«Lâoracle de la parole de lâÃternel à Israël par Malachie» (v. 1).
Bien quâil prophétise au milieu des faibles restes de Juda et de Benjamin, revenus de la captivité, Malachie embrasse en pensée Israël, câest-à -dire lâensemble du peuple. Il diffère en cela de Zacharie qui nâenvisage que Juda et Jérusalem. Lâétat moral que notre prophète va décrire comprend donc la nation comme un tout, et le jugement qui doit lâatteindre sera général; de même aussi la première venue du Messie embrasse, dans sa portée, le peuple tout entier (Luc 1:54; 2:10, 25, 32).
«Je vous ai aimés, dit lâÃternel; et vous dites: En quoi nous as-tu aimés? Ãsaü nâétait-il pas frère de Jacob? dit lâÃternel; et jâai aimé Jacob, et jâai haï Ãsaü» (v. 2). «Je vous ai aimés: quelle parole touchante! Câest par elle que Dieu commence; elle est à lâorigine de toutes ses relations avec les hommes, de toutes ses voies envers son peuple. Dès lâéternité, les délices de la Sagesse étaient dans les fils des hommes (Prov. 8:31); et, quant à Israël, Dieu ne lui avait-il pas, dès le commencement, prouvé son amour, à commencer par son élection de grâce: «Jâai aimé Jacob»? Ensuite lâÃternel avait délivré Israël de lâÃgypte, lâavait pris sur des ailes dâaigle pour lâamener à Lui; lâavait conduit par la nuée dans le désert, pour lâintroduire enfin dans le pays de la promesse. Et lorsque ses jugements, preuve de son caractère infaillible de justice et de sainteté, avaient dû sâabattre sur ce peuple infidèle, lâamour de Dieu ne lâavait-il pas enfin restauré et fait remonter dans son pays? Israël pouvait-il douter un instant dâun amour qui sâétait employé de tant de manières en sa faveur?
Cette même parole, Dieu la prononce encore aujourdâhui: la chrétienté, malgré sa marche rapide vers lâapostasie finale, peut lâentendre journellement: «Je vous ai aimés, dit lâÃternel». La croix de Christ nâest-elle pas la preuve incontestable de cet amour?
Sans doute cette parole va trouver un écho dans le cÅur ému du peuple, touché dâune telle grâce imméritée... Ãcoutez ce quâil répond: «En quoi nous as-tu aimés?»
Peut-on concevoir un pareil endurcissement? Après avoir fait, pendant 60 années, lâamère expérience des suites de son infidélité, et dans le moment même où les voies imméritées de la grâce sont reprises à son égard, ce peuple a lâaudace de dire: «En quoi nous as-tu aimés?» Ils ne connaissent pas le Dieu auquel ils ont affaire, et ne se connaissent pas davantage eux-mêmes. Ils ne savent pas que Dieu ne change jamais et que, si ses jugements sont immuables, son amour est aussi immuable que sa justice. Tel est le premier caractère de ce peuple.
Lâétat de la chrétienté diffère-t-il de celui-là ? Il y a peu de temps que Dieu a frappé le monde par des tremblements de terre, des inondations, tels que la mémoire des hommes ne saurait en enregistrer de semblables. Ceux qui professent croire en Dieu ont dit, au lieu de se repentir: Où est son amour? Et cependant, les jugements passés et actuels de Dieu, tout en prouvant son horreur du mal, ont pour but dâattirer les âmes à Lui et de leur prouver que, malgré leurs péchés, il sâoccupe dâelles et veut leur bien. Son amour envers elles nâa pas changé, car il reste établi une fois pour toutes à la croix de Christ, et, par ses jugements, il voudrait atteindre les consciences et diriger les yeux, comme jadis ceux des Israélites vers le serpent dâairain, vers lâunique moyen de salut. Il y a, sans doute, un juste gouvernement de Dieu dans le monde, et il faut que lâhomme le comprenne et en fasse lâexpérience, afin quâil apprenne que sa seule ressource est dans lâamour immuable de Dieu.
Au lieu de cela, les pécheurs trouvent, dans ces justes jugements, une occasion de mettre en doute le caractère de Celui qui les appelle. Rien nâémeut le cÅur de lâhomme; il nâestime pas quâil ne mérite que le jugement et, au lieu de recourir à la grâce, il dit, comme le mauvais serviteur: «Je te connaissais, que tu es un homme dur, moissonnant où tu nâas pas semé, et recueillant où tu nâas pas répandu, (Matt. 25:24). «En quoi nous as-tu aimés?»
Comme câétait le cas pour Israël, le premier trait de la chrétienté professante est donc lâindifférence à lâamour de Dieu et, de plus, lâignorance du caractère de Dieu et de son propre caractère à elle.
à cette question insolente: En quoi nous as-tu aimés? lâÃternel répond en retraçant les origines du peuple: «Ãsaü nâétait-il pas frère de Jacob? Et jâai aimé Jacob, et jâai haï Ãsaü» (v. 2). Sur quoi donc était basée lâélection de Jacob? Quand lâÃternel disait: «Le plus grand sera asservi au plus petit» (Gen. 25:23), quâest-ce qui déterminait son choix? Ni lâun, ni lâautre de ces deux frères nâavaient, à ce moment-là , rien fait de bon ou de mauvais; ce qui faisait entre eux la différence, câétait le propos arrêté, le libre choix de Dieu, selon lâélection de grâce (Rom. 9). Et pourquoi disait-il maintenant: «Jâai aimé Jacob»? Y avait-il quelque chose dans la conduite de Jacob qui pût le faire aimer? Certes, le caractère de Jacob nâa rien dâattirant pour nous, et combien moins pour Dieu, car jamais homme nâeut une foi plus mélangée de fourberie. Ãtaient-ce peut-être les Åuvres de Jacob qui, en dépit de son caractère, avaient attiré lâamour de Dieu? Nullement. Il en est peu, parmi les patriarches, qui aient eu une vie plus pauvre en bonnes Åuvres; et Malachie va nous montrer ce quâétaient les Åuvres de ses descendants. Dâoù venait donc cet amour de lâÃternel pour un homme, puis pour un peuple aussi misérable? Il venait du besoin du cÅur de Dieu de se faire connaître, de montrer aux pécheurs ce quâIl est. Israël avait bénéficié de ce que Dieu voulait se révéler lui-même, câest-à -dire sa nature et son cÅur, à de misérables êtres comme nous.
Mais lâÃternel ajoute: «Et jâai haï Ãsaü». Y avait-il peut-être de lâinjustice et de la partialité en Dieu, parce quâil avait haï celui-ci? En aucune manière. Le libre choix du Dieu souverain nâest pas de la haine. Dans la Genèse, nous trouvons ce choix: «Le plus grand sera asservi au plus petit» (Gen. 25:23), mais nous nây voyons pas sa haine à lâégard dâÃsaü. Dieu nây prononce pas de jugement sur ce dernier; il nous faut arriver à Malachie, au dernier livre prophétique de lâAncien Testament pour lâapprendre. Câest que la haine de Dieu contre Ãsaü est le résultat de la conduite dâÃsaü. LâÃternel lui avait accordé, ainsi quâà sa descendance, des milliers dâannées pour prouver, par ses Åuvres, sâil était digne dâêtre aimé de Lui; mais Ãdom sâétait montré, en toute occasion, lâennemi juré de Dieu et de son peuple, et avait enfin comblé la mesure de ses iniquités par sa conduite envers Jérusalem et ses frères dans leur calamité (Abd. 10-14). Aussi, Dieu fait de lui, sur le pied de ses Åuvres, lâexemple dâun jugement sans merci, où, selon Malachie, Ãdom est «le peuple contre lequel lâÃternel est indigné à toujours» (1:3-5); où, selon le prophète Abdias, il «sera retranché à toujours»; le seul peuple «de la maison duquel il nây aura pas de reste» (Abd. 10, 18).
Après avoir établi ces deux principes: dâun côté son amour et son élection de grâce, de lâautre sa justice et sa sainteté qui ne peuvent laisser le mal impuni, Dieu passe à la condition actuelle de ce peuple quâil avait aimé. Israël sâétait-il montré digne de tant dâamour, ou bien avait-il mérité de tomber sous le jugement? Câest ce que vont nous montrer les chap. 1:6 à 2.
La seule différence, en faveur dâIsraël, comparé à Ãdom, câest quâil y aura, parmi ce peuple, un résidu, des réchappés selon lâélection de grâce. Ce résidu sera un exemple de la manière dont Dieu sait concilier sa haine du péché et son amour pour le pécheur. Or, nous le savons, la croix de Christ est le lieu unique où la justice de Dieu se manifeste, en justifiant le pécheur au lieu de le condamner.
Reprenons maintenant le cours de la prophétie, et examinons, en premier lieu, lâétat moral dâIsraël, possesseur de tant de privilèges.
Tout ce passage décrit (1:6-2:9) la condition de la sacrificature, puis (2:10-17), celle du peuple.
Le sacrificateur était à la fois lâintermédiaire entre Dieu et la nation, et le représentant de la nation devant Dieu; mais ici, il a plutôt le caractère de celui qui rend culte à Dieu. Si le peuple avait écouté attentivement la voix de lâÃternel, il aurait été, tout entier, un «royaume de sacrificateurs et une nation sainte» (Ex. 19:6). Livré à sa responsabilité au pied du Sinaï, Israël a, dès son premier acte, perdu, en faisant le veau dâor, tout droit à remplir cet office. Après de longs essais de sa patience envers son peuple, pour voir si ce dernier ne pourrait reconquérir, par sa conduite, les privilèges quâil avait perdus, Dieu a suscité une nouvelle sacrificature universelle, en mettant à part son Ãglise. Cette dernière sâest-elle montrée digne de la sacrificature qui lui était confiée? Lâhistoire de la chrétienté professante répond négativement à cette question, quoiquâelle prétende être en rapport avec Dieu pour le culte. Elle a le nom de culte à la bouche, mais en a totalement oublié la portée. Même les croyants, au milieu dâelle, font preuve dâune ignorance pareille. Sans doute, ils sont tous, de fait, sacrificateurs aux yeux de Dieu, mais nâen remplissent plus les fonctions. Israël nâest donc pas le seul exemple dâignorance quant à lâhommage que Dieu est en droit dâattendre de son peuple.
«Un fils honore son père, et un serviteur, son maître. Si donc je suis père, où est mon honneur? et si je suis maître, où est la crainte qui mâest due? dit lâÃternel des armées, à vous, sacrificateurs, qui méprisez mon nom» (1:6).
Bien que les relations de famille dont ce passage nous parle, allassent en sâaffaiblissant alors, comme cela arrive de nos jours avec les progrès de lâapostasie, il restait encore admis que le fils honore son père et que le serviteur craint son maître. Or Dieu était père et maître à la fois, et les sacrificateurs méprisaient son nom; mais ils disaient: «En quoi avons-nous méprisé ton nom?» Dieu leur répond: «Vous présentez sur mon autel du pain souillé, et vous dites: En quoi tâavons-nous profané? En ce que vous dites: La table de lâÃternel est méprisable». Leur question dénotait cette ignorance dont nous avons parlé: ignorance du caractère de Dieu, de ce qui lui est dû, et de la culpabilité de leurs propres actes.
Appliquons ces paroles à ce qui se passe dans la chrétienté professante qui prétend rendre culte à Dieu, sâapprocher de sa Table, prendre part au mémorial du sacrifice de Christ... Quây apporte-t-elle? La pureté ou la souillure? Sont-ce des êtres chargés de leurs péchés, ou des saints purifiés de leurs iniquités qui sây présentent? Et lâon dit: En quoi avons-nous méprisé ton nom, ou tâavons-nous profané? Avons-nous mal fait en cela? Nâavons-nous pas accompli ponctuellement nos devoirs religieux? «En ce que vous dites», répond lâÃternel: «La table de lâÃternel est méprisable!» Cela ne signifie point que ces paroles soient dans leurs bouches, mais elles sont dans leurs actes, qui montrent comment ils estiment lâÃternel et sa table. «Et si vous présentez une bête aveugle en sacrifice, nâest-ce pas mal? et si vous en présentez une boiteuse et malade, nâest-ce pas mal? Offre-la donc à ton gouverneur: tâagréera-t-il, ou te recevra-t-il avec faveur? dit lâÃternel des armées» (v. 8). Quâest-ce que lâhomme religieux de tous les temps donne à Dieu et que fait-il pour Lui? Il accomplit en public des actes qui le rendent honorable aux yeux des autres hommes. Le pharisaïsme, quâil soit juif ou chrétien, nâa pas dâautre mobile. Ses Åuvres charitables font parler de lui parmi les hommes, mais dans le secret, que peut-il offrir à un Dieu quâil ne connaît pas, sinon «une bête malade»?
Que devons-nous donc faire pour être, agréables à Dieu? sâécrieront ces mêmes hommes. Voici: «Et maintenant, implorez donc Dieu, afin quâil use de grâce envers nous. Câest par vos mains que cela a eu lieu: vous recevra-t-il avec faveur? dit lâÃternel des armées» (v. 9).
Repentez-vous; abandonnez vos voies; implorez Dieu; faites appel à sa grâce. Câest votre seule ressource, le seul moyen pour vous, de recevoir les faveurs de Dieu. Vous ne pouvez pas faire de bonnes Åuvres, et votre conduite le prouve; les meilleures à vos yeux, ne sont pour Dieu que des Åuvres mortes dont votre conscience a besoin dâêtre purifiée (Héb. 9:14).
«Qui même dâentre vous fermerait les portes? et vous nâallumeriez pas le feu sur mon autel pour rien! Je ne prends pas plaisir en vous, dit lâÃternel des armées, et lâoffrande, je ne lâagréerai pas de vos mains» (v. 10).
Nous trouvons ici un autre caractère moral de la sacrificature dégénérée: lâintérêt qui dirige lâhomme dans le service de Dieu. Il ne peut faire autrement, parce quâil ne connaît pas Dieu. Câest pourquoi Dieu prononce le jugement le plus complet sur cette profession sans vie, et déclare quâil nây a aucun lien moral entre elle et Lui: «Je ne prends pas plaisir en vous; je nâagréerai pas lâoffrande de vos mains!»
«Car, du soleil levant jusquâau soleil couchant, mon nom sera grand parmi les nations, et, en tout lieu, lâencens sera brûlé à mon nom, et une offrande pure sera présentée, car mon nom sera grand parmi les nations, dit lâÃternel des armées» (v. 11).
Le prophète déclare ici que Dieu va se tourner vers les nations. Câest, en effet, ce qui eut lieu. LâÃternel abandonna son peuple au jugement, et lâÃvangile fut annoncé aux gentils. Une grande multitude dâentre eux fut convertie pour servir le Dieu vivant et vrai, et mettre son espérance en Christ. Cette parole du prophète peut donc sâappliquer immédiatement à la bénédiction des gentils par la foi chrétienne, mais elle va plus loin: lâEsprit porte nos pensées vers un temps encore futur, où une offrande pure sera présentée par les nations au Dieu dâIsraël. Ce fait qui remplit la prophétie de lâAncien Testament, nâaura lieu quâaprès le jugement définitif exécuté sur le peuple rebelle et sur ses oppresseurs. Alors une foule innombrable dâentre les gentils se tiendra devant le trône et devant lâAgneau (Apoc. 7), et en tout lieu, non pas seulement dans le temple de Jérusalem, lâencens sera brûlé au grand nom de lâÃternel.
«Mais vous, vous le profanez, en ce que vous dites: La table du Seigneur est souillée; et ce quâelle fournit, sa nourriture, est méprisable. Et vous dites: Voilà , quel ennui!» (v. 12, 13). Dieu voyait ce quâil y avait au fond du cÅur des sacrificateurs en Israël. La chrétienté professante offre le même spectacle. La joie de la présence de Dieu, la communion avec Lui, lâappréciation du sacrifice de Christ, lui sont inconnues et nâamènent quâune parole sur ses lèvres: Quel ennui! Peut-elle comprendre le bonheur que trouvent les croyants dans la communion avec le Père et avec le Fils? Peut-elle trouver ses délices dans la Parole dont le Saint Esprit seul donne lâintelligence?
«Et vous soufflez dessus, dit lâÃternel des armées». La révélation de Dieu et de Christ est pour lâhomme une poussière importune dont il cherche à se débarrasser; elle nâapporte rien à son cÅur et à sa conscience, parce quâil nâa ni cÅur ni conscience pour Dieu. Le monde estime que les distractions et les plaisirs sont préférables au vrai culte. Le Seigneur peut-il agréer des sacrifices offerts dans de telles conditions? Même dans ce que lâon nommait «un vÅu», câest-à -dire un service volontaire, ils sacrifiaient «ce qui est corrompu», lâapparence du zèle leur suffisant (v. 14).
