Le prophète ne peut énumérer ces crimes sans que la vision du jugement se reproduise devant ses yeux en quelques traits rapides; câest dâabord le bruit lointain des fouets et des roues; ensuite lâarmée apparaît, la bataille sâengage; puis le prophète ne voit plus que des cadavres.
La prostituée. Lâidolâtrie est fréquemment appelée une prostitution par les prophètes; mais il sâagit dans ces passages du peuple dâIsraël qui abandonne son Dieu pour suivre les idoles. Appliqué à Ninive, ville païenne, ce terme ne peut avoir le même sens; il désigne à la fois la fascination que Ninive exerçait sur les peuples par le prestige de sa puissance et la perfidie avec laquelle elle traitait ceux qui avaient le malheur de se laisser gagner par elle.
Qui vendait les nations. Quand un pays, séduit par ses enchantements, se livre à elle, elle le trahit sans pitié, et vend ses habitants comme esclaves.
à toi maintenant. La prostituée sera traitée en prostituée : avec le dernier mépris. Dépouillée de ses vêtements luxueux, elle sera insultée et offerte en spectacle au monde dans sa honte.
Qui la plaindra ? Comme tous les peuples ont eu à souffrir de ses perfidies, ils lâabandonneront tous et se réjouiront de sa chute.
Nahum établit la possibilité dâun tel sort pour Ninive, en rappelant ce qui est arrivé à la seule ville qui pût rivaliser avec elle. No-Amon (voir lâintroduction à ce livre pour le fait historique auquel Nahum fait allusion). Nous voyons par Jérémie 46:25 que No était la ville principale de lâÃgypte, et par Ãzéchiel 30:11-16 quâelle était située dans la Haute-Ãgypte. Ce doit donc être la capitale de la Haute-Ãgypte, Ta-Ape (dâoù Thèbes), que les Ãgyptiens eux-mêmes appellent en langage religieux Nu-Amen : le lieu dâAmon, et les Grecs, Diospolis, la ville de Jupiter. Cette ville très ancienne fut la principale résidence des rois les plus glorieux quâait eus lâÃgypte, et en particulier des Ramsès de la dix-neuvième dynastie. Son nom même est aujourdâhui inconnu aux habitants de cette contrée; mais les ruines que lâon trouve près des villages de Luksor et de Karnac attestent lâancienne magnificence de la Thèbes aux cent portes.
Au milieu des fleuves : du Nil et de ses canaux.
Une forteresse des mers; lâimmense nappe dâeau du Nil porte également le nom de mer dans Ãsaïe 19:5. Le prophète insiste sur lâétendue des eaux qui protégeaient Thèbes et qui nâont pu la préserver de son sort, pour faire comprendre aux Ninivites quâils sâabuseraient en croyant que les fossés de leurs fortifications les mettent à lâabri du danger (voir Nahum 2:7).
Thèbes avait, elle aussi, des soldats innombrables pour la défendre; câétaient dâabord les troupes nationales, les Ãthiopiens (Cus) et les Ãgyptiens; puis leurs auxiliaires, les peuples de la côte septentrionale de lâAfrique, Put, et spécialement les Libyens proprement dits.
Tes alliés : avec sa vivacité de langage habituelle. Nahum sâadresse directement à Thèbes et la prend à témoin.
Nahum décrit en quelques traits saisissants le sort terrible dâune ville prise dâassaut; il ne dit pas que Thèbes ait été détruite, et en effet cette ville, sans reprendre son éclat passé, subsista jusquâau temps des Ptolémées.
Toi aussi correspond à elle aussi du verset précédent; le sort de Thèbes est un présage de celui qui attend Ninive.
Tu seras enivrée, tu boiras la coupe de la colère divine et tu en perdras les sens (Habacuc 2:16; Ãsaïe 51:20; Abdias 1:16). En face du danger, Ninive perdra conscience dâelle-même.
Toutes tes places fortes. Une multitude de châteaux forts bâtis en dedans de lâenceinte fortifiée défendaient. de tous côtés lâabord de Ninive.
Des figues mûres; câest le moment de les cueillir (Ãsaïe 28:4); lâAssyrie est, elle aussi, mûre pour le jugement, lâennemi nâaura quâà se présenter et les forteresses se rendront à lui.
