Mais il reste à expliquer les derniers mots du verset. Calvin et après lui nos anciennes versions, ont traduit ces paroles par lâactifâ¯: «â¯car la lumière manifeste toutâ¯Â». Mais la phrase de lâoriginal ne peut se rendre autrement que nous ne lâavons fait dans le texte.
Grecâ¯: «â¯Il ditâ¯Â». Quiâ¯? Câest bien là une formule par laquelle Paul cite souvent lâÃcritureâ¯; mais ces paroles, du moins telles quâil les cite, ne sây trouvent pas.
Selon le principe de la soumission mutuelle, les femmes doivent être soumises à leurs maris, comme lâÃglise lâest à Christ, son Chef et son Sauveur (21-24).
Informations bibliographiques bibliography-text="Commentaire sur Ephesians 5". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/ephesians-5.html.
versets 1-33
Plan du commentaire biblique de Ephésiens 5
Exhortations à une vie sainte
Soyez imitateurs de Dieu et marchez dans la charité, à lâexemple de Christ qui sâest livré pour nous (1, 2).
Que les vices du paganisme ne soient pas même nommés parmi vous ; évitez les paroles malhonnêtes ; quâon entende plutôt des actions de grâce, car ceux qui sâadonnent au mal sont exclus du royaume de Dieu et câest pour ces choses que sa colère vient sur les rebelles (3-7).
Nâayez donc aucune participation avec eux, car étant passés des ténèbres à la lumière, vous devez marcher dans cette lumière, et, loin de participer aux Åuvres de ténèbres, les reprendre, afin que votre lumière manifeste au grand jour ce qui se fait dans les ténèbres ; câest pourquoi un cri de réveil retentit parmi vous (8-15).
Préceptes destinés à appliquer la règle précédenteâ¯: Se conduire avec prudence et sagesse ; racheter le temps ; ne point sâenivrer de vin, mais être rempli de lâEsprit, dont la sainte joie sâexprime par des chants religieux et des actions de grâces (16-20).
Verset 1
Exhortations à une vie sainte (1-20)
Verset 2
Ces deux premiers versets nâauraient pas dû être séparés du chapitre précédent auquel ils appartiennent (voyez Ãphésiens 4.32 note).
Après avoir dit là que le pardon de Dieu est pour nous la règle et la source du pardon que nous accordons à nos frères, lâapôtre insiste ici sur cette pensée, en nous exhortant à imiter Dieu dans sa miséricordeâ¯; des enfants bien-aimés doivent ressembler à leur Père.
Puis il rappelle à notre cÅur un motif tout-puissant de marcher ainsi dans la charitéâ¯: câest lâimmense amour dont Christ nous a aimés et quâil a manifesté en donnant sa vie pour nous (comparer Jean 15.13â¯; Romains 5.8 et suivantsâ¯; Galates 2.20).
Ce grand sacrifice, Paul lâenvisage sous un double aspect, en le désignant comme une oblation et comme un sacrifice sanglant. Christ a offert lâun et lâautreâ¯: la première en offrant à Dieu le sacrifice de sa volonté, de son obéissance jusquâà la mort, ce qui était le devoir de tous les hommesâ¯; le second, en portant sur la croix la peine de leurs péchés. Par le premier de ces sacrifices, il nous a tracé la voie où nous devons le suivre et nous en a rendus capablesâ¯; par le second, il nous a délivrés de la condamnation que nous avions méritée (comparer Romains 12.1 noteâ¯; 2 Corinthiens 5.15, note).
Si ce double sacrifice de lâamour du Sauveur a été agréable à Dieu (Grecâ¯: «â¯en odeur de bonne senteur â¯Â»â¯; comparez Genèse 8.21â¯; Lévitique 1.9â¯; Lévitique 2.12-16 etc.), Dieu aura aussi pour agréables les sacrifices que nous lui offrirons en pardonnant à nos frères dans ce même esprit de charité qui était en Christ (Matthieu 18.33â¯; 1 Jean 4.11â¯; Matthieu 5.23 et suivants).