Si maintenant nous récapitulons les caractères de la sacrificature dégénérée dans ce premier chapitre, nous y trouverons lâignorance complète de lâamour de Dieu; lâignorance de sa sainteté et lâabsence de crainte de Dieu. La souillure est apportée à sa table; des dons sans valeur sont présentés pour lâapparence; lâintérêt règle les actions et, sans lui, rien ne se fait pour le service de lâÃternel. Ce manque de réalité dans la vie religieuse produit lâennui et le dégoût des choses divines.
Que Dieu nous garde de cet esprit et de ces tendances auxquels nos cÅurs naturels nâont que trop de disposition à se laisser entraîner! Dieu ne nous demande pas de vaines apparences, mais la vérité dans le cÅur, des actes correspondant à nos paroles, des paroles correspondant à lâétat de nos âmes. Heureux celui dont Jésus peut dire: «Voici un vrai Israélite, en qui il nây a pas de fraude!»
Le chapitre 2:1-9, appartient proprement à celui qui précède. Il ne fait, pas plus que le chap. 1, une description complète de lâapostasie finale, mais dépeint le caractère moral de la sacrificature, livrée à sa propre responsabilité. Nous sommes ainsi en mesure de jeter un regard dans le cÅur de lâhomme religieux, afin dâapprendre à éviter, pour nous-mêmes, les traits qui le caractérisent. Dans ce but, le croyant nâa quâà retenir la première parole du prophète: «Je vous ai aimés». Notre sauvegarde est la connaissance de lâamour de Christ. Revenons toujours boire à cette source, car nous nâavons pas dâautre moyen de rendre un témoignage fidèle. Le Seigneur ne dit pas à Philadelphie: Ils connaîtront que tu mâas aimé, mais: «Ils connaîtront que moi je tâai aimé» (Apoc. 3:9). Si nous nous appuyons sur le sein de Jésus, nous nây sentons battre que lâamour. Câest là que nous apprenons à le connaître, et à ne pas le chercher dans la manière, toujours imparfaite, dont nous nous acquittons de notre service.
«Et maintenant, sacrificateurs, ce commandement est pour vous. Si vous nâécoutez pas, et si vous ne prenez pas à cÅur de donner gloire à mon nom, dit lâÃternel des armées, jâenverrai parmi vous la malédiction, et je maudirai vos bénédictions, et même je les ai maudites, parce que vous ne le prenez pas à cÅur. Voici, je vais flétrir vos semences, et je répandrai de la fiente sur vos visages, la fiente de vos fêtes, et on vous emportera avec elle» (v. 1-3). Les hommes qui, par leurs privilèges, sont le plus près de Dieu, sont jugés le plus sévèrement. Ceux-ci se vantaient de leurs prérogatives, mais avaient oublié Dieu, devenu pour eux ce quâon appelle une quantité négligeable.
Pourquoi existaient-ils, si ce nâétait «pour glorifier son nom?» Autrement, Dieu maudirait leurs bénédictions, et leurs privilèges se changeraient en malédiction pour eux. Cette menace était déjà une chose actuelle, au temps du prophète Malachie.
«Et vous saurez que je vous ai envoyé ce commandement, afin que mon alliance subsiste avec Lévi, dit lâÃternel des armées» (verset 4). Nous trouvons ici une confusion intentionnelle, très fréquente dans lâAncien Testament, entre les sacrificateurs et les Lévites. La sacrificature proprement dite avait déjà failli, au pied du Sinaï, lorsquâAaron, souverain sacrificateur, avait «livré le peuple au désordre», en lui faisant le veau dâor (Ex. 33:25). Elle avait failli de nouveau, quand Nadab et Abihu, fils dâAaron, présentèrent un feu étranger devant lâÃternel (Lév. 10:1), et furent consumés. Elle avait encore failli, quand Ãli, de la descendance dâIthamar, ayant honoré ses fils plus que lâÃternel, Dieu lui annonça quâil susciterait à sa place un sacrificateur fidèle qui marcherait toujours devant son Oint (1 Sam. 2:29, 35). Tsadok, de la famille dâÃléazar, fut alors suscité, et cette famille occupa, dès lors, le premier rang dans la sacrificature (1 Chron. 6:50-53; 24:1-6); mais nous voyons, à la fin de Néhémie, ce que cette famille était devenue: ils étaient «des profanateurs de la sacrificature, et de lâalliance de la sacrificature et des lévites» (Néh. 13:29). De même, dans notre prophète, «ils avaient corrompu lâalliance de Lévi, (2:8). Cela nâanéantissait point, sans doute, le dessein arrêté de lâÃternel de conserver, pour lâavenir, dans cette famille, une sacrificature fidèle qui, mieux même que Tsadok, sous la royauté de David, «marcherait toujours devant son Oint». Mais lâinfidélité présente de la sacrificature a pour résultat que lâÃternel insiste sur son alliance avec Lévi.
Cette malédiction prononcée ici sur la sacrificature juive, atteindra de même la profession chrétienne. Faisant allusion au chapitre 19:6, de lâExode, lâapôtre Pierre dit aux chrétiens: «Vous êtes une sainte sacrificature». «Vous êtes une race élue, une sacrificature royale, une nation sainte, (1 Pierre 2:5, 9). Comme profession, elle est devenue infidèle et ne pourra subsister; mais les conseils de Dieu sont sans repentance et demeureront malgré tout. Si lâensemble tombe sous le jugement, et si, punissant les mauvais serviteurs, Dieu est obligé de dire: «Le maître de cet esclave-là viendra en un jour quâil nâattend pas, et à une heure quâil ne sait pas, et il le coupera en deux et lui donnera sa part avec les hypocrites: là seront les pleurs et les grincements de dents» (Matt. 24:50, 51); â il nâen est pas moins vrai que «son alliance subsiste avec Lévi».
Les fils de Lévi avaient fait preuve de zèle pour lâÃternel en deux occasions mémorables. Après lâérection du veau dâor et le péché dâAaron, Moïse se tint à la porte du camp et dit: «à moi, quiconque est pour lâÃternel! Et tous les fils de Lévi se rassemblèrent vers lui. Et il leur dit: Ainsi dit lâÃternel, le Dieu dâIsraël: Que chacun mette son épée sur sa cuisse; passez et revenez dâune porte à lâautre dans le camp, et que chacun de vous tue son frère, et chacun son compagnon, et chacun son intime ami. Et les fils de Lévi firent selon la parole de Moïse; et il tomba dâentre le peuple, ce jour-là , environ trois mille hommes. Et Moise dit: Consacrez-vous aujourdâhui à lâÃternel, chacun dans son fils et dans son frère, afin de faire venir aujourdâhui sur vous une bénédiction» (Exode 32:26-29). Le zèle des Lévites pour lâÃternel. était leur consécration, en contraste avec la consécration officielle des sacrificateurs (Ex. 29).
Ce zèle sâétait montré une seconde fois lors de lâalliance dâIsraël avec les filles de Moab, pour adorer Baal-Péor. Phinées, fils lâÃléazar, dans sa jalousie pour lâÃternel, avait transpercé les coupables. Cet événement forme le sujet de notre passage: «Mon alliance avec lui était la vie et la paix» (v. 5): câest, en effet, ce que lâÃternel avait dit à Moise: «Phinées, fils dâÃléazar, fils dâAaron, a détourné mon courroux de dessus les fils dâIsraël, étant jaloux de ma jalousie au milieu dâeux, de sorte que je ne consumasse pas les fils dâIsraël dans ma jalousie. Câest pourquoi dis: Voici, je lui donne mon alliance de paix; et ce sera une alliance de sacrificature perpétuelle, pour lui et pour sa semence après lui, parce quâil a été jaloux pour son Dieu, et a fait propitiation pour les fils dâIsraël» (Nomb. 25:10-13). En vertu de la fidélité de Phinées, la sacrificature perpétuelle devait rester dans la famille dâÃléazar, dont ce Lévite était fils.
Câest en effet ce qui aura lieu à la fin des temps. On voit, en Ãzéch. 48:11, que la famille de sacrificateurs, dont les fils de Tsadok sont devenus les titulaires sous le règne de David, subsistera pendant le règne millénaire de Christ: «Lâoffrande», est-il dit, «sera pour les sacrificateurs qui sont sanctifiés dâentre les fils de Tsadok, qui ont fait lâacquit de la charge que je leur ai confiée, qui ne se sont pas égarés dans les égarements des fils dâIsraël, comme les Lévites se sont égarés». Nous avons ici lâun des exemples de la confusion intentionnelle mentionnée plus haut, entre les sacrificateurs et les Lévites, car câétaient les sacrificateurs qui avaient «corrompu lâalliance de Lévi» (v. 8).
«Mon alliance avec lui était la vie et la paix, et je les lui donnai pour quâil craignît; et il me craignit et trembla devant mon nom. La loi de vérité était dans sa bouche, et lâiniquité ne se trouva pas sur ses lèvres; il marcha avec moi dans la paix et dans la droiture, et il détourna de lâiniquité beaucoup de gens. Car les lèvres du sacrificateur gardent la connaissance, et câest de sa bouche quâon recherche la loi, car il est le messager de lâÃternel des armées» (v. 5-7).
Lévi avait cinq caractères: 1° Quant à son cÅur: il craignait lâÃternel; il différait de ces sacrificateurs profanes, dont Dieu disait: Où est la crainte qui mâest due? (1:6). 2° Quant à ses paroles: la loi de vérité était dans sa bouche et lâiniquité ne sâétait pas trouvée sur ses lèvres. 3° Quant à sa marche: elle était avec lâÃternel dans la paix et dans la droiture. 4° Quant à son ministère: il avait détourné de lâiniquité beaucoup de gens. 5° Quant à son message: il était lâenvoyé de Dieu.
La Parole considère ici le faible service des Lévites à la lumière de celui du fils dâÃléazar. Il apprécie ce service selon son origine, de même quâil considère le nôtre à la lumière de celui de Christ. Tout ce passage, en effet, nous parle de Lui, et nous offre une image admirable de Son activité comme homme. Sur la terre, Jésus nâétait pas sacrificateur; il ne lâest devenu quâen vertu de sa résurrection dâentre les morts (Ps. 110). Mais toute sa carrière ici-bas correspondait à celle du Lévite fidèle. Il était le parfait serviteur, et de lâÃternel, et de lâhomme déchu; aussi Dieu lui a-t-il confié une sacrificature qui ne se transmet point. Il pouvait être désormais dans le ciel, devant Dieu pour les hommes, parce quâil avait été sur la terre pour Dieu devant les hommes.
Un passage du Deutéronome nous présente de nouveau Lévi sous le caractère typique de Christ: «Et de Lévi il dit: Tes thummim et tes urim sont à lâhomme de ta bonté... Ãternel! bénis sa force et que lâÅuvre de ses mains te soit agréable» (Deut. 33:8-11).
Dans ce magnifique chapitre, deux personnages ont la prééminence sur tous les autres: Joseph et Lévi. Tous deux sont caractérisés par la séparation pour Dieu. Dâune part, les bénédictions sont sur Joseph, parce quâil avait été séparé de ses frères. Son caractère était celui du Nazaréen, dâune séparation ordonnée de Dieu. Dans cette position, il avait été fidèle; aussi la faveur de Dieu vient-elle «sur la tête de Joseph, sur le sommet de la tête de celui qui a été mis à part de ses frères» (v. 16). Quant à Lévi, sa séparation avait été volontaire: le fruit de sa fidélité. Aussi lâÃternel «bénit sa force, et lâÅuvre de ses mains lui est agréable». Câest pourquoi, selon la demande de Moise, la sacrificature perpétuelle lui est assignée: les urim et les thummim, attributs de la sacrificature, par lesquels on consultait lâÃternel (1 Sam. 28:6; 23:9; cf. Nomb. 27:21; Esd. 2:63; Néh. 7:65), sont «à lâhomme de sa bonté». Historiquement, cette promesse sâest réalisée dans la famille dâÃléazar, père de Phinées, mais ici, Lévi est un personnage, un seul homme. La conduite de Lévi (Phinées), comme celle de Christ, dont il était le type, est à la base de toute sacrificature.
«Mais vous vous êtes écartés du chemin, vous avez fait broncher beaucoup de gens à lâégard de la loi; vous avez corrompu lâalliance de Lévi, dit lâÃternel des armées. Et moi aussi, je vous ai rendus méprisables et vils devant tout le peuple, parce que vous nâavez pas gardé mes voies, et avez fait acception des personnes, dans ce qui concerne la loi» (v. 8, 9). Le prophète revient ici aux sacrificateurs qui nâen ont que lâapparence et la profession. Au lieu de marcher dans les voies du vrai serviteur, qui aurait dû être leur modèle dès le commencement, ils avaient suivi, tout en portant son nom, des voies de corruption, donnant ainsi lâexemple à beaucoup de gens dâabandonner la loi, ou bien lâappliquant différemment, selon quâil sâagissait de pauvres ou de gens considérés. Aussi Dieu allait-il les couvrir de mépris aux yeux de tous.
La seconde partie du chap. 2 aborde un nouveau sujet. Il ne sâagit plus ici de la sacrificature, mais du peuple.
Il semble que le verset 10 soit une confession générale: «Nây a-t-il pas pour nous tous un seul père? Un seul Dieu ne nous a-t-il pas créés? Pourquoi agissons-nous perfidement, chacun envers son frère, en profanant lâalliance de nos pères?» Câest comme une parole de repentance, mise dans la bouche de Juda, et qui se réalisera plus tard, quand le résidu reconnaîtra son péché. Comme les sacrificateurs avaient corrompu lâalliance de Lévi (v. 8), le peuple avait aussi profané lâalliance de ses pères. Or, nâétaient-ils pas tous enfants dâun seul père, créatures dâun seul Dieu? Il ne sâagit pas ici de la relation avec le Père, manifestée par Jésus ici-bas, établie par lâÅuvre de la croix, proclamée à la résurrection de Christ, relation à laquelle les chrétiens seuls ont part, car lâAncien Testament ne la révèle pas et elle nâappartiendra jamais au peuple juif comme tel. La relation dont ce passage nous parle appartient, en revanche, à tous les hommes, Juifs ou gentils, quoique les croyants la possèdent aussi dâune manière toute spéciale.
Câest pourquoi nous trouvons, en Ãph. 4:6: «Il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tout, et partout, et en nous tous». Notre passage parle de cette relation. Ils étaient frères, ayant été engendrés par le même Dieu; des frères agissent-ils perfidement lâun envers lâautre? Leur origine commune ne devait-elle pas mettre dans leurs cÅurs des sentiments dâamour et de bienveillance mutuels? Le reproche contenu dans ce verset correspond à celui que lâÃternel adresse dans le chap. 1, v. 6, aux sacrificateurs: «Si je suis père, où est mon honneur, et si je suis maître, où est la crainte qui mâest due?» Seulement ici, lâEsprit de Dieu met cette parole, non dans la bouche de lâÃternel, mais dans la bouche de ceux qui avaient conscience du misérable état dans lequel Israël était tombé.
Hélas! pour le moment, ce verset 10 ne représentait nullement lâétat moral du peuple, amené à confesser ses péchés, car, est-il dit: «Juda a agi perfidement, et lâabomination se commet en Israël et dans Jérusalem; car Juda a profané le sanctuaire de lâÃternel, quâil aima, et a épousé la fille dâun dieu étranger» (v. 11). Deux traits caractérisent ici la condition morale du peuple: la profanation et la perfidie. Cette accusation nous rappelle la fin du livre de Néhémie. Malgré toutes les exhortations dâEsdras, adressées au peuple et à la sacrificature, la nation avait continué à sâallier avec des femmes idolâtres, et les sacrificateurs lui en avaient donné lâexemple. Le prophète fait allusion à cette circonstance historique. Comme il avait profané lâalliance, Juda avait profané le sanctuaire de lâÃternel, quâil avait restauré de ses propres mains, et avait épousé la fille dâun dieu étranger (Néh. 13:23-31). Pas plus que ses sacrificateurs, Juda, rentré de la captivité, nâétait idolâtre, mais lâalliance avec lâidolâtrie ne valait pas mieux que les idoles. Elle était dâautant plus méprisable quâelle osait sâallier avec le culte du vrai Dieu.
Il en est de même pour les chrétiens qui sâallient avec le monde. Quâil soit christianisé ou non, il reste toujours le même monde qui a mis à mort le Sauveur. Lâamalgame entre les croyants et lui ne peut subsister, et il arrivera nécessairement un moment où le métal précieux sera séparé des scories et où lâivraie sera séparée du bon grain, pour être brûlée. Aussi est-il dit ici: «LâÃternel retranchera des tentes de Jacob lâhomme qui fait cela» (v. 12).
