«Malheur à la ville de sang, toute pleine de fausseté et de violence! la rapine ne la quitte pas» (v. 1).
Il nây a quâun seul «malheur» dans Nahum, celui de la ruine de Ninive. Lâarrêt était prononcé au chap. 2; on en voit ici lâaccomplissement final. Nahum est le seul prophète dont le livre se termine par un jugement définitif. Sâil parle de la restauration dâIsraël, ce nâest pour ainsi dire quâen passant, au premier chapitre, et pour la situer dans lâensemble de la prophétie. Ninive doit tomber; toute la puissance dâun monde hautain et fier qui ne reconnaît que sa propre importance, dâun monde que son orgueil constitue lâennemi du peuple de Dieu, toute cette puissance doit être anéantie. Au chap. 2, lâassaut et la prise de la ville étaient représentés comme conséquence du tort fait par lâAssyrien à la vigne dâIsraël; ici, au chap. 3, câest le caractère même de Ninive qui attire sur elle ces représailles. Comme, dans Jérusalem, avaient été trouvés lâiniquité du peuple et le sang de tous les prophètes, ainsi dans Ninive, la ville de sang, Dieu ne trouve que fausseté, violence et rapine. Cette ville est comme la quintessence du caractère du peuple assyrien et de ses rois.
Les v. 2 et 3 ont un caractère différent des v. 3 à 7 du chap. 2 qui décrivaient lâattaque de Ninive, suivie aux v. 9 et 10 du pillage et de la terreur. Ici nous assistons au sac et au massacre épouvantable qui remplit la ville «de monceaux de corps morts et de cadavres sans fin».
Un trait de lâiniquité de Ninive est comme séparé de tous les autres, car il sâagit non plus du péché contre les hommes, mais du péché contre Dieu: «à cause de la multitude des prostitutions de la prostituée attrayante, enchanteresse, qui vend les nations par ses prostitutions, et les familles par ses enchantements, voici, jâen veux à toi, dit lâÃternel des armées, et je relèverai les pans de ta robe sur ton visage, et je montrerai aux nations ta nudité, et aux royaumes ta honte. Et je jetterai sur toi des ordures, et je tâavilirai, et je te donnerai en spectacle» (v. 4-6).
Elle avait réussi à captiver les nations par le culte de ses faux dieux et par sa magie. Combien dâentre elles sâétaient laissé entraîner à se prosterner devant les dieux de Ninive, en assistant à la faillite de leurs propres dieux, emmenés captifs par les rois dâAssyrie (Ãs. 36:19, 20), et sâexposaient ainsi de la part de lâÃternel au même jugement quâelle. Maintenant, aux yeux de ces mêmes nations, elle était avilie au dernier point, une prostituée dont on expose la nudité au dégoût et au mépris de tous. Câest ainsi que Dieu estime et punit lâorgueil insensé de lâhomme qui préconise ses faux dieux à la face même de lâÃternel des armées. Tu es vil, dit celui-ci au roi dâAssyrie (1:14); je tâavilirai, dit-il à Ninive. Elle sera couverte dâordures, image de la valeur que peuvent avoir tous les attraits et enchantements du monde aux yeux de Dieu. Puissions-nous, nous aussi, estimer ces choses, comme le faisait lâapôtre Paul, selon la mesure du sanctuaire! (Phil. 3:8).
«Et il arrivera que tous ceux qui te verront fuiront loin de toi, et diront: Ninive est dévastée! Qui la plaindra? Dâoù te chercherai-je des consolateurs?» (v. 7).
Il en est ainsi de lâégoïsme du monde. Ceux qui ne sont pas directement frappés sâaccommodent facilement du désastre des autres. Quelques mots de regret, peut-être, et lâoubli recouvre déjà la catastrophe. Les consolateurs ne se trouvent pas parmi les hommes. Dieu seul peut consoler, mais comment consolerait-il celle qui jusquâà la fin lâa méprisé et sâest moquée de Lui? Quand la repentance sâest produite et que Jérusalem a reçu le double de tous ses péchés, alors Dieu se présente à elle comme Consolateur. «Consolez», dit-il, «consolez mon peuple». Dès le moment où la conversion sâest opérée, les consolations ne manquent plus jamais; elles sont le baume souverain dans lâépreuve: lâapôtre consolait ses frères et était lui-même consolé de Dieu. Tel est le résultat de lâÅuvre de Christ pour nous. Il a pris en grâce sur lui-même notre malédiction, le malheur prononcé sur le monde; il a cherché des consolations, ici-bas, et nâen a pas trouvé (Ps. 69:21); mais maintenant Il est consolé à la droite de Dieu et verra les fruits du travail de son âme introduits dans les lieux où Dieu les consolera eux-mêmes éternellement en essuyant toute larme de leurs yeux.