Verset 3
Ce titre de saints (Romains 1.7, note), qui rappelle sans cesse aux chrétiens ce quâils doivent être, est bien propre à leur faire sentir aussi que même le nom de ces vices, ou le moindre soupçon quâils puissent y avoir part, forme une contradiction criante avec leur destination.
Verset 4
Sâil faut que toute la vie du chrétien soit une oblation de reconnaissance à Dieu (Ãphésiens 5.2, note), ses paroles aussi doivent exprimer le même sentiment de son cÅur et être consacrées à Dieu par des actions de grâces (Colossiens 3.17).
Le mot que nous rendons ici par malhonnêteté, peut sâentendre soit de paroles soit de choses ou dâactions déshonnêtes.
Les bouffonneries sont (littéralement) des paroles folles. Dans cette association dâidées, la plaisanterie nâest condamnée que quand elle devient inconvenante et mauvaise.
Verset 5
Lâapôtre, en prononçant cette exclusion absolue (comparerâ¯: Galates 5.21), en appelle à la conscience de ses lecteursâ¯: vous savez.
Sur lâassociation de ces deux termes impur et avare, ici et Ãphésiens 5.3, voyez Ãphésiens 4.19, note. Lâapôtre relève par là le caractère charnel de lâavariceâ¯; ce terme désigne, comme partout dans lâÃcriture, lâamour de lâargent.
Lâavare est un idolâtre, parce quâil fait de son argent son dieu. Plusieurs interprètes pensent que cette épithète sâapplique aux trois vices mentionnés dans ce verset. Cela nâest point nécessaireâ¯; le passage parallèle des Colossiens (Colossiens 3.5) lâindique clairement.
Les commentateurs se divisent, sans distinctions dâécoles et de partis, sur la question de savoir sâil faut traduireâ¯: «â¯le royaume de Christ et de Dieuâ¯Â» ou «â¯le royaume du Christ et Dieuâ¯Â».
Dans le premier cas, Paul désignerait deux personnes, Jésus-Christ et Dieu le Pèreâ¯; dans le second, une seule personne, le Christ, auquel il attribuerait lâépithète de Dieu.
Cette dernière interprétation se base sur le fait que, dans le texte grec, lâarticle qui se trouve devant Christ nâest pas répété devant Dieu et que ces deux termes semblent ainsi étroitement unis. Ce serait la même construction que dans ces mots «â¯notre Dieu et Pèreâ¯Â» (Ãphésiens 5.20â¯; 1 Corinthiens 15.24). Comparer 2.13, note. Mais ni la grammaire ni lâanalogie de ces passages ne sauraient trancher la question dâune manière certaine. On remarque, en effet, que la répétition de lâarticle nâest pas indispensable quand deux termes consécutifs doivent désigner des personnes différentes (Marc 15.1 en grec)â¯; que Christ et Dieu sont devenus des noms propres et que dans une énumération de noms propres on met lâarticle seulement devant le premier (Actes 1.13).
Quoi quâil en soit, lâunité ineffable du Père et du Fils est exprimée dans ces paroles et lâintention de lâapôtre est évidenteâ¯: en prononçant avec tant de sérieux contre tous les hommes vicieux quâil vient de nommer une exclusion absolue du royaume de Christ, il se sent pressé dâajouter que ce royaume nâest pas celui dâun homme, dâune créature, mais que câest de la communion avec Dieu que se prive le pécheur impénitent (1 Corinthiens 6.10).
Verset 6
Voyez sur ce dernier mot Ãphésiens 2.2, note.
Les vains discours, paroles vides, contre lesquelles lâapôtre met en garde ses lecteurs, ne sont pas seulement les discours mauvais quâil vient dâinterdire (Ãphésiens 4.29 et suivantsâ¯; Ãphésiens 5.3 et suivants)â¯; mais aussi et surtout les vains sophismes par lesquels on voudrait persuader à soi-même et aux autres que Dieu ne punit pas, que sa colère ne vient pas sur les péchés dont il est ici question (Ãphésiens 5.6).