Ensuite, probablement comme conséquence de leurs relations coupables avec des idolâtres, ils avaient agi perfidement envers leurs propres femmes: «Et, en second lieu, voici ce que vous faites: vous couvrez lâautel de lâÃternel de larmes, de pleurs et de gémissements, de sorte quâIl nâa plus égard à lâoffrande, ni ne lâagrée de vos mains. Et vous dites: Pourquoi? Parce que lâÃternel est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse, envers laquelle tu as agi perfidement; cependant elle est ta compagne et la femme de ton alliance» (v. 13, 14). Ils répudiaient leurs femmes légitimes pour épouser des femmes idolâtres; et ces pauvres abandonnées couvraient de pleurs et de gémissements lâautel de lâÃternel, tandis que leurs maris venaient y offrir leurs sacrifices. Ils violaient ainsi, en la semant de douleurs et de ruines, lâalliance divine établie à la création entre lâhomme et la femme. Au commencement, Dieu avait fait une compagne pour Adam. «Et un seul ne les a-t-il pas faits? Toutefois il avait le reste de lâEsprit. Et pourquoi ce seul a-t-il fait ainsi? Il cherchait une semence de Dieu.» Alors même quâils avaient violé ce que Dieu avait établi à la création, ce peuple possédait néanmoins «le reste de lâEsprit», selon Aggée 2:5, dans la personne de quelques fidèles qui, comme nous le verrons au chapitre 3, se trouvaient encore au milieu dâeux. Pourquoi ce seul Dieu avait-il institué le mariage entre le premier homme et la première femme? Câest quâil cherchait «une semence de Dieu». Il ne pouvait posséder un peuple à Lui que de cette manière, et non par une alliance profane dont Satan était lâinstigateur.
Le prophète ajoute: «Or prenez garde à votre esprit; et nâagis pas perfidement envers la femme de ta jeunesse (car je hais la répudiation, dit lâÃternel, le Dieu dâIsraël) ...; il couvre aussi de violence son vêtement, dit lâÃternel des armées» (v. 15, 16). Les sacrificateurs avaient souillé leurs vêtements, le peuple avait couvert les siens de violence, en tranchant, sans merci, les liens sacrés du mariage; ajoutant ainsi la violence à la perfidie.
Tous les caractères que nous venons de décrire sont aussi moralement ceux de la chrétienté de nos jours: les relations entre enfants dâun seul Père sont abandonnées; tous les liens que Dieu a formés sont relâchés; lâalliance avec le monde est devenue la règle; les idoles ont envahi les cÅurs; la corruption et la violence dominent en tout lieu. Le monde chrétien est indifférent à ce que Dieu pense de lui et nâa souci que de lâopinion des hommes. Il demande: «Pourquoi?» quand Dieu déclare être mécontent de lui, et cherche à atteindre sa conscience. Il associe le mal avec le nom de lâÃternel, comme si Dieu pouvait lâapprouver ou le tolérer: «Vous fatiguez lâÃternel par vos paroles, et vous dites: En quoi lâavons-nous fatigué? â En ce que vous dites: Quiconque fait le mal est bon aux yeux de lâÃternel, et câest en eux quâil prend plaisir â ou bien: Où est le Dieu de jugement?» (v. 17).
En résumé, trouve-t-on quelque chose de réjouissant dans ce chapitre? Tout y est, selon lâexpression dâÃsaïe, «meurtrissure et plaies vives qui nâont pas été pansées». Un seul phare lumineux brille dans ces ténèbres: la fidélité du vrai Lévi. Celui-là répond à tous les désirs du cÅur divin, et, malgré tout, Dieu poursuivra ses desseins dâamour et de grâce envers ceux que sa grâce associe avec Lévi.
Le chap. 3 va nous montrer ce que le Seigneur attend de ces derniers, et les caractères qui distinguent les fidèles dans les jours de la fin.
Rappelons ici que les réchappés de Juda qui avaient bâti le temple de Jérusalem, nâétaient pas rentrés dans leur pays comme un résidu converti. Ils étaient un peuple de professants, attachés extérieurement à la loi, et qui avaient réédifié le temple; mais la captivité de Babylone nâavait nullement changé leur cÅur.
Câest à eux, comme nous lâavons vu, que sâadressent les deux premiers, et aussi le commencement du troisième chapitre (v. 1-15). Ce dernier continue lâexposé de lâhistoire morale du peuple commencée au v. 10 du second chapitre. Le mot vous, que lâon rencontre quinze fois dans ce chapitre, ne sâadresse quâau peuple non croyant qui professait la loi, tout en dépassant, comme le premier verset du chap. 1 nous lâa déjà montré, les limites de Jérusalem et de Juda, pour sâétendre au peuple tout entier. «Vous», dit-il, «la nation tout entière» (v. 9).
Il y a toutefois, dans les versets qui nous occupent, une différence notable dâavec les deux premiers chapitres. Ceux-ci ne sâadressent quâà la nation, considérée sous son aspect religieux ou civil, tandis que le troisième chapitre met en lumière, dès le début, un vrai résidu, non plus Lévi seulement, un homme, type de Christ (2:5, 6), mais les fils de Lévi (v. 3), associés, dans leur service, à leur chef fidèle, comme nous, chrétiens, nous le sommes à Christ.
Cela revient à dire que Dieu a soin de se former un résidu au milieu dâun peuple qui est sans valeur morale à ses yeux, dénué de connaissance et sans affection pour Lui. Ce résidu, ou cet ensemble de croyants, met sa confiance en lâÃternel et attend sa venue.
Jâai déjà fait ressortir, à plusieurs reprises, lâanalogie entre lâétat décrit par Malachie, et celui de la chrétienté professante de nos jours. En rapprochant notre prophète des trois dernières épîtres de lâApocalypse, nous trouvons que lâétat de mort et de souillure reproché à Sardes, la tiédeur et le contentement dâelle-même qui caractérisent Laodicée, que tous ces traits du protestantisme dégénéré de nos jours, sont comme un commentaire de ces chapitres de Malachie. Et si ce dernier nous montre que Dieu confie son service aux fils de Lévi, lâApocalypse nous apprend aussi que le Seigneur se réserve, à Philadelphie, un témoignage pour les jours de la fin, jusquâà ce quâil vienne recueillir ses élus et les introduire avec Lui dans la gloire.
Ces grandes vérités ressortiront plus distinctement à mesure que nous avancerons dans lâétude de notre chapitre. Mais auparavant le Seigneur annonce à ce peuple un événement de toute importance, la venue du Christ: «Voici, jâenvoie mon messager, et il préparera le chemin devant moi; et le Seigneur que vous cherchez viendra soudain à son temple, et lâAnge de lâalliance, en qui vous prenez plaisir, â voici, il vient, dit lâÃternel des armées» (v. 1).
Quand le prophète dit: «Le Seigneur que vous cherchez», cela ne signifie pas quâil y eût, dans le cÅur du peuple comme tel, quelque chose de vivant pour Dieu. Israël, Juda en particulier, espérait la venue de son Messie, comme nous le voyons dans les évangiles. Il pensait que ce Messie, fils de David, rétablirait toutes choses et sortirait son peuple de dessous le joug des nations, pour établir son propre royaume en Israël. Le peuple attendait avec impatience ce Roi promis, pour être délivré de la servitude des gentils, et être rétabli dans ses glorieux privilèges. Câest pourquoi il est appelé: «Le Seigneur que vous cherchez» et «lâAnge de lâalliance en qui vous prenez plaisir», car il devait introduire le peuple dans les bénédictions futures, en vertu de Son alliance avec Israël.
On peut fort bien espérer un bonheur à venir sans se rendre compte de ses relations actuelles avec Dieu. Hier encore jâentendais un homme du monde affirmer quâil y aurait un règne de paix sur la terre, que la guerre serait abolie, et que les hommes jouiraient du bonheur ici-bas. De tout temps il en fut ainsi. Dans lâantiquité païenne, «un de leurs propres prophètes» annonçait ces choses au peuple romain. Ceux qui y croient ou les souhaitent peuvent avoir des consciences endurcies quant à leur état de péché et à la nécessité de comparaître devant un Dieu juste et saint.
Le prophète prédit ici que la venue du Seigneur sera annoncée par le précurseur: «Voici, jâenvoie mon messager, et il préparera le chemin devant moi», ce qui eut lieu quand Jean-Baptiste parut au milieu du peuple. En Matt. 11:9, Jésus dit aux foules: Quâêtes-vous allés voir au désert? «Un prophète? Oui, vous dis-je, et plus quâun prophète, car câest ici celui dont il est écrit: Voici, moi, jâenvoie mon messager devant ta face, lequel préparera ton chemin devant toi».
«Et le Seigneur que vous cherchez viendra soudain à son temple». Ce passage ne sépare pas la venue du Seigneur dans son temple, du moment où Jean-Baptiste a paru pour annoncer cette venue. Mais, pour que ce grand fait eût lieu effectivement, il fallait que le peuple reçût le baptême de la repentance, seul moyen pour préparer le chemin devant les pas du Messie.
Lâhistoire dâIsraël nous apprend que lorsque Salomon eut achevé de bâtir le temple, lâÃternel vint y habiter pour demeurer au milieu de son peuple. Si ce dernier avait été fidèle, Dieu nâaurait pas abandonné son habitation. Mais Israël et ses rois renièrent lâÃternel et pratiquèrent toute sorte dâabominations: alors les jugements sâabattirent sur ce peuple. La royauté disparut, et la nation fut emmenée en captivité. Le prophète Ãzéchiel (chap. 10 et 11) vit le trône de Jéhovah quittant, comme à regret, le temple de Jérusalem. La maison de Dieu resta vide et finit par être détruite sous Nebucadnetsar, roi de Babylone.
Nous voyons, dans le livre dâEsdras, les restes de Juda, rentrés dans leur pays, rebâtir le temple sur lâordre de Cyrus, mais lâÃternel nây rentre pas. Cette maison est de nouveau pillée, ruinée et détruite, et plus tard, rebâtie par Hérode au temps de la venue de Jésus. Câest à ce moment, que Jean-Baptiste prépare le peuple à recevoir le Seigneur dans son temple.
Lâévangile de Jean nous présente, au chap. 2 (non pas sans motif, car cet acte est raconté dans les autres évangiles, à la fin de la carrière du Christ), le premier acte du Seigneur quand il monte à Jérusalem. Il entre dans le temple, en chasse les vendeurs et les changeurs, et dit: «Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic». Mais, en agissant ainsi, il prévoit sa réjection, car de fait, lui seul était le temple de Dieu au milieu dâun peuple qui ne voulait pas de Lui. «Détruisez ce temple», dit-il, «et en trois jours je le relèverai». Or il parlait du temple de son corps (Jean 2:13-21).
Le jour arrive ensuite (Matt. 24:1, 2) où Jésus sort et quitte, pour nây plus rentrer, le temple de Jérusalem, disant: «Il nâen sera pas laissé pierre sur pierre qui ne soit renversée». Puis le Sauveur est crucifié. Tout est-il donc fini? Non! Dieu le ressuscite et le fait asseoir à sa droite, dâoù il envoie le Saint Esprit qui forme un nouveau temple, non pas de pierres et dâor, mais un temple spirituel, composé de pierres vivantes, un édifice où Dieu habite par le moyen de son Esprit.
Cette maison, formée pour se maintenir pure et sainte ici-bas, se corrompt comme tout ce qui a été confié à la responsabilité de lâhomme. Elle devient une grande maison souillée par les vases à déshonneur, et, comme pour le temple de Jérusalem, le moment est proche où le Seigneur devra la rejeter entièrement.
Toutefois, avant ce rejet définitif, Dieu forme, au milieu de la chrétienté corrompue, un résidu chrétien, faisant partie de la maison spirituelle quâil enlèvera dans le ciel à sa venue, et qui sera le temple où il habitera dâéternité en éternité. Alors il dira: «Voici, lâhabitation de Dieu est avec les hommes, et il habitera avec eux» (Apoc. 21:3).
Telle est lâhistoire du temple céleste, mais le temple terrestre a son avenir aussi, car il sera reconstruit, et le Seigneur y habitera sur la terre.
Les derniers chapitres du prophète Ãzéchiel (40-44) nous parlent de ce temple futur, établi après que le dernier temple, celui de lâantichrist, édifié par lâhomme révolté contre Dieu, aura été définitivement détruit. Câest alors que lâÃternel rebâtira son temple, et «lâAnge de lâalliance y entrera soudain» (Mal. 3:1). Le prophète Ãzéchiel nous fait assister à cette scène merveilleuse. «La gloire de lâÃternel entra dans la maison... et la gloire de lâÃternel remplit la maison.» Et il dit: «Câest ici le lieu de mon trône, et le lieu de la plante de mes pieds, où je demeurerai au milieu des fils dâIsraël à toujours» (Ãzéch. 43:1-7).
Le prophète Aggée nous parle aussi de ce temple futur: «Et lâobjet du désir de toutes les nations viendra, et je remplirai cette maison de gloire, dit lâÃternel des armées» (2:7). De même, câest à ce moment futur que notre prophète fait allusion: «Le Seigneur viendra soudain à son temple.» «Voici, il vient, dit lâÃternel des armées!» Cette venue du Seigneur dans son temple ne sera plus en grâce comme la première, mais en gloire, et aura lieu, comme nous allons le voir, à la suite des jugements. Elle sera annoncée, comme la première, par un précurseur qui tombera sous les coups de lâantichrist. Si Jean-Baptiste avait été reçu, il aurait été cet Ãlie qui devait venir (Matt 11:14; 17:10-12); mais il a été rejeté, et le Seigneur enverra de nouveau Ãlie, selon le chap. 4:5 de notre prophète: «Voici, je vous envoie Ãlie, le prophète, avant que vienne le grand et terrible jour de lâÃternel». Nous remettrons à plus tard lâexplication de ce passage.
Nous, chrétiens, qui avons part à lâéconomie de la grâce, nous nâavons plus à attendre un messager qui nous annonce la seconde venue de Christ, comme Jean-Baptiste avait annoncé la première. Notre messager est venu depuis longtemps dans la personne du Saint Esprit, descendu ici-bas au jour de la Pentecôte, et il nous a enseigné à attendre aussi la venue «soudaine» du Seigneur, mais en grâce, pour nous introduire dans la gloire dont la Jérusalem céleste sera le centre. Oui, il viendra bientôt; il veut que nous lâattendions dâun moment à lâautre, non pas comme un voleur dans la nuit, mais comme lâEtoile brillante du matin. Sa venue pourrait encore être retardée, mais nous devons lâattendre aujourdâhui; il compte pour cela sur notre attachement à sa personne.
Il en était de même pour Israël, au temps de Malachie. Le prophète voulait tenir le peuple en éveil; car il fallait quâil comprît que la venue du Libérateur était proche. Plus de quatre siècles sâécoulèrent entre cette prophétie et la venue du Sauveur et de son précurseur, mais ce que le Seigneur voulait, câest que les fidèles lâattendissent.
Son peuple lâa-t-il attendu? Entre la prophétie de Malachie et la première venue de Christ, des siècles, remplis dâévénements divers, se sont écoulés. Lorsquâil a paru, Juda avait oublié cette prophétie, mais quelques pauvres du troupeau lâattendaient, comme on le voit à la fin de notre chapitre et au commencement de lâévangile de Luc.
De fait, les croyants seuls peuvent attendre le Seigneur avec joie; les non croyants chercheront toujours à lâoublier ou nieront quâil vienne. Et quây a-t-il dâétonnant à cela? La venue du Seigneur en gloire est, pour le monde, Sa venue en jugement, comme nous le voyons dans notre passage: «Voici, il vient, dit lâÃternel des armées. Mais qui supportera le jour de sa venue, et qui subsistera lorsquâil se manifestera? Car il est comme un feu dâaffineur, et comme la potasse des foulons» (v. 2). Le peuple pourrait-il se réjouir de cet événement? Hélas! quand le Seigneur viendra une seconde fois à son temple, il jugera sans merci la nation apostate, et «qui subsistera lorsquâil se manifestera?» Lâétablissement du règne de Christ sera fondé sur le jugement de ceux qui ont rejeté le Messie.
Maintenant le prophète ajoute: «Et il sâassiéra comme celui qui affine et purifie lâargent; et il purifiera les fils de Lévi, et les affinera comme lâor et comme lâargent, et ils apporteront à lâÃternel une offrande en justice» (v. 3).
Nous trouvons ici, non plus comme au verset précédent, le jugement du peuple infidèle, mais la manière dont le Seigneur sây prendra pour former un peuple qui lui appartienne en propre et quâil puisse reconnaître. Il fera, en se servant du jugement pour ce but, une Åuvre tranquille et réfléchie: Il sâassiéra. Il prendra lâattitude dâun homme qui affine et purifie lâargent. Il séparera, par le feu, le métal précieux des scories, ce qui est bon de ce qui est mauvais. Telles seront les voies de Dieu envers le résidu quâil rassemblera au milieu de la grande tribulation (voyez Ps. 66:11, 12). Il faudra que ce résidu traverse la fournaise pour être purifié et délivré de ses liens; soutenu toutefois, comme jadis les compagnons de Daniel, par la présence avec eux de lâAnge de lâÃternel.
