Ce chapitre nâest pas destiné à énumérer toutes les fêtes solennelles que devaient célébrer les Israélites, mais seulement celles dans lesquelles le peuple était convoqué en sainte assemblée dans le sanctuaire (verset 3). Câest pourquoi il nâest pas parlé des nouvelles lunes ou fêtes du premier jour de chaque mois. Il est évident que lâaccomplissement de plusieurs de ces prescriptions (celle de lâassemblée du peuple au jour du sabbat, par exemple) ne pouvait avoir lieu quâà lâépoque du désert où le peuple était encore groupé autour du Tabernacle. Plus tard, quand le peuple fut dispersé sur une vaste étendue de pays, il y fut pourvu dâune autre manière, comparez 2 Rois 4.23, qui montre en même temps que dans le royaume des dix tribus, lâusage dâune convocation sainte dans les jours de nouvelles lunes sâétait aussi établi sous lâinfluence des prophètes.
Ce même sujet est traité chapitres 28 et 29 des Nombres, mais au point de vue des sacrifices à offrir. Deutéronome chapitre 16 ne relève que les trois grandes fêtes annuelles (Pâques, Pentecôte et Tabernacles), parce que lâauteur a en vue les pèlerinages (verset 16).
Sept époques de saintes assembléesâ¯:
Conclusion, versets 37 et 38.
Appendice sur la célébration de la fête des Tabernacles, versets 39 à 44.
Saintes convocations. Lorsque lâassemblée se tenait au Tabernacle, il est possible que le culte se bornât aux sacrifices. Cependant lâexpression employée paraît désigner quelque chose de plus. Et lorsque, plus tard, les assemblées durent se tenir, comme celles du jour du sabbat, dans les diverses localités du pays, il faut bien quâelles fussent consacrées à quelques exercices religieux, tels que la lecture de la loi, les chants et les prières. Ce fut sans doute là lâorigine de lâinstitution des synagogues qui paraît avoir précédé lâexilâ¯; comparez Psaumes 74.4-8 et 2 Rois 4.23.
Au jour du sabbat.
Repos complet, littéralementâ¯: repos du repos. Le mot schabbathon se trouve pour la première fois dans Exode 20.8 et lâexpression complèteâ¯: schabbath schabbathon, Exode 21.15, où nous lâavons rendue parâ¯: un jour de complet repos. Elle est appliquée au sabbat (Exode 35.2-3), au jour de lâExpiation (Lévitique 16.31 et dans notre chapitre verset 32) et à lâannée sabbatique (Lévitique 25.4), qui sont les fêtes dâorigine mosaïque.
Dans tous les lieux que vous habiterez, câest-à -direâ¯: dans tous les districts de la terre dâIsraël. Cette traduction est plus exacte que celle qui a été employée Exode 35.3â¯: dans toutes vos demeures.
La repriseâ¯: Voici les fêtes (les fêtes annuelles), provient de ce quâà proprement parler, le sabbat nâest point une de ces fêtes dont il doit être parlé dans ce morceau. Il a seulement été rappelé en passant, afin quâil soit bien entendu quâon ne lâoublie pas comme devant être aussi un jour de convocation sainte.
En leur saisonâ¯: au temps marqué pour chacune dâelles dans le cours de lâannée religieuse.
Le quatorzième du moisâ¯: ainsi à la première pleine lune de lâannée.
Dans la soiréeâ¯: voir Exode 12.6. Chez les Grecs, les Romains et les anciens Germains, on regardait les pleines lunes comme une époque portant bonheur. Les jeux olympiques sâouvraient le lendemain de la pleine lune. On rencontre aussi chez les Germains et les Celtibères des usages analogues.
Aucune Åuvre servile. Défense moins sévère que verset 3, nâinterdisant que les gros travaux, comme ceux de la culture du sol, mais autorisant la cuisson des aliments, qui était défendue le jour du sabbat (Exode 35.3). Comparez Exode 12.16.
Des sacrifices. Ce sujet sera repris plus spécialement Nombres 28.
Septième jourâ¯: dernier de la fête.
Cette ordonnance comprend trois prescriptionsâ¯:
Quand tous serez entrésâ¯: expression caractérisant la législation du désert.
Une gerbeâ¯: dâaprès Josèphe et Philon, une gerbe dâorge. Dans les parties les plus chaudes de la Palestine lâorge est déjà mûre au milieu dâavril ou au commencement de mai, tandis que le froment ne mûrit que trois semaines plus tard.
