Il ne suffit pas que le siège de la royauté de David â ou de Christ â soit placé en Sion, la montagne de la grâce. Dieu lui-même veut y habiter à toujours avec son roi (conf. Apoc. 22:1, 3). Aussi David est-il entièrement dans le courant des pensées de Dieu, quand il va chercher lâarche pour la ramener à Jérusalem. La gloire de Dieu ne trouve son repos que dans le lieu de la grâce. Lâarche, le trône de Dieu, sâassocie dâune manière intime au trône de David, au trône du Fils de Dieu. LâÃternel, resté jusque-là , par lâinfidélité de son peuple, sans domicile permanent, peut maintenant habiter avec lui, parce quâil peut habiter avec son oint.
Pour aller chercher lâarche, le roi assemble toute lâélite dâIsraël, trente mille hommes (v. 1). Cela peut paraître singulier. Quand il sâagit des combats de lâÃternel, on ne voit pas que les hommes de Dieu aient assemblé toute leur armée. Câest bien plutôt le contraire qui a lieu. Gédéon avec trois cents hommes, Jonathan avec un seul, en compagnie de tant dâautres capitaines, remportent les victoires les plus signalées. Dieu combat avec eux, et que lui importe plus ou moins de soldats? Il peut lui convenir dâéprouver son peuple tout entier dans la bataille, mais il nâen est pas de Lui comme des nations. Le nombre nâest pour rien dans ses victoires.
Sâagit-il, au contraire, de rendre témoignage au Dieu qui siège entre les chérubins, de lâétablir au lieu de son culte, ce nâest pas trop de tout ce qui représente la force dâIsraël. Comme cela est peu compris parmi les enfants de Dieu! Est-ce donc toute lâélite qui se rassemble autour de Christ, devant le trône de Dieu le Père, pour lâhonorer en Lui rendant culte? Le culte a-t-il plus de valeur aux yeux des chrétiens que toute lâactivité, quelque bénie quâelle soit, quâils peuvent déployer pour Lui! Ils font consister la vie chrétienne dans le combat pour lâÃvangile, combat béni, sans doute, mais pour lequel il nâest nullement nécessaire dâassembler «toute lâélite», car on le verrait dégénérer aussitôt en une Åuvre basée sur lâassociation humaine â alors que le culte est ignoré, délaissé, méconnu, le centre du rassemblement des enfants de Dieu méprisé, et que ces derniers restent dispersés comme des brebis qui nâont pas de berger!
Telle nâétait pas, grâce à Dieu, la pensée de David. Le but de toute son existence errante, de toute son affliction, avait été dâarriver au moment où sâouvre notre chapitre. Nous en trouvons la preuve au Ps. 132, sur lequel nous reviendrons plus tard.
Les rapports entre les chap. 5 et 6, ne se bornent pas à ce que nous venons de relever. David, comme roi responsable, malgré bien des manquements, était agréable à Dieu. LâÃternel ne lui cachait pas sa face; il lâaimait pour sa fidélité, pour la grâce de ses voies, pour son esprit humble et soumis. Il lui avait enseigné, comme nous lâavons vu, à joindre lâobéissance à la dépendance. David avait compris ces choses quand il sâagissait de combattre lâennemi. Les comprendra-t-il aussi bien lors des événements qui vont se dérouler?
Le moment venu pour réunir les tribus autour de lâarche, leur centre divin, quâavait à faire David? à consulter lâÃternel. Quand même, en ramenant lâarche, il était dans les pensées de Dieu, le comment de cet acte ne dépendait pas de lui et, en comprenant cela, il se serait épargné un sérieux châtiment. Sâil avait consulté lâÃternel et sa Parole, il aurait su de quelle manière il devait amener lâarche à Jérusalem.
Les Philistins (1 Sam. 6:7) avaient placé lâarche sur un «chariot neuf» pour la renvoyer sur le territoire dâIsraël. Ils agissaient par ignorance, et Dieu, au lieu de leur exprimer sa désapprobation, avait tenu compte de la crainte qui les faisait agir. Ãvidemment, David se souvenait de ce fait, lorsquâil suivait la manière des nations pour ramener lâarche au lieu quâelle devait occuper. «Ils montèrent lâarche de Dieu sur un chariot neuf et lâemmenèrent de la maison dâAbinadab qui était sur la colline» (v. 3).