Lâidolâtrie de lâAssyrien est un des points importants de la prophétie émise à son sujet. En Ãsaïe 10:8-11, on le voit estimant ses idoles supérieures à toutes les autres et à lâÃternel lui-même. Ãsaïe 14 nous montre sa défaite finale (et celle de Babylone) à cause de son orgueil sans borne qui cherche à se substituer à Dieu lui-même. Les v. 19 et 20 de ce même chapitre rappellent le sac de Ninive, mais vont beaucoup plus loin et considèrent, comme du reste le chapitre tout entier, la défaite finale de lâAssyrien prophétique. En Ãsaïe 47, le sort de Babylone est le même que celui de Ninive: même nudité découverte, même honte vue (v. 3). En Jér. 13:26, 27, le Seigneur prononce un malheur sur Jérusalem comme Nahum sur Ninive: «Moi aussi», dit lâÃternel, «je relèverai tes pans sur ton visage, et ta honte se verra». Elle avait suivi lâidolâtrie des nations; câest par elle que les jugements commencent; puis vient le tour de Ninive; enfin celui de Babylone. Tout cela a eu lieu historiquement, et se renouvellera prophétiquement à la fin des temps. Jérusalem, la maison balayée, où les sept esprits idolâtres se retrouveront à la fin, sous le règne de lâAntichrist, sera jugée, mais ensuite restaurée à cause du Résidu repentant et croyant; tandis que la grande Babylone de la fin, la chrétienté apostate et idolâtre, sera entièrement détruite et que lâAssyrien sera consumé sur les montagnes dâIsraël.
«Es-tu meilleure que No-Amon, qui habitait sur les canaux, des eaux autour dâelle, â elle qui avait la mer pour rempart, la mer pour sa muraille? LâÃthiopie était sa force, et lâÃgypte, et il nây avait pas de fin; Puth et les Libyens étaient parmi ceux qui lâaidaient» (v. 8, 9).
Ce passage, comme nous lâavons vu plus haut, nous donne la date de la prophétie de Nahum, mais il offre plusieurs autres particularités. No-Amon, Thèbes, capitale de la Haute-Ãgypte, fut assiégée, prise et mise à sac par Assurbanipal en lâan 633 A. C. Ce fut donc au plus tôt vers 660 que Nahum put faire mention de cet événement. La date de la mort dâAssurbanipal nâest pas connue, mais ne peut guère avoir eu lieu avant lâannée 630, peut-être assez longtemps après cette date; et comme Nahum prophétisa sous Manassé (698-643) la mention quâil fait de la chute de Thèbes ne put avoir lieu que du vivant dâAssurbanipal1.
1 Au reste, comme en tout autre point, il nây a de certain que les dates historiques données par lâÃcriture, dès le commencement de la Genèse. Quand il sâagit des dates données par lâhomme on flotte souvent sur une mer dâincertitudes. Câest ainsi que lâévénement capital du monde antique, la ruine de Ninive, présente des dates contradictoires distantes les unes des autres dâune vingtaine dâannées. Il en est de même de la prophétie de Nahum que le silence apparent des Ãcritures a fait transporter tantôt sous Ãzéchias, tantôt sous Manassé, câest-à -dire à près de 60 à 80 ans de distance.
