nous lâavons. Dieu a parlé, il nous a donné sa Parole, et câest, à la fois, notre devoir, notre privilège, notre sécurité morale et notre bonheur que de lui obéir.
Il est de toute importance que rien ne vienne se placer entre la conscience et la révélation divine. On parle de lâautorité de la voix de lâÃglise de quelle Ãglise? Est-ce lâéglise grecque, latine, protestante, presbytérienne? Toutes diffèrent entre elles, et il y a même des partis, des sectes, des dissensions dans chacune dâelles. Les conciles ont différé; les pères se sont disputés; les papes se sont excommuniés lâun lâautre. Dans lâéglise anglicane, nous avons la haute église, la basse et la large, chacune différant des autres. Dans lâéglise dâÃcosse ou presbytérienne, il y a aussi trois grandes divisions. Et si, dans sa perplexité, une pauvre âme angoissée se détourne de ces grands systèmes, pour chercher la lumière parmi les dissidents, sâen trouvera-t-elle mieux?
Cher lecteur, le cas est sans espoir. Lâéglise professante tout entière sâest révoltée contre lâautorité de Christ, et ne saurait être un guide ou une autorité pour personne. Dans les chap. 2 et 3 de lâApocalypse, nous voyons lâÃglise sous le jugement, et lâappel sept fois répété est: «Que celui qui a des oreilles écoute». Ãcoute quoi? La voix de lâÃglise? Impossible! Le Seigneur ne saurait nous dire dâécouter la voix de ce qui est soi-même sous le jugement. Qui doit-on donc écouter? «Quâil écoute ce que lâEsprit dit aux assemblées».
Mais où cette voix se fait-elle entendre? Seulement dans les Saintes Ãcritures données de Dieu, dans sa grâce infinie, pour guider nos âmes dans le chemin de la paix et de la vérité, malgré la ruine totale de lâÃglise et les ténèbres et la confusion dans la chrétienté baptisée. Le langage humain ne saurait trouver de termes pour exprimer le bonheur de posséder une autorité et un guide divin et infaillible pour notre route ici-bas. Mais rappelons-nous, que nous sommes responsables de la manière dont nous suivons ce guide et nous soumettons à cette autorité. Il est vain et même dangereux moralement de faire profession dâavoir un guide et une autorité divine, si nous ne nous y soumettons pas entièrement. Câest là ce qui caractérisait les Juifs, aux jours de notre Seigneur. Ils avaient les Ãcritures, mais ils ne leur obéissaient pas. Et lâun des plus tristes caractères de la chrétienté de notre temps, câest quâelle se vante de posséder la Bible, tout en mettant hardiment de côté son autorité.
Nous sentons profondément le sérieux de tout ceci, et nous le mettons sur la conscience du lecteur chrétien. La parole de Dieu est virtuellement mise de côté parmi nous. De toutes parts, on pratique et on sanctionne des choses qui, non seulement ne sont pas fondées sur lâÃcriture, mais qui lui sont diamétralement opposées.
Nous sommes persuadés que ce qui caractérisera tous ceux qui veulent marcher fidèlement dans ces dernières heures de lâhistoire terrestre de lâÃglise, câest un profond respect pour la parole de Dieu, et un attachement sincère à la personne de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. Ces deux choses sont liées ensemble par un anneau sacré et indestructible.
«LâÃternel, notre Dieu, nous parla en Horeb, disant: Vous avez assez demeuré dans cette montagne. Tournez-vous, et partez, et allez à la montagne des Amoréens et dans tous les lieux voisins, dans la plaine, dans la montagne, et dans le pays plat, et dans le midi, et sur le rivage de la mer, au pays des Cananéens et au Liban, jusquâau grand fleuve, le fleuve Euphrate» (vers. 6, 7).
Nous verrons, en parcourant ce Livre, que lâÃternel sây adresse à son peuple, dâune manière beaucoup plus directe et plus simple, que dans les trois livres précédents. Nous savons, par le livre des Nombres, que les mouvements du camp étaient dirigés par la nuée, et annoncés par le son de la trompette. Mais, dans ce cinquième livre, il nâest fait allusion ni à lâun ni à lâautre; câest beaucoup plus simple et familier: «LâÃternel, notre Dieu, nous parla en Horeb, disant: Vous avez assez demeuré dans cette montagne».
Câest de toute beauté, et cela nous rappelle lâadmirable simplicité des temps des patriarches, lorsque lâÃternel leur parlait comme un homme parle à son ami.
Mais dans lâExode, le Lévitique et les Nombres, nous avons quelque chose de tout à fait différent. Nous y voyons se déployer un vaste système de types et dâimages, de rites, dâordonnances et de cérémonies, qui étaient imposés au peuple pour un temps, et dont la signification nous est donnée dans lâépître aux Hébreux (Héb. 9:8-10).
Sous ce système, les enfants dâIsraël étaient tenus à distance de Dieu. Il nâen était pas pour eux comme du temps de leurs pères, dans le livre de la Genèse. Dieu était comme voilé. Les traits principaux des cérémonies lévitiques étaient, quant à ce qui concernait le peuple, servitude, obscurité, éloignement. Mais, dâun autre côté, leurs types et leurs images représentaient le grand sacrifice, qui est le fondement de tous les conseils merveilleux de Dieu, et par le moyen duquel il peut, en toute justice et dâaccord avec lâamour de son cÅur, sâacquérir un peuple qui lui est cher, à la louange de la gloire de sa grâce.
Nous lâavons déjà dit, nous trouverons comparativement, peu de rites et de cérémonies dans le livre du Deutéronome. LâÃternel communique plus directement avec le peuple; les sacrificateurs même se présentent rarement à nous, et quand il est fait allusion à eux, câest au point de vue moral plutôt que cérémoniel. Nous en aurons la preuve en avançant dans notre étude.
«LâÃternel, notre Dieu, nous parla en Horeb, disant: Vous avez assez demeuré dans cette montagne. Tournez-vous et partez, et allez à la montagne des Amoréens». Quel privilège dâavoir lâÃternel si près dâeux, sâintéressant à tous leurs mouvements et à tout ce qui les concernait! Il savait combien de temps ils devaient rester dans un endroit, et de quel côté se diriger ensuite.
Que leur restait-il donc à faire? Quel était leur devoir pur et simple? Obéir. Là se trouvait le secret de leur paix, de leur bonheur, de leur sécurité morale. Ils nâavaient pas à sâinquiéter de leurs mouvements; tout leur voyage était arrangé pour eux par Celui qui connaissait chaque pas du chemin depuis Horeb à Kadès-Barnéa; ils nâavaient quâà vivre au jour le jour, dans une heureuse dépendance de Lui.
Position bénie et privilégiée! Mais elle demandait une volonté brisée. Si, lorsque lâÃternel avait dit: «Vous avez assez demeuré en cette montagne», ils avaient, au contraire, décidé dây rester un peu plus longtemps, ils y seraient restés sans Lui; sa compagnie, ses conseils et son secours ne leur étaient assurés que sur le chemin de lâobéissance.
Il en est de même de nous. Nous avons le précieux privilège de pouvoir remettre tout ce qui nous concerne entre les mains, non seulement du Dieu de lâalliance, mais dâun Père qui nous aime. Sa bonne Parole nous dit: «Ne vous inquiétez de rien, mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces». Câest alors que «la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cÅurs et vos pensées dans le Christ Jésus» (Phil. 4:6, 7).
Mais on demandera peut-être: «Comment Dieu dirige-t-il son peuple maintenant? Nous ne pouvons espérer dâentendre sa voix, nous disant ce que nous avons à faire».
Nous pouvons être guidés de deux manières par la Parole et par le Saint Esprit; et nous devons nous rappeler que ces deux choses seront toujours dâaccord. Une personne peut se croire amenée par le Saint Esprit à suivre une certaine ligne de conduite, dont les conséquences sont en opposition avec la parole de Dieu. Son erreur sera mise en évidence. Il est très dangereux de se fier à ses impressions ou dâagir par impulsion; les conséquences les plus fatales peuvent en résulter. Mais nous pouvons nous fier à lâÃcriture sans aucune hésitation, et nous verrons toujours que lâhomme conduit par le Saint Esprit nâagira jamais en contradiction avec la parole de Dieu. Câest ce que nous pouvons appeler un axiome de la vie divine; une règle immuable du christianisme pratique. Que nây a-t-on prêté plus dâattention dans toutes les périodes de lâhistoire de lâÃglise!
Un autre côté de cette question demande encore notre sérieuse considération. On entend souvent parler «de la divine Providence», comme dâun guide auquel on peut se fier. Il se peut que ce ne soit là quâune manière dâexprimer lâidée dâêtre guidé par les circonstances, ce qui est loin dâêtre une direction convenable pour un chrétien. Sans doute, le Seigneur nous fait connaître quelquefois sa volonté, et nous montre notre chemin dâune manière que nous appelons providentielle; mais nous devons vivre bien près de Lui pour pouvoir discerner convenablement ce fait; sans cela, il se peut que ce que nous appelons «circonstances providentielles», ne soient que des pierres dâachoppement sur le sentier de lâobéissance. Les circonstances extérieures doivent être pesées en la présence de Dieu et jugées à la lumière de sa Parole, sans quoi elles peuvent nous conduire aux plus graves erreurs. Bref, la parole de Dieu est la pierre de touche parfaite pour toutes choses; les circonstances extérieures, les impressions intimes et les sentiments, â tout doit être placé dans la lumière de lâÃcriture Sainte, et jugé là calmement et sérieusement. Câest le vrai chemin de la paix, de la sûreté et de la bénédiction pour tout enfant de Dieu.