Des femmes : la faiblesse, lâimpuissance des guerriers, plutôt que leur lâcheté; une fatalité pèse maintenant sur cette nation militaire entre toutes (voir Nahum 2:5). Les Grecs, dans leurs légendes sur Sardanapale, avaient gardé le souvenir du caractère efféminé de la dernière génération assyrienne.
Les portes de ton pays, les passages des montagnes.
Les barres, câest-Ã -dire les forteresses.
Ninive, voyant tout le pays déjà envahi, songe enfin à se préparer pour le siège; on remplit dâeau les citernes, on répare les murs avec des briques séchées soit au soleil, soit au four; mais il est trop tard.
Lâimage de la sauterelle rend difficile ce passage qui contient en outre quelques termes inusités. La sauterelle porte ici trois noms dont nous avons déjà expliqué deux dans Joël 1:4; jélek, câest la nymphe; arbé, câest. la larve; quant à gôb, on lâentend des jeunes sauterelles dâune manière générale. La sauterelle est citée dans notre passage tout à la fois pour sa multitude et la rapidité avec laquelle elle disparaît. Ninive sera dévorée, ses maisons par le feu, ses habitants par lâépée.
Comme la sauterelle (jélek). On peut entendre à première vue : Comme la sauterelle dévore. Ce sont alors les Mèdes qui sont comparés à la sauterelle. Ou bien on peut entendre : Comme la sauterelle est dévorée. Ce sont dans ce cas les Ninivites que représentent les sauterelles. Il y aurait allusion à ces grands feux que lâon allume parfois pour se défaire de ces insectes. Dans ce qui suit lâimage de la sauterelle est appliquée aux Ninivites au double point de vue du nombre et de la vélocité. Câest ce qui parle plutôt en faveur du second sens.
Ninive était une ville de commerce dâune très grande importance; sa situation exceptionnelle, à lâendroit où les routes des caravanes de lâoccident rencontrent le Tigre devenu navigable, y avait attiré des négociants du monde entier; ils donnaient par leur nombre une apparence de force à la ville; mais dès que lâennemi surgit, ils prennent leur vol et disparaissent comme la sauterelle (jélek) au moment où ses ailes se déploient (comparez Nahum 2:8).
Tes princes et tes chefs. Nous avons conservé la traduction ancienne de ces deux mots, dont lâun ne se retrouve nulle part ailleurs et lâautre seulement Jérémie 51:27. On est donc réduit à des suppositions sur leur sens. Il est possible que le premier de ces termes désigne les soldats de lâarmée plutôt que les généraux, ce qui convient mieux à lâimage de sauterelles amoncelées; le second semble être une dénomination militaire assyrienne dont nous ignorons la valeur (peut-être celui qui écrit, câest-à -dire qui enrôle les soldats).
Comme de jeunes sauterelles. La forme employée désigne un amoncellement; elles sont les unes sur les autres; quand arrive un jour froid, elles se rassemblent partout ou elles trouvent un abri, sur un mur, sur une haie; mais dès quâun rayon du soleil vient les réchauffer, elles sâenvolent, sans que personne sache ce quâelles sont devenues; câest ainsi que sâévanouira lâarmée assyrienne.
Tes pasteurs⦠tes hommes forts, tes généraux, sont tués; ton peuple est dispersé bien loin dans les montagnes; la situation est désespérée.
Sur qui⦠? Cette question résume en un trait final tous les crimes qui ont enflammé la colère de lâÃternel (chapitre 1) et provoqué ce jugement terrible (chapitre 2).
Nous avons fort peu de détails sur les derniers temps du royaume dâAssyrie; nous avons vu dans lâintroduction quâAssurbanipal sut encore, par son énergie et sa cruauté, réprimer les révoltes des provinces. Il nâen continua pas moins à écraser dâimpôt ses sujets pour satisfaire ses goûts fastueux; il construisit des palais magnifiques, et, câest dans celui de Ninive que lâon a trouvé cette bibliothèque assyrienne qui est aujourdâhui un des plus précieux trésors du Musée britannique.