Dieu annonce donc à Ninive ou à son roi le même sort quâil venait dâinfliger à No-Amon. La situation de Thèbes était identique à celle de Ninive. Elle aussi habitait sur «les fleuves», â mot qui indique toujours pour lâÃgypte les canaux du Nil â comme Ninive entourée des canaux du Tigre; elle aussi avait «la mer» pour rempart, câest-à -dire le vaste cours, le cours principal du Nil (cf. Ãs. 19:5), comme le Tigre était le rempart de Ninive. Thèbes était garantie contre les invasions par lâÃthiopie au midi, par la Basse Ãgypte et Memphis au nord. Elle sâappuyait sur toutes deux. Puth et les Libyens ses alliés la garantissaient encore. Quâétait-elle devenue? Son sort, quâAssurbanipal célèbre dans une inscription mémorable, était lâimage exacte de ce qui allait arriver à Ninive1. Elle aussi, comme Thèbes, serait emmenée et sâen irait en captivité (3:10; 2:7). Les petits enfants de No-Amon avaient été écrasés au coin de toutes les rues. En serait-il autrement de Ninive avec sa multitude de tués et ses monceaux de morts? On sait que telle était la coutume atroce de ces peuples qui prétendaient à la haute culture et à la civilisation dâalors. (Ps. 137:9; Ãs. 13:16; Osée 13:16). La civilisation raffinée de nos jours ne pourrait-elle pas en offrir des exemples en Orient et en Occident?
1 «Je pris», dit-il, «la ville de Thèbes et mes mains la soumirent à la domination dâAssur et dâIshtar (mes dieux). Je mâemparai de son argent, de son or, des objets précieux, des trésors du palais royal, des vêtements... des grands chevaux, des esclaves mâles, des femmes... et je suis rentré à Ninive avec un butin considérable».
«Toi aussi, tu seras enivrée; tu seras cachée toi aussi, tu chercheras un lieu fort devant lâennemi. Toutes tes forteresses sont comme des figuiers avec leurs premières figues; si on les secoue, elles tombent dans la bouche de celui qui les mange. Voici, ton peuple au-dedans de toi est comme des femmes» (v. 11-13). Cet Assyrien qui avait dit: «Par la force de ma main je lâai fait, et par ma sagesse, car je suis intelligent; et jâai ôté les bornes des peuples, et jâai pillé leurs trésors, et comme un homme puissant jâai fait descendre ceux qui étaient assis sur des trônes. Et ma main a trouvé, comme un nid, les richesses des peuples; et, comme on ramasse des Åufs délaissés, moi, jâai ramassé toute la terre, et il nây en a pas eu un qui ait remué lâaile, ni ouvert le bec, ni crié» (Ãs. 10:13, 14) â cet Assyrien succombe à son tour. Quatre-vingts ans environ après Ninive, le même sort atteignait Babylone. Il y a une rétribution certaine dans ce monde. Vantez-vous, peuples, de votre puissance, élevez bien haut la tête; invoquez lâappui de votre Dieu contre vos ennemis qui, de leur côté, invoquent le même appui contre vous. De fait, ce Dieu que vous invoquez dans votre aveuglement ne vaut pas mieux dans vos pensées quâAssur et Ishtar. Le vrai Dieu ne vous conduit pas à la victoire, quoiquâil puisse se servir de vous pour accomplir ses voies et quâil puisse même vous appeler «ses hommes forts». Mais le vrai Dieu surveille tous vos actes et les rétribue. Ce que vous avez fait jadis à Thèbes sera fait à votre Ninive. Les atrocités que vous avez commises trouveront leur récompense. Ne clamez plus le nom de votre Dieu; écoutez plutôt sa sentence irrévocable, son cri de «Malheur», son dernier mot: «Câest arrêté»!
«Les portes de ton pays sont grandes ouvertes à tes ennemis, le feu dévore tes barres» (v. 13). On voit ici que la chute de Ninive implique lâinvasion de tout lâempire dont elle est le centre. Sa disparition est la chute même de lâAssyrien, ce qui confirme les allusions à lâAssyrien de la fin notées dans le cours de cet écrit. Pas plus que Babylone, Ninive ne sera reconstruite, mais ces puissances elles-mêmes, comme nous lâavons dit maintes fois, renaîtront sous des formes nouvelles, avec cette différence néanmoins que si la Babylone mystique disparaît pour toujours, lâAssyrie prophétique ne sera anéantie que dans sa puissance militaire et subsistera comme nation sous le règne glorieux de Christ, selon quâil est écrit: «Béni soit lâÃgypte, mon peuple, et lâAssyrie, lâouvrage de mes mains, et Israël, mon héritage» (Ãs. 19:25).
