Nous avons vu que, si les Corinthiens ignoraient certaines choses et avaient à les apprendre, ils en savaient fort bien une quantité dâautres, mais en négligeaient la portée dans leur conduite journalière, ou dans leur vie dâassemblée. Câétait, de fait, plus grave encore que de les ignorer complètement aussi lâapôtre leur répète avec une juste sévérité «Ne savez-vous pas?» Ils ne tenaient pas compte de leur état de mort dans la chair, à laquelle ils attribuaient de lâimportance; ils nâestimaient pas avoir été «crucifiés au monde», car, sâils avaient des difficultés entre eux, ils recouraient à son jugement; ils avaient affaire à un mal moral dans lâÃglise, et sâenorgueillissaient au lieu de sâhumilier, pour que la discipline pût être exercée. En un mot, les premiers chapitres nous ont montré que ce qui manquait aux Corinthiens câétait, chose capitale, de réaliser que la croix de Christ avait mis fin au vieil homme par le jugement. Or voici quâomettant cette question principale, ils avaient toute sorte de détails de casuistique à soumettre à lâapôtre. Néanmoins, Dieu sâen sert pour les éclairer au sujet de lâordre qui convient à la maison de Dieu.
Ils demandaient sâil fallait, oui ou non, avoir des rapports conjugaux; si des chrétiens, ayant des païens pour conjoints, devaient vivre avec eux et ce quâils devaient faire de leurs enfants; si, étant esclave, on devait demeurer dans cette condition, ou sâen affranchir; si lâon devait rester vierge, ou non; si lâon pouvait manger des choses sacrifiées aux idoles ou sâen abstenir. Dieu répond à ces questions, intéressantes à leur place, car elles touchent la liberté chrétienne, mais qui, comme questions de détail, sâétaient emparées de lâesprit des Corinthiens, au détriment des vérités essentielles et dâensemble. Un pareil état dââme se rencontre fréquemment. En proportion de lâaffaiblissement spirituel, on est volontiers occupé de questions qui ne mettent pas en rapport direct avec la personne de Christ. On donne une importance exagérée au baptême, à la manière extérieure dont la cène doit être administrée, à la nourriture, aux vêtements, etc., questions auxquelles Dieu répond à lâoccasion, car il a réponse à tout, mais dont Satan aime à se servir pour détourner les âmes du Seigneur.
Or je suis frappé de la manière dont lâapôtre traite ces sujets dans le chap. 7. Du v. 1 au v. 17, il ne parle pas comme apôtre inspiré, mais simplement comme apôtre, câest-à -dire comme ayant reçu de la part de Dieu une autorité qui nâétait pas lâinspiration, mais que, vu son origine, il avait le droit dâexercer; car il avait mission divine de régler une quantité de questions dans les assemblées (v. 17), comme nous le voyons aussi dans les épîtres à Timothée et à Tite. Lâapôtre donne donc des ordonnances, en vertu de son autorité apostolique quâil met ici en contraste avec ce quâil dit de la part du Seigneur (v. 10), câest-à -dire avec lâinspiration.
Dans la seconde partie de ce chapitre (v. 25-40), Paul parle aux Corinthiens comme un homme ayant une autorité spirituelle au milieu des saints. «Je nâai pas», dit-il, «dâordre du Seigneur; mais je donne mon opinion comme ayant reçu miséricorde du Seigneur pour être fidèle». Vous direz peut-être: Dans ce cas-là , je ne suis pas tenu dâobéir. Comment! nous ne serions pas tenus dâécouter un homme qui est manifestement dirigé par lâEsprit de Dieu? Si nous ne suivions pas ce quâil nous dit, nous ne serions que des orgueilleux, nous estimant capables de décider une chose beaucoup mieux que lâapôtre, et nous oublierions ce que Dieu pense de lâorgueil.
Quant à lâinspiration, nous serions bien embarrassés de la définir et, nâétant pas inspirés, nous nâarriverions probablement jamais à le faire, mais nous savons que, dans lâinspiration, Dieu révèle à des hommes choisis de Lui, ses pensées et nous les communique, par leur moyen, dâune manière aussi complète quâils les ont reçues, les gardant de tout mélange de la chair, car il veut que ses pensées, qui nous sont destinées, arrivent à nous dans toute leur perfection divine.
