Nous venons de considérer le brillant tableau dâune victoire divine remportée sur Satan par la foi. Après une telle conquête, Israël va, sans doute, marcher de victoire en victoire. Point du tout, le chap. 7 sâouvre en enregistrant une défaite. Une petite ville, un obstacle insignifiant comparé à Jéricho, et «peu de gens» suffisent pour mettre en fuite trois mille hommes dâIsraël et pour faire fondre comme de lâeau le cÅur du peuple tout entier.
Il y a des secrets de la défaite, comme il y a des secrets de la victoire. Et dâabord, le premier danger pour le croyant se trouve dans la victoire elle-même. Après lâavoir remportée, dans une véritable dépendance de Dieu, lââme, en présence des résultats, sâen attribue volontiers quelque chose, et dès lors le combat prochain est déjà perdu dâavance. Voyez ici le cas de Josué: «Josué envoya de Jéricho des hommes vers Aï» (v. 2). Il répète ce quâil avait fait au chap. 2:1, à lâégard du pays et de Jéricho. Alors câétait le chemin de Dieu, maintenant le même acte devient le chemin de lâhomme et de la chair. Les espions étaient rentrés de leur reconnaissance à Jéricho, en disant: «Oui, lâÃternel a livré tout le pays en nos mains». Pourquoi alors envoyer de nouveaux émissaires? Il y avait, en quelque mesure, oubli de la dépendance de Dieu et confiance dans les moyens de lâhomme. De plus, Josué les envoya «de Jéricho», qui nâest pas le vrai point de départ; il oublie Guilgal où lâon apprenait ce quâest la chair, ou peut-être ne sait-il pas encore que câest le lieu où il faut retourner? Josué a trouvé dans la victoire une occasion dâavoir confiance en la chair. Lui qui avait été jusquâici le type de Christ en Esprit, agissant dans le croyant pour le mettre en possession de ses privilèges, descend au niveau dâun homme du peuple. Josué type disparaît pour faire place à Josué homme. Nâen est-il pas souvent ainsi de nous? Dans sa mesure, chaque croyant est une image de Christ, une lettre destinée à le faire connaître. Dès que nous oublions Guilgal, cette image disparaît, pour faire place au vieil homme que nous avons négligé de juger.
Mais le peuple? Hélas! il suit lâexemple de son chef. Les hommes envoyés par Josué, «retournèrent vers lui, et lui dirent: Que tout le peuple ne monte point; que deux mille ou trois mille hommes environ montent, et ils frapperont Aï. Ne fatigue pas tout le peuple en lâenvoyant là , car ils sont peu nombreux» (v. 3). Ils ont la plus entière confiance en eux-mêmes. «Ils frapperont Aï». Quâest-ce pour nous, pour nos gens de guerre? Nâavons-nous pas montré à Jéricho ce que nous sommes? Dangereuse confiance! Mais il nây a pas seulement ce manque de dépendance de Dieu, cette confiance en soi, fruit dâune chair non jugée; il y a autre chose: des objets du butin, cachés à tous les yeux, sont enfouis dans la terre, au fond dâune tente; il y a de lâinterdit.
Dieu avait maudit la ville de Jéricho; tout ce qui lui appartenait était sous la malédiction; nul nâosait en retenir, de peur de devenir interdit lui-même, et de mettre le camp dâIsraël en interdit (6:18). Un seul homme avait désobéi. Cet homme, écoutant la convoitise, avait détourné des choses maudites. Lequel dâentre nous, chers lecteurs, nâa pas cela dans son cÅur? Mais cet homme avait suivi la pente naturelle; il avait commencé où nous commençons tous, où le premier homme a commencé: «Jâai vu» (v. 21). «Et la femme vit...» est-il dit en Gen. 3:6. Il avait des yeux qui savaient discerner les belles choses parmi le butin. Ses yeux étaient lâavenue de son cÅur; mais point de sentinelle pour veiller, nul «qui vive» qui pût retentir en cas dâattaque. Par les yeux, lâinterdit sâempare du cÅur et y excite la convoitise: «Je les ai convoités». La convoitise ayant conçu engendre le pêché: «Je les ai pris». Le beau manteau du pays de Babylone qui pouvait parer lâorgueil de la vie, lâargent et lâor qui pouvaient satisfaire toutes les convoitises, deviennent la proie dâAcan; ah! mais plutôt, ces choses ont fait de lui leur proie! â Chaîne fatale et satanique, reliant le monde au cÅur naturel de lâhomme, afin de faire de lui la proie du prince du monde!
