En dépit de toutes les bénédictions énumérées au chap. 5, Israël ne tarde pas à retomber dans le mal et à abandonner lâÃternel. Comme châtiment de cette infidélité, Dieu le livre entre les mains des Madianites. Le peuple passe à travers toutes les phases des misères matérielles (morales pour lâÃglise) qui suivent la recherche du monde et lâabandon de Dieu. Sous Jabin, Israël manquait dâarmes (5:8), sous le joug de Madian, il est affamé; deux conséquences de notre infidélité que nous subissons toujours, quand nous cherchons notre part avec le monde. Il sâempare de nous et nous enlève nos armes; notre force nous abandonne et nous perdons tout moyen de combattre; mais les vivres aussi nous manquent, car le monde nâa jamais nourri personne, et nous le sentons à la sécheresse qui envahit nos âmes quand, dans notre folie, nous avons abandonné la moelle et la graisse de la maison de Dieu pour des moissons qui sont un pur mirage du désert. Ce fut lâexpérience dâIsraël; Madian ne lui «laissait point de vivres».
Alors, dans sa misère, il crie à lâÃternel. Celui-ci répond et produit un nouveau réveil, dans lequel il cherche à atteindre, plus profondément que par le passé, la conscience de ce pauvre peuple. Il est intéressant de voir comment le Seigneur sây prend pour amener ce résultat. «LâÃternel envoya aux fils dâIsraël un prophète». Son nom nâest pas mentionné et nâimporte point, car cet homme est simplement le porteur de la parole de Dieu pour placer le peuple en Sa présence. Dieu a un moyen de nous bénir: sa Parole qui répond à tout et doit nous suffire parfaitement. Le Ps. 119 nous présente le rôle merveilleux que la Parole joue dans la vie du fidèle. Ce Psaume dépasse en longueur tous les autres. La parole de Dieu devrait occuper la même place dans notre vie. Avons-nous le sentiment de sa valeur? Remplit-elle nos jours et nos nuits, nos pensées tout au moins, quand le temps nous manque pour nous asseoir et la méditer?
Dieu applique dâune manière pleine de grâce (v. 8-10) cette Parole à la conscience des Israélites, leur disant tout ce quâil a fait pour eux, comment il leur donna la sortie, la délivrance, la victoire et lâentrée, et après avoir déployé devant eux toute sa bonté, il ajoute une seule parole: «Et vous nâavez pas écouté ma voix». Pas un mot du «comment» ils peuvent être délivrés; il ne leur ouvre pas encore le chemin pour revenir à lui. Le prophète disparaît, les laissant sous le poids de leur responsabilité en présence de la grâce. Dieu les avait portés dans ses bras et sur son cÅur; il avait été leur nuée de feu et dâobscurité; il avait combattu pour eux. Ai-je manqué, dit-il, à votre égard? Quâavez-vous fait? Bien plus que tous les reproches, ce silence est calculé pour atteindre la conscience! Elle est frappée, sinon atteinte; mais la parole de grâce ne donne pas encore au peuple infidèle ce dont il a besoin. Israël reste sans force en présence de lâennemi.
Tout le reste de ce chapitre nous montre comment Dieu opère pour susciter un serviteur en ces temps de ruine, et façonner un instrument puissant qui accomplisse son Åuvre de délivrance.
Avant dâaborder ce sujet, insistons sur une vérité générale. Lorsque le peuple de Dieu, comme tel, a perdu toute force, lââme peut trouver individuellement une force aussi grande, aussi merveilleuse, quâaux temps les plus prospères dâIsraël. Si cela est vrai, combien nos cÅurs devraient désirer ardemment de posséder cette force! Sommes-nous de ceux qui sâétablissent dans leur faiblesse, se mettant au niveau de ce qui les entoure, acceptant la mondanité de la famille de Dieu comme une chose inévitable ou nécessaire? Ou bien, avons-nous les oreilles de Gédéon, lorsque Dieu nous dit: Jâai à la disposition une force sans limites?
