En outre, la haute estime quâil avait du caractère de Jean-Baptiste (verset 20) ne pouvait quâaugmenter les remords qui le faisaient parler ainsi.
Cet ordre, prescrit par le Seigneur lui-même, facilitait le service, assurait à chacun sa part et permettait de compter le nombre exact de convives (verset 44).
Informations bibliographiques bibliography-text="Commentaire sur Mark 6". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/mark-6.html.
versets 1-56
Plan du commentaire biblique de Marc 6
Ãtonnement et incrédulité des habitants
Comme Jésus, faisant une visite à Nazareth, enseignait dans la synagogue, beaucoup de gens sâétonnaient de sa sagesse et de sa puissance ; mais ce qui les empêchait de recevoir sa parole, câest que son humble position et celle de sa famille leur était trop bien connue (1-3).
La réponse de Jésus
Jésus leur rappelle ce proverbeâ¯: quâun prophète nâest méconnu que dans sa patrie. à cause de leur incrédulité, il ne fit là que peu de miracles (4-6a).
Verset 1
Visite à Nazareth (1-13)
Et il partit de là , câest-à -dire, selon notre évangéliste, de la maison de Jaïrus (Marc 5.38 et suivants).
Sa patrie, câest Nazareth.
Voir, sur ce récit, Matthieu 13.53-58, notesâ¯;
Matthieu place cette visite de Jésus à Nazareth immédiatement après le grand discours en paraboles.
Verset 2
Une variante de Codex Sinaiticus, B, porteâ¯: «â¯de tels miracles qui se font par ses mainsâ¯Â».
De tels miracles, grec de telles puissances, câest-à -dire de tels actes de la puissance divineâ¯; câest le terme le plus usité pour désigner les miracles.
Les habitants de Nazareth ont en vue les miracles que Jésus avait faits à Capernaüm et ailleurs et dont ils avaient entendu parlerâ¯; de là la tournure interrogative de la phrase.
Leur étonnement nâest donc pas causé seulement par la sagesse de ses discours, à lui qui nâa pas reçu lâinstruction des rabbinsâ¯; il sây mêle un sentiment dâenvie provoqué par le fait que des dons si extraordinaires ont été départis à un homme de si humble condition (verset 3).
Le mot par ses mains peut être un hébraïsme, signifiant par son moyen (Actes 5.12â¯; Actes 19.11), ou, si on le prend littéralement, ce serait une allusion à ce que Jésus guérissait le plus souvent par lâimposition des mains (Marc 5.23).
Verset 3
Grecâ¯: Ils se scandalisaient à son sujet, trouvaient une occasion de chute et dâincrédulité dans cette connaissance quâils avaient de Jésus selon la chair, qui les empêchait de le connaître selon lâesprit.
«â¯Dieu manifesté en chairâ¯Â», nâest-ce pas toujours le «â¯grand mystèreâ¯?â¯Â» (1 Timothée 3.16).
Selon Matthieu, les habitants de Nazareth nomment Jésus «â¯le fils du charpentierâ¯;â¯Â» dâaprès Marc, simplement le charpentier, sans doute parce quâils lâavaient vu travailler de ses mains dans lâatelier de son père adoptif.
Telle est, en effet, la tradition recueillie par quelques Pères de lâÃglise (Justin, Dialogue avec Triphon, 88â¯; Théodoret, Histoire Ecclésiastique III, 23).
Voir, sur les frères et les sÅurs de Jésus, Matthieu 12.46, note.
Dans toutes ces occasions où les membres de sa famille sont énumérés, il nâest plus question de Joseph. Peut-être était-il déjà mort, comme lâadmet la tradition.
Verset 4
Maison est pris dans le sens de famille (Marc 3.25).
Si ce proverbe était vrai, appliqué au Prophète saint et sans tache, combien plus le sera-t-il pour ses serviteurs, dont les infirmités et les défauts ne sont nulle part mieux connus que parmi leurs amis et dans lâintérieur de leurs maisons.
Nous avons admis (Matthieu 13.54, 1re note) quâil ne faut pas identifier cette visite de Jésus à Nazareth, racontée par Matthieu et Marc, avec celle que rapporte Luc (Luc 4.16 et suivants).
Et, en effet, les deux récits sont tellement différents, quâon est forcé dây voir deux faits et non un seul. Mais comme, dâautre part, il est difficile dâadmettre que, dans lâun et dans lâautre de ces séjours, les habitants de Nazareth aient fait la même objection et Jésus la même réponse, nâest-il pas probable que ces paroles ont été transférées dâun fait à lâautre par la tradition apostolique, recueillie telle quelle par les évangélistesâ¯?
