(v. 1-6). â Jésus revient dans son pays, suivi de ses disciples. Il profite du jour du sabbat pour enseigner dans la synagogue; mais son enseignement, au lieu de convaincre ceux qui lâécoutent, fait naître dans leur cÅur des raisonnements sur sa personne. « Dâoù viennent ces choses à celui-ci? » disent-ils. « Et quelle est cette sagesse qui lui est donnée, et dâoù vient que de tels miracles sâopèrent par ses mains? Celui-ci nâest-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques et de Joses et de Jude et de Simon; et ses sÅurs ne sont-elles pas ici auprès de nous? » Connaissant la parenté de Jésus, ils le considéraient comme le fils aîné de la famille de Marie et il avait sans doute suffisamment exercé le métier de Joseph pour mériter lâappellation du « charpentier ». Témoins de la manière dont son existence sâétait écoulée au milieu dâeux jusquâà ce moment-là , ces gens sont scandalisés par la puissance divine quâil déploie, au lieu dâêtre convaincus par elle de ce quâil était pour eux de la part de Dieu. Il en est de même aujourdâhui lorsque ceux qui entendent la parole de Dieu nâen reconnaissent pas lâautorité. On discute sur les moyens pour rejeter la source. Malgré la réalité des apparences quâils pouvaient invoquer pour repousser Jésus, il nâen restait pas moins vrai et merveilleux que, dans le but dâapporter à son peuple les bénédictions promises, le Fils de Dieu était descendu sur cette terre sous la forme dâun homme, né de femme, confondu avec les autres hommes jusquâau jour de sa manifestation à Israël; et que, dès lors, il avait vécu dans la dépendance de Dieu comme le Serviteur-Prophète au milieu de son peuple, avec toutes les ressources de la grâce et de la puissance divines à la disposition des hommes et dont la foi pouvait profiter. Or cette foi manquait. à cause de cela, « il ne put faire là aucun miracle, sinon quâil imposa les mains à un petit nombre dâinfirmes, et les guérit ».
Jésus « sâétonnait de leur incrédulité ». On le comprend, lui, venu du ciel, pour délivrer son peuple des conséquences du péché, venu tel que les prophètes lâavaient annoncé, né à Bethléhem, précédé par Jean le Baptiseur, accomplissant en paroles ou en Åuvres tout ce qui devait convaincre les Juifs quâil était bien le Messie promis, et tout cela avec un amour infini qui faisait de lui le serviteur de tous.
Combien la responsabilité de lâhomme est grande en présence de lâamour de Dieu, venu à lui dans la personne de son Fils pour le délivrer des conséquences du péché et le sauver! La difficulté que lâhomme éprouve en présence des ressources que Dieu lui présente vient de ce quâelles sâadressent à la foi. Câest là précisément ce qui déplaît; ce moyen lâhumilie parce quâil le met de côté, ainsi que toutes ses prétendues ressources. Jésus ne se présentait pas sous un aspect attrayant pour la chair. Ses paroles ne flattaient pas le cÅur naturel, ce cÅur trop mauvais pour que Celui qui seul sonde les cÅurs et les reins puisse en dire du bien; aussi comprend-on que, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu. Lâincrédulité empêche le Seigneur dâaccomplir son Åuvre et abandonne le pécheur sous la colère de Dieu. Jésus dit aux Juifs: « Si vous ne croyez pas que câest moi, vous mourrez dans vos péchés » (Jean 8:24). Vérité solennelle qui laissera sans excuse ceux qui paraîtront devant lui au jour du jugement.
Quoique Jésus réalise ce quâil dit lui-même, quâun « prophète nâest pas sans honneur, si ce nâest dans son pays et parmi ses parents et dans sa maison », malgré leur incrédulité, « il visitait lâun après lâautre les villages à la ronde, en enseignant ». Son ministère sâaccomplissait avec une patience que lâamour divin seul pouvait produire par celui qui était ici-bas lâexpression de cet amour.
(v. 7-13). â Non seulement Jésus ne se laisse pas rebuter par lâincrédulité des gens de son pays, mais il envoie les douze quâil avait choisis pour être avec lui au chap. 3, afin quâen tous lieux le peuple puisse jouir du bénéfice de sa présence. Il leur donne aussi autorité sur les esprits immondes. Jésus avait non seulement le pouvoir sur la puissance de Satan, en vertu de ce quâil avait lié lâhomme fort au début de son ministère, mais il pouvait conférer cette puissance à des hommes, afin quâils accomplissent la même Åuvre que lui. Revêtus de cette autorité, ils partent sous la protection de Celui qui se présentait au peuple pour être reçu. « Il leur commanda de ne rien prendre pour le chemin, si ce nâest un bâton seulement, ni sac, ni pain, ni monnaie dans leur ceinture, mais dâêtre chaussés de sandales ». Jusquâà leur départ de la localité, ils devaient demeurer dans la maison où on les recevrait et, lorsquâils la quitteraient, secouer la poussière de leurs pieds contre ceux qui ne les auraient pas reçus, ni écoutés, afin que cela leur servît de témoignage. Leur service sâaccomplissait en faveur dâIsraël, sous lâautorité de celui qui avait droit à être reçu par son peuple; ceux qui ne le recevraient pas encourraient le jugement. Après la croix, lorsque les disciples vaquèrent à leur service au milieu dâun monde qui avait mis à mort leur Seigneur, ils eurent à pourvoir eux-mêmes à leurs besoins, car ils nâavaient plus un Messie présent et visible pour les protéger; non que les messagers de la grâce nâaient plus dû dépendre de celui qui les envoyait, mais le Seigneur voulait leur montrer, en Luc 22:35-38, le changement qui sâopérait pour eux, une fois au service dâun roi rejeté.
