Le serviteur de Dieu nâa pas dâautre but en se soumettant avec joie et avec constance à toutes les tribulations quâil endure pour lâamour des âmes.
Cela ne peut avoir lieu que par lâEsprit de Dieu, qui vivifie en nous toutes ses grâces. En quoi consiste cette forceâ¯? Paul le dit abondamment dans ce qui suit.
Que lui importe sâil froisse dans les termes la logique des hommesâ¯! Nâest-il pas ici tout entier dans une logique et une psychologie que le monde ignoreâ¯: comprendre par le cÅur, connaître en aimantâ¯! Et qui donc connaîtra lâamour, sinon celui qui aimeâ¯?
Lâapôtre, il est vrai, parle de lâamour de Christ pour nous et non de notre amour pour lui. Mais aimer Christ est le seul moyen de «â¯connaître son amour qui surpasse toute connaissanceâ¯Â». Câest ce qui a induit Luther à rendre ces paroles dâune manière inexacte, mais admirable dans sa hardiesseâ¯: «â¯Aimer Christ vaut mieux que tout savoirâ¯Â».
Informations bibliographiques bibliography-text="Commentaire sur Ephesians 3". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/ephesians-3.html.
versets 1-21
Plan du commentaire biblique de Ephésiens 3
Un mystère dont lâadministration a été confiée à lâapôtre
Je suis prisonnier de Jésus-Christ pour vous ; vous connaissez sans doute lâadministration qui mâa été confiée dâun mystère que Dieu lui-même mâa révélé ; de ce que je vous ai déjà écrit, vous pouvez conclure la connaissance que jâai de ce mystère. Il a été jusquâici inconnu aux hommes, mais Dieu lâa maintenant manifesté par son Esprit ; ce mystère est que les païens, toutes les nations, ont part à tous les trésors de grâce que renferme lâÃvangile (1-6).
Cet Ãvangile, Dieu mâa fait la grâce dâen être le serviteur, à moi, le moindre de tous les saints, pour proclamer parmi les païens les richesses de Christ et éclairer tous les hommes sur ce mystère de la grâce, jusquâici caché en Dieu (7-9).
Le but de ce message est de révéler même aux anges du ciel la sagesse infinie de Dieu, selon son dessein accompli en Christ, par qui nous avons la liberté et lâaccès auprès du Père, en toute confiance. Courage donc au milieu de nos souffrances ! (10-13).
Verset 1
Un mystère dont lâadministration a été laissée à lâapôtre (1-13)
Sous lâimpression de la description quâil vient de faire de la glorieuse vocation des païens dans lâÃglise, lâapôtre se tourne vers eux et veut répandre tout son cÅur en prières pour eux. Mais, dès le premier verset, il interrompt sa phrase, il sâarrête à la grande pensée de son apostolat auprès dâeux, apostolat du mystère de miséricorde qui lui a été révélé (Ãphésiens 3.2â¯; Ãphésiens 3.3)â¯; puis, à Ãphésiens 3.14, il revient par les mêmes mots (à cause de cela) à son vÅu plein dâamour, à sa prière (Ãphésiens 3.14-21). C est avec un sentiment solennel, en prononçant son propre nom, que Paul se prépare à prier pour ses frères et quâil sâappelle prisonnier de Jésus-Christ.
Ainsi, ailleurs, il appelle ses chaînes «â¯ses liens en Christâ¯Â» (Philippiens 1.13), ou encore «â¯les liens de lâÃvangileâ¯Â» (Philémon 1.13) parce que câest pour Christ et pour son Ãvangile quâil souffrait cette dure captivité. Ce nâest pas là seulement sa consolation, mais sa gloire (Galates 6.14â¯; comparez Romains 5.3) La croix de Christ crucifie le péché et vivifie le pécheur au lieu de le tuer, comme le fait lâaiguillon de la loi.
«â¯Tout cela, je le souffre pour vousâ¯Â», dit-il à ses frères convertis du paganisme, afin de leur montrer à quel prix il achetait leur introduction dans lâÃglise de Dieu. Quelle puissance de charité cette pensée donne à son apostolat (Ãphésiens 3.2 et suivants) et à sa prière (Ãphésiens 3.14 et suivants)â¯!