Passons à lâhistoire de cet homme de Dieu. Il était personnellement plus faible encore que son peuple: sans assurance devant lâennemi, car il se cachait pour battre son blé dans le pressoir (v. 11); sans ressources dans ses relations, car son millier était le plus pauvre en Manassé; sans force en lui-même, car il était le plus petit dans la maison de son père (v. 15); câest un tel homme que Dieu visite et se choisit pour serviteur, un homme ayant la conscience de son manque absolu de force et qui dit: Je nâai rien, Seigneur Ãternel! «Avec quoi sauverai-je Israël?» Quand il sâagit de lâÅuvre de Dieu dans ce monde, nous trouvons donc un premier grand principe, câest que Dieu ne demande pas ce que lâhomme pourrait lui offrir et nâen fait aucun cas. Il prend pour se glorifier des instruments faibles, ayant conscience de leur infirmité.
Mais il est un autre principe de la dernière importance: cette Åuvre exige que tout soit de Dieu. Avant que lâange de lâÃternel sâassît sous le térébinthe, Gédéon avait déjà la foi. Quelque vérité quâil eût encore à apprendre, il croyait à la parole de Dieu qui lui avait été transmise par ses pères (v. 13); de plus, il prenait parti avec le peuple de Dieu: «Si lâÃternel est avec nous»; «lâÃternel nous a abandonnés», dit-il. Il ne suivait pas le chemin de Héber, et portait avec les Israélites les conséquences de leur culpabilité. Le respect pour Sa parole et lâaffection pour Son peuple sont deux marques de la vie de Dieu en tout temps et chez tous les fidèles. Cependant Gédéon a beaucoup à apprendre. Sa foi est très faible, car il ignore la bonté de Dieu. Humble, sans doute, mais regardant à lui-même, il conclut de ce quâil est à ce que Dieu doit être pour lui. «Maintenant», dit-il, «lâÃternel nous a abandonnés». La conséquence de notre infidélité, câest quâil nây a plus dâespoir. Ainsi raisonne Gédéon, mais Dieu raisonne-t-il ainsi? «LâÃternel est avec toi, fort et vaillant homme!» Ah! quâil connaît encore peu ce quâil y a dans le cÅur de Dieu, et combien dââmes raisonnent comme lui! De plus, malgré son humilité, Gédéon nâa pas encore passé condamnation sur lui-même. Il désire offrir quelque chose, «apporter son présent» à lâÃternel (v. 18). Ce nâest sans doute pas avec la pensée de faire quelque grande chose pour Dieu, mais tout ira bien, pense-t-il, si Dieu accepte mon présent. Nous verrons la réponse de lâÃternel, mais revenons dâabord au principe énoncé plus haut, que Dieu seul entre en scène dans lâÅuvre de délivrance de son peuple. En premier lieu, «lâAnge de lâÃternel lui apparut». Comme à Saul sur le chemin de Damas, câest Dieu qui commence par se révéler lui-même à lââme de tous ses serviteurs dans la personne de Jésus. En second lieu, lâÃternel se révèle à Gédéon, comme sâassociant à lui: «LâÃternel est avec toi»; en troisième lieu, câest Lui qui donne un caractère à Gédéon, â «fort et vaillant homme», â caractère que Gédéon lui-même, faible et se cachant dans son pressoir, nâeût jamais rêvé dâobtenir. Quatrièmement, lâÃternel le regarde «en grâce» pour se révéler, non plus à lui, mais en lui, comme le Dieu de puissance. Si Gédéon nâa pas de force, lâÃternel en a pour lui; câest le secret quâil lui fait connaître, car il lui dit: «Cette force que tu as». Cinquièmement, câest Lui qui lâenvoie: «Va avec cette force», comme Paul, serviteur de Dieu, fut envoyé «non de la part des hommes, ni par lâhomme».
