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Sunday, December 22nd, 2024
the Fourth Week of Advent
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Bible Commentaries
Commentaire biblique intermédiaire Commentaire biblique intermédiaire
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur 2 Chronicles 10". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/2-chronicles-10.html.
bibliography-text="Commentaire sur 2 Chronicles 10". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/
Whole Bible (6)
versets 1-19
Chapitres 10 à 12
Chapitres 10 à 36 — Les successeurs de Salomon. L’ère des prophètes
Le chap. 10 marque la seconde division des Chroniques, la première comprenant l’histoire de David et de Salomon. Jusqu’à la fin de notre livre nous avons l’histoire de la royauté de Juda, contrepartie de celle d’Israël traitée dans les livres des Rois. Mais, avant d’étudier les successeurs de Salomon, il nous faut exposer brièvement ce que leur histoire a de spécial.
Nous avons dit que les Chroniques présentent le tableau des conseils de Dieu au sujet de la royauté. Ces conseils ont été accomplis en type, mais seulement en type, sous les règnes de David et de Salomon. David, roi souffrant et rejeté, est devenu, dans son Fils, le roi de paix, le roi de gloire qui s’assied sur le trône de l’Éternel. Cependant, quoique les Chroniques aient soin d’omettre entièrement les fautes de Salomon, il n’était pas le vrai roi des conseils de Dieu. Ces mots: «Je lui serai pour Père, et lui me sera pour Fils» (2 Sam. 7:14) ne pouvaient avoir leur plein accomplissement à son égard. Le décret: Tu es mon Fils; aujourd’hui, je t’ai engendré» (Ps. 2:7), ne le concernait pas et faisait espérer un plus grand et plus parfait que lui. Mais, pour que ce Fils futur pût être «la postérité de David» il fallait que la lignée de David fût maintenue jusqu’à son apparition; c’est pourquoi Dieu avait dit à David «qu’il lui donnerait une lampe, à lui et à ses fils, à toujours» (21:7). Or cette lampe, comment allait-elle briller dans la maison royale, jusqu’à l’apparition du Fils promis? Comment traverserait-elle l’air empoisonné et les ténèbres morales de l’homme sans s’éteindre, rendant ainsi impossible l’apparition du vrai héritier de David? C’est ce que Satan a compris. Qu’il réussît à éteindre la lampe, tous les conseils de Dieu à l’égard du «juste dominateur des hommes» auraient été réduits à néant. Mais, en dépit de tous les efforts de l’Ennemi pour supprimer cette lumière, le fils de David parut dans le monde, remporta la victoire sur Satan, et devint pour l’Église le oui et l’amen de toutes les promesses de Dieu. Toutefois ce n’est pas de ce sujet révélé dans le Nouveau Testament qu’il est question ici; comme nous l’avons vu, il ne s’agit dans les Chroniques que de la royauté terrestre de Christ sur Israël et les nations. Cette royauté fut combattue jusqu’au bout par Satan. Quand le roi que les mages adorent paraît comme petit enfant, l’Ennemi cherche à le supprimer par le meurtre des enfants de Bethléem. À la croix où il pense en finir avec lui, il ne peut empêcher qu’il ne soit déclaré roi des Juifs, à la vue de tous, par l’écriteau de Pilate; et, quand l’Ennemi se croit victorieux, Dieu ressuscite son Oint et l’établit Seigneur et Christ aux yeux de toute la maison d’Israël.
