«Au huitième mois, en la seconde année de Darius, la parole de lâÃternel vint à Zacharie le prophète, fils de Bérékia, fils dâIddo.» Ce huitième mois marque la date des paroles préliminaires du prophète. Semblable à Jérémie, Zacharie avait le double caractère de prophète et de sacrificateur. Il est appelé ici «Zacharie, fils de Bérékia (Barachie), fils dâIddo». La mention, en Matt. 23:35, de Zacharie, fils de Barachie, qui fut tué entre le temple et lâautel, passage qui se rapporte évidemment à la mort de Zacharie, fils de Jéhoïada, tué par ordre de Josias (2 Chron. 24:20-22), a beaucoup exercé les commentateurs. Ceux qui nâont pas lâhabitude de se défier de leur raison, pensent que le passage de Matthieu renferme une erreur en attribuant à notre prophète ce qui est raconté du fils de Jéhoïada. Mon humble avis est que cette erreur nâexiste pas. Les noms de Zacharie et de Barachie étaient familiers à la race sacerdotale. En Ãsaïe 8:2, nous rencontrons comme «fidèles témoins» dâÃsaïe, Urie le sacrificateur et Zacharie, fils de Jebérékia, câest-à -dire de Barachie. Ce nom de Barachie semble être celui du chef de la race. Zacharie, fils de Jéhoïada, pourrait donc être appelé par Matthieu fils de Barachie, en remontant à son origine. On peut faire la même remarque pour notre prophète. Zacharie était fils dâIddo (Esdras 5:1; 6:14), lâun des sacrificateurs qui étaient remontés de Babylone avec Joshua, souverain sacrificateur, et Zorobabel (Néh. 12:1, 4). Sous la souveraine sacrificature de Joïakim, fils de Joshua, «Zacharie, fils dâIddo», revêtit la sacrificature (Néh. 12:16), mais nulle autre part, sinon dans le livre que nous étudions, notre prophète nâest appelé fils de Barachie, ce qui sâexplique aisément si Barachie est chef de race. De tels exemples se rencontrent fréquemment dans les chronologies des Chroniques, livres qui remontent au temps du retour de la captivité et furent écrits précisément pendant les jours de notre prophète. Voyez, par exemple, Hur appelé en 1 Chron. 4:1, «fils de Juda» après cinq générations.
Le fait que Zacharie était sacrificateur imprime un caractère particulier à sa prophétie, où la sacrificature joue un rôle de la plus haute importance.
La parole de lâÃternel vint donc à Zacharie, disant: «LâÃternel a été fort en courroux contre vos pères. Et tu leur diras: Ainsi dit lâÃternel des armées: Revenez à moi, dit lâÃternel des armées, et je reviendrai à vous, dit lâÃternel des armées» (v. 1-3).
Tel est le début du livre: Le Seigneur annonce à ces réchappés de Juda quâil avait été fort courroucé contre leurs pères parce quâils nâavaient pas écouté ses prophètes. Ces faibles restes allaient-ils reprendre maintenant les errements de leurs pères ou écouter la parole de lâÃternel? Ce nâest pas proprement la loi dont il est ici question, car il ne faut pas confondre les prophètes avec elle. Sans doute les prophètes rappelaient le peuple à la loi et au témoignage, pour faire un appel sérieux à la conscience dâIsraël dans un temps de ruine, mais ils plaçaient en même temps devant les yeux du peuple la grâce et la miséricorde de Dieu. Israël avait manqué, mais lâÃternel ne pouvait faillir, et malgré ses jugements, devenus nécessaires, il voulait réaliser, en dépit de tout, ses conseils de grâce envers ce peuple. La prophétie ne consiste donc pas seulement en une série de messages adressés au peuple coupable pour réveiller sa conscience et lui annoncer les jugements qui vont fondre sur lui, elle est aussi destinée à encourager le cÅur des fidèles en leur révélant ce que Dieu veut faire pour eux. «Revenez à moi», dit lâÃternel dans ces versets, «et je reviendrai à vous.» Cela va beaucoup plus loin que les principes de la loi. Dans le jour actuel, sous lâéconomie de la grâce, ces paroles sont tout autant de saison quâalors et nous devons y prêter une sérieuse attention.
«Revenez à moi, et je reviendrai à vous.» Quâavons-nous fait du témoignage que Dieu nous avait confié? Notre ruine est-elle bien différente de celle des pères de Juda? Avons-nous gardé les choses que Dieu avait placées entre nos mains? La réponse ne peut être douteuse. Avons-nous travaillé au temple de lâÃternel ou à nos propres maisons, comme Aggée en accusait le peuple? Hélas! nous avons cherché, comme ce dernier, à nous établir confortablement dans le monde. Que nous reste-t-il à faire? Revenons à Lui; le chemin est ouvert; y a-t-il impossibilité de nous juger nous-mêmes et de ressaisir ce que nous nâaurions jamais dû abandonner? Si nous écoutons cet appel, nous en aurons la récompense: «Je reviendrai à vous, dit lâÃternel des armées.» La recherche de nos propres intérêts nous a-t-elle fait perdre la communion du Seigneur, il sâagit de la retrouver. Si nos cÅurs se sont desséchés au souffle du monde, au lieu de rechercher ses intérêts à Lui, si nous avons ouvert la porte aux idoles, jugeons nos voies, revenons à Lui et il reviendra à nous, et nous goûterons de nouveau les richesses que nous avions méprisées. Elles ne sont point perdues; la repentance est le chemin qui nous en donnera lâaccès. Depuis bien longtemps le peuple dâalors, laissant la maison inachevée, avait dâautres soucis que la présence de Dieu dans son temple. LâÃternel cite lâexemple de leurs pères: «Ils sont revenus et ont dit: Comme lâÃternel des armées sâest proposé de nous faire, selon nos voies et selon nos actions, ainsi en a-t-il fait à notre égard» (verset 6). Les pères étaient revenus, mais seulement après que les jugements de Dieu les eurent atteints. Le résidu dâalors allait-il suivre le même chemin, tandis que lâÃternel suspendait encore son jugement? Cette question se pose aussi pour nous. Si nous nâécoutons pas les avertissements de Dieu, nous tomberons nécessairement sous sa discipline. Puissions-nous sentir lâimportance pour nos âmes du commencement de ce chapitre!
Le début du prophète Malachie nâest pas semblable à celui de Zacharie. Au lieu de «Revenez à moi», Dieu dit au peuple: «Je vous ai aimés.» Touchante parole qui aurait dû remuer les fibres les plus secrètes de leur âme, mais ne fait que provoquer des murmures dans ces cÅurs indifférents: «En quoi nous as-tu aimés?» (Mal. 1:2). Chaque question quâils adressent à lâÃternel est un nouveau témoignage de leur endurcissement. Vous trouvez neuf questions dans Malachie, vous en trouvez douze dans la première partie de Zacharie, mais câest le prophète lui-même qui les pose. Elles expriment sa foi et sa dépendance du Seigneur. Zacharie, bien que sacrificateur et prophète, sent son ignorance et son incapacité de sonder lui-même les pensées de Dieu; il nâa quâun désir, câest de recevoir directement lâinterprétation des énigmes divines. Imitons Zacharie; demandons comme lui, nous recevrons comme lui. Nous avons tout particulièrement besoin de cette dépendance pour aborder les visions du prophète. Elles présentent dâinsurmontables difficultés à celui qui veut les comprendre par son intelligence, mais quiconque, dans une humble dépendance, demande à Dieu: «Que signifient ces choses?» reçoit une réponse qui lâédifie et affermit sa foi, surtout sâil a commencé par prendre cette autre parole à cÅur: «Revenez à moi et je reviendrai à vous.»
à part lâintroduction dont nous venons de parler, nous ne trouvons dans le prophète Zacharie que deux divisions ou, pour mieux dire, deux livres. Le premier va du septième verset du chap. 1 à la fin du chap. 6, le second du chap. 7 au 14. Chacun de ces deux livres a sa date spéciale. Le premier livre commence ainsi:
«Le vingt-quatrième jour du onzième mois, qui est le mois de Shebath, en la seconde année de Darius, la parole de lâÃternel vint à Zacharie le prophète, fils de Bérékia, fils dâIddo, disant: Je vis de nuit.» La durée de ce vingt-quatrième jour, jusquâà la fin du chap. 6, a son importance. Zacharie semble avoir eu toutes ses visions dans une seule nuit et toute âme qui considère la prophétie se trouve dans la même condition que le prophète. Pour comprendre les événements prophétiques nous devons réaliser que le monde dans lequel nous sommes est plongé dans les ténèbres les plus profondes. Dieu ne nous y laisse pas sans secours, et la lampe prophétique nous y dirige. Cette lampe nâest certes pas la clarté la plus brillante que nous présente la parole de Dieu, car cette même Parole nous introduit dans la pleine lumière de Sa présence, mais si nous voulons connaître lâavenir du monde, nous ne pouvons nous passer de la prophétie.
Avant dâaborder la première vision, faisons une remarque importante pour lâintelligence du prophète Zacharie: nous avons vu quâun relativement petit nombre de captifs, appartenant aux tribus de Juda et de Benjamin, monté de Babylone pour rebâtir le temple, puis arrêté dans son ouvrage, lâavait repris sur lâinjonction des prophètes. Mais la condition de ces restes de Juda â nous éviterons autant que possible dâemployer le mot de «Résidu» pour les désigner â était telle que Dieu ne pouvait aucunement les reconnaître comme son peuple. Jamais les prophètes de la fin ne les désignent sous ce nom; la sentence de Lo-Ammi (Osée 1:9) nâavait pas été révoquée et ne le sera que lorsquâun peuple nouveau sortira du vrai Résidu dâIsraël. Zacharie envisage donc lâhistoire du peuple sous un angle tout à fait restreint. Il ne parle que de Jérusalem dans ses rapports avec Juda, comme si les yeux de lâÃternel avaient dû rétrécir de plus en plus leur horizon, et enfin ne sâarrêter plus que sur Jérusalem, misérable amas de ruines, dont lâÃternel, fidèle à ses promesses, voulait faire partir tous les rayons de ses gloires futures. Au temps de Zacharie, le temple est réédifié, mais ce nâest point encore le temple du Messie; la ville est rebâtie, mais nâest pas encore la cité du grand Roi; le peuple habite dans son pays, sans être encore le «peuple de franche volonté» que Dieu reconnaîtra dans la gloire millénaire.
Passons maintenant à lâexplication de la première vision. Le prophète voit «un homme monté sur un cheval roux»; le v. 11 nous apprend que cet homme est «lâange de lâÃternel». Ce nom est appliqué dans tout lâAncien Testament au représentant symbolique du Christ, avant sa manifestation comme homme dans ce monde. Le cheval roux sur lequel il est monté et les chevaux qui le suivent sont les esprits qui administrent providentiellement les empires des nations. Lâesprit de lâAnge de lâÃternel préside à lâaction de toutes les autres puissances angéliques employées par Dieu dans ce but1.
1 Le roux (adom), ou couleur rouge, implique à la fois la pensée de jugement et de purification en grâce. (Ãsaïe 63:2; Nombres 19:2.) On rencontre le même principe dans les peaux de béliers du Tabernacle. Le bélier représentait Christ dans sa consécration à Dieu (Exode 29:22); les peaux teintes en rouge (Exode 26:14; 36:19), soit la purification, soit le jugement. Sâil en est ainsi, la couleur du cheval de lâAnge de lâÃternel présenterait ces deux caractères, le jugement sâalliant à la purification en grâce, et lâayant pour but; le cheval roux qui vient après lui aurait plutôt le caractère de la purification en grâce qui a suivi le jugement, les chevaux roux du chap. 6, image de Babylone, présenteraient le jugement.
Lâange «se tenait parmi les myrtes». Les quatre passages de la Parole où il est parlé de myrtes ont tous trait à la restauration qui suit les jugements.
En Néh. 8:15, le peuple, restauré partiellement, est appelé à apporter des branches dâoliviers, de myrte et de palmier pour célébrer la fête des tabernacles.