Verset 5
Il ne put. Voir sur ce mot Matthieu 13.58, note. Ce petit nombre de malades guéris est regardé comme peu de chose, tellement la bienfaisante activité du Sauveur était riche et abondante.
Verset 6
Mission des Douze (6-13)
Jésus sâétonne de lâincrédulité comme il sâétonne de la foi (Matthieu 8.10).
Il faut prendre ce mot à la lettreâ¯; Jésus ne sâattendait pas à ce que ses concitoyens de Nazareth seraient à ce point aveuglés par les préjuges.
Leur incrédulité marque le point culminant des dispositions défavorables que Jésus rencontre chez son peupleâ¯; elle va le déterminer à accentuer sa retraite en sâéloignant de la contrée. Auparavant, toutefois, il adressera aux Galiléens un dernier appel par la mission des douze.
Verset 7
Jésus, parcourant lui-même le pays en enseignant, envoie pour la première fois ses apôtres, deux à deux, après leur avoir donné pouvoir sur les esprits impurs (6,7).
Il leur donne diverses instructions sur leur équipement et sur la conduite quâils devront tenir là où ils seront reçus et là où ils ne le seront pas (8-11).
Les apôtres prêchent la repentance et guérissent les malades (12, 13).
Moment solennel que notre évangéliste marque, selon sa coutume, par le verbe au présent.
Voir, sur cette mission des disciples, Matthieu 10.1-15 et comparez Luc 9.1-6.
Dans le premier évangile, où ce récit est précédé des noms des douze apôtres, la mission que Jésus leur confie est admirablement préparée par une description de la détresse profonde où Jésus trouvait le peuple, semblable à des brebis sans berger. «â¯La moisson, disait-il, est grande, mais il y a peu dâouvriersâ¯Â». Câest alors quâil envoie ses disciples pour soulager toutes ces misères.
Il commença à les envoyerâ¯; ce mot nâest pas superfluâ¯; Marc indique par là le point de départ dâune mission qui devait se perpétuer et sâétendre à la vie entière des apôtres.
Deux à deux, trait particulier de Marcâ¯; mesure de sagesse et dâamour de la part du Sauveur. Par là il sâaccommode à la faiblesse de ses disciples, il répond à des besoins profonds de leur âme, il prévient les dangers de lâisolement et ceux dâune domination personnelle et exclusive dans leur Åuvre.
Pouvoir ou autorité. Matthieu et Luc ajoutent à ce pouvoir de guérir les démoniaques celui de guérir les maladies.
Il est évident du reste que Jésus ne sâest pas borné à conférer à ses disciples ces pouvoirs miraculeux, mais quâil les envoyait avant tout pour «â¯prêcher le royaume de Dieuâ¯Â», comme le disent expressément Matthieu et Luc (Matthieu 10.7â¯; Luc 9.2â¯; comparez ci-dessous verset 12, note).
Verset 9
Grecâ¯: Mais étant chaussés de sandales et ne revêtez pas deux tuniques.
Suivant le texte de Codex Sinaiticus, A, C, D, le discours passe de la forme indirecte à la forme directe dans ce dernier précepte.
Voir, sur ce verset, Matthieu 10.10, note. Il faut se garder de presser les termes de ces prescriptions dans un esprit strictement légal.
Verset 10
Câest-à -dire, demeurez dans cette maison jusquâà ce que vous partiez de ce lieu, de cette ville. Par là Jésus leur déconseille sagement de quitter des hôtes qui les auraient reçus, pour aller chez dâautresâ¯; et en même temps il leur donne, après les prescriptions qui précèdent, une indication de la manière dont Dieu pourvoira à leurs besoins, par lâhospitalité de ceux à qui ils annonceront la parole.
Verset 11
Voir Matthieu 10.14, note.
Le témoignage qui serait ainsi rendu signifierait que le message du salut était parvenu à ces gens-là et quâils lâavaient repoussé par endurcissement.
Le texte reçu porte au commencement du versetsâ¯: «â¯Et tous ceux qui ne vous recevront pasâ¯;â¯Â» la vraie leçon (Codex Sinaiticus, B) estâ¯: «â¯Tout lieu qui ne vous recevra pas et où ils ne vous écouteront pasâ¯Â».
Le texte reçu ajoute à ce versetâ¯: En vérité, je vous le dis, Sodome et Gomorrhe seront dans un état plus tolérable au jour du jugement que cette ville-là .
