Lectionary Calendar
Tuesday, November 5th, 2024
the Week of Proper 26 / Ordinary 31
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Bible Commentaries
Commentaire biblique intermédiaire Commentaire biblique intermédiaire
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Numbers 4". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/numbers-4.html.
bibliography-text="Commentaire sur Numbers 4". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/
Whole Bible (6)
versets 1-49
Chapitres 3 et 4
Quel merveilleux spectacle présentait le camp d’Israël, dans ce désert aride, où il n’y avait que hurlement de désolation. Quel spectacle pour les anges, pour les hommes et pour les démons! Le regard de Dieu y reposait toujours; sa présence était là; il habitait au milieu de son peuple militant; c’était là qu’il avait établi sa demeure. Il ne la trouvait pas, il ne pouvait pas la trouver au sein des splendeurs de l’Égypte, de l’Assyrie ou de Babylone. Sans doute ces pays offraient aux yeux de la chair tout ce qui pour eux avait de l’attrait. Les arts et les sciences y étaient cultivés. La civilisation avait atteint chez ces nations anciennes un degré beaucoup plus élevé que nous ne sommes disposés à l’admettre. Le raffinement et le luxe y furent probablement portés à un point aussi étendu que parmi ceux qui ont aujourd’hui de très hautes prétentions à cet endroit.
Mais, qu’on se le rappelle, l'Éternel n’était pas connu de ces peuples. Son nom ne leur avait jamais été révélé. Il n’habitait pas au milieu d’eux. Il est vrai que là aussi il y avait d’innombrables témoignages de son pouvoir créateur. D’ailleurs sa providence veillait sur eux. Il leur donnait du ciel des pluies et des saisons fertiles, remplissant leurs cœurs de nourriture et de joie. De jour en jour et d’année en année, il répandait sur eux, d’une main libérale, ses bénédictions et ses bienfaits. Ses pluies fertilisaient leurs champs, et les rayons de son soleil réjouissaient leurs cœurs. Mais ils ne le connaissaient pas et ne le cherchaient pas. Il n’habitait pas au milieu d’eux. Aucune de ces nations ne pouvait dire: «Jah est ma force et mon cantique, et il a été mon salut. Il est mon Dieu, et je lui préparerai une habitation; le Dieu de mon père, et je l’exalterai» (Exode 15:2).
L'Éternel avait fixé sa demeure au sein de son peuple racheté, et nulle part ailleurs. La Rédemption était la base essentielle de l’habitation de Dieu au milieu des hommes. En dehors de la rédemption, la présence divine ne pouvait amener que la destruction de l’homme; mais, la rédemption étant connue, cette présence procure au racheté le plus haut, privilège et la plus éclatante gloire.
Dieu avait élu domicile au milieu de son peuple d’Israël. Il descendit du ciel non seulement pour le racheter de la terre d’Égypte, mais pour être son compagnon de voyage à travers le désert. Quelle pensée! Le Dieu Très-Haut établissant sa demeure sur le sable du désert, et au sein même de son assemblée rachetée! En vérité, il n’y avait rien de pareil dans tout le vaste monde. C’est là qu’était cette armée de six cent mille hommes, outre les femmes et les enfants, dans un désert stérile, où il n’y avait pas un brin d’herbe, pas une goutte d’eau, pas un moyen visible de subsistance. Comment devaient-ils être nourris? Dieu était là! Comment l’ordre devait-il être maintenu au milieu d’eux? Dieu était là! Comment trouver leur chemin à travers un désert sauvage, où il n’y avait aucun chemin? Dieu était là!
En un mot, la présence de Dieu garantissait tout. L’incrédulité pouvait dire: «Comment trois millions d’hommes doivent-ils vivre d’air seulement? Qui a la charge de l’intendance militaire? Où se trouvent le matériel de guerre, les bagages, les magasins?» La foi seule peut répondre; et sa réponse est simple, brève et concluante: «Dieu était là!» Et c’était tout à fait suffisant. Tout est compris dans cette seule phrase. Dans l’arithmétique de la foi, Dieu est le seul facteur essentiel, et quand on a cette unité on peut y ajouter autant de chiffres qu’on veut. Si toutes les ressources sont dans le Dieu vivant, il ne s’agit plus de nos besoins; cela se résout en une question de Sa parfaite suffisance.
Qu’étaient six cent mille hommes de pied pour le Dieu Tout-Puissant? Qu’étaient les besoins variés de leurs femmes et de leurs enfants? Au jugement de l’homme, c’étaient là des charges écrasantes. Que l’Angleterre envoie une armée de dix mille hommes seulement en Abyssinie; réfléchissez aux énormes dépenses et aux travaux que cela nécessite, au nombre de bâtiments exigés pour transporter les munitions et les autres choses nécessaires à cette petite armée. Mais figurez-vous une armée qui, sans compter les femmes et les enfants, était soixante fois plus grande. Représentez-vous cette immense armée, commençant une marche qui devait se prolonger durant l’espace de quarante ans, à travers «un grand et terrible désert», dans lequel il n’y avait ni blé, ni herbe, ni source d’eau. Comment devaient-ils être sustentés? Ils n’avaient pas de vivres avec eux, — ils n’avaient pas fait de convention avec des nations alliées pour qu’elles leur en fournissent, — ils n’avaient aucun convoi de provisions à rencontrer dans les différentes étapes de leur route, — en un mot, ils n’avaient pas un seul moyen visible de subvenir à leurs besoins, rien de tout ce que la nature pût envisager comme utile et nécessaire.
Tout cela vaut la peine d’être sérieusement pesé. Mais il faut que nous l’examinions en la présence de Dieu. Il n’est d’aucun profit possible pour la raison de s’asseoir et d’essayer de résoudre par le calcul humain Cet important problème. Non, lecteur; ce n’est que la foi qui peut le résoudre, et cela seulement par la parole du Dieu vivant. C’est là que se trouve la précieuse solution. Introduisez Dieu, et vous n’aurez besoin d’aucun autre facteur pour obtenir une réponse. Mettez-le de côté et, quelque puissante que soit votre raison, quelque profonds que soient vos calculs, votre embarras n’en sera que plus désespérant.
C’est ainsi que la foi résout la question. Dieu était au milieu de son peuple. Il était là dans toute la plénitude de sa grâce et de sa miséricorde, — là, dans sa parfaite connaissance de leurs besoins et des difficultés de leur chemin, — là, dans son pouvoir suprême et ses ressources sans bornes, pour faire face à ces difficultés et pour subvenir à ces besoins. Et il était entré si pleinement dans toutes ces choses, qu’il pouvait, à la fin de leurs longues pérégrinations dans le désert, en appeler à leurs cœurs dans des paroles aussi touchantes que celles-ci «Car l’Éternel, ton Dieu, t’a béni dans toute l’œuvre de ta main; il a connu ta marche par ce grand désert; pendant ces quarante ans, l’Éternel, ton Dieu, a été avec toi; tu n’as manqué de rien». Et encore: «Ton vêtement ne s’est point usé sur toi, et ton pied ne s’est point enflé, pendant ces quarante ans» (Deut. 2:7; 8:4).
Or, dans toutes ces choses, le camp d’Israël était un type, un type frappant et remarquable. Un type de quoi? De l’Église de Dieu passant à travers ce monde. Le témoignage de l’Écriture est si formel sur ce point, qu’il ne laisse aucune place au travail de l’imagination: «Or toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints» (1 Cor. 10:11).
Nous pouvons donc nous approcher, et contempler avec un vif intérêt ce merveilleux spectacle, et chercher à recueillir les précieuses leçons qu’il est si éminemment propre à nous donner. Et quelles leçons? Qui peut convenablement les apprécier? Voyez ce mystérieux camp dans le désert, composé, comme nous l’avons dit, de guerriers, d’ouvriers, et d’adorateurs! Quelle séparation d’avec toutes les nations du monde! Quel total dénuement! Quelle situation! Quelle absolue dépendance de Dieu! Ils n’avaient rien, ne pouvaient rien, ne savaient rien! Ils n’avaient pas un seul fragment de nourriture, pas une seule goutte d’eau, que ce qu’ils recevaient de jour en jour de la main même de Dieu. Lorsqu’ils se retiraient pour se reposer la nuit, ils n’avaient pas un seul atome de provision pour le lendemain. Il n’y avait ni magasin, ni garde-manger, ni aucune ressource visible, rien sur quoi la nature pût compter.
Mais Dieu était là, et au jugement de la foi il n’en fallait pas davantage. Ils étaient obligés de dépendre entièrement de Dieu. C’était l’unique et grande réalité. La foi ne reconnaît rien de réel, rien de solide, rien de vrai que le seul Dieu vivant, véritable, éternel. La nature pouvait jeter en arrière un regard de convoitise sur les greniers de l’Égypte, et y voir quelque chose de palpable et de substantiel. La foi regarde au ciel et y trouve toutes ses ressources.
Ainsi en était-il du camp dans le désert; comme il en est de l’Église dans le monde. Il n’y avait pas une seule nécessité, pas un seul cas imprévu, pas un seul besoin de quelque nature qu’il pût être, pour lequel la présence de Dieu ne fût pas une réponse entièrement suffisante. Les nations des incirconcis pouvaient regarder et s’étonner. Elles pouvaient, dans l’égarement de l’aveugle incrédulité, soulever mainte question et chercher à savoir comment une pareille armée pouvait être nourrie, vêtue et maintenue en ordre. Très certainement elles n’avaient pas d’yeux pour voir comment cela pouvait se faire. Elles ne connaissaient pas l'Éternel, l’Éternel, le Dieu des Hébreux; et, par conséquent, leur dire qu’il allait se charger de cette immense assemblée n’eût été pour elles que comme des contes frivoles.
Il en est maintenant ainsi de l’assemblée de Dieu, dans ce monde que l’on peut vraiment appeler un désert moral. Considérée au point de vue de Dieu, cette assemblée n’est pas du monde; elle en est entièrement séparée. Elle est aussi complètement en dehors du monde que le camp d’Israël était en dehors de l’Égypte. Les flots de la mer Rouge coulaient entre ce camp et l’Égypte, et les eaux plus profondes et plus sombres de la mort du Christ coulent entre l’Église de Dieu et ce présent siècle mauvais. Il est impossible de concevoir une plus absolue séparation. «Ils ne sont pas du monde, dit le Seigneur, comme moi je ne suis pas du monde» (Jean 17:16).
Ensuite, quant à l’entière dépendance; qu’y a-t-il de plus dépendant que l’Église de Dieu dans ce monde? Elle n’a rien en elle-même ou par elle-même. Elle est placée au milieu d’un désert moral, désert, aride, sombre et vaste; d’un désert où il n’y a que hurlements de désolation, où il n’y a littéralement rien qui puisse la faire vivre. Il n’y a pas une seule goutte d’eau pas un seul aliment qui puissent convenir à L’Église de Dieu, dans toute l’étendue de ce monde.
De même encore, quant à ce qui est de la manière dont elle est exposée à toutes sortes d’influences hostiles elle ne saurait l’être davantage. Il n’y a pas même ici-bas d’influence amie, tout lui est contraire. Elle est au milieu de ce monde comme une plante exotique, une plante d’un climat étranger, placée dans une région où le sol et l’atmosphère lui sont également contraires.
Telle est l’église de Dieu dans le monde; une chose séparée, dépendante, sans défense, entièrement rejetée sur le Dieu vivant. Cela est propre à donner à nos pensées sur l’Église beaucoup de réalité, de force, et de clarté; à nous la faire envisager comme l’antitype du camp dans le désert. Ce n’est pas un vain y caprice de l’imagination, ni une idée étrange que de la considérer ainsi; 1 Corinthiens 10:11 le prouve de la manière la plus évidente. Nous sommes pleinement autorisé à dire que ce que le camp d’Israël était extérieurement, l’Église l’est moralement et spirituellement. Et encore, ce que le désert était littéralement pour Israël, le monde l’est moralement et spirituellement pour l’Église de Dieu. Comme le désert n’était pas pour Israël un lieu de ressources et de jouissances, mais de dangers et de fatigues, de même aussi le monde ne présente pas à l’Église des ressources ou des jouissances, mais des fatigues et des dangers.
Il est bon de saisir ce fait dans toute sa puissance morale. L’assemblée de Dieu dans le monde, comme «la congrégation dans le désert», est entièrement remise aux soins du Dieu vivant. Qu’on se rappelle que nous parlons au point de vue divin — de ce qu’est l’Église aux yeux de Dieu. Considérée au point de vue de l’homme, telle qu’elle est, dans son véritable état actuel, hélas c’est autre chose. Nous ne nous occupons maintenant que de l’idée normale, vraie, divine de l’assemblée de Dieu dans le monde.