Ce résidu juif de la fin différera beaucoup du résidu chrétien de nos jours. Christ viendra pour nous en grâce, pour eux, en gloire. Cette venue en gloire termine lâAncien Testament, comme celle en grâce, le Nouveau. Christ sâapproche dâeux en jugement, de nous, en paix et en miséricorde. Et cependant le Seigneur use aussi du creuset envers le résidu chrétien. Sâil sâoccupe de son Ãglise, câest pour la sanctifier en la purifiant par la Parole (Ãph. 5). Il travaille dans les âmes et les consciences des saints pour les séparer du monde qui court au-devant du jugement. Il veut un peuple saint, capable de le servir et de lâattendre; et quâil puisse se présenter comme son Ãglise, glorieux, sans tache ni ride, irréprochable, sans défaut. 1 Pierre 1:7, nous présente aussi le creuset: «Afin que lâépreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de lâor qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, à gloire et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ.»
Nous avons insisté sur le fait que la description de lâétat du peuple et de la sacrificature, au chap. 2, nâoffre pas un seul trait encourageant. Mais voici quâau chap. 3, le prophète nous dit: «Il purifiera les fils de Lévi et les affinera comme lâor et comme lâargent, et ils apporteront à lâÃternel une offrande en justice». Ce sont les fils de Lévi qui sont pour Dieu le vrai résidu. Nâest-ce pas une chose remarquable? Au chap. 2, Lévi est mentionné tout seul, comme type de Christ, le vrai serviteur. Câest avec lui que lâalliance de vie et de paix est conclue. Mais ici, ce sont les fils de Lévi qui doivent être affinés pour pouvoir entrer dans cette alliance. Il en sera de même du résidu dâIsraël, aux derniers jours. Les relations avec le Christ le rendront agréable devant Dieu, mais non pas sans que le jugement lâait auparavant purifié. «Alors lâoffrande de Juda et de Jérusalem sera agréable à lâÃternel, comme aux jours anciens et comme aux années dâautrefois» (v. 4). Câest en vertu de leur acceptation comme compagnons du Messie, que les rapports de Juda et de Jérusalem avec Dieu, pour lui rendre culte, pourront être rétablis.
Il est bon pour nous de retenir cette vérité. Dans lâétat de choses que nous traversons, un culte vrai rendu par quelques-uns a de la valeur aux yeux de Dieu, car il représente le culte général qui lui sera rendu et en est comme lâavant-coureur. Cela est bien propre à nous encourager. Certes, nous devrions rendre culte avec une tout autre puissance, mais ce qui monte dâun cÅur vrai devant le Seigneur, lâadoration et la louange, est aussi agréé de Dieu que lorsque lâÃglise nâétait quâun cÅur et quâune âme, aussi accepté de Lui que la louange future, quand toute lâAssemblée sera réunie autour de Christ dans la gloire. Comment en serait-il autrement puisque câest Lui-même qui loue au milieu de lâAssemblée? (Psaume 22).
Après avoir mentionné les fils de Lévi, le prophète se tourne de nouveau vers le peuple: «Et je mâapprocherai de vous en jugement, et je serai un prompt témoin contre les magiciens et contre les adultères, et contre ceux qui jurent faussement, et contre ceux qui oppriment le mercenaire quant à son salaire, ou la veuve et lâorphelin, et qui font fléchir le droit de lâétranger, et ne me craignent pas, dit lâÃternel des armées» (v. 5).
Il est important de répéter que, dans tout ce chapitre, le vous sâadresse au peuple infidèle et non pas au résidu croyant. Nous insistons sur cette remarque, parce quâelle est la clef du: «Vous fuirez», en Zach. 14:5, passage interprété habituellement comme sâappliquant au résidu. En effet, après sâêtre occupé, au v. 4, des conséquences, pour Juda et Jérusalem, de la fidélité des fils de Lévi, lâEsprit de Dieu nous montre le résultat de lâinfidélité du peuple. Cette infidélité nâest plus lâidolâtrie dâautrefois, mais se résume en deux mots: le mépris de Dieu et du prochain. Les mêmes traits sont présentés par Zacharie (5:4; 8:17), comme caractérisant lâétat moral du peuple aux derniers jours. Extérieurement il semblait que tout fût en règle; si la magie est mentionnée, au moins les idoles étaient absentes; mais le cÅur du peuple était aussi corrompu que lorsque lâidolâtrie dominait en Israël. Aussi, câétait à cause de lâétat du cÅur de la nation que le jugement de Dieu devait fondre sur elle. Cela caractérise toute profession qui nâest pas «mêlée avec la foi». Dieu résume cet état par un seul mot: «Ils ne me craignent pas, dit lâÃternel des armées» (v. 5). Le commencement, le premier pas dans le chemin de la sagesse leur manque, et nous verrons, au v. 16, que les vrais croyants sont précisément caractérisés par cette crainte.
Quâest-ce au fond que craindre lâÃternel? La crainte est le sentiment dâun inférieur vis-à -vis dâun supérieur. Craindre Dieu, câest reconnaître, comme créatures, sa souveraineté et ses droits absolus sur nous, ainsi que lâautorité de sa Parole. Il en est de même de nos rapports avec Christ, en tant que nous sommes ses esclaves, nous quâil a acquis pour Lui en payant notre rançon. La crainte implique le sentiment de lâobéissance due à lâAutorité, à ses ordres et à ses commandements, du service qui doit lui être rendu. Or le serviteur, en obéissant, cherche à plaire à son seigneur auquel il doit tout. Un esclave craint son maître, un homme le magistrat, une femme son mari, un fils son père, car ils sont tous les représentants dâune autorité qui leur a été confiée par Dieu. Nous ne parlons pas de lâamour que comportent ces diverses relations, mais nous disons que la crainte doit en former la base et régler toute notre marche ici-bas. Câest pourquoi la première épître de Pierre qui parle de la conduite chrétienne insiste continuellement sur la crainte. Je connais Dieu comme mon Père, je mâapproche de lui avec une entière confiance enfantine et filiale, mais sans perdre de vue la déférence qui lui est due. Je reconnais ses droits sur moi comme Dieu, Créateur, Seigneur et Maître, et ma seule pensée sera de le servir, non pas en tremblant comme un esclave avili sous le joug, mais dans la pleine jouissance de ma relation avec Lui, comme fils.
Sâil nây a pas chez lâhomme la crainte de Dieu, il nây a rien, aucun lien moral entre lââme et Lui (Ps. 36:2-5). Câest ce qui manque à une profession religieuse sans vie, aussi bien quâà lâhomme incrédule. Lâhomme naturel, même sâil porte le nom de Christ, a toujours pour guide sa propre volonté, ennemie de la volonté de Dieu, et qui ne peut sây soumettre (Rom. 8:7); tandis que le fait de devenir chrétien implique dès lâorigine une soumission de foi à la volonté de Dieu. «Que dois-je faire, Seigneur?» dit Saul sur le chemin de Damas (Actes 22:10). La propre volonté est brisée et jugée, celle de Dieu acceptée comme le seul moyen de salut: «De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité, pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures» (Jacques 1:18).
«Car moi, lâÃternel, je ne change pas; et vous, fils de Jacob, vous nâêtes pas consumés» (v. 6). Que le cÅur de lâhomme rejette Dieu et le méprise, Dieu, Lui, ne varie pas. Il fait des promesses à Jacob et il les tiendra coûte que coûte, car il est un Dieu fidèle et ne peut renier son éternelle bonté. Mais il est aussi un Dieu juste qui ne peut tolérer le mal, il faut donc que les méchants soient consumés, et sa grâce seule retient encore lâépée du jugement. Je tiens à vous prouver, dit lâÃternel, à vous qui ne craignez pas mon nom et qui tomberez sous les coups de ma colère, que je nâai pas abandonné mes promesses; et la preuve, câest que je ne vous ai pas consumés. Je patiente encore à votre égard pour que vous vous détourniez du mal, car ma patience est salut. «Dès les jours de vos pères, vous vous êtes détournés de mes statuts, et vous ne les avez pas gardés». Je patiente pour que vous y reveniez; ne mâécouterez-vous pas? «Revenez à moi, et je reviendrai à vous, dit lâÃternel des armées.» De mon côté, rien nâest changé; du vôtre, que ferez-vous?
Nous retrouvons, dans ce passage, la première parole du prophète Zacharie: «Revenez à moi et je reviendrai à vous, dit lâÃternel des armées» (Zach. 1:3), mais rendue dâautant plus instante et pressante que le prophète Malachie lâavait fait précéder de cette autre parole: «Je vous ai aimés» (1:2), bien propre à toucher le cÅur rebelle dâIsraël. Dans ce dernier effort pour atteindre la conscience endurcie de lâhomme, Dieu, avant de lui présenter sa responsabilité, désirait le convaincre de ce que contient son cÅur à Lui. «Dieu a tant aimé le monde»; câest lâÃvangile, et bien plus que Zacharie, Malachie, le dernier prophète, y touche déjà par quelques côtés.
Que répond le peuple à cet appel? «Et vous dites: En quoi retournerons-nous? » Nâoffrons-nous pas des sacrifices? Nâobservons-nous pas le sabbat et les fêtes prescrites? Ne nous présentons-nous pas régulièrement dans le temple? LâÃternel nâest-il pas bien dur dâexiger autre chose de nous? En quoi avons-nous manqué pour que Dieu nous impose une conversion? Câest la parole du fils aîné, dans lâhistoire de lâenfant prodigue: Nâest-ce pas toi qui as manqué à mon égard, en ne me donnant pas même un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis?
De fait, la pensée de la conversion nâentre pas dans le cÅur du professant, à quelque économie quâil appartienne. En quoi, dira-t-il aujourdâhui, nâai-je pas fait ce que je devais faire? Nâai-je pas été baptisé? Nâai-je pas confirmé le vÅu de mon baptême? Est-ce que je me conduis comme un païen idolâtre? Ne vais-je pas au temple? Est-ce que je ne remplis pas mes devoirs religieux? Est-ce que je ne fais pas des aumônes?
On traite Dieu dâégal à égal. Tu me parles de retourner? je nâen ai nul besoin! Cette indifférence est un outrage à Dieu. Le cÅur du professant, malgré les apparences extérieures, est resté insensible, aussi bien que sa conscience. Le peuple juif lâa bien prouvé lorsque, 420 ans plus tard, le Seigneur est venu dans son temple. Avec les mêmes caractères religieux que ceux décrits en Malachie, ces hommes jettent le Messie à la porte et le crucifient. Que feraient-ils aujourdâhui?
«Un homme frustrera-t-il Dieu? Toutefois vous me frustrez et vous dites: En quoi te frustrons-nous? Dans les dîmes et dans les offrandes élevées. Vous êtes chargés de malédiction et vous me frustrez toujours, vous, la nation tout entière» (v. 8, 9). Lâinconscience est un nouveau trait qui les caractérise tous.
Alors Dieu les met à lâépreuve, ou plutôt les engage à lâéprouver, Lui. Apportez, leur dit-il, les dîmes prescrites par la loi, afin quâil y ait de la nourriture dans ma maison, et éprouvez-moi par ce moyen. Je mâengage à vous ouvrir les écluses des cieux si vous obéissez à ma parole, à verser sur vous la bénédiction, jusquâà ce quâil nây ait plus assez de place, à tancer en votre faveur celui qui dévore et qui anéantit vos récoltes. Votre dîme vous rapportera au centuple (v. 10, 11). Cela était arrivé au temps de Néhémie (Néh. 13:10-14). Pour un moment, les chefs avaient écouté, et les Lévites qui manquaient de tout avaient repris confiance. Cet état nâavait pas duré. Au temps du Seigneur il en était autrement, pourrait-on dire, car les pharisiens payaient la dîme de lâaneth et du cumin, dépassant même les prescriptions de la loi. Sans doute, mais alors ils avaient «laissé les choses plus importantes de la loi, le jugement et la miséricorde et la fidélité. Il fallait faire ces choses-ci et ne pas laisser celles-là » (Matt. 23:23). Bien plus, en accomplissant strictement leurs devoirs religieux, ils nâavaient pour but que dâattirer les regards des hommes, sans tenir compte de Celui qui voyait et jugeait lâétat de leurs cÅurs.
Le peuple, ici, ne consent pas à faire lâépreuve que lâÃternel lui propose, car il nâa aucune confiance en Dieu. En est-il autrement aujourdâhui, sous le régime de la grâce? Les hommes abandonnent-ils des avantages présents, en vue de bénédictions futures? Ils auraient peur de tomber dans la misère sâils faisaient leurs aumônes selon les pensées de Dieu.
Chers amis chrétiens, ne devons-nous pas confesser que nous partageons peut-être ces sentiments du monde, quand il sâagit de donner libéralement pour les serviteurs de Dieu, comme ce peuple dâautrefois avait à pourvoir à la nourriture des lévites? Je ne parle pas de sacrifices que nous croyons devoir faire pour soutenir notre cause ou nos partis, mais de nos libéralités partout où nous voyons des ouvriers du Seigneur engagés dans le service de sa maison. Quand Dieu seul peut en prendre connaissance, donnons-nous pour Lui tout ce que nous devrions donner? Cette plaie sâest montrée dès lâorigine de lâÃglise, dans le cas dâAnanias et de Sapphira. Je ne parle pas du fait quâils mentaient au Saint Esprit, ce qui était un péché à la mort et attira sur ces croyants le jugement de Dieu â mais de ce que, dissimulant une partie de leur avoir, ils dénotaient par là leur manque de confiance en un Dieu qui leur aurait rendu au centuple ce quâils auraient fait pour Lui et les siens. Combien nous devrions apprendre à compter dâune manière plus absolue sur cette promesse de Dieu: «Je vous ouvrirai les écluses des cieux et verserai sur vous la bénédiction, jusquâà ce quâil nây ait plus assez de place!»
Beaucoup dâépreuves dont les chrétiens sont affligés pourraient avoir pour cause ce manque de confiance en Lui. «Celui qui dévore» nâest pas tancé en notre faveur, parce que nous nâavons pas compris que tout ce que Dieu nous donne, il nous le confie pour son service. Appliquons-nous donc cette parole en tout premier lieu, avant de juger les autres. Dieu seul pèse les motifs qui nous font agir. La pauvre veuve donnait plus que la dîme au trésor du temple; elle sacrifiait pour la maison de Dieu toute sa subsistance. Les serviteurs fidèles, auxquels les talents étaient confiés, les faisaient valoir tout entiers pour leur Maître. Tout le fruit des victoires de David allait à la maison de lâÃternel, et il nâen gardait rien pour lui.
Le monde se glorifie des efforts de la charité qui prouvent, dit-il, la solidarité de la famille humaine. Laissons à Dieu le soin de distinguer ce qui, dans ces libéralités, est fait pour Lui. Tout autre motif nâa pas de valeur à ses yeux, car câest au temple de lâÃternel quâil faut apporter les dîmes. Quant à nous, chrétiens, ayons soin de nous confier en un Dieu rémunérateur, et disposons librement pour Lui de ce qui, de fait, Lui appartient. Nous nâaurons, certes, aucun mérite à cela, mais cependant soyons assurés que des bénédictions abondantes accompagneront toujours le dévouement de nos cÅurs pour Lui: La vigne ne sera pas stérile; «et toutes les nations vous diront bienheureux, car vous serez un pays de délices, dit lâÃternel des armées» (v. 11, 12).
Lâincrédulité du peuple, son indifférence, son manque de confiance en Dieu, lâamènent à une dernière affirmation, bien plus terrible que toutes les autres: «Vos paroles ont été fortes contre moi, dit lâÃternel; et vous dites: Quâavons-nous dit contre toi? Vous dites: Câest en vain quâon sert Dieu; et quel profit y a-t-il à ce que nous fassions lâacquit de la charge quâil nous a confiée, et que nous marchions dans le deuil devant lâÃternel des armées? Et maintenant nous tenons pour heureux les orgueilleux; ceux même qui pratiquent la méchanceté sont établis; même ils tentent Dieu et sont délivrés» (v. 13-15). Dans un sens, le peuple avait obéi, sous Néhémie, dans la question des dîmes (Néh. 13:10-14), et pourtant, ils étaient encore pauvres et asservis. Alors, au lieu de faire un retour sur eux-mêmes, ils se révoltent contre Dieu. Câest ainsi que se termine lâhistoire morale dâIsraël, aussi bien que celle du monde. Il voit lâorgueil réussir, les méchants arriver à la richesse et aux honneurs, et non seulement il porte envie aux iniques (Ps. 73), mais il y prend occasion de renier Dieu et de le blasphémer.
Au moment dâaborder un nouveau sujet, nous récapitulerons ici lâétat moral du peuple et de la sacrificature, caractérisé par les diverses questions contenues dans ces chapitres. Ces questions sont au nombre de neuf; elles dénotent une ignorance coupable:
versets 1-17
Chapitres 1 et 2:1-9
«Lâoracle de la parole de lâÃternel à Israël par Malachie» (v. 1).