Mais la décadence, retardée par son énergie, nâen devait être que plus rapide; les inscriptions sont naturellement muettes sur ces revers de lâAssyrie, lâÃgypte sâaffranchit de son joug, et bientôt un autre ennemi surgit à lâhorizon. Câétaient les Mèdes, qui depuis peu étaient arrivés à former un Ãtat. Déjocès réunit ces tribus nomades, et son fils Phraorte se hasarda à attaquer leurs anciens maîtres; mais il fut battu , et tué devant Ninive (635 ou 625). Nous ne savons pas si ce fut encore par Assurbanipal ou par son faible successeur, Assur-etel-ilani. Ce roi, le dernier des souverains ninivites, nâa laissé que deux inscriptions qui nous soient parvenues; il y parle dâune restauration du temple de Nébo et de la construction de son palais à Nimroud; mais ce palais ne rappelle plus le luxe de ceux de ses ancêtres; câest un bâtiment misérable qui atteste la décadence de lâempire. Cyaxare, le fils de Phraorte, se hâta de venger la mort de son père; il sâétait avancé avec son armée victorieuse jusque sous les murs de Ninive, quand lâinvasion des Scythes le contraignit à lever le siège et à retourner en toute hâte dans ses Ãtats. Ces barbares ravagèrent lâAsie occidentale pendant bien des années; dès quâil vit le danger éloigné, Cyaxare revint à la charge avec son allié Nabopolassar, vice-roi de Babylone; le siège de Ninive, si nous en croyons les historiens grecs, dura trois ans, et la ville ne fut prise quâà la suite dâune inondation du Tigre qui emporta les remparts sur une longueur de vingt stades. Le roi, désespéré se serait brûlé dans son palais. Câétait en 606 (dâaprès dâautres, 608).
Câest ainsi que fut anéantie la grande ville de Ninive et, avec elle, lâempire et le peuple assyriens dont lâhistoire ne fait plus jamais aucune mention. Ce désastre eut un retentissement immense dont nous trouvons lâécho dans les prophéties dâÃzéchiel (Ãzéchiel 31:11-16; Ãzéchiel 32:22-23). La destruction fut si radicale que, deux siècles plus tard, Xénophon traversa ces ruines sans savoir quel en était le nom, ni quel peuple les avait habitées. Les âges suivants ignorèrent lâemplacement où fut Ninive, et il en a été ainsi jusquâà notre génération; les fouilles entreprises par les Anglais et les Français ont remis au jour les restes magnifiques de la ville qui avait régné sur le monde, mais que lâÃternel avait frappée du jugement de sa colère.
versets 1-19
2 et 3
Le prophète ne peut énumérer ces crimes sans que la vision du jugement se reproduise devant ses yeux en quelques traits rapides; câest dâabord le bruit lointain des fouets et des roues; ensuite lâarmée apparaît, la bataille sâengage; puis le prophète ne voit plus que des cadavres.
La prostituée. Lâidolâtrie est fréquemment appelée une prostitution par les prophètes; mais il sâagit dans ces passages du peuple dâIsraël qui abandonne son Dieu pour suivre les idoles. Appliqué à Ninive, ville païenne, ce terme ne peut avoir le même sens; il désigne à la fois la fascination que Ninive exerçait sur les peuples par le prestige de sa puissance et la perfidie avec laquelle elle traitait ceux qui avaient le malheur de se laisser gagner par elle.
Qui vendait les nations. Quand un pays, séduit par ses enchantements, se livre à elle, elle le trahit sans pitié, et vend ses habitants comme esclaves.
à toi maintenant. La prostituée sera traitée en prostituée : avec le dernier mépris. Dépouillée de ses vêtements luxueux, elle sera insultée et offerte en spectacle au monde dans sa honte.
Qui la plaindra ? Comme tous les peuples ont eu à souffrir de ses perfidies, ils lâabandonneront tous et se réjouiront de sa chute.
Nahum établit la possibilité dâun tel sort pour Ninive, en rappelant ce qui est arrivé à la seule ville qui pût rivaliser avec elle. No-Amon (voir lâintroduction à ce livre pour le fait historique auquel Nahum fait allusion). Nous voyons par Jérémie 46:25 que No était la ville principale de lâÃgypte, et par Ãzéchiel 30:11-16 quâelle était située dans la Haute-Ãgypte. Ce doit donc être la capitale de la Haute-Ãgypte, Ta-Ape (dâoù Thèbes), que les Ãgyptiens eux-mêmes appellent en langage religieux Nu-Amen : le lieu dâAmon, et les Grecs, Diospolis, la ville de Jupiter. Cette ville très ancienne fut la principale résidence des rois les plus glorieux quâait eus lâÃgypte, et en particulier des Ramsès de la dix-neuvième dynastie. Son nom même est aujourdâhui inconnu aux habitants de cette contrée; mais les ruines que lâon trouve près des villages de Luksor et de Karnac attestent lâancienne magnificence de la Thèbes aux cent portes.
