(v. 1-7). â Michée avait annoncé que la naissance de Jésus aurait lieu à Bethléem (chap. 5:2): «Et toi, Bethlehem Ephrata, bien que tu sois petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit dominer en Israël, et duquel les origines ont été dâancienneté, dès les jours dâéternité». Nous avons vu, au chapitre précédent, que Marie habitait Nazareth et non Bethlehem. Pour que lâÃcriture sâaccomplit, Dieu se servit dâun édit de César Auguste, le premier empereur romain et lâun des plus puissants, qui prescrivait le recensement de toute la population de lâempire. Chacun devait se rendre dans sa propre ville pour y être inscrit. Obéissant à lâordre dâAuguste, Joseph et Marie qui appartenaient à la famille de David, se rendirent à Bethlehem, la ville de leur ancêtre royal. Le recensement nâeut lieu que plus tard, lorsque Cyrénius eut le gouvernement de la Syrie. Dieu ne se préoccupe pas du dénombrement qui se fait dans les empires du monde; ce qui lui importait, câétait lâaccomplissement des Ãcritures. Et Auguste ne se doutait guère quâil devait ordonner, à une date trop hâtive, le recensement de ses peuples, afin que Celui qui, un jour, gouvernera le monde entier naquît au lieu indiqué par les prophètes. Dieu dispose de tout pour accomplir sa volonté, que ce soit un empereur, un grand poisson, une ânesse, un lion.
Quoique Bethlehem ait été la ville de David et que le couple venu de Nazareth ait appartenu à la famille royale, la naissance de Jésus, le Messie, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, nâeut pas lieu dans lâopulence. Dieu venant sur la terre pour sauver sa créature et affranchir la création de la servitude de la corruption, ne pouvait entrer dans ce monde au sein du luxe que lâhomme y a introduit pour chercher à oublier les conséquences du péché. Le Sauveur du monde apparut ici-bas dans les conditions qui se rapprochent le plus de celles où se trouvait Adam après son péché, lorsque Dieu, en prononçant le jugement du serpent, annonça que la semence de la femme briserait la puissance du Diable, qui, sous la forme du serpent, venait de placer lâhomme sous les conséquences du péché.
En Orient, maintenant encore, beaucoup de maisons se composent dâune cour intérieure et dâun rez-de-chaussée assez vaste où gens et bêtes trouvent un abri pendant la nuit ou le mauvais temps. Tel est le lieu où Marie mit au monde lâenfant Jésus, quâelle emmaillota et coucha dans une crèche, parce quâil nây avait pas de place pour eux dans lâhôtellerie. Il y en aurait eu, sans doute, pour quelque grand personnage, mais non pour ce pauvre couple venu de Galilée, pour un charpentier. Cependant le petit enfant qui venait de naître «serait grand», avait dit lâange à Marie; il serait appelé «Fils du Très-haut». Dans le langage prophétique, Ãsaïe avait parlé de lui en ces termes: «Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule; et on appellera son nom: Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. à lâaccroissement de son empire, et à la paix, il nây aura pas de fin, sur le trône de David et dans son royaume, pour lâétablir et le soutenir en jugement et en justice, dès maintenant et à toujours» (Ãsaïe 9:6-7). Pour le moment, cette grandeur était cachée au monde. Jésus, le Fils de lâhomme, faisait son entrée parmi les hommes dans lâhumilité la plus profonde, sous lâempire Gentil quâil détruira un jour. Dans la condition la plus obscure, il continuera son chemin, sâabaissant toujours, afin dâêtre accessible à tous et de mettre à la portée de chacun la grâce quâil offrait. Et cette vie, commencée ici-bas dans une étable, se terminera à la croix, car Jésus, sâétant anéanti comme Dieu, trouvé en figure comme un homme, est devenu obéissant jusquâà la mort, et à la mort de la croix (Philippiens 2:6-8), afin de sauver le pécheur.
(v. 8-14). â Si, quant au monde, la naissance de Jésus a lieu dans une obscurité complète, il nâen est pas de même pour le ciel. Dieu ne peut laisser passer un événement dâune si grande importance pour Lui sans le faire connaître. Mais qui choisira-t-il pour révéler ce fait merveilleux et pour dire ce que le ciel en pense? Ce ne sera ni la cour de Rome, ni celle dâHérode, ni même les souverains sacrificateurs. Toute cette scène merveilleuse doit se dérouler dans le même cadre, dans un humble milieu où les cÅurs, nâayant rien ici-bas, peuvent sâunir au ciel pour donner gloire à Dieu. «Il y avait dans la même contrée des bergers demeurant aux champs, et gardant leur troupeau durant les veilles de la nuit. Et voici, un ange du Seigneur se trouva avec eux, et la gloire du Seigneur resplendit autour dâeux; et ils furent saisis dâune fort grande peur». à ces humbles personnages, mais connus de Dieu, un ange est envoyé du ciel; la gloire du Seigneur les environne pendant que leur Sauveur et Seigneur repose dans une crèche; cette gloire les effraie, mais ils seront rassurés lorsquâils verront celui qui a quitté cette gloire et sâest anéanti comme Dieu pour venir les sauver. Lâange dit aux bergers: «Nâayez point de peur, car voici, je vous annonce un grand sujet de joie qui sera pour tout le peuple; car aujourdâhui, dans la cité de David, vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et ceci en est le signe pour vous, câest que vous trouverez un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche» (v. 10-12). Ce nâétait, en effet, pas un sujet de peur, mais de joie pour ces bergers, comme pour tout le peuple, que lâapparition dâun ange avec la gloire du Seigneur, venant annoncer la naissance du Christ, le Sauveur du peuple et du monde. Cette scène ne présentait rien pour la gloire de lâhomme. La cité de David était une pauvre bourgade; ce qui causait cette grande joie, câétait un petit enfant couché dans une crèche. Mais ce qui est grand et glorieux, ce qui a de lâimportance, aujourdâhui comme alors, câest ce qui revêt ce caractère pour Dieu. Dieu ne se préoccupe pas des appréciations des hommes, car à lâégard des pensées de Dieu, «il nây a personne qui ait de lâintelligence» (Romains 3:11). «Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde, et celles qui sont méprisées, et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont; en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu» (1 Corinthiens 1:27-28). Quand le Seigneur sera manifesté en gloire, il en ira tout autrement: la gloire des hommes disparaîtra pour faire place à celle de Dieu, alors que «la terre sera pleine de la connaissance de la gloire de lâÃternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» (Habacuc 2:14). En ce jour-là : «lâÃternel seul sera haut élevé» (Ãsaïe 2:11).
«Et soudain il y eut avec lâange une multitude de lâarmée céleste, louant Dieu, et disant: Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts; et sur la terre, paix; et bon plaisir dans les hommes!» (v. 13, 14). En attendant que Dieu fût glorifié dans lâunivers entier, il lâétait à ce moment-là par le chÅur céleste. Un ange annonce le message aux bergers, mais une multitude dâanges proclame et célèbre les conséquences, pour Dieu et les hommes, de lâapparition dans ce monde du petit enfant couché dans la crèche. Trois choses merveilleuses sont annoncées:
«Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts!» La venue de Christ établit la gloire de Dieu dans les lieux très-hauts par la victoire du bien sur le mal, car Satan avait voulu ôter à Dieu sa gloire en amenant lâhomme et toute la création sous le jugement. Au contraire, Dieu serait glorifié au milieu de la scène de mal où se trouve lâhomme sous les conséquences du péché, en faisant triompher la grâce et obtenant ainsi une gloire quâil nâaurait pas eue sâil avait exécuté sur les hommes le jugement que tous avaient mérité.