Remarquez maintenant comment le péché dâun seul homme agit sur tout Israël (v. 1). «Mais les fils dâIsraël commirent un crime au sujet de lâanathème... et la colère de lâÃternel sâembrasa contre les fils dâIsraël». Le peuple aurait pu dire: «Est-ce que cela nous regarde? Comment aurions-nous pu connaître une chose cachée? Et, ne la connaissant pas, comment en serions-nous responsables?» à tout cela, nous répondons que Dieu a toujours devant les yeux lâunité de son peuple. Il en considère les individus comme membres dâun seul tout, et solidaires les uns des autres. La souffrance, le péché de lâun, est la souffrance, le péché de tous. Sâil en est ainsi dâIsraël, à bien plus forte raison de nous, lâÃglise de Christ, un corps uni par le Saint Esprit à la Tête qui est dans le ciel. Mais ensuite, si leurs âmes avaient été en bon état, Dieu aurait manifesté parmi eux le mal caché. La puissance du Saint Esprit, non contristé dans lâassemblée, met au jour tout ce qui déshonore Christ parmi les siens. Sâil nâen fut pas ainsi pour Israël, câest quâil y avait quelque chose à juger chez le peuple et son conducteur. Le mal caché dâAcan est le moyen de faire ressortir le mal caché du cÅur du peuple. Lorsque lâassemblée est en bon état, quoique toujours solidaire du péché dâun seul, elle est avertie par le Saint Esprit, et se trouve en demeure dâôter le mal du milieu dâelle et, selon le cas, dâôter le méchant1. Il en fut ainsi au commencement de lâÃglise, dans le cas de lâinterdit dâAnanias et de Sapphira; la puissance de lâEsprit de Dieu découvrit aussitôt et jugea le mal. Mais ici, en Israël, les cÅurs avaient à être amenés, par le jugement dâeux-mêmes, à porter le péché dâun seul comme étant le péché de tous devant Dieu. En est-il de même pour nous, dans ce temps de ruine? Le péché dans lâÃglise, nous a-t-il touchés? Sommes-nous solidaires, dans notre pensée, de toute la corruption introduite? Ou bien, voyant ces décombres, avons-nous assez de confiance en nous-mêmes, pour penser que nous ferons mieux que les autres, et que la ruine de lâÃglise nâest pas de notre fait? Si nos cÅurs ne sont pas habitués à prendre cette position devant Dieu, nous ne sommes que des sectaires. Mais, bien plus, une défaite éclatante viendra rappeler nos cÅurs à lâhumilité qui convient à ceux qui auraient dû se tenir à Guilgal. Voyez comme Dieu juge autrement que nos misérables cÅurs. Il dit: «Israël a péché; et même ils ont transgressé mon alliance que je leur avais commandée; et même ils ont pris de lâanathème; et même ils ont volé, et même ils ont menti, et ils lâont aussi mis dans leur bagage» (v. 11).
1 Il est ainsi nommé en Deut. 13:5; 19:19; 21:18-21; 24:7. (Cf. 1 Cor. 5:13). Il faut remarquer que les cas où un homme est qualifié de méchant, ne sont point tous spécifiés dans la Parole. Elle ne fait point mention du meurtrier, etc. Le jugement est laissé à la spiritualité de lâassemblée.
Nous voyons le châtiment du peuple aux versets 5 et 6; trois mille hommes dâIsraël sâenfuient devant ceux dâAï, et pour trente-six dâentre eux qui tombèrent, le cÅur du peuple se fond comme de lâeau. Ils sont anéantis; toute force, toute énergie leur manque; la peur sâest emparée de leurs âmes, leur courage avait été charnel. Ce peuple si fier de sa victoire est tombé au niveau des Amoréens, dont le «cÅur se fondait» en entendant parler du passage du Jourdain (5:1). Triste expérience que celle-là , mais expérience nécessaire. Vous avez oublié Guilgal; Satan va se charger de vous apprendre, à travers les larmes de la défaite, la dose de force que vos cÅurs naturels contiennent, et quelle confiance vous pouvez mettre en la chair. Ah! si vous aviez été avec Dieu, vous auriez été préservés dâune défaite! Câest ce que nous montre, dâune manière remarquable, lâexpérience de lâapôtre Paul. Il avait été victorieusement ravi jusquâau troisième ciel, dans le paradis, et là il avait entendu des paroles ineffables quâil nâest pas permis à lâhomme dâexprimer. Mais, redescendu sur la terre, il lui fut donné une écharde dans la chair, un ange de Satan pour le souffleter. La chair était en lui; elle se serait élevée. Dieu la prévient, et empêche son serviteur bien-aimé de sâenorgueillir. Le danger était grand. Eût-il écouté sa chair, que de choses flatteuses il pouvait sâadresser à la suite de cette merveilleuse vision, compromettant ainsi non seulement sa paix, mais son apostolat et sa course même. Mais Dieu prend soin de son serviteur et lui donne le correctif nécessaire afin que le cours de ses victoires ne soit pas interrompu. Paul apprend par lâécharde, que la chair, même la meilleure, ne vaut rien. Cette écharde est le Guilgal de Paul. Dieu lui dit: Quâimporte ton infirmité, ton écharde pour la chair: reste à Guilgal, câest précisément ce quâil te faut; ainsi la puissance sera mienne, tout entière, et remportera la victoire; et quant à toi, ma grâce te suffira. Position de souffrance et dâhumiliation pour Paul, mais position de bénédiction merveilleuse! Il était avec Dieu, en communion avec le Seigneur; lâange de Satan nâest que le moyen de le maintenir à Guilgal; non pas celui de lây ramener par une défaite.