Les quelques passages contenus dans ce chapitre illustrent ces trois choses: lâautorité apostolique, lâinspiration, et le droit du chrétien spirituel à se faire écouter. Au v. 6: «Or je dis ceci par indulgence, non comme commandement». Ainsi, câétait simplement par égard pour leur faiblesse quâil nâexprimait pas un ordre, ayant, pour le faire, lâautorité de la part de Dieu. Au v. 17: «Câest ainsi que jâen ordonne dans toutes les assemblées». Nous trouvons ici cette autorité sâexerçant partout dans lâÃglise. Au v. 25: «Je nâai pas dâordre du Seigneur; mais je donne mon opinion comme ayant reçu miséricorde du Seigneur pour être fidèle». Il parle comme homme spirituel qui devait être écouté. Au v. 40: «Or jâestime que moi aussi jâai lâEsprit de Dieu». Il estime que, comme tel, il doit être entendu. Quand il arrive à lâinspiration, il dit au v. 10 «Je leur enjoins, non pas moi, mais le Seigneur» mais «quant aux autres, je dis, moi, non pas le Seigneur» (v. 12), distinguant entre sa parole comme apôtre et sa parole inspirée. Cette dernière est la parole du Seigneur, sortie du reste de la propre bouche de Christ: «Ce donc que Dieu a uni, que lâhomme ne le sépare pas» (Matt. 19:5, 6; Marc 10:6-9). Quand il sâagit du mariage, le Seigneur mentionne ce qui a été déclaré par inspiration dès le commencement: «Les deux seront une seule chair», puis il le confirme par sa propre parole, et lâétablit ici par la parole inspirée de lâapôtre.
Ce chapitre 7, qui traite des liens et des relations appartenant à notre vie ici-bas, pourrait être intitulé: La liberté chrétienne, réglée par une entière dépendance du Seigneur et de sa Parole. Lâapôtre admet que les circonstances diffèrent, quâil est légitime dâen tenir compte, et que chacun est libre dâen juger pour lui-même. Quand il sâagit du service du Seigneur, il voudrait toutefois que «tous les hommes» fussent comme lui (v. 7). Câest ce qui lui faisait dire à Agrippa: «Plût à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui mâentendent aujourdâhui, vous devinssiez de toutes manières tels que je suis, hormis ces liens» (Actes 26:29). Cependant, en ce qui concernait le mariage ou la vocation, il nây avait aucun mal à ce quâon agisse autrement que lâapôtre, pourvu que ce soit «dans le Seigneur», chacun ayant «son propre don de grâce de la part de Dieu, lâun dâune manière, et lâautre dâune autre» (v. 7, 39). Le célibat offre de grands dangers, le mariage de grandes difficultés; que chacun pèse cela devant le Seigneur et se décide; il nây a pas de mal dans cette décision. Lâapôtre met au large le cÅur des Corinthiens que cette pensée préoccupait; seulement, la femme ne devait pas être séparée de son mari, ni le mari de sa femme.
Il y avait cependant des relations moins simples, celle par exemple dâune femme chrétienne avec un mari païen, ou dâun mari chrétien avec une femme païenne (v. 12-17). Devaient-ils se séparer? Selon la loi juive, il aurait dû en être ainsi, comme on le voit au dernier chapitre dâEsdras: il fallait que lâIsraélite se séparât de la femme étrangère, afin de pouvoir faire partie de la congrégation sainte qui était le peuple de lâÃternel. Lâapôtre part de cette pensée pour montrer que, sous le régime de la grâce, les choses étaient exactement le contraire du régime légal. Un mari chrétien ne devait pas se séparer de sa femme païenne, parce que la femme était sanctifiée par le mari, et vice versa. Il va sans dire, quâen parlant de lâunion dâun chrétien avec une personne du monde, lâapôtre ne pense pas un instant quâil ait pu contracter une union pareille depuis sa conversion, mais suppose que la conversion de lâun ou de lâautre a eu lieu depuis le mariage et quâil ne donne aucune liberté de sâallier à des personnes mondaines. Lâincrédule étant donc sanctifié par le conjoint chrétien, les enfants, issus de cette union, sont saints et ont droit, par leur position, de faire partie de la maison de Dieu. Il faut se rappeler que câest de la maison quâil est question dans tous ces chapitres, et non pas du corps de Christ. Les enfants sont placés dans une position de sainteté, de mise à part, condition extérieure qui a rapport à la terre. Il ne sâagit pas ici de leur salut éternel, mais ils sont considérés comme faisant partie de la maison de Dieu sur la terre, afin dâavoir part à toutes les bénédictions qui sây trouvent.