Qu’on n’oublie pas un seul instant que, comme il est vrai qu’il y avait autrefois un camp, une congrégation dans le désert, il est tout aussi vrai qu’il y a maintenant dans le monde l’Église de Dieu, le corps de Christ. Sans doute les nations du monde ne connaissaient guère cette congrégation de jadis, et s’en souciaient moins encore; mais cela n’affaiblissait, ni même n’affectait le grand fait de son existence. De même aujourd’hui, les hommes du monde ne connaissent guère l’assemblée de Dieu, le corps de Christ, et s’en soucient moins encore; mais cela n’affecte, en aucune façon, cette grande vérité qu’il y a une pareille chose réellement présente dans le monde, et qui y a toujours été depuis que le Saint Esprit est descendu au jour de la Pentecôte. Il est vrai que la congrégation d’Israël avait ses épreuves, ses combats, ses peines, ses tentations, ses contestations, ses controverses, ses commotions intérieures, ses difficultés innombrables et sans nom, réclamant les ressources variées qui étaient en l'Éternel — le précieux ministère du prophète, du sacrificateur et du roi que Dieu avait donnés; car, ainsi que nous le savons, Moïse était là comme «roi en Jeshurun», et comme le prophète suscité de Dieu, et Aaron était là pour exercer toutes les fonctions sacerdotales.
Mais, malgré toutes ces choses que nous avons énumérées, malgré la faiblesse, la chute, le péché, la rébellion, la contestation, — toujours est-il qu’il y avait un fait frappant, qui devait être connu des hommes, des démons et des anges, savoir une vaste assemblée s’élevant à quelque chose comme trois millions d’âmes (selon l’usage habituel de supputation) voyageant dans un désert; dépendant entièrement d’un bras invisible, guidée et soignée par le Dieu éternel dont l’œil n’était jamais un seul instant détourné de cette mystérieuse et symbolique armée. Dieu habitait véritablement au milieu de son peuple et ne l’abandonnait jamais, malgré son incrédulité, son oubli, son ingratitude et sa rébellion. Il était là pour le soutenir et le conduire, le garder et le conserver jour et nuit. Il le nourrissait du pain du ciel, chaque jour, et il faisait pour lui jaillir l’eau du rocher de granit.
C’était, assurément, un fait prodigieux, un profond mystère. Dieu avait une congrégation dans le désert — tenue à part de toutes les nations environnantes, séparée pour être à Lui. Il se peut que les nations du monde ne connussent rien, ne s’inquiétassent de rien, ne pensassent rien de cette assemblée. Il est certain que le désert ne produisait rien pour la subsistance ou pour le rafraîchissement. On y trouvait des serpents et des scorpions, — des dangers et des pièges, — la sécheresse, la stérilité et la désolation. Mais il y avait aussi cette merveilleuse assemblée soutenue d’une manière qui déjouait et confondait la raison humaine.
Or, lecteur, souvenez-vous que c’était un type. Et de quoi? D’une chose qui a existé durant dix-neuf siècles; qui existe encore, et qui existera jusqu’au moment où le Seigneur se lèvera de sa place actuelle, et descendra dans les airs. En un mot, c’est un type de l’Église de Dieu dans le monde. Il importe beaucoup de reconnaître ce fait, qui malheureusement a trop été perdu de vue, et qui est si peu compris, même de nos jours. Cependant chaque chrétien est sérieusement responsable de le reconnaître et de le confesser en pratique. On ne peut l’éviter. Est-il vrai qu’il y ait dans ce monde, actuellement, quelque chose qui réponde au camp dans le désert? Oui, en vérité; il y a l’Église dans le désert. Il y a une assemblée, qui passe dans ce monde, comme Israël passait au travers du désert. De plus, le monde est, moralement et spirituellement, à cette Église ce que le désert était, littéralement et pratiquement, à Israël. Israël ne trouvait point de ressources dans le désert, et l’Église de Dieu ne trouve point de ressources dans le monde. Si elle en trouve, elle dément son Seigneur et ne marche pas droitement avec lui. Israël n’était pas du désert, mais il le traversait; l’Église de Dieu n’est pas du monde, mais elle le traverse. Si le lecteur est bien pénétré de cette vérité, elle lui montrera la place de complète séparation qui convient à l’Église de Dieu comme corps, et à chacun de ses membres en particulier. L’Église, selon que Dieu la voit, est aussi complètement mise à part de ce monde que le camp d’Israël l’était du désert environnant. Il n’est rien de commun entre l’Église et le monde, comme il n’y avait rien de commun entre Israël et le sable du désert. Les plus brillants attraits et les plus séduisantes fascinations du monde sont à l’Église de Dieu ce qu’étaient à Israël les serpents, les scorpions et les dix mille autres dangers du désert.
Telle est la notion divine de l’Église, et c’est de cette notion que nous nous occupons maintenant. Hélas! combien elle est différente de ce qui se dit l’Eglise! Mais nous désirons que le lecteur fixe, pour le moment, son attention sur le véritable état des choses. Nous voudrions le placer, par la foi, au point de vue de Dieu, et de là lui faire considérer l’Eglise. Ce n’est qu’en la voyant ainsi qu’il peut se former une idée juste de ce qu’est l’Église, et de sa responsabilité personnelle relativement à cette Église. Dieu a une Église dans le monde. Il y a maintenant sur la terre un corps, habité par l’Esprit, et uni à Christ, la Tête. Cette Église — ce corps — est composée de tous ceux qui croient vraiment au Fils de Dieu, et qui sont unis en vertu du grand fait de la présence du Saint Esprit.
Qu’on observe d’ailleurs que ce n’est pas ici une affaire d’opinion, une certaine idée qu’on puisse prendre ou laisser à son gré. C’est un fait divin. Qu’on veuille écouter ou qu’on ne le veuille pas, c’est une grande vérité. L’Église est un corps existant, et nous en sommes membres si nous sommes croyants. Nous ne pouvons pas éviter d’en être. Nous ne pouvons pas l’ignorer. Nous sommes actuellement dans cette relation — ayant été baptisés pour cela par le Saint Esprit. C’est une chose aussi réelle et aussi positive que la naissance d’un enfant dans une famille. La naissance a eu lieu, la relation est formée, et nous n’avons qu’à la reconnaître, et à nous conduire en conséquence, de jour en jour. Dès le moment qu’une âme est née de nouveau — qu’elle est née d’en haut et scellée du Saint Esprit, — elle fait partie du corps de Christ. Elle ne peut pas se considérer plus longtemps comme un individu solitaire, une personne indépendante, un atome isolé; elle est membre d’un corps, précisément comme la main ou le pied est un membre du corps humain. Le croyant est membre de l’Église de Dieu, et ne peut proprement ni réellement être membre de quoi que ce soit d’autre. Comment mon bras pourrait-il être membre d’un autre corps? Selon ce même principe, nous pouvons demander: Comment un membre du corps de Christ pourrait-il être membre d’un autre corps quelconque?
Quelle glorieuse vérité quant à l’Église de Dieu, que son antitype du camp dans le désert, «la congrégation dans le désert!»
Qu’il est bon d’être placé sous l’influence d’une semblable vérité! Il y a une chose telle que l’Église de Dieu, au milieu de la ruine et du naufrage, de la lutte et de la discorde, de la confusion et des divisions, des sectes et des partis. C’est assurément une vérité des plus précieuses, et en même temps des plus pratiques et des plus efficaces. Nous sommes tout aussi tenus de reconnaître, par la foi, cette Église dans le monde, que les Israélites étaient tenus de reconnaître, par la vue, le camp dans le désert. Il y avait un camp, une assemblée, et le vrai Israélite y appartenait; il y a une Église, un corps, et le vrai chrétien eu fait partie.
Mais comment ce corps est-il organisé? Par le Saint Esprit, ainsi qu’il est écrit: «Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Cor. 12:13). Comment est-il soutenu? Par sa tête vivante; par le moyen de l’Esprit et par la Parole, selon ce que nous lisons: «Personne n’a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ l’assemblée» (Éph. 5:29). N’est-ce pas assez? Christ n’est-Il pas suffisant? Le Saint Esprit ne suffit-il pas? Avons-nous besoin d’autre, chose que des vertus sans nombre qui se trouvent dans le nom de Jésus? Les dons de l’Esprit éternel ne sont-ils pas entièrement suffisants pour l’accroissement et le maintien de l’Église de Dieu? Le fait de la Présence de Dieu dans l’Église ne lui assure-t-il pas tout ce dont elle peut avoir besoin? Ne répond-il pas à ce que chaque heure peut exiger? La foi dit: «Oui!» et le dit avec énergie et assurance. L’incrédulité, la raison humaine dit: «Non nous avons en outre besoin d’un grand nombre de choses.» Que répondre à cela? Simplement ceci: «Si Dieu n’est pas suffisant, nous ne savons pas de quel côté nous tourner. Si le nom de Jésus ne suffit pas, nous ne savons que faire. Si le Saint Esprit ne peut pas satisfaire à tous les besoins de la communion, du ministère et du culte, nous ne savons que dire.»
Cependant on peut objecter que les «choses ne sont pas ce qu’elles étaient au temps des apôtres; que l’Église professante est tombée; que les dons de la Pentecôte ont cessé; que les glorieux jours du premier amour de l’Église ont disparu, et qu’il nous faut par conséquent adopter les meilleurs moyens qui sont en notre pouvoir pour l’organisation et le maintien de nos églises.» À tout cela nous répondons: «Dieu, ni Christ la Tête de l’Église, ni le Saint Esprit n’ont failli». «Ni un iota, ni un trait de lettre de la parole de Dieu ne sont tombés.» Le vrai fondement de la foi est celui-ci: «Jésus Christ est le même hier, aujourd’hui, et éternellement». Il a dit: «Voici, je suis avec vous». Combien de temps? Est-ce seulement durant les jours du premier amour, durant les temps apostoliques? aussi longtemps que l’Église continuera d’être fidèle? Non: «Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle» (Matthieu 28:20). De même lorsque, antérieurement et pour la première fois dans tout le canon de l’Écriture, l’Église proprement dite est mentionnée, nous avons ces paroles mémorables: «Sur ce roc (le Fils du Dieu vivant) je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle» (Matthieu 16:18).
Or, la question est: «Cette Église est-elle actuellement sur la terre?» Très certainement. Il y a maintenant une Église ici-bas aussi réellement qu’il y avait autrefois un camp dans le désert. Et comme Dieu était dans ce camp pour subvenir à tous les besoins du peuple, de même aussi il est maintenant dans l’Église pour la gouverner, pour la diriger en toutes choses, ainsi qu’il est écrit: «Vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit» (Éph. 2:22). Cela est entièrement suffisant. Tout ce qu’il nous faut, c’est de saisir, par la simple foi, cette grande réalité. Le nom de Jésus répond à tous les besoins de l’Église de Dieu, aussi bien qu’il répond au salut de l’âme. L’un est aussi vrai que l’autre. «Où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux» (Matt. 18:20). Cela a-t-il cessé d’être vrai? Sinon, la présence de Christ ne suffit-elle pas entièrement à son Église? Avons-nous besoin de faire des plans et toute espèce de travaux, venant de nous-mêmes, en affaires d’Église? Pas plus que pour le salut de l’âme. Que disons-nous au pécheur? Confiez-vous en Christ. Que disons-nous au saint? Confiez-vous en Christ. Que disons-nous à une assemblée de saints, petite ou nombreuse? Confiez-vous en Christ. Y a-t-il quoi que ce soit qu’il ne puisse faire? «Y a-t-il quelque chose de trop difficile pour lui?» Le trésor de ses dons et de sa grâce est-il épuisé? Ne peut-il pas fournir des dons pour le ministère? Ne peut-il pas susciter des évangélistes, des pasteurs, des docteurs? Ne peut-il pas faire parfaitement face à tous les divers besoins de son Église dans le désert? S’il ne le peut, où en sommes-nous? Que ferons-nous? De quel côté nous tournerons-nous? Qu’est-ce que la congrégation d’Israël avait à faire? Regarder à l'Éternel. Pour tout? Oui, pour tout; pour la nourriture, pour l’eau, pour le vêtement, pour la direction, pour la protection, pour tout. Toutes leurs sources étaient en Lui. Faut-il avoir recours à un autre? Jamais! Christ notre Seigneur est amplement suffisant, en dépit de toutes nos chutes, de toute notre ruine, de nos péchés et de notre infidélité. Il a envoyé le Saint Esprit, le Paraclet béni, pour habiter avec et dans ses rachetés, pour en former un seul corps, et pour les unir à leur Tête vivante dans les cieux. Cet Esprit est la puissance de l’unité, de la communion, du ministère et du culte. Il ne nous a pas abandonnés, et il ne nous abandonnera jamais. Seulement confions-nous en lui; usons de lui, laissons-le agir. Mettons-nous soigneusement en garde contre tout ce qui pourrait tendre à l’éteindre, à l’entraver, ou à le contrister. Reconnaissons-lui sa propre place dans l’assemblée, et abandonnons-nous en toutes choses à sa direction et à son autorité.
Ici, nous en sommes persuadés, se trouve le vrai secret de la puissance et de la bénédiction. Nions-nous la ruine? Comment le pourrions-nous? Hélas! elle se présente comme un fait trop palpable et trop manifeste! Cherchons-nous à nier notre part dans la ruine, notre folie et notre péché? Plût à Dieu que nous les sentissions plus profondément! Mais ajouterons-nous à notre péché la négation que la grâce et le pouvoir de notre Seigneur puissent nous atteindre dans notre folie et notre ruine? L’abandonnerons-nous, Lui, la source des eaux vives, et nous creuserons-nous des citernes crevassées qui ne peuvent point contenir d’eau? Nous détournerons-nous du Rocher des siècles pour nous appuyer sur le roseau cassé de notre propre imagination? À Dieu ne plaise! Que le langage de nos cœurs, lorsque nous pensons au nom de Jésus, soit plutôt celui-ci:
«Je trouve dans ce nom le salut, le pardon,
Un remède aux soucis, aux peines de la terre,
Et pour chaque blessure un baume salutaire
Tout ce dont j’ai besoin, tout est dans ce beau nom.»