Verset 7
Cette exhortation, si importante pour la vie chrétienne, est développée et motivée dans les versets qui suiventâ¯; en quelques traits profonds lâapôtre relève le contraste absolu quâil y a entre lâétat précédent des Ãphésiens dans le paganisme et leur position actuelle dans lâÃvangileâ¯; câest ce quâindique le car (Ãphésiens 5.8).
Verset 10
Ce nâest pas seulement par sa pureté et son élévation que la morale de lâÃvangile se distingue de toute autre, mais surtout par ses motifs.
Ainsi, tant que les Ãphésiens étaient ténèbres (Ãphésiens 4.18 et ci-dessous Ãphésiens 5.11), ils pouvaient trouver dans cet état une excuse à une vie de péchéâ¯; ils étaient alors dans la plus profonde ignorance, en communion avec le prince des ténèbres, appartenant à son royaumeâ¯; mais maintenant, étant en communion avec Celui qui est la lumière (Jean 1.4), ils sont devenus lumière, câest-à -dire que non seulement lâEsprit de Dieu les a éclairés, eux, mais quâils peuvent et doivent refléter pour dâautres cette lumière (Matthieu 5.14â¯; Philippiens 2.15).
De là , lâobligation absolue de marcher comme des enfants de lumière (Ãphésiens 5.8), et dâexaminer ce qui est agréable au Seigneur, afin de ne plus sây tromper (Ãphésiens 5.10) Paul relève ailleurs le même contraste pour exhorter à une vie sainte (1 Thessaloniciens 5.4 et suivantsâ¯; 2 Corinthiens 6.14 et suivants).
à Ãphésiens 5.9, lâapôtre indique entre parenthèses quelques fruits de cette lumière (et non fruits de lâesprit comme dit le texte reçu). La lumière produit dans les caractères quâelle pénètre tout ce qui est moralement bon, juste et vrai, par opposition au mal, à lâinjustice, au mensonge, qui sont le fond du paganisme.
Verset 11
Les Åuvres des ténèbres sont toutes celles que lâhomme fait avant dâêtre devenu «â¯lumière dans le Seigneur â¯Â»â¯ (Ãphésiens 5.8)â¯; elles sont infructueuses, parce quâelles ne produisent aucun des fruits de la lumière indiqués à Ãphésiens 5.9.
Toutefois, lâapôtre a en vue ici des péchés positifs (Ãphésiens 5.12), à lâégard desquels le chrétien nâa pas mis encore toute sa responsabilité à couvert, par cela seul quâil nây prend lui-même aucune partâ¯; il faut quâil les reprenne. Dans quel butâ¯? Lâapôtre répond Ãphésiens 5.13.
Verset 12
Les choses quâils font en secret sont «â¯les Åuvres des ténèbresâ¯Â» (Ãphésiens 5.11), qui méritent ainsi ce nom dans tous les sens, au physique comme au moral (1 Thessaloniciens 5.7).
En disant quâil est honteux même dâen parler, lâapôtre veut faire ressortir la grandeur et lâodieux de ces péchés et par là même la nécessité de les reprendre. Comment cela se peut et quel fruit on doit en attendre, câest ce quâil expose au verset suivant.
Verset 13
Quelque secrètes que soient ces Åuvres, quelque difficile quâil soit dâen parler (Ãphésiens 5.12), dès quâelles sont reprises avec la fermeté et le courage de la charité, elles sont manifestées par la lumière dans laquelle elles sont placées (Ãphésiens 5.13), confondues par elle, car elles ne sauraient subsister quâà la faveur des ténèbres (Jean 3.20). On peut traduire aussiâ¯: «â¯Toutes ces choses étant reprises par la lumière sont manifestéesâ¯Â». Le sens est le même.
Mais il reste à expliquer les derniers mots du verset. Calvin et après lui nos anciennes versions, ont traduit ces paroles par lâactifâ¯: «â¯car la lumière manifeste toutâ¯Â». Mais la phrase de lâoriginal ne peut se rendre autrement que nous ne lâavons fait dans le texte.