Lâapôtre aborde ensuite une autre question: Comment les chrétiens doivent-ils se comporter à lâégard des diverses conditions quâils occupaient lors de leur conversion? Dâabord, quand on est appelé dans la circoncision ou dans lâincirconcision, il ne sâagit ni de lâune ni de lâautre, mais de «lâobservation des commandements de Dieu» (v. 18, 19). Ensuite, il passe à lâétat dâesclavage. Cette sentence qui semble ne pas nous toucher est, au contraire, dâune haute importance pour nous. Nous sommes très souvent appelés, étant dans une condition dépendante; nous voudrions secouer le joug, et ce désir devient le point de départ de beaucoup de misères dans notre vie chrétienne. Sâagit-il dâesclavage? il semblerait quâun chrétien devrait immédiatement se délivrer de tels liens. Lâapôtre ne donne point le conseil de se sauver de chez son maître, lui qui renvoyait à Philémon lâesclave fugitif, Onésime. Lâesclave avait à rester dans la vocation dans laquelle Dieu lâavait appelé. Si Dieu lui donnait les moyens de se libérer, il devait plutôt en user (v. 21, 22), mais «que chacun demeure auprès de Dieu dans lâétat dans lequel il a été appelé» (v. 24).
Enfin, les Corinthiens avaient interrogé lâapôtre au sujet de ceux qui nâétaient jamais entrés dans les liens du mariage. Il leur donne les indications quâun homme spirituel comme lui pouvait donner, car il estimait que lui aussi avait lâEsprit de Dieu (v. 40). Il leur dit: que celui ou celle qui sont vierges, ne se marient pas. Sans ces liens, vous pouvez faire beaucoup de bonnes Åuvres, car alors vous nâavez à plaire quâau Seigneur, ce qui est beaucoup meilleur. Je vous donne ce conseil, mais vous êtes libres, absolument libres dâagir selon votre degré de foi, pourvu que vous ayez affaire au Seigneur; et il ajoute: «Le temps est difficile». Ce mot ne rend pas complètement la pensée du texte; il signifie: «Le temps est raccourci». Nous nous trouvons, depuis la croix, dans un temps où tout avance rapidement vers la fin. Tout passe; quâest-ce qui subsistera? Ne vous embarrassez donc pas de ce qui pourrait entraver votre marche en avant. Et nous pouvons le dire encore bien plus que lâapôtre, car nous nous trouvons tout près de la venue du Seigneur. Voulons-nous nous charger de tant de fardeaux, de tant de liens qui jouent nécessairement un très grand rôle dans nos vies? Ils passeront avec la courte existence à laquelle ils sâattachent. Eh bien! soyons comme ceux qui ne sont pas mariés; ne nous laissons pas imposer, dans notre marche chrétienne, même les choses les plus légitimes. Si nous avions cette pensée devant les yeux, comme nous serions préservés dâintérêts terrestres! Et si nos cÅurs sont remplis de Christ, nous aurons davantage affaire à Dieu; nous serons attachés au Seigneur et à ses intérêts; nous serons plus simples, plus heureux, plus tranquilles; au lieu de subir toutes les agitations du monde qui nous entoure, nous pourrons le traverser dans un vrai repos moral.