Mais que le lecteur ne suppose pas que nous voulions donner la moindre approbation aux prétentions ecclésiastiques. Nous en avons plutôt horreur; nous les regardons comme fort méprisables. Nous croyons que nous ne saurions prendre une place assez humble. Une position et un esprit humbles sont ce qui seul nous convient en vue de notre honte et de notre péché communs. Tout ce que nous cherchons à maintenir, c’est la toute-suffisance du nom de Jésus pour tous les besoins de l’Église de Dieu, dans tous les temps et dans toutes les circonstances. Aux jours apostoliques ce nom avait un pouvoir suprême; pourquoi ne l’aurait-il plus maintenant? Ce nom glorieux aurait-il subi quelque changement? Non, béni soit Dieu! Eh bien donc, il est suffisant pour nous en ce moment, et tout ce que nous avons à faire, c’est de nous confier pleinement en lui, et par conséquent de nous détourner complètement de tout autre objet de confiance, pour nous abriter avec une franche décision sous ce nom précieux et sans pareil. Que son nom soit béni, il est descendu au milieu de la plus petite forme de l’assemblée — du plus petit nombre, attendu qu’il a dit: «Où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux». Cette parole est-elle encore vraie pour nous? A-t-elle perdu son pouvoir? Ne peut-elle plus s’appliquer? Où a-t-elle été révoquée?
O lecteur chrétien, nous vous conjurons par tous les arguments qui doivent avoir de l’influence sur votre cœur, de donner votre cordial assentiment à cette vérité éternelle, savoir: La toute-suffisance du nom du Seigneur Jésus Christ pour l’assemblée de Dieu, dans toute condition possible où elle puisse se trouver, durant tout le cours de son histoire1. Nous vous conjurons de ne pas envisager ceci simplement comme une théorie vraie, mais de le confesser en pratique; et alors, assurément, vous goûterez la profonde bénédiction de la présence de Jésus ici-bas — bénédiction qui doit être goûtée pour être connue; mais qui, étant une fois réellement goûtée, ne peut jamais être oubliée ou mise de côté pour quoi que ce soit.
1 En employant l’expression: La toute-suffisance du nom du Seigneur Jésus Christ, nous comprenons par là tout ce qui est garanti à son peuple dans ce nom — vie, justice, acceptation, présence du Saint Esprit avec tous ses dons variés, centre divin, ou foyer de rassemblement. En un mot nous croyons que tout ce dont l’Église peut avoir besoin, pour le temps et pour l’éternité, est compris dans ce seul nom glorieux: «le Seigneur Jésus Christ».
Mais nous n’avions nullement l’intention de suivre aussi longuement le courant de pensée que nous venons d’émettre, ou d’écrire une introduction aussi prolongée à la division du Livre qui est ouvert devant nous, et pour lequel nous demanderons maintenant l’attention toute spéciale du lecteur.
En considérant «l’assemblée au désert» (Actes 7:38), nous la voyons composée de trois éléments distincts, savoir: des guerriers, des ouvriers et des adorateurs. Il y avait un peuple de guerriers, une tribu d’ouvriers, une famille d’adorateurs ou sacrificateurs. Nous avons jeté un coup d’œil sur les premiers et nous avons vu chacun d’eux, selon sa «généalogie», prenant sa place sous sa «bannière», conformément à l’ordre direct de l'Éternel; nous nous arrêterons quelques instants sur les seconds et nous les suivrons dans leur œuvre et dans leur service, selon la même ordonnance. Nous avons considéré les guerriers; méditons sur les ouvriers.
Les Lévites étaient distinctement désignés, entre toutes les autres tribus, et appelés à une place et à un service très particuliers. Voici ce que nous lisons à leur sujet: «Mais les Lévites, selon la tribu de leurs pères, ne furent pas dénombrés parmi eux. Car l’Éternel avait parlé à Moïse, disant: Seulement, tu ne dénombreras pas la tribu de Lévi et tu n’en relèveras pas la somme parmi les fils d’Israël. Et toi, tu préposeras les Lévites sur le tabernacle du témoignage, et sur tous les ustensiles, et sur tout ce qui lui appartient: ce seront eux qui porteront le tabernacle et tous ses ustensiles; ils en feront le service, et camperont autour du tabernacle; et quand le tabernacle partira, les Lévites le démonteront, et quand le tabernacle campera, les Lévites le dresseront; et l’étranger qui en approchera sera mis à mort. Et les fils d’Israël camperont chacun dans son camp, et chacun près de sa bannière, selon leurs armées. Et les Lévites camperont autour du tabernacle du témoignage, afin qu’il n’y ait point de colère suer l’assemblée des fils d’Israël; et les Lévites auront la garde du tabernacle du témoignage» (chap. 1:47-53). Nous lisons encore «Mais les Lévites ne furent pas dénombrés parmi les fils d’Israël, ainsi que l’Éternel l’avait commandé à Moïse» (chap. 2:33).
Mais pourquoi les Lévites? pourquoi cette tribu était-elle spécialement désignée entre toutes les autres, et mise à part pour un service aussi saint et aussi relevé? Y avait-il en eux quelque sainteté ou quelque bien particulier pour motiver une telle distinction? Non certainement, pas plus par nature que dans la pratique, comme nous pouvons le voir par les paroles suivantes «Siméon et Lévi sont frères. Leurs glaives ont été des instruments de violence. Mon âme, n’entre pas dans leur conseil secret; ma gloire, ne t’unis pas à leur assemblée! Car dans leur colère ils ont tué des hommes, et pour leur plaisir ils ont coupé les jarrets du taureau. Maudite soit leur colère, car elle a été violente; et leur furie, car elle a été cruelle! Je les diviserai en Jacob, et les disperserai en Israël» (Gen. 49:5-7).
Tel était Lévi par nature et dans la pratique — volontaire, violent et cruel. Qu’il est remarquable qu’un tel homme soit choisi seul et élevé à une position si privilégiée et si sainte. Nous pouvons bien dire que c’était la grâce du commencement à la fin. C’est là la voie ordinaire de la grâce d’élever ceux qui sont dans le pire état. Elle descend dans les plus profonds abîmes et y recueille ses plus éclatants trophées. «Cette parole est certaine et digne de toute acceptation, que le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont moi je suis le premier» (1 Tim. 1:15). «À moi, qui suis moins que le moindre de tous les saints, cette grâce a été donnée d’annoncer parmi les nations les richesses insondables du Christ» (Éph. 3:8).
Comme ce langage est frappant: «Mon âme, n’entre pas dans leur conseil secret; ma gloire, ne t’unis pas à leur assemblée». Dieu a les yeux trop purs pour voir le mal, et il ne peut pas regarder l’iniquité. Dieu ne pouvait entrer dans le conseil secret de Lévi, et il ne pouvait être joint à sa compagnie. C’était impossible. Dieu ne pouvait rien avoir à faire avec la propre volonté, la violence et la cruauté. Mais il pouvait cependant introduire Lévi dans son conseil à Lui, et le joindre à son assemblée. Il pouvait le faire sortir de sa demeure où il n’y avait que des instruments de cruauté, et l’amener dans le tabernacle pour y être occupé des instruments sacrés et des vaisseaux qui s’y trouvaient. C’était la grâce — la libre et souveraine grâce; c’est dans cette grâce qu’il faut chercher la base de tout le service supérieur et béni de Lévi. Tant qu’il n’était question que de lui personnellement, il y avait une immense distance qui le séparait du Dieu saint — un abîme sur lequel aucun art ou pouvoir humain ne pouvait mettre un pont. Un Dieu saint ne pouvait rien avoir à faire avec la propre volonté, la violence et la cruauté; mais un Dieu de grâce avait à faire avec Lévi. Il pouvait, dans sa souveraine miséricorde, visiter un tel être, le retirer des profondeurs de sa dégradation morale, et l’amener dans sa proximité.
Quel merveilleux contraste entre la position de Lévi par nature et sa position par grâce, entre les instruments de cruauté et les vaisseaux du sanctuaire, entre le Lévi du chapitre 34 de la Genèse et celui des chapitres 3 et 4 des Nombres!
Mais examinons la manière dont Dieu agit avec Lévi, le principe suivant lequel il fut amené dans une telle position de bénédiction. Pour le faire, il nous sera nécessaire de nous reporter au chapitre 3 de notre livre, et là nous serons initiés au secret de tout le sujet. Nous y verrons que rien de ce qui concernait Lévi n’était et ne pouvait être toléré, et qu’aucune de ses voies ne pouvait être approuvée; et cependant nous trouvons là le plus complet déploiement de la grâce, — de la grâce régnant par la justice. Nous parlons du type et de sa signification; et nous le faisons d’après ces paroles déjà citées: «Or toutes ces choses leur arrivèrent comme types». Il ne s’agit pas de savoir jusqu’à quel point les Lévites comprenaient ces choses; ce n’est point là du tout l’essentiel. Nous n’avons pas à demander: Qu’est-ce que les Lévites voyaient dans les dispensations de Dieu envers eux? mais: Qu’apprenons-nous par là?
«Et l’Éternel parla à Moïse, disant: Prends les Lévites du milieu des fils d’Israël, et purifie-les. Et tu leur feras ainsi pour les purifier: tu feras aspersion sur eux de l’eau de purification du péché; et ils feront passer le rasoir sur toute leur chair, et ils laveront leurs vêtements, et se purifieront» (chap. 8:5-7).
Ici nous avons en type le seul principe divin de purification. C’est l’application de la mort à la nature et à tous ses penchants. C’est la parole de Dieu agissant sur le cœur et sur la conscience d’une manière vivante. Rien ne peut être plus expressif que la double action présentée dans le passage que nous venons de citer. Moïse devait faire aspersion sur eux de l’eau de purification, et ensuite ils devaient se raser tout le corps et laver leurs vêtements. Il y a là une grande beauté et une grande précision. Moïse, comme représentant des droits de Dieu, purifie les Lévites conformément à ces droits; et eux, étant purifiés, sont capables de faire passer le rasoir sur tout ce qui n’était qu’un développement de la nature, et ils peuvent laver leurs vêtements, ce qui représente, sous une forme symbolique, la purification de leurs habitudes extérieures, selon la parole de Dieu. C’était ainsi que Dieu satisfaisait à tout ce que demandait l’état naturel de Lévi — la volonté propre, la violence et la cruauté. L’eau pure et le rasoir tranchant étaient mis en usage, et leur action devait se continuer jusqu’à ce que Lévi fût rendu propre à s’approcher des vaisseaux du sanctuaire.
Il en est ainsi dans tous les cas. Il n’y a, et il ne peut y avoir aucune place pour la nature parmi les ouvriers de Dieu. Il n’y eut jamais de plus fatale erreur que de chercher à engager la nature au service de Dieu, n’importe comment on peut essayer de l’améliorer ou de la régler. Ce n’est pas l’amélioration, mais la mort qui servira. Il est de la plus haute importance, pour le lecteur, de saisir avec force et netteté cette grande vérité pratique. L’homme a été pesé à la balance, et il a été trouvé léger. Le niveau a été appliqué à ses sentiers, et ils ont été trouvés tortueux. Il est tout à fait inutile de chercher à le réformer. Rien autre que l’eau et le rasoir ne peut le faire. Dieu a clos l’histoire de l’homme. Il y a mis fin dans la mort de Christ. Le premier grand fait que le Saint Esprit met sur la conscience humaine, c’est que Dieu a prononcé son verdict solennel contre la nature de l’homme, et qu’il faut que chacun accepte ce verdict contre lui-même personnellement. Ce n’est pas une manière de voir ou de sentir. On peut y dire: Je ne vois pas ou je ne sens pas que je sois si mauvais que vous paraissez l’établir. Nous répondons: Cela ne touche pas le moins du monde à la question. Dieu a prononcé son jugement sur tous, et le premier devoir de l’homme est de s’incliner devant ce jugement et d’y adhérer. À quoi eût servi à Lévi de dire qu’il n’était pas d’accord avec ce que la parole de Dieu avait dit de Lui? Cela aurait-il pu changer l’état des choses à son égard? En aucune façon. Que Lévi le sentît ou non, l’appréciation divine restait la même; mais il est clair que c’est un premier pas fait dans le sentier de la sagesse que de se soumettre à cette appréciation. Tout cela est représenté en type, par l’eau» et le «rasoir» — le «lavage» et le «fait de passer le rasoir sur le corps». Rien ne saurait être plus significatif et plus frappant. Ces actions font ressortir la solennelle vérité de la sentence de mort prononcée contre la nature, et l’exécution du jugement sur tout ce qu’elle produit.