Notez encore, en contraste avec lâavenir prophétique, que lâAssyrie tombe ici la première après lâÃgypte, et après elle Babylone, tête dâor des quatre monarchies gentiles. à la fin des temps, la quatrième de ces monarchies, représentée par la Bête, lâempire romain ressuscité, successeur final de Babylone, tombera dâabord. Ce ne sera quâaprès sa chute que lâAssyrien sera détruit. Ainsi lâordre prophétique sera lâinverse de lâordre historique.
«Là , le feu te dévorera, lâépée te détruira; elle te dévorera comme lâyélek. Multiplie-toi comme lâyélek, multiplie-toi comme la sauterelle. Tu as augmenté le nombre de tes marchands plus que les étoiles des cieux; lâyélek se répand, puis sâenvole. Tes hommes dâélite sont comme les sauterelles, et tes capitaines sont comme une nuée de gobs qui campent dans les haies au frais du jour; le soleil se lève, ils sâenvolent, et on ne connaît pas le lieu où ils sont» (v. 15-17). â Ninive sera détruite par le feu et par lâépée. Il en fut de même, après elle, de Babylone (Jér. 50:37; 51:30). Lâyélek, la sauterelle, image si fréquente de lâarmée assyrienne en Joël et dâautres prophètes, sera le moyen de détruire cette puissance qui détruisait toutes les autres: une autre armée de sauterelles, celle de Babylone, la dévorera à son tour. Elle aura beau multiplier comme jadis la puissance et le nombre de ses armées. Lâyélek a deux caractères: il dévore dâabord, puis il sâenvole. Le temps est venu où les hommes dâélite de lâAssyrie, habitués à tout dévorer, se répandront, puis sâenvoleront; où les capitaines de ses troupes, comme une nuée de «gobs» qui campent dans les haies au frais du jour sâenvoleront sans pouvoir être retrouvés. Toute cette scène de la fin nous reporte de nouveau vers les temps prophétiques.
«Tes pasteurs dorment, roi dâAssyrie! tes vaillants hommes sont couchés là , ton peuple est dispersé sur les montagnes, et personne ne les rassemble» (v. 18). Cela ne rappelle-t-il pas la défaite future de lâAssyrien, prédite par Daniel? «Il viendra à sa fin, et il nây aura personne pour le secourir» (Dan. 11:45). «Tu tomberas», dit Ãzéchiel, «sur les montagnes dâIsraël, toi et toutes tes bandes, et les peuples qui seront avec toi» (Ãzéch. 39:4).
«Il nây a pas de soulagement à ta blessure; ta plaie est très maligne; tous ceux qui entendent parler de toi battent des mains sur toi; car sur qui ta méchanceté nâa-t-elle pas continuellement passé?» (v. 19). Ce passage reporte nos pensées au chap. 10 de Jérémie (v. 17-22). Là le prophète qui joue si souvent le rôle du Résidu dâIsraël, sâécrie: «Malheur à moi, à cause de ma ruine! ma plaie est douloureuse». Quand du pays du nord (la Chaldée) vient une grande commotion pour réduire en désolation les villes de Juda. Ici une sentence définitive est prononcée sur lâenvahisseur, alors que la plaie douloureuse dâIsraël sera guérie.
Tout du long de ce chapitre nous voyons donc établie cette simple vérité si facilement oubliée de tout temps parmi les hommes, quâil y a une rétribution, et que ceux qui ont affligé le peuple de Dieu, quelque coupable quâil fût, quelque discipline que Dieu ait jugé bon dâexercer à son égard, que ceux-là , les ennemis de Dieu et de son peuple en subiront la peine. «Câest une chose juste devant Dieu que de rendre la tribulation à ceux qui vous font subir la tribulation, et que de vous donner, à vous qui subissez la tribulation, du repos avec nous dans la révélation du seigneur Jésus du ciel» (2 Thess. 1:6, 7).
versets 1-19
Rétribution
«Malheur à la ville de sang, toute pleine de fausseté et de violence! la rapine ne la quitte pas» (v. 1).