On peut répondre à tout ceci, que nous ne saurions nous attendre à trouver un passage de la Bible pour nous guider dans les mille détails de notre vie journalière. En effet; mais il y a dans lâÃcriture certains grands principes qui, appliqués à propos, seront une direction divine, même dans les cas où nous ne pourrions trouver un texte formel. En outre, nous avons lâassurance certaine, que notre Dieu peut guider ses enfants en toutes choses, et quâil le fait. «Par lâÃternel les pas de lâhomme sont affermis» (Ps. 37:23). «Il fera marcher dans le droit chemin les débonnaires, et il enseignera sa voie aux débonnaires» (Ps. 25:9). «Je te conseillerai ayant mon Åil sur toi» (Ps. 32:8). Il peut nous montrer sa volonté à lâégard de telle ou de telle chose; sans cela où en serions-nous? Dans quelque cas que ce soit, il peut nous donner, dâune manière parfaite, la certitude que nous faisons sa volonté; et, sans cette certitude, nous ne devrions jamais faire un pas. Si nous sommes indécis, restons tranquilles et attendons.
Souvent il arrive que nous nous tourmentons pour des choses que Dieu ne nous demande pas du tout. Quelquâun disait un jour à un ami: «Je ne sais de quel côté me tourner». «Eh bien! ne vous tournez dâaucun côté», fut la sage réponse.
Mais ici se place un point moral de toute importance: câest notre état dââme, qui joue ici un grand rôle. Ce sont «les débonnaires quâil fera marcher dans la justice et auxquels il enseignera sa voie». Si nous sommes humbles et méfiants de nous-mêmes, si nous comptons sur Dieu en simplicité de cÅur, il nous dirigera sûrement. Mais câest un fatal manque de droiture que de demander conseil à Dieu, lorsque nous avons un parti pris et que notre volonté est en jeu.
Prenez lâexemple de Josaphat, dans 1 Rois 22: «Et il arriva, en la troisième année, que Josaphat, roi de Juda, descendit vers le roi dâIsraël», â faute grave, pour commencer, â «Et le roi dâIsraël dit à ses serviteurs: savez-vous que Ramoth de Galaad est à nous? Et nous nous taisons sans la reprendre de la main du roi de Syrie! Et il dit à Josaphat: Viendras-tu avec moi à la guerre à Ramoth de Galaad? Et Josaphat dit au roi dâIsraël: Moi, je suis comme toi, mon peuple comme ton peuple, mes chevaux comme tes chevaux» et, comme nous le lisons en 2 Chroniques 18:3: «je serai avec toi dans la guerre».
Nous voyons ici que son parti était pris avant quâil ne pensât à consulter Dieu dans cette affaire. Il était dans une fausse position. Il était tombé dans le piège de lâennemi, faute de posséder un Åil simple; il nâétait donc pas en état de recevoir la direction divine. Il était décidé à faire sa propre volonté, et le Seigneur lui en laisse recueillir les fruits. Sans la miséricorde infinie de Dieu, il serait tombé sous les coups des Syriens, et on lâaurait emporté mort du champ de bataille.
Il est vrai quâil avait dit au roi dâIsraël: «Enquiers-toi aujourdâhui, je te prie, de la parole de lâÃternel». Mais à quoi cela servait-il après quâil sâétait engagé à faire cette guerre? Sâil eût été dans un bon état dââme, il nâaurait jamais demandé conseil pour un cas pareil. Son état dââme étant mauvais, sa position était fausse, et ses intentions en opposition directe avec les pensées et la volonté de Dieu. Par conséquent, quoiquâil entendît le messager de lâÃternel prononcer un jugement solennel sur toute cette expédition, il nâen suivit pas moins son propre chemin et fut bien près dây perdre la vie.
Nous voyons la même chose au chap. 42 de Jérémie. Les Israélites sâadressent au prophète pour savoir sâils doivent descendre en Ãgypte. Mais ils étaient déjà tout décidés. Ils voulaient faire leur propre volonté. Sâils avaient été humbles, ils nâauraient pas eu besoin de demander conseil à cet égard. «Et ils dirent à Jérémie: LâÃternel soit entre nous un témoin véritable et fidèle, si nous ne faisons selon toute la parole pour laquelle lâÃternel, ton Dieu, tâenverra vers nous. Soit bien, soit mal, nous écouterons la voix de lâÃternel, notre Dieu, vers qui nous tâenvoyons, afin quâil nous arrive du bien, quand nous écouterons la voix de lâÃternel, notre Dieu».
Tout cela paraît très bon et rempli de promesses. Mais remarquez la suite. Lorsquâils virent que le jugement et le conseil de Dieu ne sâaccordaient pas avec leur volonté, «tous ces hommes orgueilleux parlèrent à Jérémie, disant: Câest un mensonge que tu dis; lâÃternel, notre Dieu, ne tâa pas envoyé pour nous dire: Nâallez point en Ãgypte pour y séjourner» (chap. 43:2).
Lâorgueil et la volonté propre étaient à lâÅuvre. Tous ces vÅux et toutes ces promesses étaient illusoires: «Vous vous êtes séduits vous-mêmes dans vos âmes, dit Jérémie, quand vous mâavez envoyé vers lâÃternel, votre Dieu, disant: Prie lâÃternel, notre Dieu, pour nous, et selon tout ce que lâÃternel, notre Dieu, dira, ainsi déclare-nous, et nous le ferons». Tout aurait bien été, si la réponse divine se fût accordée avec leur volonté dans cette affaire, mais comme elle lui était en opposition, ils la repoussent entièrement.
Combien souvent nâen est-il pas ainsi? La parole de Dieu ne convient pas à lâhomme; elle le juge; elle est en directe opposition à sa volonté elle dérange ses plans; câest pourquoi il la rejette. La volonté et la raison humaines sont toujours en antagonisme avec la Parole. Le chrétien doit donc mettre de côté lâune et lâautre, sâil désire réellement être conduit par Dieu. Une volonté non brisée et lâaveugle raison, ne nous mèneront que dans les ténèbres, la misère et la désolation. Jonas voulut aller à Tarsis, quand il aurait dû aller à Ninive, et la conséquence fut quâil se trouva «dans le sein du sépulcre», avec «les algues enveloppant sa tête» (Jonas 2:6). Ainsi aussi Josaphat voulut monter à Ramoth de Galaad, quand il aurait dû être à Jérusalem; la conséquence fut quâil se trouva environné par les épées des Syriens. Le reste du peuple, aux jours de Jérémie, voulut descendre en Ãgypte, au lieu de rester à Jérusalem; la conséquence fut quâils moururent par lâépée, par la famine et la peste, dans ce pays dâÃgypte, «où ils désiraient aller pour y séjourner».
Il en sera toujours ainsi. Le chemin de la propre volonté est un chemin de ténèbres et de misère. Le chemin de lâobéissance est un sentier de lumière et de bénédiction, un sentier sur lequel les rayons de la faveur divine brillent toujours avec éclat. Ce chemin peut paraître étroit, rude et solitaire, à lâÅil humain; mais, pour lââme obéissante, câest un sentier de vie, de paix et de sécurité morale. «Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusquâà ce que le plein jour soit établi.» (Prov. 4:18). Sentier précieux! Puissions-nous tous être trouvés y marchant dâun pas résolu!
Avant de quitter ce sujet si pratique de lâobéissance et de la direction divine, nous prierons nos lecteurs de sâarrêter avec nous quelques instants sur un beau passage du chapitre 11 de Luc; ils le trouveront rempli dâinstructions précieuses.
«La lampe du corps, câest ton Åil; lorsque ton Åil est simple, ton corps tout entier aussi est plein de lumière; mais lorsquâil est méchant, ton corps aussi est ténébreux. Prends donc garde que la lumière qui est en toi ne soit ténèbres. Si donc ton corps tout entier est plein de lumière, nâayant aucune partie ténébreuse, il sera tout plein de lumière, comme quand la lampe tâéclaire de son éclat» (vers. 34-36).
Rien ne peut égaler la beauté et la force morales de ce passage. Tout dâabord, nous avons «lâÅil simple». Il est essentiel pour la jouissance de la direction divine. Il indique une volonté brisée, un cÅur honnêtement résolu à faire la volonté de Dieu, sans prétextes personnels ou autres, et quelle que puisse être cette volonté.
Quand lââme est dans cette situation, la lumière divine y resplendit et le corps en est rempli. Dâoù il suit que, si le corps nâest pas plein de lumière, câest que lâÅil nâest pas simple; la volonté propre, des motifs divers, des intérêts personnels sont en jeu; nous ne sommes pas droits devant Dieu. Dans ce cas, la lumière que nous faisons profession dâavoir est ténèbres; et il nây a pas de ténèbres plus profondes et plus terribles, que ces ténèbres judiciaires, qui sâétendent sur un cÅur gouverné par la propre volonté, tout en professant dâavoir la lumière de Dieu. Cela se verra avec toute son horreur dans la chrétienté, lorsque «sera révélé lâinique, que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et quâil anéantira par lâapparition de sa venue» (2 Thess. 2:8).