Soyons attentifs à ces exhortations dâun homme qui, sujet aux mêmes passions que nous, était par excellence «lâhomme spirituel», lors même quâil ne nous donne pas ces conseils comme des commandements, et ne les établit pas de par son autorité apostolique. Ayons lâoreille ouverte pour les entendre, et des cÅurs soumis aux pensées exprimées par celui qui pouvait dire: «Jâestime que moi aussi jâai lâEsprit de Dieu».
versets 1-40
Nous avons vu que, si les Corinthiens ignoraient certaines choses et avaient à les apprendre, ils en savaient fort bien une quantité dâautres, mais en négligeaient la portée dans leur conduite journalière, ou dans leur vie dâassemblée. Câétait, de fait, plus grave encore que de les ignorer complètement aussi lâapôtre leur répète avec une juste sévérité «Ne savez-vous pas?» Ils ne tenaient pas compte de leur état de mort dans la chair, à laquelle ils attribuaient de lâimportance; ils nâestimaient pas avoir été «crucifiés au monde», car, sâils avaient des difficultés entre eux, ils recouraient à son jugement; ils avaient affaire à un mal moral dans lâÃglise, et sâenorgueillissaient au lieu de sâhumilier, pour que la discipline pût être exercée. En un mot, les premiers chapitres nous ont montré que ce qui manquait aux Corinthiens câétait, chose capitale, de réaliser que la croix de Christ avait mis fin au vieil homme par le jugement. Or voici quâomettant cette question principale, ils avaient toute sorte de détails de casuistique à soumettre à lâapôtre. Néanmoins, Dieu sâen sert pour les éclairer au sujet de lâordre qui convient à la maison de Dieu.
Ils demandaient sâil fallait, oui ou non, avoir des rapports conjugaux; si des chrétiens, ayant des païens pour conjoints, devaient vivre avec eux et ce quâils devaient faire de leurs enfants; si, étant esclave, on devait demeurer dans cette condition, ou sâen affranchir; si lâon devait rester vierge, ou non; si lâon pouvait manger des choses sacrifiées aux idoles ou sâen abstenir. Dieu répond à ces questions, intéressantes à leur place, car elles touchent la liberté chrétienne, mais qui, comme questions de détail, sâétaient emparées de lâesprit des Corinthiens, au détriment des vérités essentielles et dâensemble. Un pareil état dââme se rencontre fréquemment. En proportion de lâaffaiblissement spirituel, on est volontiers occupé de questions qui ne mettent pas en rapport direct avec la personne de Christ. On donne une importance exagérée au baptême, à la manière extérieure dont la cène doit être administrée, à la nourriture, aux vêtements, etc., questions auxquelles Dieu répond à lâoccasion, car il a réponse à tout, mais dont Satan aime à se servir pour détourner les âmes du Seigneur.
Or je suis frappé de la manière dont lâapôtre traite ces sujets dans le chap. 7. Du v. 1 au v. 17, il ne parle pas comme apôtre inspiré, mais simplement comme apôtre, câest-à -dire comme ayant reçu de la part de Dieu une autorité qui nâétait pas lâinspiration, mais que, vu son origine, il avait le droit dâexercer; car il avait mission divine de régler une quantité de questions dans les assemblées (v. 17), comme nous le voyons aussi dans les épîtres à Timothée et à Tite. Lâapôtre donne donc des ordonnances, en vertu de son autorité apostolique quâil met ici en contraste avec ce quâil dit de la part du Seigneur (v. 10), câest-à -dire avec lâinspiration.
Dans la seconde partie de ce chapitre (v. 25-40), Paul parle aux Corinthiens comme un homme ayant une autorité spirituelle au milieu des saints. «Je nâai pas», dit-il, «dâordre du Seigneur; mais je donne mon opinion comme ayant reçu miséricorde du Seigneur pour être fidèle». Vous direz peut-être: Dans ce cas-là , je ne suis pas tenu dâobéir. Comment! nous ne serions pas tenus dâécouter un homme qui est manifestement dirigé par lâEsprit de Dieu? Si nous ne suivions pas ce quâil nous dit, nous ne serions que des orgueilleux, nous estimant capables de décider une chose beaucoup mieux que lâapôtre, et nous oublierions ce que Dieu pense de lâorgueil.
Quant à lâinspiration, nous serions bien embarrassés de la définir et, nâétant pas inspirés, nous nâarriverions probablement jamais à le faire, mais nous savons que, dans lâinspiration, Dieu révèle à des hommes choisis de Lui, ses pensées et nous les communique, par leur moyen, dâune manière aussi complète quâils les ont reçues, les gardant de tout mélange de la chair, car il veut que ses pensées, qui nous sont destinées, arrivent à nous dans toute leur perfection divine.