Les disciples prêchèrent donc la repentance, chassèrent beaucoup de démons, oignirent dâhuile beaucoup dâinfirmes et les guérirent. La repentance vient en premier lieu, car, sans elle, le Seigneur ne pouvait établir son règne sur des hommes pécheurs. Les miracles qui accompagnaient la prédication manifestaient la puissance de Celui qui était présent pour établir son royaume en dépit de lâEnnemi et lui arracher les hommes. Cela arrivera lorsque Christ viendra pour établir son glorieux règne: jour de gloire pour ceux qui auront cru en lui pendant son absence, mais jour brûlant comme un four pour ceux qui lâauront rejeté.
(v. 14-29). â Hérode entendit parler de Jésus; les uns le croyaient Ãlie, dâautres un prophète, mais pour Hérode, qui avait la conscience chargée du crime perpétré pour plaire à Hérodias, Jésus était Jean le Baptiseur, ressuscité dâentre les morts « Câest pourquoi », dit-il, « les miracles sâopèrent par lui ». Hérode savait Jean un homme juste et saint; il lâécoutait volontiers et faisait beaucoup de choses après lâavoir entendu. Sa conscience rendait témoignage de Jean et lâaccusait lui-même. Au lieu de la laisser sous lâeffet de la parole de Jean, au lieu de rompre avec ses péchés, il la charge, au contraire, dâun crime odieux en mettant à mort lâhomme quâil reconnaissait être juste et saint, en se faisant le serviteur dâune femme corrompue comme lui, pour éteindre une lumière qui la gênait.
Ce crime ne changeait pas pour Hérode lâappréciation juste quâil avait de Jean, et lâon se représente le malaise du roi, lorsquâil crut celui-ci ressuscité, puisquâil allait peut-être le rencontrer. Le malheureux devra rencontrer non le prophète, mais celui dont Jean était le précurseur, et non comme Sauveur, mais comme juge.
Moment terrible que celui où les hommes, ayant cru se débarrasser du Fils de Dieu en le mettant à mort, comparaîtront devant lui chargés de leurs péchés! Moment terrible, non seulement pour ceux qui ont participé au rejet de Christ lorsquâil était ici-bas, mais aussi pour ceux qui, depuis, refusent la grâce qui leur est présentée, en manifestant contre lui la même haine que ceux qui lâont crucifié. Certains hommes se disent incrédules, mais il nây a point de consciences incrédules. à des degrés divers, lâincrédulité nâest quâun procédé bien inefficace pour faire taire la voix de la conscience. Au lieu de chercher à lâétouffer, il faut au contraire lâécouter et sâéclairer au moyen de la parole de Dieu. Lorsque, sous lâeffet de cette lumière, le pécheur aura vu lâhorreur de son état, la grâce lui présentera la valeur du sang de Christ qui purifie de tout péché. Alors, par la foi, une conscience purifiée remplacera une conscience chargée de péchés. Ce sera le bonheur, la joie, la paix avec Dieu, en échange de la frayeur du Dieu juste et saint et de lâangoisse à la pensée de le rencontrer un jour comme juge.
Nous ne reviendrons pas sur les circonstances qui ont déterminé la mort de Jean le Baptiseur et que nous avons vues en détail dans lâévangile selon Matthieu. Le récit de Marc fait ressortir que le rejet de Christ était déjà affirmé par celui de son précurseur.
(v. 30-33). â Ces versets nous présentent une circonstance qui fait partie du service et qui est pleine dâintérêt pour les serviteurs du Seigneur, comme pour tout racheté, car tous ont un service à accomplir.
Marc nous montre naturellement Jésus dans ses rapports avec ceux quâil appelait à travailler avec lui. Au chap. 1:17, il leur dit: « Venez après moi, et je vous ferai devenir pêcheurs dâhommes ». Ils sont avec lui pour quâil les forme. Au chap. 3:13, 14, il fait venir à lui ceux quâil voulait et il en établit douze pour être avec lui. Au v. 7 de notre chapitre, il les envoie deux à deux, revêtus de sa puissance, sous sa protection, pour accomplir lâÅuvre à laquelle il les avait préparés.
à leur retour, câest encore autour de lui quâils se rassemblent et près de lui quâils prennent du repos. « Ils lui racontèrent tout: et tout ce quâils avaient fait, et tout ce quâils avaient enseigné. Et il leur dit: Venez à lâécart vous-mêmes dans un lieu désert, et reposez-vous un peu; car il y avait beaucoup de gens qui allaient et venaient, et ils nâavaient pas même le loisir de manger ». Câest au Maître que les rapports sur le service doivent se faire; câest devant lui que ce que nous disons et faisons doit être contrôlé. Ainsi nous pourrons apprendre de lui, si nous avons agi selon sa pensée, et acquérir la sagesse nécessaire pour le servir toujours mieux.
Les disciples trouvaient en Jésus un cÅur plein de sollicitude à leur égard. Lui le Maître parfait autant que serviteur parfait, sait que le travail ne sâaccomplit pas sans fatigue, car lui-même sâassit, fatigué sur le bord du puits de Sichar (Jean 4:6). Il les invite à venir à lâécart, dans le désert, afin de se reposer un peu. Jésus, le même aujourdâhui pour les siens, ne demande pas plus que ce que ses faibles serviteurs peuvent accomplir, et il prend soin dâeux avec le même amour. Combien le méchant esclave se trompait lorsquâil disait: « Maître, je te connaissais, que tu es un homme dur » (Matthieu 25:24). Puissent tous ceux qui connaissent Jésus le servir fidèlement en tout, sachant combien il est un Maître débonnaire, plein de bonté envers tous, petits et grands, afin quâaussi, le temps du service achevé, il puisse leur dire: « Bien, bon et fidèle esclave; tu as été fidèle en peu de chose, je tâétablirai sur beaucoup: entre dans la joie de ton Maître » (Matthieu 25:21).