Les Romains ouvraient la moisson en offrant des sacrifices, spécialement à Cérès. Cet hommage de reconnaissance et de dépendance ne pouvait manquer chez le peuple de Dieu. Le texte nâindique pas ce quâon faisait de la gerbe après lâavoir balancée devant lâautelâ¯; il est probable que, comme les autres offrandes balancées, elle appartenait aux sacrificateurs.
Le lendemain du sabbat. De quel sabbatâ¯? On a répondu de diverses manièresâ¯: du sabbat hebdomadaire qui tombait dans la semaine pascaleâ¯; ou bien du premier sabbat rentrant dans lâépoque de la moisson. Il est plus naturel de penser au jour sabbatique dont il vient dâêtre parlé, verset 7, le 15 nisan, premier et grand jour de la fête pascale. Câest ainsi que les Juifs lâont compris, puisquâil est de fait quâils offraient la gerbe sacrée le 16 nisan. Cela sâaccorde avec Josué 5.11 où les Israélites commencent depuis ce jour à manger des pains faits avec le grain de Canaan. Cela sâaccorde enfin avec le verset 15 qui établit un intervalle de 49 jours jusquâà la Pentecôte (cinquantième jour). Le point de départ naturel de ces cinquante jours est le jour de la Pâque.
à la gerbe des prémices devait sâajouter un holocauste comme sacrifice de consécration, avec oblation et libation, et cela, en sus des holocaustes que Nombres 28.19 prescrira pour chaque jour de fête.
Agneau dâun anâ¯: Exode 12.6.
Deux dixièmesâ¯: Nombres 15.4-5 ne prescrit, en cas dâholocauste, quâun dixième par agneau. Mais ici, où il sâagit dâune fête de moisson, il convient que lâoblation de farine soit plus abondante que dans les autres solennités.
Le quart dâun hinâ¯: voir à Exode 29.40.
Jusquâà ce que Dieu, le vrai propriétaire du sol, eût reçu sa part de la récolte, il ne convenait pas que personne en mangeât. Chez les Ãgyptiens, les Grecs et les Romains, on ne mangeait des fruits nouveaux quâaprès en avoir rendu grâces aux dieux et en avoir offert les prémices aux prêtres. Ces prémices offertes au nom de toute la nation sont différentes de celles quâoffraient les simples particuliers (voir Nombres 18.12).
Sept semaines. Le cinquantième jour en comptant depuis lâoffrande de la première gerbeâ¯; de là le nom de Pentecôte qui ne se trouve pas dans lâAncien Testament mais seulement dans les Apocryphes et dans le Nouveau Testament. Dans lâAncien Testament cette fête est appelée Exode 34.22 la fête des Semainesâ¯; Exode 23.16 la fête de la moisson et Nombres 28.26 le jour des prémices.
Il y avait un rapport si étroit entre cette fête qui marquait la clôture de la moisson et celle qui en marquait le commencement, quâelle nâest distinguée de la précédente par aucune formule dâintroduction. Lâidée de faire de la fête de Pentecôte une commémoration du don de la loi (dâaprès Exode 19) ne date chez les Juifs que du moyen-âge.
Une oblation nouvelleâ¯: de froment nouveau. En Palestine, la moisson du froment se fait quelques semaines après celle de lâorge, en général dans la seconde moitié de mai et au commencement de juin.
Lâoffrande consistait non en froment, mais en pain, ce qui était naturel puisque la moisson était à sa fin. Câétaient des pains levés, car ils représentaient la nourriture habituelle du peuple.
Des lieux où vous habiterez. Ces mots ne peuvent pas signifier que les deux pains devaient être offerts par chaque famille israélite. Quâauraient fait les sacrificateurs dâune telle quantité de painâ¯? Il en est de ces pains comme de la gerbe, qui était une offrande nationale et par conséquent unique. Seulement ils devaient être donnés, non par le sacrificateur, mais par la communauté israélite elle-même et pris de pains fabriqués à la maison, comme ceux que mangeaient les simples particuliers.
à cet hommage national de reconnaissance doit sâajouter, comme dans le cas de la gerbe, un holocauste national en signe de consécration. Les victimes sont dans ce cas particulièrement abondantes, comme il convient à un peuple qui vient de remplir ses greniers des dons de Dieu.