Et quelle est, demandons-nous, la signification de cet acte initiateur du christianisme, le baptême? Est-ce qu’il ne représente pas le fait béni que notre vieil homme, notre nature déchue, est complètement mis de côté et que nous sommes introduits dans une position entièrement nouvelle? Il en est vraiment ainsi. Et qu’est-ce pour nous que cet acte de se raser tout le corps? C’est un sévère jugement journalier de soi-même; c’est l’impitoyable dépouillement de tout ce qui provient de la nature. C’est là le vrai chemin qu’ont à suivre tous les ouvriers de Dieu dans le désert. Quand nous voyons la conduite de Lévi à Sichem en Genèse 34, et ce qui est dit de lui en Genèse 49, nous pouvons bien demander comment il se faisait que les Lévites pussent être admis à porter les vaisseaux du sanctuaire. La réponse est: la Grâce brille dans l’appel de Lévi, et la sainteté dans sa purification. Il fut appelé à l’œuvre selon les richesses de la grâce divine; mais il fut approprié à l’œuvre selon les droits de la sainteté de Dieu.
Il doit en être ainsi de tous les ouvriers de Dieu. Nous sommes profondément convaincu que nous ne devenons capables d’accomplir l’œuvre de Dieu qu’autant que la nature est placée sous la puissance de la croix et du jugement de soi-même. La volonté propre ne peut jamais être utile au service de Dieu; non, jamais; il faut qu’elle soit mise de côté, si nous voulons savoir ce qu’est le vrai service. Combien n’y a-t-il pas, hélas! de choses qui passent pour être le service, et qui, jugées à la lumière de la présence de Dieu, seraient reconnues pour n’être que le fruit d’une volonté inquiète. Ceci est très solennel et réclame notre plus sérieuse attention. Nous ne pouvons exercer une censure trop sévère sur nous-mêmes, à cet endroit. Le cœur est si trompeur que nous pouvons nous imaginer que nous faisons l’œuvre de Dieu, quand, en réalité, nous ne faisons que nous complaire à nous-mêmes. Mais si nous voulons marcher dans le sentier du vrai service, il faut que nous cherchions à être de plus en plus sevrés de tout ce qui tient à la nature. Il faut que le volontaire Lévi passe par l’action symbolique de l’eau et du rasoir, avant de pouvoir être employé au glorieux service qui lui est assigné par le décret immédiat du Dieu d’Israël.
Mais avant de continuer à examiner en détail l’œuvre et le service des Lévites, il faut que nous contemplions un instant la scène présentée en Exode 32, et dans laquelle ils remplissent un rôle très distingué et très remarquable. Nous voulons parler du veau d’or, comme le lecteur s’en apercevra dès l’abord. Pendant l’absence de Moïse, le peuple perdit si complètement de vue Dieu et ses ordonnances, qu’il éleva un veau de fonte et se prosterna devant lui. Cette horrible action demandait un jugement sommaire. «Et Moïse vit que le peuple était dans le désordre; car Aaron l’avait livré au désordre, pour être leur honte parmi leurs adversaires. Et Moïse se tint à la porte du camp, et dit: À moi, quiconque est pour l’Éternel! Et tous les fils de Lévi se rassemblèrent vers lui. Et il leur dit: Ainsi dit l’Éternel, le Dieu d’Israël: Que chacun mette son épée sur sa cuisse; passez et revenez d’une porte à l’autre dans le camp, et que chacun de vous tue son frère, et chacun son compagnon, et chacun son intime ami. Et les fils de Lévi firent selon la parole de Moise; et il tomba d’entre le peuple, ce jour-là, environ trois mille hommes. Et Moïse dit: Consacrez-vous aujourd’hui à l’Éternel, chacun dans son fils et dans son frère, afin de faire venir aujourd’hui sur vous une bénédiction» (Exode 32:25-29).
C’était un moment d’épreuve. Il ne pouvait pas en être autrement, lorsque cette grande question était adressée au cœur et à la conscience «Quiconque est pour l’Éternel?» Rien ne saurait être plus propre à sonder le cœur. La question n’était pas «Qui est-ce qui veut travailler?» Non, elle était beaucoup plus sérieuse et beaucoup plus pressante. Il ne s’agissait pas de savoir qui irait ici ou là, qui ferait ceci ou cela. Il pouvait y avoir un grand nombre d’actions et de mouvements et, cependant, tout cela aurait pu procéder seulement de l’impulsion d’une volonté non brisée, qui, agissant sur la nature religieuse, eût donné une apparence de dévouement et de piété éminemment propre à se tromper soi-même et à tromper les autres.
Mais «être pour l’Éternel» suppose le renoncement à sa propre volonté, le complet abandon de soi-même, ce qui est essentiel au fidèle serviteur, au véritable ouvrier. Saul de Tarse était sur ce terrain quand il s’écriait: «Seigneur, que veux-tu que je fasse?» Quelle parole dans la bouche du volontaire, du violent et du cruel persécuteur de l’Église de Dieu!
«Quiconque est pour l’Éternel?» Lecteur, êtes-vous pour l’Éternel? Cherchez et voyez. Examinez-vous attentivement. Souvenez-vous que la question n’est pas du tout: Que faites-vous? Non, elle est beaucoup plus profonde. Si vous êtes pour le Seigneur, vous êtes prêt à tout. Vous êtes prêt à vous arrêter ou à marcher en avant, prêt à aller à droite ou à gauche, prêt à être actif ou à demeurer tranquille, prêt à vous tenir debout ou à vous tenir couché. La grande chose est celle-ci: l’abandon de soi-même aux droits d’un autre; et cet autre, c’est le Seigneur.
C’est là un sujet d’une immense portée. En vérité, nous ne connaissons rien de plus important pour le moment actuel, que cette question scrutatrice: «Quiconque est pour l’Éternel?» Nous vivons en des jours où la volonté propre est extrêmement active. L’homme se glorifie de sa liberté; et cela apparaît, d’une manière très marquée, dans les matières religieuses. Il en était justement ainsi dans le chapitre 32 de l’Exode, — aux jours du veau d’or. Moïse était hors de vue et la volonté de l’homme était à l’œuvre; on fit travailler le burin. Et quel fut le résultat? Un veau de fonte; et quand Moïse revint, il trouva le peuple dans l’idolâtrie et dans le dénuement. Alors surgit, pour sonder ce peuple, cette solennelle question: «Quiconque est pour l’Éternel?» ce qui amena les choses à une issue, ou plutôt mit les Israélites à l’épreuve. Or il n’en est pas autrement de nos jours. La volonté de l’homme règne, et cela surtout en matière religieuse. L’homme se glorifie de ses droits, de sa liberté, de sa volonté, et de la liberté de son jugement. C’est là une négation de la Seigneurie du Christ; et par conséquent il nous convient de nous tenir sur nos gardes, et de veiller à ce que nous prenions réellement le parti du Seigneur contre notre propre nature. Il nous convient de nous tenir dans l’attitude d’une simple soumission à son autorité. Nous ne serons plus alors occupés de la valeur ou du caractère de notre service; notre seul objet sera de faire la volonté de notre Seigneur.
En un mot donc, la question s’appliquant soit au camp d’Israël aux jours du veau d’or, soit à l’Église, en ces temps de la volonté humaine, est celle-ci «Quiconque est pour le Seigneur!» Importante question. Ce n’est pas: Qui est pour la religion, pour la philanthropie ou pour la réforme morale? Nous pouvons mettre un grand zèle à encourager, à soutenir les divers projets de philanthropie, de religion et de réforme morale, tout en ne faisant en cela que servir notre moi et entretenir notre propre volonté. Nous passons par une phase où la volonté de l’homme est flattée avec un incomparable empressement. Nous croyons très fermement que le vrai remède à ce mal se trouvera dans cette unique et grave question:
«Quiconque est pour l’Éternel!» Elle renferme une immense puissance pratique. Être réellement pour le Seigneur, c’est être prêt à faire absolument tout ce à quoi il trouve bon de nous appeler. Si l’âme est amenée à dire en vérité: «Seigneur, que veux-tu que je fasse?» «Parle, Seigneur, car ton serviteur écoute», alors elle est prête à tout faire. Ainsi, dans le cas des Lévites, ils étaient appelés à «tuer chacun son frère, et chacun son compagnon, et chacun son intime ami.» C’était une horrible tâche pour la chair et le sang. Mais la circonstance le réclamait. Les droits de Dieu avaient été ouvertement et grossièrement foulés aux pieds. L’invention humaine avait été à l’œuvre, on avait employé le burin et l’on avait élevé un veau. On avait changé la gloire de Dieu en la figure d’un bœuf qui broute l’herbe; et voilà pourquoi tous ceux qui étaient pour l’Éternel furent appelés à ceindre l’épée. La chair pouvait dire: «Non, soyons indulgents, compatissants et miséricordieux. Nous obtiendrons plus par la douceur que par la sévérité. On ne peut pas faire du bien aux gens en les frappant. L’amour a bien plus de puissance que la rigueur. Aimons-nous l’un l’autre». Telles sont les pensées, vraies à leur place, que la nature pouvait suggérer; c’est ainsi qu’elle pouvait raisonner. Mais le commandement était clair et décisif: «Que chacun mette son épée sur sa cuisse». L’épée était la seule chose qui put servir lorsque le veau d’or était là. Parler d’amour dans un pareil moment, c’eût été jeter par-dessus bord les justes droits du Dieu d’Israël. Il convient au véritable esprit d’obéissance de faire le service même qui est en rapport avec la circonstance. Un serviteur n’a pas à raisonner, il doit simplement faire ce qu’on lui ordonne. Soulever une question, ou avancer une objection, c’est abandonner la place de serviteur. Il pouvait sembler que ce fût la plus affreuse tâche que d’avoir à tuer son frère, son ami et son voisin; mais la parole de l’Éternel était impérative. Elle ne pouvait être éludée; et les Lévites, par grâce, montrèrent une pleine et prompte obéissance. «Les fils de Lévi firent selon la parole, de Moïse.»
C’est là l’unique et vrai sentier de ceux qui veulent être les ouvriers de Dieu, et les serviteurs du Christ dans ce monde où la propre volonté domine. Il est de la dernière importance d’avoir profondément gravée dans le cœur la vérité de la Seigneurie du Christ. C’est le seul régulateur de la marche et de la conduite. Cela résout une foule de questions. Si le cœur est réellement soumis à l’autorité du Christ, il est en état de faire tout ce qu’il nous demande: de demeurer en repos ou d’aller en avant, de faire peu ou beaucoup, d’être actif ou passif. Pour un cœur vraiment obéissant, la question n’est point du tout: «Que fais-je?» ou bien «où vais-je?» Elle est simplement ceci: «Est-ce que je fais la volonté de mon Seigneur?»
Tel était le terrain qu’occupait Lévi. Or, remarquez le divin commentaire qui nous en est donné par Malachie: «Et vous saurez que je vous ai envoyé ce commandement, afin que mon alliance subsiste avec Lévi, dit l’Éternel des armées. Mon alliance avec lui était la vie et la paix, et je les lui donnai pour qu’il craignît; et il me craignit et trembla devant mon nom. La loi de vérité était dans sa bouche, et l’iniquité ne se trouva pas sur ses lèvres; il marcha avec moi dans la paix et dans la droiture, et il détourna de l’iniquité beaucoup de gens» (Mal. 2:4-6). Remarquez encore la bénédiction que prononça Moïse: «Et de Lévi il dit: Tes thummim et tes urim sont à l’homme de ta bonté, que tu as éprouvé à Massa, et avec lequel tu as contesté aux eaux de Meriba; qui dit de son père et de sa mère: Je ne l’ai point vu; et qui n’a pas reconnu ses frères, et n’a pas connu ses fils. Car ils ont gardé tes paroles et observé ton alliance; ils enseigneront tes ordonnances à Jacob et ta loi à Israël; ils mettront l’encens sous tes narines et l’holocauste sur ton autel. Éternel bénis sa force; et que l’œuvre de ses mains te soit agréable! Brise les reins de ceux qui s’élèvent contre lui, et de ceux qui le haïssent, en sorte qu’ils ne puissent plus se relever» (Deut. 33:8-11).
Il aurait pu paraître inexcusable, dur et sévère de la part de Lévi, de n’avoir pas vu ses parents, connu ou reconnu ses frères. Mais les droits de Dieu sont souverains; et Christ, notre Seigneur, a prononcé ces solennelles paroles: «Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses sœurs, et même aussi sa propre vie, il ne peut être mon disciple» (Luc 14:26).
Ce sont des paroles simples, et elles nous font pénétrer dans le secret de ce qui se trouve à la base de tout vrai service. Que personne ne s’imagine que nous devions être sans affection. Loin de nous une telle pensée. Être sans affection naturelle, ce serait nous joindre moralement à l’apostasie des derniers jours. (Voyez 2 Tim. 3:3.) Mais quand on laisse les droits de l’affection naturelle intervenir comme obstacle dans le chemin de notre intègre et cordial service de Christ, et quand le soi-disant amour de nos frères occupe une place plus élevée que la fidélité à Christ, alors nous sommes peu propres au service du Seigneur et indignes d’être appelés ses serviteurs. Que l’on observe avec soin que le principe moral qui donnait à Lévi un titre à être employé au service de l’Éternel, c’était le fait qu’il ne voyait pas ses parents, ne reconnaissait pas ses frères, ou ne connaissait pas ses enfants. En un mot, il était rendu capable de mettre complètement de côté les droits de la nature, et de donner en son cœur une place souveraine aux droits de l'Éternel. Ceci, nous le répétons, est la seule vraie base du caractère du serviteur.