Combien cela est terrible! et avec quelle solennité cela sâadresse à lâéglise professante tout entière; à vous et à moi aussi, cher lecteur! La lumière non utilisée devient ténèbres. «Si la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres» (Matt. 6:23). Dâautre part, une faible lumière, sincèrement suivie, augmentera sûrement, car «à celui qui a, il sera donné davantage».
Ce progrès moral est admirablement exposé au verset 36 de Luc 11: «Si donc ton corps tout entier est plein de lumière, nâayant aucune partie ténébreuse», â pas de coin fermé aux rayons célestes, â pas de réserve déloyale, â tout ton être moral sera exposé à lâaction de la lumière divine. De plus, lââme obéissante a non seulement une lumière pour son propre sentier, mais cette lumière brille au dehors, de sorte que dâautres la voient, comme lâéclat brillant dâune lampe. «Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, en sorte quâils voient vos bonnes Åuvres et quâils glorifient votre Père qui est dans les cieux» (Matt. 5:16).
Le sentier du juste est celui de la sagesse céleste, de la paix parfaite. Nâoublions jamais que câest notre grand privilège dâêtre dirigés par Dieu dans les plus petits détails de notre vie de chaque jour. Celui qui nâest pas ainsi guidé bronchera souvent; il fera plus dâune chute, plus dâune triste expérience. Quel privilège béni que de marcher, jour après jour, dans le sentier tracé pour nous par notre Père; sentier que lâÅil de lâaigle nâa point vu, que le lionceau nâa point foulé; sentier dâune sainte obéissance, dans lequel les humbles et les petits se trouveront toujours, à la louange et à la gloire de Celui qui le leur a ouvert.
Dans la suite de notre chapitre, Moïse répète au peuple, dans un langage dâune touchante simplicité, les faits relatifs à la nomination des juges et à la mission des espions. Ici, Moïse attribue lâétablissement des juges à sa propre suggestion. La mission des espions fut proposée par le peuple. Ce cher serviteur de Dieu trouvait le poids de la congrégation trop lourd pour lui; il était lourd en effet, bien que nous sachions que la grâce de Dieu était amplement suffisante pour tous les besoins, et de plus, que cette grâce pouvait agir tout aussi bien avec un seul homme quâavec soixante et dix.
Nous pouvons néanmoins comprendre la crainte quâéprouvait «lâhomme le plus doux de la terre», relativement à la responsabilité dâune charge aussi importante; le langage quâil emploie pour exprimer cette crainte est touchant au plus haut degré: «Et je vous parlai, en ce temps-là , disant: Je ne puis, moi seul, vous porter». Non, assurément, nul homme ne lâaurait pu; mais Dieu était là pour répondre aux besoins de tous les moments. «LâÃternel, votre Dieu, vous a multipliés, et vous voici aujourdâhui, en multitude, comme les étoiles des cieux. Que lâÃternel, le Dieu de vos pères, ajoute à votre nombre mille fois ce que vous êtes, et vous bénisse, comme il vous lâa dit!» (vers. 10-12). Belle parenthèse! Souhaits dâun cÅur généreux! â «Comment porterais-je, moi seul, votre charge, et votre fardeau, et vos contestations?»
Le secret de beaucoup de leurs «charges et de leurs fardeaux» câest quâils nâétaient pas dâaccord entre eux; il y avait des différends, des controverses et des procès; et qui aurait pu porter un tel poids? Nâen aurait-il pas dû être autrement? Sâils eussent marché dâaccord, il nây aurait pas eu de procès à juger, et par conséquent nul besoin de juges pour les juger. Si chaque membre de la congrégation eût cherché lâintérêt, lâavantage, le bonheur de ses frères, il nây aurait pas eu de querelles.
Il nâen était point ainsi dâIsraël dans le désert et, ce qui est bien plus humiliant, il nâen est pas ainsi de lâÃglise de Dieu, quoique nos privilèges soient bien plus grands.
à peine lâassemblée eut-elle été formée, par la présence du Saint Esprit, que des accents de murmure et de mécontentement sây firent entendre. Et pourquoi? à propos dâune «négligence» réelle ou imaginaire (Actes 6). Quoi quâil en soit, le moi était à lâÅuvre. Si la négligence était imaginaire, les Grecs étaient blâmables; si elle était réelle, alors les Hébreux étaient blâmables. Il arrive ordinairement en pareils cas, quâil se trouve des fautes des deux côtés; mais le seul moyen dâéviter les disputes, les dissensions et les murmures, câest de fouler aux pieds le moi et de rechercher sincèrement le bien des autres. Si cela eût été compris et pratiqué dès le commencement, combien la tâche de lâhistorien sacré eût été différente! Mais, hélas lâhistoire de lâéglise professante nâest, dès son début, quâun récit déplorable et humiliant de divisions et de divergences. En présence du Seigneur lui-même, dont la vie tout entière était une vie dâabnégation complète, les disciples se disputent, pour savoir lequel dâentre eux sera le plus grand. Quiconque connaît la vraie grandeur morale, qui consiste à dépouiller le moi, ne recherchera pas la meilleure place. Ãtre près de Christ, satisfait tellement un cÅur humble, quâil ne fait aucun cas des honneurs ou des distinctions. Mais quand le moi domine, on voit paraître lâenvie et la jalousie, les dissensions, les querelles, et tout ce qui est mauvais.
Voyez la scène entre les deux fils de Zébédée et leurs dix frères, au chapitre 10 de Marc.
Le moi en était la cause. Les deux premiers pensaient à se procurer une bonne place dans le royaume, et les dix autres en «conçurent de lâindignation contre eux». Si chacun avait mis de côté le moi et recherché le bien des autres, cette scène nâaurait jamais eu lieu.
Il est superflu de multiplier les exemples. Chaque siècle de lâhistoire de lâÃglise prouve la vérité de notre assertion: que lâégoïsme et ses viles menées sont les causes qui produisent la division, depuis les temps des apôtres jusquâà nos jours. En revanche, on verra que lâoubli de soi et de ses intérêts est le secret de la paix, de la concorde et de lâamour fraternel. Si nous apprenons à mettre le moi de côté, pour rechercher sincèrement la gloire de Christ et le bien de son peuple bien-aimé, alors nous nâaurons guère de «procès» à juger.
Mais revenons à notre chapitre.
«Donnez-vous des hommes sages, et intelligents, et connus, selon vos tribus, et je les établirai chefs sur vous. Et vous me répondîtes et dîtes: La chose que tu as dit de faire est bonne. Et je pris les chefs de vos tribus, des hommes sages et connus», â des hommes préparés par Dieu, et possédant, parce quâils la méritaient, la confiance de la congrégation, â «et je les établis chefs sur vous, chefs de milliers, et chefs de centaines, et chefs de cinquantaines, et chefs de dizaines, et officiers sur vos tribus» (vers. 13-15).
Admirable arrangement! Puisquâil y avait lieu de le faire, rien nâétait mieux adapté au maintien de lâordre, que ces degrés dâautorité allant du gouverneur de dizaines au gouverneur de milliers, â le législateur étant à la tête de tous, et lui-même en communication directe avec le Dieu dâIsraël.
Il nâest pas fait allusion ici au fait rapporté au chap. 17 de lâExode, savoir que lâétablissement de ces juges se fit à la suggestion de Jéthro, le beau-père de Moïse. Il nâest non plus pas fait mention de la scène du chap. 11 des Nombres. Nous ferons remarquer au lecteur, que câest là une des nombreuses preuves que ce livre est loin dâêtre une pure répétition des autres sections du Pentateuque. Ce livre a un caractère qui lui est particulier, et la manière dont les faits y sont présentés est en parfait accord avec le but du Saint Esprit, qui était de parler au cÅur des enfants dâIsraël, afin dâobtenir ce grand résultat, objet tout spécial du livre, savoir une obéissance filiale à toutes les ordonnances de lâÃternel, leur Dieu.
Les incrédules et les rationalistes voudraient nous faire voir des contradictions dans les divers récits donnés par les différents livres, mais le lecteur pieux rejettera avec une sainte indignation une telle suggestion, qui procède directement du père du mensonge, cet Ennemi déclaré de la Révélation. Si nous consentons à être aussi simples quâun petit enfant, nous jouirons de la révélation de lâamour du Père, telle quâelle nous est donnée par le Saint Esprit dans lâÃcriture. Dâun autre côté, ceux qui se croient sages et comptent sur leur savoir, leur philosophie et leur raison, qui se croient compétents pour juger la parole de Dieu et, par conséquent, Dieu lui-même, ceux-là seront laissés à leur aveuglement et à leur endurcissement de cÅur. «Où est le sage? où est le scribe? où est le disputeur de ce siècle? Dieu nâa-t-il pas fait de la sagesse du monde une folie?» (1 Cor. 1:20).
«Si quelquâun veut être sage, quâil devienne fou». Tel est le secret de toute lâaffaire.
Continuons maintenant notre étude.