Le sacrifice pour le péché devait rappeler à Israël les péchés quâil avait commis fréquemment dans lâusage des dons de Dieu et le mettre en garde contre de nouveaux abus dans la jouissance des dons nouveaux qui venaient de lui être accordés.
En sacrifice dâactions de grâces. Câest ici le seul cas où un sacrifice de ce genre soit prescrit par la loi pour la nation tout entière. Ordinairement les victimes dâactions de grâces étaient mangées par lâIsraélite qui les avait offerts mais, comme câest ici le peuple qui les donne, elles peuvent revenir au sacrificateur.
Par cet ensemble de rites, toute la moisson, depuis les premiers épis dâorge jusquâaux derniers de froment, se trouve placée sous la bénédiction du Seigneur et le pain quotidien de chaque famille israélite devient un pain quâelle reçoit de son Dieu et quâelle partage avec lui.
Recommandation déjà faite, mais rappelée en passant, de sanctifier la moisson non seulement par le sacrifice, mais aussi par la bienfaisance (Lévitique 19.9).
Nous avons dit que dans lâordonnance du chapitre 23 il nâest pas parlé de la fête mensuelle des nouvelles lunes à chaque premier jour du mois (comparez Nombres 10.10â¯; Nombres 28.11-15. Cependant il est une nouvelle lune dâun caractère tout particulier et qui se trouve faire ici lâobjet dâune prescription importante.
Le repos et la sainte convocation nâavaient pas lieu dans les autres fêtes de nouvelles lunes qui nâétaient signalées que par le son des trompettes et un double holocauste. La raison de cette différence est que cette nouvelle lune ouvrait le 7e mois dans le cours duquel se célébraient le grand jour des Expiations et la fête des Tabernacles. Cette double circonstance donnait au septième mois tout entier un caractère très solennel et en quelque sorte très sabbatique. De là la solennité spéciale qui sâattache au premier jour de ce mois. Après lâexil et surtout depuis lâépoque des Séleucides, les Juifs célébrèrent ce premier jour du septième mois comme leur nouvel an, le commencement de lâannée civileâ¯; mais ici rien de pareil nâest indiqué et Exode 12.2 sâoppose à une telle supputation.
Fanfareâ¯: il sâagit dâun cor en forme de corne de bélier et non des trompettes dâargent, avec lesquelles on donnait divers signaux (Nombres 10.2-9) et qui annonçaient les nouvelles lunes ordinaires (Nombres 10.10).
Un rappelâ¯: rappelant au peuple le commencement de la fête. Il est remarquable que Nombres 28.11 indique pour les nouvelles lunes ordinaires un sacrifice plus grand (deux veaux) que Nombres 29.2 ne le fait pour la nouvelle lune si solennelle du septième mois. Mais il faut admettre que ce sacrifice dâun veau est en sus du sacrifice régulier de deux veaux, comme celui-ci était en sus de lâholocauste journalier dâun agneau.
Voir sur les cérémonies de ce jour Lévitique 16. Les deux points relevés ici avec insistance sont le repos absolu et le jeûne ou mortification. Les violateurs de ces deux prescriptions sont menacés de mort.
Orâ¯: en hébreu akâ¯: seulement. Cette conjonction signale lâordonnance suivante comme particulièrement importante.
Vous vous mortifierezâ¯: par le jeûne. Câétait là le seul jeûne imposé par la loi de Moïse.
Dâun soir jusquâà lâautreâ¯: un jour civil complet et non pas seulement le jour naturel, allant du matin au soir.
Votre reposâ¯: ce repos qui vous est imposé et qui est pour vous un bienfait.
Cette fête des Tabernacles porte Exode 23.16 et Exode 34.22 le nom de fête de la récolte. Chacun des sept jours (du 15 au 21 Tischri) était solennisé par des sacrifices (Nombres 29.13)â¯; comparez à la fin du chapitre, versets 39 à 43.
à la fête de clôture.
La fête des Tabernacles ne durait que sept jours, comme celle de Pâques. Mais elle était suivie dâun huitième jour férié qui se nommait la clôture, parce quâil fermait non seulement cette semaine de fête, mais encore tout le cycle des fêtes annuelles. Comme ce jour nâappartenait plus à la fête proprement dite, le nombre des victimes offertes était inférieur, à celui des jours précédents (Nombres 29.36).