Enfin, Dieu lui donne la preuve de lâintérêt quâil lui porte. Gédéon, nous lâavons vu, voudrait offrir quelque chose à lâÃternel, mais celui-ci ne peut rien accepter de lâhomme comme tel. «Prends», dit-il, «la chair et les pains sans levain, et pose-les sur ce rocher-là , et verse le bouillon» (v. 20). La seule offrande que Dieu puisse accepter, câest Christ. Sâil ne reçoit pas telle quelle lâoffrande de Gédéon, il accepte ce qui représente Christ dans cette offrande. Cet homme de Dieu a une intelligence bien incomplète de la valeur des sacrifices que lâÃternel avait ordonnés aux fils dâIsraël; «la chair bouillie», «le bouillon dans le pot», étaient des témoins de son ignorance, mais Dieu distingue la réalité que cette faible foi recouvre et accepte lâoffrande, quand Gédéon la pose «sur le rocher». Le feu du jugement monte du rocher, consumant la chair et les pains sans levain. La preuve de lâintérêt que Dieu lui porte, est en figure le jugement tombé sur Christ!
Il faut encore que le serviteur apprenne à connaître la valeur de cette Åuvre pour lui-même. Dâabord il est rempli de frayeur: «Ah! Seigneur Ãternel, si câest pour cela que jâai vu lâAnge de lâÃternel face à face», mais «lâÃternel lui dit: Paix te soit; ne crains point, tu ne mourras pas!». La conséquence du jugement de lâoffrande consumée, câest la paix pour Gédéon. Pour être un serviteur de Dieu, il faut avoir reçu pour soi-même la connaissance de lâÅuvre de Christ et la paix qui en résulte, lâassurance dâune paix accomplie en vertu de ce qui sâest passé entre Dieu et Christ, la certitude de ce que Dieu, et non pas Gédéon, pense du sacrifice. Telle est la base de tout service chrétien, (hélas! comme les hommes lâont oublié!) car, ne possédant pas la paix pour nous-mêmes, comment pourrions-nous aller la proclamer à dâautres?
Le premier résultat de ce que Gédéon vient dâapprendre, nâest pas de le pousser dans le service (encore un fait complètement oublié des chrétiens de nos jours), mais dâen faire un adorateur. «Et Gédéon bâtit là un autel à lâÃternel, et lâappela Jéhovah-shalom (lâÃternel de paix)». Il faut, avant de servir, que le croyant soit entré comme adorateur en la présence de Dieu. La Parole illustre ce fait dans une multitude de cas, celui dâAbraham et de lâaveugle-né, entre autres. Gédéon loue le Dieu de paix et peut désormais offrir sur lâautel de lâadorateur un sacrifice que lâÃternel accepte.
Câest seulement après lâautel du culte que Dieu appelle Gédéon comme serviteur à rendre un témoignage public. Ce dernier commence par la maison paternelle. Il consiste à détruire «lâautel de Baal et lâidole qui est auprès», et à leur substituer lâautel du témoignage, lâautel du Dieu connu de Gédéon. Le devoir positif du témoin de Dieu est avant tout de jeter bas ses idoles. Pourquoi trouve-t-on parmi les chrétiens si peu de serviteurs véritables, marchant dans la puissance du témoignage pour Christ? Câest quâils nâont pas les deux autels. Et pourquoi nâont-ils pas le second? Câest quâils ne se sont pas munis de bois pour le sacrifice. Ce bois, ce sont les idoles (v. 26). Renversons-les, nâen laissons rien subsister; commençons dans le cercle étroit de la famille. Si nous ne le faisons pas, où sera notre témoignage? Le renversement des idoles est le secret de la puissance; lâEsprit de lâÃternel ne revêt Gédéon que lorsquâil a accompli cet acte. Nous nâavons plus comme lui des Baals de pierre et des ashères de bois, mais nous avons bien dâautres idoles et, peu semblables à lui, nous les préférons souvent à la puissance dâune marche fidèle avec Dieu. Gédéon obéit sans hésiter, sans