Ces paroles ont été transcrites de Matthieu 10.15.
Verset 12
Exhorter les hommes à se repentir (voir sur le sens de ce mot. Matthieu 3.2, note) nâétait sans doute pas tout le contenu de la prédication des apôtresâ¯; mais câest par là que doit commencer toujours et partout le renouvellement de la vie religieuse et morale.
Verset 13
Il faut remarquer tous ces verbes à lâimparfait, indiquant une action continue, souvent répétée.
Oindre dâhuile (Marc seul a conservé ce trait) était un moyen curatif très fréquemment employé en Orientâ¯; (Luc 10.34) ce qui ne veut point dire que les apôtres opérassent les guérisons uniquement par ce moyen, puisque lâévangéliste raconte évidemment une action miraculeuse, mais il ne faut pas croire non plus que les apôtres employassent cette huile dans le simple but de réveiller lâattention des malades, ou comme signe de leur guérison.
Elle servait plutôt de moyen de communication aux puissances spirituelles qui opéraient la guérison (comparer Jacques 5.14).
Câest dans le même but que Jésus lui-même se servait quelquefois de la salive ou dâun attouchement pour opérer une guérison (Marc 8.23â¯; Jean 9.6â¯; Matthieu 8.3).
Cette explication, du reste, nâexclut point lâidée des interprètes qui attribuent à lâemploi de lâhuile une signification symboliqueâ¯; car on sait que, partout dans lâÃcriture, lâhuile est lâimage du Saint-Esprit, par la puissance duquel les apôtres agissaient.
Verset 14
Terreurs superstitieuses dâHérode
La renommée de Jésus parvient à Hérode ; tandis que dâautres disent que Jésus est Ãlie ou un prophète, Hérode affirme quâil est Jean ressuscité (14-16).
Lâemprisonnement de Jean
Lâévangéliste raconte à ce propos lâissue tragique du Baptiste. Jean avait été emprisonné parce quâil blâmait lâunion dâHérode avec Hérodias, la femme de son frère. Celle-ci poursuivait le prophète de sa haine, mais ne pouvait obtenir sa mort. Hérode protégeait Jean, lâécoutait volontiers et était troublé par ses entretiens avec lui (17-20).
La mort de Jean
Le jour de naissance dâHérode offrit à Hérodias une occasion propice. Sa fille dansa au festin quâHérode offrit à ses grands. Hérode enivré lui promit avec serment ce quâelle voudrait. La jeune fille, après être allée consulter sa mère, demanda la tête de Jean-Baptiste. Le roi, tout attristé quâil fût, nâosa refuser. Il envoya un garde décapiter Jean dans sa prison. Le garde apporta la tête de Jean sur un plat et la donna à la jeune fille, qui lâapporta à sa mère. Les disciples de Jean vinrent rendre les derniers devoirs à leur maître (21-29).
Hérode et Jean-Baptiste (14-29)
Voir sur ces paroles Matthieu 14.1-2, notes, comparez Luc 9.7-9.
Hérode est nommé roi selon lâusage populaireâ¯; ce nâétait pas son titre officiel. Matthieu et Luc le nomment plus exactement le tétrarque.
Grecâ¯: Et le roi Hérode ouït dire, car son nom était devenu célèbre. Il ouït dire ce que faisaient les disciples (12, 13).
Mais comme ceux-ci ne prêchaient et nâopéraient des guérisons quâau nom et en la puissance de leur Maître, lâévangéliste, par un tour elliptique, ajoute que son nom, le nom de Jésus, avait acquis de la renommée par lâactivité des apôtres.
Quant à lâopinion dâHérode, que Jean était ressuscité dâentre les morts (voir verset 16, note), une variante de B, D, adoptée par Lachmann, Westcott et Hort et dâautres, lâattribue, dans ce verset-ci, non à Hérode, mais au publicâ¯: ils disaient, on disait.
Verset 15
Comparer Matthieu 16.14, note.
La seule différence quâil y ait entre ces diverses opinions, câest que les uns estimaient que Jésus était Ãlie, câest-à -dire un envoyé de Dieu animé de lâEsprit dâÃlie, ou peut-être Ãlie lui-même revenant sur la terreâ¯; (Malachie 4.5) tandis que dâautres pensaient quâil était un prophète comme lâun des prophètes, câest-à -dire un prophète semblable à lâun des anciens prophètes.
Ceux qui exprimaient ces divers jugements pouvaient se trouver dans lâentourage dâHérode, mais ne faisaient que répéter des opinions qui avaient cours parmi le peuple et ce sont à peu prés ces mêmes opinions que les disciples rapportèrent à Jésus dans une autre occasion (Matthieu 16.14).