«Sur la terre, paix». Nous ne voyons pas la paix établie dans ce monde depuis la venue de Jésus jusquâà nos jours, malgré tous les efforts des nations en vue de cela. Mais nous savons quâil y a un règne de paix pour cette création, tourmentée depuis si longtemps par les conséquences du péché; elle sera «affranchie de la servitude de la corruption», dit Paul, en Romains 8:21, et cela, par lâHomme qui venait de naître à Bethléhem. Sans sa naissance et sa vie dâobéissance jusquâà la mort, la terre fût demeurée sous la puissance de Satan, dans lâagitation et le trouble jusquâà sa destruction. Bientôt le Fils de lâhomme apparaîtra dans toute sa gloire, pour établir son règne de paix sur la terre; en ce jour-là personne ne pourra sâopposer à lui: Satan sera lié et les méchants seront comme le chaume dans lâardeur du feu (Malachie 4:1).
Enfin la multitude de lâarmée céleste proclame le «bon plaisir» de Dieu dans les hommes, dans les termes mêmes que Dieu emploie pour exprimer son bon plaisir en la personne de Jésus au baptême de Jean (chap. 3:22), manifesté par le fait que Jésus entrait dans ce monde dans la forme dâun homme. Dieu nâa pas pris son plaisir dans les anges; il nâa pas pris leur cause pour sauver ceux qui sont tombés, mais celle des hommes quâil veut amener dans la même relation avec lui-même que son propre Fils qui sera au milieu des rachetés, «premier-né entre plusieurs frères» (Romains 8:29).
Que la grâce de Dieu est merveilleuse dans le don de son propre Fils, pour accomplir ses desseins! Il a trouvé sa gloire à sortir cette création de dessous les conséquences du péché et à placer dans sa faveur les hommes coupables de tous les maux dont souffre la création. Nous comprenons que Dieu ait voulu faire célébrer par les multitudes de lâarmée céleste la naissance de Celui par lequel sâaccompliront ces choses magnifiques; car les hommes demeuraient étrangers à ce qui se passait à Bethléhem cette nuit-là . La naissance de Jésus et sa mort sur la croix sont les faits les plus glorieux des annales de lâéternité; le ciel ne pouvait garder le silence.
(v. 15-20). â Lorsque les anges se furent retirés, les bergers dirent entre eux: «Allons donc jusquâà Bethléhem, et voyons cette chose qui est arrivée que le Seigneur nous a fait connaître. Et ils allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche» (v. 15-16). Les nouvelles quâils avaient entendues touchant ce petit enfant produisirent chez les bergers le désir de le voir. Il doit en être de même pour nous aujourdâhui; plus nous apprenons ce quâest Jésus pour Dieu et pour nous, plus le désir de le voir grandit dans nos cÅurs, et plus il nous pousse à en apprendre davantage. Bientôt, avec les bergers et les rachetés, nous contemplerons, dans toutes ses gloires, Celui qui était couché dans la crèche de Bethléhem. Nous voyons dans ces hommes ce qui caractérise la foi: elle ne sâoccupe que de ce que Dieu dit; elle nâélève aucun raisonnement sur ses paroles, ni sur les moyens par lesquels elles sâaccomplissent. Le signe qui fit reconnaître aux bergers le Christ, le Seigneur, était un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche. Le message de Dieu leur en révélait la valeur. Leur foi le discernait aussi bien sous cette forme, que celle du brigand le voyait en lâhomme crucifié à ses côtés, là où le centurion romain a reconnu le Fils de Dieu. à son apparition, le «signe» sera aussi lui-même, le Fils de lâhomme venant en gloire (Matthieu 24:30).
«Lâayant vu, ils divulguèrent la parole qui leur avait été dite touchant ce petit enfant» (v. 17). Quel affermissement la foi de Marie ne reçut-elle pas par les paroles que rapportèrent les bergers! Il est dit que tous ceux qui les apprirent sâen étonnèrent; mais Marie «gardait toutes ces choses par devers elle, les repassant dans son cÅur» (v. 19). Puissions-nous tous, après avoir entendu parler du Seigneur, ne pas être seulement impressionnés, étonnés, mais garder et repasser dans nos cÅurs les paroles qui nous ont entretenus dâune telle personne! Câest là le moyen dâen profiter et dâapprendre à connaître toujours mieux notre Sauveur, notre Seigneur, notre vie, notre modèle, et le but que nous avons à poursuivre ici-bas. Occupés dâun tel objet, nous serons gardés des convoitises de ce monde; nous ressemblerons à Jésus dans toute notre vie, ce qui fera de nous ses véritables témoins. Pour ceux qui ne trouvent en Jésus aucun attrait, aucune beauté, dans le cÅur desquels son nom nâéveille aucun besoin de le voir, ni dâentendre quelque chose de lui, que Dieu veuille ouvrir leur cÅur afin quâils le reçoivent comme Sauveur, car dans cet état-là ils sont perdus, et peuvent, dâun instant à lâautre, être appelés à comparaître devant Dieu.
Après avoir vu le petit enfant et avoir rapporté les paroles de lâange, «les bergers sâen retournèrent, glorifiant et louant Dieu de toutes les choses quâils avaient entendues et vues, selon quâil leur en avait été parlé» (v. 20). Bienheureux ceux qui sont en communion de pensées avec Dieu au sujet de son Fils, aujourdâhui comme alors!
Nous sommes très près, chers lecteurs, dâun événement glorieux, conséquence de celui qui nous occupe dans ce chapitre, et qui se passera dâune manière plus inaperçue des hommes que la naissance de Jésus, puisquâil aura lieu en un clin dâÅil. Vous savez tous quel il est. Vous réjouit-il?
(v. 21-35). â Les parents de Jésus, â câest ainsi que Marie et Joseph sont appelés au v. 27, â accomplirent à son égard tout ce que la loi exigeait. Au temps voulu, ils le portèrent au temple à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, car lâÃternel avait un droit spécial sur tous les premiers-nés dâIsraël (Exode 13:2), parce quâils avaient été épargnés en Ãgypte lors de la destruction des premiers-nés des Ãgyptiens. Puis un sacrifice de purification devait être offert au bout de trente-trois jours, selon Lévitique 12. Le sacrifice de Joseph et de Marie montre quâils étaient pauvres, tout en appartenant à la famille de David. La loi prévoyait le cas où des parents ne pourraient pas offrir un agneau: ils le remplaçaient par deux tourterelles ou deux jeunes colombes. Joseph et Marie présentèrent deux colombes. Toutes les circonstances font ressortir dans quel abaissement est venu celui qui «vécut dans la pauvreté pour nous enrichir».