Ce récit contient un autre enseignement utile dans le fait que Jésus invite les disciples à se reposer dans un lieu désert; non seulement câétait nécessaire à cause du mouvement de la foule, mais Jésus veut enseigner à ses disciples à faire comme lui, lorsque, son service achevé, il se retirait à lâécart dans la solitude, plutôt que de sâexposer à recevoir les louanges des hommes. La place quâil faut occuper après le service se trouve auprès du Seigneur, et non en présence de lâadmiration des hommes et des frères, car si le serviteur a lâoccasion de raconter à dâautres quâà son Maître tout ce quâil a fait, il court le danger de sâélever par la considération dont il peut être lâobjet. à lâécart, devant le Seigneur, le modèle parfait, son service apparaît avec toutes les défectuosités qui le caractérisent et ainsi il est gardé dans lâhumilité et dans un jugement sain de lui-même et de ses Åuvres, ce qui le rendra toujours plus propre à sâacquitter fidèlement de sa tâche, quelle quâelle soit.
Les disciples firent bientôt lâexpérience que le vrai repos ne se trouve pas ici-bas. Dans ce monde on peut, comme Jésus le leur dit, se reposer « un peu », afin de continuer son travail, tandis que le vrai repos, le repos de Dieu, dont nous jouirons éternellement, câest celui qui est appelé « le repos sabbatique » en Hébreux 4:9, qui interviendra après le travail, lorsque tout sera terminé. Le croyant doit sâappliquer à y entrer, au lieu de sâarrêter en route et de chercher le repos dans ce désert. Tant que nous sommes ici-bas, des besoins abondent autour de nous et lâamour ne peut trouver du repos au milieu des besoins; les disciples en firent bien vite lâexpérience. Plusieurs les virent qui sâen allaient dans une barque; les ayant reconnus, ils accoururent à pied de plusieurs villes et arrivèrent avant eux au lieu où ils se rendaient, et là , ils se rassemblèrent auprès de Jésus. Précieux centre de rassemblement! Câest très heureux lorsque la recherche des serviteurs du Seigneur amène à sa personne; câest pour cela quâils sont donnés.
(v. 34-44). â Jésus fut ému de compassion en voyant la grande foule rassemblée auprès de lui, « parce quâils étaient comme des brebis qui nâont pas de berger ». Leurs bergers, les chefs du peuple, ne cherchaient que leur intérêt personnel; ils ne pouvaient donc pas sâoccuper des besoins du troupeau, auxquels seul lâamour pouvait répondre. Mais Jésus, dispensateur des bontés de Dieu, comprenait les besoins de son peuple. Dans le récit correspondant de Matthieu (chap. 14:14), il est dit quâ« il guérit leurs infirmes ». En Marc, qui fait ressortir son caractère de prophète, nous lisons quâ« il se mit à leur enseigner beaucoup de choses ». La prédication occupe toujours la première place. Elle seule sauve celui qui écoute, sâil croit cette Parole, tandis quâun miracle ne peut que rendre attentif à la parole; il ne fait que manifester la puissance de celui qui parle. Quelle puissance devait avoir la prédication de Jésus! Il ne pouvait y avoir en elle aucun mélange; toutes ses paroles étaient telles que le Père les lui donnait. « Celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu » (Jean 3:34). Il dit aux Juifs, en Jean 8:28: « Selon que le Père mâa enseigné, je dis ces choses ». Et au v.26: « Les choses que jâai ouïes de lui, moi, je les dis au monde ». Hélas! nous savons quâun petit nombre en profita.
Considérant que le lieu était désert et lâheure fort avancée, les disciples jugent que mieux vaudrait renvoyer la foule, afin quâils sâen aillent se procurer des vivres,... car ils nâavaient rien à manger. Jésus leur répond: « Vous, donnez-leur à manger ». Les disciples lui disent: « Irons-nous acheter pour deux cents deniers de pain, et leur donnerons-nous à manger? » Les pauvres disciples, ignorant ce quâils avaient en Jésus, pensaient à des ressources matérielles et visibles. Ils ne se rendaient pas compte quâils avaient avec eux le créateur du monde et de tout ce quâil contient, un homme, il est vrai, mais qui avait revêtu lâhumanité pour apporter aux hommes les ressources divines. Il entrait dans toutes leurs circonstances; il comprenait tous leurs besoins; il sympathisait avec eux dans tous leurs maux et mettait toujours sa puissance à la disposition de la foi. Ils oubliaient aussi que câétait de lui quâils avaient reçu la capacité dâaccomplir toutes les choses quâils venaient de lui raconter. Dans sa patiente bonté, Jésus veut encore leur faire comprendre qui il est et les employer comme dispensateurs de sa grâce. Il ne leur dit pas de donner à manger aux foules en comptant sur leurs ressources. Jamais il ne demande aux siens un service sans fournir ce quâil faut pour lâaccomplir. « Si quelquâun sert, quâil serve comme par la force que Dieu fournit, afin quâen toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ » (1 Pierre 4:11). Jésus leur dit: « Combien de pains avez-vous? Allez et regardez. Et quand ils le surent, ils disent: Cinq, et deux poissons ». Il leur commanda de faire asseoir ces gens sur lâherbe verte par rangs de cent et de cinquante. « Et ayant pris les cinq pains et les deux poissons, et regardant vers le ciel, il bénit, et rompit les pains et les donna à ses disciples, afin quâils les missent devant eux; et il partagea les deux poissons entre tous. Et ils mangèrent tous, et furent rassasiés. Et ils ramassèrent des morceaux douze paniers pleins, et des restes des poissons. Et ceux qui avaient mangé les pains étaient cinq mille hommes ».