Il nây a quâun seul «malheur» dans Nahum, celui de la ruine de Ninive. Lâarrêt était prononcé au chap. 2; on en voit ici lâaccomplissement final. Nahum est le seul prophète dont le livre se termine par un jugement définitif. Sâil parle de la restauration dâIsraël, ce nâest pour ainsi dire quâen passant, au premier chapitre, et pour la situer dans lâensemble de la prophétie. Ninive doit tomber; toute la puissance dâun monde hautain et fier qui ne reconnaît que sa propre importance, dâun monde que son orgueil constitue lâennemi du peuple de Dieu, toute cette puissance doit être anéantie. Au chap. 2, lâassaut et la prise de la ville étaient représentés comme conséquence du tort fait par lâAssyrien à la vigne dâIsraël; ici, au chap. 3, câest le caractère même de Ninive qui attire sur elle ces représailles. Comme, dans Jérusalem, avaient été trouvés lâiniquité du peuple et le sang de tous les prophètes, ainsi dans Ninive, la ville de sang, Dieu ne trouve que fausseté, violence et rapine. Cette ville est comme la quintessence du caractère du peuple assyrien et de ses rois.
Les v. 2 et 3 ont un caractère différent des v. 3 à 7 du chap. 2 qui décrivaient lâattaque de Ninive, suivie aux v. 9 et 10 du pillage et de la terreur. Ici nous assistons au sac et au massacre épouvantable qui remplit la ville «de monceaux de corps morts et de cadavres sans fin».
Un trait de lâiniquité de Ninive est comme séparé de tous les autres, car il sâagit non plus du péché contre les hommes, mais du péché contre Dieu: «à cause de la multitude des prostitutions de la prostituée attrayante, enchanteresse, qui vend les nations par ses prostitutions, et les familles par ses enchantements, voici, jâen veux à toi, dit lâÃternel des armées, et je relèverai les pans de ta robe sur ton visage, et je montrerai aux nations ta nudité, et aux royaumes ta honte. Et je jetterai sur toi des ordures, et je tâavilirai, et je te donnerai en spectacle» (v. 4-6).
Elle avait réussi à captiver les nations par le culte de ses faux dieux et par sa magie. Combien dâentre elles sâétaient laissé entraîner à se prosterner devant les dieux de Ninive, en assistant à la faillite de leurs propres dieux, emmenés captifs par les rois dâAssyrie (Ãs. 36:19, 20), et sâexposaient ainsi de la part de lâÃternel au même jugement quâelle. Maintenant, aux yeux de ces mêmes nations, elle était avilie au dernier point, une prostituée dont on expose la nudité au dégoût et au mépris de tous. Câest ainsi que Dieu estime et punit lâorgueil insensé de lâhomme qui préconise ses faux dieux à la face même de lâÃternel des armées. Tu es vil, dit celui-ci au roi dâAssyrie (1:14); je tâavilirai, dit-il à Ninive. Elle sera couverte dâordures, image de la valeur que peuvent avoir tous les attraits et enchantements du monde aux yeux de Dieu. Puissions-nous, nous aussi, estimer ces choses, comme le faisait lâapôtre Paul, selon la mesure du sanctuaire! (Phil. 3:8).
«Et il arrivera que tous ceux qui te verront fuiront loin de toi, et diront: Ninive est dévastée! Qui la plaindra? Dâoù te chercherai-je des consolateurs?» (v. 7).