compromis ni restriction. Pour lui, les idoles ne sont rien, comparées à ce Dieu quâil connaît. Ce «fort et vaillant homme» nâavait aucun courage naturel. La peur de lâennemi (v. 11), la frayeur de Dieu (v. 23), la crainte de la maison de son père (v. 27), le caractérisent. Il fait son Åuvre de nuit, craignant de la faire le jour; il la fait, néanmoins, car Dieu le lui a commandé. Ce nâest quâau matin que les gens de la ville sâen aperçoivent. Mais celui qui connaissait le caractère de Gédéon, ne lui avait pas dit: Fais cette Åuvre de jour. Nous aussi, faibles que nous sommes, ah! détruisons nos idoles en silence, quand nul Åil ne nous observe. Ne proclamons pas la chose très haut; accomplissons ce travail difficile avec crainte et tremblement, regardant à Dieu seul dans le silence de la nuit. Le monde sâapercevra bientôt que nous avons un nouvel autel quâil ne connaît pas, et que lâashère nâa de valeur pour nous que comme bois à brûler. Alors le monde qui nous avait supportés jusque-là , nous haïra. Câest lâautel du témoignage qui attire sur Gédéon lâanimosité de tous. Haï, mais quâimporte? car il reçoit le nom de Jerubbaal (que Baal plaide), et devient, en présence de tous, le représentant personnel de lâinanité des choses quâil adorait autrefois.
Le témoignage de Gédéon a pour effet de convaincre son père du néant de Baal. La foi du père est moindre que celle du fils. Gédéon détruit Baal, parce quâil a connu Dieu; Joas reçoit Dieu, parce quâil ne reconnaît plus Baal. Câest bien peu, mais câest quelque chose.
Mes frères, sommes-nous, devant le monde, les témoins de la folie de tout ce qui lâintéresse? Si nous nâavons pas gardé lâautel de Baal, peut-être avons-nous négligé de détruire «lâashère qui est à côté?» Le chemin de la puissance est celui dâune obéissance sans restriction à la parole de Dieu. à certains moments de nos vies, la puissance a caractérisé notre service, à dâautres elle nous a manqué. Demandons-nous alors si nous nâavons pas réédifié quelque idole détruite. Il nâest pas dâaction publique qui ne commence, pour le chrétien, par la fidélité dans le petit cercle où il est appelé à vivre.
Gédéon éprouve dâabord lâinimitié de ceux qui portent le nom de peuple de Dieu, contenue toutefois pour le moment par la sincérité de son témoignage. Madian et Amalek (v. 33) ne lâentendent pas ainsi. Si, dans leur folie, les gens de la ville cherchent à faire obstacle à leur propre délivrance, le monde sâefforce dâétouffer ce réveil qui sortirait Israël de lâesclavage.
Jusquâici, Gédéon ne faisait quâacte dâobéissance; maintenant, lâEsprit de lâÃternel le revêt. Son premier acte de puissance est de sonner de la trompette pour réunir les tribus à sa suite. La force dâIsraël est dans son rassemblement; câest ce que Satan et le monde craignent le plus.
Toutefois, Gédéon, malgré sa force, ne montre pas beaucoup de confiance en Dieu. Il demande des signes pour connaître si lâÃternel veut sauver le peuple de sa main. Tous les ordres de Dieu à Gédéon sont simples et clairs, mais lorsque Gédéon demande des signes à Dieu, tout devient obscur et compliqué. Nous avons de la peine à comprendre sa pensée. Je suppose que la toison représente Israël béni de Dieu, quand la sécheresse reste sur les nations, et vice versa, car, ayant éprouvé Dieu, Gédéon le soumet à une contre-épreuve. Pauvre foi, faible confiance en Lui! Mais le Dieu de grâce, sans se rebuter, fait ce que son serviteur demande. Il veut délivrer son peuple, il veut, par tous les moyens, soutenir le faible cÅur de son témoin, afin de lâengager dans son service et dâen faire un instrument à sa gloire.