Verset 2
La dispensation (comparez Ãphésiens 1.10) confiée à Paul était, à la fois, le conseil de la grâce de Dieu pour le salut des pécheurs de toutes les nations et la vocation spéciale de cet apôtre à en devenir le ministre parmi les Gentils (pour vous). Cette pensée est développée Ãphésiens 3.3-10.
Ces motsâ¯: si toutefois vous avez appris, etc., prouvent avec évidence que notre épître nâa pu être adressée aux Ãphésiens seuls, qui connaissaient si bien lâapôtre et la nature de son ministère (voir lâintroduction).
Verset 3
Le mystère est ce que Paul vient de nommer «â¯la dispensationâ¯Â» (Ãphésiens 3.2) et quâil explique clairement (Ãphésiens 3.6) Ce mystère, Paul lâa connu par révélation directe du Seigneur, non par lâinstruction des hommes (Galates 1.12).
Comme je viens de vous lâécrire (dans cette lettre) ne signifie pas que lâapôtre ait déjà exprimé cette pensée dâune révélation directe, mais il entend ce mystère tel que (ou de la manière dont) il en a déroulé les richesses dans les deux premiers chapitres (voir en particulier Ãphésiens 1.9-10â¯; Ãphésiens 2.11 et suivantsâ¯; comparez ci-dessous, Ãphésiens 3.6).
Verset 6
Tel est le mystère (Ãphésiens 3.3, note). Paul appelle ainsi toute vérité divine ou tout fait divin que lâhomme ne peut connaître que par révélation. Ici il sâagit du fait de la participation de tous les peuples à la grâce de Dieu en Jésus-Christ. On sait combien les disciples de Jésus eurent de peine à comprendre et à croire cette miséricorde de Dieuâ¯; il fallut quâelle fût directement révélée à Pierre (Actes 10), comme plus tard à Paul (Ãphésiens 3.3), et longtemps elle rencontra une opiniâtre résistance de la part des chrétiens judaïsants, grand sujet de lutte pour lâapôtre des Gentils.
Quand il dit que ce mystère nâa pas été révélé aux générations précédentes, il veut dire quâil ne le fut pas avec la clarté avec laquelle il fut manifesté ensuite par lâEsprit aux apôtres et prophètes (voir sur ces mots Ãphésiens 2.20, note)â¯; car les prophéties de lâAncien Testament sont déjà remplies de la grande promesse du salut pour toutes les nations de la terre (Ãsaïe 55.5â¯; Ãsaïe 2.2-3â¯; Ãsaïe 19.19â¯; Ãsaïe 19.22-25).
Mais câest par lâÃvangile seulement que parut dans tout son jour ce grand fait que Paul décrit (Ãphésiens 3.6) par trois expressions dâune signification profonde (comparer Ãphésiens 1.23â¯; Ãphésiens 2.15â¯; Ãphésiens 2.16â¯; comparez Ãphésiens 2.20, note).
Lâépithète de saints appliquée aux apôtres et prophètes (Ãphésiens 3.5) peut étonner sous la plume de Paul. Cette expression est insolite et semble inspirée par la vénération dont un âge postérieur entourait les fondateurs de lâÃglise. De Wette et dâautres ont fait de cette expression (comme de celle de Ãphésiens 2.20 le fondement des apôtres et prophètes) un argument contre lâauthenticité de lâépître. Mais il faut remarquer que saint veut dire, dans le langage de lâÃcriture, mis à part, consacré et non, parfait, accompli. Dans ce sens, ce qualificatif est attribué aux prophètes de lâAncien Testament (Luc 1.70)â¯; et, par Paul lui-même, à tous les membres de lâÃglise (Ãphésiens 1.1â¯; Philippiens 1.1â¯; Colossiens 1.2â¯; Colossiens 1.6).