Verset 16
Hérode nâadmet pas ces opinions, comme le montre déjà la particule adversative maisâ¯; il insiste sur lâidée quâil a exprimée (verset 14) et il le fait en termes énergiques que le texte reçu rend ainsiâ¯: «â¯Ce Jean que jâai décapité, câest lui qui est ressuscité dâentre les mortsâ¯Â».
Les mots soulignés sont supprimés par Tischendorf, dâaprès Codex Sinaiticus, B et des version.
Le texte reçu porte en outreâ¯: «â¯câest luiâ¯; lui-même est ressuscitéâ¦â¯Â»
Les paroles dâHérode trahissent le trouble dâune conscience tourmentée par le souvenir dâun meurtre. On a objecté à ce récit quâil est inadmissible quâHérode, prince éclairé, rattaché au parti des sadducéens, crût à la résurrection de Jean.
Les paroles quâon lui prête signifieraient simplementâ¯: «â¯Jâai fait décapiter un de ces prophètes et en voici un autre qui reparaîtâ¯Â».
Mais il est évident que tous les évangélistes entendent ces paroles dâHérode dans leur sens littéral. Et pourquoi se seraient-ils trompésâ¯? Chez un homme faible, voluptueux, débauché, troublé dans sa conscience comme lâétait Hérode, la superstition sâallie fort bien avec lâincrédulité.
En outre, la haute estime quâil avait du caractère de Jean-Baptiste (verset 20) ne pouvait quâaugmenter les remords qui le faisaient parler ainsi.
Verset 17
Voir sur ce récit Matthieu 14.1-13, notes.
Marc raconte avec beaucoup plus de détails, le drame sanglant de la mort de Jean-Baptiste. Nous noterons les traits qui lui sont propres.
Verset 18
Il faut remarquer ce verbe à lâimparfaitâ¯: Jean disait à Hérode.
Ce courageux témoignage à la vérité morale avait été rendu à plus dâune reprise par le prophète, qui savait cependant quâil ne le faisait quâau péril de sa vie. Il avait eu en effet maintes occasions de parler à Hérode (verset 20).
La femme de ton frèreâ¯; tout le crime dâHérode était là â¯!
Verset 19
Remplie de haine contre Jean, parce quâil contrariait sa passion et son ambition Hérodias aurait voulu le faire mourir (grec, le tuer).
Pourquoi ne le pouvait-elle pas�
Le verset suivant nous le dit clairement, en attribuant à Hérode, à lâégard de Jean, des sentiments tout autres que ceux de sa femme. Mais ici se trouve entre Marc et Matthieu une différence quâil faut reconnaître.
Ce dernier dit, en effet, quâHérode eût voulu faire mourir Jean et quâil nâen était retenu que par la crainte du peuple (Matthieu 14.5).
Marc (verset 20) exprime une appréciation toute différente.
On remarquera toutefois que, quand il sâagit de juger un homme faible, sans résolution, débauché, vacillant aux impressions variables, le jugement peut dépendre du moment où on le prend.
Hérode pouvait avoir eu le désir de se défaire de ce témoin importun, dans le temps où il le fit mettre en prisonâ¯; mais après avoir eu lâoccasion de le voir de près plusieurs fois, il put très bien changer de sentiment à son égard. Marc constate ces nouvelles dispositions envers le précurseur.
Cela nâempêche pas que lâautre motif que Matthieu attribue à Hérode, la crainte du peuple, pût exercer aussi sur lui son influence.
Verset 20
La crainte quâHérode avait de Jean est très bien motivée par cette remarque quâil voyait en lui un homme juste et saintâ¯; car il pouvait penser que, sâil mettait à mort un tel homme, cela lui porterait malheur.
Ainsi il le gardait avec soin dans la prison, où il le protégeait contre les desseins dâHérodias, et, comme il lâécoutait volontiers, il lui arrivait, après sâêtre entretenu avec lui, dâêtre perplexe, troublé sur beaucoup de choses.
Ce dernier mot peint admirablement la situation et les dispositions dâHérodeâ¯; il explique cette crainte quâil avait de Jean.
Cette idée si naturelle nâa pas été comprise des copistes, oui ont corrigé le verbe et font dire à lâévangéliste quâHérode «â¯faisait beaucoup de choses après avoir entendu Jeanâ¯Â».
Bien que cette leçon se trouve dans A, C, D, la plupart des majuscules et des versions, il faut, sans hésiter, admettre lâautre variante.