Que veut donc dire lâapôtreâ¯? Prenant les choses dans leur profonde réalité, il voit dans cette manifestation des Åuvres de ténèbres, dont il vient de parler, une action de lâEsprit de Dieu qui amène le pécheur à se connaître lui-même tel quâil estâ¯: il le voit repentant, changé, gagné à la communion de la lumière, devenant en un mot lumière, dans le même sens quâaux Ãphésiens 5.8. Tout ce qui est ainsi repris, convaincu de péché (Jean 16.8, où se trouve le même mot), manifesté au grand jour de la vérité, devient lumière.
Quel motif pour les enfants de lumière de sâadonner à cette Åuvre de fidélité et de charitéâ¯!
Le sens que nous venons dâindiquer est confirmé par le verset suivant, qui insiste sur le devoir de la répréhension (câest pourquoi) et qui renferme un appel au pécheur et la promesse de la lumière.
Verset 14
Grecâ¯: «â¯Il ditâ¯Â». Quiâ¯? Câest bien là une formule par laquelle Paul cite souvent lâÃcritureâ¯; mais ces paroles, du moins telles quâil les cite, ne sây trouvent pas.
Par cette raison plusieurs ont pensé que lâapôtre les a tirées dâun cantique chrétien chanté dans les Ãglises, ce qui pourrait très bien être.
Dâautres font émaner la citation de quelque livre apocryphe inconnu, ce qui serait contraire à toutes les habitudes de lâapôtre.
Si lâon considère, toutefois, quâil lui arrive assez fréquemment de rassembler des paroles éparses de lâÃcriture, dâen former une pensée qui rend lâesprit de ces passages et de lâapproprier aux besoins de ses lecteurs (comparez Romains 10.6-8â¯; Romains 14.11â¯; 1 Corinthiens 1.19â¯; Ãphésiens 4.8-10), il est possible de retrouver ici le même procédé. «â¯Réveille-toi, réveille-toi, Sion, lève-toi, sois éclairée, car ta lumière est venue et la gloire de lâÃternel sâest levée sur toi â¯Â»â¯! (Ãsaïe 52.1â¯; Ãsaïe 60.1â¯; comparez Ãsaïe 26.19)
Voilà bien la pensée de lâapôtreâ¯; et si dans cette lumière il voit Christ, il est en pleine harmonie avec le prophète qui désignait certainement par ce terme la venue du Messie. Cependant il faut envisager de tels passages plutôt comme des imitations que comme des citations textuelles de Ãcriture, qui nâétaient point dans lâintention de lâapôtre.
Verset 16
Ce précepte est une application spéciale de la sagesse recommandée à Ãphésiens 5.15. Il sâagit moins ici du temps en général et du bon emploi à en faire, que de lâoccasion opportune à saisir avec sagesse pour agir et pour pratiquer le bien.
Le fidèle trouve toujours un puissant motif de remplir ce devoir dans la pensée quâil vit en des jours mauvais, câest-à -dire dans un temps où le péché règne avec puissance, où la piété se relâche, où lâopposition du monde se renforce, ce qui rend plus rares les occasions et la possibilité de faire le bien (2 Timothée 3.1â¯; Colossiens 4.5â¯; 1 Corinthiens 7.29-31).
Verset 17
Comprendre, à chaque moment donné, quelle est la volonté du Seigneur, câest la vraie sagesse (Ãphésiens 5.15), et le seul moyen de «â¯racheter lâoccasionâ¯Â» (1 Corinthiens 14.20â¯; Colossiens 4.5).
Verset 18
Sans autre liaison que ce et, lâapôtre cite ici un frappant exemple de cette inintelligence de la volonté du Seigneur (Ãphésiens 5.17), lâabus du vinâ¯!