Et Josué, lâhomme de Dieu? Hélas! il déchire ses vêtements et se jette le visage contre terre devant lâarche de lâÃternel (v. 6). Où était-elle donc dans le combat contre Aï, cette arche devant laquelle étaient tombés les murs de Jéricho? Le cÅur pieux de Josué en reconnaît la valeur; mais il ne sait que faire; il ignore lâinterdit et sâexhale en regrets, non point en regrets de ce quâil a fait, ni de ce que le peuple a fait, mais, hélas! en regrets de ce que Dieu a fait lui-même, quand il leur fit passer le Jourdain! «Que nous fussions demeurés au-delà du Jourdain!» dit-il. Comme ces paroles montrent bien ce quâest le cÅur de lâhomme! Cet endroit béni est le seul que Josué eût voulu fuir.
Le ton de sa requête révèle de la faiblesse. Ce qui occupe ses pensées, câest avant tout Israël, le nom dâIsraël; puis ce sont les Cananéens, le monde. «Israël a tourné le dos devant ses ennemis». «Le Cananéen et tous les habitants du pays lâentendront»; «ils retrancheront notre nom de dessus la terre». Puis, tout à la fin: «Que feras-tu pour ton grand nom?» (v. 8, 9). Lâexemple que nous offre lâhistoire de Moïse est bien différent (Ex. 32:11-13). Ce fidèle serviteur avait été sur la montagne de Dieu. Cette position fait que Dieu lui révèle le mal qui sâest passé dans le camp; le péché du peuple ne reste pas caché aux yeux de Moïse; il le connaît avant de descendre de la montagne. Pense-t-il à la honte dâIsraël? Non; il sâoccupe du nom de lâÃternel, de ce qui convient à ce nom. Il reconnaît les droits de la sainteté de Dieu offensée. Quant aux nations, il ne sâinquiète que de ceci: Dieu sera-t-il glorifié vis-à -vis des Ãgyptiens, par la défaite de son peuple? Quant à Israël, il fait appel à la grâce de Dieu, à la seule chose qui glorifie le nom de lâÃternel en présence dâIsraël coupable. Moïse intercède pour le peuple, car il nâa pas besoin, comme Josué, de retrouver pour lui-même la communion perdue; aussi est-il écouté. Josué, au contraire, est précisément dans la position où il ne devrait pas être. «Lève-toi», lui dit lâÃternel, «pourquoi te jettes-tu ainsi sur ta face?» (v. 10). Sâhumilier de son impuissance nâétait pas tout. Il était temps dâagir. Nous trouvons le contraire en Juges 20, où Israël aurait dû sâhumilier dâabord, puis agir. Misérable chair! Quel désordre elle introduit dans les choses de Dieu! Toujours hors du courant de Ses pensées, quand elle nâest pas en hostilité ouverte avec lui! Puissions-nous répéter avec lâapôtre: «Nous qui nâavons aucune confiance en la chair». Josué devait agir; il fallait que le méchant fût ôté du milieu dâeux.
Les enfants dâIsraël avaient bientôt oublié la présence de lâÃternel qui seul pouvait les éclairer, en découvrant le péché au milieu dâeux; Josué, lui-même, avait été pris en quelque mesure dans ce piège de Satan, et enveloppé dans lâaffaiblissement du peuple. Sâil avait réalisé personnellement la position prise au chap. 5, quand il «ôtait sa sandale de son pied», il aurait compris quâil fallait que le peuple fût saint, afin que le Dieu saint pût marcher avec lui. Mais Josué se jette sur son visage, fait presque un reproche à Dieu de sa grâce: «Pourquoi donc as-tu fait passer le Jourdain à ce peuple?» et oublie de parler de sa sainteté. Il nâétait pas, pour le moment du moins, dans le courant des pensées de Dieu. Dieu le lui fait sentir. Aucune de ses pensées nâétait à sa place. Quand lâinterdit entre dans le témoignage de Dieu, la chose à faire est de nous sanctifier et dâôter le mal du milieu de nous. Il ne sâagit pas ici de puissance, mais de sainteté et dâobéissance. Dieu dit à Josué: «Lève-toi, sanctifie le peuple». Se sanctifier, câest se séparer de tout mal pour Dieu. Il est impossible que Dieu marche avec nous sans la sainteté.