Revenons à notre livre. Si pour les raisons données plus haut, il ne nous montre pas les manœuvres de Satan pendant le règne de Salomon, il en parle d’une manière d’autant plus frappante pendant les règnes subséquents. L’Ennemi séduit le roi et son peuple pour les pousser à l’idolâtrie, il use de violence, pour détruire et anéantir la race royale. Mais Dieu veille pour atteindre la conscience du peuple et, quand tout semble perdu, le souffle de l’Esprit vient ranimer le lumignon qui s’éteint. Des cas surgissent où un Joram, un Achazia, un Achaz, sont assez réprouvés pour être livrés au feu consumant, car Dieu lui-même, toujours attentif aux «bonnes choses», ne peut plus reconnaître aucun bien chez ces rois et tout, absolument tout, doit tomber sous le jugement. La lampe est éteinte, c’est le règne des ténèbres les plus profondes; Satan triomphe, mais seulement en apparence. Dieu conserve un faible rejeton de ce tronc réprouvé, dans la personne d’Achazia — oui, mais ce seul rejeton épargné dans le meurtre de la race royale, se trouve être lui-même un sarment sec destiné au feu. Nouvel anéantissement de toute la race. Est-elle bien détruite maintenant? Non, la voici qui renaît en Joas, et l’Esprit de Dieu peut de nouveau trouver chez lui «de bonnes choses». De cette manière la succession royale se continue, en sorte que la lignée de David n’est pas anéantie par ces réprouvés (voyez Matthieu 1). Aussi la lutte entreprise contre Dieu par Satan tourne à la confusion de ce dernier. Quel est donc le secret de sa défaite? Une chose l’explique, la seule à laquelle Satan qui en sait tant n’a jamais pensé ni pu penser. Le secret qu’il ignore c’est la grâce, car son intelligence si subtile est complètement inaccessible à l’amour. Toute cette seconde partie des Chroniques pourrait donc être intitulée l’histoire de la grâce en rapport avec la royauté de Juda. Quand la grâce peut ranimer la flamme pour entretenir la lumière du témoignage, elle ne manque pas de le faire; quand, vis-à-vis de l’endurcissement volontaire des rois elle ne peut rien produire, elle leur suscite encore une descendance dont elle puisse attendre quelque fruit.
C’est donc à la lutte acharnée de Satan contre les conseils de Dieu que nous allons assister, en même temps qu’au triomphe de la grâce. Toute cette période est résumée dans la parole du prophète: «Qui est un Dieu comme toi, pardonnant l’iniquité et passant par-dessus la transgression du reste de son héritage? Il ne gardera pas à perpétuité sa colère, parce qu’il prend son plaisir en la bonté. Il aura encore une fois compassion de nous, il mettra sous ses pieds nos iniquités; et tu jetteras tous leurs péchés dans les profondeurs de la mer» (Michée 7:18-19).
Il arrive cependant un temps où la ruine paraît irrémédiable, où, dans la lutte, le triomphe de Satan semble assuré. La royauté sombre dans les flots du jugement; quand même, comme nous l’avons vu dans les généalogies (1 Chron. 3:19, 24), de faibles représentants de la race royale, sans titres, sans prérogatives, sans autorité et sans royaume subsistent encore. Après eux la race toujours plus obscure et abaissée, se perpétue dans le silence jusqu’à un pauvre charpentier qui devient le père putatif de la «Semence de la femme». Le Christ est né!
Rien donc n’a pu annuler les conseils de Dieu, ni l’effort de Satan, ni l’infidélité des rois. Sans doute ces conseils ont été cachés pour un temps jusqu’à la venue du Messie, dépeint par anticipation dans la personne de Salomon. Le trône était resté vide, mais vide seulement en apparence, jusqu’à ce que le roi de justice et de paix pût venir s’y asseoir. Le voici! Ce petit enfant, humilié, rejeté à son apparition, possède tous les titres à la royauté. Mais voyez-le, écoutez-le! Les foules le cherchent pour le faire roi; il se cache et se dérobe; il défend à ses disciples de parler de son royaume. C’est qu’avant de le recevoir il a une autre mission, un autre service à accomplir. Il se déclare roi devant Pilate et cela le conduit au supplice, mais il va prendre un royaume qui n’est pas de ce monde. Il abandonne entre les mains de ses ennemis tous ses droits sans en garder aucun; il est muet comme la brebis devant ceux qui la tondent. C’est qu’il lui faut remplir une tout autre tâche, l’œuvre immense de la rédemption qui le conduit à la croix.
Cette œuvre accomplie il reçoit, en résurrection, la sphère céleste du royaume. Comme jadis Salomon, il est assis sur le trône de son Père en attendant de l’être sur son propre trône. Ce moment viendra pour Lui, le vrai roi d’Israël et des nations, mais il n’est pas encore arrivé. Lui n’attend plus qu’un signe de son Père pour prendre en mains les rênes du gouvernement terrestre.