versets 1-40
La parole de Dieu frappant la conscience (v. 1-10)
En dépit de toutes les bénédictions énumérées au chap. 5, Israël ne tarde pas à retomber dans le mal et à abandonner lâÃternel. Comme châtiment de cette infidélité, Dieu le livre entre les mains des Madianites. Le peuple passe à travers toutes les phases des misères matérielles (morales pour lâÃglise) qui suivent la recherche du monde et lâabandon de Dieu. Sous Jabin, Israël manquait dâarmes (5:8), sous le joug de Madian, il est affamé; deux conséquences de notre infidélité que nous subissons toujours, quand nous cherchons notre part avec le monde. Il sâempare de nous et nous enlève nos armes; notre force nous abandonne et nous perdons tout moyen de combattre; mais les vivres aussi nous manquent, car le monde nâa jamais nourri personne, et nous le sentons à la sécheresse qui envahit nos âmes quand, dans notre folie, nous avons abandonné la moelle et la graisse de la maison de Dieu pour des moissons qui sont un pur mirage du désert. Ce fut lâexpérience dâIsraël; Madian ne lui «laissait point de vivres».
Alors, dans sa misère, il crie à lâÃternel. Celui-ci répond et produit un nouveau réveil, dans lequel il cherche à atteindre, plus profondément que par le passé, la conscience de ce pauvre peuple. Il est intéressant de voir comment le Seigneur sây prend pour amener ce résultat. «LâÃternel envoya aux fils dâIsraël un prophète». Son nom nâest pas mentionné et nâimporte point, car cet homme est simplement le porteur de la parole de Dieu pour placer le peuple en Sa présence. Dieu a un moyen de nous bénir: sa Parole qui répond à tout et doit nous suffire parfaitement. Le Ps. 119 nous présente le rôle merveilleux que la Parole joue dans la vie du fidèle. Ce Psaume dépasse en longueur tous les autres. La parole de Dieu devrait occuper la même place dans notre vie. Avons-nous le sentiment de sa valeur? Remplit-elle nos jours et nos nuits, nos pensées tout au moins, quand le temps nous manque pour nous asseoir et la méditer?
Dieu applique dâune manière pleine de grâce (v. 8-10) cette Parole à la conscience des Israélites, leur disant tout ce quâil a fait pour eux, comment il leur donna la sortie, la délivrance, la victoire et lâentrée, et après avoir déployé devant eux toute sa bonté, il ajoute une seule parole: «Et vous nâavez pas écouté ma voix». Pas un mot du «comment» ils peuvent être délivrés; il ne leur ouvre pas encore le chemin pour revenir à lui. Le prophète disparaît, les laissant sous le poids de leur responsabilité en présence de la grâce. Dieu les avait portés dans ses bras et sur son cÅur; il avait été leur nuée de feu et dâobscurité; il avait combattu pour eux. Ai-je manqué, dit-il, à votre égard? Quâavez-vous fait? Bien plus que tous les reproches, ce silence est calculé pour atteindre la conscience! Elle est frappée, sinon atteinte; mais la parole de grâce ne donne pas encore au peuple infidèle ce dont il a besoin. Israël reste sans force en présence de lâennemi.
Gédéon formé pour le service (v. 11-40)
Tout le reste de ce chapitre nous montre comment Dieu opère pour susciter un serviteur en ces temps de ruine, et façonner un instrument puissant qui accomplisse son Åuvre de délivrance.
Avant dâaborder ce sujet, insistons sur une vérité générale. Lorsque le peuple de Dieu, comme tel, a perdu toute force, lââme peut trouver individuellement une force aussi grande, aussi merveilleuse, quâaux temps les plus prospères dâIsraël. Si cela est vrai, combien nos cÅurs devraient désirer ardemment de posséder cette force! Sommes-nous de ceux qui sâétablissent dans leur faiblesse, se mettant au niveau de ce qui les entoure, acceptant la mondanité de la famille de Dieu comme une chose inévitable ou nécessaire? Ou bien, avons-nous les oreilles de Gédéon, lorsque Dieu nous dit: Jâai à la disposition une force sans limites?