Mais si Dieu pouvait avoir égard à lâignorance des Philistins, il ne supporte pas, chez ceux qui lui appartiennent, une désobéissance positive à sa Parole. Il était expressément ordonné aux lévites de porter lâarche, ainsi que tous les vaisseaux du sanctuaire (Nomb. 4:15).
Ce que fit David devrait parler à la conscience des enfants de Dieu. On organise un culte volontaire selon les systèmes et les pensées de lâhomme, qui sont toujours lâopposé des pensées de Dieu. Or il est de toute importance aux yeux de Dieu que les siens obéissent quand il sâagit du culte, la plus haute expression de la vie chrétienne, comme aussi dans les moindres détails de cette vie, et Dieu doit tenir compte de la désobéissance de ses enfants.
Tout en montrant un cÅur rempli de piété envers Dieu, David désobéit, parce quâil ignore la portée et les conséquences de son acte; mais David nâa pas dâexcuse, parce quâil ne devait pas lâignorer. Cela est dâautant plus frappant quâil était rempli de joie à la pensée de donner enfin à son Dieu la place qui lui était due. «David et toute la maison dâIsraël sâégayaient devant lâÃternel avec toutes sortes dâinstruments de bois de cyprès: avec des harpes, et des luths, et des tambourins, et des sistres, et des cymbales» (v. 5). Rien ne manquait à lâexpression de leur joie... et cependant il y manquait quelque chose. Les trompettes nây étaient pas, ces trompettes dâargent qui devaient sonner quand lâarche se mettait en mouvement (Nomb. 10:1-10; conf. Ps. 150 et le v. 15 de notre chapitre). Ce nâétait quâun détail, direz-vous, comme le chariot neuf; mais ce détail révélait un fait dâune haute gravité, câest que David nâavait pas pris la parole de Dieu pour règle de sa conduite.
Hormis cela, toute la maison dâIsraël était en joie. Il y avait beaucoup de piété dans cette cérémonie auguste, mais elle était gâtée par quelque arrangement humain. Pour la jouissance des cÅurs, cela avait peu dâimportance, mais beaucoup pour Celui qui a dit: «Ãcouter est meilleur que sacrifice». Il arrive un moment où lâimmixtion de lâhomme dans le culte de Dieu fait boiter ce culte en quelque endroit. «Les bÅufs bronchent» (v. 6), et naturellement les hommes pensent quâils doivent leur venir en aide, appuyer de leur bras le système qui chancelle. Ils oublient que câest folie profane de vouloir venir en aide à Dieu. Câest le cas dâUzza, fils dâAbinadab, le premier, le principal agent de ce transport. Il sent le besoin tout naturel de soutenir ce quâil a fait et ne se rend pas compte quâil porte la main sur Dieu. «Ils arrivèrent à lâaire de Nacon, et Uzza étendit la main vers lâarche de Dieu et la saisit, parce que les bÅufs avaient bronché» (v. 6).
Je parle ici du culte des enfants de Dieu, mais que ne devrait-on pas ajouter sur le soi-disant culte du monde? Ce nâest plus par quelques points quâil pèche, car sous des formes qui lui donnent une apparence de culte divin, il nây a pas lâombre dâune réalité. Cependant on ne voit pas que le jugement de Dieu tombe sur cet état de choses. La raison en est simple: Dieu en est absent. Il en fut autrement dans le cas dâUzza: «La colère de lâÃternel sâembrasa contre Uzza, et Dieu le frappa là , à cause de sa faute; et il mourut là , près de lâarche de Dieu» (v. 7). Son jugement fut immédiat, car quand il est question des enfants de Dieu que le Seigneur a placés dans une position de témoignage, il ne leur permet pas dâintroduire un élément humain dans le culte, sans leur faire sentir son jugement.
Ce qui arrive ici à David arriva aux Corinthiens qui avaient introduit un élément charnel à la table du Seigneur. Dieu ne pouvait tolérer la chose. «Câest pour cela», dit lâapôtre, «que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et quâun assez grand nombre dorment» (1 Cor. 11:30). Dieu était un feu consumant pour eux, comme pour Uzza, et nous avons à nous en souvenir. David a été forcé de le comprendre. Lui devant qui lâÃternel avait fait nue brèche contre les Philistins à Baal-Peratsim, câest aujourdâhui contre lui que le jugement de Dieu fait la brèche. «Il appela ce lieu-là du nom de Pérets-Uzza (brèche dâUzza)» (v. 8).