Pendant que Marie et Joseph se trouvaient dans le temple, un vieillard nommé Siméon y arriva, conduit par lâEsprit de Dieu. «Il était juste et pieux, et il attendait la consolation dâIsraël». Sa justice pratique et sa piété ne lui permettaient pas de sâaccommoder de lâétat de choses qui caractérisait le peuple; il connaissait la promesse dâun libérateur; il lâattendait. Dieu, répondant à sa fidélité, lâavait averti «par lâEsprit Saint quâil ne verrait pas la mort, que premièrement il nâeût vu le Christ du Seigneur». Câest le même Esprit qui le conduisit au temple afin dây rencontrer le libérateur promis. «Comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour faire à son égard selon lâusage de la loi, il le prit entre ses bras et bénit Dieu et dit: Maintenant, Seigneur, tu laisses aller ton esclave en paix selon ta parole; car mes yeux ont vu ton salut, lequel tu as préparé devant la face de tous les peuples: une lumière pour la révélation des nations, et la gloire de ton peuple Israël» (v. 27-32). De même que Marie et Zacharie, Siméon voit dans lâavènement de lâenfant Jésus lâaccomplissement des promesses faites aux pères, savoir, la bénédiction dâIsraël et des nations. Il a tenu dans ses bras le petit enfant, cela lui suffit; il peut sâen aller en paix. La parole de Dieu lâavait encouragé dans sa foi en lâassurant de la délivrance; maintenant il a vu le salut de Dieu, le moyen par lequel Dieu sauvera son peuple et accomplira toutes ses promesses.
Joseph et Marie sâétonnaient des choses dites de Jésus. On voit quâils nâavaient pas compris les gloires de cet enfant merveilleux, ni toutes les conséquences glorieuses de sa venue ici-bas. Siméon les bénit et dit à Marie: «Voici, celui-ci est mis pour la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et pour un signe que lâon contredira (et même une épée transpercera ta propre âme), en sorte que les pensées de plusieurs cÅurs soient révélées» (v. 34-35). Enseigné de Dieu, Siméon comprend lâeffet que produirait au milieu du peuple plongé dans le péché la présence du bien suprême. Jésus serait une occasion de chute pour ceux qui le rejetteraient et de relèvement pour ceux qui le recevraient. Il devrait endurer la contradiction «des pécheurs contre lui-même» (Hébreux 12:3), et Marie aurait lââme transpercée en voyant rejeter et mourir celui quâelle pouvait appeler son fils. On se représente aisément la souffrance de cette mère, témoin de tout ce que Jésus endura de la part des Juifs durant son ministère dâamour qui se termina par sa mort à la croix.
(v. 36-38). â En même temps que Siméon, une femme pieuse, fort avancée en âge, Anne, une prophétesse, se trouvait dans le temple quâelle ne quittait pas. Elle servait Dieu en jeûnes et en prières, nuit et jour. Survenant à ce moment, elle louait le Seigneur et parlait de lui à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance apportée par le Messie. Malachie en avait parlé: «Alors ceux qui craignent lâÃternel ont parlé lâun à lâautre, et lâÃternel a été attentif et a entendu, et un livre de souvenir a été écrit devant lui pour ceux qui craignent lâÃternel, et pour ceux qui pensent à son nom» (chap. 3:16). Malachie décrit lâétat moral dans lequel se trouvait le peuple depuis le retour de la captivité jusquâà la naissance du Seigneur. Le peuple lui-même était satisfait de son état qui, extérieurement, paraissait en ordre, mais nâavait que la forme de la piété, comme la chrétienté actuellement. Une personne pieuse comme Anne ne pouvait que jeûner et prier dans un milieu semblable. Le jeûne indiquait quâelle ne prenait aucune part à la satisfaction et aux jouissances du peuple. Par la prière elle sâattendait à Dieu qui seul était sa part et pouvait seul amener le changement nécessaire pour jouir de la bénédiction promise. Le service de cette pieuse femme, en attendant la naissance du Christ, est le même pour ceux qui aujourdâhui attendent la venue du Seigneur. Elle ne quittait pas le temple, lieu de bonheur et de paix pour lâIsraélite pieux. Au Psaumes 84:2, 3, 5, 11, David exprime en ces termes ses sentiments et ceux du résidu dâIsraël chassé de son pays aux derniers jours: «Combien sont aimables tes demeures, ô Ãternel des armées! Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de lâÃternel... Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison; ils te loueront incessamment... Car, un jour dans tes parvis vaut mieux que mille». Actuellement, le croyant peut réaliser individuellement la présence de Dieu, en vivant à part du mal, et collectivement là où deux ou trois sont réunis au nom du Seigneur. Nous avons donc le privilège de vivre, comme Anne, séparés du monde, dans la présence de Dieu en jeûnes et en prières, et aussi en parlant du Seigneur à tous ceux qui lâattendent. Ainsi, nous serons bien placés pour avertir ceux qui ne connaissent pas le Seigneur, qui sâétourdissent dans un monde mûr pour le jugement.
Peu nombreux étaient ceux qui craignaient lâÃternel et qui pensaient à son nom en attendant la délivrance. Malachie dit quâils «parlaient lâun à lâautre»; mais lâÃternel prêtait attention à ces entretiens. Un livre de souvenir était écrit devant lui pour ceux qui le craignaient et pensaient à son nom. Les rois inscrivaient dans un livre les exploits que leurs sujets accomplissaient pour eux (voir Esther 2:23 et 6:1-2). Ainsi Dieu enregistre encore maintenant les grandes actions de ceux qui le craignent et agissent en conséquence, en attendant la délivrance par la venue du Seigneur. Comme le résidu dâalors, ils sont le trésor particulier du Seigneur. Quelle grande chose, en effet, que de pouvoir, comme Anne et ses semblables, nous comporter dans ces temps de la fin de manière à donner satisfaction au cÅur du Seigneur, alors petit enfant, maintenant personne glorifiée que nous attendons. Quâil sâagisse de la venue du Seigneur à sa naissance, ou pour enlever les saints, ou encore pour régner, il apparaît toujours «à ceux qui lâattendent» (Hébreux 9:28).
Anne avait vécu sept ans avec un mari et lâavait perdu depuis quatre-vingt-quatre ans environ. Elle était donc très âgée. Avec les chiffres donnés, cette femme peut représenter le peuple dâIsraël: les sept ans passés avec son mari seraient une figure du temps pendant lequel Israël réalisait sa relation avec Dieu au commencement de son histoire, sept exprimant un temps parfait; et quatre-vingt-quatre ans â 7 fois 12 â représenteraient le temps pendant lequel ce malheureux peuple était comme une veuve sans son mari, parce quâil avait rejeté son Dieu.
(v. 39-52). â Dieu nâa pas trouvé à propos de nous donner lâhistoire de la vie de Jésus dès sa naissance jusquâà son entrée dans son ministère. Mais lâEsprit de Dieu, en choisissant Luc pour nous présenter tout particulièrement lâhumanité de Christ, nous parle suffisamment de ce temps dans le reste de notre chapitre, pour préserver notre esprit de toute pensée imaginaire et erronée à lâégard de la divinité et de lâhumanité de ce précieux Sauveur, en nous montrant que, de la crèche à la croix, Jésus avait toujours conscience de sa divinité, en même temps quâil réalisait tout ce qui appartient à une humanité parfaite, de sa naissance jusquâà lââge mûr.
Se laissant aller à leur imagination, certaines personnes ont prétendu que Jésus, avant le commencement de son ministère, accomplissait des miracles en travaillant avec Joseph à son métier de charpentier, et ont allégué dâautres faits encore que la Parole ne mentionne pas. Il faut rejeter tout ce que lâon a raconté de Jésus pendant les trente premières années de sa vie, sauf ce que nous en disent les deux premiers chapitres de Luc.