Verset 21
Ce jour était favorable aux desseins dâHérodias, qui pouvait mettre à profit lâenivrement dâun grand festin pour parvenir à son but.
Hérode réunit dans cette fête les trois classes dâhommes qui avaient accès à sa courâ¯: les grands dignitaires civils, les chefs militaires (grec les chiliarques, qui avaient le commandement de mille hommes) et les principaux de la province où il se trouvait.
Verset 23
Voir, sur la fille dâHérodias, Matthieu 14.6, note.
Hérode, ivre de vin, de volupté et de fausse gloire, promet avec serment ce quâil ne pouvait pas donner. Il parle de son royaume, lui qui nâétait que lâadministrateur dâune petite tétrarchieâ¯; il parodie le langage du grand Assuérus (5.3), lui qui nâa aucune souveraineté. Et ce langage, il le tient à une jeune fille qui vient de lui plaire par sa danseâ¯!
Verset 25
Matthieu se borne à dire que la jeune fille fit sa demande à lâinstigation de sa mère.
Marc décrit la scène dâune manière plus dramatiqueâ¯: Salomé sort, se rend auprès de sa mère, qui ne craint pas de donner à son enfant un conseil où se trahissent toute sa haine et sa cruautéâ¯; puis cette enfant rentre avec empressement dans la salle du festin et tient à Hérode ce langage impérieux qui nous montre en elle la digne fille de sa mèreâ¯: Je veux à lâinstant, sur un plat, la tête de Jean-Baptisteâ¯!
Verset 26
Cette tristesse dâHérode se conçoit très bien dâaprès le verset 20â¯; la cause en est dans sa conscience troubléeâ¯; mais il obéit plutôt à une mesquine vanité, à laquelle il sacrifie la vie du précurseur.
Verset 27
Marc emploie ici un terme latinâ¯: speculator, surveillant.
Câétait un des soldats de la garde du corps, auxquels incombaient aussi les exécutions capitales.
Verset 28
Tous les termes si simples du récitâ¯: il apporta la tête sur un plat et la donna à la jeune fille et la jeune fille la donna à sa mère, font mieux sentir lâhorreur de cette scène que ne le feraient les expressions les plus pathétiques.
Quant à ce meurtre de Jean-Baptiste, résolu et exécuté au même moment, voir Matthieu 14.11, note.
Verset 30
Retour des disciples, Jésus les prend à lâécart
Les disciples, de retour de leur mission, sâassemblent auprès de Jésus pour lui en rendre compte. Jésus les invite à traverser le lac pour se rendre avec lui dans un lieu désert, afin dây trouver un peu de repos ; car ils étaient tellement pressés par les foules, quâils nâavaient pas même le temps de prendre leurs repas (30-32).
Son projet déjoué par la foule
La multitude les ayant vus partir, les suit à pied, afin de les retrouver sur lâautre bord du lac. Jésus, touché de compassion, leur adresse des enseignements prolongés (33, 34).
Les préparatifs du repas
Comme lâheure est avancée, les disciples invitent Jésus à congédier la multitude, qui nâa rien à manger dans ce lieu désert. Jésus leur répondâ¯: Donnez-leur vous-mêmes à manger. Les disciples, étonnés, lui font observer quâil faudrait pour plus de deux cents deniers de pain. Jésus leur dit de sâassurer combien ils ont de pains. Ils constatent quâils nâont que cinq pains et deux poissons (38-38).
Le repas
Jésus ordonne de faire asseoir la foule par groupes sur lâherbe verte. Puis il prend les pains et les poissons et prononce la bénédiction ; et il les donnait à ses disciples pour les distribuer à tous. Tous sont rassasiés et lâon emporte douze paniers pleins de ce qui restait. Or il y avait là cinq mille hommes (39-44).
Retraite dans le désert (30-44)
Comparer Matthieu 14.13-21â¯; Luc 9.10-17â¯; Jean 6.1-15.
Lâévangéliste, après sa digression sur la mort de Jean-Baptiste, reprend le récit de la mission des douze (verset 7 et suivants).
Le verbe au présent nous reporte à lâépoque où la renommée de Jésus parvient aux oreilles dâHérode (verset 14).
Les apôtres viennent rendre compte à Jésus des résultats de leur première mission. à lâexemple de leur Maître, ils ont joint à lâaction lâenseignement (Fait et enseigné, Actes 1.1).
Ce passage est le seul de son Ãvangile où Marc emploie le mot dâapôtre. Voir Matthieu 10.2, note.