«Et je commandai à vos juges, en ce temps-là , disant Ãcoutez les différends entre vos frères, et jugez avec justice entre un homme et son frère, et lâétranger qui est avec lui. Vous ne ferez point acception des personnes dans le jugement; vous entendrez aussi bien le petit que le grand; vous nâaurez peur dâaucun homme, car le jugement est de Dieu; et lâaffaire qui sera trop difficile pour vous, vous me la présenterez, et je lâentendrai» (vers. 16, 17).
Quelle sainte et juste impartialité! Dans tous les cas de divergences, on devait entendre les deux parties, sans aucune acception de personnes. Le jugement devait se baser, non sur les impressions personnelles, mais sur les faits clairement établis. La position et les circonstances des plaignants nâétaient point prises en considération. La justice seule devait décider la question. «Vous entendrez aussi bien le petit que le grand». Le pauvre devait avoir la même mesure que le riche, lâétranger que celui qui était né au pays.
Combien tout cela est rempli dâinstruction pour nous tous! Il est vrai que nous ne sommes pas tous appelés à être des juges, des chefs ou des gouverneurs, mais les grands principes moraux posés dans le passage cité plus haut, sont de toute importance pour chacun de nous, car il se présente constamment des cas qui en demandent lâapplication directe. Dans quelque position que nous soyons, nous pouvons être appelés à voir des divergences entre nos frères, des cas de torts réels ou imaginaires, et il nous est nécessaire dâêtre divinement instruits sur ce que nous avons à faire dans de semblables occasions.
Dans les cas de cette nature, nous ne saurions trop nous rappeler que notre jugement doit être basé sur tous les faits de lâun et de lâautre côté. Nous ne nous laisserons pas influencer par nos impressions, car nous savons quâelles peuvent nous tromper. Il nous faut des faits réels et irrécusables â des faits établis par deux ou trois témoins, comme lâÃcriture le dit si clairement (Deut. 17:6; Matt. 18:16; 2 Cor. 13:1; 1 Tim. 5:19).
En outre, nous ne devons jamais nous borner, dans une affaire à juger, à une affirmation ex parte1. Chacun est sujet, même avec les meilleures intentions, à colorer ses assertions de telle ou telle manière, sans avoir la moindre idée de mentir ou de porter un faux témoignage. Le manque de mémoire ou telle autre cause, peut faire omettre un point important, ou, au contraire, lui donner trop dâimportance, ou en altérer la signification. «Audi alteram partem» (écoute lâautre partie) est une maxime à suivre. Ãcoutons donc les deux parties, et nous pourrons porter un jugement juste et équitable. En règle générale, tout jugement formé sans une exacte connaissance de tous les faits, nâa aucune valeur. «Ãcoutez les différends entre vos frères, et jugez avec justice entre un homme et son frère, et lâétranger qui est avec lui». Paroles utiles en tout temps.
1 terme juridique indiquant que le juge juge une affaire en nâayant à faire quâà une seule partie, et non pas deux parties pouvant apporter des arguments contradictoires.
Quelle injonction importante aussi au verset 17: Comme ces paroles dévoilent le pauvre cÅur humain! Ne sommes-nous pas portés à avoir égard à lâapparence, à être influencés par les personnes, à mettre de lâimportance à la position, à la fortune à craindre lâhomme?
Lâantidote divin à tous ces maux est la crainte de Dieu. Si nous avons le Seigneur devant nos yeux en tout temps, cela nous délivrera de la pernicieuse influence de la partialité, des préventions et de la crainte des hommes, sources de tant de mal parmi les enfants de Dieu.
Voyons maintenant le récit fait par Moïse de la mission des espions, de son origine et de ses résultats.
«Et je vous commandai, en ce temps-là , toutes les choses que vous devez faire» (vers. 18). Le sentier de lâobéissance était mis devant eux, ils nâavaient quâà y marcher dâun pas ferme et avec un cÅur soumis. Ils nâavaient pas à raisonner ou à peser les conséquences. Ils devaient laisser tout cela entre les mains de Dieu et avancer résolument dans ce sentier béni.
«Et nous partîmes dâHoreb, et nous traversâmes tout ce grand et terrible désert que vous avez vu, le chemin de la montagne des Amoréens, comme lâÃternel, notre Dieu, nous lâavait commandé, et nous vînmes jusquâà Kadès-Barnéa. Et je vous dis: Vous êtes arrivés jusquâà la montagne des Amoréens, laquelle lâÃternel, notre Dieu, nous donne. Regarde, lâÃternel, ton Dieu, a mis devant toi le pays: monte, prends possession comme lâÃternel, le Dieu de tes pères, te lâa dit; ne crains point et ne tâeffraye point» (v. 19-21).
Tel était leur mandat pour entrer en possession immédiate. LâÃternel, leur Dieu, leur avait donné le pays et lâavait mis devant eux. Il leur appartenait, câétait le don gratuit de sa grâce souveraine en suite de lâalliance quâil avait faite avec leurs pères, son dessein, de toute éternité. Cela aurait dû suffire pour mettre leur cÅur en repos, non seulement quant à la nature du pays, mais encore quant à la manière dont ils y entreraient. Il nây avait nul besoin dâespions. La foi ne demande pas à examiner ce que Dieu a donné, elle conclut que ce quâil a donné doit être bon à avoir, et quâIl est capable de nous faire entrer en pleine possession de tout ce que sa grâce nous a accordé. Israël aurait pu conclure que la même main qui les avait guidés «dans tout ce grand et terrible désert», pouvait les faire entrer et les affermir dans leur héritage.
Câest ainsi que la foi aurait raisonné, car elle va de Dieu aux circonstances, jamais des circonstances à Dieu. «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» (Rom. 8:31). Câest lâargument de la foi, grand dans sa simplicité, et simple dans sa grandeur morale. Lorsque Dieu remplit tout lâhorizon de la vision de lââme, les difficultés sont de peu dâimportance. Ou bien elles passent inaperçues, ou bien elles sont considérées comme des occasions pour le déploiement de la puissance divine, ta foi aime à voir Dieu triompher des difficultés.
Mais, hélas! le peuple nâétait pas gouverné par la foi dans cette circonstance, câest pourquoi il eut recours aux espions. Câest ce que Moïse leur rappelle dans un langage à la fois tendre et fidèle. «Et vous vous approchâtes tous de moi, et vous dîtes: Envoyons des hommes devant nous, et ils examineront le pays pour nous, et ils nous rapporteront des nouvelles du chemin par lequel nous pourrons monter et des villes auxquelles nous viendrons» (vers. 22).
Ils auraient dû se reposer sur Dieu pour tout cela. Celui qui les avait fait sortir du pays dâÃgypte, qui leur avait frayé un passage à travers la mer, qui les avait guidés dans le désert, était bien capable de les faire entrer dans le pays. Mais non, ils veulent envoyer des espions, parce que leurs cÅurs nâavaient pas confiance dans le Dieu Tout-Puissant.
Câétait là le secret de lâaffaire, soyons-en bien persuadés. Sâil nous est dit dans les Nombres que lâÃternel commanda à Moïse dâenvoyer les espions, câest à cause de la condition morale du peuple. Nous voyons là la différence caractéristique, et, en même temps, la belle harmonie des deux livres. Les Nombres nous donnent lâhistoire publique, le Deutéronome nous montre la raison secrète de la mission des espions. Lâune est le complément de lâautre, et chacune en parfait accord avec le caractère du livre. Nous ne comprendrions pas le sujet à fond, si nous nâavions que le récit donné dans les Nombres. Le commentaire fourni par le Deutéronome complète le tableau.
Il se peut cependant que le lecteur demande comment ce pouvait être mal de les envoyer, puisque lâÃternel leur avait dit de le faire? Nous répondrons: le mal nâétait pas dans le fait quâon les envoyait, mais dans leur désir de les envoyer. Ce désir était le fruit de lâincrédulité; lâordre de les envoyer fut donné à cause de cette incrédulité.
Nous voyons quelque chose de semblable en Matt. 19, touchant le divorce: «Moïse, à cause de votre dureté de cÅur, vous a permis de répudier vos femmes; mais, au commencement, il nâen était pas ainsi».
Tout sâexplique aussi dans lâaffaire des espions. Israël nâaurait pas dû en avoir besoin une foi simple nây aurait jamais pensé. Mais lâÃternel vit lâétat des choses, et donna un ordre en accord avec cet état. De même, plusieurs siècles plus tard, il vit que le cÅur du peuple désirait un roi, et il commanda à Samuel de leur en donner un (lisez 2 Sam. 8:7-9).
Nous voyons que, lorsque Dieu satisfait un désir, ce nâest nullement une preuve que ce désir soit selon Lui. Israël nâaurait pas dû demander un roi, lâÃternel ne leur suffisait-il pas? Nâétait-il pas leur roi? Ne pouvait-il pas, comme toujours, les conduire à la bataille et combattre pour eux? Pourquoi rechercher le bras de la chair? Tout pouvoir, toute sagesse, toute vraie bonté, se trouvaient en lâÃternel, leur Dieu, et ils pouvaient y avoir recours en tout temps et dans toutes leurs nécessités.