Quoi dâétonnant dès lors que lâapôtre lâemploie pour désigner ceux qui sont constitués en dignité au sein de lâÃglise et qui sont les organes particuliers de lâEsprit de Dieu (comparer Ãphésiens 3.8)â¯?
Verset 8
Le moindre de tous les saints annonçant la richesse incompréhensible de Christâ¯! voilà le contraste qui humilie lâapôtre, la grâce qui le remplit dâadmiration (comparer 1 Corinthiens 15.9â¯; 1 Timothée 1.12-15).
Plus Dieu élève un homme, plus celui-ci doit sâabaisser lui-même. Le mal quâil trouve en lui est toujours plus grand que celui quâil voit chez les autresâ¯; câest pourquoi il peut avec vérité se placer au-dessous dâeux (Philippiens 2.3).
Verset 9
Afin de montrer mieux encore la grandeur de sa vocation, lâapôtre dit quâelle avait pour objet ce mystère caché dès les siècles en Dieu (comparez Ãphésiens 3.5), et il ajouteâ¯: qui a créé toutes choses, pour rappeler que la rédemption est, aussi bien que la création, un acte de la toute-puissance du Créateurâ¯; câest une création nouvelle qui a plus coûté que la première.
à ces motsâ¯: qui a créé toutes choses, le texte reçu ajouteâ¯: «â¯par Jésus-Christâ¯Â», paroles non authentiques.
Verset 10
Les principautés et les puissances sont divers ordres des anges (comparer Ãphésiens 1.21).
Or, bien que les anges de Dieu contemplent ses perfections, ils apprennent à les connaître mieux encore par lâÃglise, câest-à -dire par la rédemption dâune race déchue, qui manifeste plus abondamment quâaucune autre de ses Åuvres la sagesse, la puissance et lâamour de Dieu (comparer Luc 15.10â¯; 1 Pierre 1.12).
Verset 12
Ces mots de Ãphésiens 3.11â¯: selon le dessein (Grecâ¯: «â¯dessein des sièclesâ¯Â») reprennent la pensée de Ãphésiens 3.9, à laquelle le Ãphésiens 3.10 donne un développement nouveau et le but de lâapôtre est toujours de faire ressortir la grandeur divine de ce mystère accompli en Christ et dont lâadministration lui a été confiée (Ãphésiens 3.4-8).
Dâautres traduisentâ¯: «â¯â¦le dessein quâil a formé en Christâ¯Â», mais ce sens ne sâaccorde guère avec la suite.
Dès lors, nous avons (Ãphésiens 3.12, grec) la liberté (de parole, dâaction) et lâaccès (auprès de Dieu) en confiance ou persuasion (comparer Ãphésiens 2.18â¯; Hébreux 4.16â¯; Hébreux 10.19-22).
Verset 13
Telle est la traduction littérale de ce verset.
Le sens de nos versions ordinairesâ¯: je vous prie de ne point vous décourager, est possible (Luther, Calvin, la Bible anglaise et la plupart des commentateurs traduisent ainsi).
Il nous paraît plus probable, toutefois, que la pensée de lâapôtre est celle-ciâ¯: «â¯Je demande (à Dieu) de ne pas permettre que je me décourage, etcâ¯Â».
De même quâà Ãphésiens 3.8, lâapôtre est saisi de la grandeur de sa vocation, des souffrances qui lâaccompagnent, du sentiment de sa faiblesse et il termine par une humble supplication à Dieu pour lui demander sa force.
La dernière pensée du versetâ¯: ce qui est votre gloire, sâaccorde très bien avec ce sensâ¯: lâapôtre considère ses souffrances comme contribuant à la gloire des Ãglises (comparez 1 Corinthiens 4.9 et suivantsâ¯; 2 Corinthiens 1.6) et il faut entendre ce mot dans son sens le plus élevé, câest-à -dire comme signifiant la consommation finale de toute la vie chrétienne, la glorification.
Le serviteur de Dieu nâa pas dâautre but en se soumettant avec joie et avec constance à toutes les tribulations quâil endure pour lâamour des âmes.