Le premier sentiment du roi est lâirritation: «David fut irrité de ce que lâÃternel avait fait une brèche». Cela se comprend, mais ne sâexcuse pas. Voici un homme, rempli du désir de servir lâÃternel, de lui rendre lâhonneur qui lui est dû; le voici rempli de joie et de louanges; ayant tout ordonné pour rétablir le culte de son Dieu; â il manque dans un détail, et la colère de lâÃternel sâembrase contre lui! David avait un cÅur plus pieux que le nôtre. Quelle blessure à ses affections! Comment! â pouvait-il dire â me juger de cette manière, quand Il voyait mon intention de le glorifier!
Au v. 9, un second sentiment sâélève dans le cÅur du roi, sentiment tout aussi peu excusable que le premier. «David eut peur de lâÃternel en ce jour-là ». Il détourne lâarche de son chemin. «Comment lâarche de lâÃternel entrerait-elle chez moi? Et David ne voulut pas retirer lâarche de lâÃternel chez lui, dans la ville de David, mais David la fit détourner dans la maison dâObed-Ãdom, le Guitthien» (v. 9, 10). à cause de la discipline, David considère lâÃternel comme un juge sans pitié et sâirrite contre lui. Il oublie dans ce moment que câétait un Dieu de grâce qui lâavait choisi, conduit, gardé, rendu vainqueur, qui avait fait de lui le porteur de la royauté sur la montagne de Sion. Il ne peut comprendre que la grâce puisse le juger et que, plus on est près de Dieu, moins il souffre dans les siens ce qui le déshonore. Mais Dieu va lui prouver que dâautres profitent de ce dont il sâest privé à son grand dommage. La présence de lâarche est une source dâabondantes bénédictions pour la maison dâObed-Ãdom, le Guitthien; «et lâÃternel bénit Obed-Ãdom et toute sa maison» (v. 11).
Enfin David a appris sa leçon! On lui rapporte (v. 12) ce qui sâétait passé, et lâon voit que ces faits ont porté leur fruit pour sa conscience. En 1 Chron. 15:12-13, au sujet de ce même événement, David appela les sacrificateurs et les lévites, et leur dit: «Sanctifiez-vous, vous et vos frères, et faites monter lâarche de lâÃternel, le Dieu dâIsraël, au lieu que je lui ai préparé. Car, parce que vous ne lâavez pas fait la première fois, lâÃternel, notre Dieu, a fait une brèche parmi nous; car nous ne lâavons pas recherché conformément à lâordonnance». Cette brèche, David comprend quâelle a été faite à cause de sa désobéissance et quâil ne peut y avoir de sainteté que dans un chemin dâobéissance.
Quand lâarche avait été mise sur le chariot neuf, les sacrificateurs et les lévites nâavaient pas eu besoin de se sanctifier, mais quand ils avaient à la porter eux-mêmes, ils sont bien obligés de le faire; ils ne pouvaient, sans se juger, entrer en contact avec les objets du sanctuaire.
Les sacrificateurs occupent donc la place que Dieu leur a assignée, mais de plus, David entre, quant au culte, dans un ordre de choses absolument conforme aux pensées de Dieu. «Il arriva que quand ceux qui portaient lâarche de lâÃternel avaient fait six pas, il sacrifiait un taureau et une bête grasse» (v. 13). David fait du sacrifice le centre même du culte. La première fois, chose étonnante, on avait oublié les sacrifices! Le chariot (voyez lâimportance dâun détail omis) nâavait pas besoin de sâarrêter, tandis que les sacrificateurs et les lévites portant lâarche, il fallait des pauses pendant lesquelles les sacrifices étaient offerts.
Et les trompettes, et la joie, et David exultant de toute sa force devant lâÃternel! Le roi était vêtu dâun éphod de lin (v. 14), vêtement distinctif des sacrificateurs. Le voici redevenu un type de Christ dans sa gloire future. Il y a un peu de Melchisédec dans la personne de David, tel quâil nous est présenté ici. Câest la royauté unie à la sacrificature. La bénédiction sâélève du peuple à Dieu, par la bouche de David, elle descend de Dieu sur tout le peuple par son intermédiaire (v. 17, 18).