Et lorsquâils possédèrent le roi que leur cÅur désirait, que fit ce roi pour eux? «Tout le peuple le suivait en tremblant» (1 Sam. 13:7). Plus nous étudions la triste histoire du règne de Saül, plus nous voyons que, du commencement à la fin, il fut un obstacle plutôt quâune aide. Son règne fut un lamentable fiasco, exprimé par ces paroles du prophète Osée (13:11): «Je tâai donné un roi dans ma colère, et je lâai ôté dans ma fureur». En un mot, Saül fut la réponse à lâincrédulité et à la volonté propre du peuple, câest pourquoi toutes leurs brillantes espérances à son sujet furent bientôt totalement détruites. Il ne répondait point au cÅur de Dieu, et, par conséquent, il ne répondit point aux besoins du peuple. Il se montra tout à fait indigne de la couronne, et sa mort ignominieuse sur la montagne de Guilboa fut en accord avec toute sa carrière.
Maintenant, si nous considérons la mission des espions, nous voyons quâelle se termine aussi par un désappointement complet. Il nâen pouvait être autrement, puisquâelle était le fruit de lâincrédulité. Il est vrai que Dieu leur donna des espions aussi Moïse dit-il, avec une grâce touchante: «Et la chose fut bonne à mes yeux, et je pris dâentre vous douze hommes, un homme par tribu». Câétait la grâce sâabaissant à lâétat du peuple, et consentant à un projet qui convenait à cet état. Mais cela ne prouve nullement que, soit le projet, soit lâétat du peuple, fussent selon Dieu. Béni soit son Nom, il peut nous venir en aide dans notre incrédulité, quoiquâil soit affligé et déshonoré par elle.
Il aime une foi ferme et franche, la seule chose au monde qui lui donne sa vraie place. Câest pourquoi, lorsque Moïse dit au peuple: «Regarde, lâÃternel, ton Dieu, a mis devant toi le pays: monte, prends possession, comme lâÃternel, le Dieu de tes pères, te lâa dit; ne crains point, et ne tâeffraye point», quelle aurait dû être leur réponse? «Nous voici, ô Ãternel, conduis-nous à la victoire. Tu nous suffis. Avec toi pour chef, nous avancerons avec confiance. Pour toi les difficultés ne sont rien. Peu nous importe ce qui nous attend: les géants, les hautes murailles, les tours menaçantes, ne sont devant Toi, ô Ãternel, Dieu dâIsraël, que comme des feuilles sèches devant lâorage. Conduis-nous donc, ô Ãternel!»
Tel ne fut pas le langage dâIsraël. Dieu ne leur suffisait pas. Ils ne se fiaient pas à ce quâil leur avait dit du pays. Le pauvre cÅur humain veut tout essayer plutôt que de dépendre simplement de Dieu. Lâhomme naturel ne peut se confier en Dieu, parce quâil ne le connaît point. Il nây a rien au monde de plus béni quâune vie de foi simple et réelle. Mais on se fait illusion si lâon croit vivre de foi, tandis que le cÅur sâappuie sur quelque soutien humain. Le vrai croyant nâa affaire quâà Dieu. Toutes ses ressources sont en Lui. Ce nâest pas quâil nâapprécie les instruments que Dieu veut bien employer; au contraire, il les apprécie hautement, précisément parce quâils sont les moyens dont Dieu se sert pour venir en aide et bénir. Mais il ne leur donne pas la place de Dieu. Il dit: «Mais toi, mon âme, repose-toi paisiblement sur Dieu; car mon attente est en lui. Lui seul est mon rocher» (Ps. 62:5, 6).
Il y a une force toute particulière dans ce mot «seul». Il sonde le cÅur. Sâattendre à lâhomme, soit directement, soit indirectement, pour suppléer à un besoin quelconque, câest, en principe, sâécarter de la vie de foi. Et quelle triste chose que de compter sur les moyens humains! Câest, au point de vue moral, aussi dégradant que la vie de foi est ennoblissante, â et câest aussi illusoire que dégradant. Israël voulut envoyer des espions, et toute lâaffaire tourna à sa confusion.
«Et ils se tournèrent, et montèrent dans la montagne, et vinrent jusquâau torrent dâEshcol, et explorèrent le pays. Et ils prirent dans leurs mains du fruit du pays et nous lâapportèrent, et ils nous rendirent compte et dirent: Le pays, que lâÃternel, notre Dieu, nous donne, est bon» (vers. 24, 25). Puisque Dieu le donnait, il ne pouvait être que bon. Avaient-ils besoin dâespions pour leur dire que le don de Dieu était bon? Assurément non. Une foi simple aurait raisonné ainsi: «Tout ce que Dieu donne doit être digne de Lui; nous nâavons pas besoin dâespions pour nous en assurer». Mais hélas! cette foi simple est un joyau extrêmement rare, et ceux-là même qui le possèdent nâen connaissent que bien peu la valeur et ne savent guère sâen servir. Parler de la vie de foi et vivre de cette vie, câest deux choses, comme le sont la théorie et la pratique. Nâoublions jamais que câest le privilège de tout enfant de Dieu de vivre de foi, et que cette vie embrasse tout ce qui est nécessaire au chrétien du commencement à la fin de sa carrière terrestre.
Le lecteur remarquera de quelle manière Moïse fait allusion à la mission des espions. Il se borne à cette portion de leur témoignage qui était selon la vérité. Il ne dit rien des dix espions infidèles. Ceci est en parfait accord avec le caractère et lâobjet du livre. Tout sây adresse à la conscience de lâassemblée. Il leur rappelle quâils avaient eux-mêmes proposé dâenvoyer les espions, et que, quoique ces derniers eussent placé devant eux du fruit du pays, et témoigné de son excellence, ils ne voulurent pas y monter: «Mais vous ne voulûtes pas monter, et vous fûtes rebelles au commandement de lâÃternel, votre Dieu» (vers. 26). Ils étaient sans excuse. Leur cÅur était évidemment dans un état dâincrédulité et de rébellion, et la mission des espions, du commencement à la fin, ne fit que le manifester pleinement.
«Et vous murmurâtes dans vos tentes, et vous dites: Câest parce que lâÃternel nous hait», â terrible mensonge â «quâil nous a fait sortir du pays dâÃgypte, afin de nous livrer aux mains des Amoréens, pour nous détruire». Combien les arguments de lâincrédulité sont absurdes! Sûrement, si lâÃternel les eût haïs, rien ne lui eût été plus facile que de les laisser mourir parmi les fours à briques des Ãgyptiens, sous le fouet cruel des exacteurs de Pharaon. Pourquoi sâétait-il donné tant de peine à leur sujet? Pourquoi ces dix plaies envoyées sur le pays de leurs oppresseurs?
Sâil les haïssait, pourquoi nâavait-il pas laissé les eaux de la Mer Rouge les engloutir, comme elles avaient englouti leurs ennemis? Pourquoi les avait-il délivrés de lâépée dâAmalek? Ah sâils nâeussent pas été gouvernés par un esprit dâaveugle incrédulité, tant de preuves magnifiques de son amour les auraient amenés à une conclusion tout opposée à celle quâils osèrent exprimer. Il nây a rien sous le ciel de plus irrationnel que lâincrédulité; il nây a rien de plus logique que la simple confiance dâune foi enfantine. Puisse le lecteur faire toujours lâexpérience de cette vérité!
«Et vous murmurâtes dans vos tentes». Lâincrédulité non seulement raisonne, mais elle murmure. Elle ne voit ni le bon, ni le beau côté des choses. Elle nâest jamais au clair, parce quâelle met Dieu de côté et ne regarde quâaux circonstances. Ils dirent: «Où monterions-nous? Nos frères nous ont fait fondre le cÅur, en disant: Câest un peuple plus grand et de plus haute taille que nous» â mais ils nâétaient pas plus grands que Jéhovah; â «les villes sont grandes, et murées jusquâaux cieux»; â grossière exagération de lâincrédulité! â «et de plus nous avons vu là des fils des Anakim».
La foi aurait répondu: Eh bien! si les villes sont murées jusquâau ciel, notre Dieu est au-dessus dâelles, car il est dans le ciel. Que sont les grandes cités et les hautes murailles pour Celui qui créa lâunivers, et le soutient par la parole de sa puissance? Que sont les Anakim en présence du Dieu Tout-Puissant? Si le pays était couvert de villes murées, de Dan à Beër-Shéba, et si les géants étaient aussi nombreux que les feuilles dâune forêt, tout cela serait comme de la balle pour Celui qui avait promis de donner à toujours la propriété du pays de Canaan à la postérité dâAbraham, son ami.
Mais Israël nâavait pas la foi, comme lâapôtre nous le dit au chapitre 3 des Hébreux: «Ils nây purent entrer à cause de lâincrédulité». Là était la difficulté. Les villes à hautes murailles et les terribles Anakim nâauraient pas été des obstacles, si Israël ne sâétait confié quâen Dieu, qui en aurait promptement eu raison. Lâincrédulité nous prive toujours de la bénédiction. Elle sâoppose au rayonnement de la gloire de Dieu elle jette une ombre sur nos âmes, et nous ôte le privilège de faire lâexpérience de la toute-suffisance de notre Dieu, pour suppléer à tous nos besoins et pour écarter toutes nos difficultés.