Au milieu des fleuves : du Nil et de ses canaux.
Une forteresse des mers; lâimmense nappe dâeau du Nil porte également le nom de mer dans Ãsaïe 19:5. Le prophète insiste sur lâétendue des eaux qui protégeaient Thèbes et qui nâont pu la préserver de son sort, pour faire comprendre aux Ninivites quâils sâabuseraient en croyant que les fossés de leurs fortifications les mettent à lâabri du danger (voir Nahum 2:7).
Thèbes avait, elle aussi, des soldats innombrables pour la défendre; câétaient dâabord les troupes nationales, les Ãthiopiens (Cus) et les Ãgyptiens; puis leurs auxiliaires, les peuples de la côte septentrionale de lâAfrique, Put, et spécialement les Libyens proprement dits.
Tes alliés : avec sa vivacité de langage habituelle. Nahum sâadresse directement à Thèbes et la prend à témoin.
Nahum décrit en quelques traits saisissants le sort terrible dâune ville prise dâassaut; il ne dit pas que Thèbes ait été détruite, et en effet cette ville, sans reprendre son éclat passé, subsista jusquâau temps des Ptolémées.
Toi aussi correspond à elle aussi du verset précédent; le sort de Thèbes est un présage de celui qui attend Ninive.
Tu seras enivrée, tu boiras la coupe de la colère divine et tu en perdras les sens (Habacuc 2:16; Ãsaïe 51:20; Abdias 1:16). En face du danger, Ninive perdra conscience dâelle-même.
Toutes tes places fortes. Une multitude de châteaux forts bâtis en dedans de lâenceinte fortifiée défendaient. de tous côtés lâabord de Ninive.
Des figues mûres; câest le moment de les cueillir (Ãsaïe 28:4); lâAssyrie est, elle aussi, mûre pour le jugement, lâennemi nâaura quâà se présenter et les forteresses se rendront à lui.
Des femmes : la faiblesse, lâimpuissance des guerriers, plutôt que leur lâcheté; une fatalité pèse maintenant sur cette nation militaire entre toutes (voir Nahum 2:5). Les Grecs, dans leurs légendes sur Sardanapale, avaient gardé le souvenir du caractère efféminé de la dernière génération assyrienne.
Les portes de ton pays, les passages des montagnes.
Les barres, câest-Ã -dire les forteresses.
Ninive, voyant tout le pays déjà envahi, songe enfin à se préparer pour le siège; on remplit dâeau les citernes, on répare les murs avec des briques séchées soit au soleil, soit au four; mais il est trop tard.
15 à 17 tous ces préparatifs sont inutiles
Lâimage de la sauterelle rend difficile ce passage qui contient en outre quelques termes inusités. La sauterelle porte ici trois noms dont nous avons déjà expliqué deux dans Joël 1:4; jélek, câest la nymphe; arbé, câest. la larve; quant à gôb, on lâentend des jeunes sauterelles dâune manière générale. La sauterelle est citée dans notre passage tout à la fois pour sa multitude et la rapidité avec laquelle elle disparaît. Ninive sera dévorée, ses maisons par le feu, ses habitants par lâépée.
Comme la sauterelle (jélek). On peut entendre à première vue : Comme la sauterelle dévore. Ce sont alors les Mèdes qui sont comparés à la sauterelle. Ou bien on peut entendre : Comme la sauterelle est dévorée. Ce sont dans ce cas les Ninivites que représentent les sauterelles. Il y aurait allusion à ces grands feux que lâon allume parfois pour se défaire de ces insectes. Dans ce qui suit lâimage de la sauterelle est appliquée aux Ninivites au double point de vue du nombre et de la vélocité. Câest ce qui parle plutôt en faveur du second sens.
Ninive était une ville de commerce dâune très grande importance; sa situation exceptionnelle, à lâendroit où les routes des caravanes de lâoccident rencontrent le Tigre devenu navigable, y avait attiré des négociants du monde entier; ils donnaient par leur nombre une apparence de force à la ville; mais dès que lâennemi surgit, ils prennent leur vol et disparaissent comme la sauterelle (jélek) au moment où ses ailes se déploient (comparez Nahum 2:8).