Chers lecteurs, câest une des vérités les plus importantes pour le temps actuel. Ce qui doit nous caractériser maintenant, câest, comme pour Philadelphie, la communion avec le «Saint et le Véritable». Remarquez que je ne parle ici que dâun cas ordinaire de retranchement, et non dâun cas de discipline compliqué par lâincapacité de lâassemblée pour juger le mal. Mais, direz-vous, vous négligez lâhumiliation? Non; la vraie humiliation dans un cas de retranchement, accompagne lâaction. Il fallait quâIsraël, soit le peuple, soit chacun individuellement, fût passé en revue par lâÅil scrutateur de lâÃternel lui-même (v. 14-15) leur conscience était ainsi réveillée, le moi jugé chacun prenait sa place en présence du jugement. Il en fut de même lors du retranchement du méchant de Corinthe. «La tristesse qui est selon Dieu» avait opéré chez les Corinthiens «une repentance à salut dont on nâa pas de regret». Lâhumiliation avait été produite par la tristesse, mais cette même tristesse avait produit lâactivité et le zèle pour purifier du mal lâassemblée de Dieu, en sorte que la vraie humiliation et lâaction avaient marché de pair. «Car voici, ce fait même que vous avez été attristés selon Dieu, quel empressement il a produit en vous, mais quelles excuses, mais quelle indignation, mais quelle crainte, mais quel ardent désir, mais quel zèle, mais quelle vengeance» (2 Cor. 7:10-11)
Revenons à la sainteté. Au ch. 5, Josué nous présente la sainteté individuelle, au chap. 7, il sâagit de sainteté collective. Il fallait que le peuple ôtât lâinterdit qui était entré au sein de lâassemblée, afin quâIsraël ne fût pas souillé, et nâeût pas lui-même le caractère dâinterdit. Il est rare de trouver parmi les chers enfants de Dieu lâintelligence de ces deux faces de la sainteté pratique. La plupart du temps, les chrétiens recherchent la première, une sainteté individuelle, mais ils nâestiment la seconde dâaucune importance. Jâai pris souvent un exemple pour montrer que la sainteté individuelle nâest jamais complètement comprise, si lâon ne réalise pas la sainteté collective: Mon fils est dâun caractère irréprochable. Tout le monde parle de lui et de ses vertus. On lâestime dans la ville; de toutes parts on me dit: «Quel bon fils vous avez!» Or ce fils, qui du reste ne sâenivre pas, va tous les jours passer la soirée au cabaret, en compagnie dâivrognes, au lieu de rester dans la maison de son père, pour sâasseoir à la table de famille. Puis-je lâappeler un bon fils?
En 2 Cor. 6:16 à 7:1, nous trouvons la liaison intime entre ces deux faces de la sainteté. Dieu commence par la sainteté collective. «Vous êtes le temple du Dieu vivant» (v. 16). «Le temple de Dieu est saint», est-il dit en 1 Cor. 3:17; câest la sainteté de position. Quelle convenance entre lui et les idoles? «Câest pourquoi sortez du milieu dâeux et soyez séparés» (v. 17); câest la sainteté pratique collective. Puis il ajoute (7:1): «Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et dâesprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu». Câest la sainteté individuelle, inséparable de la sainteté collective et des promesses qui lui sont faites.
Mais la sainteté collective nâest pas comprise parmi les enfants de Dieu, qui voudraient, hélas! traverser le monde en ne sâinquiétant pas des autres chrétiens. La solidarité du peuple de Dieu leur est une chose inconnue. On entend souvent dire: «Oh! moi, je ne me préoccupe pas des autres; je me trouve seul avec mon Dieu; je prends la cène pour moi», etc. Ah! ce nâest pas ainsi que Dieu nous considère. Je le répète: il nous voit tous ensemble comme formant un seul corps, uni par le Saint Esprit à son Fils glorifié. Le péché, la souffrance dâun membre, est le péché, la souffrance du corps. Un mot en passant sur cette parole que lâon trouve si souvent dans la bouche des chrétiens: «Je prends la cène pour moi». Que répond lâÃcriture? «Nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain» (1 Cor. 10:17). Quels sont les «plusieurs» avec qui vous professez être un seul corps? Pour excuser votre alliance avec le monde à la table du Seigneur, vous prenez, dites-vous, la cène pour vous seul; et vous ne voyez pas que vous professez être un seul corps avec les meurtriers de votre Sauveur, car câest le monde qui lâa crucifié!
Remarquez encore un point. Dieu dit: «Sanctifiez-vous pour demain» (v. 13). Ce nâest pas au moment de lâaction quâil faut se sanctifier, mais nous sommes appelés à le faire dâavance. Dâoù vient si souvent notre incapacité de juger le mal, dâagir pour Dieu? De ce que nous ne nous sommes pas sanctifiés le jour précédent. Dâoù vient quâau culte les cÅurs, si souvent, sont froids, les lèvres muettes pour la louange? De ce que nous nâavons pas obéi à la Parole: «Sanctifiez-vous pour demain». Il en est de même en 1 Cor. 5. Lâapôtre avait bien la puissance, mais non pas les Corinthiens. Eux devaient simplement obéir, en ôtant le vieux levain pour être une nouvelle pâte; il leur fallait ôter le méchant du milieu dâeux. â Acan avait participé à ce qui était sous la malédiction divine; il devait être simplement retranché, et il le fut dans la vallée dâAcor.
Mais, chose merveilleuse, nous lisons en Osée 2:15, cette parole consolante touchant Israël: «Je lui donnerai... la vallée dâAcor pour une porte dâespérance». Or, bien-aimés, il en est toujours ainsi. La bénédiction nous est donnée sur le seuil même du jugement. Câest en ce lieu que lââme, lors de sa conversion, trouve la porte dâespérance, câest là quâelle rencontre Christ. Câest ensuite dans la discipline que le croyant trouve le lieu dâespérance et de joie. Ce sera là , dans cette vallée, où le jugement de Dieu a été prononcé contre lui, que le peuple dâIsraël trouvera la bénédiction de Dieu; ce fut là que Josué trouva le relèvement de son âme, pour marcher désormais avec Dieu et conduire le peuple à la victoire.
versets 1-26
Aï et lâinterdit
Nous venons de considérer le brillant tableau dâune victoire divine remportée sur Satan par la foi. Après une telle conquête, Israël va, sans doute, marcher de victoire en victoire. Point du tout, le chap. 7 sâouvre en enregistrant une défaite. Une petite ville, un obstacle insignifiant comparé à Jéricho, et «peu de gens» suffisent pour mettre en fuite trois mille hommes dâIsraël et pour faire fondre comme de lâeau le cÅur du peuple tout entier.