Lorsque Marie et Joseph eurent accompli tout ce que la loi exigeait, «ils sâen retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville». Câest dans cette cité et dans cette contrée méprisées que devait sâécouler, humblement, la vie de Jésus avant sa présentation au peuple. Ce séjour lui valut le nom dédaigneux de Nazarénien. Rien dans sa vie, durant ce temps-là , nâavait attiré lâattention des hommes; Jean le Baptiseur ne le connaissait pas, les habitants de Galilée encore moins; il était connu dâeux comme «le fils du charpentier», et même comme «le charpentier» (Marc 6:3).
Au v. 40, nous lisons: «Et lâenfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse; et la faveur de Dieu était sur lui». Son évolution intellectuelle et physique suivait un cours absolument naturel et normal, toujours en rapport avec son âge. Il était rempli de sagesse. Sa vie humaine avait une origine divine. Sa sagesse était aussi parfaite que son développement physique; aucune trace de péché nâentravait sa croissance. La faveur de Dieu ne pouvait que reposer sur un tel enfant.
Comme tout Israélite devait le faire selon la loi, les parents de Jésus allaient chaque année à Jérusalem, «à la fête de Pâque». Lorsque Jésus eut douze ans, il y monta aussi avec eux. La fête terminée, Joseph et Marie reprirent le chemin de la Galilée avec leurs compatriotes. Croyant Jésus dans la troupe des voyageurs, ils firent une journée de marche avant de sâapercevoir quâil ne les suivait pas. Aussitôt ils revinrent à Jérusalem à sa recherche. Après trois jours, «ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui lâentendaient sâétonnaient de son intelligence et de ses réponses» (v. 46-47). Remarquez comment tout est parfait dans lâattitude de cet enfant de douze ans, au milieu des docteurs juifs: «Il les écoutait et les interrogeait». Il aurait pu les enseigner, mais il aurait abandonné la perfection de son humanité correspondant à son âge; car il ne sied pas à un enfant de douze ans dâenseigner des docteurs, parmi lesquels pouvaient se trouver des vieillards; sa sagesse et son intelligence extraordinaires se manifestaient par ses réponses et ses questions qui étonnaient son entourage. Interroger et répondre à ce quâon lui demande, câest ce qui convient à un enfant. Plus tard, câest lâenseignement de Jésus qui surprendra les Juifs. En Marc 1:22, il est dit: «Et ils sâétonnaient de sa doctrine; car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes». Les huissiers envoyés pour le prendre reviennent en disant: «Jamais homme ne parla comme cet homme» (Jean 7:46). En attendant, Jésus suit le développement humain en tout ce qui convient à son âge. Il se soumet, en venant dans ce monde, aux lois naturelles que lui-même, comme Dieu, avait créées. Combien lâhumanité de Christ est merveilleuse, quâon la considère dans son enfance, aussi bien que dans son ministère! Cela fait aussi admirer et comprendre cet amour merveilleux, source et cause de lâabaissement volontaire de celui qui a consenti à devenir homme au milieu des hommes pour leur manifester lâamour de Dieu et prendre sur lui les conséquences de leur désobéissance sous le jugement de Dieu.
Lorsque les parents de Jésus le trouvèrent au milieu des docteurs, «ils furent frappés dâétonnement, et sa mère lui dit: Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait ainsi? Voici, ton père et moi nous te cherchions, étant en grande peine. Et il leur dit: Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas quâil me faut être aux affaires de mon Père» (v. 48-49). Marie et Joseph ne comprenaient pas que, pour un enfant doué dâun pareil développement spirituel, il y avait quelque chose qui lâattirait plus à Jérusalem que le retour immédiat, après la fête, aux affaires de la vie ordinaire. «Les affaires de son Père» occupaient son cÅur. à Jérusalem, dans la maison de Dieu, il se sentait naturellement attiré de ce côté-là . Câétait en parfait accord avec le développement quâil avait atteint et dont ses parents ne pouvaient se rendre compte: ils ne comprenaient pas suffisamment sa relation avec Dieu, dont lui-même avait toujours conscience, lui, le Fils de Dieu. «Et ils ne comprirent pas la parole quâil leur disait» (v. 50). Quelle merveille quâun tel enfant dans ce monde! mais quel sujet dâadoration et de reconnaissance pour ceux qui, éclairés par lâEsprit de Dieu, peuvent contempler sa personne et dire: «Câest pour moi que le Fils de Dieu a été trouvé tel ici-bas!»
«Et il descendit avec eux, et vint à Nazareth, et leur était soumis. Et sa mère conservait toutes ces paroles dans son cÅur» (v. 51). Lors même que Marie ne pouvait entrer intelligemment dans tout ce quâétait Jésus, son cÅur éprouvait une jouissance profonde à conserver ses paroles qui, sans doute, lui devinrent plus intelligibles plus tard. Jésus «leur était soumis»: paroles que doivent méditer tous les enfants aujourdâhui où lâon travaille si activement à développer lâintelligence de la jeunesse en la meublant de beaucoup de choses, autrefois réservées à un âge plus avancé. Il nâest pas rare de voir des enfants se prévaloir de leur prétendue supériorité intellectuelle pour ne pas se soumettre à leurs parents quâils considèrent comme des arriérés dans la voie du progrès. Que pensent-ils de Jésus qui était Dieu, qui possédait la toute-science et la toute-puissance, et qui pourtant était soumis à des parents humains incapables de sâélever à la hauteur de ses propres pensées? Nous aimons à répéter que la plénitude de la déité, qui habitait en lui corporellement, ne lâa jamais empêché de réaliser la perfection de lâhumanité; celle-ci ne consiste ni dans la grandeur, ni dans la puissance selon les hommes, mais dans la dépendance et lâobéissance absolues. Modèle de lâhomme fait, Jésus est aussi le modèle de lâenfant. Que Dieu nous accorde à tous de lâimiter!
«Et Jésus avançait en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes» (v. 52). Ce verset, comme le v. 40, nous fait voir que le développement humain de Jésus était progressif en sagesse et en stature, comme le serait celui de tout homme dans son état normal, mais sans péché. Il importe de distinguer entre «nature humaine» et «nature pécheresse». Jésus a participé à la première, mais pas à la seconde. Il a participé «au sang et à la chair» (Hébreux 2:14), mais non à notre nature déchue qui est péché. Lâhumanité est la création de Dieu, tandis que notre mauvaise nature résulte de la chute. Jésus devint homme afin de pouvoir mourir, et aussi souffrir, être tenté en toute chose à part le péché, afin de pouvoir sympathiser avec ceux qui, après lui, passent par la souffrance, dans le chemin qui conduit à la gloire, après avoir cru. Mais le Seigneur demeure homme pour lâéternité, et tous les rachetés seront aussi des hommes éternellement, hommes selon les conseils de Dieu, car Adam nâétait quâune figure de celui qui devait le remplacer et amener les hommes coupables et perdus dans un état de perfection, hors dâatteinte du péché et de la mort, la mort ayant été annulée et les péchés effacés par son Åuvre à la croix. «Ses délices étaient dans les fils des hommes» (Proverbes 8:31), dans lâéternité passée. Câest pourquoi, comme nous lâavons vu, à sa naissance les anges célèbrent le «bon plaisir de Dieu dans les hommes». Dans lâéternité les hommes célèbreront le Seigneur qui sâest fait homme afin dâavoir des compagnons dans la gloire. Déjà sur la terre ceux qui ont cru commencent le culte qui lui sera rendu éternellement.
versets 1-52
Naissance de Jésus
(v. 1-7). â Michée avait annoncé que la naissance de Jésus aurait lieu à Bethléem (chap. 5:2): «Et toi, Bethlehem Ephrata, bien que tu sois petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit dominer en Israël, et duquel les origines ont été dâancienneté, dès les jours dâéternité». Nous avons vu, au chapitre précédent, que Marie habitait Nazareth et non Bethlehem. Pour que lâÃcriture sâaccomplit, Dieu se servit dâun édit de César Auguste, le premier empereur romain et lâun des plus puissants, qui prescrivait le recensement de toute la population de lâempire. Chacun devait se rendre dans sa propre ville pour y être inscrit. Obéissant à lâordre dâAuguste, Joseph et Marie qui appartenaient à la famille de David, se rendirent à Bethlehem, la ville de leur ancêtre royal. Le recensement nâeut lieu que plus tard, lorsque Cyrénius eut le gouvernement de la Syrie. Dieu ne se préoccupe pas du dénombrement qui se fait dans les empires du monde; ce qui lui importait, câétait lâaccomplissement des Ãcritures. Et Auguste ne se doutait guère quâil devait ordonner, à une date trop hâtive, le recensement de ses peuples, afin que Celui qui, un jour, gouvernera le monde entier naquît au lieu indiqué par les prophètes. Dieu dispose de tout pour accomplir sa volonté, que ce soit un empereur, un grand poisson, une ânesse, un lion.
Quoique Bethlehem ait été la ville de David et que le couple venu de Nazareth ait appartenu à la famille royale, la naissance de Jésus, le Messie, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, nâeut pas lieu dans lâopulence. Dieu venant sur la terre pour sauver sa créature et affranchir la création de la servitude de la corruption, ne pouvait entrer dans ce monde au sein du luxe que lâhomme y a introduit pour chercher à oublier les conséquences du péché. Le Sauveur du monde apparut ici-bas dans les conditions qui se rapprochent le plus de celles où se trouvait Adam après son péché, lorsque Dieu, en prononçant le jugement du serpent, annonça que la semence de la femme briserait la puissance du Diable, qui, sous la forme du serpent, venait de placer lâhomme sous les conséquences du péché.
En Orient, maintenant encore, beaucoup de maisons se composent dâune cour intérieure et dâun rez-de-chaussée assez vaste où gens et bêtes trouvent un abri pendant la nuit ou le mauvais temps. Tel est le lieu où Marie mit au monde lâenfant Jésus, quâelle emmaillota et coucha dans une crèche, parce quâil nây avait pas de place pour eux dans lâhôtellerie. Il y en aurait eu, sans doute, pour quelque grand personnage, mais non pour ce pauvre couple venu de Galilée, pour un charpentier. Cependant le petit enfant qui venait de naître «serait grand», avait dit lâange à Marie; il serait appelé «Fils du Très-haut». Dans le langage prophétique, Ãsaïe avait parlé de lui en ces termes: «Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule; et on appellera son nom: Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. à lâaccroissement de son empire, et à la paix, il nây aura pas de fin, sur le trône de David et dans son royaume, pour lâétablir et le soutenir en jugement et en justice, dès maintenant et à toujours» (Ãsaïe 9:6-7). Pour le moment, cette grandeur était cachée au monde. Jésus, le Fils de lâhomme, faisait son entrée parmi les hommes dans lâhumilité la plus profonde, sous lâempire Gentil quâil détruira un jour. Dans la condition la plus obscure, il continuera son chemin, sâabaissant toujours, afin dâêtre accessible à tous et de mettre à la portée de chacun la grâce quâil offrait. Et cette vie, commencée ici-bas dans une étable, se terminera à la croix, car Jésus, sâétant anéanti comme Dieu, trouvé en figure comme un homme, est devenu obéissant jusquâà la mort, et à la mort de la croix (Philippiens 2:6-8), afin de sauver le pécheur.
Les bergers de Bethléhem
(v. 8-14). â Si, quant au monde, la naissance de Jésus a lieu dans une obscurité complète, il nâen est pas de même pour le ciel. Dieu ne peut laisser passer un événement dâune si grande importance pour Lui sans le faire connaître. Mais qui choisira-t-il pour révéler ce fait merveilleux et pour dire ce que le ciel en pense? Ce ne sera ni la cour de Rome, ni celle dâHérode, ni même les souverains sacrificateurs. Toute cette scène merveilleuse doit se dérouler dans le même cadre, dans un humble milieu où les cÅurs, nâayant rien ici-bas, peuvent sâunir au ciel pour donner gloire à Dieu. «Il y avait dans la même contrée des bergers demeurant aux champs, et gardant leur troupeau durant les veilles de la nuit. Et voici, un ange du Seigneur se trouva avec eux, et la gloire du Seigneur resplendit autour dâeux; et ils furent saisis dâune fort grande peur». à ces humbles personnages, mais connus de Dieu, un ange est envoyé du ciel; la gloire du Seigneur les environne pendant que leur Sauveur et Seigneur repose dans une crèche; cette gloire les effraie, mais ils seront rassurés lorsquâils verront celui qui a quitté cette gloire et sâest anéanti comme Dieu pour venir les sauver. Lâange dit aux bergers: «Nâayez point de peur, car voici, je vous annonce un grand sujet de joie qui sera pour tout le peuple; car aujourdâhui, dans la cité de David, vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et ceci en est le signe pour vous, câest que vous trouverez un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche» (v. 10-12). Ce nâétait, en effet, pas un sujet de peur, mais de joie pour ces bergers, comme pour tout le peuple, que lâapparition dâun ange avec la gloire du Seigneur, venant annoncer la naissance du Christ, le Sauveur du peuple et du monde. Cette scène ne présentait rien pour la gloire de lâhomme. La cité de David était une pauvre bourgade; ce qui causait cette grande joie, câétait un petit enfant couché dans une crèche. Mais ce qui est grand et glorieux, ce qui a de lâimportance, aujourdâhui comme alors, câest ce qui revêt ce caractère pour Dieu. Dieu ne se préoccupe pas des appréciations des hommes, car à lâégard des pensées de Dieu, «il nây a personne qui ait de lâintelligence» (Romains 3:11). «Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde, et celles qui sont méprisées, et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont; en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu» (1 Corinthiens 1:27-28). Quand le Seigneur sera manifesté en gloire, il en ira tout autrement: la gloire des hommes disparaîtra pour faire place à celle de Dieu, alors que «la terre sera pleine de la connaissance de la gloire de lâÃternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» (Habacuc 2:14). En ce jour-là : «lâÃternel seul sera haut élevé» (Ãsaïe 2:11).
«Et soudain il y eut avec lâange une multitude de lâarmée céleste, louant Dieu, et disant: Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts; et sur la terre, paix; et bon plaisir dans les hommes!» (v. 13, 14). En attendant que Dieu fût glorifié dans lâunivers entier, il lâétait à ce moment-là par le chÅur céleste. Un ange annonce le message aux bergers, mais une multitude dâanges proclame et célèbre les conséquences, pour Dieu et les hommes, de lâapparition dans ce monde du petit enfant couché dans la crèche. Trois choses merveilleuses sont annoncées:
«Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts!» La venue de Christ établit la gloire de Dieu dans les lieux très-hauts par la victoire du bien sur le mal, car Satan avait voulu ôter à Dieu sa gloire en amenant lâhomme et toute la création sous le jugement. Au contraire, Dieu serait glorifié au milieu de la scène de mal où se trouve lâhomme sous les conséquences du péché, en faisant triompher la grâce et obtenant ainsi une gloire quâil nâaurait pas eue sâil avait exécuté sur les hommes le jugement que tous avaient mérité.
«Sur la terre, paix». Nous ne voyons pas la paix établie dans ce monde depuis la venue de Jésus jusquâà nos jours, malgré tous les efforts des nations en vue de cela. Mais nous savons quâil y a un règne de paix pour cette création, tourmentée depuis si longtemps par les conséquences du péché; elle sera «affranchie de la servitude de la corruption», dit Paul, en Romains 8:21, et cela, par lâHomme qui venait de naître à Bethléhem. Sans sa naissance et sa vie dâobéissance jusquâà la mort, la terre fût demeurée sous la puissance de Satan, dans lâagitation et le trouble jusquâà sa destruction. Bientôt le Fils de lâhomme apparaîtra dans toute sa gloire, pour établir son règne de paix sur la terre; en ce jour-là personne ne pourra sâopposer à lui: Satan sera lié et les méchants seront comme le chaume dans lâardeur du feu (Malachie 4:1).
Enfin la multitude de lâarmée céleste proclame le «bon plaisir» de Dieu dans les hommes, dans les termes mêmes que Dieu emploie pour exprimer son bon plaisir en la personne de Jésus au baptême de Jean (chap. 3:22), manifesté par le fait que Jésus entrait dans ce monde dans la forme dâun homme. Dieu nâa pas pris son plaisir dans les anges; il nâa pas pris leur cause pour sauver ceux qui sont tombés, mais celle des hommes quâil veut amener dans la même relation avec lui-même que son propre Fils qui sera au milieu des rachetés, «premier-né entre plusieurs frères» (Romains 8:29).
Que la grâce de Dieu est merveilleuse dans le don de son propre Fils, pour accomplir ses desseins! Il a trouvé sa gloire à sortir cette création de dessous les conséquences du péché et à placer dans sa faveur les hommes coupables de tous les maux dont souffre la création. Nous comprenons que Dieu ait voulu faire célébrer par les multitudes de lâarmée céleste la naissance de Celui par lequel sâaccompliront ces choses magnifiques; car les hommes demeuraient étrangers à ce qui se passait à Bethléhem cette nuit-là . La naissance de Jésus et sa mort sur la croix sont les faits les plus glorieux des annales de lâéternité; le ciel ne pouvait garder le silence.
Visite des bergers
(v. 15-20). â Lorsque les anges se furent retirés, les bergers dirent entre eux: «Allons donc jusquâà Bethléhem, et voyons cette chose qui est arrivée que le Seigneur nous a fait connaître. Et ils allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche» (v. 15-16). Les nouvelles quâils avaient entendues touchant ce petit enfant produisirent chez les bergers le désir de le voir. Il doit en être de même pour nous aujourdâhui; plus nous apprenons ce quâest Jésus pour Dieu et pour nous, plus le désir de le voir grandit dans nos cÅurs, et plus il nous pousse à en apprendre davantage. Bientôt, avec les bergers et les rachetés, nous contemplerons, dans toutes ses gloires, Celui qui était couché dans la crèche de Bethléhem. Nous voyons dans ces hommes ce qui caractérise la foi: elle ne sâoccupe que de ce que Dieu dit; elle nâélève aucun raisonnement sur ses paroles, ni sur les moyens par lesquels elles sâaccomplissent. Le signe qui fit reconnaître aux bergers le Christ, le Seigneur, était un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche. Le message de Dieu leur en révélait la valeur. Leur foi le discernait aussi bien sous cette forme, que celle du brigand le voyait en lâhomme crucifié à ses côtés, là où le centurion romain a reconnu le Fils de Dieu. à son apparition, le «signe» sera aussi lui-même, le Fils de lâhomme venant en gloire (Matthieu 24:30).
«Lâayant vu, ils divulguèrent la parole qui leur avait été dite touchant ce petit enfant» (v. 17). Quel affermissement la foi de Marie ne reçut-elle pas par les paroles que rapportèrent les bergers! Il est dit que tous ceux qui les apprirent sâen étonnèrent; mais Marie «gardait toutes ces choses par devers elle, les repassant dans son cÅur» (v. 19). Puissions-nous tous, après avoir entendu parler du Seigneur, ne pas être seulement impressionnés, étonnés, mais garder et repasser dans nos cÅurs les paroles qui nous ont entretenus dâune telle personne! Câest là le moyen dâen profiter et dâapprendre à connaître toujours mieux notre Sauveur, notre Seigneur, notre vie, notre modèle, et le but que nous avons à poursuivre ici-bas. Occupés dâun tel objet, nous serons gardés des convoitises de ce monde; nous ressemblerons à Jésus dans toute notre vie, ce qui fera de nous ses véritables témoins. Pour ceux qui ne trouvent en Jésus aucun attrait, aucune beauté, dans le cÅur desquels son nom nâéveille aucun besoin de le voir, ni dâentendre quelque chose de lui, que Dieu veuille ouvrir leur cÅur afin quâils le reçoivent comme Sauveur, car dans cet état-là ils sont perdus, et peuvent, dâun instant à lâautre, être appelés à comparaître devant Dieu.
Après avoir vu le petit enfant et avoir rapporté les paroles de lâange, «les bergers sâen retournèrent, glorifiant et louant Dieu de toutes les choses quâils avaient entendues et vues, selon quâil leur en avait été parlé» (v. 20). Bienheureux ceux qui sont en communion de pensées avec Dieu au sujet de son Fils, aujourdâhui comme alors!
Nous sommes très près, chers lecteurs, dâun événement glorieux, conséquence de celui qui nous occupe dans ce chapitre, et qui se passera dâune manière plus inaperçue des hommes que la naissance de Jésus, puisquâil aura lieu en un clin dâÅil. Vous savez tous quel il est. Vous réjouit-il?
Siméon
(v. 21-35). â Les parents de Jésus, â câest ainsi que Marie et Joseph sont appelés au v. 27, â accomplirent à son égard tout ce que la loi exigeait. Au temps voulu, ils le portèrent au temple à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, car lâÃternel avait un droit spécial sur tous les premiers-nés dâIsraël (Exode 13:2), parce quâils avaient été épargnés en Ãgypte lors de la destruction des premiers-nés des Ãgyptiens. Puis un sacrifice de purification devait être offert au bout de trente-trois jours, selon Lévitique 12. Le sacrifice de Joseph et de Marie montre quâils étaient pauvres, tout en appartenant à la famille de David. La loi prévoyait le cas où des parents ne pourraient pas offrir un agneau: ils le remplaçaient par deux tourterelles ou deux jeunes colombes. Joseph et Marie présentèrent deux colombes. Toutes les circonstances font ressortir dans quel abaissement est venu celui qui «vécut dans la pauvreté pour nous enrichir».
Pendant que Marie et Joseph se trouvaient dans le temple, un vieillard nommé Siméon y arriva, conduit par lâEsprit de Dieu. «Il était juste et pieux, et il attendait la consolation dâIsraël». Sa justice pratique et sa piété ne lui permettaient pas de sâaccommoder de lâétat de choses qui caractérisait le peuple; il connaissait la promesse dâun libérateur; il lâattendait. Dieu, répondant à sa fidélité, lâavait averti «par lâEsprit Saint quâil ne verrait pas la mort, que premièrement il nâeût vu le Christ du Seigneur». Câest le même Esprit qui le conduisit au temple afin dây rencontrer le libérateur promis. «Comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour faire à son égard selon lâusage de la loi, il le prit entre ses bras et bénit Dieu et dit: Maintenant, Seigneur, tu laisses aller ton esclave en paix selon ta parole; car mes yeux ont vu ton salut, lequel tu as préparé devant la face de tous les peuples: une lumière pour la révélation des nations, et la gloire de ton peuple Israël» (v. 27-32). De même que Marie et Zacharie, Siméon voit dans lâavènement de lâenfant Jésus lâaccomplissement des promesses faites aux pères, savoir, la bénédiction dâIsraël et des nations. Il a tenu dans ses bras le petit enfant, cela lui suffit; il peut sâen aller en paix. La parole de Dieu lâavait encouragé dans sa foi en lâassurant de la délivrance; maintenant il a vu le salut de Dieu, le moyen par lequel Dieu sauvera son peuple et accomplira toutes ses promesses.
Joseph et Marie sâétonnaient des choses dites de Jésus. On voit quâils nâavaient pas compris les gloires de cet enfant merveilleux, ni toutes les conséquences glorieuses de sa venue ici-bas. Siméon les bénit et dit à Marie: «Voici, celui-ci est mis pour la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et pour un signe que lâon contredira (et même une épée transpercera ta propre âme), en sorte que les pensées de plusieurs cÅurs soient révélées» (v. 34-35). Enseigné de Dieu, Siméon comprend lâeffet que produirait au milieu du peuple plongé dans le péché la présence du bien suprême. Jésus serait une occasion de chute pour ceux qui le rejetteraient et de relèvement pour ceux qui le recevraient. Il devrait endurer la contradiction «des pécheurs contre lui-même» (Hébreux 12:3), et Marie aurait lââme transpercée en voyant rejeter et mourir celui quâelle pouvait appeler son fils. On se représente aisément la souffrance de cette mère, témoin de tout ce que Jésus endura de la part des Juifs durant son ministère dâamour qui se termina par sa mort à la croix.
Anne
(v. 36-38). â En même temps que Siméon, une femme pieuse, fort avancée en âge, Anne, une prophétesse, se trouvait dans le temple quâelle ne quittait pas. Elle servait Dieu en jeûnes et en prières, nuit et jour. Survenant à ce moment, elle louait le Seigneur et parlait de lui à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance apportée par le Messie. Malachie en avait parlé: «Alors ceux qui craignent lâÃternel ont parlé lâun à lâautre, et lâÃternel a été attentif et a entendu, et un livre de souvenir a été écrit devant lui pour ceux qui craignent lâÃternel, et pour ceux qui pensent à son nom» (chap. 3:16). Malachie décrit lâétat moral dans lequel se trouvait le peuple depuis le retour de la captivité jusquâà la naissance du Seigneur. Le peuple lui-même était satisfait de son état qui, extérieurement, paraissait en ordre, mais nâavait que la forme de la piété, comme la chrétienté actuellement. Une personne pieuse comme Anne ne pouvait que jeûner et prier dans un milieu semblable. Le jeûne indiquait quâelle ne prenait aucune part à la satisfaction et aux jouissances du peuple. Par la prière elle sâattendait à Dieu qui seul était sa part et pouvait seul amener le changement nécessaire pour jouir de la bénédiction promise. Le service de cette pieuse femme, en attendant la naissance du Christ, est le même pour ceux qui aujourdâhui attendent la venue du Seigneur. Elle ne quittait pas le temple, lieu de bonheur et de paix pour lâIsraélite pieux. Au Psaumes 84:2, 3, 5, 11, David exprime en ces termes ses sentiments et ceux du résidu dâIsraël chassé de son pays aux derniers jours: «Combien sont aimables tes demeures, ô Ãternel des armées! Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de lâÃternel... Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison; ils te loueront incessamment... Car, un jour dans tes parvis vaut mieux que mille». Actuellement, le croyant peut réaliser individuellement la présence de Dieu, en vivant à part du mal, et collectivement là où deux ou trois sont réunis au nom du Seigneur. Nous avons donc le privilège de vivre, comme Anne, séparés du monde, dans la présence de Dieu en jeûnes et en prières, et aussi en parlant du Seigneur à tous ceux qui lâattendent. Ainsi, nous serons bien placés pour avertir ceux qui ne connaissent pas le Seigneur, qui sâétourdissent dans un monde mûr pour le jugement.
Peu nombreux étaient ceux qui craignaient lâÃternel et qui pensaient à son nom en attendant la délivrance. Malachie dit quâils «parlaient lâun à lâautre»; mais lâÃternel prêtait attention à ces entretiens. Un livre de souvenir était écrit devant lui pour ceux qui le craignaient et pensaient à son nom. Les rois inscrivaient dans un livre les exploits que leurs sujets accomplissaient pour eux (voir Esther 2:23 et 6:1-2). Ainsi Dieu enregistre encore maintenant les grandes actions de ceux qui le craignent et agissent en conséquence, en attendant la délivrance par la venue du Seigneur. Comme le résidu dâalors, ils sont le trésor particulier du Seigneur. Quelle grande chose, en effet, que de pouvoir, comme Anne et ses semblables, nous comporter dans ces temps de la fin de manière à donner satisfaction au cÅur du Seigneur, alors petit enfant, maintenant personne glorifiée que nous attendons. Quâil sâagisse de la venue du Seigneur à sa naissance, ou pour enlever les saints, ou encore pour régner, il apparaît toujours «à ceux qui lâattendent» (Hébreux 9:28).
Anne avait vécu sept ans avec un mari et lâavait perdu depuis quatre-vingt-quatre ans environ. Elle était donc très âgée. Avec les chiffres donnés, cette femme peut représenter le peuple dâIsraël: les sept ans passés avec son mari seraient une figure du temps pendant lequel Israël réalisait sa relation avec Dieu au commencement de son histoire, sept exprimant un temps parfait; et quatre-vingt-quatre ans â 7 fois 12 â représenteraient le temps pendant lequel ce malheureux peuple était comme une veuve sans son mari, parce quâil avait rejeté son Dieu.
Enfance de Jésus
(v. 39-52). â Dieu nâa pas trouvé à propos de nous donner lâhistoire de la vie de Jésus dès sa naissance jusquâà son entrée dans son ministère. Mais lâEsprit de Dieu, en choisissant Luc pour nous présenter tout particulièrement lâhumanité de Christ, nous parle suffisamment de ce temps dans le reste de notre chapitre, pour préserver notre esprit de toute pensée imaginaire et erronée à lâégard de la divinité et de lâhumanité de ce précieux Sauveur, en nous montrant que, de la crèche à la croix, Jésus avait toujours conscience de sa divinité, en même temps quâil réalisait tout ce qui appartient à une humanité parfaite, de sa naissance jusquâà lââge mûr.
Se laissant aller à leur imagination, certaines personnes ont prétendu que Jésus, avant le commencement de son ministère, accomplissait des miracles en travaillant avec Joseph à son métier de charpentier, et ont allégué dâautres faits encore que la Parole ne mentionne pas. Il faut rejeter tout ce que lâon a raconté de Jésus pendant les trente premières années de sa vie, sauf ce que nous en disent les deux premiers chapitres de Luc.
Lorsque Marie et Joseph eurent accompli tout ce que la loi exigeait, «ils sâen retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville». Câest dans cette cité et dans cette contrée méprisées que devait sâécouler, humblement, la vie de Jésus avant sa présentation au peuple. Ce séjour lui valut le nom dédaigneux de Nazarénien. Rien dans sa vie, durant ce temps-là , nâavait attiré lâattention des hommes; Jean le Baptiseur ne le connaissait pas, les habitants de Galilée encore moins; il était connu dâeux comme «le fils du charpentier», et même comme «le charpentier» (Marc 6:3).
Au v. 40, nous lisons: «Et lâenfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse; et la faveur de Dieu était sur lui». Son évolution intellectuelle et physique suivait un cours absolument naturel et normal, toujours en rapport avec son âge. Il était rempli de sagesse. Sa vie humaine avait une origine divine. Sa sagesse était aussi parfaite que son développement physique; aucune trace de péché nâentravait sa croissance. La faveur de Dieu ne pouvait que reposer sur un tel enfant.
Comme tout Israélite devait le faire selon la loi, les parents de Jésus allaient chaque année à Jérusalem, «à la fête de Pâque». Lorsque Jésus eut douze ans, il y monta aussi avec eux. La fête terminée, Joseph et Marie reprirent le chemin de la Galilée avec leurs compatriotes. Croyant Jésus dans la troupe des voyageurs, ils firent une journée de marche avant de sâapercevoir quâil ne les suivait pas. Aussitôt ils revinrent à Jérusalem à sa recherche. Après trois jours, «ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui lâentendaient sâétonnaient de son intelligence et de ses réponses» (v. 46-47). Remarquez comment tout est parfait dans lâattitude de cet enfant de douze ans, au milieu des docteurs juifs: «Il les écoutait et les interrogeait». Il aurait pu les enseigner, mais il aurait abandonné la perfection de son humanité correspondant à son âge; car il ne sied pas à un enfant de douze ans dâenseigner des docteurs, parmi lesquels pouvaient se trouver des vieillards; sa sagesse et son intelligence extraordinaires se manifestaient par ses réponses et ses questions qui étonnaient son entourage. Interroger et répondre à ce quâon lui demande, câest ce qui convient à un enfant. Plus tard, câest lâenseignement de Jésus qui surprendra les Juifs. En Marc 1:22, il est dit: «Et ils sâétonnaient de sa doctrine; car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes». Les huissiers envoyés pour le prendre reviennent en disant: «Jamais homme ne parla comme cet homme» (Jean 7:46). En attendant, Jésus suit le développement humain en tout ce qui convient à son âge. Il se soumet, en venant dans ce monde, aux lois naturelles que lui-même, comme Dieu, avait créées. Combien lâhumanité de Christ est merveilleuse, quâon la considère dans son enfance, aussi bien que dans son ministère! Cela fait aussi admirer et comprendre cet amour merveilleux, source et cause de lâabaissement volontaire de celui qui a consenti à devenir homme au milieu des hommes pour leur manifester lâamour de Dieu et prendre sur lui les conséquences de leur désobéissance sous le jugement de Dieu.
Lorsque les parents de Jésus le trouvèrent au milieu des docteurs, «ils furent frappés dâétonnement, et sa mère lui dit: Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait ainsi? Voici, ton père et moi nous te cherchions, étant en grande peine. Et il leur dit: Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas quâil me faut être aux affaires de mon Père» (v. 48-49). Marie et Joseph ne comprenaient pas que, pour un enfant doué dâun pareil développement spirituel, il y avait quelque chose qui lâattirait plus à Jérusalem que le retour immédiat, après la fête, aux affaires de la vie ordinaire. «Les affaires de son Père» occupaient son cÅur. à Jérusalem, dans la maison de Dieu, il se sentait naturellement attiré de ce côté-là . Câétait en parfait accord avec le développement quâil avait atteint et dont ses parents ne pouvaient se rendre compte: ils ne comprenaient pas suffisamment sa relation avec Dieu, dont lui-même avait toujours conscience, lui, le Fils de Dieu. «Et ils ne comprirent pas la parole quâil leur disait» (v. 50). Quelle merveille quâun tel enfant dans ce monde! mais quel sujet dâadoration et de reconnaissance pour ceux qui, éclairés par lâEsprit de Dieu, peuvent contempler sa personne et dire: «Câest pour moi que le Fils de Dieu a été trouvé tel ici-bas!»
«Et il descendit avec eux, et vint à Nazareth, et leur était soumis. Et sa mère conservait toutes ces paroles dans son cÅur» (v. 51). Lors même que Marie ne pouvait entrer intelligemment dans tout ce quâétait Jésus, son cÅur éprouvait une jouissance profonde à conserver ses paroles qui, sans doute, lui devinrent plus intelligibles plus tard. Jésus «leur était soumis»: paroles que doivent méditer tous les enfants aujourdâhui où lâon travaille si activement à développer lâintelligence de la jeunesse en la meublant de beaucoup de choses, autrefois réservées à un âge plus avancé. Il nâest pas rare de voir des enfants se prévaloir de leur prétendue supériorité intellectuelle pour ne pas se soumettre à leurs parents quâils considèrent comme des arriérés dans la voie du progrès. Que pensent-ils de Jésus qui était Dieu, qui possédait la toute-science et la toute-puissance, et qui pourtant était soumis à des parents humains incapables de sâélever à la hauteur de ses propres pensées? Nous aimons à répéter que la plénitude de la déité, qui habitait en lui corporellement, ne lâa jamais empêché de réaliser la perfection de lâhumanité; celle-ci ne consiste ni dans la grandeur, ni dans la puissance selon les hommes, mais dans la dépendance et lâobéissance absolues. Modèle de lâhomme fait, Jésus est aussi le modèle de lâenfant. Que Dieu nous accorde à tous de lâimiter!
«Et Jésus avançait en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes» (v. 52). Ce verset, comme le v. 40, nous fait voir que le développement humain de Jésus était progressif en sagesse et en stature, comme le serait celui de tout homme dans son état normal, mais sans péché. Il importe de distinguer entre «nature humaine» et «nature pécheresse». Jésus a participé à la première, mais pas à la seconde. Il a participé «au sang et à la chair» (Hébreux 2:14), mais non à notre nature déchue qui est péché. Lâhumanité est la création de Dieu, tandis que notre mauvaise nature résulte de la chute. Jésus devint homme afin de pouvoir mourir, et aussi souffrir, être tenté en toute chose à part le péché, afin de pouvoir sympathiser avec ceux qui, après lui, passent par la souffrance, dans le chemin qui conduit à la gloire, après avoir cru. Mais le Seigneur demeure homme pour lâéternité, et tous les rachetés seront aussi des hommes éternellement, hommes selon les conseils de Dieu, car Adam nâétait quâune figure de celui qui devait le remplacer et amener les hommes coupables et perdus dans un état de perfection, hors dâatteinte du péché et de la mort, la mort ayant été annulée et les péchés effacés par son Åuvre à la croix. «Ses délices étaient dans les fils des hommes» (Proverbes 8:31), dans lâéternité passée. Câest pourquoi, comme nous lâavons vu, à sa naissance les anges célèbrent le «bon plaisir de Dieu dans les hommes». Dans lâéternité les hommes célèbreront le Seigneur qui sâest fait homme afin dâavoir des compagnons dans la gloire. Déjà sur la terre ceux qui ont cru commencent le culte qui lui sera rendu éternellement.