Verset 31
Vous seuls, grec vous-mêmes, pour votre compte, pour vos personnes.
Voir, sur les motifs de cette retraite, Matthieu 14.13, note.
Dâaprès Marc lâintention de Jésus pour lui-même et pour ses disciples est dâéchapper pour un temps au bruit et aux fatigues que leur occasionnaient tous ces nombreux allants et venants, afin de se reposer un peu.
Ce repos dans la solitude et dans la communion de leur Maître était surtout nécessaire aux apôtres, après leur premier voyage de mission. Il nâest pas moins nécessaire à tous les serviteurs de Dieu, que trop dâactivité extérieure peut épuiser de corps et dââme, de manière à paralyser cette activité même.
Marc fait pour la seconde fois cette observationâ¯: que Jésus et ses disciples nâavaient pas même le temps de manger (Marc 3.20).
Verset 32
Câest-à -dire quâils se rendirent sur la rive orientale du lac qui, moins peuplée que la contrée de Génézareth, leur offrait mainte retraite solitaire.
Lâarticle (la barque), quâon trouve souvent dans ces récits, parait désigner une barque dont Jésus se servait ordinairement et qui, sans doute, appartenait à lâun de ses disciples.
Verset 33
Ce verset présente, dans les manuscrits, des variantes, qui ne modifient guère le sens. De plus, le texte est susceptible de diverses traductions. On peut prendre le premier verbe dans un sens impersonnel. «â¯On les vit partir et beaucoup connurentâ¦â¯Â»
Dâaprès B, D, le verbe connurent nâa pas de régimeâ¯; le plus naturel est de sous-entendreâ¯: la direction et le but de leur course.
Le texte reçu porteâ¯: «â¯ils le reconnurentâ¯Â», une variante de Codex Sinaiticus, A, version adoptée par Tischendorfâ¯: «â¯ils les reconnurentâ¯Â».
Quelque leçon quâon adopte, notre récit nous dit quâun grand nombre de ceux qui avaient entoure Jésus et ses disciples, les ayant vus sâembarquer et sachant quâils se rendaient sur lâautre rive, y accoururent à pied et les devancèrent.
Le texte reçu avec A et des majuscules ajouteâ¯: et ils sâassemblèrent vers lui.
Pour atteindre ce but, ils durent contourner lâextrémité septentrionale du lac. La courbe de la rive se rapproche sensiblement de la ligne droite, de sorte quâils purent arriver en même temps que la barque et même avant elle.
De toutes les villes, qui se trouvèrent sur leur chemin, plusieurs les accompagnèrent. Le récit de Matthieu a le même sens (Matthieu 14.13).
Verset 34
Ãtant sortiâ¯; dâoùâ¯?
Dâaprès Matthieu 14.14 (comparez Jean 6.3), Jésus sortait de la solitude de la montagne, où il avait passé quelques heures avec ses disciples, selon son intention rapportée par Marc lui-même (verset 31).
Mais cet évangéliste, nous ayant dit (verset 33) que la foule accourue à pied avait devancé Jésus sur lâautre rive, parait vouloir indiquer que Jésus ne put trouver la solitude et le repos quâil cherchaitâ¯; son expressionâ¯: étant sorti, a pour complément sous-entendu la barque (verset 32) et se rapporte au moment où Jésus descend sur le rivage.
Comparer Matthieu 14.14â¯; Matthieu 9.36, note.
Verset 36
Voir, sur ce récit de la multiplication des pains, Matthieu 14.15 et suivants, notes et comparez Luc 9.10-17, Jean 6.5 et suivants.
Le texte reçu porteâ¯: quâils sâachètent des pains, car ils nâont pas de quoi manger.
Verset 37
Cette question des disciples parait trahir un étonnement mêlé dâun peu dâhumeur, causé par lâordre inexécutable que Jésus leur donnait.
Marc seul rapporte cette évaluation des disciples qui estiment à deux cents deniers la quantité de pain nécessaire pour donner à chacun un peu de nourriture.
Ce détail est confirmé par Jean 6.7, où nous voyons que câest Philippe qui fit le calcul et estima que cette somme ne suffirait même pas. Comme, en effet, le denier romain valait un peu moins dâun franc, cette somme, répartie sur cinq mille hommes (verset 44), aurait donné pour chacun la valeur de quelques centimes.
On a supposé, bien gratuitement, que les disciples indiquaient ce chiffre parce que câétait là tout lâargent quâils possédaient dans la bourse commune. Leur langage semble bien plutôt dire que jamais ils nâen ont possédé autant et quâils seraient fort embarrassés de se procurer cette richesse.