Bien quâil prophétise au milieu des faibles restes de Juda et de Benjamin, revenus de la captivité, Malachie embrasse en pensée Israël, câest-à -dire lâensemble du peuple. Il diffère en cela de Zacharie qui nâenvisage que Juda et Jérusalem. Lâétat moral que notre prophète va décrire comprend donc la nation comme un tout, et le jugement qui doit lâatteindre sera général; de même aussi la première venue du Messie embrasse, dans sa portée, le peuple tout entier (Luc 1:54; 2:10, 25, 32).
«Je vous ai aimés, dit lâÃternel; et vous dites: En quoi nous as-tu aimés? Ãsaü nâétait-il pas frère de Jacob? dit lâÃternel; et jâai aimé Jacob, et jâai haï Ãsaü» (v. 2). «Je vous ai aimés: quelle parole touchante! Câest par elle que Dieu commence; elle est à lâorigine de toutes ses relations avec les hommes, de toutes ses voies envers son peuple. Dès lâéternité, les délices de la Sagesse étaient dans les fils des hommes (Prov. 8:31); et, quant à Israël, Dieu ne lui avait-il pas, dès le commencement, prouvé son amour, à commencer par son élection de grâce: «Jâai aimé Jacob»? Ensuite lâÃternel avait délivré Israël de lâÃgypte, lâavait pris sur des ailes dâaigle pour lâamener à Lui; lâavait conduit par la nuée dans le désert, pour lâintroduire enfin dans le pays de la promesse. Et lorsque ses jugements, preuve de son caractère infaillible de justice et de sainteté, avaient dû sâabattre sur ce peuple infidèle, lâamour de Dieu ne lâavait-il pas enfin restauré et fait remonter dans son pays? Israël pouvait-il douter un instant dâun amour qui sâétait employé de tant de manières en sa faveur?
Cette même parole, Dieu la prononce encore aujourdâhui: la chrétienté, malgré sa marche rapide vers lâapostasie finale, peut lâentendre journellement: «Je vous ai aimés, dit lâÃternel». La croix de Christ nâest-elle pas la preuve incontestable de cet amour?
Sans doute cette parole va trouver un écho dans le cÅur ému du peuple, touché dâune telle grâce imméritée... Ãcoutez ce quâil répond: «En quoi nous as-tu aimés?»
Peut-on concevoir un pareil endurcissement? Après avoir fait, pendant 60 années, lâamère expérience des suites de son infidélité, et dans le moment même où les voies imméritées de la grâce sont reprises à son égard, ce peuple a lâaudace de dire: «En quoi nous as-tu aimés?» Ils ne connaissent pas le Dieu auquel ils ont affaire, et ne se connaissent pas davantage eux-mêmes. Ils ne savent pas que Dieu ne change jamais et que, si ses jugements sont immuables, son amour est aussi immuable que sa justice. Tel est le premier caractère de ce peuple.
Lâétat de la chrétienté diffère-t-il de celui-là ? Il y a peu de temps que Dieu a frappé le monde par des tremblements de terre, des inondations, tels que la mémoire des hommes ne saurait en enregistrer de semblables. Ceux qui professent croire en Dieu ont dit, au lieu de se repentir: Où est son amour? Et cependant, les jugements passés et actuels de Dieu, tout en prouvant son horreur du mal, ont pour but dâattirer les âmes à Lui et de leur prouver que, malgré leurs péchés, il sâoccupe dâelles et veut leur bien. Son amour envers elles nâa pas changé, car il reste établi une fois pour toutes à la croix de Christ, et, par ses jugements, il voudrait atteindre les consciences et diriger les yeux, comme jadis ceux des Israélites vers le serpent dâairain, vers lâunique moyen de salut. Il y a, sans doute, un juste gouvernement de Dieu dans le monde, et il faut que lâhomme le comprenne et en fasse lâexpérience, afin quâil apprenne que sa seule ressource est dans lâamour immuable de Dieu.
Au lieu de cela, les pécheurs trouvent, dans ces justes jugements, une occasion de mettre en doute le caractère de Celui qui les appelle. Rien nâémeut le cÅur de lâhomme; il nâestime pas quâil ne mérite que le jugement et, au lieu de recourir à la grâce, il dit, comme le mauvais serviteur: «Je te connaissais, que tu es un homme dur, moissonnant où tu nâas pas semé, et recueillant où tu nâas pas répandu, (Matt. 25:24). «En quoi nous as-tu aimés?»
Comme câétait le cas pour Israël, le premier trait de la chrétienté professante est donc lâindifférence à lâamour de Dieu et, de plus, lâignorance du caractère de Dieu et de son propre caractère à elle.
à cette question insolente: En quoi nous as-tu aimés? lâÃternel répond en retraçant les origines du peuple: «Ãsaü nâétait-il pas frère de Jacob? Et jâai aimé Jacob, et jâai haï Ãsaü» (v. 2). Sur quoi donc était basée lâélection de Jacob? Quand lâÃternel disait: «Le plus grand sera asservi au plus petit» (Gen. 25:23), quâest-ce qui déterminait son choix? Ni lâun, ni lâautre de ces deux frères nâavaient, à ce moment-là , rien fait de bon ou de mauvais; ce qui faisait entre eux la différence, câétait le propos arrêté, le libre choix de Dieu, selon lâélection de grâce (Rom. 9). Et pourquoi disait-il maintenant: «Jâai aimé Jacob»? Y avait-il quelque chose dans la conduite de Jacob qui pût le faire aimer? Certes, le caractère de Jacob nâa rien dâattirant pour nous, et combien moins pour Dieu, car jamais homme nâeut une foi plus mélangée de fourberie. Ãtaient-ce peut-être les Åuvres de Jacob qui, en dépit de son caractère, avaient attiré lâamour de Dieu? Nullement. Il en est peu, parmi les patriarches, qui aient eu une vie plus pauvre en bonnes Åuvres; et Malachie va nous montrer ce quâétaient les Åuvres de ses descendants. Dâoù venait donc cet amour de lâÃternel pour un homme, puis pour un peuple aussi misérable? Il venait du besoin du cÅur de Dieu de se faire connaître, de montrer aux pécheurs ce quâIl est. Israël avait bénéficié de ce que Dieu voulait se révéler lui-même, câest-à -dire sa nature et son cÅur, à de misérables êtres comme nous.
Mais lâÃternel ajoute: «Et jâai haï Ãsaü». Y avait-il peut-être de lâinjustice et de la partialité en Dieu, parce quâil avait haï celui-ci? En aucune manière. Le libre choix du Dieu souverain nâest pas de la haine. Dans la Genèse, nous trouvons ce choix: «Le plus grand sera asservi au plus petit» (Gen. 25:23), mais nous nây voyons pas sa haine à lâégard dâÃsaü. Dieu nây prononce pas de jugement sur ce dernier; il nous faut arriver à Malachie, au dernier livre prophétique de lâAncien Testament pour lâapprendre. Câest que la haine de Dieu contre Ãsaü est le résultat de la conduite dâÃsaü. LâÃternel lui avait accordé, ainsi quâà sa descendance, des milliers dâannées pour prouver, par ses Åuvres, sâil était digne dâêtre aimé de Lui; mais Ãdom sâétait montré, en toute occasion, lâennemi juré de Dieu et de son peuple, et avait enfin comblé la mesure de ses iniquités par sa conduite envers Jérusalem et ses frères dans leur calamité (Abd. 10-14). Aussi, Dieu fait de lui, sur le pied de ses Åuvres, lâexemple dâun jugement sans merci, où, selon Malachie, Ãdom est «le peuple contre lequel lâÃternel est indigné à toujours» (1:3-5); où, selon le prophète Abdias, il «sera retranché à toujours»; le seul peuple «de la maison duquel il nây aura pas de reste» (Abd. 10, 18).
Après avoir établi ces deux principes: dâun côté son amour et son élection de grâce, de lâautre sa justice et sa sainteté qui ne peuvent laisser le mal impuni, Dieu passe à la condition actuelle de ce peuple quâil avait aimé. Israël sâétait-il montré digne de tant dâamour, ou bien avait-il mérité de tomber sous le jugement? Câest ce que vont nous montrer les chap. 1:6 à 2.
La seule différence, en faveur dâIsraël, comparé à Ãdom, câest quâil y aura, parmi ce peuple, un résidu, des réchappés selon lâélection de grâce. Ce résidu sera un exemple de la manière dont Dieu sait concilier sa haine du péché et son amour pour le pécheur. Or, nous le savons, la croix de Christ est le lieu unique où la justice de Dieu se manifeste, en justifiant le pécheur au lieu de le condamner.
Reprenons maintenant le cours de la prophétie, et examinons, en premier lieu, lâétat moral dâIsraël, possesseur de tant de privilèges.
Tout ce passage décrit (1:6-2:9) la condition de la sacrificature, puis (2:10-17), celle du peuple.
Le sacrificateur était à la fois lâintermédiaire entre Dieu et la nation, et le représentant de la nation devant Dieu; mais ici, il a plutôt le caractère de celui qui rend culte à Dieu. Si le peuple avait écouté attentivement la voix de lâÃternel, il aurait été, tout entier, un «royaume de sacrificateurs et une nation sainte» (Ex. 19:6). Livré à sa responsabilité au pied du Sinaï, Israël a, dès son premier acte, perdu, en faisant le veau dâor, tout droit à remplir cet office. Après de longs essais de sa patience envers son peuple, pour voir si ce dernier ne pourrait reconquérir, par sa conduite, les privilèges quâil avait perdus, Dieu a suscité une nouvelle sacrificature universelle, en mettant à part son Ãglise. Cette dernière sâest-elle montrée digne de la sacrificature qui lui était confiée? Lâhistoire de la chrétienté professante répond négativement à cette question, quoiquâelle prétende être en rapport avec Dieu pour le culte. Elle a le nom de culte à la bouche, mais en a totalement oublié la portée. Même les croyants, au milieu dâelle, font preuve dâune ignorance pareille. Sans doute, ils sont tous, de fait, sacrificateurs aux yeux de Dieu, mais nâen remplissent plus les fonctions. Israël nâest donc pas le seul exemple dâignorance quant à lâhommage que Dieu est en droit dâattendre de son peuple.
«Un fils honore son père, et un serviteur, son maître. Si donc je suis père, où est mon honneur? et si je suis maître, où est la crainte qui mâest due? dit lâÃternel des armées, à vous, sacrificateurs, qui méprisez mon nom» (1:6).
Bien que les relations de famille dont ce passage nous parle, allassent en sâaffaiblissant alors, comme cela arrive de nos jours avec les progrès de lâapostasie, il restait encore admis que le fils honore son père et que le serviteur craint son maître. Or Dieu était père et maître à la fois, et les sacrificateurs méprisaient son nom; mais ils disaient: «En quoi avons-nous méprisé ton nom?» Dieu leur répond: «Vous présentez sur mon autel du pain souillé, et vous dites: En quoi tâavons-nous profané? En ce que vous dites: La table de lâÃternel est méprisable». Leur question dénotait cette ignorance dont nous avons parlé: ignorance du caractère de Dieu, de ce qui lui est dû, et de la culpabilité de leurs propres actes.
Appliquons ces paroles à ce qui se passe dans la chrétienté professante qui prétend rendre culte à Dieu, sâapprocher de sa Table, prendre part au mémorial du sacrifice de Christ... Quây apporte-t-elle? La pureté ou la souillure? Sont-ce des êtres chargés de leurs péchés, ou des saints purifiés de leurs iniquités qui sây présentent? Et lâon dit: En quoi avons-nous méprisé ton nom, ou tâavons-nous profané? Avons-nous mal fait en cela? Nâavons-nous pas accompli ponctuellement nos devoirs religieux? «En ce que vous dites», répond lâÃternel: «La table de lâÃternel est méprisable!» Cela ne signifie point que ces paroles soient dans leurs bouches, mais elles sont dans leurs actes, qui montrent comment ils estiment lâÃternel et sa table. «Et si vous présentez une bête aveugle en sacrifice, nâest-ce pas mal? et si vous en présentez une boiteuse et malade, nâest-ce pas mal? Offre-la donc à ton gouverneur: tâagréera-t-il, ou te recevra-t-il avec faveur? dit lâÃternel des armées» (v. 8). Quâest-ce que lâhomme religieux de tous les temps donne à Dieu et que fait-il pour Lui? Il accomplit en public des actes qui le rendent honorable aux yeux des autres hommes. Le pharisaïsme, quâil soit juif ou chrétien, nâa pas dâautre mobile. Ses Åuvres charitables font parler de lui parmi les hommes, mais dans le secret, que peut-il offrir à un Dieu quâil ne connaît pas, sinon «une bête malade»?
Que devons-nous donc faire pour être, agréables à Dieu? sâécrieront ces mêmes hommes. Voici: «Et maintenant, implorez donc Dieu, afin quâil use de grâce envers nous. Câest par vos mains que cela a eu lieu: vous recevra-t-il avec faveur? dit lâÃternel des armées» (v. 9).
Repentez-vous; abandonnez vos voies; implorez Dieu; faites appel à sa grâce. Câest votre seule ressource, le seul moyen pour vous, de recevoir les faveurs de Dieu. Vous ne pouvez pas faire de bonnes Åuvres, et votre conduite le prouve; les meilleures à vos yeux, ne sont pour Dieu que des Åuvres mortes dont votre conscience a besoin dâêtre purifiée (Héb. 9:14).
«Qui même dâentre vous fermerait les portes? et vous nâallumeriez pas le feu sur mon autel pour rien! Je ne prends pas plaisir en vous, dit lâÃternel des armées, et lâoffrande, je ne lâagréerai pas de vos mains» (v. 10).
Nous trouvons ici un autre caractère moral de la sacrificature dégénérée: lâintérêt qui dirige lâhomme dans le service de Dieu. Il ne peut faire autrement, parce quâil ne connaît pas Dieu. Câest pourquoi Dieu prononce le jugement le plus complet sur cette profession sans vie, et déclare quâil nây a aucun lien moral entre elle et Lui: «Je ne prends pas plaisir en vous; je nâagréerai pas lâoffrande de vos mains!»
«Car, du soleil levant jusquâau soleil couchant, mon nom sera grand parmi les nations, et, en tout lieu, lâencens sera brûlé à mon nom, et une offrande pure sera présentée, car mon nom sera grand parmi les nations, dit lâÃternel des armées» (v. 11).
Le prophète déclare ici que Dieu va se tourner vers les nations. Câest, en effet, ce qui eut lieu. LâÃternel abandonna son peuple au jugement, et lâÃvangile fut annoncé aux gentils. Une grande multitude dâentre eux fut convertie pour servir le Dieu vivant et vrai, et mettre son espérance en Christ. Cette parole du prophète peut donc sâappliquer immédiatement à la bénédiction des gentils par la foi chrétienne, mais elle va plus loin: lâEsprit porte nos pensées vers un temps encore futur, où une offrande pure sera présentée par les nations au Dieu dâIsraël. Ce fait qui remplit la prophétie de lâAncien Testament, nâaura lieu quâaprès le jugement définitif exécuté sur le peuple rebelle et sur ses oppresseurs. Alors une foule innombrable dâentre les gentils se tiendra devant le trône et devant lâAgneau (Apoc. 7), et en tout lieu, non pas seulement dans le temple de Jérusalem, lâencens sera brûlé au grand nom de lâÃternel.
«Mais vous, vous le profanez, en ce que vous dites: La table du Seigneur est souillée; et ce quâelle fournit, sa nourriture, est méprisable. Et vous dites: Voilà , quel ennui!» (v. 12, 13). Dieu voyait ce quâil y avait au fond du cÅur des sacrificateurs en Israël. La chrétienté professante offre le même spectacle. La joie de la présence de Dieu, la communion avec Lui, lâappréciation du sacrifice de Christ, lui sont inconnues et nâamènent quâune parole sur ses lèvres: Quel ennui! Peut-elle comprendre le bonheur que trouvent les croyants dans la communion avec le Père et avec le Fils? Peut-elle trouver ses délices dans la Parole dont le Saint Esprit seul donne lâintelligence?
«Et vous soufflez dessus, dit lâÃternel des armées». La révélation de Dieu et de Christ est pour lâhomme une poussière importune dont il cherche à se débarrasser; elle nâapporte rien à son cÅur et à sa conscience, parce quâil nâa ni cÅur ni conscience pour Dieu. Le monde estime que les distractions et les plaisirs sont préférables au vrai culte. Le Seigneur peut-il agréer des sacrifices offerts dans de telles conditions? Même dans ce que lâon nommait «un vÅu», câest-à -dire un service volontaire, ils sacrifiaient «ce qui est corrompu», lâapparence du zèle leur suffisant (v. 14).