En Ãsaïe 41:19, lâÃternel met fin à la désolation dâIsraël, le restaure et fait croître, dans le désert, le cèdre, lâacacia, le myrte et lâolivier.
En Ãsaïe 55:13, quand tous les jugements sont terminés, il est dit: «Au lieu de lâortie croîtra le myrte, et ce sera pour lâÃternel un nom, un signe à toujours, qui ne sera pas retranché.»
Dans notre chapitre, les myrtes doivent rappeler au prophète que la restauration arrivera quand les chevaux auront accompli leur tâche, mais câest avant tout lâange qui se tient au milieu des myrtes qui a continuellement sous les yeux la bénédiction finale, la vraie fête des tabernacles (14:16), par laquelle se terminera lâhistoire dâIsraël. «Les myrtes étaient dans le fond» pour indiquer que cette restauration était encore à lâarrière-plan, et que bien des événements devaient se passer avant elle.
Nâavons-nous pas, nous aussi, un grand intérêt à considérer lâange qui se tient au milieu des myrtes? Nous le connaissons maintenant dans la personne de Jésus qui nâarrête pas ses yeux sur notre ruine, mais se réjouit du moment où il se présentera son épouse sans tache, ni ride, ni rien de semblable, et nous trouvons dans cette pensée un précieux encouragement pour nos âmes.
«Après lâange il y avait des chevaux roux, bais, et blancs.» Nous lâavons indiqué, les chevaux sont, dans le langage symbolique, des agents providentiels, quel que soit du reste leur caractère: rois ou princes, gouvernements, anges, etc., qui, sous la présidence de Christ, accomplissent les desseins de Dieu dans lâadministration des empires et, pour ainsi dire, représentent ces derniers. Les chevaux sont envoyés pour se promener par la terre; ils prennent connaissance de lâétat des nations et en réfèrent à qui de droit; ils administrent les empires, selon les voies mystérieuses de Dieu, inconnues de tous, sinon de celui qui les dirige; ils représentent les empires, non devant les hommes qui ne peuvent connaître ces agents, mais devant Dieu. Câest pourquoi nous les voyons ici revêtir le caractère des différentes dominations universelles, qui se sont succédé dans lâhistoire du monde. Le prophète, dans une vision de nuit, a les yeux ouverts pour les voir, eux et lâange de lâÃternel qui préside à leurs mouvements. Aux jours de Zacharie, lâempire de Babylone était tombé et avait été remplacé par celui des Mèdes et des Perses. Lâange de lâÃternel monte un cheval roux, emblème de la grâce exercée par Cyrus envers les captifs de Juda. Câest pourquoi aussi le premier cheval est roux comme administrateur providentiel de cet empire.
La statue et les quatre Bêtes de Daniel nous présentent quatre empires, à commencer par celui de Babylone, sous lequel Daniel prophétisait. Zacharie, qui prophétise sous le second empire, nous en présente trois, à partir de celui des Perses. Il est le Prophète de ces pauvres restes abaissés de Juda, restaurés par Cyrus. Mais sa vision, comme celle de Daniel, sâétend bien au delà des circonstances présentes. Il voit, comme une chose actuelle, les empires grec et romain qui succéderont à celui des Perses. Le cheval blanc, une puissance victorieuse (Apoc. 6:2) est bien applicable à lâempire romain. Mais le point important à retenir, câest quâaux yeux du prophète lâasservissement de Juda ne prend pas fin avec lâempire des Perses, instrument de sa restauration. Deux empires après celui-ci, la Grèce et Rome, doivent encore fouler aux pieds lâancien peuple de Dieu.
Le prophète assiste au rapport des agents providentiels, sur lâétat moral qui caractérisait alors et caractérisera dans la suite ces empires: «Nous nous sommes promenés par la terre, et voici, toute la terre est en repos et tranquille» (v. 11). On pourrait croire que ce rapport devait être agréable à lâange. Nullement, car la tranquillité des empires était basée sur lâabaissement et lâasservissement dâIsraël. Tandis que celui-ci était opprimé et foulé aux pieds, ceux-là étaient à lâaise, satisfaits de leur condition, impitoyables aux douleurs du peuple de Dieu dispersé. Sans doute les fautes de ce peuple avaient été la cause du jugement de Dieu; mais il nâen était pas moins lâobjet de promesses sans repentance, et dâentrailles de miséricorde qui seraient émues à la fin en sa faveur. «Et lâange de lâÃternel prit la parole et dit: Ãternel des armées, jusques à quand nâuseras-tu pas de miséricorde envers Jérusalem, et envers les villes de Juda, contre lesquelles tu as été indigné ces soixante-dix ans?» (v. 12). Ce «jusques à quand» est le cri de la foi, et de la certitude quâun temps de restauration future arrivera pour Juda et la ville bien-aimée. Dans les Psaumes, les fidèles qui traversent la grande tribulation poussent constamment ce cri; il a en vue ici Jérusalem et Juda, sujet capital de cette prophétie.
Que répond lâÃternel à ce cri de «lâhomme qui se tenait parmi les myrtes»? «LâÃternel répondit à lâange qui parlait avec moi, de bonnes paroles, des paroles de consolation» (v. 13). Quand ce qui fut le peuple de Dieu, agonisant, osant à peine élever la voix pour clamer ses douleurs, est seul à nâêtre pas en repos et tranquille, le cÅur de Dieu nâest pas indifférent à sa peine. Le jugement était nécessaire, mais lâÃternel a de bonnes paroles pour Israël: «Consolez, consolez mon peuple» (Ãsaïe 40). Maintenant que Jérusalem a reçu de ma main le double pour tous ses péchés, je puis la consoler, dit lâÃternel. Ne pouvons-nous pas aussi nous appliquer ces paroles? La maison de Dieu est lâobjet de son jugement. Du sein de ses ruines nous crions: Jusques à quand? Recevrons-nous une réponse impitoyable? Bien au contraire, lâEsprit nous apporte de bonnes paroles, des paroles de consolation et dâespérance.