Dès le moment de son apparition comme petit enfant, plus n’est besoin d’une succession royale1. Le roi existe, le roi vit, le roi trône aujourd’hui dans le ciel, il sera proclamé bientôt Seigneur de toute la terre et postérité de David pour son peuple d’Israël. Mais jusqu’à son apparition, pour maintenir sa lignée, il n’y a, nous l’avons dit, qu’un seul moyen, la grâce. De là cette particularité remarquable que, dans les Chroniques, tout ce qui peut être, chez les plus mauvais rois, le fruit de la grâce, est soigneusement enregistré. Partout où Dieu peut le faire, il le signale. Aussi ce récit n’est pas, comme dans le livre des Rois, le tableau de la royauté responsable, mais celui de l’action de la grâce dans ces hommes. L’Esprit de Dieu travaille même dans le cœur affreusement endurci d’un Manassé pour prolonger un peu la lignée royale dans un rejeton (Josias) qui gouverne selon le cœur de Dieu. Malgré ces réveils momentanés, la ruine s’accentue de plus en plus. C’est à peine si les Chroniques, en cela différentes des Rois et du prophète Jérémie, daignent enregistrer en quelques versets les successeurs de Josias, ayant hâte d’arriver à la fin, au retour de la captivité, preuve éclatante de la grâce de Dieu envers ce peuple.
1 Nous disons «succession» parce que nous n’oublions pas que le «prince» ou vice-roi d’Ézéchiel fait partie de la semence royale (cf. Ézéchiel 46:1-18; 48:21).
Pour accomplir l’œuvre de la grâce qui amènera enfin le triomphe de la royauté dans la personne de Christ, il fallait que la dispensation de la loi, sans être abolie, subît une importante modification. Sous les rois, le régime de la loi subsistait, car il ne trouve sa fin qu’en Christ; le régime de la grâce n’était pas encore inauguré, car il trouve sa pleine expression à la croix; mais, dans la période des rois, Dieu intervient d’une manière toute nouvelle, pour manifester ses voies de grâce sous le régime de la loi, et cela par l’apparition des prophètes.
Non que cette apparition soit restreinte au régime inauguré par les rois, car elle se manifeste dès le moment où l’histoire d’Israël est caractérisée par la ruine. Aussi nous voyons les premiers prophètes (pour ne pas mentionner Énoch, puis Moïse) apparaître lorsque la ruine est complète en Israël. Au livre des Juges, quand le peuple tout entier a failli, nous voyons surgir la prophétesse, Debora (Juges 4:4) et, plus tard, un prophète (6:7-10). Plus tard, la sacrificature étant ruinée, Samuel est suscité comme prophète (1 Sam. 3:20). Aux livres des Rois et des Chroniques, enfin, lors de la faillite de la royauté, les prophètes paraissent et se multiplient à ne pouvoir les compter1. Ils inaugurent une nouvelle dispensation de Dieu, devenue nécessaire quand tout est ruiné, quand la loi s’est montrée impuissante à régler et à contenir la nature corrompue de l’homme, quand, même mélangée de miséricorde (lorsque les tables de la loi furent données une seconde fois à Moïse), elle n’a aucunement amélioré cet état. C’est alors que Dieu envoie ses prophètes. En certaines occasions ils n’annoncent que le jugement imminent, dernier effort de la miséricorde divine pour sauver le peuple comme à travers le feu; en d’autres occasions, beaucoup plus nombreuses, ils sont envoyés pour exhorter, ramener, consoler, fortifier, appeler à la repentance tout en faisant ressortir les conséquences judiciaires sur ceux qui n’écoutent pas. Le prophète a donc à la fois un ministère de grâce et de jugement, de grâce parce que l’Éternel est un Dieu de bonté, de jugement parce que le peuple est placé sous la loi et que la prophétie n’abolit pas la loi. Elle s’appuie au contraire sur la loi, tout en proclamant à haute voix qu’au moindre retour vers Dieu, le pécheur trouvera miséricorde. Elle est sans doute un adoucissement de la loi, Dieu concédant à l’homme pécheur tout ce qui est compatible avec sa sainteté, mais, d’autre part, ne pouvant renier son caractère en face de la responsabilité de l’homme. La prophétie ne supprime pas un iota de la loi, mais accentue, plus que Dieu ne l’avait fait jusque-là, le grand fait qu’Il se plaît à la miséricorde et au pardon et tient compte du moindre symptôme de retour vers Lui. «Quand les prophètes», a dit un frère, «entrent sur la scène, la grâce commence à reluire de nouveau». Le seul fait de leur témoignage était déjà une grâce envers un peuple qui avait violé la loi. S’ils venaient chercher du fruit et ne trouvaient que du verjus, ils annonçaient néanmoins aux élus les promesses de Dieu en grâce, la grâce comme réparation des choses que le peuple avait gâtées. L’Évangile, survenu après cela, parle d’une nouvelle création, d’une vie nouvelle et non d’une réparation. En Ésaïe 58:13-14 on voit le caractère différent de la loi et de la prophétie, dans la manière dont elles présentent le sabbat: «Si tu appelles», dit le prophète, «le sabbat tes délices, et honorable le saint jour de l’Éternel, si tu l’honores en t’abstenant de suivre tes propres chemins, de chercher ton plaisir et de dire des paroles vaines, alors tu trouveras tes délices en l’Éternel».