«David dansait de toute sa force devant lâÃternel» (v. 14). Il se rendait ridicule; câest du moins ce que Mical, fille de Saül, sent et exprime en voyant son mari oublier sa dignité pour exalter lâÃternel seul. Il arrive souvent au monde de juger ridicule le culte rendu à Dieu par ses enfants; et plus il sera selon Dieu, plus ceux qui le rendent seront méprisés. Câest que lâadorateur ne fait pas cas de lui-même. «Nous», dit lâapôtre, «qui rendons culte par lâEsprit de Dieu, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus, et qui nâavons pas confiance en la chair» (Phil. 3:3). David, pour lui-même, nâétait rien; il était vil: «Je me rendrai plus vil encore que cela, et je serai abaissé à mes yeux» (v. 22). Cela ne peut convenir au monde, mais grâce à Dieu, il y a des âmes simples qui comprennent cet abaissement et lâestiment un honneur quand il sâagit de lâÃternel: «Auprès des servantes dont tu as parlé, auprès dâelles, je serai honoré».
David dansait devant lâÃternel et le faisait pour Lui, sâoubliant lui-même afin que Dieu fût glorifié. La dignité royale était dépouillée; il nâétait plus quâun simple adorateur, rempli de joie en présence de lâÃternel des armées qui siège entre les chérubins, et qui venait définitivement faire sa demeure au milieu de son peuple.
«Ils amenèrent lâarche de lâÃternel, et la placèrent en son lieu, dans la tente que David avait tendue pour elle» (v. 17). Tout le peuple est béni et rassasié; Mical, laissée dans son orgueilleuse solitude, à sa honte, est frappée de stérilité jusquâà sa mort. Elle est désormais une inconnue pour David. Le caractère de cette fille de Saül était digne de celui de son père. Chez Saül, haine; chez Mical, mépris de lâoint de lâÃternel. Il ne peut plus y avoir aucune communion entre elle et le roi qui abandonne au jugement la fille de la race déchue, tandis que lui, lâélu de lâÃternel, est établi prince sur son peuple, sur Israël.
versets 1-23
Lâarche dans Sion
Il ne suffit pas que le siège de la royauté de David â ou de Christ â soit placé en Sion, la montagne de la grâce. Dieu lui-même veut y habiter à toujours avec son roi (conf. Apoc. 22:1, 3). Aussi David est-il entièrement dans le courant des pensées de Dieu, quand il va chercher lâarche pour la ramener à Jérusalem. La gloire de Dieu ne trouve son repos que dans le lieu de la grâce. Lâarche, le trône de Dieu, sâassocie dâune manière intime au trône de David, au trône du Fils de Dieu. LâÃternel, resté jusque-là , par lâinfidélité de son peuple, sans domicile permanent, peut maintenant habiter avec lui, parce quâil peut habiter avec son oint.
Pour aller chercher lâarche, le roi assemble toute lâélite dâIsraël, trente mille hommes (v. 1). Cela peut paraître singulier. Quand il sâagit des combats de lâÃternel, on ne voit pas que les hommes de Dieu aient assemblé toute leur armée. Câest bien plutôt le contraire qui a lieu. Gédéon avec trois cents hommes, Jonathan avec un seul, en compagnie de tant dâautres capitaines, remportent les victoires les plus signalées. Dieu combat avec eux, et que lui importe plus ou moins de soldats? Il peut lui convenir dâéprouver son peuple tout entier dans la bataille, mais il nâen est pas de Lui comme des nations. Le nombre nâest pour rien dans ses victoires.
Sâagit-il, au contraire, de rendre témoignage au Dieu qui siège entre les chérubins, de lâétablir au lieu de son culte, ce nâest pas trop de tout ce qui représente la force dâIsraël. Comme cela est peu compris parmi les enfants de Dieu! Est-ce donc toute lâélite qui se rassemble autour de Christ, devant le trône de Dieu le Père, pour lâhonorer en Lui rendant culte? Le culte a-t-il plus de valeur aux yeux des chrétiens que toute lâactivité, quelque bénie quâelle soit, quâils peuvent déployer pour Lui! Ils font consister la vie chrétienne dans le combat pour lâÃvangile, combat béni, sans doute, mais pour lequel il nâest nullement nécessaire dâassembler «toute lâélite», car on le verrait dégénérer aussitôt en une Åuvre basée sur lâassociation humaine â alors que le culte est ignoré, délaissé, méconnu, le centre du rassemblement des enfants de Dieu méprisé, et que ces derniers restent dispersés comme des brebis qui nâont pas de berger!