Verset 38
Dâoù provenaient ces cinq pains et ces deux poissonsâ¯?
Jean (Jean 6.8-9), qui raconte avec lâexactitude du témoin oculaire, a répondu à cette question.
Au reste, des pains et des poissons frits et souvent des Åufs durs étaient la provision ordinaire de ceux qui se mettaient en voyage (Luc 11.11-12). Voir Félix Bovet, Voyage en Terre Sainte, 7e édition, p. 361.
Verset 40
Grecâ¯: groupes par groupes, rangées par rangées (hébraïsme, Exode 8.10).
Le premier de ces mots signifie littéralement une société de convives assis pour un repasâ¯; le second un carré semblable à la plate-bande dâun jardin. Ces sociétés étaient assises sur deux lignes, entre lesquelles on pouvait passer pour les servir, chacune étant composée de cinquante ou de cent hommes.
Cet ordre, prescrit par le Seigneur lui-même, facilitait le service, assurait à chacun sa part et permettait de compter le nombre exact de convives (verset 44).
Marc achève de peindre la scène qui sâoffrait alors aux regards, en nous disant que tous ces groupes étaient assis sur lâherbe verte. Or on sait par Jean quâon était alors à lâépoque de la fête de Pâque, en pleine efflorescence du printemps et quâainsi tous avaient sous les yeux les magnificences de ces campagnes qui sâétendaient des montagnes jusquâau lac. Câest là que le Seigneur Jésus, déployant sa puissance et son amour, va rassasier dâaliments miraculeux ces multitudes que sa parole avait nourries du pain de vie.
Verset 41
Voir, sur cette bénédiction prononcée par le Sauveur, Matthieu 14.19, note.
Marc ajouteâ¯: levant les yeux au ciel.
Jésus cherchait toujours du regard, en Dieu, les bénédictions et les grâces quâil communiquait aux hommes.
Il faut remarquer ce verbe à lâimparfaitâ¯: il les donnait, à mesure quâil les rompait. Marc indique par là que lâaction dura aussi longtemps que la distribution et que câest dans les mains de Jésus que les pains se multipliaient. Il parait plutôt ressortir du récit de Matthieu que la multiplication se fit dans les mains des disciples.
Il les distribua par les disciples, qui ainsi accomplirent réellement lâordre que Jésus leur avait donné (verset 37) et qui leur avait paru inexécutable (Matthieu 14.19, 2e note).
Verset 43
Grecâ¯: «â¯On ramassa des morceaux de quoi remplir douze paniers et (des restes) des poissonsâ¯Â».
Marc seul fait observer quâon recueillit aussi ces restes de poisson. On peut se demander si ces derniers étaient en plus des douze paniers de morceaux de pain.
Verset 44
Voir, sur ce miracle, Matthieu 14.21, note.
Verset 45
Les disciples sur le lac, Jésus sur la montagne
Jésus contraint ses disciples dâentrer dans la barque pour repasser le lac, congédie la multitude et se retire sur une montagne pour prier. La nuit étant venue, il est là seul, tandis que les disciples se trouvent vers le milieu du lac (45-47).
Jésus vient au secours des disciples
Jésus, voyant quâils ont beaucoup de peine à ramer par un vent contraire, vient à eux, marchant sur les eaux. Le prenant pour un fantôme, ils poussent des cris dâeffroi. Mais Jésus les rassure ; il monte dans la barque et le vent cesse. Tous en éprouvent le plus extrême étonnement (48-52).
Nombreuses guérisons dans la contrée de Génézareth
Jésus, ayant débarqué dans la contrée de Génézareth, se voit aussitôt entouré de gens qui, le reconnaissant, lui apportent des malades. Dans quelque lieu quâil entre, dans les villes et dans les campagnes, on met devant lui les malades sur les places publiques et tous ceux qui touchent la frange de son vêtement sont guéris (53-56).
Jésus marche sur la mer et opère des guérisons (45-56)
Comparer Matthieu 14.22-36â¯; Jean 6.16-21.
Jésus obligea ses disciples à se séparer de la foule, car ils y répugnaient par diverses raisons (Matthieu 14.22, note).
Bethsaïda, petite ville située sur la rive occidentale du lac, en Galilée (Jean 12.21), lieu natal de trois apôtres (Jean 1.44), près de Capernaüm et de Chorazin (Luc 10.13), ce qui explique comment Jean (Jean 6.17) peut dire, sans contradiction avec le récit de Marc que les disciples naviguaient «â¯vers Capernaümâ¯Â».