Non seulement le Seigneur répond aux besoins existants, mais il donne beaucoup plus. Puissions-nous tous faire plus souvent cette expérience! Pour cela, nous nâavons quâà obéir lorsquâil place devant nous un devoir quelconque, car il fournit ce qui est nécessaire en multipliant ce que nous possédons déjà , mais qui, sans lui, serait insignifiant.
(v. 45-56). â Jésus contraignit ses disciples de monter dans une barque et dâaller devant lui à lâautre rive, tandis quâil renvoyait la foule. Il peut la renvoyer maintenant, après avoir rassasié « de pain ses pauvres », selon lâexpression du Psaumes 132:15. Jamais le Seigneur ne renvoie à vide ceux qui sâapprochent de lui; or ils sâétaient rassemblés auprès de lui (v. 33).
Au lieu de suivre ses disciples, Jésus sâen va sur une montagne pour prier. Nous le trouvons toujours comme le serviteur parfait, dépendant de son Dieu, en toutes circonstances. Il ne se reposait pas sur sa puissance pour servir, mais sur son Dieu et Père qui lâavait envoyé. Il voulait être dans la solitude pour prier Dieu librement: modèle sublime que nous avons à contempler afin de pouvoir lâimiter.
Pendant que Jésus priait, ses disciples se trouvaient aux prises avec les difficultés de la traversée. La barque dans laquelle le Seigneur les avait contraints de monter luttait, dans la nuit, car le vent était contraire: image véritable de ce qui a lieu pour les croyants laissés dans ce monde durant lâabsence de Jésus; état de choses que le Seigneur connaît bien. Son cÅur, ému de compassion envers les foules, ne lâest pas moins à lâégard de ses pauvres disciples: « Les voyant se tourmenter à ramer, ... vers la quatrième veille de la nuit, il vient vers eux, marchant sur la mer; et il voulait passer à côté dâeux ». Là encore, tout en venant les délivrer, il veut mettre leur foi à lâépreuve. Il fait comme sâil voulait aller plus loin. « Mais eux, le voyant marcher sur la mer, crurent que câétait un fantôme, et ils poussèrent des cris ». Sa présence, au lieu de les rassurer, ne fait quâajouter à leur effroi. Ils ne le reconnaissent pas. Il en est ainsi lorsque nous nous laissons accabler par les difficultés, au lieu dâêtre occupés de celui qui peut et veut nous secourir; nous ne sommes pas capables de le voir près de nous, ce qui rassurerait nos cÅurs. Les disciples, trop absorbés par leur situation, au lieu de penser que le Seigneur vient les délivrer, le prennent pour un fantôme. Mais lui, pour dissiper leurs craintes, leur parle et leur dit: « Ayez bon courage, câest moi; nâayez point de peur ». Bien que les disciples aient si peu connu leur Maître, quel calme durent produire dans leur cÅur ces mots: « Câest moi »! Pour leur bonheur et le nôtre aussi, ils expriment infiniment plus que tout ce que nous pouvons saisir. Ils disent ce quâest Dieu dans lâinfini de son être, manifesté en amour au milieu des circonstances pénibles où se trouvent les siens ici-bas, apportant dans ce triste monde tout ce qui est propre à encourager, à rassurer, en faisant connaître ce quâil est. Depuis la gloire, Jésus nous dit encore aujourdâhui: « Câest moi; nâayez point de peur ».
Jésus monta dans la barque et le vent tomba. Sa puissance calme la tempête et sa présence, si la foi la réalise, calme les cÅurs. Câest pourquoi le psalmiste pouvait dire: « Même quand je marcherais par la vallée de lâombre de la mort, je ne craindrai aucun mal; car tu es avec moi » (Psaumes 23:4).
Les disciples furent extrêmement frappés et étonnés en eux-mêmes, car, est-il dit: « Ils nâavaient pas été rendus intelligents par les pains, car leur cÅur était endurci ». Il faut bien la patience de Dieu et la persévérance de sa grâce pour pénétrer nos cÅurs de son amour et nous rendre quelque peu intelligents dans la connaissance de Lui-même, afin que nous sachions compter sur lui et le glorifier au travers des circonstances pénibles de la vie présente.
La barque aborda à lâautre rive dans la contrée de Génésareth. Aussitôt les habitants reconnurent Jésus et les disciples et coururent annoncer leur arrivée dans le pays dâalentour. De tous côtés on leur apportait les malades, dans de petits lits. Partout où Jésus entrait, dans les villages et les villes, ou dans les campagnes, on plaçait les infirmes dans les marchés, en le priant de les laisser toucher ne fût-ce que le bord de son vêtement; et tous ceux qui le touchaient étaient guéris.