Encore une fois, que le lecteur chrétien y fasse bien attention. Il peut y avoir une foule de choses qui passent pour être le service — beaucoup d’activité, d’allées et de venues, d’actions et de paroles — et avec tout cela il peut n’y avoir pas un seul atome de vrai service de Lévite, et, selon l’appréciation de Dieu, ce ne peut être que l’inquiète activité de la volonté. Comment, dira-t-on, la volonté peut-elle se montrer dans le service de Dieu en matière religieuse? Hélas! elle le peut et le fait. Et très souvent l’apparente énergie et l’abondance du travail et du service sont justement en proportion de l’énergie de la volonté. Ceci est particulièrement solennel et exige le plus sévère jugement de soi-même, dans la lumière de la présence de Dieu. Le vrai service ne consiste pas dans une grande activité, mais dans une profonde soumission à la volonté de notre Seigneur; et si cette soumission existe, il y aura promptitude à rabaisser les droits des parents, des frères et des enfants pour accomplir la volonté de Celui que nous reconnaissons comme Seigneur. Il est vrai que nous devons aimer nos parents, nos frères et nos enfants. Il ne s’agit pas de les aimer moins, mais d’aimer Christ davantage.
Il faut que le Seigneur Lui-même et ses droits aient toujours la première place dans le cœur, si nous voulons être de vrais ouvriers de Dieu, de vrais serviteurs de Christ, de vrais Lévites, au milieu du désert. C’était là ce qui caractérisait les actes de Lévi, dans la circonstance que nous rappelons. Les droits de Dieu étaient en question, et par conséquent on ne devait pas avoir égard aux droits de la nature. Les parents, les frères et les enfants, quelque chers qu’ils fussent, ne devaient pas être en opposition avec la gloire du Dieu d’Israël qui avait été changée en la figure d’un bœuf qui broute l’herbe.
Ici gît toute la question dans toute son importance et sa grandeur. Les liens des relations naturelles, et tous les droits, les devoirs et les responsabilités qui naissent de tels liens, auront toujours leur propre place et leur légitime estimation chez ceux dont le cœur, l’esprit et la conscience ont été placés sous le pouvoir régulateur de la vérité de Dieu. On ne doit jamais permettre que rien enfreigne ces droits fondés sur la parenté naturelle, si ce n’est ce qui est réellement dû à Dieu et à son Christ. C’est une considération des plus nécessaires et des plus utiles, et sur laquelle nous voulons insister particulièrement auprès du jeune lecteur chrétien. Nous avons toujours à nous garder d’un esprit de volonté propre et qui se complaît à soi-même, esprit qui n’est jamais plus dangereux que lorsqu’il revêt l’apparence d’un service et d’un travail soi-disant religieux. Il nous convient d’être très sûrs que nous avons bien et uniquement à cœur les droits de Dieu, quand nous ne tenons pas compte des droits de la parenté naturelle. Dans le cas de Lévi, la chose était aussi claire que le soleil; voilà pourquoi «l’épée» du jugement, et non un baiser d’affection, convenait à ce moment critique. Il en est de même dans notre histoire; il y a des circonstances où ce serait une infidélité ouverte à notre Seigneur, que d’écouter un seul instant la voix des relations naturelles.
Les remarques précédentes peuvent aider le lecteur à comprendre les actes des Lévites en Exode 32, et les paroles de notre Seigneur en Luc 14:26. Que l’Esprit de Dieu nous rende capable de réaliser et de montrer le pouvoir et les devoirs de la vérité!
Nous nous arrêterons maintenant, pendant quelques instants, sur la consécration des Lévites, en Nombres 8, afin de pouvoir envisager le sujet dans son entier: C’est une véritable source d’instruction pour tous ceux qui désirent être des ouvriers du Seigneur.
Après l’acte cérémoniel de «se laver» et de «se raser», dont nous avons déjà parlé, nous lisons «Et ils (c’est-à-dire les Lévites) prendront un jeune taureau, et son offrande de gâteau de fleur de farine pétrie à l’huile; et tu prendras un second jeune taureau, pour sacrifice pour le péché. Et tu feras approcher les Lévites devant la tente d’assignation, et tu réuniras toute l’assemblée des fils d’Israël et tu feras approcher les Lévites devant l’Éternel, et les fils d’Israël poseront leurs mains sur les Lévites; et Aaron offrira les Lévites en offrande tournoyée devant l’Éternel, de la part des fils d’Israël, et ils seront employés au service de l’Éternel. Et les Lévites poseront leurs mains sur la tête des taureaux; et tu offriras l’un en sacrifice pour le péché, et l’autre en holocauste à l’Éternel, afin de faire propitiation pour les Lévites» (Nombres 8:8-12).
Ici nous sont présentés les deux grands aspects de la mort du Christ. L’un de ces aspects nous est fourni par l’offrande pour le péché; l’autre par l’holocauste. Nous n’entrerons pas dans le détail de ces offrandes, ayant essayé de le faire précédemment dans les premiers chapitres de nos «Notes sur le Lévitique». Nous voulons seulement faire observer ici que, dans l’offrande pour le péché, nous voyons Christ portant le péché en son corps sur le bois, et subissant la colère de Dieu contre le péché. Dans l’holocauste, nous voyons Christ glorifiant Dieu, même en faisant la propitiation pour le péché. Dans les deux cas l’expiation se fait; mais dans le premier, c’est une expiation en rapport avec la profondeur des besoins du pécheur; dans le second, c’est une expiation selon la mesure du dévouement de Christ à Dieu. Dans celui-là, nous voyons la nature odieuse du péché; dans celui-ci la valeur suprême du Christ. C’est, nous n’avons guère besoin de le dire, la même mort expiatoire du Christ, mais présentée sous deux aspects différents1.
1 Pour plus de détails sur la doctrine de l’offrande pour le péché et de l’holocauste, nous renvoyons le lecteur aux chapitres 1 et 4 des Notes sur le Lévitique.
Or les Lévites posaient leurs mains sur la victime pour le péché, et sur l’holocauste; et cet acte d’imposition des mains exprimait simplement le fait de l’identification. Mais combien le résultat était différent dans chaque cas! Lorsque Lévi posait ses mains sur la tête de l’offrande pour le péché, cela signifiait la translation sur la victime, de tous ses péchés, de toute sa culpabilité, de toute sa cruauté, sa violence et sa propre volonté. Et d’un autre côté, lorsqu’il posait ses mains sur la tête de l’holocauste, cela impliquait la translation sur Lévi de toute l’acceptation et de toute la perfection du sacrifice. Naturellement, nous parlons de ce que le type exprime. Nous n’avons pas à nous prononcer sur la question de savoir si Lévi avait l’intelligence de ces choses; nous cherchons simplement à expliquer le sens du symbole cérémoniel; et très certainement aucun symbole ne saurait être plus significatif que l’imposition des mains, considérée soit dans le cas de l’offrande pour le péché, soit dans celui de l’holocauste. La doctrine de tout cela est renfermée dans ce passage très important de la fin du chapitre 5 de la deuxième épître aux Corinthiens «Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui!»
«Et tu feras tenir les Lévites devant Aaron et devant ses fils, et tu les offriras en offrande tournoyée à l’Éternel. Et tu sépareras les Lévites du milieu des fils d’Israël, et les Lévites seront à moi. — Après cela les Lévites viendront pour faire le service de la tente d’assignation, et tu les purifieras, et tu les offriras en offrande tournoyée; car ils me sont entièrement donnés du milieu des fils d’Israël: je les ai pris pour moi à la place de tous ceux qui ouvrent la matrice, de tous les premiers-nés d’entre les fils d’Israël. Car tout premier-né parmi les fils d’Israël est à moi, tant les hommes que les bêtes; je me les suis sanctifiés le jour que je frappai tout premier-né dans le pays d’Égypte. Et j’ai pris les Lévites à la place de tous les premiers-nés parmi les fils d’Israël. Et j’ai donné les Lévites en don à Aaron et à ses fils, du milieu des fils d’Israël, pour s’employer au service des fils d’Israël à la tente d’assignation, et pour faire propitiation pour les fils d’Israël, afin qu’il n’y ait pas de plaie au milieu des fils d’Israël quand les fils d’Israël s’approcheraient du lieu saint. — Et Moïse et Aaron, et toute l’assemblée des fils d’Israël, firent à l’égard des Lévites tout ce que l’Éternel avait commandé à Moïse touchant les Lévites; les fils d’Israël firent ainsi à leur égard» (Nombres 8:13-20).
Comme ce passage nous rappelle vivement les paroles de notre Seigneur en Jean 17: «J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du monde; ils étaient à toi, et tu me les as donnés; et ils ont gardé ta parole… Je fais des demandes pour eux; je ne fais pas des demandes pour le monde, mais pour eux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi (et tout ce qui est à moi, est à toi; et ce qui est à toi est à moi), et je suis glorifié en eux.» (Vers. 6-10.)
Les Lévites formaient un peuple séparé, ils étaient la possession spéciale de Dieu. Ils prenaient la place de tous les premiers-nés en Israël, de ceux qui avaient été sauvés de l’épée du destructeur par le sang de l’agneau. Ils étaient, en type, un peuple mort et ressuscité, mis à part pour Dieu, et que Dieu offrait comme un don au souverain sacrificateur Aaron, pour faire le service du tabernacle.
Quelle position pour le volontaire, le violent, le cruel Lévi! Quel triomphe de la grâce! Quel exemple de l’efficacité du sang de propitiation et de l’eau de purification! Ils étaient, par leur nature et par leurs œuvres, éloignés de Dieu.; mais le «sang» expiatoire, l’«eau» de purification et le «rasoir» du jugement personnel avaient fait leur œuvre bénie. En conséquence, les Lévites étaient en état d’être offerts comme un don à Aaron et à ses fils, et de leur être associés dans les saints services du tabernacle d’assignation.
En tout ceci, les Lévites étaient un type frappant du peuple actuel de Dieu. Ceux qui formaient ce peuple ont été élevés et retirés des profondeurs de leur dégradation et de leur ruine comme pécheurs. Ils sont blanchis dans le sang précieux du Christ, purifiés par l’application de la parole, et appelés à l’exercice d’un jugement de soi-même habituel et sévère. Ils sont ainsi rendus aptes au saint service auquel ils sont appelés. Dieu les a donnés à son Fils pour qu’ils puissent être ses ouvriers dans ce monde. «Ils étaient à toi et tu me les as donnés.» Chose merveilleuse! Penser qu’il soit là question de personnes telles que nous! Penser que nous appartenons à Dieu et qu’il nous a donnés à son Fils! Nous pouvons bien dire que cela surpasse toute conception humaine. Nous ne sommes pas seulement sauvés de l’enfer, ce qui est vrai; nous ne sommes pas seulement pardonnés, justifiés, acceptés, tout cela est vrai; mais nous sommes encore appelés à la charge suprême et sainte de porter dans ce monde le Nom, le témoignage et la gloire de notre Seigneur Jésus Christ. C’est là notre œuvre de vrais et fidèles Lévites. Comme guerriers, nous sommes appelés à combattre; comme sacrificateurs, nous avons le privilège de rendre un culte; mais comme Lévites, nous sommes responsables de servir; et notre service consiste à porter, à travers la scène d’un aride désert, l’antitype du tabernacle, qui était la figure du Christ. C’est la ligne distincte de notre service. C’est à cela que nous sommes appelés — c’est pour cela que nous sommes mis à part.
Le lecteur remarquera avec intérêt, nous n’en doutons pas, le fait que c’est dans ce livre des Nombres et là seulement, que nous sont donnés tous les détails précieux et profondément instructifs sur les Lévites. Ce fait nous offre une nouvelle explication du caractère de notre livre. C’est en nous plaçant dans le désert que nous avons une vue exacte et complète des ouvriers de Dieu, comme de ses guerriers.
Examinons un peu maintenant le service des Lévites, qui nous est détaillé aux chapitres 3 et 4 des Nombres. «Et l’Éternel parla à Moïse, disant: Fais approcher la tribu de Lévi, et fais-la se tenir devant Aaron, le sacrificateur, afin qu’ils le servent, et qu’ils accomplissent ce qui appartient à son service, et au service de toute l’assemblée, devant la tente d’assignation, pour faire le service du tabernacle; et ils auront la charge de tous les ustensiles de la tente d’assignation, et de ce qui se rapporte au service des fils d’Israël, pour faire le service du tabernacle. Et tu donneras les Lévites à Aaron et à ses fils; ils lui sont absolument donnés d’entre les fils d’Israël.» (Chap. 3:5-9.)
Les Lévites représentaient l’assemblée entière des Israélites, et agissaient en leur faveur. Ceci ressort du fait que les fils d’Israël posaient leurs mains sur la tête des Lévites, comme ceux-ci posaient les leurs sur la tête des sacrifices. (Chap. 8:10.) L’acte de l’imposition exprimait l’identification, de sorte que les Lévites offrent un aspect tout spécial du peuple de Dieu dans le désert. Ils nous le présentent comme une troupe de zélés ouvriers, et non pas, qu’on le remarque bien, comme de simples travailleurs inconstants et irréguliers, courant çà et là, et faisant chacun ce qui lui semble bon. Rien de pareil ici. Si les hommes de guerre avaient à montrer leur généalogie et à demeurer fidèles à leur bannière, les Lévites avaient à se réunir autour de leur centre et à accomplir leur tâche. Tout était aussi clair, aussi distinct et aussi déterminé que possible et, de plus, tout était sous l’autorité et la direction immédiates du souverain sacrificateur.