Béni soit-il de ce quâil ne fait jamais défaut au cÅur qui se confie en Lui, et plus on Lui demande, plus il aime à donner. Ne nous dit-il pas: «Ne crains pas, crois seulement» (Marc 5:36), ou encore: «Quâil vous soit fait selon votre foi» (Matt. 9:19). Précieuses paroles! Puissions-nous tous en réaliser pleinement la douceur et la force Nous pouvons être certains que nous ne saurions jamais aller trop loin en comptant sur Dieu. Nous manquons toujours en ne puisant pas assez dans ses trésors infinis: «Ne tâai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire, de Dieu?» (Jean 11:40).
Lâenvoi des espions finit comme il avait commencé par lâincrédulité la plus déplorable. Dieu étant mis de côté, ils ne voyaient que les difficultés.
«Ils nây purent entrer». Ils ne purent voir la gloire de Dieu. Ãcoutons les paroles de Moïse elles font du bien au cÅur; elles en touchent les cordes les plus sensibles; «Et je vous dis: Ne vous épouvantez pas, et ne les craignez point: LâÃternel, votre Dieu, qui marche devant vous combattra lui-même pour vous». â Dieu combattant pour le peuple! lâÃternel, un homme de guerre! â «Il combattra pour vous, selon tout ce quâil a fait pour vous sous vos yeux, en Ãgypte, et dans le désert, où tu as vu que lâÃternel, ton Dieu, tâa porté comme un homme porte son fils, dans tout le chemin où vous avez marché, jusquâà ce que vous soyez arrivés en ce lieu-ci. Mais, dans cette circonstance, vous ne crûtes point lâÃternel, votre Dieu, qui, afin de reconnaître pour vous un lieu pour que vous y campiez, allait devant vous dans le chemin, la nuit, dans le feu, pour vous faire voir le chemin où vous deviez marcher, et le jour, dans la nuée».
Quelle force morale, quelle touchante douceur dans cet appel! Comme nous voyons clairement ici, ainsi quâà chaque page du livre, que le Deutéronome nâest pas une simple répétition de faits, mais un puissant commentaire de ces faits qui touche tout à fait le cÅur. La manière dâagir si tendre de lâÃternel est indiquée ici avec une délicatesse inimitable. Qui ne serait frappé par cette douce image: «Comme un homme porte son fils?» Si la force de la main de lâÃternel, ou la supériorité de son intelligence, se voient dans la nature de son action, lâamour de son cÅur se montre dans la manière dont il lâaccomplit.
Les Israélites, néanmoins, ne pouvaient croire que Dieu les ferait entrer au pays. Malgré les merveilleuses preuves quâil leur avait données de sa puissance, de sa fidélité, de sa bonté, depuis les fours à briques dâÃgypte, jusquâaux confins du pays de Canaan, ils restaient incrédules. «Et lâÃternel entendit la voix de vos paroles et fut courroucé, et jura, disant: Si aucun de ces hommes, de cette génération méchante voit ce bon pays que jâai Juré de donner à vos pères! excepté Caleb, fils de Jephunné: lui, le verra, et je lui donnerai et à ses fils, le pays où il a marché, parce quâil a pleinement suivi lâÃternel» (v. 35-36).
«Ne tâai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?» (Jean 11:40). Tel est lâordre divin. Les hommes disent que voir câest croire, mais dans le royaume de Dieu, croire câest voir.
Pourquoi aucun des hommes de cette méchante génération ne put-il voir ce bon pays? Simplement, parce quâils nâavaient pas cru lâÃternel, leur Dieu. Et pourquoi Caleb eut-il la permission de le voir et dâen prendre possession? Simplement, parce quâil avait cru. Lâincrédulité est toujours ce qui nous empêche de voir la gloire de Dieu. «Il ne fit pas là beaucoup de miracles, à cause de leur incrédulité» (Matt. 13:58). Si Israël eût cru, Il lâaurait amené et établi sur la montagne de son héritage.
Il en est de même des chrétiens maintenant. Il nây a pas de limites aux bénédictions dont nous pourrions jouir, si nous comptions davantage sur Dieu. «Toutes choses sont possibles à celui qui croit» (Marc 9:23). Dieu ne nous dira jamais: «Tu as assez reçu; tu attends trop». Impossible, car câest sa joie de répondre aux espérances les plus vastes de la foi.
Tirons donc largement sur Lui: «Ouvre ta bouche toute grande, et je la remplirai» (Ps. 81:10). Les trésors inépuisables du ciel sont ouverts à la foi. «Quoi que vous demandiez, en priant, si vous croyez, vous le recevrez» (Matt. 21:22). «Si quelquâun de vous manque de sagesse, quâil demande à Dieu, qui donne à tous libéralement et qui ne fait pas de reproches, et il lui sera donné mais quâil demande avec foi, ne doutant nullement» (Jac. 1:5). La foi nâhésite ni ne doute lâincrédulité est toujours hésitante et chancelante, câest pourquoi elle ne voit jamais la gloire de Dieu, ni sa puissance. Elle est sourde à sa voix, et aveugle pour voir ses actes. Elle affaiblit le cÅur et les mains; elle assombrit la route et empêche tout progrès. Elle retint Israël quarante ans loin du pays de Canaan; et nous nâavons aucune idée de combien de bénédictions elle nous prive. Combien tout irait mieux parmi nous, si la foi était plus vivante dans nos cÅurs! Quelle est la cause de la déplorable stérilité de la chrétienté professante? Comment expliquerons-nous notre pauvreté morale, notre peu de croissance? Pourquoi voyons-nous de si faibles résultats de toutes les Åuvres chrétiennes? Pourquoi y a-t-il si peu de véritables conversions? Pourquoi nos évangélistes sont-ils si souvent découragés à cause du petit nombre de leurs gerbes? Nous répondrons à toutes ces questions: La cause de tout ce mal est notre incrédulité.
Sans doute que nos divisions y ont aussi leur part, de même que notre mondanité, lâétat charnel de nos cÅurs, notre égoïsme, notre amour de nos aises. Quel est le remède à tout cela? Comment nos cÅurs seront-ils attirés vers tous nos frères, dans un amour sincère? «Par la foi» â ce principe précieux â «opérant par lâamour» (Gal. 5:6). Ainsi lâapôtre peut dire aux chers nouveaux convertis de Thessalonique: «Votre foi augmente beaucoup», et puis encore (2 Thess. 1:3): «Et lâamour de chacun de vous tous, lâun pour lâautre, abonde». Il en est toujours ainsi. La foi nous met en contact immédiat avec la source éternelle de lâamour en Dieu lui-même, et la conséquence naturelle en est que nos cÅurs sont attirés vers tous ceux qui Lui appartiennent, vers tous ceux dans lesquels nous retrouvons, quelque peu que ce soit, son image bénie. Nous ne pouvons être près du Seigneur, et ne pas aimer tous ceux qui, en tons lieux, invoquent son Nom dâun cÅur pur. Plus nous sommes près de Christ, plus nous serons intimement unis, dans lâamour fraternel, à chaque membre de son corps.
Quant à la mondanité, sous toutes ses formes, comment la combattrons-nous? Voici la réponse dâun autre apôtre: «Parce que tout ce qui est né de Dieu est victorieux du monde; et câest ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi. Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu?» (1 Jean 5:4, 5). Le nouvel homme marchant dans la puissance de la foi, vit au-dessus du monde, au-dessus de ses intérêts, de ses motifs, de ses usages. Il nâa rien de commun avec lui. Quoique dans le monde, il nâest pas du monde. Il se meut en sens contraire. Toutes ses sources viennent du ciel. Sa vie, ses espérances, son tout est là , et il lui tarde dây être aussi, quand son Åuvre sur la terre sera terminée.
La foi est donc un principe puissant. Elle purifie le cÅur, elle opère par lâamour, elle est victorieuse du monde. Il nâest donc pas étonnant que Pierre lâappelle une «foi précieuse»; elle lâest vraiment au-delà de toute expression.
Voyez comment ce principe agissait en Caleb, et quels fruits bénis il produisit. Caleb put réaliser la vérité de ces paroles, prononcées des centaines dâannées plus tard: «Il vous sera fait selon votre foi». Il crut que Dieu était capable de les faire entrer dans le pays, et que tous les obstacles et toutes les difficultés nâétaient là que pour exercer leur foi; puis Dieu, comme il le fait toujours, répondit à sa foi (voyez Josué 14:6-14). Quâelle est édifiante lâexpression dâune foi candide! Quel contraste avec les accents de la sombre incrédulité qui déshonore Dieu! â «Et Josué le bénit, et donna Hébron en héritage à Caleb, fils de Jephunné. Câest pourquoi Hébron appartient en héritage, jusquâà ce jour, à Caleb, fils de Jephunné, le Kenizien, parce quâil avait pleinement suivi lâÃternel, le Dieu dâIsraël».
Caleb, comme son père Abraham, était fort dans la foi, donnant gloire à Dieu. Nous pouvons dire, avec une entière certitude, que comme la foi honore toujours Dieu, Dieu à son tour aime à honorer la foi; et que si les chrétiens dépendaient plus entièrement de Dieu seul, sâils puisaient davantage aux sources éternelles, nous verrions un état de choses bien différent autour de nous: «Ne tâai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?» Oh! si nous avions une foi plus vivante! Si nous saisissions plus fermement les promesses de Dieu! alors nous pourrions attendre des résultats plus glorieux de lâévangélisation nous verrions plus de zèle, plus dâénergie, et plus de dévouement dans lâÃglise, et plus de fruits de justice dans la vie de chaque croyant individuellement.