Dieu ajoute: «Ainsi dit lâÃternel des armées: Je suis jaloux dâune grande jalousie à lâégard de Jérusalem et à lâégard de Sion; et je suis courroucé dâun grand courroux contre les nations qui sont à leur aise; car jâétais un peu courroucé, et elles ont aidé au mal» (v. 14-15). «Un peu courroucé»! Le courroux de Dieu recouvrait un amour, navré de lâingratitude de son peuple. Sa colère nâétait point sans mélange, son amour cherchait une occasion légitime pour se manifester sans nuire à sa sainte justice. Pour Israël, comme pour nous, la croix a réuni ces caractères en apparence inconciliables de la gloire de Dieu. Les nations orgueilleuses, ennemies de Dieu et de son peuple, nâavaient rien compris aux voies de lâÃternel dont elles étaient les instruments à lâégard dâIsraël; pour assouvir leur haine, elles avaient «aidé au mal» et câest sur elles que tombera sans mélange le «grand courroux» de lâÃternel des armées.
«Câest pourquoi, ainsi dit lâÃternel: Je suis revenu à Jérusalem avec miséricorde; ma maison y sera bâtie, dit lâÃternel des armées, et le cordeau sera étendu sur Jérusalem» (v. 16). Les myrtes fleuriront alors, mais, dans ce moment, ils occupent encore le fond de la scène. Sans doute ces choses se sont accomplies partiellement, comme nous le voyons dans les livres dâEsdras et de Néhémie, mais leur plein accomplissement nâaura lieu que lorsque les empires des nations auront accompli leur cours, et nous savons par la prophétie que même lâempire romain nâest que «blessé à mort» et renaîtra dans un temps futur sous sa forme impériale. Alors seulement il subira son jugement définitif; la maison de lâÃternel, ainsi que la ville de Jérusalem, pourront être établies sur un fondement indestructible; les villes de Juda «regorgeront encore de biens, et lâÃternel consolera encore Sion, et choisira encore Jérusalem» (v. 17).
«Et je levai mes yeux et regardai: et voici quatre cornes. Et je dis à lâange qui parlait avec moi: Que sont celles-ci? Et il me dit: Ce sont ici les cornes qui ont dispersé Juda, Israël et Jérusalem» (v. 18-19). Une corne est toujours lâemblème du pouvoir. Nous retrouvons ici, comme dans la première vision, les diverses puissances hostiles au peuple de Dieu, y compris toutefois lâAssyrie qui avait dispersé Israël et fut amalgamée plus tard avec lâempire de Babylone, auteur de la dispersion de Juda. Cependant Israël ne joue, comme nous lâavons dit plus haut, quâun rôle tout à fait secondaire dans Zacharie, car il nâen est plus fait mention quâau chap. 10:7-12. Câest Jérusalem et Juda qui sont ici particulièrement en vue, aussi lisons-nous au v. 21: «Ce sont là les cornes qui ont dispersé Juda», non plus Israël, comme au v. 19, car Babylone a remplacé lâAssyrien.
Zacharie, conscient de sa jeunesse (cf. 2:4) et de son inexpérience, pose ici à Dieu des questions qui ne restent jamais sans réponse. Il en est toujours de même pour nous, quand nous abordons la Parole avec prière. Comme les visions à Zacharie, Dieu nous a donné sa Parole, non pas pour quâelle reste un livre scellé, car il lâapproprie à lâintelligence dâun petit enfant, mais il faut, même au petit enfant, trois choses pour la comprendre, la foi, la dépendance, et lâEsprit de Dieu. Câétait ce que possédait le jeune prophète.
«Et lâÃternel me fit voir quatre ouvriers. Et je dis Que viennent faire ceux-ci? Et il parla, disant: Ce sont là les cornes qui ont dispersé Juda, de manière que personne ne levait la tête; mais ceux-ci sont venus pour les effrayer, pour jeter loin les cornes des nations qui ont levé la corne contre le pays de Juda pour le disperser» (v. 20-21). Ces ouvriers sont des agents providentiels destinés à remplir de terreur les empires des nations et à détruire leur puissance. Ce quâils ont été dans lâhistoire du passé, ce quâils seront dans celle de lâavenir, nâest pas spécifié. Un ouvrier peut avoir des instruments divers pour accomplir son Åuvre, et provoquer la chute de lâédifice le plus solidement établi. Lâintervention dâun seul homme, des circonstances morales, une barrière mise au commerce, des désastres nationaux ou terrestres, des guerres surtout, sont autant dâinstruments par lesquels Dieu a détruit les plus grands empires qui aient jamais existé. Lâesprit reste songeur devant la facilité avec laquelle ces immenses et glorieux édifices se sont écroulés. Câest que Dieu était derrière la scène et, tandis que les empires étaient encore en repos et tranquilles, le charpentier sciait en secret les poutres et les colonnes, le maçon déplaçait la clé de voûte, le constructeur sapait, sans quâil y parût, les fondements cachés; ici et là un grincement de scie, un vacillement du toit, un ébranlement du sol, semaient lâépouvante, puis la confiance aveugle renaissait, jusquâau jour où, le travail accompli, tout sâécroulait à la fois. «Hélas! hélas! la grande ville de Babylone, la ville forte, en une seule heure, son jugement est venu! Hélas! hélas! la grande ville qui était vêtue de fin lin, de pourpre et dâécarlate, qui était parée dâor et de pierres précieuses et de perles! car en une seule heure tant de richesses ont été changées en désolation! Hélas! hélas! la grande ville, dans laquelle, par son opulence, tous ceux qui avaient des navires sur la mer étaient devenus riches! car, en une seule heure, elle a été désolée.» Méditez lâhistoire des royaumes, ouvrez les yeux, comme Zacharie, sur ce qui se passe aujourdâhui dans le monde; partout tel ou tel ouvrier a fait son Åuvre en cachette. Les puissances sâeffraient, voudraient parer à la ruine imminente, quand déjà lâouvrier mystérieux les a saisies et jetées loin de lui!