Conclusion des ordonnances du chapitre 23 relatives aux fêtes qui doivent être marquées par une sainte convocation.
Voir les versets 3, 4, 8, 21, 24, 27, 35 et 36. Le sabbat, comme nous lâavons constaté par la forme même du texte, nây est rappelé quâen passant (verset 38), parce quâil ne fait pas partie des fêtes annuelles (mohadim).
Sacrifices faits par le feu. Le sacrifice pour le péché, nâétant indiqué que pour un seul cas (verset 19), nâest pas spécialement relevé dans cette récapitulation.
Holocaustes, oblations, victimes (dâactions de grâces)â¯: ce sont les trois formes des sacrifices faits par le feu (ischsché).
Libationâ¯: lâaccompagnement ordinaire des ischsché.
Appendice sur la fête des Tabernacles.
Orâ¯: voyez verset 27. La liste des convocations saintes est terminéeâ¯; le législateur ajoute exceptionnellement quelques détails sur la manière de célébrer la fête des Tabernacles et sur le souvenir quâelle doit perpétuer. Cette adjonction se justifie aisément. Cette fête importante nâavait point encore été réglementée comme celle de Pâques dans Exode 12, celle de Pentecôte dans Exode 34.22 et celle du jour des Expiations dans Lévitique 16. Cette lacune devait être remplie.
Quand vous récolterez. Il faut plutôt traduire ainsiâ¯: Quand vous aurez récolté. Car la récolte des olives, des grenades et même du raisin ne se fait guère, du moins au nord de la Palestine, quâen octobre. Aussi Jéroboam déplaça-t-il cette fête en la retardant dâun mois entier (1 Rois 12.32-33).
Les produits de la terre, ou, comme il est dit Deutéronome 16.13, de lâaire et de la cuveâ¯: les graines de lâété et les fruits de lâautomne (raisins. olives, dattes, grenades).
De beaux fruits dâarbresâ¯: des branches dâarbres chargées de beaux fruits (oranges, citrons).
Touffusâ¯: avec un riche feuillage pour ombrager.
Saules de rivièresâ¯: formant la charpente des cabanes. Plus tard (2 Maccabées 10.6), on se servit de ces branchages pour les porter en joyeuses processions. Mais ce nâétait certainement pas leur destination première. Comparez Néhémie 8.15.
Les cabanes étaient dressées dans les cours des maisons, sur les places publiques ou dans les rues. Tout le pays prenait ainsi un air de fête.
Vous vous réjouirez. Le caractère de cette fête devait être la joie, en face des celliers et des greniers remplis par la bonté de lâÃternel. Les mots devant lâÃternel suffisent pour faire sentir le caractère saint de cette joie.
Vous demeurerez dans des cabanes⦠Chez plusieurs peuples anciens (chez les Syriens en mai, chez les Hindous en août, chez les Romains en mars), on célébrait, durant quelques jours, une fête des tentes. Le fait que dans certaines localités, comme à Hébron, au moment de la vendange, les habitants demeurent dans les vignes pour accélérer le travail, ne peut expliquer une fête nationale telle que celle-ci.
Cette habitation sous des tentes devait rappeler plus tard au peuple le voyage de ses pères à travers le désert sans autre abri contre lâardeur du soleil et les intempéries de la mauvaise saison que de simples tentes mais en même temps elle faisait ressortir très vivement le contraste de cette situation pénible avec lâétablissement qui lui était échu dans une terre enrichie de toutes les bénédictions divines.
Pour vos descendantsâ¯: cette signification nationale de la fête explique pourquoi lâindigène seul était astreint à la célébrerâ¯: tout ce qui est né en Israël, (verset 42).
On comprend par là aussi pourquoi les Juifs postérieurs y introduisirent, plus tard des rites, tels que celui de la libation dâeau puisée à la source de Siloé (en souvenir du manque dâeau et du don de lâeau du rocher) et lâillumination des parvis par les deux grands candélabres (en souvenir du feu qui resplendissait la nuit dans la nuée).
versets 1-44
Plan du commentaire biblique de Lévitique 23
Les saintes convocations (chapitre 23)
Ce chapitre nâest pas destiné à énumérer toutes les fêtes solennelles que devaient célébrer les Israélites, mais seulement celles dans lesquelles le peuple était convoqué en sainte assemblée dans le sanctuaire (verset 3). Câest pourquoi il nâest pas parlé des nouvelles lunes ou fêtes du premier jour de chaque mois. Il est évident que lâaccomplissement de plusieurs de ces prescriptions (celle de lâassemblée du peuple au jour du sabbat, par exemple) ne pouvait avoir lieu quâà lâépoque du désert où le peuple était encore groupé autour du Tabernacle. Plus tard, quand le peuple fut dispersé sur une vaste étendue de pays, il y fut pourvu dâune autre manière, comparez 2 Rois 4.23, qui montre en même temps que dans le royaume des dix tribus, lâusage dâune convocation sainte dans les jours de nouvelles lunes sâétait aussi établi sous lâinfluence des prophètes.
