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Bible Commentaries
Psaumes 88

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-18

Plan du commentaire biblique de Psaumes 88

Extrême affliction

Ce psaume a ceci de particulier, que l’on y chercherait vainement le vestige d’une espérance. Aucun rayon ne brille dans cette page sombre, si ce n’est pourtant le nom donné à Dieu dans l’invocation du commencement : Dieu de mon salut !

Après cette invocation (versets 2 à 3), le psalmiste se plaint d’être déjà dans un état d’impuissance semblable à celui des ombres, dans le Schéol, et cela, par suite des maux dont Dieu l’a accablé (versets 1 à 10). Puis il s’étonne que l’Éternel semble vouloir le jeter dans le séjour où l’on ne peut plus le louer, tandis que, sur la terre, l’homme peut du moins le prier (versets 11 à 14). Le psaume se termine par une nouvelle complainte particulièrement triste et désespérée (versets 15 à 19).

Ce psaume où ne s’exprime du reste nulle part le sentiment d’une culpabilité, rappelle le livre de Job, non seulement par son contenu, mais par les images et les termes dont il se sert. La suscription l’attribue à Héman, l’Ezrachite, un des sages de la cour de Salomon. Si le livre de Job date de cette même époque (voir les Hagiographes), on peut supposer que notre psaume a eu pour point de départ les circonstances, inconnues de nous, qui donnèrent lieu à la composition du grand poème de la souffrance (Frédéric Godet, Études bibliques, Ancien Testament).

Verset 1

Suscription

Sur un mode triste : voir Psaumes 53.1, note.

Pour des temps d’accablement. L’expression hébraïque est obscure ; Calvin traduit : pour humilier ; Delitzsch : à chanter d’une voix contenue ; d’autres, donnant au mot une étymologie différente : pour répons ; mais le psaume ne se prête pas à des chants de chœurs s’entre-répondant.

Héman, l’Esrachite : descendant de Zérach, fils de Juda. Ce qualificatif semble en contradiction avec le fait que Héman était Lévite, de la branche de Koré (1 Chroniques 6.33). Mais les Lévites portaient parfois le nom de la tribu ou de la branche de tribu dans le territoire de laquelle ils demeuraient. Voir 1 Rois 4.31, note.

Verset 2

Invocation (2-3)

Versets 4 à 10 — Une existence qui est déjà la mort

Verset 5

Sans force, non pas : à bout de forces, mais absolument dénué de force, sans consistance, comme le sont les ombres dans le Schéol.

Verset 6

Je suis abandonné… Le même adjectif hébreu est appliqué Exode 21.2 à l’esclave que son maître laisse aller en liberté. Mais ici il s’agit de la rupture du lien qui, sur la terre, retient le vivant sous la dépendance et la protection de Dieu. Ce psaume est un de ceux qui nous donnent l’idée la plus complète de la manière dont on se représentait généralement, sous l’ancienne alliance, l’état des âmes après la mort : état d’impuissance dans les ténèbres, là où il n’est plus question de relations avec Dieu. Et tel est bien en effet le prolongement naturel d’une existence que n’a pas renouvelée jusqu’au fond la nouvelle naissance opérée par l’Esprit de la nouvelle alliance. Nous avons vu plus d’un psalmiste pressentir et annoncer, par la seule puissance de la foi, que, même dans le Schéol, le fidèle sera gardé par son Dieu et qu’il en sortira, pour être reçu dans la gloire (Psaumes 16, 17, 39, 73). Mais ces lueurs, que la résurrection de Christ devait changer en certitudes, font défaut à notre psalmiste, dans l’état de découragement où il se trouve ; la réalité présente est pour lui l’avant-goût de la mort, dans ce qu’elle a de plus sombre.

Verset 7

La fosse la plus basse. On se représentait le séjour des morts au plus profond de la terre.

Verset 8

Ta colère. Ce triste état est un signe de la colère de Dieu ; il a été amené par une succession de dispensations douloureuses (tous tes flots : comparez Psaumes 42.8).