versets 1-21
Chapitre 1er
Introduction â (v. 1-6)
«Au huitième mois, en la seconde année de Darius, la parole de lâÃternel vint à Zacharie le prophète, fils de Bérékia, fils dâIddo.» Ce huitième mois marque la date des paroles préliminaires du prophète. Semblable à Jérémie, Zacharie avait le double caractère de prophète et de sacrificateur. Il est appelé ici «Zacharie, fils de Bérékia (Barachie), fils dâIddo». La mention, en Matt. 23:35, de Zacharie, fils de Barachie, qui fut tué entre le temple et lâautel, passage qui se rapporte évidemment à la mort de Zacharie, fils de Jéhoïada, tué par ordre de Josias (2 Chron. 24:20-22), a beaucoup exercé les commentateurs. Ceux qui nâont pas lâhabitude de se défier de leur raison, pensent que le passage de Matthieu renferme une erreur en attribuant à notre prophète ce qui est raconté du fils de Jéhoïada. Mon humble avis est que cette erreur nâexiste pas. Les noms de Zacharie et de Barachie étaient familiers à la race sacerdotale. En Ãsaïe 8:2, nous rencontrons comme «fidèles témoins» dâÃsaïe, Urie le sacrificateur et Zacharie, fils de Jebérékia, câest-à -dire de Barachie. Ce nom de Barachie semble être celui du chef de la race. Zacharie, fils de Jéhoïada, pourrait donc être appelé par Matthieu fils de Barachie, en remontant à son origine. On peut faire la même remarque pour notre prophète. Zacharie était fils dâIddo (Esdras 5:1; 6:14), lâun des sacrificateurs qui étaient remontés de Babylone avec Joshua, souverain sacrificateur, et Zorobabel (Néh. 12:1, 4). Sous la souveraine sacrificature de Joïakim, fils de Joshua, «Zacharie, fils dâIddo», revêtit la sacrificature (Néh. 12:16), mais nulle autre part, sinon dans le livre que nous étudions, notre prophète nâest appelé fils de Barachie, ce qui sâexplique aisément si Barachie est chef de race. De tels exemples se rencontrent fréquemment dans les chronologies des Chroniques, livres qui remontent au temps du retour de la captivité et furent écrits précisément pendant les jours de notre prophète. Voyez, par exemple, Hur appelé en 1 Chron. 4:1, «fils de Juda» après cinq générations.
Le fait que Zacharie était sacrificateur imprime un caractère particulier à sa prophétie, où la sacrificature joue un rôle de la plus haute importance.
La parole de lâÃternel vint donc à Zacharie, disant: «LâÃternel a été fort en courroux contre vos pères. Et tu leur diras: Ainsi dit lâÃternel des armées: Revenez à moi, dit lâÃternel des armées, et je reviendrai à vous, dit lâÃternel des armées» (v. 1-3).
Tel est le début du livre: Le Seigneur annonce à ces réchappés de Juda quâil avait été fort courroucé contre leurs pères parce quâils nâavaient pas écouté ses prophètes. Ces faibles restes allaient-ils reprendre maintenant les errements de leurs pères ou écouter la parole de lâÃternel? Ce nâest pas proprement la loi dont il est ici question, car il ne faut pas confondre les prophètes avec elle. Sans doute les prophètes rappelaient le peuple à la loi et au témoignage, pour faire un appel sérieux à la conscience dâIsraël dans un temps de ruine, mais ils plaçaient en même temps devant les yeux du peuple la grâce et la miséricorde de Dieu. Israël avait manqué, mais lâÃternel ne pouvait faillir, et malgré ses jugements, devenus nécessaires, il voulait réaliser, en dépit de tout, ses conseils de grâce envers ce peuple. La prophétie ne consiste donc pas seulement en une série de messages adressés au peuple coupable pour réveiller sa conscience et lui annoncer les jugements qui vont fondre sur lui, elle est aussi destinée à encourager le cÅur des fidèles en leur révélant ce que Dieu veut faire pour eux. «Revenez à moi», dit lâÃternel dans ces versets, «et je reviendrai à vous.» Cela va beaucoup plus loin que les principes de la loi. Dans le jour actuel, sous lâéconomie de la grâce, ces paroles sont tout autant de saison quâalors et nous devons y prêter une sérieuse attention.
«Revenez à moi, et je reviendrai à vous.» Quâavons-nous fait du témoignage que Dieu nous avait confié? Notre ruine est-elle bien différente de celle des pères de Juda? Avons-nous gardé les choses que Dieu avait placées entre nos mains? La réponse ne peut être douteuse. Avons-nous travaillé au temple de lâÃternel ou à nos propres maisons, comme Aggée en accusait le peuple? Hélas! nous avons cherché, comme ce dernier, à nous établir confortablement dans le monde. Que nous reste-t-il à faire? Revenons à Lui; le chemin est ouvert; y a-t-il impossibilité de nous juger nous-mêmes et de ressaisir ce que nous nâaurions jamais dû abandonner? Si nous écoutons cet appel, nous en aurons la récompense: «Je reviendrai à vous, dit lâÃternel des armées.» La recherche de nos propres intérêts nous a-t-elle fait perdre la communion du Seigneur, il sâagit de la retrouver. Si nos cÅurs se sont desséchés au souffle du monde, au lieu de rechercher ses intérêts à Lui, si nous avons ouvert la porte aux idoles, jugeons nos voies, revenons à Lui et il reviendra à nous, et nous goûterons de nouveau les richesses que nous avions méprisées. Elles ne sont point perdues; la repentance est le chemin qui nous en donnera lâaccès. Depuis bien longtemps le peuple dâalors, laissant la maison inachevée, avait dâautres soucis que la présence de Dieu dans son temple. LâÃternel cite lâexemple de leurs pères: «Ils sont revenus et ont dit: Comme lâÃternel des armées sâest proposé de nous faire, selon nos voies et selon nos actions, ainsi en a-t-il fait à notre égard» (verset 6). Les pères étaient revenus, mais seulement après que les jugements de Dieu les eurent atteints. Le résidu dâalors allait-il suivre le même chemin, tandis que lâÃternel suspendait encore son jugement? Cette question se pose aussi pour nous. Si nous nâécoutons pas les avertissements de Dieu, nous tomberons nécessairement sous sa discipline. Puissions-nous sentir lâimportance pour nos âmes du commencement de ce chapitre!