Tes princes et tes chefs. Nous avons conservé la traduction ancienne de ces deux mots, dont lâun ne se retrouve nulle part ailleurs et lâautre seulement Jérémie 51:27. On est donc réduit à des suppositions sur leur sens. Il est possible que le premier de ces termes désigne les soldats de lâarmée plutôt que les généraux, ce qui convient mieux à lâimage de sauterelles amoncelées; le second semble être une dénomination militaire assyrienne dont nous ignorons la valeur (peut-être celui qui écrit, câest-à -dire qui enrôle les soldats).
Comme de jeunes sauterelles. La forme employée désigne un amoncellement; elles sont les unes sur les autres; quand arrive un jour froid, elles se rassemblent partout ou elles trouvent un abri, sur un mur, sur une haie; mais dès quâun rayon du soleil vient les réchauffer, elles sâenvolent, sans que personne sache ce quâelles sont devenues; câest ainsi que sâévanouira lâarmée assyrienne.
Nahum termine par une apostrophe au roi dâAssyrie
Tes pasteurs⦠tes hommes forts, tes généraux, sont tués; ton peuple est dispersé bien loin dans les montagnes; la situation est désespérée.
Sur qui⦠? Cette question résume en un trait final tous les crimes qui ont enflammé la colère de lâÃternel (chapitre 1) et provoqué ce jugement terrible (chapitre 2).
Lâaccomplissement de la prophétie de Nahum
Nous avons fort peu de détails sur les derniers temps du royaume dâAssyrie; nous avons vu dans lâintroduction quâAssurbanipal sut encore, par son énergie et sa cruauté, réprimer les révoltes des provinces. Il nâen continua pas moins à écraser dâimpôt ses sujets pour satisfaire ses goûts fastueux; il construisit des palais magnifiques, et, câest dans celui de Ninive que lâon a trouvé cette bibliothèque assyrienne qui est aujourdâhui un des plus précieux trésors du Musée britannique.
Mais la décadence, retardée par son énergie, nâen devait être que plus rapide; les inscriptions sont naturellement muettes sur ces revers de lâAssyrie, lâÃgypte sâaffranchit de son joug, et bientôt un autre ennemi surgit à lâhorizon. Câétaient les Mèdes, qui depuis peu étaient arrivés à former un Ãtat. Déjocès réunit ces tribus nomades, et son fils Phraorte se hasarda à attaquer leurs anciens maîtres; mais il fut battu , et tué devant Ninive (635 ou 625). Nous ne savons pas si ce fut encore par Assurbanipal ou par son faible successeur, Assur-etel-ilani. Ce roi, le dernier des souverains ninivites, nâa laissé que deux inscriptions qui nous soient parvenues; il y parle dâune restauration du temple de Nébo et de la construction de son palais à Nimroud; mais ce palais ne rappelle plus le luxe de ceux de ses ancêtres; câest un bâtiment misérable qui atteste la décadence de lâempire. Cyaxare, le fils de Phraorte, se hâta de venger la mort de son père; il sâétait avancé avec son armée victorieuse jusque sous les murs de Ninive, quand lâinvasion des Scythes le contraignit à lever le siège et à retourner en toute hâte dans ses Ãtats. Ces barbares ravagèrent lâAsie occidentale pendant bien des années; dès quâil vit le danger éloigné, Cyaxare revint à la charge avec son allié Nabopolassar, vice-roi de Babylone; le siège de Ninive, si nous en croyons les historiens grecs, dura trois ans, et la ville ne fut prise quâà la suite dâune inondation du Tigre qui emporta les remparts sur une longueur de vingt stades. Le roi, désespéré se serait brûlé dans son palais. Câétait en 606 (dâaprès dâautres, 608).
Câest ainsi que fut anéantie la grande ville de Ninive et, avec elle, lâempire et le peuple assyriens dont lâhistoire ne fait plus jamais aucune mention. Ce désastre eut un retentissement immense dont nous trouvons lâécho dans les prophéties dâÃzéchiel (Ãzéchiel 31:11-16; Ãzéchiel 32:22-23). La destruction fut si radicale que, deux siècles plus tard, Xénophon traversa ces ruines sans savoir quel en était le nom, ni quel peuple les avait habitées. Les âges suivants ignorèrent lâemplacement où fut Ninive, et il en a été ainsi jusquâà notre génération; les fouilles entreprises par les Anglais et les Français ont remis au jour les restes magnifiques de la ville qui avait régné sur le monde, mais que lâÃternel avait frappée du jugement de sa colère.