Il est très nécessaire, pour tous ceux qui veulent être de vrais Lévites, des ouvriers fidèles et des serviteurs intelligents, de peser bien sérieusement ce sujet. Le service des Lévites devait être réglé par les directions du sacrificateur. Il n’y avait pas plus lieu à l’exercice de la propre volonté dans le service des Lévites, qu’il n’y en avait dans la position des hommes de guerre. Tout était divinement établi, et c’était une grâce particulière pour tous ceux dont les cœurs étaient dans un bon état. Pour celui dont la volonté n’était pas brisée, il pouvait sembler que ce fût une tâche pénible et des plus fastidieuses, que d’être obligé d’occuper la même position, ou d’être invariablement engagé dans la même série de travaux. Un tel homme pouvait soupirer après quelque chose de nouveau, quelque variété dans son œuvre. Mais, au contraire, quand la volonté était soumise et le cœur réglé, chacun pouvait dire: «Mon sentier est parfaitement tracé; je n’ai qu’à obéir». C’est toujours l’affaire du vrai serviteur; et c’est ce qui a été supérieurement accompli par Celui qui fut le seul parfait serviteur qui ait passé sur la terre. Il pouvait dire: «Je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé» (Jean 6:38). Et encore: «Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre» (Jean 4:34).
Mais il est un autre fait, digne d’attention, relativement aux Lévites; c’est que leur service avait exclusivement rapport au tabernacle et à ce qui en dépendait. Ils n’avaient rien d’autre à faire. Penser à mettre la main à quoi que ce fût d’autre eût été, pour un Lévite, renier son appel, abandonner son œuvre divinement fixée, et se soustraire aux commandements de Dieu.
Il en est ainsi des chrétiens de nos jours. Leur affaire exclusive, — leur seule grande œuvre, — leur essentiel service, c’est Christ et ce qui le concerne. Ils n’ont rien d’autre à faire. Pour un chrétien, penser à mettre la main à autre chose, c’est renier sa vocation abandonner son œuvre divinement fixée, et se soustraire aux commandements de Dieu. Un vrai Lévite de l’ancienne alliance pouvait dire: «Pour moi vivre, c’est le tabernacle»; et maintenant un vrai chrétien peut dire: «Pour moi vivre, c’est Christ». La grande question, dans tout ce qui peut se présenter au chrétien, est celle-ci: «Puis-je joindre Christ à telle ou telle chose?» Si je ne le puis, je n’ai absolument rien à faire avec elle.
C’est la vraie manière de considérer les choses. Il ne s’agit pas là de savoir si ceci ou cela est bien ou mal. Non, il s’agit simplement de savoir jusqu’à quel point cela se rattache au nom et à la gloire du Christ. Cela simplifie tout étonnamment, répond à mille questions, résout mille difficultés, et rend le chemin du chrétien sérieux et fidèle, aussi clair qu’un rayon de soleil. Un Lévite n’avait pas de difficultés au sujet de son œuvre; elle lui était déterminée avec une précision divine. Le fardeau que chacun avait à porter, et l’œuvre que chacun avait à faire étaient indiqués avec une clarté qui ne laissait aucun lieu aux questions du cœur. Chacun pouvait connaître son ouvrage et le faire; et ajoutons qu’il n’était fait que par ceux qui s’acquittaient de leurs fonctions spéciales. Ce n’était pas en courant çà et là, et en faisant ceci ou cela, que le service du tabernacle s’accomplissait dûment; mais c’était par le soin assidu avec lequel chacun s’attachait à sa vocation particulière.
Il est bon de ne pas oublier cela. Nous sommes très disposés, comme chrétiens, à rivaliser les uns avec les autres, et ainsi à nous entraver mutuellement; et nous sommes sûrs d’agir ainsi, si chacun de nous ne suit pas sa propre ligne de conduite divinement tracée. Nous disons: «divinement tracée», et nous insistons sur le mot. Nous n’avons nul droit de choisir notre propre œuvre. Si le Seigneur a fait d’un homme un évangéliste, d’un autre un docteur, d’un autre un pasteur; s’il en a doué un autre pour l’exhortation, comment l’œuvre doit-elle se faire? Assurément ce n’est point par l’évangéliste essayant d’enseigner, et par le docteur essayant d’exhorter, ou par quelqu’un qui, n’étant qualifié ni pour l’un ni pour l’autre de ces dons, essaie de les exercer tous deux. Non; c’est par chacun exerçant le don qui lui a été divinement conféré. Sans doute, le Seigneur peut, quand il lui plaît; revêtir un même individu d’une variété de dons; mais cela ne touche en aucune façon au principe sur lequel nous insistons, qui est simplement celui-ci: Chacun de nous est tenu de connaître sa propre direction de marche et d’action, et de la poursuivre. Si nous perdons cela de vue, nous tomberons dans une désespérante confusion. Dieu a ses carriers, ses tailleurs de pierre et ses maçons. L’œuvre avance par le travail de chaque ouvrier s’attachant diligemment à son propre ouvrage. Si tous étaient carriers, où seraient les tailleurs de pierre? Si tous étaient tailleurs de pierre, où seraient les maçons? Celui qui aspire à un autre ordre de choses, ou qui cherche à imiter le don d’un autre, fait le plus grand tort possible à la cause de Christ et à l’œuvre de Dieu dans le monde. C’est une grave erreur contre laquelle nous voudrions sérieusement prémunir le lecteur. Rien ne peut être plus insensé. Dieu ne se répète jamais. Il n’existe pas deux figures pareilles, et il n’y a pas dans une forêt deux feuilles ni deux brins d’herbe exactement semblables. Pourquoi donc quelqu’un aspirerait-il à la ligne de travaux d’un autre, ou affecterait-il de posséder le don d’un autre? Que chacun soit content d’être précisément ce que son maître l’a fait. C’est le secret d’une vraie paix et du progrès.
Tout ceci trouve une illustration éclatante dans le résumé inspiré de ce qui a trait au service des trois classes distinctes des Lévites, que nous allons citer tout au long pour faciliter les choses au lecteur. Il n’est rien en définitive qui puisse être comparé au véritable langage des Saintes Écritures.
«Et l’Éternel, parla à Moïse, dans le désert de Sinaï, disant: Dénombre les fils de Lévi selon leurs maisons de pères, selon leurs familles, tu dénombreras tous les mâles depuis l’âge d’un mois et au-dessus. Et Moïse les dénombra selon le commandement de l’Éternel, comme il lui avait été commandé. Ce sont ici les fils de Lévi, selon leurs noms Guershon, et Kehath, et Merari. Et ce sont ici les noms des fils de Guershon, selon leurs familles Libni et Shimhi. Et les fils de Kehath, selon leurs familles Amram, et Jitsehar, Hébron, et Uziel. Et les fils de Merari, selon leurs familles Makhli et Mushi. Ce sont là les familles de Lévi, selon leurs maisons de pères. De Guershon, la famille des Libnites et la famille des Shimhites; ce sont là les familles des Guershonites: ceux d’entre eux qui furent dénombrés, en comptant tous les mâles depuis l’âge d’un mois et au-dessus, ceux qui furent dénombrés furent sept mille cinq cents. Les familles des Guershonites campèrent derrière le tabernacle, vers l’occident; et le prince de la maison de père des Guershonites était Éliasaph, fils de Laël. Et la charge des fils de Guershon, à la tente d’assignation, était le tabernacle et la tente, sa couverture, et le rideau de l’entrée de la tente d’assignation, et les tentures du parvis, et le rideau de l’entrée du parvis qui entoure le tabernacle et l’autel, et ses cordages pour tout son service.» (Chap. 3:14-26.) Ailleurs nous lisons: «Et l’Éternel parla à Moïse, disant: Relève aussi la somme des fils de Guershon, selon leurs maisons de pères, selon leurs familles; tu les dénombreras depuis l’âge de trente ans et au-dessus, jusqu’à l’âge de cinquante ans: tous ceux qui entrent en service pour s’employer au service, à la tente d’assignation. C’est ici le service des familles des Guershonites, pour servir et pour porter: ils porteront les tapis du tabernacle et la tente d’assignation; sa couverture, et la couverture de peaux de taissons qui est sur elle par-dessus, et le rideau de l’entrée de la tente d’assignation, et les tentures du parvis, et le rideau de l’entrée de la porte du parvis qui entoure le tabernacle et l’autel, et leurs cordages, et tous les ustensiles de leur service; tout ce qui doit être fait avec eux constituera leur service. Tout le service des fils des Guershonites, dans tout ce qu’ils portent et dans tout leur service, sera selon les ordres d’Aaron et de ses fils; et vous leur donnerez en charge tout ce qu’ils doivent porter. C’est là le service des familles des fils des Guershonites à la tente d’assignation; et leur charge sera sous la main d’Ithamar, fils d’Aaron, le sacrificateur.» (Chap. 4:21-28.)
Voilà pour ce qui regarde Guershon et son œuvre. Lui et son frère Merari avaient à porter «le tabernacle», tandis que Kehath était appelé à porter «le sanctuaire», ainsi que nous lisons au chap. 10: «Et le tabernacle fut démonté; puis les fils de Guershon et les fils de Merari partirent, portant le tabernacle… Puis les Kehathites partirent, portant le sanctuaire; et on (c’est-à-dire les Guershonites et les Merarites) dressa le tabernacle, en attendant leur arrivée» (vers. 17-21). Il y avait un fort lien moral qui unissait Guershon et Merari dans leur service, quoique leur œuvre fût parfaitement différente, comme nous le verrons par le passage suivant.
«Quant aux fils de Merari, tu les dénombreras selon leurs familles, selon leurs maisons de pères. Tu les dénombreras depuis l’âge de trente ans et au-dessus, jusqu’à l’âge de cinquante ans, tous ceux qui entrent en service pour s’employer au service de la tente d’assignation. Et c’est ici la charge de ce qu’ils auront à porter, selon tout leur service à la tente d’assignation: les ais du tabernacle, et ses traverses, et ses piliers, et ses bases, et les piliers du parvis tout autour, et leurs bases, et leurs pieux, et leurs cordages, tous leurs ustensiles, selon tout leur service et vous leur compterez, en les désignant par nom, les objets qu’ils auront charge de porter. C’est là le service des familles des fils de Merari, pour tout leur service à la tente d’assignation, sous la main d’Ithamar, fils d’Aaron, le sacrificateur.» (Chap. 4:29-33.)
Tout cela était clair et distinct. Guershon n’avait rien à faire avec les ais et les piquets; et Merari n’avait rien à faire avec les tentures ou les couvertures. Et cependant ils étaient très intimement unis, comme ils étaient dans une mutuelle dépendance. «Les ais et les bases» n’auraient servi à rien sans les «tentures»; et celles-ci auraient été inutiles sans les ais et les soubassements. Et quant aux «pieux», quoiqu’ils parussent si insignifiants, qui pourrait apprécier l’importance qu’ils avaient en reliant entre eux les objets, et en maintenant la visible unité du tout? Ainsi tous travaillaient ensemble à une fin commune, et cette fin était atteinte par chaque individu restant occupé de sa propre ligne spéciale de travail. Si un Guershonite s’était mis dans la tête d’abandonner les «tentures» pour s’occuper des «pieux», il aurait laissé son œuvre propre inexécutée et se serait mêlé de l’œuvre des Merarites. Cela n’aurait jamais pu aller. Tout eût été jeté dans une fâcheuse confusion, tandis qu’en s’attachant à la règle divine, tout était maintenu dans l’ordre le plus, admirable.
Il devait être extrêmement beau de voir les ouvriers, de Dieu dans le désert. Chacun était à son poste, et agissait dans la sphère qui lui était divinement assignée. C’est pourquoi dès que la nuée s’était levée, et que l’ordre de démonter le tabernacle était donné, chacun savait ce qu’il avait à faire, et ne faisait rien d’autre. Nul n’avait le droit de suivre ses propres pensées. L'Éternel pensait pour tous. Les Lévites s’étaient déclarés «pour l’Éternel»; ils s’étaient soumis à son autorité; et ce fait était à la base même de toute leur œuvre et de leur service dans le désert. Cette œuvre étant considérée sous ce jour, il était tout à fait indifférent qu’un homme eût à s’occuper d’un clou, d’une tenture ou d’un chandelier d’or. La grande question pour chacun et pour tous était seulement «Est-ce là mon ouvrage? Est-ce là ce que le Seigneur m’a donné à faire?»