Quelques interprètes pensent que la gloire des Ãphésiens, ne consiste pas dans les souffrances de lâapôtre, mais dans le fait de ne pas perdre courage. On peut, dâaprès le texte, la rapporter à lâune et à lâautre de ces deux causes.
Verset 14
Pénétré de la grandeur de la vocation des païens, Paul fléchit les genoux devant Dieu ; il intercède pour ses frères, plein de confiance en ce Père miséricordieux quâil invoque avec toute la famille qui se nomme dâaprès lui (14, 15).
Il demandeâ¯: que ses frères soient forts de la force de lâEsprit dans lâhomme intérieur ; que Christ habite dans leurs cÅurs ; quâils soient tout pénétrés de lâamour divin, afin dâen comprendre lâimmensité et de connaître lâamour dont Jésus les a aimés, bien que cet amour dépasse lâintelligence humaine ; en un mot, quâils soient remplis de toute la plénitude de Dieu (16-19).
Se regardant comme déjà exaucé, parce quâil sâadresse à Celui qui toujours peut et veut faire beaucoup plus que nous ne demandons ou pensons, il donne gloire à ce Dieu, dont la gloire est éternelle (20, 21).
Prière de lâapôtre pour ses frères (14-21)
Le câest pourquoi de Ãphésiens 3.13 indiquait une conclusion tirée de ce qui précède immédiatement, câest-à -dire, de lâapostolat de Paul (Ãphésiens 3.8-12).
Le câest à cause de cela de Ãphésiens 3.14 reprend celui du Ãphésiens 3.1â¯; ayant achevé ce quâil voulait dire de son ministère, lâapôtre revient, par la même expression conjonctive, à la grande pensée, qui, tout à lâheure déjà , remplissait son cÅurâ¯: il adresse à Dieu des prières ardentes pour lâaffermissement et lâavancement de ses frères dans la vie intérieure.
Les versets Ãphésiens 3.16-19 expriment ce quâil demande en leur faveur. Ces versets se rattachent donc directement à ce que Paul a dit des grâces immenses accordées aux chrétiens convertis du paganisme (Ãphésiens 2.11-22) Ils ont déjà beaucoup reçuâ¯; câest ce qui lui donne courage et foi pour demander davantage, jusquâà «â¯toute la plénitude de Dieuâ¯Â» (Ãphésiens 3.19).
Verset 15
Ces paroles se rapportent au nom de Père, qui termine le verset Ãphésiens 3.14 (Le texte reçu ajouteâ¯: «â¯de notre Seigneur Jésus-Christâ¯Â», contre les autorités les plus décisives).
Lâapôtre fait un rapprochement de mots entre ce nom de Père (pater) et le mot de famille (patria), employé ailleurs dans le sens de tribu ou de descendance dâun père (Luc 2.4â¯; Actes 3.25). Câest du Père céleste que toute famille sur la terre et dans le ciel tire son nom (Grecâ¯: «â¯est nommée dâaprès luiâ¯Â»), de même que les familles des hommes portent le nom de leur père.
Lâapôtre désigne par ce terme des familles spirituelles, celle des anges, celle des Israélites fidèles, celle des Gentils appelés à la foi. Dieu sâattribue ce beau titre de Père, non seulement comme Créateur, mais surtout parce que ses vrais enfants sont «â¯nés de luiâ¯Â» (Jean 1.12â¯; Jean 1.13), par une naissance nouvelle et quâil a pour eux lâamour du plus tendre père.
Dans la pensée de lâapôtre, ce titre sâapplique surtout à ses lecteurs convertis du paganisme et doit leur inspirer le sentiment que Dieu ne fait point dâacception de personne à leur détrimentâ¯; câest la pensée qui reparaît si souvent dans toute notre épître (voyez surtout Ãphésiens 2.18â¯; Ãphésiens 2.19).
Câest devant ce Père que lâapôtre fléchit les genoux, câest-à -dire prie pour ses frères (Ãphésiens 3.16-19), avec autant dâhumilité que dâamour, faisant preuve du véritable esprit de prière.