Quel contraste avec ce qui sâétait passé dans son pays, au commencement de notre chapitre, où il ne put faire quâun petit nombre de miracles! Reconnaître Jésus, comme ces gens lâont fait, même après lâavoir méconnu un temps, le recevoir, cela suffit pour se trouver au bénéfice des trésors infinis de sa grâce, toujours à la disposition de la foi.
versets 1-56
Jésus à Nazareth
(v. 1-6). â Jésus revient dans son pays, suivi de ses disciples. Il profite du jour du sabbat pour enseigner dans la synagogue; mais son enseignement, au lieu de convaincre ceux qui lâécoutent, fait naître dans leur cÅur des raisonnements sur sa personne. « Dâoù viennent ces choses à celui-ci? » disent-ils. « Et quelle est cette sagesse qui lui est donnée, et dâoù vient que de tels miracles sâopèrent par ses mains? Celui-ci nâest-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques et de Joses et de Jude et de Simon; et ses sÅurs ne sont-elles pas ici auprès de nous? » Connaissant la parenté de Jésus, ils le considéraient comme le fils aîné de la famille de Marie et il avait sans doute suffisamment exercé le métier de Joseph pour mériter lâappellation du « charpentier ». Témoins de la manière dont son existence sâétait écoulée au milieu dâeux jusquâà ce moment-là , ces gens sont scandalisés par la puissance divine quâil déploie, au lieu dâêtre convaincus par elle de ce quâil était pour eux de la part de Dieu. Il en est de même aujourdâhui lorsque ceux qui entendent la parole de Dieu nâen reconnaissent pas lâautorité. On discute sur les moyens pour rejeter la source. Malgré la réalité des apparences quâils pouvaient invoquer pour repousser Jésus, il nâen restait pas moins vrai et merveilleux que, dans le but dâapporter à son peuple les bénédictions promises, le Fils de Dieu était descendu sur cette terre sous la forme dâun homme, né de femme, confondu avec les autres hommes jusquâau jour de sa manifestation à Israël; et que, dès lors, il avait vécu dans la dépendance de Dieu comme le Serviteur-Prophète au milieu de son peuple, avec toutes les ressources de la grâce et de la puissance divines à la disposition des hommes et dont la foi pouvait profiter. Or cette foi manquait. à cause de cela, « il ne put faire là aucun miracle, sinon quâil imposa les mains à un petit nombre dâinfirmes, et les guérit ».
Jésus « sâétonnait de leur incrédulité ». On le comprend, lui, venu du ciel, pour délivrer son peuple des conséquences du péché, venu tel que les prophètes lâavaient annoncé, né à Bethléhem, précédé par Jean le Baptiseur, accomplissant en paroles ou en Åuvres tout ce qui devait convaincre les Juifs quâil était bien le Messie promis, et tout cela avec un amour infini qui faisait de lui le serviteur de tous.
Combien la responsabilité de lâhomme est grande en présence de lâamour de Dieu, venu à lui dans la personne de son Fils pour le délivrer des conséquences du péché et le sauver! La difficulté que lâhomme éprouve en présence des ressources que Dieu lui présente vient de ce quâelles sâadressent à la foi. Câest là précisément ce qui déplaît; ce moyen lâhumilie parce quâil le met de côté, ainsi que toutes ses prétendues ressources. Jésus ne se présentait pas sous un aspect attrayant pour la chair. Ses paroles ne flattaient pas le cÅur naturel, ce cÅur trop mauvais pour que Celui qui seul sonde les cÅurs et les reins puisse en dire du bien; aussi comprend-on que, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu. Lâincrédulité empêche le Seigneur dâaccomplir son Åuvre et abandonne le pécheur sous la colère de Dieu. Jésus dit aux Juifs: « Si vous ne croyez pas que câest moi, vous mourrez dans vos péchés » (Jean 8:24). Vérité solennelle qui laissera sans excuse ceux qui paraîtront devant lui au jour du jugement.
Quoique Jésus réalise ce quâil dit lui-même, quâun « prophète nâest pas sans honneur, si ce nâest dans son pays et parmi ses parents et dans sa maison », malgré leur incrédulité, « il visitait lâun après lâautre les villages à la ronde, en enseignant ». Son ministère sâaccomplissait avec une patience que lâamour divin seul pouvait produire par celui qui était ici-bas lâexpression de cet amour.
Envoi des douze
(v. 7-13). â Non seulement Jésus ne se laisse pas rebuter par lâincrédulité des gens de son pays, mais il envoie les douze quâil avait choisis pour être avec lui au chap. 3, afin quâen tous lieux le peuple puisse jouir du bénéfice de sa présence. Il leur donne aussi autorité sur les esprits immondes. Jésus avait non seulement le pouvoir sur la puissance de Satan, en vertu de ce quâil avait lié lâhomme fort au début de son ministère, mais il pouvait conférer cette puissance à des hommes, afin quâils accomplissent la même Åuvre que lui. Revêtus de cette autorité, ils partent sous la protection de Celui qui se présentait au peuple pour être reçu. « Il leur commanda de ne rien prendre pour le chemin, si ce nâest un bâton seulement, ni sac, ni pain, ni monnaie dans leur ceinture, mais dâêtre chaussés de sandales ». Jusquâà leur départ de la localité, ils devaient demeurer dans la maison où on les recevrait et, lorsquâils la quitteraient, secouer la poussière de leurs pieds contre ceux qui ne les auraient pas reçus, ni écoutés, afin que cela leur servît de témoignage. Leur service sâaccomplissait en faveur dâIsraël, sous lâautorité de celui qui avait droit à être reçu par son peuple; ceux qui ne le recevraient pas encourraient le jugement. Après la croix, lorsque les disciples vaquèrent à leur service au milieu dâun monde qui avait mis à mort leur Seigneur, ils eurent à pourvoir eux-mêmes à leurs besoins, car ils nâavaient plus un Messie présent et visible pour les protéger; non que les messagers de la grâce nâaient plus dû dépendre de celui qui les envoyait, mais le Seigneur voulait leur montrer, en Luc 22:35-38, le changement qui sâopérait pour eux, une fois au service dâun roi rejeté.