Si maintenant nous récapitulons les caractères de la sacrificature dégénérée dans ce premier chapitre, nous y trouverons lâignorance complète de lâamour de Dieu; lâignorance de sa sainteté et lâabsence de crainte de Dieu. La souillure est apportée à sa table; des dons sans valeur sont présentés pour lâapparence; lâintérêt règle les actions et, sans lui, rien ne se fait pour le service de lâÃternel. Ce manque de réalité dans la vie religieuse produit lâennui et le dégoût des choses divines.
Que Dieu nous garde de cet esprit et de ces tendances auxquels nos cÅurs naturels nâont que trop de disposition à se laisser entraîner! Dieu ne nous demande pas de vaines apparences, mais la vérité dans le cÅur, des actes correspondant à nos paroles, des paroles correspondant à lâétat de nos âmes. Heureux celui dont Jésus peut dire: «Voici un vrai Israélite, en qui il nây a pas de fraude!»
Le chapitre 2:1-9, appartient proprement à celui qui précède. Il ne fait, pas plus que le chap. 1, une description complète de lâapostasie finale, mais dépeint le caractère moral de la sacrificature, livrée à sa propre responsabilité. Nous sommes ainsi en mesure de jeter un regard dans le cÅur de lâhomme religieux, afin dâapprendre à éviter, pour nous-mêmes, les traits qui le caractérisent. Dans ce but, le croyant nâa quâà retenir la première parole du prophète: «Je vous ai aimés». Notre sauvegarde est la connaissance de lâamour de Christ. Revenons toujours boire à cette source, car nous nâavons pas dâautre moyen de rendre un témoignage fidèle. Le Seigneur ne dit pas à Philadelphie: Ils connaîtront que tu mâas aimé, mais: «Ils connaîtront que moi je tâai aimé» (Apoc. 3:9). Si nous nous appuyons sur le sein de Jésus, nous nây sentons battre que lâamour. Câest là que nous apprenons à le connaître, et à ne pas le chercher dans la manière, toujours imparfaite, dont nous nous acquittons de notre service.
«Et maintenant, sacrificateurs, ce commandement est pour vous. Si vous nâécoutez pas, et si vous ne prenez pas à cÅur de donner gloire à mon nom, dit lâÃternel des armées, jâenverrai parmi vous la malédiction, et je maudirai vos bénédictions, et même je les ai maudites, parce que vous ne le prenez pas à cÅur. Voici, je vais flétrir vos semences, et je répandrai de la fiente sur vos visages, la fiente de vos fêtes, et on vous emportera avec elle» (v. 1-3). Les hommes qui, par leurs privilèges, sont le plus près de Dieu, sont jugés le plus sévèrement. Ceux-ci se vantaient de leurs prérogatives, mais avaient oublié Dieu, devenu pour eux ce quâon appelle une quantité négligeable.
Pourquoi existaient-ils, si ce nâétait «pour glorifier son nom?» Autrement, Dieu maudirait leurs bénédictions, et leurs privilèges se changeraient en malédiction pour eux. Cette menace était déjà une chose actuelle, au temps du prophète Malachie.
«Et vous saurez que je vous ai envoyé ce commandement, afin que mon alliance subsiste avec Lévi, dit lâÃternel des armées» (verset 4). Nous trouvons ici une confusion intentionnelle, très fréquente dans lâAncien Testament, entre les sacrificateurs et les Lévites. La sacrificature proprement dite avait déjà failli, au pied du Sinaï, lorsquâAaron, souverain sacrificateur, avait «livré le peuple au désordre», en lui faisant le veau dâor (Ex. 33:25). Elle avait failli de nouveau, quand Nadab et Abihu, fils dâAaron, présentèrent un feu étranger devant lâÃternel (Lév. 10:1), et furent consumés. Elle avait encore failli, quand Ãli, de la descendance dâIthamar, ayant honoré ses fils plus que lâÃternel, Dieu lui annonça quâil susciterait à sa place un sacrificateur fidèle qui marcherait toujours devant son Oint (1 Sam. 2:29, 35). Tsadok, de la famille dâÃléazar, fut alors suscité, et cette famille occupa, dès lors, le premier rang dans la sacrificature (1 Chron. 6:50-53; 24:1-6); mais nous voyons, à la fin de Néhémie, ce que cette famille était devenue: ils étaient «des profanateurs de la sacrificature, et de lâalliance de la sacrificature et des lévites» (Néh. 13:29). De même, dans notre prophète, «ils avaient corrompu lâalliance de Lévi, (2:8). Cela nâanéantissait point, sans doute, le dessein arrêté de lâÃternel de conserver, pour lâavenir, dans cette famille, une sacrificature fidèle qui, mieux même que Tsadok, sous la royauté de David, «marcherait toujours devant son Oint». Mais lâinfidélité présente de la sacrificature a pour résultat que lâÃternel insiste sur son alliance avec Lévi.
Cette malédiction prononcée ici sur la sacrificature juive, atteindra de même la profession chrétienne. Faisant allusion au chapitre 19:6, de lâExode, lâapôtre Pierre dit aux chrétiens: «Vous êtes une sainte sacrificature». «Vous êtes une race élue, une sacrificature royale, une nation sainte, (1 Pierre 2:5, 9). Comme profession, elle est devenue infidèle et ne pourra subsister; mais les conseils de Dieu sont sans repentance et demeureront malgré tout. Si lâensemble tombe sous le jugement, et si, punissant les mauvais serviteurs, Dieu est obligé de dire: «Le maître de cet esclave-là viendra en un jour quâil nâattend pas, et à une heure quâil ne sait pas, et il le coupera en deux et lui donnera sa part avec les hypocrites: là seront les pleurs et les grincements de dents» (Matt. 24:50, 51); â il nâen est pas moins vrai que «son alliance subsiste avec Lévi».
Les fils de Lévi avaient fait preuve de zèle pour lâÃternel en deux occasions mémorables. Après lâérection du veau dâor et le péché dâAaron, Moïse se tint à la porte du camp et dit: «à moi, quiconque est pour lâÃternel! Et tous les fils de Lévi se rassemblèrent vers lui. Et il leur dit: Ainsi dit lâÃternel, le Dieu dâIsraël: Que chacun mette son épée sur sa cuisse; passez et revenez dâune porte à lâautre dans le camp, et que chacun de vous tue son frère, et chacun son compagnon, et chacun son intime ami. Et les fils de Lévi firent selon la parole de Moïse; et il tomba dâentre le peuple, ce jour-là , environ trois mille hommes. Et Moise dit: Consacrez-vous aujourdâhui à lâÃternel, chacun dans son fils et dans son frère, afin de faire venir aujourdâhui sur vous une bénédiction» (Exode 32:26-29). Le zèle des Lévites pour lâÃternel. était leur consécration, en contraste avec la consécration officielle des sacrificateurs (Ex. 29).
Ce zèle sâétait montré une seconde fois lors de lâalliance dâIsraël avec les filles de Moab, pour adorer Baal-Péor. Phinées, fils lâÃléazar, dans sa jalousie pour lâÃternel, avait transpercé les coupables. Cet événement forme le sujet de notre passage: «Mon alliance avec lui était la vie et la paix» (v. 5): câest, en effet, ce que lâÃternel avait dit à Moise: «Phinées, fils dâÃléazar, fils dâAaron, a détourné mon courroux de dessus les fils dâIsraël, étant jaloux de ma jalousie au milieu dâeux, de sorte que je ne consumasse pas les fils dâIsraël dans ma jalousie. Câest pourquoi dis: Voici, je lui donne mon alliance de paix; et ce sera une alliance de sacrificature perpétuelle, pour lui et pour sa semence après lui, parce quâil a été jaloux pour son Dieu, et a fait propitiation pour les fils dâIsraël» (Nomb. 25:10-13). En vertu de la fidélité de Phinées, la sacrificature perpétuelle devait rester dans la famille dâÃléazar, dont ce Lévite était fils.
Câest en effet ce qui aura lieu à la fin des temps. On voit, en Ãzéch. 48:11, que la famille de sacrificateurs, dont les fils de Tsadok sont devenus les titulaires sous le règne de David, subsistera pendant le règne millénaire de Christ: «Lâoffrande», est-il dit, «sera pour les sacrificateurs qui sont sanctifiés dâentre les fils de Tsadok, qui ont fait lâacquit de la charge que je leur ai confiée, qui ne se sont pas égarés dans les égarements des fils dâIsraël, comme les Lévites se sont égarés». Nous avons ici lâun des exemples de la confusion intentionnelle mentionnée plus haut, entre les sacrificateurs et les Lévites, car câétaient les sacrificateurs qui avaient «corrompu lâalliance de Lévi» (v. 8).
«Mon alliance avec lui était la vie et la paix, et je les lui donnai pour quâil craignît; et il me craignit et trembla devant mon nom. La loi de vérité était dans sa bouche, et lâiniquité ne se trouva pas sur ses lèvres; il marcha avec moi dans la paix et dans la droiture, et il détourna de lâiniquité beaucoup de gens. Car les lèvres du sacrificateur gardent la connaissance, et câest de sa bouche quâon recherche la loi, car il est le messager de lâÃternel des armées» (v. 5-7).
Lévi avait cinq caractères: 1° Quant à son cÅur: il craignait lâÃternel; il différait de ces sacrificateurs profanes, dont Dieu disait: Où est la crainte qui mâest due? (1:6). 2° Quant à ses paroles: la loi de vérité était dans sa bouche et lâiniquité ne sâétait pas trouvée sur ses lèvres. 3° Quant à sa marche: elle était avec lâÃternel dans la paix et dans la droiture. 4° Quant à son ministère: il avait détourné de lâiniquité beaucoup de gens. 5° Quant à son message: il était lâenvoyé de Dieu.
La Parole considère ici le faible service des Lévites à la lumière de celui du fils dâÃléazar. Il apprécie ce service selon son origine, de même quâil considère le nôtre à la lumière de celui de Christ. Tout ce passage, en effet, nous parle de Lui, et nous offre une image admirable de Son activité comme homme. Sur la terre, Jésus nâétait pas sacrificateur; il ne lâest devenu quâen vertu de sa résurrection dâentre les morts (Ps. 110). Mais toute sa carrière ici-bas correspondait à celle du Lévite fidèle. Il était le parfait serviteur, et de lâÃternel, et de lâhomme déchu; aussi Dieu lui a-t-il confié une sacrificature qui ne se transmet point. Il pouvait être désormais dans le ciel, devant Dieu pour les hommes, parce quâil avait été sur la terre pour Dieu devant les hommes.
Un passage du Deutéronome nous présente de nouveau Lévi sous le caractère typique de Christ: «Et de Lévi il dit: Tes thummim et tes urim sont à lâhomme de ta bonté... Ãternel! bénis sa force et que lâÅuvre de ses mains te soit agréable» (Deut. 33:8-11).
Dans ce magnifique chapitre, deux personnages ont la prééminence sur tous les autres: Joseph et Lévi. Tous deux sont caractérisés par la séparation pour Dieu. Dâune part, les bénédictions sont sur Joseph, parce quâil avait été séparé de ses frères. Son caractère était celui du Nazaréen, dâune séparation ordonnée de Dieu. Dans cette position, il avait été fidèle; aussi la faveur de Dieu vient-elle «sur la tête de Joseph, sur le sommet de la tête de celui qui a été mis à part de ses frères» (v. 16). Quant à Lévi, sa séparation avait été volontaire: le fruit de sa fidélité. Aussi lâÃternel «bénit sa force, et lâÅuvre de ses mains lui est agréable». Câest pourquoi, selon la demande de Moise, la sacrificature perpétuelle lui est assignée: les urim et les thummim, attributs de la sacrificature, par lesquels on consultait lâÃternel (1 Sam. 28:6; 23:9; cf. Nomb. 27:21; Esd. 2:63; Néh. 7:65), sont «à lâhomme de sa bonté». Historiquement, cette promesse sâest réalisée dans la famille dâÃléazar, père de Phinées, mais ici, Lévi est un personnage, un seul homme. La conduite de Lévi (Phinées), comme celle de Christ, dont il était le type, est à la base de toute sacrificature.
«Mais vous vous êtes écartés du chemin, vous avez fait broncher beaucoup de gens à lâégard de la loi; vous avez corrompu lâalliance de Lévi, dit lâÃternel des armées. Et moi aussi, je vous ai rendus méprisables et vils devant tout le peuple, parce que vous nâavez pas gardé mes voies, et avez fait acception des personnes, dans ce qui concerne la loi» (v. 8, 9). Le prophète revient ici aux sacrificateurs qui nâen ont que lâapparence et la profession. Au lieu de marcher dans les voies du vrai serviteur, qui aurait dû être leur modèle dès le commencement, ils avaient suivi, tout en portant son nom, des voies de corruption, donnant ainsi lâexemple à beaucoup de gens dâabandonner la loi, ou bien lâappliquant différemment, selon quâil sâagissait de pauvres ou de gens considérés. Aussi Dieu allait-il les couvrir de mépris aux yeux de tous.
Chapitre 2:10-17 et 3:1-15
La seconde partie du chap. 2 aborde un nouveau sujet. Il ne sâagit plus ici de la sacrificature, mais du peuple.
Il semble que le verset 10 soit une confession générale: «Nây a-t-il pas pour nous tous un seul père? Un seul Dieu ne nous a-t-il pas créés? Pourquoi agissons-nous perfidement, chacun envers son frère, en profanant lâalliance de nos pères?» Câest comme une parole de repentance, mise dans la bouche de Juda, et qui se réalisera plus tard, quand le résidu reconnaîtra son péché. Comme les sacrificateurs avaient corrompu lâalliance de Lévi (v. 8), le peuple avait aussi profané lâalliance de ses pères. Or, nâétaient-ils pas tous enfants dâun seul père, créatures dâun seul Dieu? Il ne sâagit pas ici de la relation avec le Père, manifestée par Jésus ici-bas, établie par lâÅuvre de la croix, proclamée à la résurrection de Christ, relation à laquelle les chrétiens seuls ont part, car lâAncien Testament ne la révèle pas et elle nâappartiendra jamais au peuple juif comme tel. La relation dont ce passage nous parle appartient, en revanche, à tous les hommes, Juifs ou gentils, quoique les croyants la possèdent aussi dâune manière toute spéciale.
Câest pourquoi nous trouvons, en Ãph. 4:6: «Il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tout, et partout, et en nous tous». Notre passage parle de cette relation. Ils étaient frères, ayant été engendrés par le même Dieu; des frères agissent-ils perfidement lâun envers lâautre? Leur origine commune ne devait-elle pas mettre dans leurs cÅurs des sentiments dâamour et de bienveillance mutuels? Le reproche contenu dans ce verset correspond à celui que lâÃternel adresse dans le chap. 1, v. 6, aux sacrificateurs: «Si je suis père, où est mon honneur, et si je suis maître, où est la crainte qui mâest due?» Seulement ici, lâEsprit de Dieu met cette parole, non dans la bouche de lâÃternel, mais dans la bouche de ceux qui avaient conscience du misérable état dans lequel Israël était tombé.
Hélas! pour le moment, ce verset 10 ne représentait nullement lâétat moral du peuple, amené à confesser ses péchés, car, est-il dit: «Juda a agi perfidement, et lâabomination se commet en Israël et dans Jérusalem; car Juda a profané le sanctuaire de lâÃternel, quâil aima, et a épousé la fille dâun dieu étranger» (v. 11). Deux traits caractérisent ici la condition morale du peuple: la profanation et la perfidie. Cette accusation nous rappelle la fin du livre de Néhémie. Malgré toutes les exhortations dâEsdras, adressées au peuple et à la sacrificature, la nation avait continué à sâallier avec des femmes idolâtres, et les sacrificateurs lui en avaient donné lâexemple. Le prophète fait allusion à cette circonstance historique. Comme il avait profané lâalliance, Juda avait profané le sanctuaire de lâÃternel, quâil avait restauré de ses propres mains, et avait épousé la fille dâun dieu étranger (Néh. 13:23-31). Pas plus que ses sacrificateurs, Juda, rentré de la captivité, nâétait idolâtre, mais lâalliance avec lâidolâtrie ne valait pas mieux que les idoles. Elle était dâautant plus méprisable quâelle osait sâallier avec le culte du vrai Dieu.
Il en est de même pour les chrétiens qui sâallient avec le monde. Quâil soit christianisé ou non, il reste toujours le même monde qui a mis à mort le Sauveur. Lâamalgame entre les croyants et lui ne peut subsister, et il arrivera nécessairement un moment où le métal précieux sera séparé des scories et où lâivraie sera séparée du bon grain, pour être brûlée. Aussi est-il dit ici: «LâÃternel retranchera des tentes de Jacob lâhomme qui fait cela» (v. 12).