Passons à lâhistoire de cet homme de Dieu. Il était personnellement plus faible encore que son peuple: sans assurance devant lâennemi, car il se cachait pour battre son blé dans le pressoir (v. 11); sans ressources dans ses relations, car son millier était le plus pauvre en Manassé; sans force en lui-même, car il était le plus petit dans la maison de son père (v. 15); câest un tel homme que Dieu visite et se choisit pour serviteur, un homme ayant la conscience de son manque absolu de force et qui dit: Je nâai rien, Seigneur Ãternel! «Avec quoi sauverai-je Israël?» Quand il sâagit de lâÅuvre de Dieu dans ce monde, nous trouvons donc un premier grand principe, câest que Dieu ne demande pas ce que lâhomme pourrait lui offrir et nâen fait aucun cas. Il prend pour se glorifier des instruments faibles, ayant conscience de leur infirmité.
Mais il est un autre principe de la dernière importance: cette Åuvre exige que tout soit de Dieu. Avant que lâange de lâÃternel sâassît sous le térébinthe, Gédéon avait déjà la foi. Quelque vérité quâil eût encore à apprendre, il croyait à la parole de Dieu qui lui avait été transmise par ses pères (v. 13); de plus, il prenait parti avec le peuple de Dieu: «Si lâÃternel est avec nous»; «lâÃternel nous a abandonnés», dit-il. Il ne suivait pas le chemin de Héber, et portait avec les Israélites les conséquences de leur culpabilité. Le respect pour Sa parole et lâaffection pour Son peuple sont deux marques de la vie de Dieu en tout temps et chez tous les fidèles. Cependant Gédéon a beaucoup à apprendre. Sa foi est très faible, car il ignore la bonté de Dieu. Humble, sans doute, mais regardant à lui-même, il conclut de ce quâil est à ce que Dieu doit être pour lui. «Maintenant», dit-il, «lâÃternel nous a abandonnés». La conséquence de notre infidélité, câest quâil nây a plus dâespoir. Ainsi raisonne Gédéon, mais Dieu raisonne-t-il ainsi? «LâÃternel est avec toi, fort et vaillant homme!» Ah! quâil connaît encore peu ce quâil y a dans le cÅur de Dieu, et combien dââmes raisonnent comme lui! De plus, malgré son humilité, Gédéon nâa pas encore passé condamnation sur lui-même. Il désire offrir quelque chose, «apporter son présent» à lâÃternel (v. 18). Ce nâest sans doute pas avec la pensée de faire quelque grande chose pour Dieu, mais tout ira bien, pense-t-il, si Dieu accepte mon présent. Nous verrons la réponse de lâÃternel, mais revenons dâabord au principe énoncé plus haut, que Dieu seul entre en scène dans lâÅuvre de délivrance de son peuple. En premier lieu, «lâAnge de lâÃternel lui apparut». Comme à Saul sur le chemin de Damas, câest Dieu qui commence par se révéler lui-même à lââme de tous ses serviteurs dans la personne de Jésus. En second lieu, lâÃternel se révèle à Gédéon, comme sâassociant à lui: «LâÃternel est avec toi»; en troisième lieu, câest Lui qui donne un caractère à Gédéon, â «fort et vaillant homme», â caractère que Gédéon lui-même, faible et se cachant dans son pressoir, nâeût jamais rêvé dâobtenir. Quatrièmement, lâÃternel le regarde «en grâce» pour se révéler, non plus à lui, mais en lui, comme le Dieu de puissance. Si Gédéon nâa pas de force, lâÃternel en a pour lui; câest le secret quâil lui fait connaître, car il lui dit: «Cette force que tu as». Cinquièmement, câest Lui qui lâenvoie: «Va avec cette force», comme Paul, serviteur de Dieu, fut envoyé «non de la part des hommes, ni par lâhomme».