Contraste remarquableâ¯: à la dissolution qui résulte de lâivresse (comparez Luc 21.34), au vide affreux quâelle laisse après elle, bien que souvent lâhomme insensé y cherche une force factice, une fausse joie et lâoubli de ses peines, lâapôtre oppose la plénitude, la force, la joie de lâEsprit-Saint.
«â¯Ils seront rassasiés (Hébâ¯Â».ivres«â¯) des biens de ta maison et tu les abreuveras au fleuve de tes délicesâ¯Â» (Psaumes 36.9â¯; comparez Ãsaïe 65.13). De là , la confusion de ces deux ivresses faite par lâignorance et lâincrédulité des moqueurs (Actes 2.13â¯; Actes 2.15-16).
Verset 19
Toute joie de lâEsprit divin (Ãphésiens 5.18), parvenue à un certain degré, sâexprime par le chant. Cette joie ne peut pas et ne doit pas se renfermer au dedans (Jacques 5.13).
En prenant son essor dans des chants religieux pleins de sentiment, de spiritualité, dâintimité, elle se communique à dâautres, devient un puissant moyen dâédification et contribue à la gloire de Dieu.
On voit par cette exhortation que le chant fut en usage chez les fidèles dès les premiers jours de lâÃglise. Pline écrivait à lâempereur Trajan, en lui rendant compte des mÅurs des chrétiensâ¯: «â¯Ils chantent entre eux des cantiques à Christ comme à leur Dieuâ¯Â». Ils se servaient sans doute pour cela des psaumes de la Bible, auxquels lâEsprit donnait une vie nouvelleâ¯; mais lâapôtre mentionne aussi dâautres chants religieux sous les noms dâhymnes et de cantiques spirituels (odes), qui malheureusement ne sont pas parvenus jusquâà nous.
Câest surtout dans les temps de réveil et de plénitude de lâEsprit que lâÃglise chanteâ¯; on peut assez bien juger de son état spirituel par les cantiques quâelle produit (comparer Colossiens 3.16â¯; 1 Corinthiens 14.15â¯; 1 Corinthiens 14.26).
Verset 20
Si la joie nâest pas toujours dans le cÅur, un autre sentiment, qui sâexprime aussi par le chant, ne doit jamais faire défaut, câest la reconnaissance, qui pousse à lâaction de grâce.
Celle-ci doit se produire toujours, pour toutes choses, même pour celles qui, au premier abord, sont des sujets de tristesse, parce que lâenfant de Dieu sait que toutes les dispensations de son Père céleste envers lui sont des pensées de paix et dâamour.
Rendre grâce à Dieu notre Père (Grecâ¯: au Dieu et Père) au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, câest se consacrer à Dieu, comme lui, en sacrifice vivant et saint, dans tout ce que lâon dit ou fait (Colossiens 3.17)â¯; câest offrir à Dieu par Christ tout ce que lâon a reçu de lui en Christ, comme si Christ lui-même bénissait Dieu en nous, par la puissance de sa Rédemption et de son Esprit.
Selon lâÃcriture le chrétien est devant Dieu identifié avec son Sauveur, en sorte que tous ses rapports avec Dieu, le pardon, la réconciliation, la prière, lâaction de grâce, la confiance, lâamour ont Christ pour Médiateur.
Verset 21
La famille, lâunion de Christ et de lâÃglise, modèle de lâunion des époux chrétiens
Selon le principe de la soumission mutuelle, les femmes doivent être soumises à leurs maris, comme lâÃglise lâest à Christ, son Chef et son Sauveur (21-24).
Les maris doivent aimer leurs femmes, comme Christ a aimé lâÃglise et sâest dévoué pour elle à la mort, afin de la purifier et dâen faire une Ãglise glorieuse, sainte, irrépréhensible (28-27).
En aimant ainsi sa femme comme un autre lui-même, en prenant dâelle un tendre soin, le mari imite le Seigneur, qui est si intimement uni à lâÃglise, quâelle est chair de sa chairâ¯: telle doit être lâunion des époux, à laquelle cèdent tous les autres liens, même ceux qui unissent à père et à mère (28-31).