Au verset 37, Moïse rappelle dâune manière touchante le fait de son exclusion de la terre promise. «Contre moi aussi lâÃternel sâirrita, à cause de vous, disant: Toi non plus, tu nây entreras pas». Remarquez ces mots: «à cause de vous». Il était nécessaire de rappeler à lâassemblée que câétait à cause dâeux que Moïse, ce bien-aimé et honoré serviteur de lâÃternel était empêché de traverser le Jourdain et de poser son pied dans le pays de Canaan. Il est vrai «quâil avait parlé légèrement de ses lèvres», mais ils lâavaient provoqué en «chagrinant son esprit» (Ps. 106:33). Combien cela aurait dû les toucher! Non seulement ils ne purent entrer eux-mêmes à cause de leur incrédulité, mais encore ils furent la cause de lâexclusion de Moïse, qui désirait si ardemment «voir cette bonne montagne et le Liban» (Deut. 3:25).
Le gouvernement de Dieu est une solennelle réalité. Le cÅur humain sâétonnera peut-être que quelques paroles, prononcées à la légère, aient été une cause suffisante pour empêcher un bien-aimé serviteur dâatteindre lâobjet de ses vÅux. Nous nâavons quâà courber la tête; il ne nous appartient pas de juger ou de raisonner. «Le juge de toute la terre ne fera-t-il pas ce qui est juste?» (Gen. 18:25). Assurément. Il ne peut se tromper. «Grandes et merveilleuses sont tes Åuvres, Seigneur, Dieu Tout-puissant! Justes et véritables sont tes voies, ô Roi des nations!» (Apoc. 15:3). «Dieu est extrêmement redoutable dans lâassemblée des saints, et terrible au milieu de tous ceux qui lâentourent» (Ps. 89:7). «Notre Dieu est un feu consumant» (Héb. 12:29), et: «Câest une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant» (Héb. 10:31).
La portée et lâaction du gouvernement de Dieu seront-elles différentes, parce que nous, chrétiens, sommes sous la dispensation de la grâce? Nullement. Il est aussi vrai aujourdâhui que jamais que «ce quâun homme sème, cela aussi il le moissonnera» (Gal. 6:7). Il ne sâagit donc pas de spéculer sur la liberté de la grâce divine, pour être à lâabri des actes du gouvernement divin. Ces deux choses sont parfaitement distinctes; on ne devrait jamais les confondre. La grâce peut pardonner gratuitement et pour toujours; mais les roues du gouvernement de lâÃternel continuent à tourner avec une puissance écrasante. La grâce pardonna le péché dâAdam, mais sa justice le chassa dâÃden pour gagner son pain à la sueur de son front, parmi les épines et les ronces dâun sol maudit. La grâce pardonna le péché de David, mais lâépée du gouvernement resta sur sa maison jusquâà la fin; Bath-Shéba fut la mère de Salomon, mais Absalom fomenta une rébellion.
De même pour Moïse: la grâce le fait monter au sommet de Pisga et lui montre le pays, mais le gouvernement lui défend positivement dây entrer. On objectera que Moïse, dans sa capacité officielle, en tant que représentant le système légal, ne pouvait amener le peuple dans le pays. Cela est vrai, mais ne touche en rien la solennelle vérité qui nous occupe. Ni dans le chapitre 20 des Nombres, ni dans le premier chapitre du Deutéronome, nous ne voyons un mot de Moïse dans sa position officielle. Câest lui-même en personne qui est devant nous, et sâil ne peut entrer dans le pays de la promesse, câest parce quâil a parlé légèrement de ses lèvres.
Il sera bon pour nous de bien peser, devant Dieu, cette grande vérité pratique. Soyons certains que plus nous connaîtrons vraiment la grâce, plus nous sentirons la solennité du gouvernement, et plus nous en approuverons les arrêts. Il y a du danger à recevoir avec insouciance et légèreté la doctrine de la grâce, lorsque le cÅur et la vie nâen subissent pas la sanctifiante influence. Il nây a rien de plus terrible quâune légèreté charnelle relativement à la vérité du salut par grâce. Elle ouvre la porte à toute espèce de licence. Câest pourquoi nous voudrions mettre sur la conscience du lecteur la vérité pratique du gouvernement de Dieu. Elle est utile en tout temps, mais surtout de nos jours, où règne la fatale tendance de «changer la grâce de notre Dieu en dissolution» (Jude 4). Nous verrons toujours que ceux qui sentent le plus profondément lâimmense bénédiction dâêtre sous la dispensation de la grâce, seront aussi ceux qui accepteront le plus entièrement les arrêts du gouvernement de Dieu.
Nous apprenons, par la fin de notre chapitre, que le peuple nâétait nullement disposé à se soumettre à ce gouvernement. Il ne voulait ni grâce, ni gouvernement. Quand on lâinvite à monter pour aller prendre possession du pays avec lâaide de lâÃternel, il hésite, refuse, et se laisse aller à un esprit dâincrédulité. En vain, Josué et Caleb lui font entendre les paroles les plus encourageantes en vain, étalent-ils devant ses yeux les beaux fruits du bon pays; en vain, Moïse cherche à lâémouvoir par les motifs les plus touchants; Israël ne veut pas monter lorsquâon lui dit de le faire. Quâarrive-t-il alors? Il est pris au mot. Il lui est fait selon son incrédulité. «Et vos petits enfants, dont vous avez dit quâils seraient une proie, et vos fils qui aujourdâhui ne connaissent pas le bien et le mal, ceux-là y entreront, et câest à eux que je le donnerai, et ils le posséderont. Et vous, tournez-vous, et partez pour le désert, par le chemin de la mer Rouge» (v. 39-40).
Il nây avait pas dâalternative. Sâils ne voulaient pas monter au pays avec une foi simple, ils devaient retourner dans le désert. Câest à quoi ils ne veulent pas se soumettre. Ils ne voulaient ni profiter des provisions de la grâce, ni sâincliner sous la sentence du jugement: «Et vous répondîtes et me dîtes: Nous avons péché contre lâÃternel; nous monterons, et nous combattrons, selon tout ce que lâÃternel, notre Dieu, nous a commandé. Et vous ceignîtes chacun ses armes de guerre, et légèrement vous entreprîtes de monter dans la montagne» (vers. 41).
Cela ressemble à la contrition et au jugement de soi-même, mais il nây en avait que lâapparence. Il est très facile de dire: «Nous avons péché». Saül aussi lâa dit plus tard, mais sans avoir le sentiment de la signification de ces mots: «Jâai péché», comme on le voit par ce qui suit immédiatement: «Honore-moi maintenant, je te prie, en la présence des anciens de mon peuple» (1 Sam. 15:30). Quelle étrange contradiction: «Jâai péché»; mais pourtant, «honore-moi». Sâil eût réellement senti son péché, combien son langage aurait été différent, ainsi que toute sa conduite. Rempli de lui-même, se servant dâune formule, sans un atome de sentiment réel, Saül faisait montre dâadorer Dieu, afin de sâattirer de lâhonneur! Combien de telles choses doivent offenser Celui qui exige la vérité dans le cÅur, et qui veut que ceux qui lâadorent, lâadorent en esprit et en vérité! Les plus faibles soupirs dâun cÅur brisé et contrit sont précieux au Seigneur; mais il abhorre les vaines formes de la religiosité, dont le but est dâexalter lâhomme à ses propres yeux et aux yeux de ses semblables. La confession des lèvres nâa aucune valeur, si le cÅur ne sent pas le péché. Un auteur moderne lâa dit avec beaucoup de justesse: «Câest une chose facile de dire «nous avons péché», mais que de fois il nous faut apprendre quâune prompte et brusque confession du péché nâest pas ce qui prouve que le péché est senti! Elle est plutôt une preuve de la dureté de cÅur. La conscience sent quâun certain acte de confession est nécessaire, mais il nây a peut-être rien qui endurcisse autant le cÅur que lâhabitude de confesser le péché sans le sentir. Un des grands pièges de la chrétienté est lâhabitude de répéter au moyen dâune formule, une confession stéréotypée des péchés. Nous lâavons probablement tous fait dâune manière ou dâune autre; car, sans posséder une formule écrite, le cÅur naturel peut toujours sâen composer quelquâune à son usage».
Ainsi en fut-il pour Israël à Kadès: leur confession de péché était sans aucune valeur; elle nâavait pas le cachet de la vérité. Sâils eussent senti ce quâils disaient, ils se seraient inclinés sous le jugement de Dieu et auraient accepté humblement la conséquence de leur péché. Voyez le cas de Moïse. Il courbe sa tête sous la discipline divine. «LâÃternel», dit-il, «sâirrita contre moi à cause de vous, disant: Toi non plus, tu nây entreras pas. Josué, fils de Nun, qui se tient devant toi, lui, y entrera; fortifie-le, car câest lui qui le fera hériter à Israël» (vers. 37:38).