Il y a des secrets de la défaite, comme il y a des secrets de la victoire. Et dâabord, le premier danger pour le croyant se trouve dans la victoire elle-même. Après lâavoir remportée, dans une véritable dépendance de Dieu, lââme, en présence des résultats, sâen attribue volontiers quelque chose, et dès lors le combat prochain est déjà perdu dâavance. Voyez ici le cas de Josué: «Josué envoya de Jéricho des hommes vers Aï» (v. 2). Il répète ce quâil avait fait au chap. 2:1, à lâégard du pays et de Jéricho. Alors câétait le chemin de Dieu, maintenant le même acte devient le chemin de lâhomme et de la chair. Les espions étaient rentrés de leur reconnaissance à Jéricho, en disant: «Oui, lâÃternel a livré tout le pays en nos mains». Pourquoi alors envoyer de nouveaux émissaires? Il y avait, en quelque mesure, oubli de la dépendance de Dieu et confiance dans les moyens de lâhomme. De plus, Josué les envoya «de Jéricho», qui nâest pas le vrai point de départ; il oublie Guilgal où lâon apprenait ce quâest la chair, ou peut-être ne sait-il pas encore que câest le lieu où il faut retourner? Josué a trouvé dans la victoire une occasion dâavoir confiance en la chair. Lui qui avait été jusquâici le type de Christ en Esprit, agissant dans le croyant pour le mettre en possession de ses privilèges, descend au niveau dâun homme du peuple. Josué type disparaît pour faire place à Josué homme. Nâen est-il pas souvent ainsi de nous? Dans sa mesure, chaque croyant est une image de Christ, une lettre destinée à le faire connaître. Dès que nous oublions Guilgal, cette image disparaît, pour faire place au vieil homme que nous avons négligé de juger.
Mais le peuple? Hélas! il suit lâexemple de son chef. Les hommes envoyés par Josué, «retournèrent vers lui, et lui dirent: Que tout le peuple ne monte point; que deux mille ou trois mille hommes environ montent, et ils frapperont Aï. Ne fatigue pas tout le peuple en lâenvoyant là , car ils sont peu nombreux» (v. 3). Ils ont la plus entière confiance en eux-mêmes. «Ils frapperont Aï». Quâest-ce pour nous, pour nos gens de guerre? Nâavons-nous pas montré à Jéricho ce que nous sommes? Dangereuse confiance! Mais il nây a pas seulement ce manque de dépendance de Dieu, cette confiance en soi, fruit dâune chair non jugée; il y a autre chose: des objets du butin, cachés à tous les yeux, sont enfouis dans la terre, au fond dâune tente; il y a de lâinterdit.
Dieu avait maudit la ville de Jéricho; tout ce qui lui appartenait était sous la malédiction; nul nâosait en retenir, de peur de devenir interdit lui-même, et de mettre le camp dâIsraël en interdit (6:18). Un seul homme avait désobéi. Cet homme, écoutant la convoitise, avait détourné des choses maudites. Lequel dâentre nous, chers lecteurs, nâa pas cela dans son cÅur? Mais cet homme avait suivi la pente naturelle; il avait commencé où nous commençons tous, où le premier homme a commencé: «Jâai vu» (v. 21). «Et la femme vit...» est-il dit en Gen. 3:6. Il avait des yeux qui savaient discerner les belles choses parmi le butin. Ses yeux étaient lâavenue de son cÅur; mais point de sentinelle pour veiller, nul «qui vive» qui pût retentir en cas dâattaque. Par les yeux, lâinterdit sâempare du cÅur et y excite la convoitise: «Je les ai convoités». La convoitise ayant conçu engendre le pêché: «Je les ai pris». Le beau manteau du pays de Babylone qui pouvait parer lâorgueil de la vie, lâargent et lâor qui pouvaient satisfaire toutes les convoitises, deviennent la proie dâAcan; ah! mais plutôt, ces choses ont fait de lui leur proie! â Chaîne fatale et satanique, reliant le monde au cÅur naturel de lâhomme, afin de faire de lui la proie du prince du monde!