Ce même sujet est traité chapitres 28 et 29 des Nombres, mais au point de vue des sacrifices à offrir. Deutéronome chapitre 16 ne relève que les trois grandes fêtes annuelles (Pâques, Pentecôte et Tabernacles), parce que lâauteur a en vue les pèlerinages (verset 16).
Sept époques de saintes assembléesâ¯:
Conclusion, versets 37 et 38.
Appendice sur la célébration de la fête des Tabernacles, versets 39 à 44.
Verset 1
Introduction (1-2)
Verset 2
Saintes convocations. Lorsque lâassemblée se tenait au Tabernacle, il est possible que le culte se bornât aux sacrifices. Cependant lâexpression employée paraît désigner quelque chose de plus. Et lorsque, plus tard, les assemblées durent se tenir, comme celles du jour du sabbat, dans les diverses localités du pays, il faut bien quâelles fussent consacrées à quelques exercices religieux, tels que la lecture de la loi, les chants et les prières. Ce fut sans doute là lâorigine de lâinstitution des synagogues qui paraît avoir précédé lâexilâ¯; comparez Psaumes 74.4-8 et 2 Rois 4.23.
Verset 3
Au jour du sabbat.
Repos complet, littéralementâ¯: repos du repos. Le mot schabbathon se trouve pour la première fois dans Exode 20.8 et lâexpression complèteâ¯: schabbath schabbathon, Exode 21.15, où nous lâavons rendue parâ¯: un jour de complet repos. Elle est appliquée au sabbat (Exode 35.2-3), au jour de lâExpiation (Lévitique 16.31 et dans notre chapitre verset 32) et à lâannée sabbatique (Lévitique 25.4), qui sont les fêtes dâorigine mosaïque.
Dans tous les lieux que vous habiterez, câest-à -direâ¯: dans tous les districts de la terre dâIsraël. Cette traduction est plus exacte que celle qui a été employée Exode 35.3â¯: dans toutes vos demeures.
Verset 4
à la fête de Pâques (4-8)
La repriseâ¯: Voici les fêtes (les fêtes annuelles), provient de ce quâà proprement parler, le sabbat nâest point une de ces fêtes dont il doit être parlé dans ce morceau. Il a seulement été rappelé en passant, afin quâil soit bien entendu quâon ne lâoublie pas comme devant être aussi un jour de convocation sainte.
En leur saisonâ¯: au temps marqué pour chacune dâelles dans le cours de lâannée religieuse.
Verset 5
Le quatorzième du moisâ¯: ainsi à la première pleine lune de lâannée.
Dans la soiréeâ¯: voir Exode 12.6. Chez les Grecs, les Romains et les anciens Germains, on regardait les pleines lunes comme une époque portant bonheur. Les jeux olympiques sâouvraient le lendemain de la pleine lune. On rencontre aussi chez les Germains et les Celtibères des usages analogues.
Verset 7
Aucune Åuvre servile. Défense moins sévère que verset 3, nâinterdisant que les gros travaux, comme ceux de la culture du sol, mais autorisant la cuisson des aliments, qui était défendue le jour du sabbat (Exode 35.3). Comparez Exode 12.16.
Verset 8
Des sacrifices. Ce sujet sera repris plus spécialement Nombres 28.
Septième jourâ¯: dernier de la fête.
Verset 9
à la Pentecôte
Cette ordonnance comprend trois prescriptionsâ¯:
La première gerbe (9-22)
Verset 10
Quand tous serez entrésâ¯: expression caractérisant la législation du désert.
Une gerbeâ¯: dâaprès Josèphe et Philon, une gerbe dâorge. Dans les parties les plus chaudes de la Palestine lâorge est déjà mûre au milieu dâavril ou au commencement de mai, tandis que le froment ne mûrit que trois semaines plus tard.
Les Romains ouvraient la moisson en offrant des sacrifices, spécialement à Cérès. Cet hommage de reconnaissance et de dépendance ne pouvait manquer chez le peuple de Dieu. Le texte nâindique pas ce quâon faisait de la gerbe après lâavoir balancée devant lâautelâ¯; il est probable que, comme les autres offrandes balancées, elle appartenait aux sacrificateurs.
Verset 11
Le lendemain du sabbat. De quel sabbatâ¯? On a répondu de diverses manièresâ¯: du sabbat hebdomadaire qui tombait dans la semaine pascaleâ¯; ou bien du premier sabbat rentrant dans lâépoque de la moisson. Il est plus naturel de penser au jour sabbatique dont il vient dâêtre parlé, verset 7, le 15 nisan, premier et grand jour de la fête pascale. Câest ainsi que les Juifs lâont compris, puisquâil est de fait quâils offraient la gerbe sacrée le 16 nisan. Cela sâaccorde avec Josué 5.11 où les Israélites commencent depuis ce jour à manger des pains faits avec le grain de Canaan. Cela sâaccorde enfin avec le verset 15 qui établit un intervalle de 49 jours jusquâà la Pentecôte (cinquantième jour). Le point de départ naturel de ces cinquante jours est le jour de la Pâque.
Verset 12
à la gerbe des prémices devait sâajouter un holocauste comme sacrifice de consécration, avec oblation et libation, et cela, en sus des holocaustes que Nombres 28.19 prescrira pour chaque jour de fête.
Agneau dâun anâ¯: Exode 12.6.
Verset 13
Deux dixièmesâ¯: Nombres 15.4-5 ne prescrit, en cas dâholocauste, quâun dixième par agneau. Mais ici, où il sâagit dâune fête de moisson, il convient que lâoblation de farine soit plus abondante que dans les autres solennités.
Le quart dâun hinâ¯: voir à Exode 29.40.
Verset 14
Jusquâà ce que Dieu, le vrai propriétaire du sol, eût reçu sa part de la récolte, il ne convenait pas que personne en mangeât. Chez les Ãgyptiens, les Grecs et les Romains, on ne mangeait des fruits nouveaux quâaprès en avoir rendu grâces aux dieux et en avoir offert les prémices aux prêtres. Ces prémices offertes au nom de toute la nation sont différentes de celles quâoffraient les simples particuliers (voir Nombres 18.12).
Verset 15
Lâoffrande de la Pentecôte (15-24)
Sept semaines. Le cinquantième jour en comptant depuis lâoffrande de la première gerbeâ¯; de là le nom de Pentecôte qui ne se trouve pas dans lâAncien Testament mais seulement dans les Apocryphes et dans le Nouveau Testament. Dans lâAncien Testament cette fête est appelée Exode 34.22 la fête des Semainesâ¯; Exode 23.16 la fête de la moisson et Nombres 28.26 le jour des prémices.
Il y avait un rapport si étroit entre cette fête qui marquait la clôture de la moisson et celle qui en marquait le commencement, quâelle nâest distinguée de la précédente par aucune formule dâintroduction. Lâidée de faire de la fête de Pentecôte une commémoration du don de la loi (dâaprès Exode 19) ne date chez les Juifs que du moyen-âge.
Verset 16
Une oblation nouvelleâ¯: de froment nouveau. En Palestine, la moisson du froment se fait quelques semaines après celle de lâorge, en général dans la seconde moitié de mai et au commencement de juin.
Verset 17
Lâoffrande consistait non en froment, mais en pain, ce qui était naturel puisque la moisson était à sa fin. Câétaient des pains levés, car ils représentaient la nourriture habituelle du peuple.
Des lieux où vous habiterez. Ces mots ne peuvent pas signifier que les deux pains devaient être offerts par chaque famille israélite. Quâauraient fait les sacrificateurs dâune telle quantité de painâ¯? Il en est de ces pains comme de la gerbe, qui était une offrande nationale et par conséquent unique. Seulement ils devaient être donnés, non par le sacrificateur, mais par la communauté israélite elle-même et pris de pains fabriqués à la maison, comme ceux que mangeaient les simples particuliers.
Verset 18
à cet hommage national de reconnaissance doit sâajouter, comme dans le cas de la gerbe, un holocauste national en signe de consécration. Les victimes sont dans ce cas particulièrement abondantes, comme il convient à un peuple qui vient de remplir ses greniers des dons de Dieu.
Verset 19
Le sacrifice pour le péché devait rappeler à Israël les péchés quâil avait commis fréquemment dans lâusage des dons de Dieu et le mettre en garde contre de nouveaux abus dans la jouissance des dons nouveaux qui venaient de lui être accordés.
En sacrifice dâactions de grâces. Câest ici le seul cas où un sacrifice de ce genre soit prescrit par la loi pour la nation tout entière. Ordinairement les victimes dâactions de grâces étaient mangées par lâIsraélite qui les avait offerts mais, comme câest ici le peuple qui les donne, elles peuvent revenir au sacrificateur.
Par cet ensemble de rites, toute la moisson, depuis les premiers épis dâorge jusquâaux derniers de froment, se trouve placée sous la bénédiction du Seigneur et le pain quotidien de chaque famille israélite devient un pain quâelle reçoit de son Dieu et quâelle partage avec lui.
Verset 22
Recommandation déjà faite, mais rappelée en passant, de sanctifier la moisson non seulement par le sacrifice, mais aussi par la bienfaisance (Lévitique 19.9).
Verset 23
Au premier jour du 7e mois (23-25)
Nous avons dit que dans lâordonnance du chapitre 23 il nâest pas parlé de la fête mensuelle des nouvelles lunes à chaque premier jour du mois (comparez Nombres 10.10â¯; Nombres 28.11-15. Cependant il est une nouvelle lune dâun caractère tout particulier et qui se trouve faire ici lâobjet dâune prescription importante.
Verset 24
Le repos et la sainte convocation nâavaient pas lieu dans les autres fêtes de nouvelles lunes qui nâétaient signalées que par le son des trompettes et un double holocauste. La raison de cette différence est que cette nouvelle lune ouvrait le 7e mois dans le cours duquel se célébraient le grand jour des Expiations et la fête des Tabernacles. Cette double circonstance donnait au septième mois tout entier un caractère très solennel et en quelque sorte très sabbatique. De là la solennité spéciale qui sâattache au premier jour de ce mois. Après lâexil et surtout depuis lâépoque des Séleucides, les Juifs célébrèrent ce premier jour du septième mois comme leur nouvel an, le commencement de lâannée civileâ¯; mais ici rien de pareil nâest indiqué et Exode 12.2 sâoppose à une telle supputation.
Fanfareâ¯: il sâagit dâun cor en forme de corne de bélier et non des trompettes dâargent, avec lesquelles on donnait divers signaux (Nombres 10.2-9) et qui annonçaient les nouvelles lunes ordinaires (Nombres 10.10).
Un rappelâ¯: rappelant au peuple le commencement de la fête. Il est remarquable que Nombres 28.11 indique pour les nouvelles lunes ordinaires un sacrifice plus grand (deux veaux) que Nombres 29.2 ne le fait pour la nouvelle lune si solennelle du septième mois. Mais il faut admettre que ce sacrifice dâun veau est en sus du sacrifice régulier de deux veaux, comme celui-ci était en sus de lâholocauste journalier dâun agneau.
Verset 26
Au jour des Expiations (26-32)
Voir sur les cérémonies de ce jour Lévitique 16. Les deux points relevés ici avec insistance sont le repos absolu et le jeûne ou mortification. Les violateurs de ces deux prescriptions sont menacés de mort.
Verset 27
Orâ¯: en hébreu akâ¯: seulement. Cette conjonction signale lâordonnance suivante comme particulièrement importante.
Vous vous mortifierezâ¯: par le jeûne. Câétait là le seul jeûne imposé par la loi de Moïse.
Verset 32
Dâun soir jusquâà lâautreâ¯: un jour civil complet et non pas seulement le jour naturel, allant du matin au soir.
Votre reposâ¯: ce repos qui vous est imposé et qui est pour vous un bienfait.
Verset 33
à la fête des Tabernacles (33-35)
Cette fête des Tabernacles porte Exode 23.16 et Exode 34.22 le nom de fête de la récolte. Chacun des sept jours (du 15 au 21 Tischri) était solennisé par des sacrifices (Nombres 29.13)â¯; comparez à la fin du chapitre, versets 39 à 43.
Verset 36
à la fête de clôture.
La fête des Tabernacles ne durait que sept jours, comme celle de Pâques. Mais elle était suivie dâun huitième jour férié qui se nommait la clôture, parce quâil fermait non seulement cette semaine de fête, mais encore tout le cycle des fêtes annuelles. Comme ce jour nâappartenait plus à la fête proprement dite, le nombre des victimes offertes était inférieur, à celui des jours précédents (Nombres 29.36).
Verset 37
Conclusion des ordonnances du chapitre 23 relatives aux fêtes qui doivent être marquées par une sainte convocation.
Voir les versets 3, 4, 8, 21, 24, 27, 35 et 36. Le sabbat, comme nous lâavons constaté par la forme même du texte, nây est rappelé quâen passant (verset 38), parce quâil ne fait pas partie des fêtes annuelles (mohadim).
Sacrifices faits par le feu. Le sacrifice pour le péché, nâétant indiqué que pour un seul cas (verset 19), nâest pas spécialement relevé dans cette récapitulation.
Holocaustes, oblations, victimes (dâactions de grâces)â¯: ce sont les trois formes des sacrifices faits par le feu (ischsché).
Libationâ¯: lâaccompagnement ordinaire des ischsché.
Verset 39
Appendice sur la fête des Tabernacles.
Orâ¯: voyez verset 27. La liste des convocations saintes est terminéeâ¯; le législateur ajoute exceptionnellement quelques détails sur la manière de célébrer la fête des Tabernacles et sur le souvenir quâelle doit perpétuer. Cette adjonction se justifie aisément. Cette fête importante nâavait point encore été réglementée comme celle de Pâques dans Exode 12, celle de Pentecôte dans Exode 34.22 et celle du jour des Expiations dans Lévitique 16. Cette lacune devait être remplie.
Quand vous récolterez. Il faut plutôt traduire ainsiâ¯: Quand vous aurez récolté. Car la récolte des olives, des grenades et même du raisin ne se fait guère, du moins au nord de la Palestine, quâen octobre. Aussi Jéroboam déplaça-t-il cette fête en la retardant dâun mois entier (1 Rois 12.32-33).
Les produits de la terre, ou, comme il est dit Deutéronome 16.13, de lâaire et de la cuveâ¯: les graines de lâété et les fruits de lâautomne (raisins. olives, dattes, grenades).
Verset 40
De beaux fruits dâarbresâ¯: des branches dâarbres chargées de beaux fruits (oranges, citrons).
Touffusâ¯: avec un riche feuillage pour ombrager.
Saules de rivièresâ¯: formant la charpente des cabanes. Plus tard (2 Maccabées 10.6), on se servit de ces branchages pour les porter en joyeuses processions. Mais ce nâétait certainement pas leur destination première. Comparez Néhémie 8.15.
Les cabanes étaient dressées dans les cours des maisons, sur les places publiques ou dans les rues. Tout le pays prenait ainsi un air de fête.
Vous vous réjouirez. Le caractère de cette fête devait être la joie, en face des celliers et des greniers remplis par la bonté de lâÃternel. Les mots devant lâÃternel suffisent pour faire sentir le caractère saint de cette joie.
Verset 42
Vous demeurerez dans des cabanes⦠Chez plusieurs peuples anciens (chez les Syriens en mai, chez les Hindous en août, chez les Romains en mars), on célébrait, durant quelques jours, une fête des tentes. Le fait que dans certaines localités, comme à Hébron, au moment de la vendange, les habitants demeurent dans les vignes pour accélérer le travail, ne peut expliquer une fête nationale telle que celle-ci.
Cette habitation sous des tentes devait rappeler plus tard au peuple le voyage de ses pères à travers le désert sans autre abri contre lâardeur du soleil et les intempéries de la mauvaise saison que de simples tentes mais en même temps elle faisait ressortir très vivement le contraste de cette situation pénible avec lâétablissement qui lui était échu dans une terre enrichie de toutes les bénédictions divines.
Verset 43
Pour vos descendantsâ¯: cette signification nationale de la fête explique pourquoi lâindigène seul était astreint à la célébrerâ¯: tout ce qui est né en Israël, (verset 42).
On comprend par là aussi pourquoi les Juifs postérieurs y introduisirent, plus tard des rites, tels que celui de la libation dâeau puisée à la source de Siloé (en souvenir du manque dâeau et du don de lâeau du rocher) et lâillumination des parvis par les deux grands candélabres (en souvenir du feu qui resplendissait la nuit dans la nuée).