Telle nâétait pas, grâce à Dieu, la pensée de David. Le but de toute son existence errante, de toute son affliction, avait été dâarriver au moment où sâouvre notre chapitre. Nous en trouvons la preuve au Ps. 132, sur lequel nous reviendrons plus tard.
Les rapports entre les chap. 5 et 6, ne se bornent pas à ce que nous venons de relever. David, comme roi responsable, malgré bien des manquements, était agréable à Dieu. LâÃternel ne lui cachait pas sa face; il lâaimait pour sa fidélité, pour la grâce de ses voies, pour son esprit humble et soumis. Il lui avait enseigné, comme nous lâavons vu, à joindre lâobéissance à la dépendance. David avait compris ces choses quand il sâagissait de combattre lâennemi. Les comprendra-t-il aussi bien lors des événements qui vont se dérouler?
Le moment venu pour réunir les tribus autour de lâarche, leur centre divin, quâavait à faire David? à consulter lâÃternel. Quand même, en ramenant lâarche, il était dans les pensées de Dieu, le comment de cet acte ne dépendait pas de lui et, en comprenant cela, il se serait épargné un sérieux châtiment. Sâil avait consulté lâÃternel et sa Parole, il aurait su de quelle manière il devait amener lâarche à Jérusalem.
Les Philistins (1 Sam. 6:7) avaient placé lâarche sur un «chariot neuf» pour la renvoyer sur le territoire dâIsraël. Ils agissaient par ignorance, et Dieu, au lieu de leur exprimer sa désapprobation, avait tenu compte de la crainte qui les faisait agir. Ãvidemment, David se souvenait de ce fait, lorsquâil suivait la manière des nations pour ramener lâarche au lieu quâelle devait occuper. «Ils montèrent lâarche de Dieu sur un chariot neuf et lâemmenèrent de la maison dâAbinadab qui était sur la colline» (v. 3).
Mais si Dieu pouvait avoir égard à lâignorance des Philistins, il ne supporte pas, chez ceux qui lui appartiennent, une désobéissance positive à sa Parole. Il était expressément ordonné aux lévites de porter lâarche, ainsi que tous les vaisseaux du sanctuaire (Nomb. 4:15).
Ce que fit David devrait parler à la conscience des enfants de Dieu. On organise un culte volontaire selon les systèmes et les pensées de lâhomme, qui sont toujours lâopposé des pensées de Dieu. Or il est de toute importance aux yeux de Dieu que les siens obéissent quand il sâagit du culte, la plus haute expression de la vie chrétienne, comme aussi dans les moindres détails de cette vie, et Dieu doit tenir compte de la désobéissance de ses enfants.
Tout en montrant un cÅur rempli de piété envers Dieu, David désobéit, parce quâil ignore la portée et les conséquences de son acte; mais David nâa pas dâexcuse, parce quâil ne devait pas lâignorer. Cela est dâautant plus frappant quâil était rempli de joie à la pensée de donner enfin à son Dieu la place qui lui était due. «David et toute la maison dâIsraël sâégayaient devant lâÃternel avec toutes sortes dâinstruments de bois de cyprès: avec des harpes, et des luths, et des tambourins, et des sistres, et des cymbales» (v. 5). Rien ne manquait à lâexpression de leur joie... et cependant il y manquait quelque chose. Les trompettes nây étaient pas, ces trompettes dâargent qui devaient sonner quand lâarche se mettait en mouvement (Nomb. 10:1-10; conf. Ps. 150 et le v. 15 de notre chapitre). Ce nâétait quâun détail, direz-vous, comme le chariot neuf; mais ce détail révélait un fait dâune haute gravité, câest que David nâavait pas pris la parole de Dieu pour règle de sa conduite.