Remarquez maintenant comment le péché dâun seul homme agit sur tout Israël (v. 1). «Mais les fils dâIsraël commirent un crime au sujet de lâanathème... et la colère de lâÃternel sâembrasa contre les fils dâIsraël». Le peuple aurait pu dire: «Est-ce que cela nous regarde? Comment aurions-nous pu connaître une chose cachée? Et, ne la connaissant pas, comment en serions-nous responsables?» à tout cela, nous répondons que Dieu a toujours devant les yeux lâunité de son peuple. Il en considère les individus comme membres dâun seul tout, et solidaires les uns des autres. La souffrance, le péché de lâun, est la souffrance, le péché de tous. Sâil en est ainsi dâIsraël, à bien plus forte raison de nous, lâÃglise de Christ, un corps uni par le Saint Esprit à la Tête qui est dans le ciel. Mais ensuite, si leurs âmes avaient été en bon état, Dieu aurait manifesté parmi eux le mal caché. La puissance du Saint Esprit, non contristé dans lâassemblée, met au jour tout ce qui déshonore Christ parmi les siens. Sâil nâen fut pas ainsi pour Israël, câest quâil y avait quelque chose à juger chez le peuple et son conducteur. Le mal caché dâAcan est le moyen de faire ressortir le mal caché du cÅur du peuple. Lorsque lâassemblée est en bon état, quoique toujours solidaire du péché dâun seul, elle est avertie par le Saint Esprit, et se trouve en demeure dâôter le mal du milieu dâelle et, selon le cas, dâôter le méchant1. Il en fut ainsi au commencement de lâÃglise, dans le cas de lâinterdit dâAnanias et de Sapphira; la puissance de lâEsprit de Dieu découvrit aussitôt et jugea le mal. Mais ici, en Israël, les cÅurs avaient à être amenés, par le jugement dâeux-mêmes, à porter le péché dâun seul comme étant le péché de tous devant Dieu. En est-il de même pour nous, dans ce temps de ruine? Le péché dans lâÃglise, nous a-t-il touchés? Sommes-nous solidaires, dans notre pensée, de toute la corruption introduite? Ou bien, voyant ces décombres, avons-nous assez de confiance en nous-mêmes, pour penser que nous ferons mieux que les autres, et que la ruine de lâÃglise nâest pas de notre fait? Si nos cÅurs ne sont pas habitués à prendre cette position devant Dieu, nous ne sommes que des sectaires. Mais, bien plus, une défaite éclatante viendra rappeler nos cÅurs à lâhumilité qui convient à ceux qui auraient dû se tenir à Guilgal. Voyez comme Dieu juge autrement que nos misérables cÅurs. Il dit: «Israël a péché; et même ils ont transgressé mon alliance que je leur avais commandée; et même ils ont pris de lâanathème; et même ils ont volé, et même ils ont menti, et ils lâont aussi mis dans leur bagage» (v. 11).
1 Il est ainsi nommé en Deut. 13:5; 19:19; 21:18-21; 24:7. (Cf. 1 Cor. 5:13). Il faut remarquer que les cas où un homme est qualifié de méchant, ne sont point tous spécifiés dans la Parole. Elle ne fait point mention du meurtrier, etc. Le jugement est laissé à la spiritualité de lâassemblée.
Nous voyons le châtiment du peuple aux versets 5 et 6; trois mille hommes dâIsraël sâenfuient devant ceux dâAï, et pour trente-six dâentre eux qui tombèrent, le cÅur du peuple se fond comme de lâeau. Ils sont anéantis; toute force, toute énergie leur manque; la peur sâest emparée de leurs âmes, leur courage avait été charnel. Ce peuple si fier de sa victoire est tombé au niveau des Amoréens, dont le «cÅur se fondait» en entendant parler du passage du Jourdain (5:1). Triste expérience que celle-là , mais expérience nécessaire. Vous avez oublié Guilgal; Satan va se charger de vous apprendre, à travers les larmes de la défaite, la dose de force que vos cÅurs naturels contiennent, et quelle confiance vous pouvez mettre en la chair. Ah! si vous aviez été avec Dieu, vous auriez été préservés dâune défaite! Câest ce que nous montre, dâune manière remarquable, lâexpérience de lâapôtre Paul. Il avait été victorieusement ravi jusquâau troisième ciel, dans le paradis, et là il avait entendu des paroles ineffables quâil nâest pas permis à lâhomme dâexprimer. Mais, redescendu sur la terre, il lui fut donné une écharde dans la chair, un ange de Satan pour le souffleter. La chair était en lui; elle se serait élevée. Dieu la prévient, et empêche son serviteur bien-aimé de sâenorgueillir. Le danger était grand. Eût-il écouté sa chair, que de choses flatteuses il pouvait sâadresser à la suite de cette merveilleuse vision, compromettant ainsi non seulement sa paix, mais son apostolat et sa course même. Mais Dieu prend soin de son serviteur et lui donne le correctif nécessaire afin que le cours de ses victoires ne soit pas interrompu. Paul apprend par lâécharde, que la chair, même la meilleure, ne vaut rien. Cette écharde est le Guilgal de Paul. Dieu lui dit: Quâimporte ton infirmité, ton écharde pour la chair: reste à Guilgal, câest précisément ce quâil te faut; ainsi la puissance sera mienne, tout entière, et remportera la victoire; et quant à toi, ma grâce te suffira. Position de souffrance et dâhumiliation pour Paul, mais position de bénédiction merveilleuse! Il était avec Dieu, en communion avec le Seigneur; lâange de Satan nâest que le moyen de le maintenir à Guilgal; non pas celui de lây ramener par une défaite.