Le mystère de lâunion de Christ et de son Ãglise doit donc se réaliser dans lâamour du mari et dans le respect de la femme (32, 33).
Dâaprès une variante que présentent les manuscrits, il faut lire iciâ¯: dans la crainte de Christ, au lieu de la leçon du texte reçuâ¯: dans la crainte de Dieu.
La dépendance où tous les chrétiens sont de Christ, leur Roi souverain, au nom duquel ils rendent grâces Dieu (Ãphésiens 5.20), les oblige à se soumettre les uns aux autres dans toutes les relations de la vie de famille et de sociétéâ¯; non seulement elles ont été instituées par lui, mais elles doivent être pénétrées de son espritâ¯; nous devons nous y comporter en regardant sans cesse à lui. Lâapôtre va énumérer ces relations jusquâà Ãphésiens 6.9.
Le texte grec ditâ¯: «â¯Vous soumettant les uns aux autresâ¯Â», ce participe clôt la série des participes qui précèdent (depuis le Ãphésiens 5.16) et montre en même temps que ce principe ainsi énoncé sert de motif aux exhortations qui suivent.
Ce verset Ãphésiens 5.21 se lie donc intimement à ce qui précède et à ce qui suit, comme une transition pleine de sensâ¯: à ce qui précède, parce que la reconnaissance envers Dieu, au nom de Jésus-Christ (Ãphésiens 5.20), inspire pour ce bon Maître une crainte pleine de confiance et dâamourâ¯; à ce qui suit, parce que cette crainte devient la source du respect, de la déférence, de la soumission qui doit régner dans toutes les relations de la vie auxquelles Christ préside.
De là , toutes les exhortations suivantes sur ces rapports mutuels, rapports dâautant plus importants quâils remplissent toute la vie et en font le tissu journalierâ¯; dâautant plus dignes de lâattention de lâapôtre, que les devoirs réciproques des inférieurs et des supérieurs sont au nombre des plus difficiles à bien remplir.
Si, dâune part, celui qui commande est sans cesse tenté dâabuser de son autorité, dâautre part, se soumettre et obéir est tout à fait contraire aux penchants orgueilleux du cÅur de lâhomme.
Plein de cette dernière pensée et par un égard délicat pour les inférieurs, Paul leur rappelle à eux dâabord le devoir de la soumissionâ¯: à la femme (Ãphésiens 5.22), aux enfants (Ãphésiens 6.1), aux serviteurs (Ãphésiens 6.5). Câest ainsi quâil individualise son précepte généralâ¯: «â¯Soumettez-vous les uns aux autresâ¯Â».
Mais, sâils doivent se soumettre et obéir à cause de Christ et comme à Christ que les supérieurs représentent, ceux-ci, à leur tour, sont tenus dâexercer leur autorité selon le même sublime principe et ainsi les uns et les autres doivent se rencontrer dans une soumission commune au commun Maître. De là , chez les uns, une manière de commander caractérisée par la charité et la douceur et chez les autres une plus grande facilité à obéir.
Verset 22
Selon une varianteâ¯: «â¯Que les femmes soient soumisesâ¦â¯Â» Une autre encore omet ici tout verbe, la phrase étant ainsi liée à celle qui précède (Ãphésiens 5.21) «â¯Vous soumettant les uns aux autresâ¯: les femmes à leurs propres marisâ¯Â».
«â¯Ã vos propres marisâ¯Â», câest-à -dire à ceux qui vous appartiennent en propre, exclusivement (voir la note précédente).
Verset 23
Déjà dans lâAncien Testament le rapport du Seigneur et de son peuple était représenté sous lâimage de lâunion conjugale (Ãsaïe 54.5â¯; Jérémie 31.32), et il y a dans cette image une profonde vérité.
