Moïse, avait terminé son ministère en renouvelant dans les plaines de Moab lâalliance de Sinaï (Deutéronome 29.1 et suivants). Josué de même prend congé de ses frères en scellant tout de nouveau leur alliance avec Dieu.
Toutes les tribusâ¯: celles aussi de lâautre côté du Jourdainâ¯; câétait lâassemblée plénière du peuple et de ses chefs.
à Sichem. Tandis que le lieu où sâétaient réunis les représentants du peuple nâétait pas désigné (Josué 23.2), celui de cette assemblée-ci, beaucoup plus importante, est expressément indiquéâ¯; voir encore verset 25. La localité de Sichem était chère au peuple par des souvenirs récents (Josué 8.30-35) et par les séjours prolongés que les patriarches y avaient faits. Câest à Sichem quâAbraham avait reçu la promesse que sa postérité posséderait Canaan (Genèse 12.6) et que Jacob à son retour de Mésopotamie avait fait disparaître du sein de sa famille les dieux étrangers (Genèse 35.2). Câest à une décision toute pareille que Josué désire amener, en cette grande journée, son peuple tout entier (verset 14).
Devant Dieuâ¯: non sans doute que lâarche eût été transportée de Silo à Sichem, mais par les dispositions de recueillement et dâadoration du peuple et de ses chefs.
Dans la première partie de son discours, Josué signale quatre séries de bienfaits dont Israël a été lâobjetâ¯:
Vos ancêtres. Au lieu de sâarrêter à Abraham, Josué remonte jusquâà Thérach, non seulement parce que, par Nachor, son fils et frère dâAbraham, Thérach était lâancêtre de Rébecca et de Laban, le père de Léa et de Rachel (Genèse. 11.27), mais aussi à cause de ce qui est dit ensuiteâ¯: Ils ont servi dâautres dieux. Lâidolâtrie du père dâAbraham, à laquelle la grâce divine avait arraché celui-ci, nâest nulle part dans le Pentateuque aussi expressément signalée quâici. Genèse 31.19, Genèse 31.53 (note) et Genèse 35.2 sont tout à fait dâaccord avec cette donnée.
Genèse 11.31â¯; Genèse 12.1â¯; Genèse 21.2.
Genèse 25.24-26â¯; Genèse 36.8 (Séir)â¯; Genèse 46.1 (en Ãgypte).
Exode 3.10 (Moïse)â¯; Exode 4.14 (Aaron).
Je frappai lâÃgypte. Exode chapitres 7 à 11.
Ainsi que je lâai faitâ¯: formule sommaire qui rend tout détail superflu. Voir une formule analogue Deutéronome 1.46.
Vers la merâ¯: Exode 14.10.
Les Ãgyptiensâ¦â¯: Exode 14.9.
Et ils crièrentâ¯: Exode 14.10.
Ténèbresâ¯: Exode 14.20.
Il fit venir sur eux la merâ¯: Exode 14.27.
Vos yeux ont vuâ¯: Exode 14.30.
Dans le désertâ¯: Nombres 14.33.
Au pays des Amorrhéensâ¯: Nombres 21.21-35.
Fit la guerreâ¯: non à la lettre et par les armes, car il fut arrêté par la crainte que lui inspirèrent les bénédictions de Balaam sur Israëlâ¯; mais par lâappel même de ce devin qui devait procurer à ses armées la bénédiction divine. On objecte Deutéronome 2.9, où il est dit que Dieu avait défendu à Israël de conquérir le territoire des Moabitesâ¯; mais ce quâIsraël conquit sur eux nâétait plus leur territoire, mais celui que Sihon, roi des Amorrhéens, leur avait récemment pris (voir la note). Quant à Juges 11.25, quâon objecte également, voir à ce passage.
Point écouter Balaam (Deutéronome 23.5). Dieu ne céda point aux sollicitations du devin qui cherchait à se le rendre favorable par ses sacrifices (Nombres 23.1, note).
Je vous délivrai de sa mainâ¯: de la main de Balak, qui finit par ne pas faire la guerre à Israël.
Combattirent contre vousâ¯: par leur résistance armée.
Josué 3.10, mêmes peuplades, mais dans un ordre différent.
Les frelonsâ¯: voir Exode 23.28 et Deutéronome 7.20, notes.
Les deux rois des Amorrhéens. Il y a dans le texte simplement ces mots. Nous ajoutonsâ¯: comme jâavais fait. Lâexemple de ces deux rois est particulièrement rappelé, parce quâil nây en avait pas alors, dans la contrée à lâoccident du Jourdain, dâaussi puissants que ces deux-là . Voir, Josué chapitre 12, le grand nombre des rois qui se partageaient alors la contrée à lâouest du Jourdain et de la mer Morte.