Les disciples prêchèrent donc la repentance, chassèrent beaucoup de démons, oignirent dâhuile beaucoup dâinfirmes et les guérirent. La repentance vient en premier lieu, car, sans elle, le Seigneur ne pouvait établir son règne sur des hommes pécheurs. Les miracles qui accompagnaient la prédication manifestaient la puissance de Celui qui était présent pour établir son royaume en dépit de lâEnnemi et lui arracher les hommes. Cela arrivera lorsque Christ viendra pour établir son glorieux règne: jour de gloire pour ceux qui auront cru en lui pendant son absence, mais jour brûlant comme un four pour ceux qui lâauront rejeté.
Hérode et Jean le Baptiseur
(v. 14-29). â Hérode entendit parler de Jésus; les uns le croyaient Ãlie, dâautres un prophète, mais pour Hérode, qui avait la conscience chargée du crime perpétré pour plaire à Hérodias, Jésus était Jean le Baptiseur, ressuscité dâentre les morts « Câest pourquoi », dit-il, « les miracles sâopèrent par lui ». Hérode savait Jean un homme juste et saint; il lâécoutait volontiers et faisait beaucoup de choses après lâavoir entendu. Sa conscience rendait témoignage de Jean et lâaccusait lui-même. Au lieu de la laisser sous lâeffet de la parole de Jean, au lieu de rompre avec ses péchés, il la charge, au contraire, dâun crime odieux en mettant à mort lâhomme quâil reconnaissait être juste et saint, en se faisant le serviteur dâune femme corrompue comme lui, pour éteindre une lumière qui la gênait.
Ce crime ne changeait pas pour Hérode lâappréciation juste quâil avait de Jean, et lâon se représente le malaise du roi, lorsquâil crut celui-ci ressuscité, puisquâil allait peut-être le rencontrer. Le malheureux devra rencontrer non le prophète, mais celui dont Jean était le précurseur, et non comme Sauveur, mais comme juge.
Moment terrible que celui où les hommes, ayant cru se débarrasser du Fils de Dieu en le mettant à mort, comparaîtront devant lui chargés de leurs péchés! Moment terrible, non seulement pour ceux qui ont participé au rejet de Christ lorsquâil était ici-bas, mais aussi pour ceux qui, depuis, refusent la grâce qui leur est présentée, en manifestant contre lui la même haine que ceux qui lâont crucifié. Certains hommes se disent incrédules, mais il nây a point de consciences incrédules. à des degrés divers, lâincrédulité nâest quâun procédé bien inefficace pour faire taire la voix de la conscience. Au lieu de chercher à lâétouffer, il faut au contraire lâécouter et sâéclairer au moyen de la parole de Dieu. Lorsque, sous lâeffet de cette lumière, le pécheur aura vu lâhorreur de son état, la grâce lui présentera la valeur du sang de Christ qui purifie de tout péché. Alors, par la foi, une conscience purifiée remplacera une conscience chargée de péchés. Ce sera le bonheur, la joie, la paix avec Dieu, en échange de la frayeur du Dieu juste et saint et de lâangoisse à la pensée de le rencontrer un jour comme juge.
Nous ne reviendrons pas sur les circonstances qui ont déterminé la mort de Jean le Baptiseur et que nous avons vues en détail dans lâévangile selon Matthieu. Le récit de Marc fait ressortir que le rejet de Christ était déjà affirmé par celui de son précurseur.
Retour des apôtres
(v. 30-33). â Ces versets nous présentent une circonstance qui fait partie du service et qui est pleine dâintérêt pour les serviteurs du Seigneur, comme pour tout racheté, car tous ont un service à accomplir.
Marc nous montre naturellement Jésus dans ses rapports avec ceux quâil appelait à travailler avec lui. Au chap. 1:17, il leur dit: « Venez après moi, et je vous ferai devenir pêcheurs dâhommes ». Ils sont avec lui pour quâil les forme. Au chap. 3:13, 14, il fait venir à lui ceux quâil voulait et il en établit douze pour être avec lui. Au v. 7 de notre chapitre, il les envoie deux à deux, revêtus de sa puissance, sous sa protection, pour accomplir lâÅuvre à laquelle il les avait préparés.
à leur retour, câest encore autour de lui quâils se rassemblent et près de lui quâils prennent du repos. « Ils lui racontèrent tout: et tout ce quâils avaient fait, et tout ce quâils avaient enseigné. Et il leur dit: Venez à lâécart vous-mêmes dans un lieu désert, et reposez-vous un peu; car il y avait beaucoup de gens qui allaient et venaient, et ils nâavaient pas même le loisir de manger ». Câest au Maître que les rapports sur le service doivent se faire; câest devant lui que ce que nous disons et faisons doit être contrôlé. Ainsi nous pourrons apprendre de lui, si nous avons agi selon sa pensée, et acquérir la sagesse nécessaire pour le servir toujours mieux.
Les disciples trouvaient en Jésus un cÅur plein de sollicitude à leur égard. Lui le Maître parfait autant que serviteur parfait, sait que le travail ne sâaccomplit pas sans fatigue, car lui-même sâassit, fatigué sur le bord du puits de Sichar (Jean 4:6). Il les invite à venir à lâécart, dans le désert, afin de se reposer un peu. Jésus, le même aujourdâhui pour les siens, ne demande pas plus que ce que ses faibles serviteurs peuvent accomplir, et il prend soin dâeux avec le même amour. Combien le méchant esclave se trompait lorsquâil disait: « Maître, je te connaissais, que tu es un homme dur » (Matthieu 25:24). Puissent tous ceux qui connaissent Jésus le servir fidèlement en tout, sachant combien il est un Maître débonnaire, plein de bonté envers tous, petits et grands, afin quâaussi, le temps du service achevé, il puisse leur dire: « Bien, bon et fidèle esclave; tu as été fidèle en peu de chose, je tâétablirai sur beaucoup: entre dans la joie de ton Maître » (Matthieu 25:21).