Combien plus, depuis que ce rapport est devenu celui de Christ et de son Ãgliseâ¯! (Matthieu 9.15â¯; Matthieu 25.6â¯; 2 Corinthiens 11.2)
Rien donc ne pouvait donner du mariage une idée plus élevée, plus spirituelle, plus sainte, que de le mettre en parallèle avec lâunion de Christ et de son Ãglise, comme notre apôtre le fait ici. Et il nâa pas en vue une simple comparaison par analogie, mais une profonde réalité. Ainsi, tandis quâailleurs (1 Corinthiens 7)
Paul parle du mariage en lâenvisageant par son côté purement humain et terrestre, parce que telle était la question du moment et que ses lecteurs avaient besoin de ces directions pratiques, ici il le saisit à son point de vue idéal, dans ce quâil a de plus spirituel, tel quâil doit être entre chrétiens.
En ce sens, le devoir de la soumission quâil impose à la femme ne peut pas se restreindre et signifierâ¯: Soyez soumises à vos maris, parce que tel est lâordre du Seigneur, ouâ¯: obéissez-leur comme au Seigneur, dans le sens où cela est commandé aux enfants (Ãphésiens 6.1), aux serviteurs (Ãphésiens 6.5-7)â¯; mais littéralementâ¯: Soyez soumises à vos maris comme vous lâêtes au Seigneur.
Tel est indubitablement le sens de Ãphésiens 5.22, ce que prouve Ãphésiens 5.24 et ce quâimplique la raison donnée à Ãphésiens 5.23.
Si lâon objecte que câest là dépasser toutes les bornes des devoirs que lâon peut avoir envers une créature, il faut se souvenir que lâapôtre envisage ici le mari comme le représentant du Seigneur auprès de sa femme (comparer 1 Corinthiens 11.3â¯; 1 Timothée 2.11).
Si lâon objecte encore que souvent, dans le mariage, ce rapport-là nâest ni réel ni possible, quand, par exemple, le mari nâest pas chrétien, il nây a à cela quâune réponse, câest que Paul suppose que les deux époux appartiennent au Seigneur.
Un autre apôtre, Pierre, a prévu le cas où le mari «â¯nâobéirait pas à la Paroleâ¯Â» et y voit également un sérieux motif de soumission pour la femme, quoique à un point de vue différent (1 Pierre 3.1 et suivants). Paul lui-même se contente de recommander ailleurs la soumission «â¯selon le Seigneurâ¯Â» (Colossiens 3.18), et de là vient que plusieurs interprètes se sont efforcés de réduire notre passage à ce sens mitigé, mais câest malgré les termes exprès du texte.
On peut envisager ces mots comme apposition de ce qui précèdeâ¯: Christ est le Chef, parce quâil est le Sauveur. On peut aussi en faire une pensée indépendanteâ¯: «â¯Lui-même (lui seul, il est vrai) est le Sauveur du corps, mais comme lâÃglise est soumise à Christ, que les femmesâ¦â¯Â» (Ãphésiens 5.24) La pensée de lâapôtre est que, comme Sauveur, Christ est unique, que le mari ne peut plus lui être comparé, mais que, malgré cette infériorité, la femme lui doit obéissance. Alors on comprend cette particule adversative mais, que nos versions ordinaires transforment en un donc contraire au sens grammatical.
Verset 24
à ces motsâ¯: en toutes choses, on craint de nouveau lâexagération et lâon se hâte dây apporter diverses restrictions. Au point de vue de lâapôtre (Ãphésiens 5.23, note), il nây a rien à retrancher à sa penséeâ¯; au point de vue des tristes réalités du monde, ou même de la plupart des unions appelées chrétiennes, sans doute, la femme chrétienne peut se trouver souvent dans le cas «â¯dâobéir à Dieu plutôt quâaux hommesâ¯Â».
Elle ne doit pas pécher par son obéissance, si lâon exige dâelle des choses contraires à la Parole de Dieu.
Verset 28
à la soumission de la femme, lâapôtre oppose lâamour du mari, et cela, seul suffit pour que cette soumission ne soit point un esclavage, mais une sainte communion en Celui à qui la femme obéit et en qui le mari aime.