Les quelques passages contenus dans ce chapitre illustrent ces trois choses: lâautorité apostolique, lâinspiration, et le droit du chrétien spirituel à se faire écouter. Au v. 6: «Or je dis ceci par indulgence, non comme commandement». Ainsi, câétait simplement par égard pour leur faiblesse quâil nâexprimait pas un ordre, ayant, pour le faire, lâautorité de la part de Dieu. Au v. 17: «Câest ainsi que jâen ordonne dans toutes les assemblées». Nous trouvons ici cette autorité sâexerçant partout dans lâÃglise. Au v. 25: «Je nâai pas dâordre du Seigneur; mais je donne mon opinion comme ayant reçu miséricorde du Seigneur pour être fidèle». Il parle comme homme spirituel qui devait être écouté. Au v. 40: «Or jâestime que moi aussi jâai lâEsprit de Dieu». Il estime que, comme tel, il doit être entendu. Quand il arrive à lâinspiration, il dit au v. 10 «Je leur enjoins, non pas moi, mais le Seigneur» mais «quant aux autres, je dis, moi, non pas le Seigneur» (v. 12), distinguant entre sa parole comme apôtre et sa parole inspirée. Cette dernière est la parole du Seigneur, sortie du reste de la propre bouche de Christ: «Ce donc que Dieu a uni, que lâhomme ne le sépare pas» (Matt. 19:5, 6; Marc 10:6-9). Quand il sâagit du mariage, le Seigneur mentionne ce qui a été déclaré par inspiration dès le commencement: «Les deux seront une seule chair», puis il le confirme par sa propre parole, et lâétablit ici par la parole inspirée de lâapôtre.
Ce chapitre 7, qui traite des liens et des relations appartenant à notre vie ici-bas, pourrait être intitulé: La liberté chrétienne, réglée par une entière dépendance du Seigneur et de sa Parole. Lâapôtre admet que les circonstances diffèrent, quâil est légitime dâen tenir compte, et que chacun est libre dâen juger pour lui-même. Quand il sâagit du service du Seigneur, il voudrait toutefois que «tous les hommes» fussent comme lui (v. 7). Câest ce qui lui faisait dire à Agrippa: «Plût à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui mâentendent aujourdâhui, vous devinssiez de toutes manières tels que je suis, hormis ces liens» (Actes 26:29). Cependant, en ce qui concernait le mariage ou la vocation, il nây avait aucun mal à ce quâon agisse autrement que lâapôtre, pourvu que ce soit «dans le Seigneur», chacun ayant «son propre don de grâce de la part de Dieu, lâun dâune manière, et lâautre dâune autre» (v. 7, 39). Le célibat offre de grands dangers, le mariage de grandes difficultés; que chacun pèse cela devant le Seigneur et se décide; il nây a pas de mal dans cette décision. Lâapôtre met au large le cÅur des Corinthiens que cette pensée préoccupait; seulement, la femme ne devait pas être séparée de son mari, ni le mari de sa femme.
Il y avait cependant des relations moins simples, celle par exemple dâune femme chrétienne avec un mari païen, ou dâun mari chrétien avec une femme païenne (v. 12-17). Devaient-ils se séparer? Selon la loi juive, il aurait dû en être ainsi, comme on le voit au dernier chapitre dâEsdras: il fallait que lâIsraélite se séparât de la femme étrangère, afin de pouvoir faire partie de la congrégation sainte qui était le peuple de lâÃternel. Lâapôtre part de cette pensée pour montrer que, sous le régime de la grâce, les choses étaient exactement le contraire du régime légal. Un mari chrétien ne devait pas se séparer de sa femme païenne, parce que la femme était sanctifiée par le mari, et vice versa. Il va sans dire, quâen parlant de lâunion dâun chrétien avec une personne du monde, lâapôtre ne pense pas un instant quâil ait pu contracter une union pareille depuis sa conversion, mais suppose que la conversion de lâun ou de lâautre a eu lieu depuis le mariage et quâil ne donne aucune liberté de sâallier à des personnes mondaines. Lâincrédule étant donc sanctifié par le conjoint chrétien, les enfants, issus de cette union, sont saints et ont droit, par leur position, de faire partie de la maison de Dieu. Il faut se rappeler que câest de la maison quâil est question dans tous ces chapitres, et non pas du corps de Christ. Les enfants sont placés dans une position de sainteté, de mise à part, condition extérieure qui a rapport à la terre. Il ne sâagit pas ici de leur salut éternel, mais ils sont considérés comme faisant partie de la maison de Dieu sur la terre, afin dâavoir part à toutes les bénédictions qui sây trouvent.