1 Liste des prophètes cités dans le second livre des Chroniques:
Nathan (9:29); Akhija, le Silonite (9:29; 10:15). Iddo (ou Jehdo), le voyant (9:29; 12:15; 13:22). Shemahia, homme de Dieu (11:2; 12:5, 15).
Azaria, fils d’Oded (15:1), et Oded (v.8).
Hanani, le voyant (16:7).
Michée, fils de Jimla (18:7).
Jéhu, fils de Hanani, le voyant (19:2; 20:34). Jakhaziel, fils de Zacharie (20:14).
Éliézer, fils de Dodava (20:37).
Élie, le prophète (21:12).
Plusieurs prophètes et Zacharie, fils de Jehoïada (24:19, 20).
Un homme de Dieu (25:7). Un prophète (25:15).
Zacharie, le voyant (26:5).
Ésaïe, fils d’Amots (26:22; 32:32). Oded (28:9).
Michée, le Morashtite (Jér.26:18).
Des prophètes (33:18-19; cf. 2 Rois 21:10). Hulda, la prophétesse (34:22). Jérémie (35:25; 36:12, 21). Messagers et prophètes (36:15, 16; cf. Urie, fils de Shemahia (Jér. 27:20).
Un caractère particulier de Dieu est donc exprimé par les prophètes. Ce n’est pas la loi, donnée au Sinaï, c’est encore moins la grâce révélée dans l’Évangile. C’est un Dieu qui, tout en montrant son indignation contre le péché, ne prend pas plaisir au jugement et dont le vrai caractère, la grâce, triomphera toujours à la fin; un Dieu qui dit: «Consolez, consolez mon peuple» quand il a «reçu le double pour tous ses péchés». Sous la loi pure le jugement triomphe de l’iniquité; sous la prophétie, la grâce et la miséricorde triomphent quand le jugement a été exécuté; sous l’Évangile enfin, la grâce s’élève par-dessus le jugement parce que l’amour et la justice se sont entre-baisés à la croix. Le jugement exécuté sur Christ a fait triompher la grâce. Le jugement était contre lui au lieu d’être contre nous; — la grâce tout entière, l’amour, Dieu lui-même, a été pour nous.
Tout le rôle de la prophétie est exprimé dans le prophète Michée cité plus haut (7:18-19). Il est impossible, et c’est ce qu’annonce ici le prophète, que Dieu se désavoue lui-même, soit quant à ses jugements, soit quant à ses promesses de grâce.
Tel est le rôle des prophètes dans les Chroniques. S’ils apparaissent d’abord isolément, comme dans les Juges, puis sous le règne de Saül, de David, de Salomon, ils se multiplient ensuite à mesure que l’iniquité grandit dans le royaume. C’est ce qu’exprime le Seigneur en Matt. 21:34-36. Après les quelques esclaves du début dont les vignerons battent l’un, tuent l’autre et lapident le troisième, le maître de maison envoie d’autres esclaves en plus grand nombre que les premiers, et les vignerons leur font de même. Enfin il leur envoie son Fils.
Chapitres 10 à 12
Roboam
Nous arrivons ici à la ligne de démarcation tracée dans les Chroniques entre le règne de David et de Salomon, et celui de leurs successeurs. Le sujet que nous allons aborder va nous présenter, comme nous l’avons dit plus haut, non plus les conseils de Dieu quant à la royauté, mais l’œuvre de la grâce pour la maintenir jusqu’à l’apparition du Messie dans lequel ces conseils seront réalisés. Nous avons donc ici l’histoire ordinairement affligeante, parfois consolante des rois de Juda, car ceux d’Israël ne sont plus mentionnés que dans leurs rapports avec Juda et Jérusalem. C’est exactement la contrepartie du récit des Rois.
Fait remarquable, et qui confirme tout ce que nous avons dit spécialement au sujet de David et de Salomon, types de la royauté selon les conseils de Dieu, la Parole n’omet pas seulement ici les péchés de Salomon à la fin de sa carrière, mais jusqu’à leurs conséquences, comme elle l’a déjà fait pour les châtiments qui atteignirent David au sujet d’Urie, dans le premier livre des Chroniques; preuve évidente que David et Salomon occupent dans ces livres une place à part. L’avènement de Jéroboam et la division du royaume sont présentés ici comme la conséquence du péché de Roboam et non de celui de son père; de même la prophétie d’Akhija à Jéroboam s’accomplit, non pas parce que Salomon a péché, mais parce que «Roboam n’écouta pas le peuple» (10:15). Et cependant on voit, dans ce même passage qui s’en réfère à 1 Rois 11:31-33, que Dieu n’a pas le dessein de cacher les fautes de Salomon, mais que le but de l’Esprit Saint est de les omettre.
L’établissement de Jéroboam, fils de Nebath, sur le trône d’Israël est aussi passé sous silence, ce qui importe, l’histoire étant uniquement celle de Juda et non pas celle d’Israël (cf. 1 Rois 12:20). Pour la même raison notre récit omet l’établissement de l’idolâtrie par Jéroboam, l’histoire du vieux prophète, la maladie d’Abija, fils de Jéroboam, et à cette occasion la prophétie d’Akhija (1 Rois 12:25; 14:20).
L’histoire de Roboam comprend les chap. 10 à 12, alors que les Rois la résument en quelques versets (1 Rois 14:21-31); mais, détail caractéristique, ce dernier passage fait le plus sombre tableau de l’état du peuple, tandis que nos chapitres enregistrent le bien que la grâce produit dans le cœur du roi, quoiqu’il soit dit de lui (12:14): «Mais il fit le mal; car il n’appliqua pas son cœur à rechercher l’Éternel». Le chap. 11 nous fait connaître deux faits importants. Roboam avait eu la pensée de ramener les dix tribus sous le joug de l’obéissance, mais en le faisant il se serait opposé au gouvernement de Dieu envers Juda. Le prophète Shemahia le détourne d’une décision qui l’aurait conduit à sa perte et aurait eu les plus graves conséquences pour la tribu de Juda, sur laquelle les yeux de l’Éternel reposaient encore, malgré ses jugements. La grâce agit dans le cœur du peuple; il écoute l’exhortation et ne donne pas suite à son dangereux dessein. Désormais le seul devoir de Roboam était d’élever des travaux de défense contre les ennemis du dehors, ennemis qui étaient son propre peuple dont le gouvernement lui avait été jadis confié. Roboam environne de forteresses le territoire de Juda et de Benjamin (11:5-12). Son seul devoir était de préserver ce qui lui restait, mais comment le faire quand déjà le mal était au-dedans et y exerçait ses ravages? Cependant la responsabilité de préserver le peuple n’était nullement diminuée par l’existence d’un mal déjà irréparable. Ce principe est pour nous d’une grande importance. L’état de ruine irrémédiable de la chrétienté ne change absolument rien à notre obligation de défendre les âmes contre les principes délétères qui y sont à l’œuvre. Nous avons le triste devoir d’élever des forteresses contre un monde pareil aux dix tribus, qui invoquaient le nom de l’Éternel tout en s’adonnant à l’idolâtrie, contre un monde qui se pare du nom de Christ tout en se livrant à ses convoitises. Nous avons à faire comprendre et sentir à la chrétienté qu’il y a séparation entre les vrais chrétiens et les professants que Dieu met au rang de ses ennemis. Cette inimitié amenait le conflit entre Juda et Israël, et se liait au culte idolâtre établi et imposé aux dix tribus par Jéroboam. Le maintien public et officiel du culte de Dieu en Juda eut des conséquences très bénies: «Les sacrificateurs et les lévites qui étaient dans tout Israël, se joignirent à Roboam de toutes leurs contrées; car les lévites abandonnèrent leurs banlieues et leurs possessions, et vinrent en Juda et à Jérusalem... et à leur suite, ceux de toutes les tribus d’Israël qui avaient mis leur cœur à chercher l’Éternel, le Dieu d’Israël, vinrent à Jérusalem pour sacrifier à l’Éternel, le Dieu de leurs pères» (11:13-16). Tous ceux qui avaient un cœur non partagé pour Dieu, bien qu’ayant été englobés pour un moment dans la révolte des dix tribus, comprennent que leur place n’est pas au milieu d’elles et quittent ce terrain souillé pour venir s’établir en Juda. C’est ainsi qu’un témoignage fidèle, qu’une sainte séparation du monde, produit des fruits chez les croyants retenus jusqu’ici par leurs circonstances dans un milieu que le Seigneur ne reconnaît plus, et qu’ils sont poussés à se joindre à leurs frères qui se réunissent autour du Seigneur. Si ce rassemblement perdit bientôt son caractère, ne fût-ce pas parce que Juda et ses rois abandonnèrent le terrain divin pour sacrifier eux-mêmes aux idoles? En effet, ce témoignage de séparation du mal dura peu de temps: «Ils marchèrent dans le chemin de David et de Salomon pendant trois ans», et durant cette période «ils fortifièrent le royaume de Juda» (v. 17). Pendant trois ans! Que n’ont-ils continué! C’est là qu’était la bénédiction pour Juda et son roi, et n’en est-il pas de même pour nous? Elle pouvait être complète au milieu même de l’humiliation définitive infligée à Israël. Elle ne fut que temporaire.
Cette bénédiction momentanée, par laquelle «le royaume de Juda fut fortifié et Israël affermi», devint elle-même un piège pour Roboam. La chair s’empare même des grâces de Dieu pour s’éloigner de Lui. «Et il arriva que, quand le royaume de Roboam fut affermi, et qu’il se fut fortifié, il abandonna la loi de l’Éternel, et tout Israël avec lui» (12:1). Il suffit qu’un seul homme, préposé par l’Éternel pour paître son peuple, se détourne: son exemple sera suivi par tous. Quelle responsabilité pour lui! Le châtiment ne se fit pas attendre: «Parce qu’ils avaient péché contre l’Éternel, il arriva, en la cinquième année du roi Roboam, que Shishak, roi d’Égypte, monta contre Jérusalem avec 1200 chars et 60000 cavaliers... et il prit les villes fortes qui étaient à Juda, et vint jusqu’à Jérusalem» (12:2-4). Juda ne devint pas la proie de son frère Israël, contre la religion duquel il se défendait légitimement; il tomba, chute bien plus profonde, entre les mains d’un monde dont autrefois Dieu l’avait racheté à main forte et à bras étendu — et, comme jadis, il fut asservi au roi d’Égypte. Le but de Dieu en le châtiant est proclamé dans la prophétie de Shemahia: «Ils connaîtront ce que c’est que mon service, et le service des royaumes des pays» (v. 8). Ils pouvaient désormais comparer leurs trois ans d’affranchissement et de libre bénédiction, avec la servitude de l’Égypte. Il y eut, à la suite des paroles de Shemahia, le prophète: «Vous m’avez abandonné, et moi je vous ai aussi abandonnés aux mains de Shishak» un vrai travail de conscience dans le cœur du roi et des chefs, car «ils s’humilièrent, et dirent: l’Éternel est juste», et cette humiliation préserva Juda d’une entière destruction. «Quand l’Éternel vit qu’ils s’étaient humiliés, la parole de l’Éternel vint à Shemahia, disant: Ils se sont humiliés, je ne les détruirai pas; je leur donnerai un peu de délivrance, et ma fureur ne se déversera pas sur Jérusalem par le moyen de Shishak; mais ils lui seront asservis» (v. 7). C’est la grâce, mais, je le répète, Juda, pour avoir abandonné la parole de Dieu, est obligé d’en subir les conséquences. Tout ce travail de repentance, fruit de la grâce, manque — et pour cause — en 1 Rois 14. Nous verrons le même fait se renouveler constamment au cours de ce livre.
