Cette distinction entre ceux du dehors et ceux du dedans (de lâÃglise) suffisait pour lever le malentendu que combat lâapôtre (versets 10 et 11).
Informations bibliographiques bibliography-text="Commentaire sur 1 Corinthians 5". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/1-corinthians-5.html.
versets 1-13
Plan du commentaire biblique de 1 Corinthiens 5
Pratiquez la discipline !
Il y a parmi vous un exemple dâimmoralité que les païens eux-mêmes ne tolèrent pas, un inceste ; et vous nâavez pas, avec humiliation et tristesse, exclu le coupable de lâÃglise (1, 2).
Pour moi, mon jugement est arrêtéâ¯: câest quâen lâautorité du Seigneur, lâÃglise étant assemblée, moi présent en esprit, un tel homme soit solennellement retranché, et cela, pour son propre salut (3-5).
Il y a pour cela un motif de saintetéâ¯: vous savez quâun peu de levain se communique à toute la pâte ; ôtez donc, à lâexemple des Israélites célébrant la Pâque, tout ce vieux levain du milieu de vous ; car Christ, le vrai agneau pascal, a été immolé ; célébrons la mémoire de sa mort par une vie renouvelée et sainte (6-8).
Verset 1
Pratiquez la disciplineâ¯! (1-8)
Le texte reçu porteâ¯: «â¯telle quâelle nâest pas même nommée parmi les païensâ¯Â», variante non autorisée par les manuscrits et qui prête à lâapôtre une expression exagérée.
Crime sévèrement puni par la loi de Moïse (Lévitique 18.8â¯; Lévitique 20.11â¯; Deutéronome 22.22), et combien plus réprouvé par la conscience chrétienneâ¯!
Peut-être le coupable avait-il épousé sa belle-mère après la mort de son père et pensait-il excuser ainsi le péché à ses propres yeux. Cette supposition paraît confirmée par ces mots avoir la femme, qui sâentend toujours du mariage (Matthieu 14.4â¯; Matthieu 22.28â¯; 1 Corinthiens 7.2â¯; 1 Corinthiens 7.29, etc.).
Il faut remarquer cependant que la loi romaine ne permettait pas une telle union et que celle-ci nâavait sans doute pas été légalement sanctionnée.
Verset 2
Les Corinthiens se glorifiaient de lâétat florissant de leur Ãglise (1 Corinthiens 4.8), tandis quâune vraie charité et une vraie sainteté auraient dû faire du péché dâun membre un sujet dâaffliction et dâhumiliation pour tous.
Le résultat en eût certainement été lâexclusion du coupable, comme un sérieux avertissement pour lui-même et pour tout le troupeau (versets 3-5).
Verset 5
Livrer à Satan ne signifie pas autre chose que lâexclusion de la communion des chrétiens, ou de lâÃglise.
LâÃglise est le corps de Christ (1 Corinthiens 12.12â¯; 1 Corinthiens 12.13), le temple de Dieu (1 Corinthiens 3.16â¯; 2 Corinthiens 6.16)â¯; il lâa arrachée du milieu du monde où Satan règne par le péché (2 Corinthiens 4.4)â¯; si donc un homme est exclu de lâÃglise, il est rejeté dans le monde, sous la domination de Satan.
Mais lâapôtre se hâte dâindiquer le but final dâun tel châtiment, qui nâétait point de livrer le coupable à la damnationâ¯; mais, au contraire, de mortifier et de détruire en lui la chair, source de son péché et de sauver, si possible, son esprit, par la repentance que pouvait exciter en lui une si profonde humiliation. Et câest probablement ce qui arrivaâ¯: le coupable se repentit et Paul lui-même demanda (2 Corinthiens 2.4-10), avec une grande compassion, la réintégration de cet excommunié dans lâÃglise.
Il sâagit donc ici dâune discipline toute moraleâ¯: plût à Dieu quâon ne lâeût jamais oubliéâ¯! Câest en entendant par livrer à Satan la damnation et par la chair, le corps, que lâÃglise a cru pouvoir sâappuyer de ce passage pour se transformer en un tribunal de sang et exercer ses horribles persécutionsâ¯! Comparer 1 Timothée 1.20.
Lâapôtre avait ordonné ce châtiment au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, par lâautorité apostolique quâil tenait de luiâ¯; cependant, il attache une grande importance à ce que lâÃglise de Corinthe concoure avec lui à lâexécution de cet acte de discipline. Elle devait donc, après avoir reçu sa lettre, sâassembler, se représenter lâapôtre comme étant au milieu dâelle par son esprit et par lâordre quâil lui donnait, se placer solennellement en la présence de Jésus-Christ, et, avec sa puissance, selon sa Parole et par la force de son Esprit, accomplir ce douloureux devoir. Comparer Matthieu 18.15-20.