Ensuite, probablement comme conséquence de leurs relations coupables avec des idolâtres, ils avaient agi perfidement envers leurs propres femmes: «Et, en second lieu, voici ce que vous faites: vous couvrez lâautel de lâÃternel de larmes, de pleurs et de gémissements, de sorte quâIl nâa plus égard à lâoffrande, ni ne lâagrée de vos mains. Et vous dites: Pourquoi? Parce que lâÃternel est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse, envers laquelle tu as agi perfidement; cependant elle est ta compagne et la femme de ton alliance» (v. 13, 14). Ils répudiaient leurs femmes légitimes pour épouser des femmes idolâtres; et ces pauvres abandonnées couvraient de pleurs et de gémissements lâautel de lâÃternel, tandis que leurs maris venaient y offrir leurs sacrifices. Ils violaient ainsi, en la semant de douleurs et de ruines, lâalliance divine établie à la création entre lâhomme et la femme. Au commencement, Dieu avait fait une compagne pour Adam. «Et un seul ne les a-t-il pas faits? Toutefois il avait le reste de lâEsprit. Et pourquoi ce seul a-t-il fait ainsi? Il cherchait une semence de Dieu.» Alors même quâils avaient violé ce que Dieu avait établi à la création, ce peuple possédait néanmoins «le reste de lâEsprit», selon Aggée 2:5, dans la personne de quelques fidèles qui, comme nous le verrons au chapitre 3, se trouvaient encore au milieu dâeux. Pourquoi ce seul Dieu avait-il institué le mariage entre le premier homme et la première femme? Câest quâil cherchait «une semence de Dieu». Il ne pouvait posséder un peuple à Lui que de cette manière, et non par une alliance profane dont Satan était lâinstigateur.
Le prophète ajoute: «Or prenez garde à votre esprit; et nâagis pas perfidement envers la femme de ta jeunesse (car je hais la répudiation, dit lâÃternel, le Dieu dâIsraël) ...; il couvre aussi de violence son vêtement, dit lâÃternel des armées» (v. 15, 16). Les sacrificateurs avaient souillé leurs vêtements, le peuple avait couvert les siens de violence, en tranchant, sans merci, les liens sacrés du mariage; ajoutant ainsi la violence à la perfidie.
Tous les caractères que nous venons de décrire sont aussi moralement ceux de la chrétienté de nos jours: les relations entre enfants dâun seul Père sont abandonnées; tous les liens que Dieu a formés sont relâchés; lâalliance avec le monde est devenue la règle; les idoles ont envahi les cÅurs; la corruption et la violence dominent en tout lieu. Le monde chrétien est indifférent à ce que Dieu pense de lui et nâa souci que de lâopinion des hommes. Il demande: «Pourquoi?» quand Dieu déclare être mécontent de lui, et cherche à atteindre sa conscience. Il associe le mal avec le nom de lâÃternel, comme si Dieu pouvait lâapprouver ou le tolérer: «Vous fatiguez lâÃternel par vos paroles, et vous dites: En quoi lâavons-nous fatigué? â En ce que vous dites: Quiconque fait le mal est bon aux yeux de lâÃternel, et câest en eux quâil prend plaisir â ou bien: Où est le Dieu de jugement?» (v. 17).
En résumé, trouve-t-on quelque chose de réjouissant dans ce chapitre? Tout y est, selon lâexpression dâÃsaïe, «meurtrissure et plaies vives qui nâont pas été pansées». Un seul phare lumineux brille dans ces ténèbres: la fidélité du vrai Lévi. Celui-là répond à tous les désirs du cÅur divin, et, malgré tout, Dieu poursuivra ses desseins dâamour et de grâce envers ceux que sa grâce associe avec Lévi.
Le chap. 3 va nous montrer ce que le Seigneur attend de ces derniers, et les caractères qui distinguent les fidèles dans les jours de la fin.
Rappelons ici que les réchappés de Juda qui avaient bâti le temple de Jérusalem, nâétaient pas rentrés dans leur pays comme un résidu converti. Ils étaient un peuple de professants, attachés extérieurement à la loi, et qui avaient réédifié le temple; mais la captivité de Babylone nâavait nullement changé leur cÅur.
Câest à eux, comme nous lâavons vu, que sâadressent les deux premiers, et aussi le commencement du troisième chapitre (v. 1-15). Ce dernier continue lâexposé de lâhistoire morale du peuple commencée au v. 10 du second chapitre. Le mot vous, que lâon rencontre quinze fois dans ce chapitre, ne sâadresse quâau peuple non croyant qui professait la loi, tout en dépassant, comme le premier verset du chap. 1 nous lâa déjà montré, les limites de Jérusalem et de Juda, pour sâétendre au peuple tout entier. «Vous», dit-il, «la nation tout entière» (v. 9).
Il y a toutefois, dans les versets qui nous occupent, une différence notable dâavec les deux premiers chapitres. Ceux-ci ne sâadressent quâà la nation, considérée sous son aspect religieux ou civil, tandis que le troisième chapitre met en lumière, dès le début, un vrai résidu, non plus Lévi seulement, un homme, type de Christ (2:5, 6), mais les fils de Lévi (v. 3), associés, dans leur service, à leur chef fidèle, comme nous, chrétiens, nous le sommes à Christ.
Cela revient à dire que Dieu a soin de se former un résidu au milieu dâun peuple qui est sans valeur morale à ses yeux, dénué de connaissance et sans affection pour Lui. Ce résidu, ou cet ensemble de croyants, met sa confiance en lâÃternel et attend sa venue.
Jâai déjà fait ressortir, à plusieurs reprises, lâanalogie entre lâétat décrit par Malachie, et celui de la chrétienté professante de nos jours. En rapprochant notre prophète des trois dernières épîtres de lâApocalypse, nous trouvons que lâétat de mort et de souillure reproché à Sardes, la tiédeur et le contentement dâelle-même qui caractérisent Laodicée, que tous ces traits du protestantisme dégénéré de nos jours, sont comme un commentaire de ces chapitres de Malachie. Et si ce dernier nous montre que Dieu confie son service aux fils de Lévi, lâApocalypse nous apprend aussi que le Seigneur se réserve, à Philadelphie, un témoignage pour les jours de la fin, jusquâà ce quâil vienne recueillir ses élus et les introduire avec Lui dans la gloire.
Ces grandes vérités ressortiront plus distinctement à mesure que nous avancerons dans lâétude de notre chapitre. Mais auparavant le Seigneur annonce à ce peuple un événement de toute importance, la venue du Christ: «Voici, jâenvoie mon messager, et il préparera le chemin devant moi; et le Seigneur que vous cherchez viendra soudain à son temple, et lâAnge de lâalliance, en qui vous prenez plaisir, â voici, il vient, dit lâÃternel des armées» (v. 1).
Quand le prophète dit: «Le Seigneur que vous cherchez», cela ne signifie pas quâil y eût, dans le cÅur du peuple comme tel, quelque chose de vivant pour Dieu. Israël, Juda en particulier, espérait la venue de son Messie, comme nous le voyons dans les évangiles. Il pensait que ce Messie, fils de David, rétablirait toutes choses et sortirait son peuple de dessous le joug des nations, pour établir son propre royaume en Israël. Le peuple attendait avec impatience ce Roi promis, pour être délivré de la servitude des gentils, et être rétabli dans ses glorieux privilèges. Câest pourquoi il est appelé: «Le Seigneur que vous cherchez» et «lâAnge de lâalliance en qui vous prenez plaisir», car il devait introduire le peuple dans les bénédictions futures, en vertu de Son alliance avec Israël.
On peut fort bien espérer un bonheur à venir sans se rendre compte de ses relations actuelles avec Dieu. Hier encore jâentendais un homme du monde affirmer quâil y aurait un règne de paix sur la terre, que la guerre serait abolie, et que les hommes jouiraient du bonheur ici-bas. De tout temps il en fut ainsi. Dans lâantiquité païenne, «un de leurs propres prophètes» annonçait ces choses au peuple romain. Ceux qui y croient ou les souhaitent peuvent avoir des consciences endurcies quant à leur état de péché et à la nécessité de comparaître devant un Dieu juste et saint.
Le prophète prédit ici que la venue du Seigneur sera annoncée par le précurseur: «Voici, jâenvoie mon messager, et il préparera le chemin devant moi», ce qui eut lieu quand Jean-Baptiste parut au milieu du peuple. En Matt. 11:9, Jésus dit aux foules: Quâêtes-vous allés voir au désert? «Un prophète? Oui, vous dis-je, et plus quâun prophète, car câest ici celui dont il est écrit: Voici, moi, jâenvoie mon messager devant ta face, lequel préparera ton chemin devant toi».
«Et le Seigneur que vous cherchez viendra soudain à son temple». Ce passage ne sépare pas la venue du Seigneur dans son temple, du moment où Jean-Baptiste a paru pour annoncer cette venue. Mais, pour que ce grand fait eût lieu effectivement, il fallait que le peuple reçût le baptême de la repentance, seul moyen pour préparer le chemin devant les pas du Messie.
Lâhistoire dâIsraël nous apprend que lorsque Salomon eut achevé de bâtir le temple, lâÃternel vint y habiter pour demeurer au milieu de son peuple. Si ce dernier avait été fidèle, Dieu nâaurait pas abandonné son habitation. Mais Israël et ses rois renièrent lâÃternel et pratiquèrent toute sorte dâabominations: alors les jugements sâabattirent sur ce peuple. La royauté disparut, et la nation fut emmenée en captivité. Le prophète Ãzéchiel (chap. 10 et 11) vit le trône de Jéhovah quittant, comme à regret, le temple de Jérusalem. La maison de Dieu resta vide et finit par être détruite sous Nebucadnetsar, roi de Babylone.
Nous voyons, dans le livre dâEsdras, les restes de Juda, rentrés dans leur pays, rebâtir le temple sur lâordre de Cyrus, mais lâÃternel nây rentre pas. Cette maison est de nouveau pillée, ruinée et détruite, et plus tard, rebâtie par Hérode au temps de la venue de Jésus. Câest à ce moment, que Jean-Baptiste prépare le peuple à recevoir le Seigneur dans son temple.
Lâévangile de Jean nous présente, au chap. 2 (non pas sans motif, car cet acte est raconté dans les autres évangiles, à la fin de la carrière du Christ), le premier acte du Seigneur quand il monte à Jérusalem. Il entre dans le temple, en chasse les vendeurs et les changeurs, et dit: «Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic». Mais, en agissant ainsi, il prévoit sa réjection, car de fait, lui seul était le temple de Dieu au milieu dâun peuple qui ne voulait pas de Lui. «Détruisez ce temple», dit-il, «et en trois jours je le relèverai». Or il parlait du temple de son corps (Jean 2:13-21).
Le jour arrive ensuite (Matt. 24:1, 2) où Jésus sort et quitte, pour nây plus rentrer, le temple de Jérusalem, disant: «Il nâen sera pas laissé pierre sur pierre qui ne soit renversée». Puis le Sauveur est crucifié. Tout est-il donc fini? Non! Dieu le ressuscite et le fait asseoir à sa droite, dâoù il envoie le Saint Esprit qui forme un nouveau temple, non pas de pierres et dâor, mais un temple spirituel, composé de pierres vivantes, un édifice où Dieu habite par le moyen de son Esprit.
Cette maison, formée pour se maintenir pure et sainte ici-bas, se corrompt comme tout ce qui a été confié à la responsabilité de lâhomme. Elle devient une grande maison souillée par les vases à déshonneur, et, comme pour le temple de Jérusalem, le moment est proche où le Seigneur devra la rejeter entièrement.
Toutefois, avant ce rejet définitif, Dieu forme, au milieu de la chrétienté corrompue, un résidu chrétien, faisant partie de la maison spirituelle quâil enlèvera dans le ciel à sa venue, et qui sera le temple où il habitera dâéternité en éternité. Alors il dira: «Voici, lâhabitation de Dieu est avec les hommes, et il habitera avec eux» (Apoc. 21:3).
Telle est lâhistoire du temple céleste, mais le temple terrestre a son avenir aussi, car il sera reconstruit, et le Seigneur y habitera sur la terre.
Les derniers chapitres du prophète Ãzéchiel (40-44) nous parlent de ce temple futur, établi après que le dernier temple, celui de lâantichrist, édifié par lâhomme révolté contre Dieu, aura été définitivement détruit. Câest alors que lâÃternel rebâtira son temple, et «lâAnge de lâalliance y entrera soudain» (Mal. 3:1). Le prophète Ãzéchiel nous fait assister à cette scène merveilleuse. «La gloire de lâÃternel entra dans la maison... et la gloire de lâÃternel remplit la maison.» Et il dit: «Câest ici le lieu de mon trône, et le lieu de la plante de mes pieds, où je demeurerai au milieu des fils dâIsraël à toujours» (Ãzéch. 43:1-7).
Le prophète Aggée nous parle aussi de ce temple futur: «Et lâobjet du désir de toutes les nations viendra, et je remplirai cette maison de gloire, dit lâÃternel des armées» (2:7). De même, câest à ce moment futur que notre prophète fait allusion: «Le Seigneur viendra soudain à son temple.» «Voici, il vient, dit lâÃternel des armées!» Cette venue du Seigneur dans son temple ne sera plus en grâce comme la première, mais en gloire, et aura lieu, comme nous allons le voir, à la suite des jugements. Elle sera annoncée, comme la première, par un précurseur qui tombera sous les coups de lâantichrist. Si Jean-Baptiste avait été reçu, il aurait été cet Ãlie qui devait venir (Matt 11:14; 17:10-12); mais il a été rejeté, et le Seigneur enverra de nouveau Ãlie, selon le chap. 4:5 de notre prophète: «Voici, je vous envoie Ãlie, le prophète, avant que vienne le grand et terrible jour de lâÃternel». Nous remettrons à plus tard lâexplication de ce passage.
Nous, chrétiens, qui avons part à lâéconomie de la grâce, nous nâavons plus à attendre un messager qui nous annonce la seconde venue de Christ, comme Jean-Baptiste avait annoncé la première. Notre messager est venu depuis longtemps dans la personne du Saint Esprit, descendu ici-bas au jour de la Pentecôte, et il nous a enseigné à attendre aussi la venue «soudaine» du Seigneur, mais en grâce, pour nous introduire dans la gloire dont la Jérusalem céleste sera le centre. Oui, il viendra bientôt; il veut que nous lâattendions dâun moment à lâautre, non pas comme un voleur dans la nuit, mais comme lâEtoile brillante du matin. Sa venue pourrait encore être retardée, mais nous devons lâattendre aujourdâhui; il compte pour cela sur notre attachement à sa personne.
Il en était de même pour Israël, au temps de Malachie. Le prophète voulait tenir le peuple en éveil; car il fallait quâil comprît que la venue du Libérateur était proche. Plus de quatre siècles sâécoulèrent entre cette prophétie et la venue du Sauveur et de son précurseur, mais ce que le Seigneur voulait, câest que les fidèles lâattendissent.
Son peuple lâa-t-il attendu? Entre la prophétie de Malachie et la première venue de Christ, des siècles, remplis dâévénements divers, se sont écoulés. Lorsquâil a paru, Juda avait oublié cette prophétie, mais quelques pauvres du troupeau lâattendaient, comme on le voit à la fin de notre chapitre et au commencement de lâévangile de Luc.
De fait, les croyants seuls peuvent attendre le Seigneur avec joie; les non croyants chercheront toujours à lâoublier ou nieront quâil vienne. Et quây a-t-il dâétonnant à cela? La venue du Seigneur en gloire est, pour le monde, Sa venue en jugement, comme nous le voyons dans notre passage: «Voici, il vient, dit lâÃternel des armées. Mais qui supportera le jour de sa venue, et qui subsistera lorsquâil se manifestera? Car il est comme un feu dâaffineur, et comme la potasse des foulons» (v. 2). Le peuple pourrait-il se réjouir de cet événement? Hélas! quand le Seigneur viendra une seconde fois à son temple, il jugera sans merci la nation apostate, et «qui subsistera lorsquâil se manifestera?» Lâétablissement du règne de Christ sera fondé sur le jugement de ceux qui ont rejeté le Messie.
Maintenant le prophète ajoute: «Et il sâassiéra comme celui qui affine et purifie lâargent; et il purifiera les fils de Lévi, et les affinera comme lâor et comme lâargent, et ils apporteront à lâÃternel une offrande en justice» (v. 3).
Nous trouvons ici, non plus comme au verset précédent, le jugement du peuple infidèle, mais la manière dont le Seigneur sây prendra pour former un peuple qui lui appartienne en propre et quâil puisse reconnaître. Il fera, en se servant du jugement pour ce but, une Åuvre tranquille et réfléchie: Il sâassiéra. Il prendra lâattitude dâun homme qui affine et purifie lâargent. Il séparera, par le feu, le métal précieux des scories, ce qui est bon de ce qui est mauvais. Telles seront les voies de Dieu envers le résidu quâil rassemblera au milieu de la grande tribulation (voyez Ps. 66:11, 12). Il faudra que ce résidu traverse la fournaise pour être purifié et délivré de ses liens; soutenu toutefois, comme jadis les compagnons de Daniel, par la présence avec eux de lâAnge de lâÃternel.