Ni par ton épée, ni par ton arcâ¯: Psaumes 44.4.
Deutéronome 4.10.
Câest lâapplication de la première.
Et maintenant⦠Obligations imposées par de tels bienfaits.
En intégritéâ¯: de tout votre cÅurâ¯; en véritéâ¯: sans hypocrisie.
Ãtez les dieux. Lâidolâtrie existait toujours en secret, comme autrefois dans la famille de Jacob (Genèse 35.2)â¯; comparez verset 23â¯; Amos 5.26â¯; Ãzéchiel 20.7â¯; Ãzéchiel 20.18â¯; Ãzéchiel 20.21â¯; Ãzéchiel 23.8â¯; Lévitique 17.7, note.
Choisissez aujourdâhuiâ¯: 1 Rois 18.21.
Début du verset, comparez Exode 20.2.
Fin du verset et suivantâ¯: Retour à lâidée du commencement, celle des bienfaits.
Et les Amorrhéens. Ici aussi, comme au verset 12, ces ennemis sont mentionnés à part à cause de leur puissance.
Nous aussi, comme toi (verset 15).
Vous ne pouvez servir⦠Josué craint quâIsraël ne sâengage trop légèrement et sans sâêtre rendu compte de sa propre faiblesse. Il lui rappelle toute la difficulté et même lâimpossibilité, au point de vue des forces naturelles, de satisfaire aux exigences dâun Dieu si saint, non pour quâil renonce à sâengager à son service, mais pour quâil ne le fasse quâen sâappuyant sur son secours et quâen rompant avec tout culte étranger.
Il changeraâ¯: de conduite envers vous. Dieu ne change pas en réalité, quand, lâhomme venant à changer, il change sa relation avec luiâ¯; comparez 2 Timothée 2.13.
Israël refuse dâéchapper par cette porte de lâapostasie que Josué ouvre devant luiâ¯; comparez Jean 6.67 et suivants.
Ce solennel entretien aboutit en quelque sorte à un acte judiciaire.
Vous êtes témoins⦠Câest comme si Josué voulait direâ¯: Jâai entendu souvent vos frères se plaindre de ce quâon les avait obligés contre leur gré à sortir dâÃgypteâ¯; si jamais vous veniez à prétendre aussi que je vous ai obligés contre votre gré à servir lâÃternel seul, vous serez les meilleurs témoins à citer contre vous-mêmes.
Début du verset, voir verset 14.
Vos cÅursâ¯: Deutéronome 6.5.
Des prescriptions et des ordonnances. Mêmes termes que Exode 25.25. Comparez la note, qui sâapplique aussi à la situation actuelle du peuple.
Ãcrivit ces parolesâ¯: tout ce qui sâest dit de la part du peuple dans cette grande journée de Sichem.
Au livre de la loi de Dieuâ¯: Deutéronome 31.26. à tout ce que Moïse avait consigné dans un livre (Josué 8.31.33.6), Josué ajouta ce quâà la suite de cette scène il trouva bon dâen consigner lui-même.
Sous le chêneâ¯: Genèse 12.6â¯; Deutéronome 11.30, notes.
Qui était dans lâendroit consacré à lâÃternel. Il y avait là à Sichem une localité consacrée par les événements qui sây étaient passés (Genèse 12.6â¯; Genèse 33.20â¯; Genèse 35.4 et plus récemment Josué 8.33 et suivants). Le voyageur Tristram a trouvé au pied du Garizim un enfoncement dans le rocher, de forme carrée, que les Mahométans appellent aujourdâhui le Pilier et dans lequel ils disent que se trouve une colonne dressée. Eux seuls ont le droit dây entrer. Deux siècles après Josué, il est parlé (Juges 9.6) du chêne du monument qui est dressé à Sichem. Les Samaritains affirment que câest là lâemplacement de la grande pierre que Josué dressa selon notre passage. Le mot de chêne doit être pris ici dans le sens collectif dans lequel il désigne un bois de chêneâ¯; comparez Genèse 12.6, note.
Elle a entendu. Les Orientaux aiment les expressions hardiesâ¯: la terre dévore ses habitantsâ¯; elle rejette les impiesâ¯; le sang dâAbel, les crimes de Sodome, la rouille de lâargent des avares, les pierres crient à Dieu.
Afin que vous ne reniiez pas. Josué ne dit pas seulementâ¯: si vous venez à renierâ¯; mais cette menace doit prévenir le reniement.
Josué congédie le peuple sans se donner un successeur. Désormais câest aux autorités légalement instituées en Israël à le diriger. Cependant sa présence même dans cette retraite, exerce encore une influence bienfaisante (verset 31).
Cent et dix ansâ¯: comme Joseph, son aïeul, Genèse 50.26.
Thimnath-Sérahâ¯: Josué 19.50. Guérin a retrouvé en 1863, à 10 km de marche au nord de Gifné (Gofna), des ruines considérables appelées Dibneh ou Tibneh. En face de la colline qui porte ces ruines se trouve une montagne dont les flancs recèlent plusieurs excavations sépulcrales. La huitième dâentre elles consiste en un vestibule oblong taillé dans le rocher et soutenu par quatre piliers, sans autre ornement quâune simple moulure dans la partie supérieure. Les parois en sont percées de 288 petites niches disposées pour recevoir des lampes dans le but de lâilluminer. Ces parois sont percées aussi de quatorze fours destinés à recevoir des cercueils et dâun quinzième, placé en face de lâentrée qui sâouvre sur une petite chambre sépulcrale évidemment destinée à recevoir le corps du chef de la famille à laquelle cette crypte était consacré. Ce sépulcre ne pouvait être destiné quâa un défunt illustre, et, la localité répondant pour le nom et la situation à celle dont parle notre récit (Tibné = Thimna), il est bien probable que câest là le tombeau de Josué. Un fait curieux a confirmé plus récemment ce rapprochement. Il est dit, non dans le texte hébreu, mais dans la traduction des Septante, à deux reprises, quâon déposa dans le sépulcre de Josué les couteaux de pierre avec lesquels il avait circoncis le peuple à Guilgal. Or en 1870 lâabbé Richard a trouvé, dans les casiers de la chambre funéraire et dans les débris dont elle est remplie, une quantité de couteaux en silex. Il en a trouvé également en dehors de cette chambre, dans le vestibule et devant le vestibule et il a constaté la ressemblance de ces couteaux avec ceux quâil avait recueillis dans la plaine du Jourdain, à Guilgal, où eut lieu la circoncision du peuple.
Avaient emportés dâÃgypteâ¯: Genèse 50.25â¯; Exode 13.19.
Dans la pièce de terreâ¯: Genèse 33.19. Jacob lâavait spécialement léguée à Josephâ¯: Genèse 48.22â¯; voir note.
Les reçurent en propriété. Il ne faut pas traduire contre le texteâ¯: la reçurent. Comme la pièce de terre était dans le territoire des fils de Joseph, il nây avait plus à la leur donnerâ¯; il sâagit bien plutôt des os de Joseph (malgré le genre masculin du pronom les et le genre féminin du mot os en hébreu). Ce sens explique en même temps la place de cette notice. Ce dépôt des os de Joseph avait eu lieu sans doute bien avant la mort de Josuéâ¯; sâil est raconté ici, câest en rapport avec la mention de lâensevelissement de Josuéâ¯: Ãphraïm posséda dans son territoire ces deux tombes. La relation que nous signalons est expressément indiquée par le mot aussi. Comme Juda possédait Macpéla, avec les corps des patriarches, Ãphraïm eut également sa part des reliques sacrées.
Au récit de la mort du successeur de Moïse est rattaché celui de la mort du successeur dâAaron.
Auquel elle avait été donnée. Si Guibéa était une ville lévitique, on comprend quâon avait pu, par reconnaissance, en donner au souverain sacrificateur toute la partie non occupée par des Lévites. Dans ce cas il faudrait voir dans notre Guibéa soit Guéba (Josué 21.17) en Benjamin, soit Guibbéthon (Josué 21.23) en Ãphraïm, villes désignées comme lévitiques. Josèphe parle dâune ville de Gabatha où se trouvait le sépulcre dâEléazar.
Le livre de Josué est la clôture de lâhistoire patriarcale. La famille dâAbraham, devenue un peuple durant son séjour en Ãgypte, a été mise en possession du lieu de repos que Dieu avait promis à ses pères et où ce peuple devra servir désormais à préparer le salut du monde. Avant de le suivre dans la manière dont il a accompli cette tâche, relevons encore trois objections que lâon a faites fréquemment contre la moralité ou la vérité du récit contenu dans ce livre.
On sâest scandalisé de la guerre dâextermination que Dieu doit avoir ordonnée à son peuple. Mais pour comprendre cette mesure sévère on doit tenir compte de deux chosesâ¯: la première que dès le temps dâAbraham lâexistence de ces peuples, livrés déjà à la plus affreuse corruption (exemple de Sodome et Gomorrhe), nâétait plus quâune affaire de tolérance, comparez Genèse 15.10 où Dieu ditâ¯: Lâiniquité des Amorrhéens nâest pas encore arrivée à son comble. Elle avait atteint le degré fatal. Puis il faut considérer que dans lâétat dâinfirmité morale où était encore Israël, avec ses dispositions à lâidolâtrie, à lâimpureté et aux autres vices dans lesquels croupissaient les Cananéens, Dieu ne pouvait exposer son peuple à une communauté de vie avec eux sans perdre le premier, tout en ne sauvant pas les derniersâ¯; comparez Deutéronome 7.2-4â¯: Tu ne tâallieras point avec eux, tu ne prendras point leurs filles pour tes fils car elles détourneraient tes fils de mon service et ils serviraient dâautres dieux et la colère de lâÃternel sâallumerait contre vous et il tâexterminerait aussitôt. Câest lâidolâtrie et la corruption que Dieu extirpe et non les ennemis dâIsraël, puisquâil extirpera Israël lui-même, si celui-ci vient à se livrer aux mêmes péchés. Ce qui le prouve encore, câest que Dieu distingue expressément, Deutéronome 20.10 et suivants, entre la manière de procéder avec les villes des Cananéens et celles des ennemis étrangers. Un père interdit à son fils la société intime dâun camarade corrompu. Dieu nâavait pas dâautre moyen dâempêcher la communauté de vie entre Israël et les Cananéens, qui occupaient le pays destiné au premier, que de les détruire. Et il avait laissé écouler quatre siècles, jusquâà ce que le jugement fût complètement mérité. Voilà le vrai sens des documents.
On signale en second lieu une contradiction dans le récit. Dâun côté il semble parfois que la conquête soit absolument achevée, de lâautre il est dit quâil reste encore beaucoup à conquérirâ¯; comparez par exemple Josué 21.43-45 et Josué 23.1 avec Josué 23.4. Mais remarquons que deux de ces passages, que lâon dit contradictoires, se trouvent dans le même discours de Josué. Il est donc impossible quâils se contredisent réellement. Il faut seulement ne pas exagérer le sens des expressions employées. En un sens la conquête a eu un caractère soudain et complet, câest-à -dire que les deux grandes batailles, avec les expéditions qui ont suivi immédiatement, ont livré en une seule fois le pays au pouvoir dâIsraël, dans le sens, par exemple, où lâAlgérie était au pouvoir de la France à la suite des premières expéditions par lesquelles fut conquis le pays. Ãtait-ce à dire que la soumission fût complèteâ¯? Non, car les, tribus arabes ont bien des fois depuis lors relevé la tête et la guerre a dû recommencer à plusieurs reprises. De même la conquête de Canaan, à côté de son caractère soudain et immédiat, a eu aussi un caractère progressif. Les Cananéens sâétaient maintenus dans certaines villes fortifiées quâil fallut prendre et reprendre et dans certains districts difficilement accessibles aux Israélites et lors même que ces districts avaient été assignés à telle ou telle tribu, ils étaient loin dâêtre complètement soumis. La guerre générale concernant tout le pays et tout le peuple était achevéeâ¯; mais les guerres particulières concernant les tribus et leurs districts devaient recommencer bientôt après le premier établissement, à moins quâIsraël ne faillit à sa mission.
Enfin lâon découvre une contradiction dans les trois explications différentes qui sont données du fait que Dieu laissa subsister une partie des Cananéens au milieu dâIsraëlâ¯: dâune part il est dit que ce fut pour empêcher la multiplication des bêtes sauvages dans un pays qui autrement fût resté en partie inhabité (Exode 23.29)â¯; dans dâautres passages ce fait est mis sur le compte de la lâcheté et de lâindolence dâIsraël, dans dâautres enfin il est dit que Dieu voulait se servir de la présence de ces peuples pour exercer la fidélité morale et développer les capacités militaires de son peuple. On sâexplique le premier motif quand on considère quâà peu près un quart du peuple sâétait fixé à lâorient du Jourdain et quand on se rappelle ce qui est raconté de la multiplication des bêtes féroces dans la Samarie à la suite de la prise du pays par les Assyriens (2 Rois 17.25).Quant au second et au troisième motif, ils ne se contredisent pas en ce sens que la tolérance des Israélites à lâégard des Cananéens dépassa de beaucoup la mesure dans laquelle lâÃternel aurait consenti à laisser subsister quelques peuplades de ces derniers sur les confins du pays de Canaan et comme voisins dâIsraël. Le peuple aurait dû les détruire dans son propre sein, mais il devait demeurer moralement et militairement en lutte avec eux comme ennemis extérieurs. Malgré lâexistence reconnue de documents divers au moyen desquels a été composé le récit, aucune contradiction réelle ne nous paraît compromettre la vérité des faits racontés dans ce livre.
versets 1-33
Plan du commentaire biblique de Josué 24
Adieux de Josuéâ¯; renouvellement de lâalliance
Moïse, avait terminé son ministère en renouvelant dans les plaines de Moab lâalliance de Sinaï (Deutéronome 29.1 et suivants). Josué de même prend congé de ses frères en scellant tout de nouveau leur alliance avec Dieu.
Verset 1
Toutes les tribusâ¯: celles aussi de lâautre côté du Jourdainâ¯; câétait lâassemblée plénière du peuple et de ses chefs.
à Sichem. Tandis que le lieu où sâétaient réunis les représentants du peuple nâétait pas désigné (Josué 23.2), celui de cette assemblée-ci, beaucoup plus importante, est expressément indiquéâ¯; voir encore verset 25. La localité de Sichem était chère au peuple par des souvenirs récents (Josué 8.30-35) et par les séjours prolongés que les patriarches y avaient faits. Câest à Sichem quâAbraham avait reçu la promesse que sa postérité posséderait Canaan (Genèse 12.6) et que Jacob à son retour de Mésopotamie avait fait disparaître du sein de sa famille les dieux étrangers (Genèse 35.2). Câest à une décision toute pareille que Josué désire amener, en cette grande journée, son peuple tout entier (verset 14).
Devant Dieuâ¯: non sans doute que lâarche eût été transportée de Silo à Sichem, mais par les dispositions de recueillement et dâadoration du peuple et de ses chefs.
Verset 2
Dans la première partie de son discours, Josué signale quatre séries de bienfaits dont Israël a été lâobjetâ¯:
Vos ancêtres. Au lieu de sâarrêter à Abraham, Josué remonte jusquâà Thérach, non seulement parce que, par Nachor, son fils et frère dâAbraham, Thérach était lâancêtre de Rébecca et de Laban, le père de Léa et de Rachel (Genèse. 11.27), mais aussi à cause de ce qui est dit ensuiteâ¯: Ils ont servi dâautres dieux. Lâidolâtrie du père dâAbraham, à laquelle la grâce divine avait arraché celui-ci, nâest nulle part dans le Pentateuque aussi expressément signalée quâici. Genèse 31.19, Genèse 31.53 (note) et Genèse 35.2 sont tout à fait dâaccord avec cette donnée.
Verset 3
Genèse 11.31â¯; Genèse 12.1â¯; Genèse 21.2.
Verset 4
Genèse 25.24-26â¯; Genèse 36.8 (Séir)â¯; Genèse 46.1 (en Ãgypte).
Verset 5
Exode 3.10 (Moïse)â¯; Exode 4.14 (Aaron).
Je frappai lâÃgypte. Exode chapitres 7 à 11.
Ainsi que je lâai faitâ¯: formule sommaire qui rend tout détail superflu. Voir une formule analogue Deutéronome 1.46.
Verset 6
Vers la merâ¯: Exode 14.10.
Les Ãgyptiensâ¦â¯: Exode 14.9.
Verset 7
Et ils crièrentâ¯: Exode 14.10.
Ténèbresâ¯: Exode 14.20.
Il fit venir sur eux la merâ¯: Exode 14.27.
Vos yeux ont vuâ¯: Exode 14.30.
Dans le désertâ¯: Nombres 14.33.
Verset 8
Au pays des Amorrhéensâ¯: Nombres 21.21-35.
Verset 9
Fit la guerreâ¯: non à la lettre et par les armes, car il fut arrêté par la crainte que lui inspirèrent les bénédictions de Balaam sur Israëlâ¯; mais par lâappel même de ce devin qui devait procurer à ses armées la bénédiction divine. On objecte Deutéronome 2.9, où il est dit que Dieu avait défendu à Israël de conquérir le territoire des Moabitesâ¯; mais ce quâIsraël conquit sur eux nâétait plus leur territoire, mais celui que Sihon, roi des Amorrhéens, leur avait récemment pris (voir la note). Quant à Juges 11.25, quâon objecte également, voir à ce passage.
Verset 10
Point écouter Balaam (Deutéronome 23.5). Dieu ne céda point aux sollicitations du devin qui cherchait à se le rendre favorable par ses sacrifices (Nombres 23.1, note).
Je vous délivrai de sa mainâ¯: de la main de Balak, qui finit par ne pas faire la guerre à Israël.
Verset 11
Combattirent contre vousâ¯: par leur résistance armée.
Josué 3.10, mêmes peuplades, mais dans un ordre différent.
Verset 12
Les frelonsâ¯: voir Exode 23.28 et Deutéronome 7.20, notes.
Les deux rois des Amorrhéens. Il y a dans le texte simplement ces mots. Nous ajoutonsâ¯: comme jâavais fait. Lâexemple de ces deux rois est particulièrement rappelé, parce quâil nây en avait pas alors, dans la contrée à lâoccident du Jourdain, dâaussi puissants que ces deux-là . Voir, Josué chapitre 12, le grand nombre des rois qui se partageaient alors la contrée à lâouest du Jourdain et de la mer Morte.
Ni par ton épée, ni par ton arcâ¯: Psaumes 44.4.
Verset 13
Deutéronome 4.10.