Le début du prophète Malachie nâest pas semblable à celui de Zacharie. Au lieu de «Revenez à moi», Dieu dit au peuple: «Je vous ai aimés.» Touchante parole qui aurait dû remuer les fibres les plus secrètes de leur âme, mais ne fait que provoquer des murmures dans ces cÅurs indifférents: «En quoi nous as-tu aimés?» (Mal. 1:2). Chaque question quâils adressent à lâÃternel est un nouveau témoignage de leur endurcissement. Vous trouvez neuf questions dans Malachie, vous en trouvez douze dans la première partie de Zacharie, mais câest le prophète lui-même qui les pose. Elles expriment sa foi et sa dépendance du Seigneur. Zacharie, bien que sacrificateur et prophète, sent son ignorance et son incapacité de sonder lui-même les pensées de Dieu; il nâa quâun désir, câest de recevoir directement lâinterprétation des énigmes divines. Imitons Zacharie; demandons comme lui, nous recevrons comme lui. Nous avons tout particulièrement besoin de cette dépendance pour aborder les visions du prophète. Elles présentent dâinsurmontables difficultés à celui qui veut les comprendre par son intelligence, mais quiconque, dans une humble dépendance, demande à Dieu: «Que signifient ces choses?» reçoit une réponse qui lâédifie et affermit sa foi, surtout sâil a commencé par prendre cette autre parole à cÅur: «Revenez à moi et je reviendrai à vous.»
Le livre des visions â Chapitres 1 (v. 7) Ã 6
Première vision â Chapitre 1er (v. 7-17)
à part lâintroduction dont nous venons de parler, nous ne trouvons dans le prophète Zacharie que deux divisions ou, pour mieux dire, deux livres. Le premier va du septième verset du chap. 1 à la fin du chap. 6, le second du chap. 7 au 14. Chacun de ces deux livres a sa date spéciale. Le premier livre commence ainsi:
«Le vingt-quatrième jour du onzième mois, qui est le mois de Shebath, en la seconde année de Darius, la parole de lâÃternel vint à Zacharie le prophète, fils de Bérékia, fils dâIddo, disant: Je vis de nuit.» La durée de ce vingt-quatrième jour, jusquâà la fin du chap. 6, a son importance. Zacharie semble avoir eu toutes ses visions dans une seule nuit et toute âme qui considère la prophétie se trouve dans la même condition que le prophète. Pour comprendre les événements prophétiques nous devons réaliser que le monde dans lequel nous sommes est plongé dans les ténèbres les plus profondes. Dieu ne nous y laisse pas sans secours, et la lampe prophétique nous y dirige. Cette lampe nâest certes pas la clarté la plus brillante que nous présente la parole de Dieu, car cette même Parole nous introduit dans la pleine lumière de Sa présence, mais si nous voulons connaître lâavenir du monde, nous ne pouvons nous passer de la prophétie.
Avant dâaborder la première vision, faisons une remarque importante pour lâintelligence du prophète Zacharie: nous avons vu quâun relativement petit nombre de captifs, appartenant aux tribus de Juda et de Benjamin, monté de Babylone pour rebâtir le temple, puis arrêté dans son ouvrage, lâavait repris sur lâinjonction des prophètes. Mais la condition de ces restes de Juda â nous éviterons autant que possible dâemployer le mot de «Résidu» pour les désigner â était telle que Dieu ne pouvait aucunement les reconnaître comme son peuple. Jamais les prophètes de la fin ne les désignent sous ce nom; la sentence de Lo-Ammi (Osée 1:9) nâavait pas été révoquée et ne le sera que lorsquâun peuple nouveau sortira du vrai Résidu dâIsraël. Zacharie envisage donc lâhistoire du peuple sous un angle tout à fait restreint. Il ne parle que de Jérusalem dans ses rapports avec Juda, comme si les yeux de lâÃternel avaient dû rétrécir de plus en plus leur horizon, et enfin ne sâarrêter plus que sur Jérusalem, misérable amas de ruines, dont lâÃternel, fidèle à ses promesses, voulait faire partir tous les rayons de ses gloires futures. Au temps de Zacharie, le temple est réédifié, mais ce nâest point encore le temple du Messie; la ville est rebâtie, mais nâest pas encore la cité du grand Roi; le peuple habite dans son pays, sans être encore le «peuple de franche volonté» que Dieu reconnaîtra dans la gloire millénaire.
Passons maintenant à lâexplication de la première vision. Le prophète voit «un homme monté sur un cheval roux»; le v. 11 nous apprend que cet homme est «lâange de lâÃternel». Ce nom est appliqué dans tout lâAncien Testament au représentant symbolique du Christ, avant sa manifestation comme homme dans ce monde. Le cheval roux sur lequel il est monté et les chevaux qui le suivent sont les esprits qui administrent providentiellement les empires des nations. Lâesprit de lâAnge de lâÃternel préside à lâaction de toutes les autres puissances angéliques employées par Dieu dans ce but1.
1 Le roux (adom), ou couleur rouge, implique à la fois la pensée de jugement et de purification en grâce. (Ãsaïe 63:2; Nombres 19:2.) On rencontre le même principe dans les peaux de béliers du Tabernacle. Le bélier représentait Christ dans sa consécration à Dieu (Exode 29:22); les peaux teintes en rouge (Exode 26:14; 36:19), soit la purification, soit le jugement. Sâil en est ainsi, la couleur du cheval de lâAnge de lâÃternel présenterait ces deux caractères, le jugement sâalliant à la purification en grâce, et lâayant pour but; le cheval roux qui vient après lui aurait plutôt le caractère de la purification en grâce qui a suivi le jugement, les chevaux roux du chap. 6, image de Babylone, présenteraient le jugement.
Lâange «se tenait parmi les myrtes». Les quatre passages de la Parole où il est parlé de myrtes ont tous trait à la restauration qui suit les jugements.