Il y avait aussi une ville du nom de Bethsaïda (nom qui signifie maison de pêche) sur la rive orientale du lac (Marc 8.22, note), dont Josèphe (Guerre des Juifs, III,10, 7) désigne la situation.
Câest à tort que quelques interprètes admettent cette dernière localité comme celle vers laquelle tendaient ici les disciples.
Verset 47
Voir Matthieu 14.23 note.
Verset 48
Matthieu 14.25, note.
Les voyant, il vient.
Câest ainsi que Marc rend présente cette scèneâ¯; deux mots lui suffisent pour nous montrer à la fois le regard pénétrant de Jésus qui, de sa retraite sur la montagne, aperçoit ses pauvres disciples en danger et sa tendre sollicitude qui le porte à leur secours.
La quatrième veille de la nuit commençait à trois heures du matin. Comme ils sâétaient embarqués la veille au soir, on a trouvé étrange que les disciples eussent lutté toute la nuit contre les flots. Mais Marc, en parfait accord avec Matthieu, a déjà prévenu cette objection par la simple observation que le vent leur était contraire.
Les devancer ou les dépasser.
Ce trait qui appartient à Marc seul est assez difficile à expliquer. Quel était le but de Jésus�
Un interprète dit quâil voulait passer inaperçu de ses disciplesâ¯; un autre, quâil voulait les encourager en marchant devant eux comme le vainqueur des flots déchaînés. Nâest-il pas plus conforme au récit de penser quâil voulait les rassurer en se montrant à euxâ¯? Ou, puisque ce but ne fut pas atteint et que leur trouble ne fit quâaugmenter, Jésus voulait-il mettre leur foi à lâépreuve et désirait-il que lâinitiative de la délivrance vint de leur part et quâils implorassent son secoursâ¯?
Quoi quâil en soit, le cri dâangoisse quâils firent entendre parvint à son cÅur (verset 50).
Verset 50
Voir Matthieu 14.27 note.
Verset 51
Jésus est auprès dâeux, la tempête sâapaise sans quâil ait à commander aux flots et à la mer, comme dans une autre occasion (Marc 4.39).
Au terme si fort, ils furent stupéfaits, le texte reçu avec A, D, majuscules ajouteâ¯: et ils sâétonnaient.
Verset 52
Cette réflexion, qui est particulière à notre évangéliste, jette une sorte de blâme sur lâextrême étonnement des disciples et peut-être aussi sur la peur dont ils avaient été saisis en voyant Jésus marcher sur les eaux.
Il nâen aurait pas été ainsi sâils avaient compris au sujet ou à lâoccasion du miracle des painsâ¯; (verset 35 et suivants) ils auraient conclu de la puissance de Jésus dans la première occasion, à sa puissance dans la seconde.
La cause de ce manque dâintelligence se trouvait dans leur cÅur endurci.
Ce dernier mot ne doit pas sâappliquer seulement à un aveuglement, une sensibilité de leur cÅur dans le cas actuel, mais sâétendre à lâétat moral dans lequel ils étaient à cette époque.
Cette observation intime sur les disciples ne peut provenir que dâun témoin oculaire ou même dâun homme qui avait éprouvé les impressions dont il sâagit. Or ce témoin, câest lâapôtre Pierre, dont Marc a conservé les récits (voir lâIntroduction). Et câest là aussi peut-être la cause pour laquelle nous ne trouvons pas dans notre Ãvangile le trait relatif à Pierre marchant sur les eaux (Matthieu 14.28-31).
Pierre, en racontant cette grande scène dans ses prédications, passait sous silence ce qui le concernait personnellement.
Verset 53
Grecâ¯: Ayant traversé vers la terre, ils arrivèrent en Génézareth.
Telle est la leçon de Codex Sinaiticus, Bâ¯; dans le texte reçu, dans A, D et les majuscules, les mots sont dans un autre ordreâ¯; vers le pays est joint à Génézarethâ¯: ils vinrent dans le pays de Génézareth.
Voir, sur cette contrée de Génézareth, Matthieu 14.34, note.
Verset 56
Voir sur ce récit Matthieu 14.36, note.
Marc nous peint avec plus de détails ces scènes émouvantes, cet extrême empressement des malades et de leurs proches, ces nombreuses guérisons accomplies par le Sauveur, qui marquèrent le point culminant de lâactivité de Jésus en Galilée et provoquèrent un redoublement dâhostilité de la part des adversaires (Marc 7.1 et suivants).