Et Josué, lâhomme de Dieu? Hélas! il déchire ses vêtements et se jette le visage contre terre devant lâarche de lâÃternel (v. 6). Où était-elle donc dans le combat contre Aï, cette arche devant laquelle étaient tombés les murs de Jéricho? Le cÅur pieux de Josué en reconnaît la valeur; mais il ne sait que faire; il ignore lâinterdit et sâexhale en regrets, non point en regrets de ce quâil a fait, ni de ce que le peuple a fait, mais, hélas! en regrets de ce que Dieu a fait lui-même, quand il leur fit passer le Jourdain! «Que nous fussions demeurés au-delà du Jourdain!» dit-il. Comme ces paroles montrent bien ce quâest le cÅur de lâhomme! Cet endroit béni est le seul que Josué eût voulu fuir.
Le ton de sa requête révèle de la faiblesse. Ce qui occupe ses pensées, câest avant tout Israël, le nom dâIsraël; puis ce sont les Cananéens, le monde. «Israël a tourné le dos devant ses ennemis». «Le Cananéen et tous les habitants du pays lâentendront»; «ils retrancheront notre nom de dessus la terre». Puis, tout à la fin: «Que feras-tu pour ton grand nom?» (v. 8, 9). Lâexemple que nous offre lâhistoire de Moïse est bien différent (Ex. 32:11-13). Ce fidèle serviteur avait été sur la montagne de Dieu. Cette position fait que Dieu lui révèle le mal qui sâest passé dans le camp; le péché du peuple ne reste pas caché aux yeux de Moïse; il le connaît avant de descendre de la montagne. Pense-t-il à la honte dâIsraël? Non; il sâoccupe du nom de lâÃternel, de ce qui convient à ce nom. Il reconnaît les droits de la sainteté de Dieu offensée. Quant aux nations, il ne sâinquiète que de ceci: Dieu sera-t-il glorifié vis-à -vis des Ãgyptiens, par la défaite de son peuple? Quant à Israël, il fait appel à la grâce de Dieu, à la seule chose qui glorifie le nom de lâÃternel en présence dâIsraël coupable. Moïse intercède pour le peuple, car il nâa pas besoin, comme Josué, de retrouver pour lui-même la communion perdue; aussi est-il écouté. Josué, au contraire, est précisément dans la position où il ne devrait pas être. «Lève-toi», lui dit lâÃternel, «pourquoi te jettes-tu ainsi sur ta face?» (v. 10). Sâhumilier de son impuissance nâétait pas tout. Il était temps dâagir. Nous trouvons le contraire en Juges 20, où Israël aurait dû sâhumilier dâabord, puis agir. Misérable chair! Quel désordre elle introduit dans les choses de Dieu! Toujours hors du courant de Ses pensées, quand elle nâest pas en hostilité ouverte avec lui! Puissions-nous répéter avec lâapôtre: «Nous qui nâavons aucune confiance en la chair». Josué devait agir; il fallait que le méchant fût ôté du milieu dâeux.
Les enfants dâIsraël avaient bientôt oublié la présence de lâÃternel qui seul pouvait les éclairer, en découvrant le péché au milieu dâeux; Josué, lui-même, avait été pris en quelque mesure dans ce piège de Satan, et enveloppé dans lâaffaiblissement du peuple. Sâil avait réalisé personnellement la position prise au chap. 5, quand il «ôtait sa sandale de son pied», il aurait compris quâil fallait que le peuple fût saint, afin que le Dieu saint pût marcher avec lui. Mais Josué se jette sur son visage, fait presque un reproche à Dieu de sa grâce: «Pourquoi donc as-tu fait passer le Jourdain à ce peuple?» et oublie de parler de sa sainteté. Il nâétait pas, pour le moment du moins, dans le courant des pensées de Dieu. Dieu le lui fait sentir. Aucune de ses pensées nâétait à sa place. Quand lâinterdit entre dans le témoignage de Dieu, la chose à faire est de nous sanctifier et dâôter le mal du milieu de nous. Il ne sâagit pas ici de puissance, mais de sainteté et dâobéissance. Dieu dit à Josué: «Lève-toi, sanctifie le peuple». Se sanctifier, câest se séparer de tout mal pour Dieu. Il est impossible que Dieu marche avec nous sans la sainteté.