En Néh. 8:15, le peuple, restauré partiellement, est appelé à apporter des branches dâoliviers, de myrte et de palmier pour célébrer la fête des tabernacles.
En Ãsaïe 41:19, lâÃternel met fin à la désolation dâIsraël, le restaure et fait croître, dans le désert, le cèdre, lâacacia, le myrte et lâolivier.
En Ãsaïe 55:13, quand tous les jugements sont terminés, il est dit: «Au lieu de lâortie croîtra le myrte, et ce sera pour lâÃternel un nom, un signe à toujours, qui ne sera pas retranché.»
Dans notre chapitre, les myrtes doivent rappeler au prophète que la restauration arrivera quand les chevaux auront accompli leur tâche, mais câest avant tout lâange qui se tient au milieu des myrtes qui a continuellement sous les yeux la bénédiction finale, la vraie fête des tabernacles (14:16), par laquelle se terminera lâhistoire dâIsraël. «Les myrtes étaient dans le fond» pour indiquer que cette restauration était encore à lâarrière-plan, et que bien des événements devaient se passer avant elle.
Nâavons-nous pas, nous aussi, un grand intérêt à considérer lâange qui se tient au milieu des myrtes? Nous le connaissons maintenant dans la personne de Jésus qui nâarrête pas ses yeux sur notre ruine, mais se réjouit du moment où il se présentera son épouse sans tache, ni ride, ni rien de semblable, et nous trouvons dans cette pensée un précieux encouragement pour nos âmes.
«Après lâange il y avait des chevaux roux, bais, et blancs.» Nous lâavons indiqué, les chevaux sont, dans le langage symbolique, des agents providentiels, quel que soit du reste leur caractère: rois ou princes, gouvernements, anges, etc., qui, sous la présidence de Christ, accomplissent les desseins de Dieu dans lâadministration des empires et, pour ainsi dire, représentent ces derniers. Les chevaux sont envoyés pour se promener par la terre; ils prennent connaissance de lâétat des nations et en réfèrent à qui de droit; ils administrent les empires, selon les voies mystérieuses de Dieu, inconnues de tous, sinon de celui qui les dirige; ils représentent les empires, non devant les hommes qui ne peuvent connaître ces agents, mais devant Dieu. Câest pourquoi nous les voyons ici revêtir le caractère des différentes dominations universelles, qui se sont succédé dans lâhistoire du monde. Le prophète, dans une vision de nuit, a les yeux ouverts pour les voir, eux et lâange de lâÃternel qui préside à leurs mouvements. Aux jours de Zacharie, lâempire de Babylone était tombé et avait été remplacé par celui des Mèdes et des Perses. Lâange de lâÃternel monte un cheval roux, emblème de la grâce exercée par Cyrus envers les captifs de Juda. Câest pourquoi aussi le premier cheval est roux comme administrateur providentiel de cet empire.
La statue et les quatre Bêtes de Daniel nous présentent quatre empires, à commencer par celui de Babylone, sous lequel Daniel prophétisait. Zacharie, qui prophétise sous le second empire, nous en présente trois, à partir de celui des Perses. Il est le Prophète de ces pauvres restes abaissés de Juda, restaurés par Cyrus. Mais sa vision, comme celle de Daniel, sâétend bien au delà des circonstances présentes. Il voit, comme une chose actuelle, les empires grec et romain qui succéderont à celui des Perses. Le cheval blanc, une puissance victorieuse (Apoc. 6:2) est bien applicable à lâempire romain. Mais le point important à retenir, câest quâaux yeux du prophète lâasservissement de Juda ne prend pas fin avec lâempire des Perses, instrument de sa restauration. Deux empires après celui-ci, la Grèce et Rome, doivent encore fouler aux pieds lâancien peuple de Dieu.
Le prophète assiste au rapport des agents providentiels, sur lâétat moral qui caractérisait alors et caractérisera dans la suite ces empires: «Nous nous sommes promenés par la terre, et voici, toute la terre est en repos et tranquille» (v. 11). On pourrait croire que ce rapport devait être agréable à lâange. Nullement, car la tranquillité des empires était basée sur lâabaissement et lâasservissement dâIsraël. Tandis que celui-ci était opprimé et foulé aux pieds, ceux-là étaient à lâaise, satisfaits de leur condition, impitoyables aux douleurs du peuple de Dieu dispersé. Sans doute les fautes de ce peuple avaient été la cause du jugement de Dieu; mais il nâen était pas moins lâobjet de promesses sans repentance, et dâentrailles de miséricorde qui seraient émues à la fin en sa faveur. «Et lâange de lâÃternel prit la parole et dit: Ãternel des armées, jusques à quand nâuseras-tu pas de miséricorde envers Jérusalem, et envers les villes de Juda, contre lesquelles tu as été indigné ces soixante-dix ans?» (v. 12). Ce «jusques à quand» est le cri de la foi, et de la certitude quâun temps de restauration future arrivera pour Juda et la ville bien-aimée. Dans les Psaumes, les fidèles qui traversent la grande tribulation poussent constamment ce cri; il a en vue ici Jérusalem et Juda, sujet capital de cette prophétie.
Que répond lâÃternel à ce cri de «lâhomme qui se tenait parmi les myrtes»? «LâÃternel répondit à lâange qui parlait avec moi, de bonnes paroles, des paroles de consolation» (v. 13). Quand ce qui fut le peuple de Dieu, agonisant, osant à peine élever la voix pour clamer ses douleurs, est seul à nâêtre pas en repos et tranquille, le cÅur de Dieu nâest pas indifférent à sa peine. Le jugement était nécessaire, mais lâÃternel a de bonnes paroles pour Israël: «Consolez, consolez mon peuple» (Ãsaïe 40). Maintenant que Jérusalem a reçu de ma main le double pour tous ses péchés, je puis la consoler, dit lâÃternel. Ne pouvons-nous pas aussi nous appliquer ces paroles? La maison de Dieu est lâobjet de son jugement. Du sein de ses ruines nous crions: Jusques à quand? Recevrons-nous une réponse impitoyable? Bien au contraire, lâEsprit nous apporte de bonnes paroles, des paroles de consolation et dâespérance.