Enfin, Dieu lui donne la preuve de lâintérêt quâil lui porte. Gédéon, nous lâavons vu, voudrait offrir quelque chose à lâÃternel, mais celui-ci ne peut rien accepter de lâhomme comme tel. «Prends», dit-il, «la chair et les pains sans levain, et pose-les sur ce rocher-là , et verse le bouillon» (v. 20). La seule offrande que Dieu puisse accepter, câest Christ. Sâil ne reçoit pas telle quelle lâoffrande de Gédéon, il accepte ce qui représente Christ dans cette offrande. Cet homme de Dieu a une intelligence bien incomplète de la valeur des sacrifices que lâÃternel avait ordonnés aux fils dâIsraël; «la chair bouillie», «le bouillon dans le pot», étaient des témoins de son ignorance, mais Dieu distingue la réalité que cette faible foi recouvre et accepte lâoffrande, quand Gédéon la pose «sur le rocher». Le feu du jugement monte du rocher, consumant la chair et les pains sans levain. La preuve de lâintérêt que Dieu lui porte, est en figure le jugement tombé sur Christ!
Il faut encore que le serviteur apprenne à connaître la valeur de cette Åuvre pour lui-même. Dâabord il est rempli de frayeur: «Ah! Seigneur Ãternel, si câest pour cela que jâai vu lâAnge de lâÃternel face à face», mais «lâÃternel lui dit: Paix te soit; ne crains point, tu ne mourras pas!». La conséquence du jugement de lâoffrande consumée, câest la paix pour Gédéon. Pour être un serviteur de Dieu, il faut avoir reçu pour soi-même la connaissance de lâÅuvre de Christ et la paix qui en résulte, lâassurance dâune paix accomplie en vertu de ce qui sâest passé entre Dieu et Christ, la certitude de ce que Dieu, et non pas Gédéon, pense du sacrifice. Telle est la base de tout service chrétien, (hélas! comme les hommes lâont oublié!) car, ne possédant pas la paix pour nous-mêmes, comment pourrions-nous aller la proclamer à dâautres?
Le premier résultat de ce que Gédéon vient dâapprendre, nâest pas de le pousser dans le service (encore un fait complètement oublié des chrétiens de nos jours), mais dâen faire un adorateur. «Et Gédéon bâtit là un autel à lâÃternel, et lâappela Jéhovah-shalom (lâÃternel de paix)». Il faut, avant de servir, que le croyant soit entré comme adorateur en la présence de Dieu. La Parole illustre ce fait dans une multitude de cas, celui dâAbraham et de lâaveugle-né, entre autres. Gédéon loue le Dieu de paix et peut désormais offrir sur lâautel de lâadorateur un sacrifice que lâÃternel accepte.
Câest seulement après lâautel du culte que Dieu appelle Gédéon comme serviteur à rendre un témoignage public. Ce dernier commence par la maison paternelle. Il consiste à détruire «lâautel de Baal et lâidole qui est auprès», et à leur substituer lâautel du témoignage, lâautel du Dieu connu de Gédéon. Le devoir positif du témoin de Dieu est avant tout de jeter bas ses idoles. Pourquoi trouve-t-on parmi les chrétiens si peu de serviteurs véritables, marchant dans la puissance du témoignage pour Christ? Câest quâils nâont pas les deux autels. Et pourquoi nâont-ils pas le second? Câest quâils ne se sont pas munis de bois pour le sacrifice. Ce bois, ce sont les idoles (v. 26). Renversons-les, nâen laissons rien subsister; commençons dans le cercle étroit de la famille. Si nous ne le faisons pas, où sera notre témoignage? Le renversement des idoles est le secret de la puissance; lâEsprit de lâÃternel ne revêt Gédéon que lorsquâil a accompli cet acte. Nous nâavons plus comme lui des Baals de pierre et des ashères de bois, mais nous avons bien dâautres idoles et, peu semblables à lui, nous les préférons souvent à la puissance dâune marche fidèle avec Dieu. Gédéon obéit sans hésiter, sans