Verset 14
Seconde partie du discours (14-15)
Câest lâapplication de la première.
Et maintenant⦠Obligations imposées par de tels bienfaits.
En intégritéâ¯: de tout votre cÅurâ¯; en véritéâ¯: sans hypocrisie.
Ãtez les dieux. Lâidolâtrie existait toujours en secret, comme autrefois dans la famille de Jacob (Genèse 35.2)â¯; comparez verset 23â¯; Amos 5.26â¯; Ãzéchiel 20.7â¯; Ãzéchiel 20.18â¯; Ãzéchiel 20.21â¯; Ãzéchiel 23.8â¯; Lévitique 17.7, note.
Verset 15
Choisissez aujourdâhuiâ¯: 1 Rois 18.21.
Verset 16
Réponse du peuple (16-18)
Verset 17
Début du verset, comparez Exode 20.2.
Fin du verset et suivantâ¯: Retour à lâidée du commencement, celle des bienfaits.
Verset 18
Et les Amorrhéens. Ici aussi, comme au verset 12, ces ennemis sont mentionnés à part à cause de leur puissance.
Nous aussi, comme toi (verset 15).
Verset 19
Réplique de Josué (19-10)
Vous ne pouvez servir⦠Josué craint quâIsraël ne sâengage trop légèrement et sans sâêtre rendu compte de sa propre faiblesse. Il lui rappelle toute la difficulté et même lâimpossibilité, au point de vue des forces naturelles, de satisfaire aux exigences dâun Dieu si saint, non pour quâil renonce à sâengager à son service, mais pour quâil ne le fasse quâen sâappuyant sur son secours et quâen rompant avec tout culte étranger.
Verset 20
Il changeraâ¯: de conduite envers vous. Dieu ne change pas en réalité, quand, lâhomme venant à changer, il change sa relation avec luiâ¯; comparez 2 Timothée 2.13.
Verset 21
Conclusion (21-28)
Israël refuse dâéchapper par cette porte de lâapostasie que Josué ouvre devant luiâ¯; comparez Jean 6.67 et suivants.
Verset 22
Ce solennel entretien aboutit en quelque sorte à un acte judiciaire.
Vous êtes témoins⦠Câest comme si Josué voulait direâ¯: Jâai entendu souvent vos frères se plaindre de ce quâon les avait obligés contre leur gré à sortir dâÃgypteâ¯; si jamais vous veniez à prétendre aussi que je vous ai obligés contre votre gré à servir lâÃternel seul, vous serez les meilleurs témoins à citer contre vous-mêmes.
Verset 23
Début du verset, voir verset 14.
Vos cÅursâ¯: Deutéronome 6.5.
Verset 25
Des prescriptions et des ordonnances. Mêmes termes que Exode 25.25. Comparez la note, qui sâapplique aussi à la situation actuelle du peuple.
Verset 26
Ãcrivit ces parolesâ¯: tout ce qui sâest dit de la part du peuple dans cette grande journée de Sichem.
Au livre de la loi de Dieuâ¯: Deutéronome 31.26. à tout ce que Moïse avait consigné dans un livre (Josué 8.31.33.6), Josué ajouta ce quâà la suite de cette scène il trouva bon dâen consigner lui-même.
Sous le chêneâ¯: Genèse 12.6â¯; Deutéronome 11.30, notes.
Qui était dans lâendroit consacré à lâÃternel. Il y avait là à Sichem une localité consacrée par les événements qui sây étaient passés (Genèse 12.6â¯; Genèse 33.20â¯; Genèse 35.4 et plus récemment Josué 8.33 et suivants). Le voyageur Tristram a trouvé au pied du Garizim un enfoncement dans le rocher, de forme carrée, que les Mahométans appellent aujourdâhui le Pilier et dans lequel ils disent que se trouve une colonne dressée. Eux seuls ont le droit dây entrer. Deux siècles après Josué, il est parlé (Juges 9.6) du chêne du monument qui est dressé à Sichem. Les Samaritains affirment que câest là lâemplacement de la grande pierre que Josué dressa selon notre passage. Le mot de chêne doit être pris ici dans le sens collectif dans lequel il désigne un bois de chêneâ¯; comparez Genèse 12.6, note.
Verset 27
Elle a entendu. Les Orientaux aiment les expressions hardiesâ¯: la terre dévore ses habitantsâ¯; elle rejette les impiesâ¯; le sang dâAbel, les crimes de Sodome, la rouille de lâargent des avares, les pierres crient à Dieu.
Afin que vous ne reniiez pas. Josué ne dit pas seulementâ¯: si vous venez à renierâ¯; mais cette menace doit prévenir le reniement.