Hormis cela, toute la maison dâIsraël était en joie. Il y avait beaucoup de piété dans cette cérémonie auguste, mais elle était gâtée par quelque arrangement humain. Pour la jouissance des cÅurs, cela avait peu dâimportance, mais beaucoup pour Celui qui a dit: «Ãcouter est meilleur que sacrifice». Il arrive un moment où lâimmixtion de lâhomme dans le culte de Dieu fait boiter ce culte en quelque endroit. «Les bÅufs bronchent» (v. 6), et naturellement les hommes pensent quâils doivent leur venir en aide, appuyer de leur bras le système qui chancelle. Ils oublient que câest folie profane de vouloir venir en aide à Dieu. Câest le cas dâUzza, fils dâAbinadab, le premier, le principal agent de ce transport. Il sent le besoin tout naturel de soutenir ce quâil a fait et ne se rend pas compte quâil porte la main sur Dieu. «Ils arrivèrent à lâaire de Nacon, et Uzza étendit la main vers lâarche de Dieu et la saisit, parce que les bÅufs avaient bronché» (v. 6).
Je parle ici du culte des enfants de Dieu, mais que ne devrait-on pas ajouter sur le soi-disant culte du monde? Ce nâest plus par quelques points quâil pèche, car sous des formes qui lui donnent une apparence de culte divin, il nây a pas lâombre dâune réalité. Cependant on ne voit pas que le jugement de Dieu tombe sur cet état de choses. La raison en est simple: Dieu en est absent. Il en fut autrement dans le cas dâUzza: «La colère de lâÃternel sâembrasa contre Uzza, et Dieu le frappa là , à cause de sa faute; et il mourut là , près de lâarche de Dieu» (v. 7). Son jugement fut immédiat, car quand il est question des enfants de Dieu que le Seigneur a placés dans une position de témoignage, il ne leur permet pas dâintroduire un élément humain dans le culte, sans leur faire sentir son jugement.
Ce qui arrive ici à David arriva aux Corinthiens qui avaient introduit un élément charnel à la table du Seigneur. Dieu ne pouvait tolérer la chose. «Câest pour cela», dit lâapôtre, «que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et quâun assez grand nombre dorment» (1 Cor. 11:30). Dieu était un feu consumant pour eux, comme pour Uzza, et nous avons à nous en souvenir. David a été forcé de le comprendre. Lui devant qui lâÃternel avait fait nue brèche contre les Philistins à Baal-Peratsim, câest aujourdâhui contre lui que le jugement de Dieu fait la brèche. «Il appela ce lieu-là du nom de Pérets-Uzza (brèche dâUzza)» (v. 8).
Le premier sentiment du roi est lâirritation: «David fut irrité de ce que lâÃternel avait fait une brèche». Cela se comprend, mais ne sâexcuse pas. Voici un homme, rempli du désir de servir lâÃternel, de lui rendre lâhonneur qui lui est dû; le voici rempli de joie et de louanges; ayant tout ordonné pour rétablir le culte de son Dieu; â il manque dans un détail, et la colère de lâÃternel sâembrase contre lui! David avait un cÅur plus pieux que le nôtre. Quelle blessure à ses affections! Comment! â pouvait-il dire â me juger de cette manière, quand Il voyait mon intention de le glorifier!
Au v. 9, un second sentiment sâélève dans le cÅur du roi, sentiment tout aussi peu excusable que le premier. «David eut peur de lâÃternel en ce jour-là ». Il détourne lâarche de son chemin. «Comment lâarche de lâÃternel entrerait-elle chez moi? Et David ne voulut pas retirer lâarche de lâÃternel chez lui, dans la ville de David, mais David la fit détourner dans la maison dâObed-Ãdom, le Guitthien» (v. 9, 10). à cause de la discipline, David considère lâÃternel comme un juge sans pitié et sâirrite contre lui. Il oublie dans ce moment que câétait un Dieu de grâce qui lâavait choisi, conduit, gardé, rendu vainqueur, qui avait fait de lui le porteur de la royauté sur la montagne de Sion. Il ne peut comprendre que la grâce puisse le juger et que, plus on est près de Dieu, moins il souffre dans les siens ce qui le déshonore. Mais Dieu va lui prouver que dâautres profitent de ce dont il sâest privé à son grand dommage. La présence de lâarche est une source dâabondantes bénédictions pour la maison dâObed-Ãdom, le Guitthien; «et lâÃternel bénit Obed-Ãdom et toute sa maison» (v. 11).