Il en est ainsi de lâégoïsme du monde. Ceux qui ne sont pas directement frappés sâaccommodent facilement du désastre des autres. Quelques mots de regret, peut-être, et lâoubli recouvre déjà la catastrophe. Les consolateurs ne se trouvent pas parmi les hommes. Dieu seul peut consoler, mais comment consolerait-il celle qui jusquâà la fin lâa méprisé et sâest moquée de Lui? Quand la repentance sâest produite et que Jérusalem a reçu le double de tous ses péchés, alors Dieu se présente à elle comme Consolateur. «Consolez», dit-il, «consolez mon peuple». Dès le moment où la conversion sâest opérée, les consolations ne manquent plus jamais; elles sont le baume souverain dans lâépreuve: lâapôtre consolait ses frères et était lui-même consolé de Dieu. Tel est le résultat de lâÅuvre de Christ pour nous. Il a pris en grâce sur lui-même notre malédiction, le malheur prononcé sur le monde; il a cherché des consolations, ici-bas, et nâen a pas trouvé (Ps. 69:21); mais maintenant Il est consolé à la droite de Dieu et verra les fruits du travail de son âme introduits dans les lieux où Dieu les consolera eux-mêmes éternellement en essuyant toute larme de leurs yeux.
Lâidolâtrie de lâAssyrien est un des points importants de la prophétie émise à son sujet. En Ãsaïe 10:8-11, on le voit estimant ses idoles supérieures à toutes les autres et à lâÃternel lui-même. Ãsaïe 14 nous montre sa défaite finale (et celle de Babylone) à cause de son orgueil sans borne qui cherche à se substituer à Dieu lui-même. Les v. 19 et 20 de ce même chapitre rappellent le sac de Ninive, mais vont beaucoup plus loin et considèrent, comme du reste le chapitre tout entier, la défaite finale de lâAssyrien prophétique. En Ãsaïe 47, le sort de Babylone est le même que celui de Ninive: même nudité découverte, même honte vue (v. 3). En Jér. 13:26, 27, le Seigneur prononce un malheur sur Jérusalem comme Nahum sur Ninive: «Moi aussi», dit lâÃternel, «je relèverai tes pans sur ton visage, et ta honte se verra». Elle avait suivi lâidolâtrie des nations; câest par elle que les jugements commencent; puis vient le tour de Ninive; enfin celui de Babylone. Tout cela a eu lieu historiquement, et se renouvellera prophétiquement à la fin des temps. Jérusalem, la maison balayée, où les sept esprits idolâtres se retrouveront à la fin, sous le règne de lâAntichrist, sera jugée, mais ensuite restaurée à cause du Résidu repentant et croyant; tandis que la grande Babylone de la fin, la chrétienté apostate et idolâtre, sera entièrement détruite et que lâAssyrien sera consumé sur les montagnes dâIsraël.
«Es-tu meilleure que No-Amon, qui habitait sur les canaux, des eaux autour dâelle, â elle qui avait la mer pour rempart, la mer pour sa muraille? LâÃthiopie était sa force, et lâÃgypte, et il nây avait pas de fin; Puth et les Libyens étaient parmi ceux qui lâaidaient» (v. 8, 9).
Ce passage, comme nous lâavons vu plus haut, nous donne la date de la prophétie de Nahum, mais il offre plusieurs autres particularités. No-Amon, Thèbes, capitale de la Haute-Ãgypte, fut assiégée, prise et mise à sac par Assurbanipal en lâan 633 A. C. Ce fut donc au plus tôt vers 660 que Nahum put faire mention de cet événement. La date de la mort dâAssurbanipal nâest pas connue, mais ne peut guère avoir eu lieu avant lâannée 630, peut-être assez longtemps après cette date; et comme Nahum prophétisa sous Manassé (698-643) la mention quâil fait de la chute de Thèbes ne put avoir lieu que du vivant dâAssurbanipal1.
1 Au reste, comme en tout autre point, il nây a de certain que les dates historiques données par lâÃcriture, dès le commencement de la Genèse. Quand il sâagit des dates données par lâhomme on flotte souvent sur une mer dâincertitudes. Câest ainsi que lâévénement capital du monde antique, la ruine de Ninive, présente des dates contradictoires distantes les unes des autres dâune vingtaine dâannées. Il en est de même de la prophétie de Nahum que le silence apparent des Ãcritures a fait transporter tantôt sous Ãzéchias, tantôt sous Manassé, câest-à -dire à près de 60 à 80 ans de distance.