Ce récit contient un autre enseignement utile dans le fait que Jésus invite les disciples à se reposer dans un lieu désert; non seulement câétait nécessaire à cause du mouvement de la foule, mais Jésus veut enseigner à ses disciples à faire comme lui, lorsque, son service achevé, il se retirait à lâécart dans la solitude, plutôt que de sâexposer à recevoir les louanges des hommes. La place quâil faut occuper après le service se trouve auprès du Seigneur, et non en présence de lâadmiration des hommes et des frères, car si le serviteur a lâoccasion de raconter à dâautres quâà son Maître tout ce quâil a fait, il court le danger de sâélever par la considération dont il peut être lâobjet. à lâécart, devant le Seigneur, le modèle parfait, son service apparaît avec toutes les défectuosités qui le caractérisent et ainsi il est gardé dans lâhumilité et dans un jugement sain de lui-même et de ses Åuvres, ce qui le rendra toujours plus propre à sâacquitter fidèlement de sa tâche, quelle quâelle soit.
Les disciples firent bientôt lâexpérience que le vrai repos ne se trouve pas ici-bas. Dans ce monde on peut, comme Jésus le leur dit, se reposer « un peu », afin de continuer son travail, tandis que le vrai repos, le repos de Dieu, dont nous jouirons éternellement, câest celui qui est appelé « le repos sabbatique » en Hébreux 4:9, qui interviendra après le travail, lorsque tout sera terminé. Le croyant doit sâappliquer à y entrer, au lieu de sâarrêter en route et de chercher le repos dans ce désert. Tant que nous sommes ici-bas, des besoins abondent autour de nous et lâamour ne peut trouver du repos au milieu des besoins; les disciples en firent bien vite lâexpérience. Plusieurs les virent qui sâen allaient dans une barque; les ayant reconnus, ils accoururent à pied de plusieurs villes et arrivèrent avant eux au lieu où ils se rendaient, et là , ils se rassemblèrent auprès de Jésus. Précieux centre de rassemblement! Câest très heureux lorsque la recherche des serviteurs du Seigneur amène à sa personne; câest pour cela quâils sont donnés.
Première multiplication des pains
(v. 34-44). â Jésus fut ému de compassion en voyant la grande foule rassemblée auprès de lui, « parce quâils étaient comme des brebis qui nâont pas de berger ». Leurs bergers, les chefs du peuple, ne cherchaient que leur intérêt personnel; ils ne pouvaient donc pas sâoccuper des besoins du troupeau, auxquels seul lâamour pouvait répondre. Mais Jésus, dispensateur des bontés de Dieu, comprenait les besoins de son peuple. Dans le récit correspondant de Matthieu (chap. 14:14), il est dit quâ« il guérit leurs infirmes ». En Marc, qui fait ressortir son caractère de prophète, nous lisons quâ« il se mit à leur enseigner beaucoup de choses ». La prédication occupe toujours la première place. Elle seule sauve celui qui écoute, sâil croit cette Parole, tandis quâun miracle ne peut que rendre attentif à la parole; il ne fait que manifester la puissance de celui qui parle. Quelle puissance devait avoir la prédication de Jésus! Il ne pouvait y avoir en elle aucun mélange; toutes ses paroles étaient telles que le Père les lui donnait. « Celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu » (Jean 3:34). Il dit aux Juifs, en Jean 8:28: « Selon que le Père mâa enseigné, je dis ces choses ». Et au v.26: « Les choses que jâai ouïes de lui, moi, je les dis au monde ». Hélas! nous savons quâun petit nombre en profita.
Considérant que le lieu était désert et lâheure fort avancée, les disciples jugent que mieux vaudrait renvoyer la foule, afin quâils sâen aillent se procurer des vivres,... car ils nâavaient rien à manger. Jésus leur répond: « Vous, donnez-leur à manger ». Les disciples lui disent: « Irons-nous acheter pour deux cents deniers de pain, et leur donnerons-nous à manger? » Les pauvres disciples, ignorant ce quâils avaient en Jésus, pensaient à des ressources matérielles et visibles. Ils ne se rendaient pas compte quâils avaient avec eux le créateur du monde et de tout ce quâil contient, un homme, il est vrai, mais qui avait revêtu lâhumanité pour apporter aux hommes les ressources divines. Il entrait dans toutes leurs circonstances; il comprenait tous leurs besoins; il sympathisait avec eux dans tous leurs maux et mettait toujours sa puissance à la disposition de la foi. Ils oubliaient aussi que câétait de lui quâils avaient reçu la capacité dâaccomplir toutes les choses quâils venaient de lui raconter. Dans sa patiente bonté, Jésus veut encore leur faire comprendre qui il est et les employer comme dispensateurs de sa grâce. Il ne leur dit pas de donner à manger aux foules en comptant sur leurs ressources. Jamais il ne demande aux siens un service sans fournir ce quâil faut pour lâaccomplir. « Si quelquâun sert, quâil serve comme par la force que Dieu fournit, afin quâen toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ » (1 Pierre 4:11). Jésus leur dit: « Combien de pains avez-vous? Allez et regardez. Et quand ils le surent, ils disent: Cinq, et deux poissons ». Il leur commanda de faire asseoir ces gens sur lâherbe verte par rangs de cent et de cinquante. « Et ayant pris les cinq pains et les deux poissons, et regardant vers le ciel, il bénit, et rompit les pains et les donna à ses disciples, afin quâils les missent devant eux; et il partagea les deux poissons entre tous. Et ils mangèrent tous, et furent rassasiés. Et ils ramassèrent des morceaux douze paniers pleins, et des restes des poissons. Et ceux qui avaient mangé les pains étaient cinq mille hommes ».