Ceci fixe tout. Si les choses avaient été laissées à l’estimation ou au choix de l’homme, tel individu eût aimé ceci, tel autre cela, et un troisième quelque autre chose. Comment alors le tabernacle aurait-il jamais été porté à travers le désert ou dressé à sa place? Impossible! Il ne pouvait y avoir qu’une autorité suprême, savoir l'Éternel lui-même. Il disposait de tout et tous avaient à se soumettre à lui. Il ne restait nulle place pour l’exercice de la volonté humaine. C’était une grâce remarquable. Elle écartait une foule de luttes et de confusions. Il faut de la soumission, il faut une volonté brisée, il faut une cordiale adhésion à l’autorité de Dieu, autrement on en viendrait à l’état dont il est question dans le livre des Juges: «Chacun faisait ce qui était bon à ses yeux.» Un Merarites pouvait dire, ou le penser s’il ne le disait pas: «Quoi! dois-je dépenser la meilleure partie de ma vie ici-bas — les jours de ma force et de ma vigueur — à prendre soin de quelques pieux? Était-ce pour cela que j’étais né? Ne dois-je pas avoir dans ma vie un but plus élevé que celui-là? Serait-ce ma seule occupation de l’âge de trente ans à celui de cinquante?»
Il y avait une double réponse à de telles questions. En premier lieu, c’était assez pour le Merarites de savoir que l'Éternel lui avait assigné son ouvrage. Cela suffisait pour donner de la dignité à ce que la nature pouvait regarder comme l’affaire la plus infime et la plus vile. Ce que nous faisons importe peu, pourvu que nous accomplissions toujours notre travail ordonné de Dieu. Un homme peut poursuivre une carrière que ses semblables jugeraient être fort brillante; il peut dépenser son énergie, son temps, ses talents, sa fortune à la poursuite de ce que les hommes de ce monde estiment grand et glorieux, et avec tout cela, sa vie peut n’être qu’une brillante bagatelle. Mais, d’un autre côté, l’homme qui fait simplement la volonté de Dieu, quelle qu’elle puisse être — l’homme qui exécute les commandements du Seigneur, quoi que ce soit que ces commandements lui prescrivent — cet homme-là marchera dans un sentier éclairé par les rayons de l’approbation de Dieu, et son œuvre sera rappelée lorsque les plus splendides projets des enfants de ce siècle seront tombés dans l’éternel oubli.
Mais, outre la valeur morale toujours liée à l’accomplissement du devoir qu’on est appelé à remplir, il y avait aussi une dignité particulière, se rattachant à l’œuvre d’un Merarites, alors même que cette œuvre ne consistait qu’à prendre soin de quelques «pieux» ou de quelques «bases». Tout ce qui se rapportait au tabernacle offrait le plus profond intérêt et possédait la plus haute valeur. Il n’y avait rien, dans le monde entier, qui pût être comparé avec ce tabernacle fait de planches et toutes ses dépendances mystiques. C’était une sainte dignité et un saint privilège que d’être admis à toucher le moindre piquet qui formait une partie de ce merveilleux tabernacle dans le désert. Il était infiniment plus glorieux d’être un Merarites, veillant aux piquets du tabernacle, que de porter le sceptre de l’Égypte ou de l’Assyrie. Il est vrai, ce Merarites, selon le sens de son nom, pouvait paraître un pauvre homme «affligé» et fatigué; mais son labeur était lié à la demeure du Dieu Très-Haut, possesseur des cieux et de la terre. Ses mains maniaient des objets qui étaient les modèles des choses qui sont au ciel. Chaque pieu, chaque socle, chaque tenture, chaque couverture, étaient une ombre des grandes choses à venir — une figure symbolique du Christ.
Nous ne prétendons pas affirmer que le pauvre Merarites ou Guershonite, ainsi occupé, comprit ces choses. Ce n’est nullement la question à traiter ici. Nous pouvons comprendre ces choses. C’est notre privilège de les placer toutes — le tabernacle et ses meubles mystiques — sous la brillante lumière du Nouveau Testament, et d’y découvrir Christ en tout.
Toutefois, tout en ne préjugeant rien sur la mesure d’intelligence que possédaient les Lévites, dans leur œuvre respective, nous pouvons pourtant dire, avec assurance, que c’était un privilège très précieux que celui d’être admis à toucher, à manier, et à porter à travers le désert, l’ombre terrestre des célestes réalités. De plus, c’était une grâce spéciale d’avoir l’autorité d’un «Ainsi a dit l’Éternel» pour toutes les choses auxquelles ils mettaient leurs mains. Qui peut apprécier une telle grâce, un tel privilège? Chaque membre de cette merveilleuse tribu d’ouvriers avait sa ligne particulière — de travaux, tracée de la main de Dieu même, et surveillée par le sacrificateur de Dieu. Il ne s’agissait pas que chacun fît ce qu’il trouvait bon ou marchât sur les brisées d’un autre, mais que tous se soumissent à l’autorité de Dieu et fissent précisément ce qu’ils étaient appelés à faire. C’était là le secret de l’ordre pour tous ces huit mille cinq cent quatre-vingts ouvriers. (Chap. 4:48.) Et nous pouvons dire, avec toute l’assurance possible, que c’est encore le seul vrai secret de l’ordre. Pourquoi trouvons-nous tant de confusion dans l’Église professante? Pourquoi tant de conflits de pensées, d’opinions, de sentiments? Pourquoi tant d’oppositions des uns aux autres? Pourquoi tant d’empiétements sur le chemin du prochain? Simplement parce qu’on manque d’une soumission entière et absolue à la parole de Dieu. Notre volonté est à l’œuvre. Nous choisissons nos propres voies au lieu de laisser à Dieu le soin de les choisir pour nous. Il nous faut cette attitude et cet état d’âme, où toutes les pensées humaines, et les nôtres en particulier, sont mises à la place qui leur convient réellement; et où les pensées de Dieu s’élèvent jusqu’à une souveraineté pleine et complète.
Ceci, nous en sommes convaincu, est le grand desideratum, ou ce qui nous manque surtout; c’est l’urgent besoin des jours où nous vivons. La volonté de l’homme prend partout toujours plus d’ascendant. «Rompons, disent-ils, leurs liens, et jetons loin de nous leurs cordes!» (Psaumes 2:3.)
Tel est plus que jamais l’esprit de ce siècle. Quel en est l’antidote? La soumission! La soumission à quoi? Est-ce à ce qu’on appelle l’autorité de l’Église? Est-ce à la voix de la tradition, aux commandements et aux doctrines des hommes? Non, béni soit Dieu, ce n’est ni à l’une de ces choses, ni à toutes ensemble. À quoi donc? À la voix du Dieu vivant, à la voix de l’Écriture Sainte. C’est là le grand remède contre la propre volonté, d’un côté, et la soumission à l’autorité humaine, de l’autre. «Nous devons obéir.» Telle est la réponse à la volonté propre. «Nous devons obéir à Dieu.» Telle est la réponse à un lâche assujettissement à l’autorité humaine en matière de foi. Nous avons toujours affaire à ces deux éléments. Le premier, la volonté propre, se résout en infidélité. Le second, la soumission à l’homme, se résout en superstition. Ces deux tendances exerceront leur influence sur tout le monde civilisé. Elles entraîneront tout, sauf ceux qui sont enseignés de Dieu à dire, à sentir et à agir d’après cette immortelle maxime «Nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes».
C’était ce qui, dans le désert, rendait le Guershonite capable de veiller à ces «peaux de taissons», rudes et d’un aspect peu agréable; c’était ce qui rendait le Merarites capable de prendre soin de ces «pieux», si insignifiants en apparence. Oui, et c’est aussi ce qui, de nos jours, rendra le chrétien capable de s’appliquer à la ligne spéciale de service, auquel son Seigneur peut trouver bon de l’appeler. Quoique, aux yeux des hommes, tel genre de service puisse paraître rude et sans attrait, vil et insignifiant, il nous suffit que notre Seigneur nous ait assigné notre poste et nous ait donné notre travail, et que ce travail ait un rapport immédiat à la Personne et à la gloire de Celui qui est le porte enseigne entre dix mille, et dans lequel tout est aimable. Nous aussi, nous pouvons nous borner à l’antitype de la peau de taissons grossière et disgracieuse, ou du pieu insignifiant. Mais souvenons-nous que tout ce qui se rapporte à Christ, à son Nom, — à sa Personne — à sa Cause — ici-bas, est indiciblement précieux à Dieu. Cela peut être très petit au jugement de l’homme, mais qu’importe? Nous devons considérer les choses au point de vue de Dieu, nous devons les mesurer à Sa mesure qui est Christ, Dieu mesure tout par Christ. Tout ce qui a le moindre rapport avec Christ est intéressant et important au jugement de Dieu; tandis que les desseins les plus éclatants, les projets les plus gigantesques, les entreprises les plus étonnantes des hommes du monde, tout s’évanouit comme les brouillards de l’aube du jour et la rosée du matin. L’homme fait de son moi son propre centre, son propre objet, sa propre règle. Il estime les choses selon la mesure dont elles l’exaltent et favorisent ses intérêts. Il se sert même de la religion dans le même but, et il en fait un piédestal pour s’élever lui-même. En un mot, tout est employé à former un capital pour le moi, et est utilisé comme réflecteur pour porter la lumière et appeler l’attention sur le moi. Il y a ainsi un immense abîme entre les pensées de Dieu et celles de l’homme; et les bords de cet abîme sont aussi éloignés l’un de l’autre que Christ l’est de l’égoïsme de l’homme. Tout ce qui appartient à Christ est d’une importance et d’un intérêt éternels. Tout ce qui tient au moi disparaîtra et sera oublié. Par conséquent, la plus fatale erreur où puisse tomber un homme, c’est de faire du moi son unique objet; le résultat en sera un éternel mécompte. Mais, d’un autre côté, la chose la plus sage, la plus sûre et la meilleure que puisse faire l’homme, c’est de prendre Christ pour son unique objet; car cela le conduira infailliblement à une gloire et à une bénédiction éternelles.
Bien-aimé lecteur, arrêtez-vous un instant et interrogez votre cœur et votre conscience. Il nous semble qu’en ce moment nous avons à nous acquitter d’une sainte responsabilité vis-à-vis de votre âme. Nous écrivons ces lignes dans la solitude de notre cabinet à Bristol, et peut-être les lirez-vous dans la solitude du vôtre à la Nouvelle-Zélande, en Australie ou dans quelque autre contrée lointaine. Nous voudrions donc rappeler que notre but n’est pas d’écrire un livre, ni même simplement d’expliquer l’Écriture. Nous désirons être employé de Dieu à agir sur le fond de votre âme. Permettez-nous donc de vous poser cette question solennelle et pressante Quel est votre objet? Est-ce Christ, ou le moi? Soyez sincère devant le Scrutateur des cœurs, Tout-Puissant et qui voit tout. Portez sur vous-même un sévère jugement comme étant dans la lumière de la présence de Dieu. Ne vous laissez pas tromper par quelque apparence brillante ou fausse. Le regard de Dieu pénètre à travers la surface des choses, et il voudrait que vous fissiez de même. Il vous présente Christ en contraste avec tout le reste. L’avez-vous reçu? Est-il votre sagesse, votre justice, votre sainteté et votre rédemption? Pouvez-vous dire sans hésitation: «Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui»? Sondez et voyez. Est-ce là pour vous un point parfaitement réglé, enraciné bien avant dans les profondeurs mêmes de votre âme. S’il en est ainsi, faites-vous de Christ votre unique objet? Mesurez-vous toute chose par Lui?
Ah! cher ami, ce sont des questions propres à sonder le cœur. Soyez assuré que nous ne vous les posons pas sans en avoir senti, pour nous-même, l’énergie et le pouvoir. Dieu nous est témoin que nous sentons, quoique bien faiblement, — leur importance et leur gravité. Nous sommes profondément et parfaitement convaincu que rien ne demeurera sauf ce qui se rattache à Christ, et de plus, que la plus infime affaire qui, fût-ce de loin, se rapporte à Lui, est d’un haut intérêt au jugement du Ciel. S’il nous est donné d’éveiller le sentiment de ces vérités dans quelque cœur, ou d’affermir ce sentiment-là où il a déjà été éveillé, nous estimerons n’avoir pas écrit ce volume en vain.
Maintenant, avant de clore cette longue section, jetons un coup d’œil sur les Kehathites et leur œuvre.
«Et l’Éternel parla à Moïse et à Aaron, disant: Relève la somme des fils de Kehath d’entre les fils de Lévi, selon leurs familles, selon leurs maisons de pères, depuis l’âge de trente ans et au-dessus, jusqu’à l’âge de cinquante ans, tous ceux qui entrent en service pour faire l’œuvre dans la tente d’assignation. C’est ici le service des fils de Kehath, dans la tente d’assignation: c’est une chose très sainte. Et lorsque le camp partira, Aaron et ses fils entreront, et ils démonteront le voile qui sert de rideau, et en couvriront l’arche du témoignage; et ils mettront dessus une couverture de peaux de taissons, et étendront par-dessus un drap tout de bleu; et ils y placeront les barres. Et ils étendront un drap de bleu sur la table des pains de proposition, et mettront sur elle les plats, et les coupes, et les vases, et les gobelets de libation; et le pain continuel sera sur elle. Et ils étendront sur ces choses un drap d’écarlate, et ils le couvriront d’une couverture de peaux de taissons, et ils y placeront les barres. Et ils prendront un drap de bleu, et en couvriront le chandelier du luminaire, et ses lampes, et ses mouchettes, et ses vases à cendre, et tous ses vases à huile, dont on fait usage pour son service; et ils le mettront, avec tous ses ustensiles, dans une couverture de peaux de taissons, et le mettront sur une perche. Et sur l’autel d’or ils étendront un drap de bleu, et le couvriront d’une couverture de peaux de taissons, et y placeront les barres. Et ils prendront tous les ustensiles du service avec lesquels on sert dans le lieu saint, et ils les mettront dans un drap de bleu, et les couvriront d’une couverture de peaux de taissons, et les mettront sur une perche. Et ils ôteront les cendres de l’autel, et ils étendront sur lui un drap de pourpre. Et ils mettront dessus tous ses ustensiles dont on fait usage pour son service les brasiers, les fourchettes, et les pelles, et les bassins, tous les ustensiles de l’autel; et ils étendront dessus une couverture de peaux de taissons, et y placeront les barres. — Et lorsque Aaron et ses fils auront achevé de couvrir le lieu saint et tous les ustensiles du lieu saint, lors du départ du camp, après cela les fils de Kehath viendront pour les porter, afin qu’ils ne touchent pas les choses saintes, et ne meurent pas. C’est là ce que les fils de Kehath porteront de la tente d’assignation.» (Chap. 4:1-15.)