Quelle honte pour Roboam! Le beau temple de Salomon n’a pas plus de 30 ans d’existence, qu’il est dépouillé de ses ornements et de tous ses trésors. Le culte a perdu sa splendeur passée; Shishak, nous est-il dit, prit tout. Tout! et cependant une chose reste encore: l’autel est là, Dieu est là. Pour la foi c’était, au milieu de la désolation et de l’humiliation, beaucoup plus que tout l’or emporté par le roi d’Égypte. N’en est-il pas de même aujourd’hui? Les chrétiens sont appelés à constater tout ce qui leur manque, par suite de l’infidélité de l’Église; et doivent ajouter: l’Éternel est juste, mais ils peuvent dire aussi: Dieu est un Dieu de grâce et ne s’est point détourné de nous. Nous trouvons ici une parole bien touchante pour nos cœurs: Quand Roboam «s’humilia, la colère de l’Éternel se détourna de lui, et il ne le détruisit pas entièrement; et aussi il y avait en Juda de bonnes choses» (v. 12). Peu de choses, peut-être, et c’est bien ce que ce terme nous fait comprendre, mais enfin, quelque chose que Dieu pouvait reconnaître. Le jugement final était suspendu à cause de ces quelques détails favorables qui plaisaient à Dieu. Appliquons-nous, chacun individuellement, à maintenir ces bonnes choses devant ses yeux. Que ceux qui nous entourent aperçoivent quelque dévouement pour Christ, quelque amour pour lui, quelque crainte en présence de sa sainteté, quelque activité pour son service. Soyons certains qu’il en tiendra compte et qu’aussi longtemps que cela subsistera il n’ôtera pas le chandelier de son lieu.
Combien notre Dieu est équitable dans ses jugements, même en présence d’un état dont il dit: «Il fit le mal; car il n’appliqua pas son cœur à rechercher l’Éternel» (v. 14). Merveilleuse grâce, en effet, que celle qui, ne supportant aucun mal, se plaît à reconnaître le bien, à le discerner quand l’œil de l’homme est incapable de le voir, soit en lui-même, soit au-dehors. Mettez cela en regard de 1 Rois 14:22-24: «Juda fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel; et ils le provoquèrent à la jalousie plus que tout ce que leurs pères avaient fait par leurs péchés qu’ils commirent. Et ils bâtirent, eux aussi, pour eux-mêmes, des hauts lieux, et des statues, et des ashères, sur toute haute colline et sous tout arbre vert; il y avait aussi dans le pays des hommes voués à la prostitution. Ils firent selon toutes les abominations des nations que l’Éternel avait dépossédées devant les fils d’Israël». En lisant ces paroles nous sommes d’autant plus émerveillés de cette infinie bonté de Dieu qui, à cause de quelques justes, ne voulait pas détruire entièrement ce peuple comme il avait jadis anéanti Sodome.
Mentionnons encore un détail avant de terminer ces chapitres. Le grand nombre des femmes et concubines de Roboam est une imitation du péché de Salomon qui entraîna la ruine de son royaume. Il semblerait que le rapport entre la conduite du fils et du père dût être mentionné. Il n’en est rien. En 2 Chroniques, Salomon, nous l’avons dit souvent, est considéré comme étant sans faute et le jugement porte sur Roboam seul. Cependant, même au milieu de ce désordre et quand Roboam élève au premier rang la fille d’Absalom, le révolté, et Abija, le fils de cette femme, Dieu aime à reconnaître que Roboam «agit avec intelligence» en dispersant ses fils par toutes les contrées de Juda pour éviter la discorde dans le royaume (11:18-23). C’est quelque chose comme la louange «de l’économe injuste parce qu’il avait agi prudemment» (Luc 16:8).