Lâapôtre aborde ensuite une autre question: Comment les chrétiens doivent-ils se comporter à lâégard des diverses conditions quâils occupaient lors de leur conversion? Dâabord, quand on est appelé dans la circoncision ou dans lâincirconcision, il ne sâagit ni de lâune ni de lâautre, mais de «lâobservation des commandements de Dieu» (v. 18, 19). Ensuite, il passe à lâétat dâesclavage. Cette sentence qui semble ne pas nous toucher est, au contraire, dâune haute importance pour nous. Nous sommes très souvent appelés, étant dans une condition dépendante; nous voudrions secouer le joug, et ce désir devient le point de départ de beaucoup de misères dans notre vie chrétienne. Sâagit-il dâesclavage? il semblerait quâun chrétien devrait immédiatement se délivrer de tels liens. Lâapôtre ne donne point le conseil de se sauver de chez son maître, lui qui renvoyait à Philémon lâesclave fugitif, Onésime. Lâesclave avait à rester dans la vocation dans laquelle Dieu lâavait appelé. Si Dieu lui donnait les moyens de se libérer, il devait plutôt en user (v. 21, 22), mais «que chacun demeure auprès de Dieu dans lâétat dans lequel il a été appelé» (v. 24).
Enfin, les Corinthiens avaient interrogé lâapôtre au sujet de ceux qui nâétaient jamais entrés dans les liens du mariage. Il leur donne les indications quâun homme spirituel comme lui pouvait donner, car il estimait que lui aussi avait lâEsprit de Dieu (v. 40). Il leur dit: que celui ou celle qui sont vierges, ne se marient pas. Sans ces liens, vous pouvez faire beaucoup de bonnes Åuvres, car alors vous nâavez à plaire quâau Seigneur, ce qui est beaucoup meilleur. Je vous donne ce conseil, mais vous êtes libres, absolument libres dâagir selon votre degré de foi, pourvu que vous ayez affaire au Seigneur; et il ajoute: «Le temps est difficile». Ce mot ne rend pas complètement la pensée du texte; il signifie: «Le temps est raccourci». Nous nous trouvons, depuis la croix, dans un temps où tout avance rapidement vers la fin. Tout passe; quâest-ce qui subsistera? Ne vous embarrassez donc pas de ce qui pourrait entraver votre marche en avant. Et nous pouvons le dire encore bien plus que lâapôtre, car nous nous trouvons tout près de la venue du Seigneur. Voulons-nous nous charger de tant de fardeaux, de tant de liens qui jouent nécessairement un très grand rôle dans nos vies? Ils passeront avec la courte existence à laquelle ils sâattachent. Eh bien! soyons comme ceux qui ne sont pas mariés; ne nous laissons pas imposer, dans notre marche chrétienne, même les choses les plus légitimes. Si nous avions cette pensée devant les yeux, comme nous serions préservés dâintérêts terrestres! Et si nos cÅurs sont remplis de Christ, nous aurons davantage affaire à Dieu; nous serons attachés au Seigneur et à ses intérêts; nous serons plus simples, plus heureux, plus tranquilles; au lieu de subir toutes les agitations du monde qui nous entoure, nous pourrons le traverser dans un vrai repos moral.
Soyons attentifs à ces exhortations dâun homme qui, sujet aux mêmes passions que nous, était par excellence «lâhomme spirituel», lors même quâil ne nous donne pas ces conseils comme des commandements, et ne les établit pas de par son autorité apostolique. Ayons lâoreille ouverte pour les entendre, et des cÅurs soumis aux pensées exprimées par celui qui pouvait dire: «Jâestime que moi aussi jâai lâEsprit de Dieu».