Verset 28
Josué congédie le peuple sans se donner un successeur. Désormais câest aux autorités légalement instituées en Israël à le diriger. Cependant sa présence même dans cette retraite, exerce encore une influence bienfaisante (verset 31).
Verset 29
Mort et ensevelissement de Josué et dâEléazar (29-33)
Cent et dix ansâ¯: comme Joseph, son aïeul, Genèse 50.26.
Thimnath-Sérahâ¯: Josué 19.50. Guérin a retrouvé en 1863, à 10 km de marche au nord de Gifné (Gofna), des ruines considérables appelées Dibneh ou Tibneh. En face de la colline qui porte ces ruines se trouve une montagne dont les flancs recèlent plusieurs excavations sépulcrales. La huitième dâentre elles consiste en un vestibule oblong taillé dans le rocher et soutenu par quatre piliers, sans autre ornement quâune simple moulure dans la partie supérieure. Les parois en sont percées de 288 petites niches disposées pour recevoir des lampes dans le but de lâilluminer. Ces parois sont percées aussi de quatorze fours destinés à recevoir des cercueils et dâun quinzième, placé en face de lâentrée qui sâouvre sur une petite chambre sépulcrale évidemment destinée à recevoir le corps du chef de la famille à laquelle cette crypte était consacré. Ce sépulcre ne pouvait être destiné quâa un défunt illustre, et, la localité répondant pour le nom et la situation à celle dont parle notre récit (Tibné = Thimna), il est bien probable que câest là le tombeau de Josué. Un fait curieux a confirmé plus récemment ce rapprochement. Il est dit, non dans le texte hébreu, mais dans la traduction des Septante, à deux reprises, quâon déposa dans le sépulcre de Josué les couteaux de pierre avec lesquels il avait circoncis le peuple à Guilgal. Or en 1870 lâabbé Richard a trouvé, dans les casiers de la chambre funéraire et dans les débris dont elle est remplie, une quantité de couteaux en silex. Il en a trouvé également en dehors de cette chambre, dans le vestibule et devant le vestibule et il a constaté la ressemblance de ces couteaux avec ceux quâil avait recueillis dans la plaine du Jourdain, à Guilgal, où eut lieu la circoncision du peuple.
Verset 32
Avaient emportés dâÃgypteâ¯: Genèse 50.25â¯; Exode 13.19.
Dans la pièce de terreâ¯: Genèse 33.19. Jacob lâavait spécialement léguée à Josephâ¯: Genèse 48.22â¯; voir note.
Les reçurent en propriété. Il ne faut pas traduire contre le texteâ¯: la reçurent. Comme la pièce de terre était dans le territoire des fils de Joseph, il nây avait plus à la leur donnerâ¯; il sâagit bien plutôt des os de Joseph (malgré le genre masculin du pronom les et le genre féminin du mot os en hébreu). Ce sens explique en même temps la place de cette notice. Ce dépôt des os de Joseph avait eu lieu sans doute bien avant la mort de Josuéâ¯; sâil est raconté ici, câest en rapport avec la mention de lâensevelissement de Josuéâ¯: Ãphraïm posséda dans son territoire ces deux tombes. La relation que nous signalons est expressément indiquée par le mot aussi. Comme Juda possédait Macpéla, avec les corps des patriarches, Ãphraïm eut également sa part des reliques sacrées.
Verset 33
Au récit de la mort du successeur de Moïse est rattaché celui de la mort du successeur dâAaron.
Auquel elle avait été donnée. Si Guibéa était une ville lévitique, on comprend quâon avait pu, par reconnaissance, en donner au souverain sacrificateur toute la partie non occupée par des Lévites. Dans ce cas il faudrait voir dans notre Guibéa soit Guéba (Josué 21.17) en Benjamin, soit Guibbéthon (Josué 21.23) en Ãphraïm, villes désignées comme lévitiques. Josèphe parle dâune ville de Gabatha où se trouvait le sépulcre dâEléazar.
Conclusion
Le livre de Josué est la clôture de lâhistoire patriarcale. La famille dâAbraham, devenue un peuple durant son séjour en Ãgypte, a été mise en possession du lieu de repos que Dieu avait promis à ses pères et où ce peuple devra servir désormais à préparer le salut du monde. Avant de le suivre dans la manière dont il a accompli cette tâche, relevons encore trois objections que lâon a faites fréquemment contre la moralité ou la vérité du récit contenu dans ce livre.