Moïse leur montre quâils sont la cause de son exclusion du pays, et cependant pas une parole de murmure ne lui échappe; il se soumet à la décision divine, non seulement résigné à être remplacé par un autre, mais prêt à nommer et à encourager son successeur. Il nây a pas trace de jalousie ou dâenvie en lui. Il nâétait pas occupé de lui-même ou de ses intérêts, mais de la gloire de Dieu et du bien de son peuple.
Ce dernier montrait un esprit bien différent. «Nous monterons et nous combattrons». Quelle folie! Lorsque Dieu leur avait commandé de monter, et que ses fidèles serviteurs les avaient encouragés à aller prendre possession du pays, ils avaient répondu: «Où monterions-nous?» Puis, lorsquâil leur est ordonné de retourner dans le désert, ils disent: «Nous monterons et nous combattrons».
«Et lâÃternel me dit: Dis-leur: ne montez pas, et ne combattez pas, car je ne suis point au milieu de vous, afin que vous ne soyez pas battus par vos ennemis. Et je vous parlai; mais vous nâécoutâtes point, et vous fûtes rebelles au commandement de lâÃternel, et vous fûtes présomptueux, et montâtes dans la montagne. Et lâAmoréen, qui habitait cette montagne, sortit à votre rencontre, et vous poursuivit, comme font les abeilles, et il vous tailla en pièces en Séhir, jusquâà Horma» (vers. 42-44).
Il nâétait pas possible que lâÃternel les accompagnât sur le chemin de la volonté propre et de la rébellion, et sans la présence divine, Israël ne pouvait résister aux Amoréens. Si Dieu est pour nous et avec nous, nous devons être victorieux. Mais nous ne pouvons pas compter sur Dieu, si nous ne sommes pas dans le chemin de lâobéissance. Câest folie de sâimaginer que nous pouvons avoir Dieu avec nous si notre conduite nâest pas fidèle. «Le nom de lâÃternel est une forte tour le juste y court, et sây trouve en une haute retraite» (Prov. 18:10). Si nous ne marchons pas dans la justice pratique, câest une coupable présomption que de parler dâavoir le Seigneur pour notre forte tour.
Béni soit-il de ce quâil peut nous agréer malgré toutes nos faiblesses et toutes nos misères, pourvu quâil voie en nous un sentiment sincère de notre vraie condition. «Confie-toi en lâÃternel, et pratique le bien» (Ps. 37:3), tel est lâordre divin.
Prétendre sâassurer en lâÃternel, tandis quâon fait le mal, câest changer la grâce de notre Dieu en dissolution, et nous mettre entre les mains du diable qui ne cherche que notre ruine morale. «Car les yeux de lâÃternel parcourent toute la terre, afin quâil se montre fort en faveur de ceux qui sont dâun cÅur parfait envers lui» (2 Chr. 16:9). Quand nous avons une bonne conscience, nous pouvons lever la tête, et cheminer à travers toute espèce de difficultés; mais vouloir marcher sur le sentier de la foi avec une mauvaise conscience est une chose des plus dangereuses. Ce nâest que lorsque nos reins sont ceints de vérité et que nous avons revêtu la cuirasse de la justice, que nous pouvons prendre le bouclier de la foi.
Il est de toute importance que les chrétiens recherchent la justice pratique dans tous ses détails. Ces paroles de lâapôtre Paul sont dâune grande valeur morale pour nous: «Moi aussi je mâexerce à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes». Nous devrions faire de même. Notre saint privilège est de fouler, jour après jour, dâun pas ferme, le sentier du devoir, de lâobéissance, celui sur lequel luit constamment la lumière de lâapprobation de Dieu. Alors sûrement, nous pourrons compter sur Dieu, et ainsi avancer, en paix, vers notre patrie céleste.
Nous le répétons, ce nâest pas que nous ne puissions regarder à Dieu dans notre faiblesse, nos manquements, et même lorsque nous avons péché. Nous le pouvons et nous le devons; son oreille est toujours attentive à notre cri. «Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité» (1 Jean 1:9). «Je tâai invoqué des lieux profonds, ô Ãternel! Seigneur! écoute ma voix; que tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications. à Jah! si tu prends garde aux iniquités, Seigneur, qui subsistera? Mais il y a pardon auprès de toi, afin que tu sois craint» (Psaumes 130:1-4). Il nây a aucune limite au pardon divin, par le fait quâil nây en a aucune à lâétendue de lâexpiation, aucune à la vertu et à lâefficace du sang de Jésus Christ, le Fils de Dieu, qui purifie de tout péché; aucune à la valeur de lâintercession de notre grand Souverain Sacrificateur, qui peut sauver jusquâau bout tous ceux qui sâapprochent de Dieu par lui.
Toutes ces vérités sont largement exposées et illustrées de diverses manières dans le volume inspiré. Mais la confession du péché et le pardon ne doivent pas être confondus avec la justice pratique. Ce sont deux conditions très distinctes dans lesquelles nous pouvons nous adresser à Dieu; nous pouvons lâinvoquer avec une profonde contrition, et être exaucés, ou bien nous pouvons le prier avec une bonne conscience et être exaucés aussi. Néanmoins, les deux choses sont essentiellement distinctes et forment toutes deux un contraste marqué avec lâindifférence et la dureté de cÅur, qui prétendent compter sur Dieu dans une marche de désobéissance positive. Câest là ce qui est si choquant aux yeux du Seigneur et qui attire son juste jugement. Il reconnaît et il approuve la justice pratique; il pardonne gratuitement et entièrement le péché confessé; mais nous imaginer que nous pouvons nous confier en Dieu, tandis que nos pieds sont sur le chemin de lâiniquité, ce nâest rien moins que la plus épouvantable impiété. «Ne mettez pas votre confiance en des paroles de mensonge, disant: Câest ici le temple de lâÃternel, le temple de lâÃternel, le temple de lâÃternel Mais si vous amendez réellement vos voies et vos actions, si vous faites réellement la justice entre un homme et son prochain, si vous nâopprimez pas lâétranger, lâorphelin et la veuve, et que vous ne versiez pas le sang innocent dans ce lieu, et que vous ne marchiez pas après dâautres dieux pour votre dommage, je vous ferai demeurer dans ce lieu, dans le pays que jâai donné à vos pères, de siècle en siècle. Voici, vous vous confiez en des paroles de mensonge, qui ne profitent pas. Quoi? voler, tuer, commettre adultère, jurer faussement, brûler de lâencens à Baal, marcher après dâautres dieux que vous ne connaissez pas!⦠et vous venez, et vous vous tenez devant moi dans cette maison qui est appelée de mon nom, et vous dites: Nous sommes délivrés pour faire toutes ces abominations» (Jér. 7:4-10).
Dieu veut la réalité. Il désire la vérité dans le cÅur, et si les hommes prétendent lâavoir et marchent dans lâimpiété, il faut quâils sâattendent à son juste jugement. Cette pensée nous fait trembler pour lâéglise professante. Le passage si solennel, que nous avons tiré du prophète Jérémie, quoique sâappliquant tout dâabord aux enfants de Juda et aux habitants de Jérusalem, a aussi une application très positive à la chrétienté. Nous voyons au chapitre 3 de la seconde épître à Timothée, que toutes les abominations du paganisme, énumérées à la fin du chap. 1 des Romains, seront reproduites aux derniers jours couvertes du manteau de la profession chrétienne, et en relation immédiate avec «une forme de piété». Quelle doit être la fin dâun semblable état de choses? La colère sans rémission. Les plus sévères jugements de Dieu en destruction sont réservés aux masses baptisées de cette profession, que nous appelons la chrétienté. Le moment approche rapidement où tous les bien-aimés enfants de Dieu, rachetés par le sang de Christ, seront enlevés de ce monde coupable et pécheur, bien que soi-disant «chrétien», pour être à toujours avec le Seigneur dans ces demeures divines préparées dans la maison du Père. Alors «lâénergie dâerreur» (2 Thess. 2:11) sera envoyée sur la chrétienté, sur ces mêmes pays où la lumière du christianisme a brillé avec éclat; où lâévangile du salut gratuit a été prêché où la Bible a circulé par millions dâexemplaires, et où tous, plus ou moins, professent le nom de Christ et sâappellent chrétiens.
Quâest-ce qui doit succéder à cette «énergie dâerreur»? Un nouveau témoignage? de nouvelles offres de grâce? dâautres tentatives de la miséricorde divine? Non; pas pour la chrétienté Non; pas pour ceux qui professent, sans Dieu et sans Christ, les formes creuses et vaines du christianisme. Les païens entendront «lâÃvangile éternel» (Apoc. 14:6); «lâÃvangile du royaume» mais quant à cette chose terrible, quant à cette épouvantable anomalie qui sâappelle la chrétienté, rien ne reste pour elle que les ténèbres du dehors à jamais.
Lecteur, ce sont les paroles véritables de Dieu. Rien ne serait plus facile que de mettre sous vos yeux une foule de preuves convaincantes, tirées de lâÃcriture; mais cela nous écarterait de notre but actuel. Le Nouveau Testament, du commencement à la fin, enseigne la solennelle vérité énoncée ci-dessus, et tout système de théologie qui enseigne différemment, sera sur ce point du moins, reconnu complètement faux.