Verset 16
La richesse de la gloire de Dieu, ce sont ses perfections, ici spécialement sa puissance et sa miséricorde que Paul implore.
La première grâce quâil demande, câest que lâhomme intérieur, faible encore, soit fortifié par la puissance divine qui lui est communiquée (voyez sur cette notion de lâhomme intérieur, Romains 7.22, note).
Cela ne peut avoir lieu que par lâEsprit de Dieu, qui vivifie en nous toutes ses grâces. En quoi consiste cette forceâ¯? Paul le dit abondamment dans ce qui suit.
Verset 17
Le Saint-Esprit fortifie la foi (Ãphésiens 3.16), et cette foi nous unit à Christ au point quâil demeure en nous et nous en lui. Il ne faut pas voir dans ces termes des figures, mais leur laisser toute leur vivante réalité (comparer Jean 14.23â¯; Galates 2.20).
Un christianisme qui se contente du Christ pour nous, en reniant ou négligeant le Christ en nous (Colossiens 1.27), est une déplorable illusion.
Verset 18
Dâautres traduisentâ¯: «â¯Afin que, étant enracinés et fondés dans lâamour, vous puissiez comprendreâ¦â¯Â»
Cela revient au même pour le sens. Christ, demeurant en nous, y fait régner lâamour. Paul parle, dans ces versets, de lâamour de Dieu ou de Christ pour nous, non de notre amour pour luiâ¯; mais lâapôtre demande que ses frères en soient pénétrés, quâils y plongent leurs racines, comme un arbre puissant plonge les siennes dans le sol et que, fondés en lui, ils soient semblables à un édifice inébranlable.
Par cet amour, plus que par aucune de nos facultés intellectuelles, nous serons rendus capables de comprendre (Ãphésiens 3.18) et de connaître (Ãphésiens 3.19), selon cette parole dâAugustinâ¯: «â¯Si quelquâun veut connaître Dieu, quâil aime â¯Â»â¯!
Comprendre avec tous les saints, qui seuls ont lâintelligence spirituelle et avec qui tout chrétien se sent dans une communion vivante qui lâélève et le fortifie. Comprendre quoiâ¯? Paul ne le dit pasâ¯; sa pensée sâagrandit et embrasse lâinfini, quâil désigne en ces termes sublimesâ¯: la largeur et la longueur et la profondeur et la hauteur.
Mais sans doute il veut parler de ce mystère de miséricorde et dâamour dont il a entretenu ses lecteurs dans la première partie de ce chapitre (Ãphésiens 3.3-4â¯; Ãphésiens 3.9) et quâil contemple tout spécialement ici. Il demande à Dieu dâélever vers ce mystère toutes les aspirations de ses frères. Il proclame la largeur de cette miséricorde divine, qui sâétend à tout pays, à tout peuple, à tout pécheurâ¯; la longueur, qui dure dâéternité en éternité en ce Sauveur qui jamais ne cesse dâaimerâ¯; la hauteur, par laquelle une créature déchue est élevée du sein de sa poussière et de sa corruption jusquâau trône de Dieuâ¯; la profondeur, abîme insondable de cette miséricorde qui peut atteindre jusquâau dernier des pécheurs dans sa dégradation (comparer Job 11.7-9).
Ou si lâon préfère ne pas donner une signification particulière à chacune de ces quatre dimensions de lâamour du Seigneur, on peut y voir simplement lâexpression de lâimmensité de cet amour
Verset 19
Ces paroles encore dépendent immédiatement de ce qui précèdeâ¯: il faut être enraciné et fondé dans lâamour pour connaître lâamour dont Christ nous a aimés. Mais, comme si lâapôtre craignait dâavoir trop dit, dâavoir diminué lâamour de son Sauveur en supposant que nous pouvons le connaître, il se hâte dâajouter que cet amour surpasse et déborde de toutes parts notre connaissance.
Que lui importe sâil froisse dans les termes la logique des hommesâ¯! Nâest-il pas ici tout entier dans une logique et une psychologie que le monde ignoreâ¯: comprendre par le cÅur, connaître en aimantâ¯! Et qui donc connaîtra lâamour, sinon celui qui aimeâ¯?