Nous voyons ici quelles fonctions sacrées étaient confiées à la charge des Kehathites. L’arche, la table d’or, le chandelier d’or, l’autel d’or et l’autel des holocaustes — tout cela était les ombres des biens à venir, les modèles de ce qui est dans les cieux, les figures des choses vraies, les types du Christ, dans sa Personne, son œuvre et ses offices, comme nous avons essayé de le montrer dans les «Notes sur l’Exode», aux chapitres 24-30. Ces choses nous sont ici présentées au désert, dans leur vêtement de voyage, s’il nous est permis de nous servir de cette expression. À l’exception de l’arche de l’alliance, toutes ces choses avaient alors la même apparence aux yeux de l’homme, savoir la grossière couverture de peaux de taissons. L’arche présentait cette différence que par-dessus les peaux de laissons, il y avait «un drap de bleu», qui désignait, sans doute, le caractère entièrement céleste du Seigneur Jésus Christ, dans sa Personne divine. Ce qui était essentiellement céleste en Lui se manifestait toujours au dehors pendant son séjour ici-bas. Il fut constamment l’homme céleste, «le Seigneur du ciel». Au-dessous du drap bleu se trouvaient les peaux de taissons, qui peuvent être regardées comme l’expression de ce qui garantit du mal. L’arche était le seul objet qui fût couvert de cette manière particulière.
Quant à «la table des pains de proposition», qui était un type de notre Seigneur Jésus Christ, dans sa relation avec les douze tribus d’Israël, il y avait d’abord «un drap de bleu», ensuite un «drap d’écarlate»; et par-dessus tout, les peaux de taissons. En d’autres termes, il y avait ce qui était essentiellement céleste; puis ce qui représentait la splendeur humaine; et sur le tout, ce qui préservait du mal. Le but de Dieu est que les douze tribus d’Israël aient la suprématie sur la terre, qu’en elles soit réalisé le type le plus élevé de la splendeur de l’homme. De là, la convenance du drap d’écarlate sur la table des pains de proposition. Les douze pains représentaient évidemment les douze tribus; et quant à la couleur écarlate, le lecteur n’a qu’à parcourir l’Écriture pour voir qu’elle représente ce que l’homme considère comme somptueux.
Les couvertures du chandelier et de l’autel d’or étaient identiques, savoir, d’abord la couverture céleste, et ensuite à l’extérieur, les peaux de laissons. Dans le chandelier; nous voyons Christ, en rapport avec l’œuvre du Saint Esprit en lumière et en témoignage. L’autel d’or nous montre Christ et la valeur de son intercession, le parfum et la haute importance de ce qu’Il est devant Dieu. Ces deux objets, en traversant les sables du désert, étaient enveloppés de ce qui était céleste, et protégés au-dessus par les peaux de taissons.
Enfin, dans l’autel d’airain, nous observons une distinction marquée. Il était couvert de «pourpre» au lieu de «bleu» ou d’«écarlate». Pourquoi cela? Sans doute parce que l’autel d’airain préfigure Christ comme Celui qui «a souffert pour les péchés», et qui doit, par conséquent, porter le sceptre de la royauté. Le «pourpre» est la couleur royale. Celui qui a souffert dans ce monde, régnera. Celui qui a porté la couronne d’épines, portera la couronne de gloire. Voilà pourquoi la couverture de «pourpre» convenait à l’autel d’airain, car on y offrait la victime. Nous savons qu’il n’est rien dans l’Écriture qui n’ait sa signification divine, et c’est notre privilège, aussi bien que notre devoir, de chercher à comprendre, le sens de tout ce que notre Dieu a écrit, selon sa grâce, pour notre instruction. C’est à quoi, croyons-nous, on ne peut parvenir qu’en s’attendant à Dieu avec humilité, patience et prière. Celui qui a inspiré le Livre connaît parfaitement le but et l’objet du Livre dans son ensemble et de chacune de ses divisions en particulier. Cette conviction doit avoir pour effet de réprimer les profanes écarts de l’imagination. L’Esprit de Dieu peut seul ouvrir les Écritures à nos âmes. Dieu est son propre interprète dans la Révélation aussi bien que dans la Providence, et plus nous nous appuyons sur Lui, dans le sentiment vrai de notre néant, plus nous acquérons une connaissance approfondie de sa Parole et de ses voies.
Nous voudrions donc vous inviter, lecteur chrétien, à chercher les quinze premiers versets du chapitre 4 des Nombres, et à les lire en la présence de Dieu. Demandez-lui de vous expliquer le sens de chaque phrase, la signification de l’arche et pourquoi seule elle était couverte d’un «drap entièrement bleu». Et de même pour le reste. Nous nous sommes hasardé, avec humilité, nous l’espérons, à indiquer le sens de ces choses; mais nous désirons vivement que vous l’appreniez directement de Dieu, et que vous ne l’acceptiez pas seulement de l’homme. Nous confessons que nous redoutons extrêmement le travail de l’imagination, et nous croyons pouvoir dire que nous ne nous sommes jamais mis à écrire sur les Saintes Écritures, sans être profondément convaincu que nul autre que le Saint Esprit ne saurait réellement les expliquer.
Mais vous direz peut-être: «Pourquoi donc écrivez-vous?» Eh bien c’est avec la vive espérance de pouvoir, en quelque faible mesure, aider celui qui étudie sérieusement l’Écriture, à découvrir les exquises pierres précieuses, répandues dans les pages inspirées, de façon qu’il puisse les recueillir pour lui-même. Des milliers de lecteurs pourraient lire sans cesse le chapitre 4 des Nombres, et ne pas même remarquer le fait que l’arche était la seule partie de l’ameublement mystique du tabernacle, qui ne laissât point voir là peau de laissons. Or, si l’on n’a pas même saisi le simple fait, comment pourra-t-on en concevoir la portée? Il en est de même pour l’autel d’airain; combien de lecteurs n’ont pas même observé que seul il était revêtu de «pourpre»?
Or, nous pouvons être assurés que ces deux faits ont un sens pleinement spirituel. L’arche était la suprême manifestation de Dieu; nous pouvons donc comprendre pourquoi elle devait, à première vue, montrer ce qui était purement céleste. L’autel d’airain était la place où se jugeait le péché, il était un type de Christ dans son œuvre, comme Celui qui porte le péché; il représentait jusqu’à quel point Il s’est abaissé pour nous, et cependant cet autel d’airain était le seul objet qui fût enveloppé d’une couverture royale. Peut-on rien imaginer de plus exquis que cet enseignement? Quelle sagesse infinie dans toutes ces belles distinctions. L’arche nous conduit à la place la plus élevée dans les cieux, et l’autel d’airain à la plus basse sur la terre. Ils occupaient les extrémités du tabernacle. Dans la première nous voyons Celui qui a glorifié la loi, et dans le second Celui qui a été fait péché. Dans l’arche on voyait d’abord ce qui était céleste, et ce n’était qu’en cherchant plus profondément qu’on apercevait la peau de laissons, et plus profondément encore ce voile mystérieux, type de la chair du Christ. Mais dans l’autel d’airain, la première chose qui frappait le regard, c’était la peau de taissons, et puis au-dessous la couverture royale. Christ nous apparaît dans chacun de ces objets, mais sous un aspect différent. Dans l’arche nous avons Christ, maintenant la gloire de Dieu. Dans l’autel d’airain nous le voyons répondant aux besoins du pécheur. Combinaison bénie pour nous!
Mais le lecteur a-t-il, en outre, observé que dans tout ce merveilleux passage, sur lequel nous avons attiré son attention particulière, il n’est pas fait mention d’une certaine pièce de l’ameublement qui, nous le savons d’après Exode 30 et d’autres parties des Écritures, occupait une place importante dans le tabernacle? Nous voulons parler de la cuve d’airain. Pourquoi est-elle omise au chapitre 4 des Nombres? Il est plus que probable que quelques-uns de nos clairvoyants rationalistes trouveraient en cela ce qu’ils appelleraient une omission, un défaut, une contradiction. Or en est-il ainsi? Non, grâce à Dieu! Le lecteur chrétien sait parfaitement bien que de pareilles choses sont entièrement incompatibles avec le Livre de Dieu. Il le sait et le confesse, alors même qu’il ne pourrait pas motiver l’absence ou la présence de tel ou tel détail particulier dans un passage donné. Mais justement, pour autant que nous pouvons, par la grâce de Dieu, discerner la raison spirituelle des choses, nous trouvons toujours que là où le rationaliste découvre ou prétend découvrir des défauts, le lecteur pieux reconnaît de brillantes perles.
Il en est ainsi, nous n’en doutons pas, de l’omission de la cuve d’airain dans la liste du chapitre 4 des Nombres. Ce n’est là qu’une des dix mille démonstrations de la beauté et de la perfection du livre inspiré.
Mais le lecteur peut demander: «Pourquoi cette omission de la cuve?» La raison peut en être fondée sur ce double fait la matière dont était faite la cuve, et l’usage pour lequel elle était construite. Nous avons ce double fait exposé dans l’Exode. La cuve avait été faite avec les miroirs des femmes qui s’assemblaient à la porte de la tente d’assignation (Exode 38:8). C’était sa substance. Et quant à son objet, elle était préparée comme un moyen de purification pour l’homme. Or, dans toutes les choses qui composaient les fonctions et les charges spéciales des Kehathites, nous voyons seulement les manifestations variées de Dieu en Christ depuis l’arche qui était dans le lieu très saint, jusqu’à l’autel d’airain placé dans le parvis du tabernacle. Et comme la cuve n’était pas une manifestation de Dieu, puis une purification pour l’homme, on ne la voit point, par conséquent, confiée à la surveillance et à la charge des Kehathites.
Mais il faut que nous laissions maintenant le lecteur méditer seul sur cette partie des plus profondes de notre livre. (Chap. 3-4.) Elle est réellement inépuisable. Nous pourrions continuer à nous y étendre jusqu’à remplir, non pas des pages, mais des volumes entiers; et après tout, nous sentirions que nous avons à peine pénétré à la surface d’une mine dont la profondeur ne peut jamais être sondée, dont les trésors ne sauraient jamais être épuisés. Qu’est-ce qu’une plume humaine peut exprimer de l’instruction merveilleuse contenue dans le récit inspiré qui nous est fait sur la tribu de Lévi? Qui peut essayer de développer cette grâce souveraine qui brille dans le fait, que le volontaire Lévi pouvait être le premier à répondre à cet appel si émouvant: «Quiconque est pour l’Éternel?» Qui peut judicieusement parler de la miséricorde riche, abondante et supérieure, révélée dans ce fait, que ceux dont les mains avaient trempé dans le sang fussent autorisés à manier les vaisseaux du sanctuaire; et que ceux dans l’assemblée desquels l’Esprit de Dieu ne pouvait pas entrer fussent menés au milieu même de l’assemblée de Dieu, pour y être occupés de ce qui lui était si précieux?
Or ces trois divisions d’ouvriers, les Merarites, les Guershonites et les Kehathites, quelle instruction ils nous donnent! Quel type des divers membres de l’Église de Dieu dans leur service varié! Quelle profondeur de mystérieuse sagesse en tout ceci! Est-ce parler trop fortement, est-ce trop de dire que, dans ce moment, rien ne nous impressionne plus profondément que le sentiment de l’entière faiblesse et de la complète pauvreté de tout ce que nous avons exposé sur l’une des plus riches divisions du volume inspiré? Toutefois, nous avons conduit le lecteur à une mine dont la profondeur et la richesse sont infinies, et il faut que nous le laissions y pénétrer par le secours de Celui auquel la mine appartient et qui seul peut en dérouler les trésors. Tout ce que l’homme peut écrire ou dire sur quelque portion que ce soit de la Parole de Dieu ne peut tout au plus que suggérer des idées; et parler de cette Parole comme d’un sujet qu’on épuiserait, ce serait manquer de respect pour le canon sacré. Puissions-nous fouler le saint lieu avec des pieds déchaussés, et être semblables à ceux qui consultaient Dieu dans le temple et dont les méditations sont imprégnées de l’esprit du culte1.
1 Pour de plus amples détails sur les sujets traités dans la section qui précède, nous renvoyons le lecteur aux Notes sur l’Exode (chapitres 24-30).