Dieu annonce donc à Ninive ou à son roi le même sort quâil venait dâinfliger à No-Amon. La situation de Thèbes était identique à celle de Ninive. Elle aussi habitait sur «les fleuves», â mot qui indique toujours pour lâÃgypte les canaux du Nil â comme Ninive entourée des canaux du Tigre; elle aussi avait «la mer» pour rempart, câest-à -dire le vaste cours, le cours principal du Nil (cf. Ãs. 19:5), comme le Tigre était le rempart de Ninive. Thèbes était garantie contre les invasions par lâÃthiopie au midi, par la Basse Ãgypte et Memphis au nord. Elle sâappuyait sur toutes deux. Puth et les Libyens ses alliés la garantissaient encore. Quâétait-elle devenue? Son sort, quâAssurbanipal célèbre dans une inscription mémorable, était lâimage exacte de ce qui allait arriver à Ninive1. Elle aussi, comme Thèbes, serait emmenée et sâen irait en captivité (3:10; 2:7). Les petits enfants de No-Amon avaient été écrasés au coin de toutes les rues. En serait-il autrement de Ninive avec sa multitude de tués et ses monceaux de morts? On sait que telle était la coutume atroce de ces peuples qui prétendaient à la haute culture et à la civilisation dâalors. (Ps. 137:9; Ãs. 13:16; Osée 13:16). La civilisation raffinée de nos jours ne pourrait-elle pas en offrir des exemples en Orient et en Occident?
1 «Je pris», dit-il, «la ville de Thèbes et mes mains la soumirent à la domination dâAssur et dâIshtar (mes dieux). Je mâemparai de son argent, de son or, des objets précieux, des trésors du palais royal, des vêtements... des grands chevaux, des esclaves mâles, des femmes... et je suis rentré à Ninive avec un butin considérable».
«Toi aussi, tu seras enivrée; tu seras cachée toi aussi, tu chercheras un lieu fort devant lâennemi. Toutes tes forteresses sont comme des figuiers avec leurs premières figues; si on les secoue, elles tombent dans la bouche de celui qui les mange. Voici, ton peuple au-dedans de toi est comme des femmes» (v. 11-13). Cet Assyrien qui avait dit: «Par la force de ma main je lâai fait, et par ma sagesse, car je suis intelligent; et jâai ôté les bornes des peuples, et jâai pillé leurs trésors, et comme un homme puissant jâai fait descendre ceux qui étaient assis sur des trônes. Et ma main a trouvé, comme un nid, les richesses des peuples; et, comme on ramasse des Åufs délaissés, moi, jâai ramassé toute la terre, et il nây en a pas eu un qui ait remué lâaile, ni ouvert le bec, ni crié» (Ãs. 10:13, 14) â cet Assyrien succombe à son tour. Quatre-vingts ans environ après Ninive, le même sort atteignait Babylone. Il y a une rétribution certaine dans ce monde. Vantez-vous, peuples, de votre puissance, élevez bien haut la tête; invoquez lâappui de votre Dieu contre vos ennemis qui, de leur côté, invoquent le même appui contre vous. De fait, ce Dieu que vous invoquez dans votre aveuglement ne vaut pas mieux dans vos pensées quâAssur et Ishtar. Le vrai Dieu ne vous conduit pas à la victoire, quoiquâil puisse se servir de vous pour accomplir ses voies et quâil puisse même vous appeler «ses hommes forts». Mais le vrai Dieu surveille tous vos actes et les rétribue. Ce que vous avez fait jadis à Thèbes sera fait à votre Ninive. Les atrocités que vous avez commises trouveront leur récompense. Ne clamez plus le nom de votre Dieu; écoutez plutôt sa sentence irrévocable, son cri de «Malheur», son dernier mot: «Câest arrêté»!
«Les portes de ton pays sont grandes ouvertes à tes ennemis, le feu dévore tes barres» (v. 13). On voit ici que la chute de Ninive implique lâinvasion de tout lâempire dont elle est le centre. Sa disparition est la chute même de lâAssyrien, ce qui confirme les allusions à lâAssyrien de la fin notées dans le cours de cet écrit. Pas plus que Babylone, Ninive ne sera reconstruite, mais ces puissances elles-mêmes, comme nous lâavons dit maintes fois, renaîtront sous des formes nouvelles, avec cette différence néanmoins que si la Babylone mystique disparaît pour toujours, lâAssyrie prophétique ne sera anéantie que dans sa puissance militaire et subsistera comme nation sous le règne glorieux de Christ, selon quâil est écrit: «Béni soit lâÃgypte, mon peuple, et lâAssyrie, lâouvrage de mes mains, et Israël, mon héritage» (Ãs. 19:25).