Mais ici encore, câest le rapport de Christ avec son Ãglise qui sert de modèle, qui est lâidéal vers lequel il faut tendre. Christ a aimé lâÃglise (Ãphésiens 5.25), et de quel amourâ¯! Il sâest livré pour elle à la souffrance et à la mort. Son but était de la sanctifier, et, pour accomplir en elle toute son Åuvre de rédemption, il lâa purifiée de par lâablution dâeau par la Parole, câest-à -dire en lui accordant dans le baptême le signe extérieur de la régénération opérée par la Parole (Ãphésiens 5.26â¯; comparez 3.5).
Par cette Parole, les uns entendent la Parole de Dieu en général, lâÃvangileâ¯; dâautres, la promesse de Dieuâ¯; dâautre, la parole du baptême (Matthieu 28.19) qui confère à cet acte son autorité divine et son efficace.
Quoi quâil en soit, le but du Sauveur envers son Ãglise sera atteintâ¯: il la fera apparaître devant lui Ãglise glorieuse par sa sainteté, ainsi quâune épouse pure, irrépréhensible, resplendissante de sa beauté morale (Ãphésiens 5.27. Comparer Apocalypse 21.2).
Ainsi, ajoute maintenant lâapôtre en revenant à sa comparaison et en appliquant tout cela au rapport idéal du mariage (Ãphésiens 5.28), ainsi les maris doivent aimer leurs femmes, dâun amour plein de dévouement qui voit en Christ son modèle, dâun amour qui se propose pour premier but la purification et la sanctification de la femme, dâun amour qui ne sera satisfait que lorsque celle-ci, ressemblera au portrait que lâapôtre trace de lâÃpouse du Seigneurâ¯!
Verset 29
Paul développe son parallèle jusque dans les détails. LâÃglise est le corps de Christ, elle est un avec luiâ¯; de même les époux entre eux (Ãphésiens 5.28)â¯; ils forment un seul êtreâ¯; en aimant sa femme, le mari aime un autre lui-même (Ãphésiens 5.28-29â¯; Ãphésiens 5.33)â¯; il a pour elle les soins quâil a pour sa propre chair (Ãphésiens 5.29)â¯; il la nourrit et la soigne tendrement (littéralement «â¯la réchauffeâ¯Â»), comme une mère réchauffe son petit enfant sur son sein (comparer 1 Thessaloniciens 2.7, où se retrouve le même mot).
Verset 30
Allusion à Genèse 2.23. Ces paroles dâAdam répondent en tous sens à la pensée de lâapôtre, puisquâelles expriment, dâabord, lâunion parfaite dans le mariageâ¯; puis, dans lâapplication quâen fait Paul, lâunion vivante de Christ avec lâÃglise «â¯qui est son corpsâ¯Â»
Verset 31
Genèse 2.24. Encore une parole de lâÃcriture très propre à confirmer et à compléter la pensée de lâapôtreâ¯: telle est lâintimité du lien du mariage, quâil prime toutes les autres relations, même les plus intimes et les plus tendres.
Verset 32
Ces mots ne se rapportent pas à la citation que lâapôtre vient de faire, mais à la grande pensée quâil a développée, lâunion de Christ et de son Ãgliseâ¯: câest cette union quâil appelle un grand mystère et non le mariage. Qui le croiraitâ¯?
Parce que la Vulgate latine traduit partout le mot grec mystère par sacramentum et parce quâil a plu à quelques interprètes anciens de rapporter au mariage ce que Paul dit ici de lâunion de Christ et de son Ãglise, ce passage est devenu, aux yeux de lâÃglise romaine, une preuve sans réplique que le mariage est un sacrement, un grand sacrementâ¯!
Verset 33
Grecâ¯: «â¯Craigne son mariâ¯Â». Mais ce mot signifie aussi respecter.
Câest par ces mots que lâapôtre résume et conclut son exhortation aux époux chrétiens, dont il avait été détourné par le développement dâune pensée plus grande et plus profonde. Maintenant, il passe à dâautres relations de la vie domestique (Ãphésiens 6.1 et suivants).