Lâapôtre avait exprimé la même pensée en écrivant aux Corinthiensâ¯: «â¯maintenant nous connaissons en partieâ¯Â», par fragments. Lorsque lâamour de Christ sâest emparé de notre cÅur avec une puissance divine, nous commençons à le connaîtreâ¯; et, tandis que la connaissance intellectuelle tâtonne dans les ténèbres, celle de lâamour la devance de son regard plus pénétrant et marche de progrès en progrès, jusquâà ce que, échappant à lâétat dâenfance, nous parvenions, dans lâéternité, à lâétat dâhomme fait (1 Corinthiens 13.8-12, noteâ¯; 1 Corinthiens 8.2 note).
Lâapôtre, il est vrai, parle de lâamour de Christ pour nous et non de notre amour pour lui. Mais aimer Christ est le seul moyen de «â¯connaître son amour qui surpasse toute connaissanceâ¯Â». Câest ce qui a induit Luther à rendre ces paroles dâune manière inexacte, mais admirable dans sa hardiesseâ¯: «â¯Aimer Christ vaut mieux que tout savoirâ¯Â».
Grecâ¯: «â¯Afin que vous soyez remplis vers ou jusquâà toute la plénitude de Dieuâ¯Â». Ici la prière de lâapôtre sâélève si haut, il sent si bien lâimpossibilité de sa réalisation actuelle, quâil emploie cette préposition jusquâà qui montre cette réalisation progressive et ne devenant complète que dans lâavenir (comparer Ãphésiens 4.13).
Lâamour de Christ pour nous et en nous, est encore le moyen dâarriver à ce dernier terme. Et ce terme, câest la plénitude de Dieu, câest-à -dire tout son être, toutes ses perfections accomplies dans son Ãglise et dans chaque membre du corps de Christ (Ãphésiens 1.23, note).
Au delà de cette plénitude de lâamour de Dieu, de la sainteté de Dieu, de la lumière de Dieu, de la félicité de Dieu, de Dieu lui-même, il nây a plus rien à désirer, ni à demanderâ¯: câest Dieu tout en tous. Ce vÅu revient à lâespérance exprimée ailleurs par lâapôtreâ¯: «â¯Nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire, par lâEsprit du Seigneurâ¯Â» (2 Corinthiens 3.18).
Verset 21
Pénétré de ce sentiment que lâamour de Christ surpasse toutes nos pensées, tous nos vÅux, toutes nos prièresâ¯; se souvenant que «â¯nous ne savons pas nous-mêmes comment nous devons prierâ¯Â» (Romains 8.26), lâapôtre sâen remet avec confiance pour tous ses vÅux et tous les besoins des Ãglises à ce Dieu qui prend plaisir à répandre sur ses enfants toutes les richesses de sa grâce.
Quoi que nous demandions ou même que nous pensions, Dieu peut et veut faire infiniment plus encore.
Paul fonde cette confiance sur la puissance divine qui agit en nous avec efficace (Grecâ¯: «â¯Ã©nergieâ¯Â») et qui nous a tirés de la mort pour nous rendre participants de la vie de Christ (Ãphésiens 2.1-6).
Câest avec un sentiment profond dâadoration et dâamour que lâapôtre rend toute gloire à son Dieu. Son vÅu ardent est que lâÃglise entière contribue à cette gloire de Dieu. Câest ce qui aura lieu, car il sâagit de lâÃglise en Jésus-Christ qui est en lui, dont il est la vie et à qui il assure le triomphe final. Suivant dâautres, il faut traduireâ¯: «â¯dans lâÃglise, par Jésus-Christâ¯Â».
Câest encore par Christ que gloire est rendue à Dieu dans lâÃglise.
Cette gloire sera éternelle et sur la terre tant quâil y aura des hommes et dans le ciel. Traduction littéraleâ¯: En toutes les générations du siècle des siècles, câest-à -dire du siècle le plus reculé, en dâautres termesâ¯: éternellement.
Amen, vérité, réalité immuable.