Notez encore, en contraste avec lâavenir prophétique, que lâAssyrie tombe ici la première après lâÃgypte, et après elle Babylone, tête dâor des quatre monarchies gentiles. à la fin des temps, la quatrième de ces monarchies, représentée par la Bête, lâempire romain ressuscité, successeur final de Babylone, tombera dâabord. Ce ne sera quâaprès sa chute que lâAssyrien sera détruit. Ainsi lâordre prophétique sera lâinverse de lâordre historique.
«Là , le feu te dévorera, lâépée te détruira; elle te dévorera comme lâyélek. Multiplie-toi comme lâyélek, multiplie-toi comme la sauterelle. Tu as augmenté le nombre de tes marchands plus que les étoiles des cieux; lâyélek se répand, puis sâenvole. Tes hommes dâélite sont comme les sauterelles, et tes capitaines sont comme une nuée de gobs qui campent dans les haies au frais du jour; le soleil se lève, ils sâenvolent, et on ne connaît pas le lieu où ils sont» (v. 15-17). â Ninive sera détruite par le feu et par lâépée. Il en fut de même, après elle, de Babylone (Jér. 50:37; 51:30). Lâyélek, la sauterelle, image si fréquente de lâarmée assyrienne en Joël et dâautres prophètes, sera le moyen de détruire cette puissance qui détruisait toutes les autres: une autre armée de sauterelles, celle de Babylone, la dévorera à son tour. Elle aura beau multiplier comme jadis la puissance et le nombre de ses armées. Lâyélek a deux caractères: il dévore dâabord, puis il sâenvole. Le temps est venu où les hommes dâélite de lâAssyrie, habitués à tout dévorer, se répandront, puis sâenvoleront; où les capitaines de ses troupes, comme une nuée de «gobs» qui campent dans les haies au frais du jour sâenvoleront sans pouvoir être retrouvés. Toute cette scène de la fin nous reporte de nouveau vers les temps prophétiques.
«Tes pasteurs dorment, roi dâAssyrie! tes vaillants hommes sont couchés là , ton peuple est dispersé sur les montagnes, et personne ne les rassemble» (v. 18). Cela ne rappelle-t-il pas la défaite future de lâAssyrien, prédite par Daniel? «Il viendra à sa fin, et il nây aura personne pour le secourir» (Dan. 11:45). «Tu tomberas», dit Ãzéchiel, «sur les montagnes dâIsraël, toi et toutes tes bandes, et les peuples qui seront avec toi» (Ãzéch. 39:4).
«Il nây a pas de soulagement à ta blessure; ta plaie est très maligne; tous ceux qui entendent parler de toi battent des mains sur toi; car sur qui ta méchanceté nâa-t-elle pas continuellement passé?» (v. 19). Ce passage reporte nos pensées au chap. 10 de Jérémie (v. 17-22). Là le prophète qui joue si souvent le rôle du Résidu dâIsraël, sâécrie: «Malheur à moi, à cause de ma ruine! ma plaie est douloureuse». Quand du pays du nord (la Chaldée) vient une grande commotion pour réduire en désolation les villes de Juda. Ici une sentence définitive est prononcée sur lâenvahisseur, alors que la plaie douloureuse dâIsraël sera guérie.
Tout du long de ce chapitre nous voyons donc établie cette simple vérité si facilement oubliée de tout temps parmi les hommes, quâil y a une rétribution, et que ceux qui ont affligé le peuple de Dieu, quelque coupable quâil fût, quelque discipline que Dieu ait jugé bon dâexercer à son égard, que ceux-là , les ennemis de Dieu et de son peuple en subiront la peine. «Câest une chose juste devant Dieu que de rendre la tribulation à ceux qui vous font subir la tribulation, et que de vous donner, à vous qui subissez la tribulation, du repos avec nous dans la révélation du seigneur Jésus du ciel» (2 Thess. 1:6, 7).