Non seulement le Seigneur répond aux besoins existants, mais il donne beaucoup plus. Puissions-nous tous faire plus souvent cette expérience! Pour cela, nous nâavons quâà obéir lorsquâil place devant nous un devoir quelconque, car il fournit ce qui est nécessaire en multipliant ce que nous possédons déjà , mais qui, sans lui, serait insignifiant.
Une nouvelle traversée
(v. 45-56). â Jésus contraignit ses disciples de monter dans une barque et dâaller devant lui à lâautre rive, tandis quâil renvoyait la foule. Il peut la renvoyer maintenant, après avoir rassasié « de pain ses pauvres », selon lâexpression du Psaumes 132:15. Jamais le Seigneur ne renvoie à vide ceux qui sâapprochent de lui; or ils sâétaient rassemblés auprès de lui (v. 33).
Au lieu de suivre ses disciples, Jésus sâen va sur une montagne pour prier. Nous le trouvons toujours comme le serviteur parfait, dépendant de son Dieu, en toutes circonstances. Il ne se reposait pas sur sa puissance pour servir, mais sur son Dieu et Père qui lâavait envoyé. Il voulait être dans la solitude pour prier Dieu librement: modèle sublime que nous avons à contempler afin de pouvoir lâimiter.
Pendant que Jésus priait, ses disciples se trouvaient aux prises avec les difficultés de la traversée. La barque dans laquelle le Seigneur les avait contraints de monter luttait, dans la nuit, car le vent était contraire: image véritable de ce qui a lieu pour les croyants laissés dans ce monde durant lâabsence de Jésus; état de choses que le Seigneur connaît bien. Son cÅur, ému de compassion envers les foules, ne lâest pas moins à lâégard de ses pauvres disciples: « Les voyant se tourmenter à ramer, ... vers la quatrième veille de la nuit, il vient vers eux, marchant sur la mer; et il voulait passer à côté dâeux ». Là encore, tout en venant les délivrer, il veut mettre leur foi à lâépreuve. Il fait comme sâil voulait aller plus loin. « Mais eux, le voyant marcher sur la mer, crurent que câétait un fantôme, et ils poussèrent des cris ». Sa présence, au lieu de les rassurer, ne fait quâajouter à leur effroi. Ils ne le reconnaissent pas. Il en est ainsi lorsque nous nous laissons accabler par les difficultés, au lieu dâêtre occupés de celui qui peut et veut nous secourir; nous ne sommes pas capables de le voir près de nous, ce qui rassurerait nos cÅurs. Les disciples, trop absorbés par leur situation, au lieu de penser que le Seigneur vient les délivrer, le prennent pour un fantôme. Mais lui, pour dissiper leurs craintes, leur parle et leur dit: « Ayez bon courage, câest moi; nâayez point de peur ». Bien que les disciples aient si peu connu leur Maître, quel calme durent produire dans leur cÅur ces mots: « Câest moi »! Pour leur bonheur et le nôtre aussi, ils expriment infiniment plus que tout ce que nous pouvons saisir. Ils disent ce quâest Dieu dans lâinfini de son être, manifesté en amour au milieu des circonstances pénibles où se trouvent les siens ici-bas, apportant dans ce triste monde tout ce qui est propre à encourager, à rassurer, en faisant connaître ce quâil est. Depuis la gloire, Jésus nous dit encore aujourdâhui: « Câest moi; nâayez point de peur ».
Jésus monta dans la barque et le vent tomba. Sa puissance calme la tempête et sa présence, si la foi la réalise, calme les cÅurs. Câest pourquoi le psalmiste pouvait dire: « Même quand je marcherais par la vallée de lâombre de la mort, je ne craindrai aucun mal; car tu es avec moi » (Psaumes 23:4).
Les disciples furent extrêmement frappés et étonnés en eux-mêmes, car, est-il dit: « Ils nâavaient pas été rendus intelligents par les pains, car leur cÅur était endurci ». Il faut bien la patience de Dieu et la persévérance de sa grâce pour pénétrer nos cÅurs de son amour et nous rendre quelque peu intelligents dans la connaissance de Lui-même, afin que nous sachions compter sur lui et le glorifier au travers des circonstances pénibles de la vie présente.
La barque aborda à lâautre rive dans la contrée de Génésareth. Aussitôt les habitants reconnurent Jésus et les disciples et coururent annoncer leur arrivée dans le pays dâalentour. De tous côtés on leur apportait les malades, dans de petits lits. Partout où Jésus entrait, dans les villages et les villes, ou dans les campagnes, on plaçait les infirmes dans les marchés, en le priant de les laisser toucher ne fût-ce que le bord de son vêtement; et tous ceux qui le touchaient étaient guéris.
Quel contraste avec ce qui sâétait passé dans son pays, au commencement de notre chapitre, où il ne put faire quâun petit nombre de miracles! Reconnaître Jésus, comme ces gens lâont fait, même après lâavoir méconnu un temps, le recevoir, cela suffit pour se trouver au bénéfice des trésors infinis de sa grâce, toujours à la disposition de la foi.