Chers lecteurs, câest une des vérités les plus importantes pour le temps actuel. Ce qui doit nous caractériser maintenant, câest, comme pour Philadelphie, la communion avec le «Saint et le Véritable». Remarquez que je ne parle ici que dâun cas ordinaire de retranchement, et non dâun cas de discipline compliqué par lâincapacité de lâassemblée pour juger le mal. Mais, direz-vous, vous négligez lâhumiliation? Non; la vraie humiliation dans un cas de retranchement, accompagne lâaction. Il fallait quâIsraël, soit le peuple, soit chacun individuellement, fût passé en revue par lâÅil scrutateur de lâÃternel lui-même (v. 14-15) leur conscience était ainsi réveillée, le moi jugé chacun prenait sa place en présence du jugement. Il en fut de même lors du retranchement du méchant de Corinthe. «La tristesse qui est selon Dieu» avait opéré chez les Corinthiens «une repentance à salut dont on nâa pas de regret». Lâhumiliation avait été produite par la tristesse, mais cette même tristesse avait produit lâactivité et le zèle pour purifier du mal lâassemblée de Dieu, en sorte que la vraie humiliation et lâaction avaient marché de pair. «Car voici, ce fait même que vous avez été attristés selon Dieu, quel empressement il a produit en vous, mais quelles excuses, mais quelle indignation, mais quelle crainte, mais quel ardent désir, mais quel zèle, mais quelle vengeance» (2 Cor. 7:10-11)
Revenons à la sainteté. Au ch. 5, Josué nous présente la sainteté individuelle, au chap. 7, il sâagit de sainteté collective. Il fallait que le peuple ôtât lâinterdit qui était entré au sein de lâassemblée, afin quâIsraël ne fût pas souillé, et nâeût pas lui-même le caractère dâinterdit. Il est rare de trouver parmi les chers enfants de Dieu lâintelligence de ces deux faces de la sainteté pratique. La plupart du temps, les chrétiens recherchent la première, une sainteté individuelle, mais ils nâestiment la seconde dâaucune importance. Jâai pris souvent un exemple pour montrer que la sainteté individuelle nâest jamais complètement comprise, si lâon ne réalise pas la sainteté collective: Mon fils est dâun caractère irréprochable. Tout le monde parle de lui et de ses vertus. On lâestime dans la ville; de toutes parts on me dit: «Quel bon fils vous avez!» Or ce fils, qui du reste ne sâenivre pas, va tous les jours passer la soirée au cabaret, en compagnie dâivrognes, au lieu de rester dans la maison de son père, pour sâasseoir à la table de famille. Puis-je lâappeler un bon fils?
En 2 Cor. 6:16 à 7:1, nous trouvons la liaison intime entre ces deux faces de la sainteté. Dieu commence par la sainteté collective. «Vous êtes le temple du Dieu vivant» (v. 16). «Le temple de Dieu est saint», est-il dit en 1 Cor. 3:17; câest la sainteté de position. Quelle convenance entre lui et les idoles? «Câest pourquoi sortez du milieu dâeux et soyez séparés» (v. 17); câest la sainteté pratique collective. Puis il ajoute (7:1): «Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et dâesprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu». Câest la sainteté individuelle, inséparable de la sainteté collective et des promesses qui lui sont faites.
Mais la sainteté collective nâest pas comprise parmi les enfants de Dieu, qui voudraient, hélas! traverser le monde en ne sâinquiétant pas des autres chrétiens. La solidarité du peuple de Dieu leur est une chose inconnue. On entend souvent dire: «Oh! moi, je ne me préoccupe pas des autres; je me trouve seul avec mon Dieu; je prends la cène pour moi», etc. Ah! ce nâest pas ainsi que Dieu nous considère. Je le répète: il nous voit tous ensemble comme formant un seul corps, uni par le Saint Esprit à son Fils glorifié. Le péché, la souffrance dâun membre, est le péché, la souffrance du corps. Un mot en passant sur cette parole que lâon trouve si souvent dans la bouche des chrétiens: «Je prends la cène pour moi». Que répond lâÃcriture? «Nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain» (1 Cor. 10:17). Quels sont les «plusieurs» avec qui vous professez être un seul corps? Pour excuser votre alliance avec le monde à la table du Seigneur, vous prenez, dites-vous, la cène pour vous seul; et vous ne voyez pas que vous professez être un seul corps avec les meurtriers de votre Sauveur, car câest le monde qui lâa crucifié!
Remarquez encore un point. Dieu dit: «Sanctifiez-vous pour demain» (v. 13). Ce nâest pas au moment de lâaction quâil faut se sanctifier, mais nous sommes appelés à le faire dâavance. Dâoù vient si souvent notre incapacité de juger le mal, dâagir pour Dieu? De ce que nous ne nous sommes pas sanctifiés le jour précédent. Dâoù vient quâau culte les cÅurs, si souvent, sont froids, les lèvres muettes pour la louange? De ce que nous nâavons pas obéi à la Parole: «Sanctifiez-vous pour demain». Il en est de même en 1 Cor. 5. Lâapôtre avait bien la puissance, mais non pas les Corinthiens. Eux devaient simplement obéir, en ôtant le vieux levain pour être une nouvelle pâte; il leur fallait ôter le méchant du milieu dâeux. â Acan avait participé à ce qui était sous la malédiction divine; il devait être simplement retranché, et il le fut dans la vallée dâAcor.
Mais, chose merveilleuse, nous lisons en Osée 2:15, cette parole consolante touchant Israël: «Je lui donnerai... la vallée dâAcor pour une porte dâespérance». Or, bien-aimés, il en est toujours ainsi. La bénédiction nous est donnée sur le seuil même du jugement. Câest en ce lieu que lââme, lors de sa conversion, trouve la porte dâespérance, câest là quâelle rencontre Christ. Câest ensuite dans la discipline que le croyant trouve le lieu dâespérance et de joie. Ce sera là , dans cette vallée, où le jugement de Dieu a été prononcé contre lui, que le peuple dâIsraël trouvera la bénédiction de Dieu; ce fut là que Josué trouva le relèvement de son âme, pour marcher désormais avec Dieu et conduire le peuple à la victoire.