Dieu ajoute: «Ainsi dit lâÃternel des armées: Je suis jaloux dâune grande jalousie à lâégard de Jérusalem et à lâégard de Sion; et je suis courroucé dâun grand courroux contre les nations qui sont à leur aise; car jâétais un peu courroucé, et elles ont aidé au mal» (v. 14-15). «Un peu courroucé»! Le courroux de Dieu recouvrait un amour, navré de lâingratitude de son peuple. Sa colère nâétait point sans mélange, son amour cherchait une occasion légitime pour se manifester sans nuire à sa sainte justice. Pour Israël, comme pour nous, la croix a réuni ces caractères en apparence inconciliables de la gloire de Dieu. Les nations orgueilleuses, ennemies de Dieu et de son peuple, nâavaient rien compris aux voies de lâÃternel dont elles étaient les instruments à lâégard dâIsraël; pour assouvir leur haine, elles avaient «aidé au mal» et câest sur elles que tombera sans mélange le «grand courroux» de lâÃternel des armées.
«Câest pourquoi, ainsi dit lâÃternel: Je suis revenu à Jérusalem avec miséricorde; ma maison y sera bâtie, dit lâÃternel des armées, et le cordeau sera étendu sur Jérusalem» (v. 16). Les myrtes fleuriront alors, mais, dans ce moment, ils occupent encore le fond de la scène. Sans doute ces choses se sont accomplies partiellement, comme nous le voyons dans les livres dâEsdras et de Néhémie, mais leur plein accomplissement nâaura lieu que lorsque les empires des nations auront accompli leur cours, et nous savons par la prophétie que même lâempire romain nâest que «blessé à mort» et renaîtra dans un temps futur sous sa forme impériale. Alors seulement il subira son jugement définitif; la maison de lâÃternel, ainsi que la ville de Jérusalem, pourront être établies sur un fondement indestructible; les villes de Juda «regorgeront encore de biens, et lâÃternel consolera encore Sion, et choisira encore Jérusalem» (v. 17).
Deuxième vision â Chapitre 1er (v. 18-21)
«Et je levai mes yeux et regardai: et voici quatre cornes. Et je dis à lâange qui parlait avec moi: Que sont celles-ci? Et il me dit: Ce sont ici les cornes qui ont dispersé Juda, Israël et Jérusalem» (v. 18-19). Une corne est toujours lâemblème du pouvoir. Nous retrouvons ici, comme dans la première vision, les diverses puissances hostiles au peuple de Dieu, y compris toutefois lâAssyrie qui avait dispersé Israël et fut amalgamée plus tard avec lâempire de Babylone, auteur de la dispersion de Juda. Cependant Israël ne joue, comme nous lâavons dit plus haut, quâun rôle tout à fait secondaire dans Zacharie, car il nâen est plus fait mention quâau chap. 10:7-12. Câest Jérusalem et Juda qui sont ici particulièrement en vue, aussi lisons-nous au v. 21: «Ce sont là les cornes qui ont dispersé Juda», non plus Israël, comme au v. 19, car Babylone a remplacé lâAssyrien.
Zacharie, conscient de sa jeunesse (cf. 2:4) et de son inexpérience, pose ici à Dieu des questions qui ne restent jamais sans réponse. Il en est toujours de même pour nous, quand nous abordons la Parole avec prière. Comme les visions à Zacharie, Dieu nous a donné sa Parole, non pas pour quâelle reste un livre scellé, car il lâapproprie à lâintelligence dâun petit enfant, mais il faut, même au petit enfant, trois choses pour la comprendre, la foi, la dépendance, et lâEsprit de Dieu. Câétait ce que possédait le jeune prophète.
«Et lâÃternel me fit voir quatre ouvriers. Et je dis Que viennent faire ceux-ci? Et il parla, disant: Ce sont là les cornes qui ont dispersé Juda, de manière que personne ne levait la tête; mais ceux-ci sont venus pour les effrayer, pour jeter loin les cornes des nations qui ont levé la corne contre le pays de Juda pour le disperser» (v. 20-21). Ces ouvriers sont des agents providentiels destinés à remplir de terreur les empires des nations et à détruire leur puissance. Ce quâils ont été dans lâhistoire du passé, ce quâils seront dans celle de lâavenir, nâest pas spécifié. Un ouvrier peut avoir des instruments divers pour accomplir son Åuvre, et provoquer la chute de lâédifice le plus solidement établi. Lâintervention dâun seul homme, des circonstances morales, une barrière mise au commerce, des désastres nationaux ou terrestres, des guerres surtout, sont autant dâinstruments par lesquels Dieu a détruit les plus grands empires qui aient jamais existé. Lâesprit reste songeur devant la facilité avec laquelle ces immenses et glorieux édifices se sont écroulés. Câest que Dieu était derrière la scène et, tandis que les empires étaient encore en repos et tranquilles, le charpentier sciait en secret les poutres et les colonnes, le maçon déplaçait la clé de voûte, le constructeur sapait, sans quâil y parût, les fondements cachés; ici et là un grincement de scie, un vacillement du toit, un ébranlement du sol, semaient lâépouvante, puis la confiance aveugle renaissait, jusquâau jour où, le travail accompli, tout sâécroulait à la fois. «Hélas! hélas! la grande ville de Babylone, la ville forte, en une seule heure, son jugement est venu! Hélas! hélas! la grande ville qui était vêtue de fin lin, de pourpre et dâécarlate, qui était parée dâor et de pierres précieuses et de perles! car en une seule heure tant de richesses ont été changées en désolation! Hélas! hélas! la grande ville, dans laquelle, par son opulence, tous ceux qui avaient des navires sur la mer étaient devenus riches! car, en une seule heure, elle a été désolée.» Méditez lâhistoire des royaumes, ouvrez les yeux, comme Zacharie, sur ce qui se passe aujourdâhui dans le monde; partout tel ou tel ouvrier a fait son Åuvre en cachette. Les puissances sâeffraient, voudraient parer à la ruine imminente, quand déjà lâouvrier mystérieux les a saisies et jetées loin de lui!