Quelques Pères de lâÃglise, suivis de nos jours par plusieurs interprètes de lâAllemagne, ont expliqué différemment ce passage. Ils pensent que lâapôtre enjoint au troupeau lâexclusion de lâincestueux et se réserve à lui seul, à son autorité apostolique (verset 3), de le livrer à Satan (ce qui est évidemment contraire au verset 4) et ils croient que ce châtiment aurait consisté en quelque peine corporelle, quelque maladie infligée par Satan pour la destruction de la chair.
Cette idée superstitieuse, que rejetait déjà le bon sens de Calvin, nâa pas le moindre fondement dans le texte (comparer versets 2 et 13, où lâapôtre explique toute sa pensée par ce mot si clairâ¯: Ãtez du milieu de vousâ¯; voir aussi 2 Corinthiens 2.6â¯; 2 Corinthiens 2.7).
Verset 6
Grecâ¯: «â¯Votre vanterie nâest pas belleâ¯Â», pas convenable, bienséante. Ils croyaient avoir un sujet de gloire (1 Corinthiens 5.2â¯; 1 Corinthiens 4.7â¯; 1 Corinthiens 4.8).
Lâapôtre applique ce proverbe, dâabord au coupable que lâÃglise aurait dû exclure, puis, plus généralement, à tout mal qui pouvait devenir une source de corruption pour le troupeau.
Verset 8
Paul, trouvant dans lâexpression proverbiale quâil vient de citer un symbole biblique dâune profonde signification pour tout Israélite, sây arrête, afin de développer sa pensée et de lâappuyer par lâautorité de lâÃcriture.
Le levain avait été sévèrement interdit dans la célébration de la Pâque (Exode 12.15-20)â¯; quiconque en faisait usage devait être retranché du milieu du peupleâ¯; par où la loi voulait montrer que tout Israélite qui ne célébrait pas réellement la Pâque en sâaffranchissant de la servitude du péché et de lâidolâtrie, sâexcluait lui-même de la communion du peuple de Dieu.
Puis donc, ajoute Paul, en montrant sous cette image la réalité, puis donc que le véritable Agneau pascal, Christ, a été immolé (les mots pour nous quâajoute le texte reçu, ne sont pas authentiques), vous êtes sans levainâ¯; unis à lui par la foi, vous avez été purifiés du levain de la corruption et du péché. Mais cette purification, qui a commencé lors de votre conversion, doit se poursuivre jusquâà la perfection.
De là , lâexhortation par laquelle il conclutâ¯: célébrons la fête (grecâ¯: «â¯fêtonsâ¯Â») par une vie sainte, purifiée du vieux levain, dans lequel Paul voit lâimage de la corruption naturelle de lâhomme, spécialement de la malice et de la méchanceté.
à cela il oppose les pains sans levain, image de la sincérité (comparez sur ce terme 2 Corinthiens 1.12, note) et de cette vérité qui nâest que lâharmonie morale entre ce grand et sain souvenir de la mort de Christ et les dispositions de notre cÅur.
Il est possible que Paul, écrivant sa lettre à lâépoque de Pâques (1 Corinthiens 16.8), trouve dans cette circonstance lâoccasion de recommander ainsi une célébration sincère de cette fête.
Verset 9
Quand je vous ai écrit de nâavoir aucun rapport avec des hommes vicieux, il ne fallait pas lâentendre dâune manière absolue, ce qui est impossible en ce monde ;
Mais voici ce que jâai voulu direâ¯: câest que, si un homme prétend être chrétien, membre de lâÃglise et quâil vive en des péchés grossiers, vous cessiez toutes relations avec lui (9-11).
Et voici la raison de cette distinctionâ¯: nous ne sommes point appelés à juger les gens du monde, qui ont Dieu pour juge, mais uniquement ceux qui se sont joints au troupeau des fidèles ; là , vous ne devez pas souffrir le méchant (12, 13).
Envers qui doit sâexercer la disciplineâ¯? (9-13)
Quelques-uns croient que ce mot désigne cette lettre même et appliquent la défense dont parle ici lâapôtre, de nâavoir aucune communication avec les impudiques, aux versets qui précèdent, (versets 2-5).