On sâest scandalisé de la guerre dâextermination que Dieu doit avoir ordonnée à son peuple. Mais pour comprendre cette mesure sévère on doit tenir compte de deux chosesâ¯: la première que dès le temps dâAbraham lâexistence de ces peuples, livrés déjà à la plus affreuse corruption (exemple de Sodome et Gomorrhe), nâétait plus quâune affaire de tolérance, comparez Genèse 15.10 où Dieu ditâ¯: Lâiniquité des Amorrhéens nâest pas encore arrivée à son comble. Elle avait atteint le degré fatal. Puis il faut considérer que dans lâétat dâinfirmité morale où était encore Israël, avec ses dispositions à lâidolâtrie, à lâimpureté et aux autres vices dans lesquels croupissaient les Cananéens, Dieu ne pouvait exposer son peuple à une communauté de vie avec eux sans perdre le premier, tout en ne sauvant pas les derniersâ¯; comparez Deutéronome 7.2-4â¯: Tu ne tâallieras point avec eux, tu ne prendras point leurs filles pour tes fils car elles détourneraient tes fils de mon service et ils serviraient dâautres dieux et la colère de lâÃternel sâallumerait contre vous et il tâexterminerait aussitôt. Câest lâidolâtrie et la corruption que Dieu extirpe et non les ennemis dâIsraël, puisquâil extirpera Israël lui-même, si celui-ci vient à se livrer aux mêmes péchés. Ce qui le prouve encore, câest que Dieu distingue expressément, Deutéronome 20.10 et suivants, entre la manière de procéder avec les villes des Cananéens et celles des ennemis étrangers. Un père interdit à son fils la société intime dâun camarade corrompu. Dieu nâavait pas dâautre moyen dâempêcher la communauté de vie entre Israël et les Cananéens, qui occupaient le pays destiné au premier, que de les détruire. Et il avait laissé écouler quatre siècles, jusquâà ce que le jugement fût complètement mérité. Voilà le vrai sens des documents.
On signale en second lieu une contradiction dans le récit. Dâun côté il semble parfois que la conquête soit absolument achevée, de lâautre il est dit quâil reste encore beaucoup à conquérirâ¯; comparez par exemple Josué 21.43-45 et Josué 23.1 avec Josué 23.4. Mais remarquons que deux de ces passages, que lâon dit contradictoires, se trouvent dans le même discours de Josué. Il est donc impossible quâils se contredisent réellement. Il faut seulement ne pas exagérer le sens des expressions employées. En un sens la conquête a eu un caractère soudain et complet, câest-à -dire que les deux grandes batailles, avec les expéditions qui ont suivi immédiatement, ont livré en une seule fois le pays au pouvoir dâIsraël, dans le sens, par exemple, où lâAlgérie était au pouvoir de la France à la suite des premières expéditions par lesquelles fut conquis le pays. Ãtait-ce à dire que la soumission fût complèteâ¯? Non, car les, tribus arabes ont bien des fois depuis lors relevé la tête et la guerre a dû recommencer à plusieurs reprises. De même la conquête de Canaan, à côté de son caractère soudain et immédiat, a eu aussi un caractère progressif. Les Cananéens sâétaient maintenus dans certaines villes fortifiées quâil fallut prendre et reprendre et dans certains districts difficilement accessibles aux Israélites et lors même que ces districts avaient été assignés à telle ou telle tribu, ils étaient loin dâêtre complètement soumis. La guerre générale concernant tout le pays et tout le peuple était achevéeâ¯; mais les guerres particulières concernant les tribus et leurs districts devaient recommencer bientôt après le premier établissement, à moins quâIsraël ne faillit à sa mission.
Enfin lâon découvre une contradiction dans les trois explications différentes qui sont données du fait que Dieu laissa subsister une partie des Cananéens au milieu dâIsraëlâ¯: dâune part il est dit que ce fut pour empêcher la multiplication des bêtes sauvages dans un pays qui autrement fût resté en partie inhabité (Exode 23.29)â¯; dans dâautres passages ce fait est mis sur le compte de la lâcheté et de lâindolence dâIsraël, dans dâautres enfin il est dit que Dieu voulait se servir de la présence de ces peuples pour exercer la fidélité morale et développer les capacités militaires de son peuple. On sâexplique le premier motif quand on considère quâà peu près un quart du peuple sâétait fixé à lâorient du Jourdain et quand on se rappelle ce qui est raconté de la multiplication des bêtes féroces dans la Samarie à la suite de la prise du pays par les Assyriens (2 Rois 17.25).Quant au second et au troisième motif, ils ne se contredisent pas en ce sens que la tolérance des Israélites à lâégard des Cananéens dépassa de beaucoup la mesure dans laquelle lâÃternel aurait consenti à laisser subsister quelques peuplades de ces derniers sur les confins du pays de Canaan et comme voisins dâIsraël. Le peuple aurait dû les détruire dans son propre sein, mais il devait demeurer moralement et militairement en lutte avec eux comme ennemis extérieurs. Malgré lâexistence reconnue de documents divers au moyen desquels a été composé le récit, aucune contradiction réelle ne nous paraît compromettre la vérité des faits racontés dans ce livre.