Verset 9

Mes amis. Ils auraient pu me consoler, mais l’état où tu m’as mis les a effrayés et leur abandon a consommé l’isolement qui fait de moi un mort. Comparez Psaumes 31.12 et les plaintes Job 19.13-19.

Je suis enfermé : peut-être par quelque maladie, dans le genre de la lèpre de Job, qui fait du malheureux un objet d’horreur pour tous ceux qui l’approchent.

Verset 10

Mon œil se consume, par les larmes ou par l’excès de la maladie. Comparez Psaumes 6.8 ; Psaumes 38.11.

Verset 11

Quel avantage Dieu retirerait-il de la perte complète de son serviteur ?

Feras-tu quelque miracle ?… C’est en faveur des vivants que tu accomplis les miracles de délivrance qui manifestent ta gloire ; ce sont les vivants qui peuvent te louer. Si tu m’abandonnes au sépulcre, je ne pourrai plus ni recevoir, ni célébrer tes bienfaits.

Les ombres… Voir Ésaïe 14.9, note.

Verset 12

Dans l’abîme, hébreu : abaddon, le lieu de destruction, de perdition (Job 26.6).

Verset 14

Et moi… quoique si malheureux, je puis encore faire ce que ne font pas les trépassés : crier à toi ; et je le fais dès le matin, avec empressement ; c’est là ma première pensée.

Verset 15

Pourquoi tant de malheurs ?

Pourquoi… ? Cette question domine toute la strophe finale. Puisque les vivants seuls peuvent glorifier Dieu, pourquoi me rejeter ?

Verset 16

Dès ma jeunesse : allusion à des circonstances particulières au psalmiste. Hengstenberg généralise cette plainte comme suit : Quand une grande affliction nous atteint, notre esprit ne l’envisage pas isolément et indépendamment de celles qui l’ont précédée elle nous apparaît comme le dernier degré d’une longue suite de malheurs, dont le premier chaînon coïncide avec le commencement de notre existence.

Verset 18

Comme des eaux : sans me laisser aucune issue.

Verset 19

Tu as éloigné… amis et compagnons. Dans cette épouvantable détresse, personne pour m’aider. C’est la plainte du verset 9, qui revient ici avec un accent plus triste encore.

Ma société, proprement : ceux dont je suis connu et avec lesquels je suis lié. Personnifiant les ténèbres qui l’environnent, l’affligé voit en elles les seuls êtres avec lesquels il soutienne des relations. C’est par cette plainte douloureuse que se termine le psaume.

On ne peut achever cette lecture, sans se demander comment une complainte où n’apparaît aucun rayon consolateur peut se trouver dans le recueil des hymnes sacrées du peuple de la foi. Ce psaume, il est vrai, est, à cet égard, unique parmi tous les autres. De plus, comme pour montrer ce qu’il y a d’exceptionnel et de passager dans un tel état d’âme, chez un homme de Dieu, les rédacteurs du recueil l’ont entouré de cantiques où la louange occupe, soit toute la place (87), soit une grande place (89). Cela dit, il faut reconnaître que des crises pareilles, nullement motivées par une culpabilité spéciale et que ne vient pourtant éclairer, aucune lumière d’en-haut, peuvent être imposées à des âmes d’élite : c’est précisément là le problème des souffrances de Job ; c’est surtout, bien que notre psaume ne soit pas directement messianique, ce qui s’est réalisé au plus haut degré à certains moments de la passion du Sauveur.

De plus, remarquons que, si triste que soit cette prière, elle est encore une prière et, comme telle, un acte de foi. Le psalmiste ne met pas un instant en doute, soit l’existence, soit la justice parfaite de Dieu ; il souffre et pleure, mais sans orgueil et sans révolte, et, en l’absence de tout encouragement divin, il n’en continue pas moins à parler à son Dieu. À ce point de vue, sa prière est, dans son genre, pour toute âme découragée, un exemple et un appui.


Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Psalms 88". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/commentaries/fre/neu/psalms-88.html.
 
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