Dâautres, soit à cause du verset 11, où Paul paraît établir une distinction entre deux lettres différentes, soit parce quâil semble ici même vouloir rectifier un malentendu résultant dâune première lettre, admettent quâil parle en effet dâune lettre précédente qui ne nous serait pas parvenue.
Ce qui confirme cette dernière opinion, câest lâexpression identique par laquelle Paul désigne notre lettre dans 2 Corinthiens 7.8.
Cette pensée ne doit quâaugmenter notre reconnaissance et notre admiration pour ce Dieu de miséricorde, qui, dans les voies providentielles de sa grâce, a voulu que nous eussions abondamment, dans les Ãcritures, «â¯tout ce qui appartient à la vie et à la piétéâ¯Â».
Verset 10
Il est impossible de nâavoir aucunes communications extérieures avec les hommes vicieux de ce mondeâ¯; en toute vocation, nous les rencontrons à chaque pasâ¯; ce nâest pas là ce que lâapôtre a voulu direâ¯; mais dans lâÃglise, «â¯si quelquâun se nomme frère,â¦â¯Â» le cas devient tout à fait différent (verset 11).
Verset 11
Mais maintenant, voici le sens de mes parolesâ¯: je vous ai écritâ¦
Ne pas manger avec un tel homme. Ces mots sâappliquent à lâexclusion de la table privée du croyant et non à lâexclusion de la sainte cène.
Lâapôtre veut dire dâune manière généraleâ¯: Que vous nâayez avec lui aucune communication dâoù il pourrait conclure que vous le regardez en effet comme un frère, bien quâil en usurpe le nomâ¯; car, par là , vous lâaffermiriez dans ses illusions ou dans son hypocrisie.
Combien plus lâÃglise entière doit-elle, dans ses rapports avec un tel homme, exercer cette apostolique disciplineâ¯! Lâimpossibilité où se trouvent tant dâÃglises dâobéir à cet ordre de lâEsprit-Saint, prouve quâelles ont perdu le caractère de la vraie Ãglise chrétienne.
Verset 12
Cette distinction entre ceux du dehors et ceux du dedans (de lâÃglise) suffisait pour lever le malentendu que combat lâapôtre (versets 10 et 11).
Et sa question à lâÃgliseâ¯: ne jugez-vous pasâ¯?â¦(dont le sens est mal rendu par Ostervald) prouve que, malgré le relâchement de la discipline dans lâÃglise de Corinthe, cette Ãglise nâavait pas absolument cessé dâexercer tout jugement sur ses membresâ¯; car lâapôtre en appelle à cette discipline comme à une chose connue, mais qui ne sâexerçait que sur les membres du troupeau et non sur ceux du dehors.
Si le chrétien doit sâabstenir de tout jugement téméraire dans les cas douteux, ou quand il ne jugerait les autres quâen oubliant hypocritement ses propres misères (Matthieu 7.1 et suivants), il nâen a pas moins, pour le bien de toute lâÃglise, le devoir de juger ceux qui forment un seul corps avec luiâ¯; non pour les condamner, ou pour sâarroger à lui seul le droit de les exclure, mais pour guérir, si possible, les plaies du troupeau.
Sans ce principe, il faudrait renoncer absolument à discerner le bien du mal, lâerreur de la vérité, ce qui est contraire aux éléments mêmes de la morale, à tout lâesprit de lâÃvangile et aux prescriptions les plus claires de lâÃcriture (1 Jean 4.1).
Si ce principe paraît contraire à la liberté de la conscience individuelle, qui ne relève, après tout, que de Dieu, il faut se souvenir que celui qui se nomme frère, qui entre volontairement dans la communion dâune Ãglise, nây vit plus seulement pour lui-même, mais que tous les membres prennent part à ses souffrances, à ses joies et aussi à sa ruine, sâil vient à se perdre.
Verset 13
Juger, de la part de lâhomme, ne va jamais jusquâà empiéter sur le jugement seul définitif, seul infaillible de Dieu. Cela est vrai, même pour les membres dâune Ãglise, objets de sa disciplineâ¯; combien plus pour ceux du dehors, qui ne relèvent que du jugement de Dieu, lâÃglise nâayant sur eux aucune action directe, si ce nâest en sâefforçant de les gagner à Christ.
Application toute spirituelle et morale dâun ordre qui, dans lâAncien Testament, regardait lâexercice de la justice (Deutéronome 17.7-12â¯; Deutéronome 19.19â¯; Deutéronome 21.21 et suivants).
Le principe de la discipline est le mêmeâ¯; la différence totale des deux économies fait la différence non moins grande de lâapplication.