compromis ni restriction. Pour lui, les idoles ne sont rien, comparées à ce Dieu quâil connaît. Ce «fort et vaillant homme» nâavait aucun courage naturel. La peur de lâennemi (v. 11), la frayeur de Dieu (v. 23), la crainte de la maison de son père (v. 27), le caractérisent. Il fait son Åuvre de nuit, craignant de la faire le jour; il la fait, néanmoins, car Dieu le lui a commandé. Ce nâest quâau matin que les gens de la ville sâen aperçoivent. Mais celui qui connaissait le caractère de Gédéon, ne lui avait pas dit: Fais cette Åuvre de jour. Nous aussi, faibles que nous sommes, ah! détruisons nos idoles en silence, quand nul Åil ne nous observe. Ne proclamons pas la chose très haut; accomplissons ce travail difficile avec crainte et tremblement, regardant à Dieu seul dans le silence de la nuit. Le monde sâapercevra bientôt que nous avons un nouvel autel quâil ne connaît pas, et que lâashère nâa de valeur pour nous que comme bois à brûler. Alors le monde qui nous avait supportés jusque-là , nous haïra. Câest lâautel du témoignage qui attire sur Gédéon lâanimosité de tous. Haï, mais quâimporte? car il reçoit le nom de Jerubbaal (que Baal plaide), et devient, en présence de tous, le représentant personnel de lâinanité des choses quâil adorait autrefois.
Le témoignage de Gédéon a pour effet de convaincre son père du néant de Baal. La foi du père est moindre que celle du fils. Gédéon détruit Baal, parce quâil a connu Dieu; Joas reçoit Dieu, parce quâil ne reconnaît plus Baal. Câest bien peu, mais câest quelque chose.
Mes frères, sommes-nous, devant le monde, les témoins de la folie de tout ce qui lâintéresse? Si nous nâavons pas gardé lâautel de Baal, peut-être avons-nous négligé de détruire «lâashère qui est à côté?» Le chemin de la puissance est celui dâune obéissance sans restriction à la parole de Dieu. à certains moments de nos vies, la puissance a caractérisé notre service, à dâautres elle nous a manqué. Demandons-nous alors si nous nâavons pas réédifié quelque idole détruite. Il nâest pas dâaction publique qui ne commence, pour le chrétien, par la fidélité dans le petit cercle où il est appelé à vivre.
Gédéon éprouve dâabord lâinimitié de ceux qui portent le nom de peuple de Dieu, contenue toutefois pour le moment par la sincérité de son témoignage. Madian et Amalek (v. 33) ne lâentendent pas ainsi. Si, dans leur folie, les gens de la ville cherchent à faire obstacle à leur propre délivrance, le monde sâefforce dâétouffer ce réveil qui sortirait Israël de lâesclavage.
Jusquâici, Gédéon ne faisait quâacte dâobéissance; maintenant, lâEsprit de lâÃternel le revêt. Son premier acte de puissance est de sonner de la trompette pour réunir les tribus à sa suite. La force dâIsraël est dans son rassemblement; câest ce que Satan et le monde craignent le plus.
Toutefois, Gédéon, malgré sa force, ne montre pas beaucoup de confiance en Dieu. Il demande des signes pour connaître si lâÃternel veut sauver le peuple de sa main. Tous les ordres de Dieu à Gédéon sont simples et clairs, mais lorsque Gédéon demande des signes à Dieu, tout devient obscur et compliqué. Nous avons de la peine à comprendre sa pensée. Je suppose que la toison représente Israël béni de Dieu, quand la sécheresse reste sur les nations, et vice versa, car, ayant éprouvé Dieu, Gédéon le soumet à une contre-épreuve. Pauvre foi, faible confiance en Lui! Mais le Dieu de grâce, sans se rebuter, fait ce que son serviteur demande. Il veut délivrer son peuple, il veut, par tous les moyens, soutenir le faible cÅur de son témoin, afin de lâengager dans son service et dâen faire un instrument à sa gloire.