Enfin David a appris sa leçon! On lui rapporte (v. 12) ce qui sâétait passé, et lâon voit que ces faits ont porté leur fruit pour sa conscience. En 1 Chron. 15:12-13, au sujet de ce même événement, David appela les sacrificateurs et les lévites, et leur dit: «Sanctifiez-vous, vous et vos frères, et faites monter lâarche de lâÃternel, le Dieu dâIsraël, au lieu que je lui ai préparé. Car, parce que vous ne lâavez pas fait la première fois, lâÃternel, notre Dieu, a fait une brèche parmi nous; car nous ne lâavons pas recherché conformément à lâordonnance». Cette brèche, David comprend quâelle a été faite à cause de sa désobéissance et quâil ne peut y avoir de sainteté que dans un chemin dâobéissance.
Quand lâarche avait été mise sur le chariot neuf, les sacrificateurs et les lévites nâavaient pas eu besoin de se sanctifier, mais quand ils avaient à la porter eux-mêmes, ils sont bien obligés de le faire; ils ne pouvaient, sans se juger, entrer en contact avec les objets du sanctuaire.
Les sacrificateurs occupent donc la place que Dieu leur a assignée, mais de plus, David entre, quant au culte, dans un ordre de choses absolument conforme aux pensées de Dieu. «Il arriva que quand ceux qui portaient lâarche de lâÃternel avaient fait six pas, il sacrifiait un taureau et une bête grasse» (v. 13). David fait du sacrifice le centre même du culte. La première fois, chose étonnante, on avait oublié les sacrifices! Le chariot (voyez lâimportance dâun détail omis) nâavait pas besoin de sâarrêter, tandis que les sacrificateurs et les lévites portant lâarche, il fallait des pauses pendant lesquelles les sacrifices étaient offerts.
Et les trompettes, et la joie, et David exultant de toute sa force devant lâÃternel! Le roi était vêtu dâun éphod de lin (v. 14), vêtement distinctif des sacrificateurs. Le voici redevenu un type de Christ dans sa gloire future. Il y a un peu de Melchisédec dans la personne de David, tel quâil nous est présenté ici. Câest la royauté unie à la sacrificature. La bénédiction sâélève du peuple à Dieu, par la bouche de David, elle descend de Dieu sur tout le peuple par son intermédiaire (v. 17, 18).
«David dansait de toute sa force devant lâÃternel» (v. 14). Il se rendait ridicule; câest du moins ce que Mical, fille de Saül, sent et exprime en voyant son mari oublier sa dignité pour exalter lâÃternel seul. Il arrive souvent au monde de juger ridicule le culte rendu à Dieu par ses enfants; et plus il sera selon Dieu, plus ceux qui le rendent seront méprisés. Câest que lâadorateur ne fait pas cas de lui-même. «Nous», dit lâapôtre, «qui rendons culte par lâEsprit de Dieu, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus, et qui nâavons pas confiance en la chair» (Phil. 3:3). David, pour lui-même, nâétait rien; il était vil: «Je me rendrai plus vil encore que cela, et je serai abaissé à mes yeux» (v. 22). Cela ne peut convenir au monde, mais grâce à Dieu, il y a des âmes simples qui comprennent cet abaissement et lâestiment un honneur quand il sâagit de lâÃternel: «Auprès des servantes dont tu as parlé, auprès dâelles, je serai honoré».
David dansait devant lâÃternel et le faisait pour Lui, sâoubliant lui-même afin que Dieu fût glorifié. La dignité royale était dépouillée; il nâétait plus quâun simple adorateur, rempli de joie en présence de lâÃternel des armées qui siège entre les chérubins, et qui venait définitivement faire sa demeure au milieu de son peuple.
«Ils amenèrent lâarche de lâÃternel, et la placèrent en son lieu, dans la tente que David avait tendue pour elle» (v. 17). Tout le peuple est béni et rassasié; Mical, laissée dans son orgueilleuse solitude, à sa honte, est frappée de stérilité jusquâà sa mort. Elle est désormais une inconnue pour David. Le caractère de cette fille de Saül était digne de celui de son père. Chez Saül, haine; chez Mical, mépris de lâoint de lâÃternel. Il ne peut plus y avoir aucune communion entre elle et le roi qui abandonne au jugement la fille de la race déchue, tandis que lui, lâélu de lâÃternel, est établi prince sur son peuple, sur Israël.