Ce résidu juif de la fin différera beaucoup du résidu chrétien de nos jours. Christ viendra pour nous en grâce, pour eux, en gloire. Cette venue en gloire termine lâAncien Testament, comme celle en grâce, le Nouveau. Christ sâapproche dâeux en jugement, de nous, en paix et en miséricorde. Et cependant le Seigneur use aussi du creuset envers le résidu chrétien. Sâil sâoccupe de son Ãglise, câest pour la sanctifier en la purifiant par la Parole (Ãph. 5). Il travaille dans les âmes et les consciences des saints pour les séparer du monde qui court au-devant du jugement. Il veut un peuple saint, capable de le servir et de lâattendre; et quâil puisse se présenter comme son Ãglise, glorieux, sans tache ni ride, irréprochable, sans défaut. 1 Pierre 1:7, nous présente aussi le creuset: «Afin que lâépreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de lâor qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, à gloire et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ.»
Nous avons insisté sur le fait que la description de lâétat du peuple et de la sacrificature, au chap. 2, nâoffre pas un seul trait encourageant. Mais voici quâau chap. 3, le prophète nous dit: «Il purifiera les fils de Lévi et les affinera comme lâor et comme lâargent, et ils apporteront à lâÃternel une offrande en justice». Ce sont les fils de Lévi qui sont pour Dieu le vrai résidu. Nâest-ce pas une chose remarquable? Au chap. 2, Lévi est mentionné tout seul, comme type de Christ, le vrai serviteur. Câest avec lui que lâalliance de vie et de paix est conclue. Mais ici, ce sont les fils de Lévi qui doivent être affinés pour pouvoir entrer dans cette alliance. Il en sera de même du résidu dâIsraël, aux derniers jours. Les relations avec le Christ le rendront agréable devant Dieu, mais non pas sans que le jugement lâait auparavant purifié. «Alors lâoffrande de Juda et de Jérusalem sera agréable à lâÃternel, comme aux jours anciens et comme aux années dâautrefois» (v. 4). Câest en vertu de leur acceptation comme compagnons du Messie, que les rapports de Juda et de Jérusalem avec Dieu, pour lui rendre culte, pourront être rétablis.
Il est bon pour nous de retenir cette vérité. Dans lâétat de choses que nous traversons, un culte vrai rendu par quelques-uns a de la valeur aux yeux de Dieu, car il représente le culte général qui lui sera rendu et en est comme lâavant-coureur. Cela est bien propre à nous encourager. Certes, nous devrions rendre culte avec une tout autre puissance, mais ce qui monte dâun cÅur vrai devant le Seigneur, lâadoration et la louange, est aussi agréé de Dieu que lorsque lâÃglise nâétait quâun cÅur et quâune âme, aussi accepté de Lui que la louange future, quand toute lâAssemblée sera réunie autour de Christ dans la gloire. Comment en serait-il autrement puisque câest Lui-même qui loue au milieu de lâAssemblée? (Psaume 22).
Après avoir mentionné les fils de Lévi, le prophète se tourne de nouveau vers le peuple: «Et je mâapprocherai de vous en jugement, et je serai un prompt témoin contre les magiciens et contre les adultères, et contre ceux qui jurent faussement, et contre ceux qui oppriment le mercenaire quant à son salaire, ou la veuve et lâorphelin, et qui font fléchir le droit de lâétranger, et ne me craignent pas, dit lâÃternel des armées» (v. 5).
Il est important de répéter que, dans tout ce chapitre, le vous sâadresse au peuple infidèle et non pas au résidu croyant. Nous insistons sur cette remarque, parce quâelle est la clef du: «Vous fuirez», en Zach. 14:5, passage interprété habituellement comme sâappliquant au résidu. En effet, après sâêtre occupé, au v. 4, des conséquences, pour Juda et Jérusalem, de la fidélité des fils de Lévi, lâEsprit de Dieu nous montre le résultat de lâinfidélité du peuple. Cette infidélité nâest plus lâidolâtrie dâautrefois, mais se résume en deux mots: le mépris de Dieu et du prochain. Les mêmes traits sont présentés par Zacharie (5:4; 8:17), comme caractérisant lâétat moral du peuple aux derniers jours. Extérieurement il semblait que tout fût en règle; si la magie est mentionnée, au moins les idoles étaient absentes; mais le cÅur du peuple était aussi corrompu que lorsque lâidolâtrie dominait en Israël. Aussi, câétait à cause de lâétat du cÅur de la nation que le jugement de Dieu devait fondre sur elle. Cela caractérise toute profession qui nâest pas «mêlée avec la foi». Dieu résume cet état par un seul mot: «Ils ne me craignent pas, dit lâÃternel des armées» (v. 5). Le commencement, le premier pas dans le chemin de la sagesse leur manque, et nous verrons, au v. 16, que les vrais croyants sont précisément caractérisés par cette crainte.
Quâest-ce au fond que craindre lâÃternel? La crainte est le sentiment dâun inférieur vis-à -vis dâun supérieur. Craindre Dieu, câest reconnaître, comme créatures, sa souveraineté et ses droits absolus sur nous, ainsi que lâautorité de sa Parole. Il en est de même de nos rapports avec Christ, en tant que nous sommes ses esclaves, nous quâil a acquis pour Lui en payant notre rançon. La crainte implique le sentiment de lâobéissance due à lâAutorité, à ses ordres et à ses commandements, du service qui doit lui être rendu. Or le serviteur, en obéissant, cherche à plaire à son seigneur auquel il doit tout. Un esclave craint son maître, un homme le magistrat, une femme son mari, un fils son père, car ils sont tous les représentants dâune autorité qui leur a été confiée par Dieu. Nous ne parlons pas de lâamour que comportent ces diverses relations, mais nous disons que la crainte doit en former la base et régler toute notre marche ici-bas. Câest pourquoi la première épître de Pierre qui parle de la conduite chrétienne insiste continuellement sur la crainte. Je connais Dieu comme mon Père, je mâapproche de lui avec une entière confiance enfantine et filiale, mais sans perdre de vue la déférence qui lui est due. Je reconnais ses droits sur moi comme Dieu, Créateur, Seigneur et Maître, et ma seule pensée sera de le servir, non pas en tremblant comme un esclave avili sous le joug, mais dans la pleine jouissance de ma relation avec Lui, comme fils.
Sâil nây a pas chez lâhomme la crainte de Dieu, il nây a rien, aucun lien moral entre lââme et Lui (Ps. 36:2-5). Câest ce qui manque à une profession religieuse sans vie, aussi bien quâà lâhomme incrédule. Lâhomme naturel, même sâil porte le nom de Christ, a toujours pour guide sa propre volonté, ennemie de la volonté de Dieu, et qui ne peut sây soumettre (Rom. 8:7); tandis que le fait de devenir chrétien implique dès lâorigine une soumission de foi à la volonté de Dieu. «Que dois-je faire, Seigneur?» dit Saul sur le chemin de Damas (Actes 22:10). La propre volonté est brisée et jugée, celle de Dieu acceptée comme le seul moyen de salut: «De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité, pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures» (Jacques 1:18).
«Car moi, lâÃternel, je ne change pas; et vous, fils de Jacob, vous nâêtes pas consumés» (v. 6). Que le cÅur de lâhomme rejette Dieu et le méprise, Dieu, Lui, ne varie pas. Il fait des promesses à Jacob et il les tiendra coûte que coûte, car il est un Dieu fidèle et ne peut renier son éternelle bonté. Mais il est aussi un Dieu juste qui ne peut tolérer le mal, il faut donc que les méchants soient consumés, et sa grâce seule retient encore lâépée du jugement. Je tiens à vous prouver, dit lâÃternel, à vous qui ne craignez pas mon nom et qui tomberez sous les coups de ma colère, que je nâai pas abandonné mes promesses; et la preuve, câest que je ne vous ai pas consumés. Je patiente encore à votre égard pour que vous vous détourniez du mal, car ma patience est salut. «Dès les jours de vos pères, vous vous êtes détournés de mes statuts, et vous ne les avez pas gardés». Je patiente pour que vous y reveniez; ne mâécouterez-vous pas? «Revenez à moi, et je reviendrai à vous, dit lâÃternel des armées.» De mon côté, rien nâest changé; du vôtre, que ferez-vous?
Nous retrouvons, dans ce passage, la première parole du prophète Zacharie: «Revenez à moi et je reviendrai à vous, dit lâÃternel des armées» (Zach. 1:3), mais rendue dâautant plus instante et pressante que le prophète Malachie lâavait fait précéder de cette autre parole: «Je vous ai aimés» (1:2), bien propre à toucher le cÅur rebelle dâIsraël. Dans ce dernier effort pour atteindre la conscience endurcie de lâhomme, Dieu, avant de lui présenter sa responsabilité, désirait le convaincre de ce que contient son cÅur à Lui. «Dieu a tant aimé le monde»; câest lâÃvangile, et bien plus que Zacharie, Malachie, le dernier prophète, y touche déjà par quelques côtés.
Que répond le peuple à cet appel? «Et vous dites: En quoi retournerons-nous? » Nâoffrons-nous pas des sacrifices? Nâobservons-nous pas le sabbat et les fêtes prescrites? Ne nous présentons-nous pas régulièrement dans le temple? LâÃternel nâest-il pas bien dur dâexiger autre chose de nous? En quoi avons-nous manqué pour que Dieu nous impose une conversion? Câest la parole du fils aîné, dans lâhistoire de lâenfant prodigue: Nâest-ce pas toi qui as manqué à mon égard, en ne me donnant pas même un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis?
De fait, la pensée de la conversion nâentre pas dans le cÅur du professant, à quelque économie quâil appartienne. En quoi, dira-t-il aujourdâhui, nâai-je pas fait ce que je devais faire? Nâai-je pas été baptisé? Nâai-je pas confirmé le vÅu de mon baptême? Est-ce que je me conduis comme un païen idolâtre? Ne vais-je pas au temple? Est-ce que je ne remplis pas mes devoirs religieux? Est-ce que je ne fais pas des aumônes?
On traite Dieu dâégal à égal. Tu me parles de retourner? je nâen ai nul besoin! Cette indifférence est un outrage à Dieu. Le cÅur du professant, malgré les apparences extérieures, est resté insensible, aussi bien que sa conscience. Le peuple juif lâa bien prouvé lorsque, 420 ans plus tard, le Seigneur est venu dans son temple. Avec les mêmes caractères religieux que ceux décrits en Malachie, ces hommes jettent le Messie à la porte et le crucifient. Que feraient-ils aujourdâhui?
«Un homme frustrera-t-il Dieu? Toutefois vous me frustrez et vous dites: En quoi te frustrons-nous? Dans les dîmes et dans les offrandes élevées. Vous êtes chargés de malédiction et vous me frustrez toujours, vous, la nation tout entière» (v. 8, 9). Lâinconscience est un nouveau trait qui les caractérise tous.
Alors Dieu les met à lâépreuve, ou plutôt les engage à lâéprouver, Lui. Apportez, leur dit-il, les dîmes prescrites par la loi, afin quâil y ait de la nourriture dans ma maison, et éprouvez-moi par ce moyen. Je mâengage à vous ouvrir les écluses des cieux si vous obéissez à ma parole, à verser sur vous la bénédiction, jusquâà ce quâil nây ait plus assez de place, à tancer en votre faveur celui qui dévore et qui anéantit vos récoltes. Votre dîme vous rapportera au centuple (v. 10, 11). Cela était arrivé au temps de Néhémie (Néh. 13:10-14). Pour un moment, les chefs avaient écouté, et les Lévites qui manquaient de tout avaient repris confiance. Cet état nâavait pas duré. Au temps du Seigneur il en était autrement, pourrait-on dire, car les pharisiens payaient la dîme de lâaneth et du cumin, dépassant même les prescriptions de la loi. Sans doute, mais alors ils avaient «laissé les choses plus importantes de la loi, le jugement et la miséricorde et la fidélité. Il fallait faire ces choses-ci et ne pas laisser celles-là » (Matt. 23:23). Bien plus, en accomplissant strictement leurs devoirs religieux, ils nâavaient pour but que dâattirer les regards des hommes, sans tenir compte de Celui qui voyait et jugeait lâétat de leurs cÅurs.
Le peuple, ici, ne consent pas à faire lâépreuve que lâÃternel lui propose, car il nâa aucune confiance en Dieu. En est-il autrement aujourdâhui, sous le régime de la grâce? Les hommes abandonnent-ils des avantages présents, en vue de bénédictions futures? Ils auraient peur de tomber dans la misère sâils faisaient leurs aumônes selon les pensées de Dieu.
Chers amis chrétiens, ne devons-nous pas confesser que nous partageons peut-être ces sentiments du monde, quand il sâagit de donner libéralement pour les serviteurs de Dieu, comme ce peuple dâautrefois avait à pourvoir à la nourriture des lévites? Je ne parle pas de sacrifices que nous croyons devoir faire pour soutenir notre cause ou nos partis, mais de nos libéralités partout où nous voyons des ouvriers du Seigneur engagés dans le service de sa maison. Quand Dieu seul peut en prendre connaissance, donnons-nous pour Lui tout ce que nous devrions donner? Cette plaie sâest montrée dès lâorigine de lâÃglise, dans le cas dâAnanias et de Sapphira. Je ne parle pas du fait quâils mentaient au Saint Esprit, ce qui était un péché à la mort et attira sur ces croyants le jugement de Dieu â mais de ce que, dissimulant une partie de leur avoir, ils dénotaient par là leur manque de confiance en un Dieu qui leur aurait rendu au centuple ce quâils auraient fait pour Lui et les siens. Combien nous devrions apprendre à compter dâune manière plus absolue sur cette promesse de Dieu: «Je vous ouvrirai les écluses des cieux et verserai sur vous la bénédiction, jusquâà ce quâil nây ait plus assez de place!»
Beaucoup dâépreuves dont les chrétiens sont affligés pourraient avoir pour cause ce manque de confiance en Lui. «Celui qui dévore» nâest pas tancé en notre faveur, parce que nous nâavons pas compris que tout ce que Dieu nous donne, il nous le confie pour son service. Appliquons-nous donc cette parole en tout premier lieu, avant de juger les autres. Dieu seul pèse les motifs qui nous font agir. La pauvre veuve donnait plus que la dîme au trésor du temple; elle sacrifiait pour la maison de Dieu toute sa subsistance. Les serviteurs fidèles, auxquels les talents étaient confiés, les faisaient valoir tout entiers pour leur Maître. Tout le fruit des victoires de David allait à la maison de lâÃternel, et il nâen gardait rien pour lui.
Le monde se glorifie des efforts de la charité qui prouvent, dit-il, la solidarité de la famille humaine. Laissons à Dieu le soin de distinguer ce qui, dans ces libéralités, est fait pour Lui. Tout autre motif nâa pas de valeur à ses yeux, car câest au temple de lâÃternel quâil faut apporter les dîmes. Quant à nous, chrétiens, ayons soin de nous confier en un Dieu rémunérateur, et disposons librement pour Lui de ce qui, de fait, Lui appartient. Nous nâaurons, certes, aucun mérite à cela, mais cependant soyons assurés que des bénédictions abondantes accompagneront toujours le dévouement de nos cÅurs pour Lui: La vigne ne sera pas stérile; «et toutes les nations vous diront bienheureux, car vous serez un pays de délices, dit lâÃternel des armées» (v. 11, 12).
Lâincrédulité du peuple, son indifférence, son manque de confiance en Dieu, lâamènent à une dernière affirmation, bien plus terrible que toutes les autres: «Vos paroles ont été fortes contre moi, dit lâÃternel; et vous dites: Quâavons-nous dit contre toi? Vous dites: Câest en vain quâon sert Dieu; et quel profit y a-t-il à ce que nous fassions lâacquit de la charge quâil nous a confiée, et que nous marchions dans le deuil devant lâÃternel des armées? Et maintenant nous tenons pour heureux les orgueilleux; ceux même qui pratiquent la méchanceté sont établis; même ils tentent Dieu et sont délivrés» (v. 13-15). Dans un sens, le peuple avait obéi, sous Néhémie, dans la question des dîmes (Néh. 13:10-14), et pourtant, ils étaient encore pauvres et asservis. Alors, au lieu de faire un retour sur eux-mêmes, ils se révoltent contre Dieu. Câest ainsi que se termine lâhistoire morale dâIsraël, aussi bien que celle du monde. Il voit lâorgueil réussir, les méchants arriver à la richesse et aux honneurs, et non seulement il porte envie aux iniques (Ps. 73), mais il y prend occasion de renier Dieu et de le blasphémer.
Au moment dâaborder un nouveau sujet, nous récapitulerons ici lâétat moral du peuple et de la sacrificature, caractérisé par les diverses questions contenues dans ces chapitres. Ces questions sont au nombre de neuf; elles dénotent une ignorance coupable: